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Humanisme : le Contrat social
12 juillet 2008

Coluche 3

Coluche a commencé à s’apercevoir de la différence de son jeu en jouant autre chose que du Coluche adapté au scénario. Hélas, aucun grand metteur en scène de cinéma dit d’auteur n’a manifesté la volonté de s’intéresser vraiment à lui mais Coluche se rendit compte qu’ils n’étaient pas du même monde. On avait décidé une fois pour toutes que Coluche était un comique et rien qu’un comique et le cinéma est passé à côté de lui. Il admirait Robert Mitchum, Lino Ventura et surtout Jules Berry et Michel Simon. Il voulait secrètement monter sa propre maison de production en 1985, il l’aurait baptisée « Le Radis rose » dans une usine désaffectée de Montreuil. Le projet était en chantier. En mars 1984, il obtient le césar du meilleur acteur pour « Tchao Pantin ». La salle est unanime. Il est en smoking et noeud papillon, il est visiblement ému. Il est agacé que certains découvrent qu’il peut être un très grand acteur. Après son césar, Coluche passe à autre chose. Il joue dans « La vengeance du serpent à plume », « Le bon roi Dagobert », « Les rois du gag », « Le fou de guerre » et « Sac de noeud ». Les voyages ? Il n’aime guère et les lieux de tournage sont une routine. En juillet 84, Europe 1 le rappelle pour l’émission « Y en aura pour tout le monde ». Il a retrouvé son punch. Son contrat est reconduit en septembre et il est opposé aux « Grosses têtes » de RTL. Peu de temps après, il présente « Coluche infos » sur Canal +. En mars 1985, il a participé aux « Chanteurs sans frontières » avec Renaud pour répondre aux fameux Band aid de Bob Geldof. Coluche a dissipé l’humeur un peu guindée qui régnait pendant l’enregistrement. Il fait rire tout le monde. Le disque se vendra à 2 200 000 exemplaires et rapportera 7 millions de francs à Médecins sans frontières. Un concert est donné à la Courneuve en octobre 1985. Sur Europe 1, Coluche entant des cris de désespoir et il est très sollicité. Le 15 juin, Coluche participe au rassemblement de S.O.S. Racisme à la Concorde. L’opération de Harlem Désir à démarré en janvier 85 dans l’émission Droit de réponse et Coluche a vite suivi. Il prouve ainsi qu’il s’est toujours avéré un fidèle révélateur des bouleversements sociaux de fond. Le 17 mai 1985, Coluche participe au « Jeu de la vérité » de Patrick Sabatier. Il ne redoute aucune question. Il pense que l’émission est destinée aux téléspectateurs qui n’aiment pas la vedette mais la plupart des questions sont fraternelles. Il parle de la drogue, de l’homosexualité. Il accepterait la Légion d’honneur mais viendrait à l’Elysée en slip pour que Mitterrand ne sache pas où la mettre. Il soutient les autonomistes guadeloupéens même s’ils ont plastiqué sa maison. Franck Tenaille évoque la passion de Coluche pour les motos. Coluche en avait une dizaine et s’en faisait prêter par le Journal Moto 1 pour les essayer. Il avait une passion des Harley. Il s’était fait tatouer les initiales de Harley Davidson flanquées de l’aigle royal. Le 29 septembre 85, Coluche bat le record du monde du kilomètre lancé sur le circuit de Nardo en Italie. Il avait un projet de journal, le « Stupéfiant journal navrant » mais celui-ci restera lettre morte. La télé d’Etat se méfiait trop de lui pour lui confier une émission, restait la radio. A partir de juillet 85 et pendant neuf mois, il anime avec Maryse Gildas son émission quotidienne « Y en aura pour tout le monde » annoncée sur les murs des villes par une grande affiche où on le voit lancer une grosse tarte à la crème. Il arrive trois heures avant le début de l’émission pour préparer sa revue de presse avec l’aide de Jean-Michel Vaguelsy car il n’aime pas lire. L’audience augmente de 150 %. En résulta un disque, « Les blagues de Coluche à Europe 1 ». Le 13 novembre 85, se produit un esclandre quand Christine Clerc du Figaro souhaite rencontrer Coluche. Elle l’accuse de mépriser les politiciens et il lui répond par des insultes et l’asperge d’au. On parle de coups ce qui est faux. Coluche avait déjà eu un problème quand le 20 juin, il fut accusé d’outrage à agent après qu’il a garé sa Cadillac sur un couloir de bus. Coluche est condamné à deux mois fermes. Le procureur l’insulte en déclarant : « La civilisation est fichue ». Si c’est ça le génie, être le La Bruyère des vespasiennes. » Il fait des excuses à l’agent et sa peine est transformée en soixante heures de Travail d’Intérêt Général. En octobre, Philippe Gildas et Pierre Lescure lui donnent carte blanche pour une émission sur Canal +, ce sera « Coluche un faux ». Un quart d’heure, tous les soirs et en direct. Coluche est déguisé tous les soirs. Le public est convié à dire ce qu’il souhaite grâce à une vidéomaton. Avec sa situation et son fric, Coluche veut faire bouger les choses. Il en parle à Paul Lederman. Il est aidé par Alexandre, le fils de Lederman et les étudiants de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris. Les Restos du coeurs sont nés et constitués en association loi de 1901. Son logo : un coeur et une fourchette. Par jalousie, des journalistes parlent de coup publicitaire. Mais les institutions bloquent et sur les 200 000 repas prévus seuls 20 000 sont offerts. Mais deux mois avant les élections législatives, Coluche met les politiciens au pied du mur et le projet fera boule de neige. Henri Nallet, le ministre de l’Agriculture offre un local dans la Tour Montparnasse. A droite, on voit ça d’un mauvais oeil. D’autant que Coluche s’affiche comme l’ennemi du RPR. Mais ils sont obligés de suivre. TF1 consacre une émission aux Restos du coeur le 26 janvier 86 et Libération consacre sa une à « Saint Coluche ». Grâce à l’émission de TF1, Coluche récolte 20 millions de francs et les Restos pourront distribuer 60 000 repas quotidiens dans toute la France. Coluche ne veut pas que les Restos s’arrêtent et imagine une loi permettant de faire de tout donateur un contribuable nourricier à déduction fiscale. Il frappe à la porte de Matignon et à celle du Parlement Européen. A la fin de l’hiver, les restos ferment et Coluche donne à l’abbé Pierre ce qu’il reste d’argent, 1 500 000 francs. A la fin de sa vie, Coluche avait trouvé le bonheur avec Frédérique Romano, cela ne l’empêche pas de parodier le mariage très mondain de Yves Mourousi et Véronique d’Alençon. En effet, Coluche se « marie » avec Thierry Le Luron. Il est vêtu d’une robe virginale. Les témoins sont Eddie Barclay et Carlos. Le mariage « pour le meilleur et pour le rire » est célébré par le maire de la commune libre de Montmatre. Le cortège parcourt les Champs-Elysées en calèche et termine sa course à Europe 1. Puis Coluche, avec Guy Bedos, soutient Mitterrand au meeting que tient le président à Lille. Coluche aimerait beaucoup Mitterrand, il était allé à l’Elysée et le président était venu rue Gazan. Mais le principe de cohabitation ne déplaisait nullement à Coluche. Pour lui, il fallait prendre ce qu’il y avait de mieux à droite comme à gauche. Coluche reparaît une dernière en public le 14 juin 86 à la seconde fête de S.O.S. Racisme puis c’est l’accident. Lors de ses obsèques, sont là ses amis du show-biz, ses copains motards, des hommes politiques, des intellectuels et des journalistes. Il devait revenir sur scène au Zénith. Pour préparer sa rentrée, il avait loué une maison près de Grasse. Après sa mort, la presse l’a « canonisé », en faisant un saint laïque sauf les journalistes du Figaro qui ne l’avaient jamais aimé.
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