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Humanisme : le Contrat social
21 février 2007

Pierre Louÿs : Archipel

Archipel
Pierre Louÿs

Ce livre de Pierre Louÿs est une recueil d’articles et de contes assez éloignés de l’oeuvre érotique de l’auteur mais révélateurs de ses goûts et de son érudition.

La nuit de printemps

Néphélis, s’est parée et parfumée. C’est la nuit et elle attend son amant mais c’est un homme hirsute et sale qui se présente à elle : le roi D’Egypte embaumé, mort depuis cent ans. L’homme momifié lance une drachme d’argent à Nhéphélis en la traitant de prostituée et en lui ordonnant de faire son métier. Comme fou, il ne prétend plus être le roi d’Egypte embaumé mais le dieu Bakkos. Il saisit le sein de la belle et boit son lait. Il tente de la violer mais Néphélis le tue en le transperçant à l’aide d’un vase chargé d’épingles.

L’île mystérieuse

Dans ce texte, Louÿs dresse l’éloge des découvertes archéologiques faites en Crête, en Egypte et en Grèce qui permettent de faire sonner l’heure d la résurrection sur leurs mystères. Reste pour lui à répandre la lumière sur les secrets d’Ulysse et à trouver l’endroit du monde où jadis, pour la première fois, un homme dessina son nom sur la pierre.

Les chercheurs de trésors.

A deux lieues de Séville, un laboureur découvre une vieille pierre sur laquelle est gravé le premier document connu sur les courses de taureaux en Espagne.La pierre est rapidement acquise par le musée de Madrid. Du coup tous les paysans fouillent leurs champs espérant trouver une pièce de valeur mais Louÿs affirme qu’il n’est pas donné à tout le monde de ressusciter un monde en tombant sur la bonne cachette comme ce fut le cas d’un savant italien qui fit fouiller un terrain près de Pompéï dans lequel se trouvait une fonderie gréco-romaine ainsi qu’une statue d’éphèbe en argent et bronze. Louÿs évoque également les fouilles du Forum à Rome qui ont permis de retrouver des Palais et des temples.

Une fête à Alexandrie

Louÿs relate le cortège qui eut lieu soixante ans après la fondation d’Alexandrie organisé par Ptolémée Philadelphe. En détaillant les fastes dorés de cette fête antique, Louÿs trouve là le moyen de regretter le luxe moins véritable des fêtes de son époque.

Sports antiques

Louÿs rend hommage aux athlètes grecs. Il rappelle que l’Esthétique grecque admettait parmi les arts l’exercice physique. Le discours de Louÿs est visionnaire puisqu’il déclare : « Nos coureurs, attirés par l’appât des prix, s’entraînent constamment au même exercice <...> le sport ainsi compris est tout le contraire de l’art. »

Lesbos d’aujourd’hui

Louÿs évoque l’île de Lesbos à son époque. Il estime que la vie y est plus modeste et plus secrète que du temps de Daphnis et Chloé mais elle a gardé ce caractère de bonheur naïf et doux. Il relate les us et coutumes des habitants de cette île. A Lesbos, la femme est chef de famille et la fille seule héritière au détriment du fils.

La femme dans la poésie arabe

Louÿs décrit l’héroïne féminine dans la littérature arabe. Il affirme qu’à 25 ans elle est déjà plusieurs fois grand-mère et ne saurait plus inspirer physiquement les poètes. La clé du lyrisme oriental s’arrête donc à l’âge de la femme. La jeune fille arabe a dix à douze ans, elle est nubile de corps mais enfant dans l’âme et c’est ce qui donne le ton à la poésie amoureuse autour des mers levantines. Les métaphores de l’amour sont liées à la réalité et non aux abstractions, l’enfant n’ayant pas eu le temps d’apprendre la philosophie. En Arabie, on croit la jeune fille incapable de commettre la faute en raison du mariage précoce. Louÿs raconte que les jeunes filles se promènent nues en Egypte, au Yémen et en Arabie en s’appuyant sur les récits d’Ethnologues, ce qui paraît surprenant mais ce serait liée à l’indigence.

La désespérée

Une nuit, dans un logement d’ouvriers, Berthe quatorze ans parle avec son frère Julien dix-huit ans. Elle lui dit qu’elle veut se suicider. Julien, plutôt que de la traiter de folle, cherche à connaître la raison de son désespoir. Berthe a une peine de coeur, sa mère qui la dévalorise en permanence lui a interdit de voir son amoureux. Celui-ci croit qu’elle ne l’aime plus et lui a donné rendez-vous à minuit en désespoir de cause. Julien convainc sa soeur de quitter la maison pour suivre son prétendant.

Liberté pour l’amour et pour le mariage

Louÿs livre un plaidoyer en faveur de la libération des moeurs suite à la baisse des naissance en France. Pour lui, il faut délivrer les jeunes gens de toutes les entraves que la société apporte au rapprochement des sexes, faire en sorte que la femme, après avoir conçu, ne soit pas amenée bientôt à s’en repentir et à s’en cacher. Il condamne les commères qui insultent toute fille qui devient amante et ridiculise les fêtes données aux jeunes filles vertueuses. Il stigmatise l’Etat qui refuse de protéger les filles-mères. Il dénigre également le mariage qui n’est pour lui qu’une « école de stérilité volontaire ». Louÿs est donc très avant-gardiste, d’ailleurs il déclare : « L’avenir est à ceux qui savent le prédire. Se réformer, c’est se conformer à l’évolution irrésistible et lente des sociétés en marche vers le but inconnu. ». Louÿs poursuit ce plaidoyer en racontant l’histoire d’un ouvrier mais qui se voit décourager et ruiner par les tracasseries administratives. Louÿs donne ensuite l’exemple du mariage dans les pays anglo-saxons. Il est plus facile qu’en France et a permis la prospérité de l’Angleterre et des Etats-Unis selon lui.

Une réforme dangereuse

Louÿs critique une réforme de l’orthographe voulue par le ministre de l’Instruction publique. Le danger de cette réforme est de créer une langue nouvelle, une sorte d’idiome factice moins logique et plus difficile que l’espéranto. De plus, cette nouvelle langue interdirait de fait l’immense patrimoine amassé avant la réforme de l’orthographe à ceux qui ne connaîtrait pas le Français classique. Cette réforme a pour but de faciliter l’apprentissage de l’orthographe aux enfants. Louÿs oppose une autre réforme radicale : la suppression de la dictée imposée petits écoliers.

La vielle plus belle que le monument

Pour Louÿs, le monument n’est beau qu’autant qu’il participe à la vie qui l’entoure ou à la nature qui le soutient. La lagune fait le Palais des Doges, l’Acropole fait le Parthénon. Louÿs rend hommage à la beauté de Venise et à sa particularité car « rien de ce qui lui appartient ne pourrait être ailleurs la richesse d’une autre ». Louÿs se trompe en prédisant que Venise sera envahie de tramways et que tous les canaux seront bouchés. Il dénigre le campanile de la Place Saint-Marc qu’il considère inesthétique mais qui attire les touristes.

La statue de la vérité.

Louÿs évoque le sort de la statue la Diane de Houdon qui aurait été refusée au Salon de 1777 pour des raisons morales car elle était nue. Elle fut rachetée par Catherine II. Une mauvaise et chaste copie en bronze est exposée au Louvre. Louÿs trouve cette pudibonderie ridicule car les Grecs anciens, déjà, avaient coutume de représenter les femmes nues dans leur art. En France, cette pudeur déplacée date du Procès des Satyriques en 1623 qui interdit aux graveurs de représenter la nudité.
La censure

Louÿs évoque la suppression de la censure par la chambre. Il pense qu’elle était inutile car de toute façon les auteurs sont passibles de prison et d’amende s’ils enfreignent le Code pénal. Pour l’écrivain, la censure était incompétente, malfaisante et surtout arbitraire. Elle exerçait peut-être même une influence stérilisante en imposant la contrainte officielle des auteurs. Louÿs étaye sa théorie en citant l’école dramatique anglaise qui connut la liberté depuis le règne d’Elisabeth jusqu’à l’arrivée d’un censeur, un protestant du nom de Jeremy Collier qui tua le théâtre anglais.

Le boulevard

Louÿs évoque la fermeture du Tortoni, un théâtre de Boulevard. Il pense pourtant que le boulevard est à l’épreuve du temps et des hommes. Ce miracle est dû à la presse car les nouvelles viennent du Boulevard et l’opinion publique également.

Le capitaine aux guides

Le vieux Professeur Chartelot raconte que le médecin est le véritable confident des femmes car le confesseur ne pénètre pas dans le secret de la vie conjugale alors que ce secret est soumis à la médecine. Le docteur raconte qu’un jour il dut confesser une tuberculeuse protestante. Elle avoua qu’elle avait trompé son mari avec un capitaine durant l’Empire. Chartelot donna l’absolution. La malade survécut mais honteuse elle changea de médecin.

Un cas juridique sans précédent

La bibliothèque de M. le Président Barbevile était son lieu de délices, il l’appelait sa garçonnière. Un jour, il raconta une anecdote à son ami médecin. Une Italienne de Paris accoucha de Siamois avec deux têtes, quatre bras, deux poitrines, un ventre commun et deux jambes seulement. Les deux fillettes furent déclarées sous le nom de Maria-Maddalena. Elles vécurent. Elles troublèrent le coeur d’un amant mais Maddalena seule fut aimée. L’amant demanda le mariage. Maddalena dit oui et Maria non. Un procès suivit. L’avocat de Maria gagna le procès prétextant à la fois : inceste entre les deux soeurs, adultère de l’amant avec Maria, bigamie, viol et proxénétisme !

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