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Humanisme : le Contrat social
20 septembre 2008

Rêve de fer 3

XI

   Feric visite un camp de sélection, à proximité de la bordure nord de la forêt d’Emeraude sous la conduite de Remler lui-même. Le camp apparaît comme une construction assez modeste. Un rectangle de barrières électrifiées entoure un grand hangar et des rangées de baraquements en bois le tout dominé par quatre miradors. Les détenus sont des civils « sans tare apparente » habillés de tuniques grises numérotées. Aucun visage maussade ne déparait le lot (on pense au film de propagande nazi montrant le camp « modèle » de Therezinstadt avec des Juifs montrés en bonne santé à la Croix rouge qui n’y a vu que du feu). La différence avec l’histoire réelle est que les camps de Feric contiennent des civils dont certains vont être sélectionnés pour entrer dans les SS mais il ne fait aucun doute que les Doms/Juifs découverts seront éliminés. L’Hitler uchronique décrit les femmes sélectionnées comme des « femelles dignes d’être appariées avec les SS » ce qui correspond bien à la misogynie de l’Hitler réel. Comme dans la vraie histoire, le camp abrite une chambre d’extermination. Feric pénètre dans une pièce où se trouvent les humains considérés comme non purs. Un fonctionnaire leur demande s’ils choisissent la stérilisation ou l’exil. Remler souffle à l’oreille de Feric que 23% des refusés préfèrent la stérilisation à l’exil. Waffing annonce à Feric que l’armée a été renforcée par des tanks et des avions et que 500 000 hommes ont rejoint les troupes. Il suggère à Feric d’attendre encore six mois pour déclencher la guerre éclair contre Zind mais Feric veut attaquer avant deux semaines et Waffing obéit. Feric décide de diriger lui-même le premier assaut en Borgravie et de rester à la tête des troupes helders chargées du nettoyage de ce cloaque jusqu’à ce que Gormand soit totalement rasée, cela pour des raisons personnelles. Peut-être que la Borgravie où Feric a passé son enfance est l’Autriche réelle (on se souvient que Hitler a fait raser le village où est né son père juste après l’Anchluss).

   La bataille va être retransmise par la télé pour paralyser l’adversaire par la peur. Elle est vite gagnée et l’Hitler uchronique ose écrire « une politique bien menée d’annihilation de l’ennemi se révélerait à longue échéance la pratique la plus miséricordieuse ». Il va de l’honneur personnel de Feric que ses propres troupes assurent elles-mêmes la purification de Gormand, en détruisant jusqu’à la dernière construction fétide, jusqu’au dernier gène malsain. Feric a fait reconstruire les territoires conquis et les a peuplés de Helders. Remler conduit Feric à un camp de sélection car il a un problème à résoudre. Le camp a été érigé soigneusement à l’écart des centres d’habitation humaine. En Borgravie, ils sont plus grands qu’à Heldon. Remler affirme à Feric qu’il détient des millions de mutants et ne sait qu’en faire dans toutes les provinces conquises. Feric pense qu’il faut les exiler et Remler pense qu’ils reviendront alors Feric estime que « l’euthanasie est un service à rendre à ces malheureux ». Remler annonce que les savants helders ont mis au point un gaz mortel pour l’extermination.

   Feric décide d’un jour de réjouissance nationale qu’il fixe au septième jour après la chute de Kolchak (probablement la Grande-Bretagne), point d’orgue du svastika sur le dernier Etat bâtard de l’ouest. C’est l’occasion d’offrir des parades militaires, des danses et des feux d’artifices. Les défilés militaires sont décrits avec excès puisque les troupes d’infanterie SS défilent dans leurs cuirs noirs collants, projettent leurs bottes « au-dessus de leurs têtes ».

XII

   Feric demande à Remler où en est la situation dans les camps de sélection et celui-ci lui répond que les derniers occupants auront été « traités » dans les deux prochaines semaines. Après quoi les camps seront fermés. Remler a fait inventer des tests génétiques capables de faire naître les surhommes SS futurs qui mesureront 2 mètres 10 avec la peau claire, les cheveux dorés et une intelligence de génie. Dans la vraie histoire la sélection génétique avait bien eu lieu sous le nom de lebensborn. Remler annonce aussi que les savants pensent déjà au clonage. Quant à Waffing, il déclare à Feric que ses savants progressent dans la redécouverte des Arts martiaux des Anciens et que de nouvelles armes ont été fabriquées. Des missiles seraient capables d’atteindre la distance de 6 500 kms. L’armée Helder a même découvert les techniques d’obtention des ingrédients légendaires du Feu des anciens, qui n’est autre que la bombe atomique. (Dans l’histoire réelle les nazis ont bien expérimenté une bombe atomique en mars 1945 mais Hitler n’a pas cru à son efficacité. Le « roman » de l’Hitler uchronique est écrit dans les années 50, il a donc eu connaissance d’Hiroshima.

   Feric refuse que la bombe atomique soit fabriquée de peur de souiller la race helder avec les retombées radio-actives. Remler essaye de convaincre Feric en lui annonçant que les Doms ont envoyé leurs esclaves dans les déserts orientaux à la recherche d’armes nucléaires qui y furent stockées au temps des Anciens. Waffing affirme que ces armes doivent être encore opérationnelles et il pense que les Doms pourront s’en servir dans les six mois. Alors Feric décide d’écraser Zind dans les dix jours. Le but est de s’emparer des champs pétrolifères de Zind pour que l’armée helder ne soit pas réduite au bout d’un mois faute de carburant. Feric veut attaquer la capitale de Zind, Bora pour faire croire aux Doms que c’est sa stratégie alors qu’un corps expéditionnaire de chars soutenu par des jets fonce au sud pour conquérir les champs pétrolifères. Feric veut conduire lui-même l’attaque de Bora laissant à Waffing l’autre attaque. La bataille est lancée mais en avançant de plus en plus à l’Est les Helders sont attaqués par d’énormes oiseaux mutants déféquant un acide puissant sur les chars pour les détruire. un Dom était accroché à une de ces créatures pour commander l’attaque et il a réussi à fuir pour faire son rapport sur la progression de l’armée de Feric. Feric fait bifurquer son armée légèrement vers le Nord loin à l’intérieur du territoire de Zind parant une possible attaque ennemie vers le Sud. Des canonniers Zind attaquent alors mais sont rapidement éliminés. Après quoi les 10 000 guerriers de Zind gardent la frontière de Malax sont exterminés. Feric arrive alors à zind qui est décrit comme cauchemardesque. Dès lors, la frontière de Heldon s’élargit à mesure que la proue du char de Feric s’enfonce dans le territoire Zind. Au Nord, les vaques de croiseurs aériens helders ont noté que l’armée de Zind est dix fois plus nombreuse que celle de Feric. La grande bataille a lieu et déjà Zind envoie des obus pour faire exploser les chars helders. Cent monstres volants arrivent mais ils sont balayés par les avions helders. L’armée de Zind s’étire à perte de vue et Best le compagnon de Feric dans son char est pris de panique. Les deux armées se trouvent confrontées, dans un choc fracassant de chair et de métal. Les chars Zind abritent les Doms alors l’armée helder les détruits pour que les guerriers géants de Zind soient hors de contrôle. La confusion est telle que Feric annonce à Best qu’il est difficile de dire s’ils sont cernés ou s’ils coupent la horde en deux. Zind est au courant de la stratégie de Feric car Waffing est arrivé dans les champs pétrolifères alors Feric ordonne le déploiement de ses forces en position défensive car il faut établir une ligne au sud de la horde de Zind? La horde doit être immobilisée pour permettre à Waffing d’accomplir sa mission. Motards SS et fantassins ont subi de lourdes pertes mais l’artillerie et l’aviation sont pratiquement intactes. Une autre horde Zind arrive mais avec un aspect physique différent. L’avance Zind est portée à 100 des tranchées helders. Feric élimine lui-même des centaines de guerriers Zind avec sa massue. Depuis deux jours, les Dominateurs lançaient inlassablement des formations-suicide de leur nouvelle race de guerriers. Chaque vague était anéantie mais au prix de lourdes pertes en vies et munitions du côté helder. Le pire est que les munitions et les réserves d’essence sont quasiment taries. Une ou deux attaques et l’armée helder en serait réduite à combattre avec les seules massues. Waffing devait arriver rapidement. Un nouveau combat à mort a lieu qui se fard d’une beauté mystique pour Féric. Les Helders et les Zind s’affrontent pour la domination de la terre pour la suite des temps. Feric est à nouveau attaqué par une cinquantaine de Zind mais il s’en sort et sait que sa victoire et son héroïsme font bouillonner l’ardeur combattante des soldats helders, largement dominés en nombre. Les chars des Doms contrôlent leurs guerriers et sont rapidement éliminés. L’armée de Waffing a réussi à arriver à temps pour renforcer l’armée de Feric.

XIII

   La marche sur Bora est une véritable parade triomphale. Des camps de sélection sont installés à Zind. La bataille finale contre Bora a été filmée et diffusée à Heldon. Feric a rassemblé des motards SS et des chars noirs polis pour former un énorme svastika centré sur la fontaine de feu. Le vaste svastika étincelant évolue en cercle autour de l’immense pilier de flammes. C’est le symbole parfait de la victoire finale, le bûcher funéraire de Zind. Feric et ses hommes découvrent dans les ruines de Bora un vaste cube d’acier. Ce cube ne contient rien de plus qu’une volée de marches de pierre s’enfonçant dans les entrailles de la terre. Ils découvrent un vieux Dom ratatiné et bossu vêtu d’une robe Zind grise armée de galons et de pierres précieuses. Pris sous l’influence du Dom, les généralissimes et les SS se débarrassent de leurs armes, seul Feric résiste et garde sa massue. Le Dominateur actionne une manette sur la console derrière laquelle il est assis. il s’agit d’une commande pour lancer une bombe atomique pour irradier toute la terre. Mais Feric arrive à le tuer avant que le Dom commette l’irréparable. Et pourtant le Dom n’a pas menti, il a eu le temps d’envoyer le feu nucléaire.

XIV

   Deux millions d’êtres humains ont péri après l’explosion de la bombe atomique. Les généticiens confirment à Feric qu’il ne reste plus à la surface de la terre un seul humain pur et que Feric lui-même est touché. Feric décide de s’adresser aux Helders. Il leur annonce qu’ils ne pourront plus enfanter que des mutants mais leur redonnent espoir en parlant du clonage. Il affirme que la prochaine génération se composera uniquement de clones dont la dotation génétique sera celle des meilleurs pur-sang SS vivants aujourd’hui. Il annonce que dans les trois mois tous les Helders seront dirigés dans les camps de sélection pour être stérilisés. Feric annonce qu’il sera le premier à se faire stériliser en gage de loyauté. Tous les Helders acceptent sans protestation et au bout de trois mois, tout le monde a été stérilisé. Le clonage a fonctionné mais ce qui parait scientifiquement impossible est tout de même imaginé par l’Hitler uchronique, les clones ne sont pas des bébés mais des hommes. Chaque année, Feric prévoit que les laboratoires pourront fournir un million de clones SS. Toute la terre habitable sera repeuplée par des surhommes génétiques. Les clones sont dotés d’une intelligence supérieure et à peine réveillés font le salut helder. Feric, après avoir conquis la terre, veut conquérir les étoiles et part dans un vaisseau spatial accompagné de clones SS. Il emmène trois cents hommes vers Tau Cetin. Encore trois ans et Feric lancera annuellement cinquante fusées pour conquérir cinquante autres planètes. Feric annonce qu’il a lui-même confié ses cellules aux cuves de clonage. Ses clones commandent toutes les fusées. Chaque planète sera gouvernée par un de ses clones.

   Spinrad a imaginé une « postface » à la deuxième édition du « roman » de l’Hitler uchronique. La popularité du livre a provoqué l’adoption du motif et des couleurs du svastika au sein de groupes sociaux comme la Légion chrétienne anticommuniste ou les « gangs » de motards. On apprend que Hitler a écrit son roman dans un état second et en six semaines pour honorer un contrat juste avant sa mort. Hitler avait un comportement fantasque depuis plusieurs années et était sujet à des crises de tremblement (comme l’Hitler réel). Il est mort d’une hémorragie cérébrale mais ces symptômes suggèrent des accidents tertiaires de la syphilis. La postface est dure contre Hitler en le décrivant comme un « écrivaillon » et que ses écrits abondent de lourdeurs issues de la construction et de la syntaxe allemande. « Le seigneur su svastika » est truffé de symboles phalliques (les massues). La massue de Feric est un pénis fantastique. Le salut helder est lui aussi un symbole phallique. En un sens, le roman est une oeuvre de pornographie sublimée, une orgie phallique de bout en bout. Il devient apparemment raisonnable de supposer que Hitler a délibérément mis son roman sous le signe de l’iconographie phallique afin de captiver le lecteur ingénu. « Le seigneur du svastika » constitue schématiquement le type même du roman de cape et d’épée à deux sous. Ce roman témoigne abondamment de l’aberration mentale de son auteur. Ses descriptions répétitives de « cuir luisant », « hautes bottes à talons ferrés » dénotent clairement un fétichisme inconscient et morbide chez Hitler. L’auteur de la postface estime que « De toute évidence, une telle psychose de masse ne pourrait jamais survenir dans le monde réel ». La postface est donc également uchronique puisque le nazisme n’a pas existé dans le monde imaginé par Spinrad. L’auteur de la postface traite Hitler de mythomane et ses fantasmes grotesques. Feric témoigne du narcissisme de Hitler. Dans le roman de Hitler, la violence confine à la psychoses et même Sade lui-même n’est pas allé aussi loin. Il n’y a pas un seul personnage féminin dans le livre qui désigne chez Hitler une homosexualité refoulée. On apprend, qu’arrivé à New-York en 1919, Hitler a adhéré à un petit parti radical, les nationaux-socialistes, groupuscule qui disparut en 1923. Hitler n’en parlait pas sauf quand il avait bu (l’Hitler réel était sobre et végétarien). Il rejetait les nazis, les accusait de n’avoir été qu’un pitoyable club de buveurs. Son anticommunisme lui valut des inimitiés au sein du petit monde de la SF jusqu’à ce que la Grande-Bretagne soit envahie en 1948 par l’URSS ce qui décilla les yeux des communistes les plus naïfs. Le fétichisme et le symbolisme du roman d’Hitler expriment ses obsessions maladives mais les éléments politiques sont des créations conscientes. Heldon représente une Allemagne renaissante et Zind l’URSS. Les Doms, pour l’auteur de la postface ne sont pas les Juifs mais les communistes. et le parti universaliste est le parti communiste. Les obsessions génétiques dépassent l’auteur de la postface et il en conclut qu’il représente un groupe réel ou imaginaire que Hitler craignait ou haïssait (la postface ne semble pas suspecter Hitler d’antisémitisme). Il sait que le petit parti nazi était antisémite et suppose que les Doms sont des Juifs mais comme Zind est l’URSS où l’antisémitisme a atteint des sommets (les Soviétiques dans l’histoire alternative ont tué cinq millions de Juifs). L’idée de Doms juifs s’écroule pour l’auteur de la postface qui est un certain Homer Whipple. Le roman anticommuniste de Hitler fait vibrer une corde dans le coeur de tout Etats-unien à l’époque où les Etats-Unis et le Japon sont le seul obstacle à l’hégémonie de l’URSS. Seuls les Zind utilisent l’arme atomique, ce qui ne leur vaut rien. Le roman d’Hitler est donc une catharsis contre la menace communiste. L’URSS occupe l’Europe et l’Afrique et Hitler offre une histoire perverse mais revigorante pour Whipple. Il voit Feric un psychopathe narcissique à tendances obsessionnels paranoïdes. La postface date de 1959 dans un monde uchronique.

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