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Humanisme : le Contrat social
17 mai 2008

Fatherland 1

Fatherland (Robert Harris)

Mardi 14 avril 1964

Le monde après la guerre gagnée par les nazis. Voici la trame de ce thriller, uchronie déjà imaginée par Philip K. Dick avec « Le maître du haut château ». Le livre commence par un serment SS daté du 14 avril 1964 : « A toi, Adolf Hitler, Führer et chancelier du Reich allemand, Je jure fidélité et courage. A toi, et aux chefs, Par toi désignés, Je jure obéissance dans la Mort. Ainsi m’aide Dieu. »

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L’inspecteur Xavier March de la Kriminalpolizei de Berlin est appelé par l’ordnungspolizei pour enquêter sur la découverte d’un cadavre.  Normalement, il n’était pas de garde mais accepte d’y aller. Le corps est lourd, près de 110 kilos. Pour March, chaque nouvelle affaire contenait la promesse d’une aventure. Il avait 42 ans et des cheveux grisonnants. En 1940, il avait été sous-marinier. March et le médecin légiste Eisler remarquent que le cadavre n’a plus de pied gauche. Il s’agit d’une amputation ancienne et non d’un pied coupé par une hélice de bateau.

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March interroge un jeune cadet de la SS (Jost) qui est le premier à avoir vu le cadavre. Si March a accepté d’être tiré du lit en pleine nuit pour enquêter c’est qu’il est seul depuis son divorce et que la routine de son travail le distrait. Il a conduit Jost dans son bureau. L’immeuble est hiérarchisé. Au niveau zéro de la hiérarchie : la Orpo, les flics ordinaires chargés des poivrots et des arrestations mineures. Au sommet, la Sipo : la sûreté regroupant la Gestapo et la SD, la police spéciale du parti. La Sipo s’occupe du terrorisme, du contre-espionnage et des « crimes contre l’Etat ». La Kripo est le 5è bureau de l’office centrale de la Sûreté. A eux le tout venant du crime. Jost fait sa déposition et avoue qu’il est entré dans la SS pour faire plaisir à son père alors qu’il voulait faire des études de lettres et puis il espère ainsi échapper au front (la guerre continue contre les Russes). March devine que Jost a menti sur son horaire car il manque vingt minutes entre sa découverte du cadavre et son appel à la police. Mais si Jost pleure, il n’avoue rien. March suppose que Jost est homosexuel et que son jogging sert à draguer des hommes, voilà pourquoi il manquerait vingt minutes dans son parcours. March cherche ensuite à mettre un nom sur le cadavre et interroge Kreuse, un collègue, sur la liste des récentes disparitions. Le corps se trouvait à proximité du quartier huppé de Berlin où résident les membres du gouvernement. En revenant à son bureau, son collègue Jaeger est revenu et il lui donne donc la liste des disparus. March, pour se décharger de ce travail en partie, car il doit s’occuper de son fils, laisse Jaeger déchirer la liste en deux pour lui en confier la moitié. Jaeger passe la matinée à appeler les commissariats mais ne trouve rien.

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March emmène son fils visiter Berlin. Ils sont en bus avec un guide et passent devant l’Arc de Triomphe achevé en 1950 pour le jour du Renouveau national. C’est Hitler qui en a réalisé les esquisses. Il est 49 neuf fois plus grand que celui de Paris. Il est haut de 148 mètres et large de 168 mètres. Sur les parois intérieures sont gravés les noms des trois millions de soldats tombés pour la défense de la patrie dans les guerres de 1914-1918 et 139-1946. Les nazis ont donc gagné la guerre en 1946. Il existe une avenue de la Victoire dessinée par le ministre Albert Speer et achevée en 1957 laquelle est deux fois et demie plus longue que l’avenue des Champs-Elysées. Au loin, il y a le Grand dôme du Reich. On apprend que les nazis ont construit une autoroute Berlin-Moscou. March a été réformé en 1948 à cause d’une tuberculose et a intégré la police côtière. La même année, il a épousé Klara Eckart, une infirmière rencontrée au sans. En 19552, il a rejoint la Kripo à Hambourg. En 1954, il a été promu à Berlin. Son fils Pili a 10 ans. March a divorcé parce qu’il se sentait toujours enfermé dans son sous-marin, glissant sur la surface de la vie quotidienne, solitaire et silencieux. Pili est en vacances car depuis 1959, l’anniversaire du Führer est un jour férié. Il est en uniforme de Pimpf, chemise noire et culottes courtes bleu foncé. Il est déjà bien endoctriné par le régime. Le tour en bus continue, ils sont dans la Adolf-Hitler-Platz où se trouvent le Haut Commandement du Reich, la nouvelle chancellerie et le Palais d’Hitler. Le Palais d’Hitler est plus grand que le château de Versailles. Pili sent que son père est toujours plongé dans ses pensées et lui demande s’il est un asocial, mot qui est dans la doctrine nazie un cran en-dessous de traître. C’est le beau-père de Pili, un fanatique du nazisme qui lui a mis ça dans la tête. Pili a fini par détester son père.

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Jaeger n’a toujours rien trouvé sur l’identité du cadavre. Il a rejoint le parti à la différence de March dans l’espoir d’une promotion. March se rend à la morgue pour voir le cadavre de l’inconnu et prendre ses empreintes digitales. Il se rend au siège central de la Reichskripo pour découvrir l’identité du mort à l’aide des empreintes. De retour  chez lui, il se met à penser à la photo qu’il a trouvé cachée en arrachant le papier pour retapisser son appartement. C’était la photo d’un couple avec un enfant. En enquêtant, il avait découvert que les anciens locataires de son appartement étaient des Juifs, les Weiss. On sent petit à petit que March n’est pas un nazi. Quand il lit le journal, il sait que la seule vérité qu’on y trouve est dans la page des sports. L’auteur du livre glisse quelques informations très ironiques car retravaillées par l’uchronie. Les Beatles ont quand même existé mais sont stigmatisés par les nazis : « mièvreries négroïdes et pernicieuses d’un groupe de quatre jeunes Anglais de Liverpool devant des salles combles de jeunes Allemands à Hambourg ». On a peine à croire qu’Hitler n’aurait pas censuré les Beatles. La 9è de Beethoven dirigée par Karajan est quand même devenue l’hymne européen mais c’est l’Europe nazie. Les nazis ont des sous-marins nucléaires. Aux Etats-Unis, Kennedy est président et a des chances d’être réélu. March reçoit un appel du centre de la Kripo, le cadavre est celui d’un vieux compagnon de route d’Hitler, arrêté avec lui le putsch de 1923. C’est un certain Josef Bühler.

Mercredi 15 avril

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March prend son petit déjeuner avec Rudolph Halder. Dans le café se trouve le drapeau européen, douze étoiles d’or sur fond bleu. Curieusement c’est le même que celui du monde réel. March a connu Halder dans l’armée 20 ans plus tôt. Après, Halder a repris ses études est devenu chercheur sur l’histoire officielle de la guerre. Ils parlent de Bühler. On sait que celui-ci a été membre du NSDAP dès 1922 et juriste chez Hans Frank, l’avocat d’Hitler. Il a été vice-président de l’Académie de droit allemand et secrétaire d’Etat en 1969 en Pologne. Dans l’uchronie, Bühler n’a donc pas été jugé à Nuremberg et n’est pas mort après sa condamnation en 1948. Il est resté à l’Est jusqu’en 1951. Il a perdu sa femme en 1953 et seule sa soeur Elizabeth Trinkl vit encore. March souhaite qu’elle reconnaisse le corps. Bühler s’est occupé de la germanisation de la Pologne en implantant un million d’Allemands et en chassant un million de Polonais. Halder apprend à March que deux types de la Sipo sont venus le voir aux archives et qu’ils s’intéressaient à March. Il est donc surveillé. Rentré dans son bureau, March fait son rapport sur Bühler. La soeur de Bühler reconnaît le corps de son frère à la morgue. Elle apprend à March qu’elle n’a pas vu Bühler depuis dix ans car ils n’avaient plus rien en commun mais ils gardaient une correspondance. Elle trouvait son frère froid et ne le portait pas dans son coeur comme beaucoup de monde car depuis son veuvage, elle ne pouvait pas compter sur lui financièrement. Elle apprend à March comment Bühler a perdu son pied. C’était en 1951, il est tombé dans une embuscade de résistants polonais. C’est après qu’il a quitté son poste. Après la mort de sa femme, il est resté sans rien faire. Eisler a pratiqué l’autopsie de Bühler. On apprend que March ne lui parlait plus depuis qu’il avait découvert les fonctions du médecin. Comme Mengele, il faisait des expériences horribles sur les détenus. Bühler est bien mort par noyade.

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March refait le parcours de Jost pour savoir s’il a menti puis se rend dans la maison de Bühler au moment où Jaeger lui apprend que l’affaire est reprise par la Gestapo mais il désobéit et continue son chemin. L’appartement de Bühler ne devait plus être correctement entretenu depuis des mois, peut-être des années. En fouillant, March trouve un agenda du parti daté de 1964 et s’en empare. Près du bateau de Bühler, il trouve un pied artificiel. Trois SS arrivent sur les lieux et March préfère se cacher remarquant, à leur allure, qu’ils étaient déjà venus ici auparavant. Parmi eux se trouve Odilo Globocnik dit globus, ancien Gauleiter de Vienne. March trouve un colis dans la boîte à lettres et ne se prive pas de le prendre puis s’en va.

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On retrouve Jost dans son camp d’instruction SS. March lui rend visite et lui apprend qui était le cadavre que le jeune homme a trouvé. Jost est obligé d’avouer que ce soir-là il n’a pas seulement vu le corps de Bühler, il a également vu Globus et deux autres SS.

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On découvre le parcours d’Odilo Globocnik. Né en Autriche, maçon de profession, il était devenu leader du parti pour la Carinthie au milieu  des années 30, puis responsable à Vienne. Une période de disgrâce pour spéculation illégale puis chef de la police au Gouvernement général, il devait y avoir rencontré Bühler. Voie de garage à Trieste après la guerre et après la mort d’Himmler, de nouveau à Berlin, à la Gestapo sous les ordres d’Heydrich (lequel n’a donc pas été assassinée en Tchécoslovaquie). March parcourt l’agenda de Bühler mais n’y trouve que des petites croix. Il ouvre le parquet trouvé dans la boîte de Bühler. Il vient de Suisse et contient des chocolats et une boîte à musique jouant l’acte III de la Veuve joyeuse.

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Une communication gouvernementale obligatoire pour tous les allemands est diffusée à la télé. March se souvient des communications les plus marquantes comme celle de 1943 où il avait appris la victoire des nazis contre Staline lors d’une bataille commencée à l’été 1942 qui avait coupé Moscou du Caucase et séparé l’Armée rouge des champs pétrolifères de Bakou privant l’armée soviétique d’essence. Il se souvient également de la paix avec les Britanniques en 1944 car l’Angleterre avait été réduite par la faim et Churchill avait fui au Canada. En 1946, c’était la paix avec les Etats-Unis qui avait pourtant battu le Japon avec l’explosion d’une bombe atomique mais Hitler avait riposté en envoyant un V3 dans le ciel de New-York. Après cela, la guerre s’était transformée en petites guérillas aux confins du nouvel Empire allemand. Un point mort nucléaire, que les diplomates avaient baptisé Guerre froide. Goering est mort en 1951 et Himmler en 1962 (dans l’explosion d’un avion). Cette fois la communication télévisée du porte-parole Drexler est axée sur la visite de Kennedy à Hitler. Après quoi, tout le monde doit chanter l’hymne nazi mais March, lui, fait semblant.
Jaeger annonce à March qu’un officier SS et sa femme juste mariés viennent d’être assassinés. Comme l’officier avait épinglé un carton d’invitation au panneau d’affichage de sa caserne, la Gestapo pense que quelqu’un du nettoyage ou des cuisines a fait passer l’information car la plupart des hommes de peine dans les casernes sont des étrangers et ils ont tous été arrêtés. March montre à son collègue les chocolats et la boîte à musique trouvés dans le colis pour avoir son avis. Bühler n’avait pas d’amis alors qui lui a envoyé ce paquet ? Il parle aussi de la confession de Jost mais Jaeger ne veut rien savoir. March décide d’aller consulter le Guide des personnalités du NSDAP. Il regarde la fiche de Martin Luther : né en 895, déménageur, membre du NSDAP et SA en 1933, conseil municipal de Berlin puis Affaires étrangères en 1936, chef de l’Abteilung Deutschland jusqu’à sa retraite en 1955, promu sous-secrétaire d’Etat en 1941. Puis Mach consulte la fiche de Wilhelm Stuckart : né en 1902, docteur en droit, membre du parti en 1922, diverses fonctions dans la SA et SS. Maire de Stettin en 1933, secrétaire d’Etat à l’Intérieur de 1935 à 1953 puis retour à activité juridique privée. Bühler, Stuckart et Luther devaient se connaître et ils s’étaient rencontrés le vendredi avant le meurtre de Bühler mais où était le lien ? Stuckart venait de mourir le 13 avril d’une crise cardiaque. Il demande à l’archiviste le dossier de Stuckart alors que toute demande est consignée et que la Gestapo l’a dessaisi de l’affaire. Le dossier est sorti, il est dans les mains de Fiebes, responsable de la division des crimes sexuels.

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