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Humanisme : le Contrat social
3 février 2009

Le métier de bibliothécaire (2007) I

Le métier de bibliothécaire

 

I histoire du livre et des bibliothèques

 

L’épopée de Gilgamesh est la plus ancienne oeuvre littéraire connue. Elle a été composée au milieu du IIIè millénaire avant JC en Babylonie. Livre, liber en latin, c’est la pellicule comprise entre l’écorce et le tronc d’un arbre. Biblion en grec, c’est le papyrus.

 

Les supports et l’écriture de l’Antiquité à l’invention de l’imprimerie

 

La Mésopotamie

 

A la fin du IIIè millénaire avant JC, en Mésopotamie, on grave des ércits d’événements dont on veut garder le souvenir. On utilise la pierre ainsi que la terre cuite sous diverses formes : cylindre, tablette.

 

L’Extrême-Orient

 

Plus tard, en Inde et en Extrême-Orient, les feuilles de palmier, diverses parties de l’arbre, le cuivre ont été utilisés pour conserver des textes. La Chine utilise des rouleaux de soie puis le papier. Les caractères mobiles, base de l’imprimerie, sont inventés par les Chinois au XIè siècle mais ne se répandent pas. Ces caractères sont en terre cuite ou en bois (fin du XIIIè siècle), en métal (début du XIVè siècle).

 

L’Egypte

 

A partir du IIIè millénaire avant JC et jusqu’au XIIè siècle de notre ère, les livres sont écrits sur des branches de papyrus, aplaties et collées les unes aux autres sous forme de rouleaux.

 

La Grèce et Rome

 

En Grèce la littérature, longtemps orale, est fixée à partir du VIè siècle. En Grèce puis à Rome trois sortes de supports sont utilisés jusqu’au IIIè siècle : les supports pour écrits éphémères comme les tablettes de cire sur lesquelles on peut écrire et effacer, les supports en dur : des écrits légaux sur de la pierre ou du marbre, les supports du livre destinés à être conservés (papyrus).

 

Du rouleau au codex, du papyrus au parchemin.

 

En Chine, le rouleau de papier est remplacé par des feuillets collés par leur petit côté, le livre s’ouvrant en accordéon. A partir du IIIè siècle avant JC, on utilise le parchemin en Occident venu de Pergame. Le rouleau de papyrus reste le support naturel du livre jusqu’au Iiè siècle. Le parchemin, d’abord utilisé en rouleau, est très vite assemblée sous forme de codex. En Occident, le passage du rouleau, volumen, au livre en cahiers, codex est très long. Le codex, dont le christianisme favorise l’essor, devient l’unique support des livres grâce à ses avantages : il est économique car on peut écrire des deux côtés du support, il modifie le rapport au texte (il devient facile de vérifier une citation).

 

Le papier

 

La technique de fabrication du papier, connue en Chine depuis le Ier siècle de notre ère est enseignée aux Arabes au VIIIè siècle. Le papier est introduit dans l’Empire byzantin au Xiè siècle et en Europe à la fin de ce siècle. Il se généralise au XIVè siècle pour les manuscrits. Jusqu’au milieu du XIXè siècle, le papier est fabriqué à partir de chiffons transformés en une pâte que l’on fait sécher. Dans les années 1850, la pulpe de bois remplace le chiffon.

 

Les supports et l’écriture de l’invention de l’imprimerie à la fin du XVIIIè siècle.

 

La xylographie et les caractères mobiles étaient connus en Chine dès avant le Xè siècle. La xylographie est employée en Occident à la fin du XIVè siècle. On grave des images pieuses, des scènes de la bible. L’invention de l’imprimerie est attribuée à Gutenberg qui crée un atelier à Mayence en 1450. Le papier et les techniques de l’imprimerie découverts au XVè siècle ne se modifient pas avant la fin du XVIIIè siècle. Le texte est composé ligne à ligne. Les écritures du livre imprimé évoluent. D’abord le gothique puis le romain et l’italique. Les premiers livres imprimés le sont à l’aide de caractères latins, dans cette langue ou en vernaculaire. Le livre imprimé reproduit d’abord le livre manuscrit, mais très vite il a acquiert les caractères supplémentaires qui facilitent son identification et son utilisation.

 

Histoire du livre, des bibliothèques et de la lecture jusqu’à la Révolution française.

 

A toute époque, les bibliothèques ont conservé des documents autres que des livres, cela a toujours été une de leurs missions et de leurs richesse.

 

Les bibliothèques dans l’Antiquité

 

Au Ivè siècle avant JC, le lycée d’Aristote, l’Académie de Platon possédaient des bibliothèques. La plus grande fut imaginée par le roi d’Egypte Ptolémée Ier, à Alexandrie, vers 295 avant JC. Cette bibliothèque conservait entre 200 000 et 500 000 volumina. Elle joue un grand rôle comme centre d’études jusqu’à sa destruction partielle en 48-47 avant JC pendant la campagne d’Egypte de César. La première bibliothèque publique ouvrit à Rome en l’an 39 avant JC

 

Les bibliothèques au Moyen Age

 

L’Eglise, seule institution à rester suffisamment structurée à la fin de l’Empire romain, conserve les textes païens comme chrétiens. Les premières bibliothèques chrétiennes datent du Iiè siècle et sont installées dans les sièges épiscopaux ou à Constantinople, capitale de l’Empire sous Constantin. Avec l’effondrement de l’Empire romain d’Occident, des vestiges des grandes bibliothèques survivent dans les monastères et les grands centres religieux. En Gaule, au Vè siècle, les communautés religieuses possèdent des bibliothèques. Les bénédictins, au VIè siècle étudient les textes sacrés. Sous les Mérovingiens puis sous Charlemagne et les Carolingiens, les grands monastères en Europe sont des lieux de copie et d’étude dans le scriptorium. Le monde musulman dispose très vite de bibliothèques. Dès le VIIIè siècle, à Cordoue, capitale des omeyyades, la bibliothèque des califes est riche. En France, pendant tout le Moyen Age, les bibliothèques les plus importantes sont ecclésiastiques. La bibliothèque du collège de Sorbonne est fondée en 1257 et riche de mille volumes. En 1437, à Florence est ouverte la première bibliothèque publique grâce à Niccolo Niccoli. En France, depuis Charlemagne, les rois possèdent des livres. Saint Louis crée une bibliothèque centrée sur les textes sacrés. Charles V (1364-1380) est considéré comme le créateur de la bibliothèque du roi. A partir de Louis XI se crée à nouveau une bibliothèque réunie à Blois par Louis XII. Les collections de l’Empire romain d’Orient sont en partie ramenées en Europe à partir du Xvè siècle.

 

La Renaissance et l’époque moderne.

 

Les bibliothèques se développent autour de l’humanisme : c’est le cas de la bibliothèque pontificale, enrichie par le pape Nicolas V au milieu du Xvè siècle. En France, la bibliothèque du roi prend une ampleur beaucoup plus grande, et des grands collectionneurs créent des bibliothèques : Mazarin, Richelieu, Colbert. La bibliothèque du roi est ouverte au public. Gabriel Naudé constitue pour le cardinal Mazarin une riche bibliothèque et rassemble les premiers principes de bibliothéconomie dans son célèbre Advis pour dresser une bibliothèque en 1627. Les cabinets de lecture apparaissent au XVIIè siècle.

 

Le commerce du livre jusqu’à la Révolution

 

Dès le début du XVIè siècle, à Venise, Alde Manuce édite des petits livres, aisément transportables et d’un coût beaucoup moins élevé que les grands in-folio. A Francfort, se vendent les incunables (les livres publiés avant 1501). Libraires et colporteurs vendent des livres. A partir du XVIIè siècle, en France, la librairie est fortement encadrée par le pouvoir royal et par l’administration qui a été créée pour la réguler. A contrario, la Réforme en particulier, désirant offrir à chacun la possibilité de lire lui-même les textes sacrés, pousse à une alphabétisation généralisée et invente la ? médiatisation de masse ?. Le public pouvant acheter des livres à bas prix est recherché. La Bibliothèque bleue est créée à Troyes au début du XVIIè siècle pour toucher un public économiquement faible. Ces livres sont distribués en France par le colportage.

 

Naissance des publications périodiques

 

En France, la Gazette de Théophraste Renaudot commence à paraître en 1631, elle est suivie par le Mercure galant. Le Mercure de France se fait l’écho des Lumières.

 

Naissance de l’éditeur et de l’auteur

 

A partir de 1760, Panckoucke réédite des ouvrages à succès dont l’Encyclopédie, Buffon, Voltaire. Editeur de presse, il lance le Moniteur universel qui fera office de Journal officiel jusqu’à la fin du Second Empire. Avec Beaumarchais, commence à émerger les notions de droit d’auteur et de propriété littéraire que le XIXè siècle commencera à formaliser.

 

La Révolution française et les bibliothèques

 

Les bibliothèques de l’Ancien Régime sont essentiellement privées. Elles appartiennent à des institutions religieuses. La Révolution voit la réalisation d’une idée de bien culturel commun avec la confiscation des biens nationaux. Les livres sont réunis dans des dépôts révolutionnaires (bibliothèque du couvent Sainte-Geneviève, bibliothèque de l’Arsenal et dans les chefs-lieux des nouveaux départements). Les révolutionnaires veulent en faire établir le catalogue et les utiliser comme base à un réseau de bibliothèques destinées à éduquer le peuple mais cet objectif n’est pas atteint.

 

Le XIXè siècle : progrès technique et évolution culturelle et sociale

 

L’analphabétisme recule, l’université est réorganisée dans le dernier tiers du siècle. Les nouvelles inventions (photo, cinéma, phonogramme) ainsi que la mutation industrielle de la production des livres et des journaux annoncent l’entrée dans l’ère de l’information, des industries culturelles et des médias de masse.

 

Mutations de l’imprimé : industrialisation et diffusion de masse

 

La stéréotypie facilite et accélère la composition des textes d’imprimerie. La lithographie apparaît en 1830 puis la photogravure est mise au point vers 1839. La  rotative apparaît dans la seconde moitié du XIXè siècle. Au XIXè siècle, les périodiques connaissent une progression rapide. Le Petit Journal (1863), à vocation populaire, est vendu cinq centimes et atteint le million d’exemplaires à la fin du siècle. Avant la guerre, plusieurs quotidiens ont des tirages de masse. C’est dans cette presse, grâce au feuilleton, que naissent le roman populaire (Dumas, Sue, Dickens). Le XIXè voit apparaître des éditeurs qui ne sont plus libraires ni imprimeurs : Hachette, Calmann Lévy, Fayard. Ces derniers mènent une politique d’élargissement du public. Le livre à bas prix se développe avec Gervais Charpentier qui crée la Bibliothèque Charpentier. En 1852, Louis Hachette invente le concept de la bibliothèque de gare. La fin du siècle voit paraître les premiers best-sellers tel, Le Tour de France par deux enfants. LA loi du 29/07/1881 donne sa liberté au monde du livre et de la presse.

 

La lecture, la diffusion du livre et les bibliothèques

 

L’impossibilité de constituer, à partir des ? dépôts littéraires ?, des bibliothèques capables de mettre les livres au service de l’instruction publique conduit à transférer les collections aux municipalité. Les cabinets de lecture sont très importants sous la Restauration. On peut y louer des livres et des journaux et ce sont des lieux de sociabilité très surveillés par le pouvoir. Dès les années 1830, avec Guizot et sa volonté de développer l’instruction publique, l’Etat recommence à s’intéresser aux bibliothèques en les y associant. L’influence de la Ligue de l’enseignement de Jean Macé conduit à l’essor des bibliothèques populaires. L’Etat s’intéresse aux bibliothèques scolaires. En 1862, un arrêté prévoit une bibliothèque par école. L’église catholique crée le réseau des ? Bibliothèques pour tous ?. La IIIè République, à partir de 1871, s’intéresse davantage aux bibliothèques universitaires pour lesquelles est créé en 1879 un certificat d’aptitude à la fonction de bibliothécaire. LA fin du XIXè siècle voit l’émergence de la profession de bibliothécaire avec l’introduction de la classification de Melvil Dewey (publiée en 1876), la création de l’American Library Association (1876), celle de l’Association des bibliothécaires français (1906). En 1887, Dewey fonde la première école de bibliothécaires. Paul Otlet et Henri Lafontaine fondent l’Institut international de bibliographie et créent la Classification Décimale Universelle.

 

Le XXè siècle : le livre concurrencé et l’essor des bibliothèques

 

Avec la fin du siècle, nos sociétés entrent dans une nouvelle ère baptisée ? ère de l’information ?. L’édition de presse est concurrencée par la radio et la télévision. La presse généraliste en déclin laisse la place à l’essor de la presse magazine. La presse scientifique se développe et abandonne le papier pour l’édition électronique. Le livre, malgré le marché constitué par l’éducation de masse et la massification de l’enseignement supérieur dans le dernier tiers du siècle, a du mal à résister. L’édition est soumise à un mouvement continu de concentration économique. Dans les années 60 Hachette et les Presses de la cité dominent le marché. Ils seront intégrés dans les décennies suivantes à Matra pour Hachette et Havas puis Vivendi pour les Presses de la cité. L’effondrement de Vivendi en 2002 donne au groupe Lagardère, qui contrôle Hachette, une position plus importante dans l’édition et la distribution du livre. La vente subit aussi la concentration avec la FNAC et Virgin. La loi Lang sur le prix unique du livre (1981) endigue en partie la concurrence faite à la librairie indépendante. La France découvre le concept du ? livre de poche ? dans les années 50 avec la collection du même nom lancée par Hachette.

 

Les bibliothèques au XXè siècle

 

La France ne parviendra à se doter d’un réseau de bibliothèques comparables à celui de ses grands voisins européens que dans le dernier tiers du XXè siècle. Dans les années 30 sont créées des bibliothèques d’entreprise. En 1924 est créée L’Heure joyeuse qui fournit un modèle novateur de bibliothèques pour enfant. Une Commission de la lecture publique est créée par arrêté du ministère de l’Instruction publique en 1929, l’Association pour le développement de la lecture publique en 1936 et les premiers bibliobus en même temps. La loi de 1931 définit les responsabilités de l’Etat envers les bibliothèques publiques en créant les Bibliothèques municipales classées, les bibliothèques soumises à un contrôle technique régulier et permanent, les bibliothèques pouvant être soumises à des inspections prescrites par le ministre. En 1945 naît la direction des bibliothèques et de la lecture publique auprès du ministère de l’Education nationale. L’Etat décide de créer, dans chaque département une bibliothèque centrale de prêt. Il faudra attendre le début des années 80 pour que l’ensemble du territoire soit couvert. Est mis place, dans les années 60, un programme de construction de BU. La Direction des bibliothèques dépend de l’Education nationale et est dominée par des conservateurs d’Etat préoccupés par les bibliothèques municipales classées et les BU. En 1967, un rapport rédigé sous l’impulsion de Pompidou fait état de la situation catastrophique des bibliothèques en France. Est alors mis en oeuvre un plan de développement concerté de la lecture publique. Près de 200 bibliothèques sont inaugurées entre 1969 et 1975. En 1975, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique est éclatée et répartie entre deux ministères, l’Education pour les bibliothèques scolaires et les BU et le ministère de la culture pour les bibliothèques publiques et certains grands établissements. La Direction du livre devient Direction du livre et de la lecture et son budget double en 1982. A la suite du rapport Miquel, au cours des années 1990, l’Etat met en oeuvre un important programme de création de BU et accélère leur informatisation. La politique documentaire des universités se réorganise avec la mise en place des SCD. La BN s’installe dans un nouveau bâtiment en 1995 et propose des services à distance.

 

II La bibliothèque dans la société contemporaine

 

Les bibliothèques ont un rôle à jouer en matière de socialisation du savoir et des différentes formes de création. On sait que le recours à la collection ne constitue pas le seul motif de fréquentation. On vient y travailler ou s’y donner rendez-vous. Les bibliothèques jouent un rôle d’abri du monde extérieur ou au contraire comme moyens d’accès vers la société. La bibliothèque est un espace public qui lutte, à sa manière, contre la domination du marché. Le passage vers le modèle de la médiathèque a, de fait, exercé une très forte influence sur les opinions et les usages : augmentation importante de la fréquentation non inscrite. La place qu’occupe l’institution bibliothèque en France aujourd’hui se trouve à la fois confortée et fragilisée par les évolutions sociales récentes. Augmentation générale du niveau de diplôme, accroissement des pratiques culturelles mais recul du nombre moyen de livres lus par personne et prise de distance à l’égard du livre en tant que référent culturel. Hormis les consommations audiovisuelles domestiques, on peut dire qu’il n’y a pas eu en France, de démocratisation culturelle au sens fort du terme. 24% des Français ne pratiquent jamais de sorties culturelles et 27% à titre exceptionnel. Le nombre moyen de livres lus par personne en France était de 17 par an en 1997. La lecture des livres est concurrencée par la télé, par la lecture des magazines. L’achat demeure, en France, le mode d’accès privilégié aux livres. C’est une pratique généralisée qui concerne 63% de la population française. Seuls 21% des Français empruntent dans une bibliothèque. Mais les gros acheteurs de livres sont également des gros emprunteurs en bibliothèque. Les femmes lisent plus de livres que les hommes et plus de romans qu’eux (29% contre 9%). Pour avoir une idée du sort qui sera réservé à la lecture des imprimés en France dans les années à venir, on peut se tourner vers les jeunes générations actuelles. Les 15/24 ans lisent moins de livres y compris les filles alors qu’elles étaient épargnées par la laisse de la lecture. Désormais, on peut réussir à l’école sans être un gros lecteur. La banalisation du livre va se poursuivre à cause de la dématérialisation des textes via internet ou les autres supports électroniques. La bibliothèque a un rôle à jouer en matière de familiarisation, sinon d’initiation, aux différents supports numériques. Les usages des abonnés aux bibliothèques, en France, restent encore majoritairement tournés vers le livre et les imprimés. En 2002, 80% des prêts en BM reviennent aux imprimés. Le livre demeure prépondérant dans l’idée que se font les individus des bibliothèques/médiathèques. 57% des Français déclarent ne pas avoir fréquenté une bibliothèque au cours de l’année alors que les pays du Nord de l’Europe comptent 50% de leur population inscrits en bibliothèque. Les bibliothèques sont sélectives puisqu’elles sont surtout fréquentées par les cadres supérieurs, les professions intermédiaires et les employés au contraire des ouvriers. Les jeunes s’inscrivent plus que les personnes âgées, les femmes plus que les hommes, les diplômés plus que les non-diplômés. La part des usagers non-inscrits a augmenté selon le CREDOC, il est passé à 14%. Dans certaines zones urbaines, la bibliothèque est le seul lieu public ouvert à tous, gratuit et accueillant. Un mode de fréquentation amical ou groupal tend à se développer dans les bibliothèques. Il est surtout le fait des usagers non inscrits et de des jeunes. Les nouvelles générations d’usagers n’accordent manifestement pas autant d’importance que les précédentes à des attitudes comme le silence et l’immobilité.

On compte en France une centaine de BU qui proposent une place de lecture pour quatorze étudiants. Il y a 1 200 000 inscrits dont 85% d’étudiants, 5% d’enseignants et 10% de lecteurs extérieurs. La BNF reçoit 3000 visites par jour et la BPI 6000. Les étudiants représentent 80% du haut de jardin et 70% de la BPI.

 

III concevoir la bibliothèque et le métier de bibliothécaire dans leur environnement

 

Les bibliothèques sont à la fois des instruments de travail et de loisir culturel avec une fonction de diffusion et des conservatoires du patrimoine intellectuel de l’humanité avec une fonction patrimoniale. Il leur appartient de collecter, conserver, classer, recenser, communiquer. Elles accompagnent le souci démocratique de diffuser le savoir et la pratique régulière de la lecture. Avec la révolution numérique, on voit des inégalités se développer dans l’accès et la maîtrise de l’information. Aussi les bibliothèques doivent-elles repenser leur rôle d’égalisateur des conditions. La connaissance de son ? marché ? par une bibliothèque est une condition sine qua non de la qualité de service rendu. Le bibliothécaire s’informe des principales enquêtes concernant l’usage des bibliothèques et doit disposer des outils de base pour évaluer le degré de satisfaction de son public. Les responsables des bibliothèques doivent connaître leur environnement insitutionnel pour savoir qui décide du budget de la bibliothèque et des moyens qui lui sont attribués. La connaissance et la maîtrise de l’environnement économique sont des conditions nécessaires pour une gestion optimale de la bibliothèque. A partir d’un certain seuil d’accquisitions, la connaissance des marchés publics et de leurs conséquences font aussi partie du savoir économique minimal requis du bibliothécaire. Les bibliothécaires doivent également avoir une bonne connaissance de leur environnement technologique (matériels et logiciels) et des services qu’ils rendent. Ils doivent disposer de connaissances juridiques minimales en matière de droit de copie et de droit de représentation, le droit de prêt, les lois sur les droits d’auteur et droits voisins dans la société de l’information. Les fichiers des usagers doivent être déclarés à la CNIL dont il faut suivre les recommandations. Les bibliothécaires sont tenus au devoir de réserve et de discrétion. La connaissance par le bibliothécaire de son environnement documentaire de proximité et des réseaux documentaires nationaux est indispensable au bon exercice du métier. L’accès à l’information se fait via la presse et les publications professionnelles. Etre bibliothécaire aujourd’hui, c’est avoir la capacité de rendre accessible une collection et des ressources correspondant aux demandes du public auquel s’adresse la bibliothèque.

 

IV les bibliothèques françaises aujourd’hui

 

On définit généralement la bibliothèque comme une ? collection organisée de documents ?. A côté des bibliothèques à vocation nationale, principalement la BNF, il existe en France des BMVR, des BDP, des BM ou intercommunales mais aussi des bibliothèques associatives ou d’entreprises. L’Education nationale déploie les CDI et les bibliothèques centres documentaires et l’Enseignement supérieur est desservi par les BU. La fonction de conservation des BM est secondaire par rapport à leur mission de diffusion. Les bibliothèques relèvent directement ou plus souvent indirectement de deux ministères, l’Enseignement supérieur et la Culture. Les BU et certains grands établissements dépendent de la Sous-direction des bibliothèques au sein du ministère de l’Education nationale. Les bibliothèques gérées par les collectivités territoriales ont comme tutelle la Direction du livre et de la lecture du ministère de la Culture. La Sous-direction des bibliothèques et de la l’information scientifique est composée de trois bureaux : le bureau de la coordination documentaire qui assure le suivi de la politique documentaire nationale et coordonne l’ESGBU. Le bureau des réseaux, d’information scientifique et technique s’occupe de l’informatisation, des ressources électroniques, de la normalisation et du signalement des collections. Le Bureau de la diffusion des savoirs et de la formation professionnelle gère la formation initiale et continue, assure la tutelle de l’ENSSIB et de l’Ecole des chartes. La Sous-direction gère le SUDOC avec l’ABES. La DLL, créée en 1975 jour un rôle d’évaluation et de règlementation dans le domaine du livre et de la lecture. Elle s’appuie sur les DRAC. Elle exerce une tutelle sur la BNF, la BPI et le CNL. Elle est composée de deux départements : le département des politiques documentaires et patrimoniales qui s’occupe des politiques documentaires, du dépôt légal, des réseaux et catalogues collectifs. Le département des bibliothèques publiques et du développement de la lecture suit les questions relatives au fonctionnement et à l’équipement des bibliothèques. L’inspection générale des bibliothèques est un service de contrôle et de conseil placé sous l’autorité de l’Education nationale.

 

La BNF a pour origine la bibliothèque du roi Louis XI (1461-1483). François 1er installe cette bibliothèque à Fontainebleau et la confie à Guillaume Budé. En 1537, François 1er crée le dépôt légal. En 1666, Colbert installe la Bibliothèque à Paris rue Vivienne. Il fait accroître les collections. A la fin du XVIIIè, Nicolas Clément élabore une classification des livres en 23 classes. L’abbé Bignon au XVIIIè siècle l’organise en cinq départements : manuscrits, livres imprimés, titres et généalogies, planches gravées et recueils d’estampes, médailles et pièces gravées. La bibliothèque s’ouvre au public. La Révolution française l’enrichit de confiscation pratiquées en France et à l’étranger. Au XIXè siècle, Henri Labrouste reconstruit les bâtiments. Léopold Delisle, administrateur de la BN, édite un catalogue général des imprimés. Les catalogues entamés en 1874 s’achèvent en 1981 avec 231 volumes. En 1988, Mitterrand annonce la construction d’une nouvelle BN. L’architecte Dominique Perrault est choisi. La BNF est adminisitrativement créée en 1994. Elle ouvre le haut de jardin fin 1996 et le rez de jardin fin 1998. Le site Mitterrand propose des collections d’imprimés, de périodiques, de documents audiovisuels et informatiques et des microfilms. Le site Richelieu contient les départements des manuscrits des estampes et de la photographie, des cartes et plans, des monnaies, médailles et antiques, de la musique et des arts du spectacle.

La bibliothèque historique de l’Arsenal, généraliste et patrimoniale, la bibliothèque musée de l’opéra à Paris et la Maison Jean Vilar à Avignon pour le théâtre. Deux sites de conservation : le centre technique de Bussy-Saint-Georges et le centre Joël-Le-Theule à Sablé-Sur-Sarthe. Le rez de jardin propose 1900 places et le haut de jardin 177. La BNF est un établissement public autonome à caractère administratif. Le Président est nommé par décret en conseil des ministres. Il est assisté d’un directeur général. L’établissement comporte trois directions : direction des collections pour la gestion des sites et des départements, direction des services et réseaux pour les grandes missions nationales : le dépôt légal et la conservation, les systèmes d’information et la bibliothèque numérique, direction de l’administration et du personnel. Les missions de la BNF sont rassembler et cataloguer. Les collections de la BNF sont issues du dépôt légal complétées par des acquisitions. Le dépôt légal est régi par le code du patrimoine et le décret d’application du 31/12/1993. Le dépôt légal permet à la BNF d’élaborer la Bibliographie nationale française. L’Agence bibliographique nationale est chargée de l’ensemble des missions scientifiques dans le domaine bibliographique, catalographique et de la normalisation documentaire. Elle gère RAMEAU et la Classification Dewey. Le catalogage est pour la BNF une tâche majeur car elle doit produire un catalogage qui fasse autorité pour l’identification des documents. Les ressources de la BNF sont accessibles en ligne sur le catalogue Opale plus. La BNF doit acquérir grâce aux dons et legs, aux échanges. Elles exerce le droit de préemption de l’Etat.

La BNF de Tolbiac a quatre départements :

  • Philosophie, histoire et sciences de l’homme

  • - Droit, économie et politique

  • - Sciences et techniques

  • - Littérature et art.

Elle possède 11 millions de volumes. La sauvegarde des collections de la BNF passe par la restauration et la reproduction. Les techniques de désacidification de masse du centre de Sablé permettent de stabiliser le papier. Sablé traite les volumes par lot de 200. La BNF reproduit les volumes par photo, microfilm et numérisation. A Tolbiac la température des magasins est maintenue à 18? et le taux d’hygrométrie et des 50%. La BNF pratique la coopération via les pôles associés et le catalogue collectif de France. Elle participe au réseau des bibliothèques européennes de recherche (Liber) et à l’IFLA. La BNF organise des expositions et des conférences. Elle propose une bibliothèque numérique Gallica lancée en 1997 contenant des textes, des enregistrements sonores, des images fixes, des imprimés numérises en mode image et des documents en mode texte. Gallica collabore avec la base Frantexte de l’INALF et avec les éditeurs Bibliopolis et Honoré Champion.

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