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Humanisme : le Contrat social
6 juillet 2007

le grade de maître

Historique du grade de maître
Par Thierry Rouault

   Dans les débuts de la franc-maçonnerie opérative, en Angleterre et en Écosse, il n’existait qu’un seul grade. La cérémonie d’initiation était très simple et unique. L’impétrant devait prouver, sur le chantier et devant ses futurs frères qu’il possédait les connaissances techniques du métier. Après la cérémonie, la légende du métier et les mots secrets étaient communiqués au nouvel initié. La cérémonie de la maçonnerie opérative s’est divisée en deux sans que l’on sache la raison de cette séparation ni quand elle a été effectuée. On sait simplement que la maçonnerie à deux grades est bien antérieure au XVIIIè siècle. Mais l’initiation des compagnons ne revêtait aucun savoir particulier interdit aux apprentis, la hiérarchie initiatique n’existait pas encore. S’il existait deux grades différents, c’était pour respecter la hiérarchie profane puisque le nombre de maçons acceptés extérieurs au métier étaient souvent issus de l’aristocratie. Ainsi les compagnons issus des catégories sociales supérieures étaient choisis pour former les cadres de la loge. La hiérarchie qui n’existait donc pas au début a été indirectement créée pour satisfaire une certaine déférence due aux maçons acceptés. Dès 1721; les Règlements généraux des loges anglaises et écossaises ne font plus allusion au métier mais s’il est bien question des maîtres de loge, ce dernier terme désigne en réalité le chef de la loge et non un grade initiatique.

   Dans les constitutions d’Anderson de 1723, il n’est pas mentionnée une franc-maçonnerie en trois grades. Le grade de maître n’apparaît que dans les constitutions d’Anderson de 1738. De 1721 à 1738, un certain nombre de chefs de loges passés et présents ont acquis un certain prestige qui leur donnait accès à des réunions excluant apprentis et compagnons. La légende d’Hiram serait apparue au sein du savoir initiatique conféré aux maîtres au début du XVIIIè siècle. La franc-maçonnerie connaissant dans les années 1720 à 1730 une cérémonie avec secret réservé à certains maçons et dans laquelle on trouvait des correspondances avec la légende d’Hiram. Toutefois, il est bon de rappeler qu’Hiram apparaît dans les Anciens Devoirs (Old charges), les manuscrits qui ont participé à la fondation de la franc-maçonnerie opérative. On mentionne Hiram dans le manuscrit “Tew” et le manuscrit “Inigo Jones” (vers 1680). Le premier document concernant un troisième grade date de 1711, soit six ans avant la création de la Grande Loge de Londres. Il s’agit d’un texte rédigé sur le côté d’une feuille du manuscrit du “Trinity College, Dublin”. LE manuscrit contient une narration décrivant les signes et les mots de maîtres, de compagnon et d’apprenti. Quant à la légende d’Hiram, elle va se généraliser à partir du pamphlet de Samuel Prichard “La franc-maçonnerie disséquée” publié en 1730. Le grade de maître aurait été créé “pour réformer la franc-maçonnerie et sélectionner les plus capables de ses membres à diriger une loge”.

   En 1726, le frère Francis Drake prononce un discours devant la loge d’York, indépendante et bientôt rivale de la Grande Loge de Londres. Il y mentionne les grades d’apprentis enregistrés, compagnons et maîtres maçons. On voit donc que le grade de maître s’est développé entre la première publication des constitutions d’Anderson en 1723 et la deuxième en 1738. La Grande Loge de Londres n’a donc pas créé officiellement le grade de maître en 1738, elle n’a fait que l’entériner.

   De tout ce qui a été dit dit il faut conclure :

- qu’au début du XVIIIè siècle, il n’existait pour les maçons spéculatifs qu’une seule cérémonie d’initiation, un seul degré.
- qu’après la formation de la Grande Loge de Londres en 1717, on organisa deux degrés, en rétablissant sur de nouvelles bases, le grade d’apprenti.
- qu’un troisième degré s’introduisit et se propagea graduellement parmi les loges spéculatives à partir de 1725.
- que l’existence de trois degrés dut seulement être sanctionnée par la Grande Loge de Londres en 1738 et qu’elle n’était pas encore universellement acceptée jusque dans les années 1760.

   Pour revenir à la légende d’Hiram, le frère Rylands, secrétaire de la loge de recherche Quator Coronati au début du XXiè siècle a suggéré que notre mythe fondateur et sa représentation pourraient bien provenir de quelque mystère joué, pendant le moyen-âge, dans des guildes de maçons mais rien n’a pu justifier cette hypothèse. La légende d’Hiram pourrait trouver son origine dans l’un des manifestes, la Fama Fraternitatis, des premiers vrais Rose-Croix et rédigé par Andréa. Dans ce manifeste écrit en 1615, il est question de l’histoire d’une tombe mystérieuse où les rose-croix auraient retrouvé, après cent ans, le corps de leur fondateur Christian Rosen Kreuz, éclairé d’une lumière surnaturelle et entouré de symboles qui fournissaient la clef de sa doctrine. La légende ne parle pas de résurrection mais d’un corps bien vivant retrouvé au bout de cent ans ce qui est tout de même proche de la légende d’Hiram.

   Pour conclure sur cet historique du grade de maître, il est important de rappeler qu’il est la cheville ouvrière de la maçonnerie car c’est lui qui transmet notre mythe fondateur lors de l’exaltation, c’est lui qui donne la complétude des droits et devoirs du maçon et c’est ce grade qui ouvre la porte aux ateliers supérieurs.

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