Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Humanisme : le Contrat social
6 novembre 2010

L'écume des jours II (Vian)

XXIX

Nicolas discutait avec la souris. Il voulait savoir si elle n’était pas contente. Elle eut un geste de dégoût et montra les murs. Dans la salle à manger, Chloé déjeunait avec Colin. Chloé voulait sortir avec Nicolas, Colin, Chick, Isis et Alise. Colin prit de l’argent dans son coffre. Le coffre lui indiqua qu’il ne lui restait plus que 35 000 doublezons à cause du mariage, de la voiture et de l’argent donné à Chick.

XXX

Chloé, Colin et Nicolas se promenèrent. Chloé voulait s’acheter des robes dans les magasins. Ils retrouvèrent Alise, Isis et Chick.

XXXI

Colin et Chick allèrent à la patinoire. Une voix pria Monsieur Colin de bien vouloir passer au contrôle car on le demandait au téléphone. Il était blême. Colin et Chick retournèrent dans leurs cabines. Colin tua le préposé aux cabines en lui décochant un formidable coup de patin sous le menton. Colin ouvrit une cabine, y poussa le corps et cracha dessus. Il dit à Chicl que Chloé était malade.

XXXII

Colin rentra chez lui en courant. Chloé reposait, très claire, sur le beau lit de leurs noces. Elle respirant mal. Nicolas lui dit que ce n’était pas grand chose et Chloé lui sourit.

XXXIII

Chloé sentait une force opaque dans son corps, dans son thorax, une présence opposée, elle ne savait comment lutter. Elle demanda à Colin de lui mettre de la musique. Les coins de la chambre se modifiaient et s’arrondissaient sous l’effet de la musique. Colin et Chloé reposaient maintenant au centre d’une sphère. Chloé se demanda comment le docteur pourrait entrer dans leur chambre avec la forme qu’elle avait.

XXXIV

Le docteur arriva. Nicolas lui donna un reconstituant. Le docteur avait l’air idiot alors Nicolas s’en débarrassa. Le professeur Mangemanche arriva. Il avait le visage glabre, avec une petite barbe en pointe, des lunettes inexpressives. Il ne fut pas surpris par la rondeur de la chambre car lui aussi mettait chez lui des disques de Duke Ellington. Le docteur détecta quelque chose dans le poumon droit de Chloé. En partant le docteur conseilla à Colin de passer « Slap happy » pour que la chambre retrouve sa forme. Colin pleura et Mangemanche le consola en lui montrant une photo de sa femme ce qui fit rire Colin.

XXXV

Colin et Chick allèrent chez le marchand de remèdes. Le pharmacien saisit l’ordonnance, la plia en deux, en fit une bande longue et serrée et l’introduisit dans une petite guillotine de bureau. Il ne pouvait donner les médicaments tout de suite mais Colin insista. Dans la pharmacie se trouvaient des bocaux avec des têtards enflés qui tournaient en spirale et un aquarium avec des grenouilles. Derrière Chick et Colin, s’étendait une vasque fresque représentant le marchand de remèdes en train de forniquer avec sa mère. Il y avait sur des tables, une multitude de machines à faire les pilules. Les pilules sortaient d’une tubulure de verre bleu, étaient recueillies dans des mains de cire qui les mettaient en cornets de papier plissé. Colin se leva pour regarder de plus près la machine la plus proche et souleva le carter rouillé qui le protégeait. A l’intérieur, un animal composite, mi-chair, mi-métal, s’épuisait à avaler la matière de base et à l’expulser sous forme de boulettes régulières. Colin demanda à Chick combien il lui restait des 25 000 doublezons qu’il lui avait donnés car il voulait le voir marié à Alise. Chick avoua honteux qu’il ne lui en restait que 3 200. Il avait acheté du Partre. Le pharmacien revint et Colin lui signala qu’une de ses machines avait l’air de s’emballer alors le pharmacien l’acheva avec sa carabine. Il donna le remède à Colin en disant que c’était très cher et que Colin devrait l’assommer mais Colin était trop fatigué et paya.

XXXVI

Colin lisait une histoire à Chloé. C’était une histoire d’amour et ça finissait bien. Il donna des pilules à Chloé même si elle trouvait ça désagréable. Chloé les avala mais elle pleura car elle avait mal.

XXXVII

Chloé était fatiguée à cause des pilules. Colin l’embrassa.

XXXVIII

Colin et Chloé sortirent. Colin se dit que ce qu’elle avait ne pouvait pas être si grave. Il ménagerait ses doublezons, il lui en restait suffisamment pour leur faire une vie agréable. Peut-être qu’il travaillerait. Sous le trottoir circulait de l’alcool mélangé d’éther ainsi que du sang et des lambeaux de chair. Ils étaient dans le quartier médical et au devant de chaque maison, un tube de descente se déversait dans le canal et l’on pouvait déterminer la spécialisation du médecin en observant quelques instants l’orifice de ces tubes. Ils arrivèrent. L’enseigne du professeur Mangemanche représentait une immense mâchoire en train d’engloutir une pelle de terrassier dont, seul, le fer dépassait. Mangemanche dit à Chloé qu’elle avait quelque chose au poumon. Le docteur plaça Chloé près d’une machine avec un écran rouge encadré de cristal et un seul bouton de réglage.

XXXIX

Le docteur dit à Colin que si Chloé suivait son traitement elle irait mieux. Nicolas arriva.

XL

Chloé pleurait de toutes ses forces dans la voiture. Elle avait un nénuphar dans le poumon. Le docteur voulait qu’elle aille à la montagne. Il prétendit que le froid tuerait cette saleté. Il disait aussi qu’il fallait tout le temps mettre des fleurs autour d’elle pour faire peur à l’autre. Il ne fallait pas qu’elle boive.

XLI

Alise vint voir Chloé et Colin. Elle avait l’impression que l’atmosphère n’était plus la même. Elle trouva que Nicolas n’allait pas bien et lui demanda son passeport. Son âge avait changé. Il était passé de 29 à 35 ans. Autour de Chloé il y avait des orchidées et des roses. Sa poitrine était découverte et une grosse corole bleue tranchait sur l’ombre de son sein droit. Colin n’était pas là car il cherchait du travail. Il n’avait plus d’argent à cause des fleurs. Il n’y avait plus de lumière car les lampes mouraient. Les murs de la chambre se rétrécissait. La souris apporta un petit fragment d’un des carreaux du couloir de la cuisine, qui répandit une vive lueur. Alise avoua que Chick aimait mieux ses livres que son amie et Chloé regretta qu’Alise ne soit pas avec Solin.

XLII

Chick sortit d’une boutique. Il s’étonna de voir qu’un de ses pieds cherchait à l’entraîner d’un côté, et l’autre dans une direction très opposée. Il réfléchit quelques instants, construisit mentalement la bissectrice de l’angle et s’élança le long de cette ligne. Il faillit se faire écraser pas un gros taxi mais sauta sur les pieds d’un passant. Il entra dans une librairie. Le libraire fumait le calumet de la paix, assis sur les oeuvres complètes de Jules Romain. Chick trouva un exemplaire de la Lettre et le Néon qui avait été touché par Partre. Il voulut l’acheter mais le libraire lui proposa un pantalon à Partre et une pipe qui avait appartenu à l’écrivain. Chick acheta le tout pour mille doublezons.

XLIII

Chick vint chez Colin et eut l’impression que le monde s’étriquait autour de lui. Nicolas avait emmené Chloé à la montagne. Chick se faisait remplacer à son travail et son oncle ne pouvait plus lui prêter d’argent car il était mort. L’appartement de Colin rétrécissait depuis qu’il n’avait plus de doublezons. L’appartement n’était presque plus éclairé par le soleil et la souris était blottie dans un amas de menus morceaux de tissu et frissonnait. Colin voulut laisser partir Nicolas car il ne pouvait plus le payer et son cuisinier avait vieilli de dix ans. Il voulut qu’il parte chez les Ponteauzanne.

XLIV

Colin monta l’escalier vaguement éclairé par des vitraux immobiles et se trouva au premier étage. Il entra sans sonner, remplit une fiche et la remit à l’huissier qui la vida, en fit une petite boule, l’introduisit dans le canon d’un pistolet tout préparé et visa soigneusement un guichet pratiqué dans la cloison voisine. Il se remit, posément, à charger son pistolet pour un nouveau visiteur. L’huissier l’introduisit dans le bureau du directeur. Colin s’assit, obéissant, dans un fauteuil rétif qui se cabra sous son poids et ne s’arrêta que sur un geste impératif de son maître. Le directeur lui posa des questions. Colin répondit qu’il passait le plus clair de son temps à l’obscurcir. Le directeur ne savait même pas pour quel emploi postulait Colin. Le directeur demanda si Colin savait réparer des chaises mais conclut qu’il ne saurait pas et qu’il était un fainénant. Colin sortit en traitant le directeur de vieux con.

XLV

Colin voulut vendre son pianocktail à un antiquitaire. Celui-ci lui conseilla de travailler mais Colin dit que le travail rabaissait l’homme au rang de la machine. Le marchand joua un air de Duke Ellington. Colin, heureux jusqu’au fonf de l’âme, restait assis là et c’était comme quand Chloé n’était pas malade. L’antiquitaire but le cocktail qu’il avait produit. C’était exactement le goût du blues. Le marchand proposa 3 000 doublezons à Colin qui trouva que c’était trop alors l’antiquitaire lui en offrit 2 500. Ils sortirent du magasin et le marchand entra à travers la vitre d’un bazar. Il en revint avec un niveau d’eau car il avait l’intention de se jouer tout son répertoire.

XLVI

Nicolas regardait son four qui était en train de se transformer en marmite à charbon de bois. Le couloir devenait du sapin. Chloé avait écrit une lettre à Colin pour lui dire qu’elle allait bien. Colin voulait que Nicolas s’en aille car il vieillissait trop et se laissait aller. Nicolas céda mais trouva que ce n’était pas chic.

XLVII

Chloé était revenue et Mangemanche l’ausculta. La chambre était parvenue à des dimensions assez réduites. La grande baie était complètement divisée en quatre petites fenêtres carrées par les pédoncules de pierre qui avaient fini de pousser. Chloé avait été opérée. On lui avait retiré son nénuphar quand il était mort. Il mesurait un mètre. C’étaient les autres fleurs qui l’avaient fait mourir. En particulier fleur de vanillier. Malgré tout, Chloé avait un poumon complètement arrêté.

XLVIII

Chick passa la paterne de contrôle et donna sa carte à pointer à la machine. En bas, devant chaque machine, un homme se débattait, luttant pour ne pas être déchiqueté par les engrenages avides. Au pied droit de chacun, un lourd anneau de fer était fixé; on ne l’ouvrait que deux fois par jour, au milieu de la journée et le soir. Chick travaillait au bout de l’un des ateliers et devait contrôler la bonne marche des machines et donner aux hommes des indications pour les remettre en état lorsqu’elles s’arrêtaient après leur avoir arraché un morceau de chair. Chick sortit un livre et gagna son bureau, une boîte vitrée et faiblement éclairée d’où il pouvait surveiller les ateliers. Des machines s’emballèrent et des hommes gisaient à terre. Chick défit les anneaux des ouvriers et appela les brancardiers de service qui jetèrent les corps dans le collecteur général. Chick se rendit au Bureau Central et entra chez le chef du personnel. Il réclama quatre hommes et parla de l’avarie des machines mais le chef du personnel le renvoya au chef du matériel. Chick se plaignit de la baisse du rendement et le chef du matériel le renvoya au chef de la production. Le chef de la production renvoya Chick car son rendement était trop faible. Chick récupéra son dernier salaire.

XLIV

Chick se rendit chez le tourneur de disques. Les enregistrements qu’il avait faits lui coûtèrent 105 doublezons.

L

Nicolas et Isis allèrent voir Chloé. Nicolas avait rajeuni mais était inquiet. Colin dormait au sol. Il avait l’air désorienté. Chloé toussait de nouveau. L’autre poumon était atteint. Isis le réconforta. Chloé demanda à Isis si elle allait se marier avec Nicolas mais elle pensait qu’elle n’était pas à sa hauteur. L’oeillet qu’Isis avait donné à Chloé se fripa et tomba en fine poussière. Colin apporta une grosse gerbe de lilas.

LI

Colin avait dans sa poche le journal sur lequel on demandait des hommes de vingt à trente ans, pour préparer la défense du pays. Il alla se proposer. Un vieil homme en blouse blanche, les cheveux embroussailés, lisait un manuel derrière son bureau. Des armes variées pendaient au mur. LE travail était usant et le vieil homme n’avait en fait que 29 ans. Il ne travaillait que depuis un an. Colin dit qu’il n’aimait pas le travail mais qu’il avait besoin d’argent pour sa femme malade. L’homme lui répondit qu’une femme malade n’était plus bonne à rien. L’homme indiqua à Colin quel serait son travail. Il le fit entrer dans une pièce. Sur le sol, reposait un gros massif de terre en forme de cercueil. Une lourde couverture de laine était roulée à côté. L’homme retira douze objets brillants et cylindriques d’un coffret. Colin devait s’allonger sur la terre pour faire pousser des armes. Les canons avaient besoin de la chaleur humaine pour bien grandir. Les femmes ne pouvaient pas faire ce travail car elles n’avaient pas la poitrine assez plate pour que leur chaleur se répartisse bien.

LII

Colin devait toucher 70 doublezons et une prime de 10 doublezons. Il avait fait de son mieux mais le contrôle des canons révélait certaines anomalies. Pour sa dernière production, Colin avait obtenu douze canons d’acier bleu et froid et au bout de chacun, une jolie rose blanche s’épanouissait. L’homme lui dit que ce ne serait plus la peine de revenir. Colin voulut saisir une rose mais elle était d’acier et lui déchira la main.

LIII

Chloé dormait. Dans la journée, le nénuphar lui prêtait la belle couleur crème de sa peau mais pendant son sommeil, ce n’était pas la peine, et les taches rouges de ses joues revenaient. Il faisait presque noir dans la salle à manger, la fenêtre s’était fermée jusqu’à dix centimètres de l’appui et le jour n’entrait plus qu’en une bande étroite. Son pick-up ne marchait plus, il fallait maintenant le remonter à la main pour chaque disque et ça le fatiguait. Alise vint voir Colin pour lui dire que Chick ne voulait plus d’elle. Il ne pouvait plus supporter de la garder avec lui parce qu’il ne pouvait rien lui donner et qu’elle deviendrait laide, avec les mains abîmées. Elle se trouvait pourtant très jolie et se mit nue pour que Colin la regarde. Il la caressa et l’embrassa. Elle regretta de ne l’avoir pas rencontré avant Chick. Elle s’en alla et Colin lui dit au revoir.

LIV

Chick regardait ses livres mais regrettait Alise. Il ne se rappelait pas quel jour il l’avait embrassée la dernière fois, il ne pouvait plus perdre son temps à l’embrasser, il lui fallait réparer son pick-up pour apprendre par coeur le texte des conférences de Partre; si il venait à casser les disques, il devait pouvoir conserver le texte. Il aimait Alise mais il ne pouvait admettre de lui laisser perdre son temps puisqu’elle ne s’intéressait plus à Partre. Alise avait vendu son collier pour que Chick paye ses impôts mais il utilisa l’argent pour s’acheter un livre de Partre. Chick pensait que si les gens ne payaient plus leurs impôts les fonctionnaires mourraient tous de consomption et la guerre n’existerait plus.

LV

Le sénéchal de la police et ses hommes qu’il appelait tous Douglas car il ne pouvait se souvenir du nom de tous allèrent chez Chick pour le recouvrement de ses impôts. Ils partirent dans une voiture avec des pieds à la place des roues pour que les projectiles perdus ne crèvent pas les pneus.

LVI

Partre passait ses journées dans un débit, à boire et écrire avec d’autres gens comme lui qui venaient boire et écrire. Ils buvaient du thé des Mers et des alcools doux, cela leur évitait de penser à ce qu’ils écrivaient. Le chemin n’était pas très long pour arriver au débit; de loin Alise vit un des garçons en veste blanche servir un pied de cochon farci à Don Evany Marqué (Raymond Queneau), le jour de baise-bal célèbre. Alise entra et s’assit près de Partre. Elle lui demanda de ne pas publier son encyclopédie et lui expliqua que Chick se ruinerait ou volerait pour l’avoir. Partre refusa alors elle lui demanda de défaire son col. Elle le tua avec l’arrache-coeur de Chick. Alise prit le manuscrit de l’Encyclopédie et le déchira. Un des garçons vint essuyer le sang et toute la cochonnerie que cela faisait avec l’encre du stylo. Alise paya le garçon et laissa le coeur de Partre sur la table. Puis elle sortit dans la rue, tenant la boîte d’allumettes que Partre gardait dans sa poche.

LVII

Alise se retourna. Une épaisse fumée noire emplissait la vitrine et des gens commençaient à regarder, elle avait brûlé trois allumettes avant de faire partir le feu, les livres de Partre ne voulaient pas s’enflammer. Des libraires étaient morts et tous ceux qui avaient vendu des livres à Chick allaient mourir le coeur et leur librairie brûlés. Ils étaient tous ligués contre Chick et voulaient lui prendre son argent. Ils méritaient le sort qui les attendait. Ella alla dans une librairie. Le vendeur avait réservé des reliques de Partre pour Chick. Elle le tua avec son arrache-coeur. Elle brûla la librairie.

LVIII

Le sénéchal et ses hommes s’apprêtaient à entrer chez Chick.

LIX

Chick écoutait des disques. En retrouvant une photo d’Alise, il la regarda mais elle ressemblait à Partre en la regardant plus attentivement. Les policiers entrèrent chez lui et il demanda ce qu’il avait fait. Un des agents saisit un livre de Partre. Chick voulut le tuer avec son tue-fliques mais l’arme ne fonctionnait pas. Les policiers tirèrent et Chick s’abattit aux pieds des agents. Chick était mort.

LX

Nicolas dépassa l’avant-dernière librairie à laquelle Alise venait de mettre le feu. Il savait la détresse d’Alise. Son club lui avait appris la mort de Partre. Il voulait garder Alise jusqu’à ce qu’elle soit gaie. Nicolas trouva Alise inanimée dans une librairie qu’elle avait brûlée.

LXI

Colin marchait depuis le matin dans la cave de la Réserve d’or. Sa tâche consistait à crier quand il voyait des hommes venir voler l’or. Dans une chambre blindée, l’or murissait lentement dans une atmosphère de gaz mortels.

LXII

Chez Colin, on ne pouvait plus entrer dans la salle à manger car le plafond rejoignait presque le plancher. Isis et Nicolas vinrent voir Chloé. Colin était à son travail. Mais il revint avec des fleurs. Il venait de perdre son travail. Nicolas se mit à pleurer car Chick et Alise ne viendraient jamais plus.

LXIII

Colin travaillait pour l’Administration. Il devait monter chez des gens tous les jours, on lui remettait une liste, il annonçait les malheurs un jour avant qu’ils n’arrivent. Il était très mal reçu. Sur la liste il vit son nom. Il apprit que demain Chloé serait morte.

LXIV

Colin voulut une belle cérémonie pour Chloé mais il n’avait que 20 doublezons. Le Religieux lui dit d’un air dégouté qu’elle n’aurait qu’une cérémonie de pauvre. Le Religieux eut même le culot de dire à Colin que pour une si faible somme ce n’était peut-être pas la peine de déranger dieu. Le Religieux négocia une cérémonie à 150 doublezons.

LXV

Deux porteurs arrivèrent chez Colin. Ils saluèrent Colin en lui tant sur le ventre, comme prévu au règlement des enterrements pauvres. L’entrée ressemblait maintenant à un couloir de cave, ils baissèrent la tête pour arriver à la chambre de Chloé. Chloé était dans une vilaine boîte noire marquée d’un numéro d’ordre. Les porteurs la saisirent, et s’en servant comme d’un bélier, la précipitèrent par la fenêtre, on ne descendait les morts à bras qu’à partir de 500 doublezons. La boîte fit un fracas sur les pavés et brisa la jambe d’un enfant qui jouait à côté. La boîte fut hissée sur la voiture à morts. Très peu de gens suivirent le camion, Nicolas, Isis et Colin, et deux ou trois personnes qu’ils ne connaissaient pas. Ils durent courir pour suivre la voiture. Le conducteur chantait à tue-tête; il ne se taisait qu’à partir de 250 doublezons. A l’église, Colin demanda à Jésus pourquoi Chloé était morte. Jésus répondit qu’il n’avait aucune responsabilité là-dedans. Le Chuiche et le Bedon apparurent, richement vêtus. Ils se mirent à huer Colin et dansèrent comme des sauvages autour du camion.

LXVI

Le cimetière était situé dans une île. Les porteurs s’arrêtèrent près d’un grand trou. Ils se mirent à balancer le cercueil de Chloé en chantant « A la salade », et ils appuyèrent sur le déclic. Le Bedon et le Chuiche se mirent à hurler comme des loups, en jetant de la terre et des pierres dans le fossé. Ils firent une ronde autour du trou et filèrent vers le sentier et disparurent en farandole.

LXVII

L’appartement de Colin rapetissa encore. La souris en sortit pour aller au cimetuère.

LXVIII

La souris discuta avec un chat. Elle lui demanda un service. Il la prit dans sa gueule. Elle voulait parler de Colin qui devenait très faible et ne mangeait plus. La souris ne supportait plusque Colin ait de la peine.

Publicité
Publicité
Commentaires
Humanisme : le Contrat social
Publicité
Archives
Publicité