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Humanisme : le Contrat social
4 mars 2011

Le métier de bibliothécaire (2010) II

 

II la bibliothèque dans la société contemporaine

 

1 les missions des bibliothèques

 

Près de la moitié de la population fréquente les bibliothèques ou médiathèques mais les missions des bibliothèques ne sont pas explicitement définies par un texte de loi. Les élus, usagers et bibliothécaires se réfèrent au Manifeste de l’UNESCO et à la Charte du Conseil Supérieur des bibliothèques. Le texte de l’UNESCO se veut universel. Il met l’accent sur les missions éducatives et sociales des bibliothèques avec le dessein de conforter la place de base des bibliothèques publiques dans l’effort de développement et d’alphabétisation des pays du Sud. La Charte du CSB demeure un outil de référence mais sa faiblesse réside dans la suppression du CSB en partie remplacé par le nouveau Conseil du livre.

 

La notion de service public

 

D’abord, l’égalité d’accès et l’accessibilité (tarifs d’inscription ou gratuité, horaires d’ouverture, accessibilité et taille des bâtiments, qualité de l’accueil offert à toutes les catégories de publics, pertinence des collections et des services, accès aux ressources électroniques). Une des autres caractéristiques du service public est celle de la continuité (conservation du patrimoine à transmettre, permanence de l’institution même). Cette permanence de la bibliothèque comme service nécessite que soit mis en œuvre sa capacité d’adaptation. Si l’on peut considérer les couples « conservation/communication et documents/diffusion comme les matrices de l’activité des bibliothèques, les accents portés seront différents en fonction de l’insertion urbaine et de la taille de l’équipement, de son degré de spécialisation, des publics auquel il est destiné, de sa place au sein d’un réseau plus ou moins large de coopération.

 

Quelles missions ?

 

Les bibliothèques remplissent une mission essentielle de conservation raisonnée de la production artistique et intellectuelle. Elle met en jeu une vigilance au sein de la collectivité pour ne rien laisser échapper du patrimoine qui continue à se constituer au fil des années. Cette mission patrimoniale doit s’accompagner de la volonté de rendre ces ressources visibles via des catalogues largement accessibles et de conserver l’ensemble des documents dans les meilleures conditions. La constitution de bibliothèques numériques fait désormais se rejoindre les objectifs de visibilité et de valorisation des collections. La mission de communication et de diffusion est centrale pour toutes les bibliothèques. Les collections des bibliothèques prennent sens à partir de leur diffusion aux publics les plus divers.

 

Dans une société qui accumule les messages devant la masse d’informations disponibles, les bibliothèques doivent s’acquitter d’une mission d’accès à l’information. Il incombe aux bibliothèques de développer chez leurs usagers une culture de l’information. L’interactivité des sites web 2.0 des bibliothèques (messagerie, services de réponses à distance, catalogues enrichis) contribue également au développement de cette culture informationnelle indispensable à l’exercice de la démocratie. Il entre dans les missions des bibliothèques de favoriser la rencontre, l’échange, le débat et la réflexion collective. Les bibliothèques constituent parfois les seuls lieux largement ouvert dans la cité. L’organisation de débats ou de conférences et, plus généralement, de toute manifestation permettant de confronter idées et points de vue fait partie intégrante des missions des bibliothèques. Si les bibliothèques participent de plein droit à l’édification d’une véritable « société de l’information » elles contribuent aussi à la promotion et à la diffusion de la création culturelle. Les bibliothèques remplissent une mission d’action culturelle. Le caractère le plus souvent généraliste et encyclopédique de la plupart des bibliothèques leur confère une mission de médiation en direction de toutes les disciplines et de toutes les formes d’expression artistique. Les bibliothèques ont une mission sociale. Il est donc naturel que les bibliothèques, en partenariat avec d’autres acteurs de l’action sociale et de l’éducation, contribuent au développement de la lecture et à la lutte contre l’illettrisme. La mission qui se développera certainement le plus dans les années qui viennent est celle de soutien à la formation initiale et continue, cette formation « tout au long de la vie » qui participe à la fois au développement personnel de chacun et au soutien à l’insertion social et à l’emploi.

 

2. Sociologie des publics des bibliothèques : le métier d’usager.

 

Les bibliothèques paraissent fragilisées en ce début du XXIè siècle. Recul des taux d’inscrits dans certains établissements, baisse des emprunts et parfois des consultations, flottements provoqués par l’émergence du numérique et par les nouvelles attentes des publics ; il faut dire que les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Chez l’usager il y a une impression d’étrangeté, le sentiment d’illégitimité, de manque de confiance, la désorientation. Une bibliothèque n’est pas un lieu socialement neutre. Elle institue des usages, elle a le pouvoir d’instituer des personnes, via ses collections, ses services et ses modalités de fonctionnement. Les pratiques culturelles ne sont pas uniquement soumises aux aléas de l’offre, mais aussi et surtout orientées par la structure sociale des goûts et des attentes des individus. La demande sociale de bibliothèque est confrontée aux influences qui vont du « macro » (les fondements culturels d’une société) ou « micro » (les caractéristiques singulières des individus, le contexte d’offre locale).

 

Le processus d’individualisation contemporain permet aux individus de gagner en autonomie par rapport aux grandes institutions sociales (famille, école, etc.). Cette émancipation individuelle est mise à profit dans tous les secteurs de la vie sociale avec pour corollaire, une prise de distance à l’égard de pratiques dites légitimes (la lecture de livres par exemple) et à l’égard des institutions ayant pour mission de soutenir ces pratiques (les bibliothèques). L’individu, l’usager, le consommateur s’affirme de plus en plus sur la scène sociale. L’éclectisme tend à se développer dans le domaine des pratiques de loisir. La pression sociale se relâchant, les individus s’orientent plus facilement vers des activités à faible contrainte. C’est ce qui permet d’expliquer, en partie, la baisse régulière du nombre moyen de livres lus par personne au cours des vingt dernières années. La diminution de la population des grands lecteurs a désormais des incidences sur l’usage des bibliothèques publiques sachant que l’engagement dans la lecture de livres est la variable la plus influente sur la fréquentation de ces établissements. La lecture de livres et l’usage des bibliothèques publiques sont confrontés au développement considérable des consommations audiovisuelles domestiques. La domination écrasante de la télévision commence à s’éroder au profit de l’ordinateur qui permet d’accéder facilement à de nombreuses informations et données. 61 % des Français ont accès à Internet. La bibliothèque passe après internet pour accompagner les enfants dans leurs travaux scolaires. Mais ce sont les usagers inscrits en bibliothèque municipale qui sont le plus équipés en ordinateur, en accès internet à domicile. Il n’y a pas de concurrence mécanique entre les bibliothèques et la possibilité d’accéder à internet. Les technologies de l’information et de la communication sont à l’origine de nouveaux comportements (navigation de surface, lecture de prélèvement, inclination pour des contenus gratuits et actualisés en permanence, exigence en matière de réactivité et d’instantanéité. Le développement dans l’ensemble des bibliothèques françaises d’un motif de fréquentation tel que le travail sur place est révélateur d’une forme de reconnaissance apportée à l’institution en tant que dispositif physique susceptible de procurer un cadre de travail à la fois collectif, calme, propice à la concentration et ce à l’âge d’internet. Si l’idée d’une concurrence forte exercée sur la bibliothèque est partiellement justifiée en ce qui concerne l’accès à certains contenus ou certaines informations, c’est alors sa fonction de source d’approvisionnement qui est menacée, elle l’est beaucoup moins sur l’aspect « sortie » (recherche d’un lieu public extérieur au domicile), ou visite culturelle dont elle relève aussi.

 

La familiarité aux bibliothèques s’acquiert via le milieu social et familial. Mais la familiarité aux bibliothèques est aussi liée à l’appartenance à une aire géographique et à une culture nationale. La Grande-Bretagne affiche un taux d’inscrits en bibliothèque publique de 58 % en 2008, la Finlande fait état de 41 % d’emprunteurs en 2008, les Pays-Bas ont 25 % d’inscrits en 2004, l’Espagne a également 25% d’inscrits en 2004. La France annonce 15% d’emprunteurs actifs en 2007. Il existe une ligne de partage Europe du Nord/Europe du Sud. Tout porte à croire ainsi qu’en fonction de la culture nationale, il existe un type de rapport au livre et plus généralement aux institutions du livre. La « culture de la bibliothèque » dans un pays donné semble historiquement liée aux traditions et notamment à l’héritage religieux. C’est l’idée d’un « lieu culturel » qui s’impose auprès des Français pour caractériser les bibliothèques municipales même si 30% d’entre eux estiment que ces établissements leur semblent austères. En France, il y a 15% d’emprunteurs actifs en BM et 28% de fréquentants des bibliothèques et médiathèques. On dit souvent que la bibliothèque publique a pour but d’accompagner la formation des individus tout au long de leur existence, mais c’est surtout la formation des adultes sortis du système scolaire qui est alors valorisée. La persistance de demandes d’ordre scolaire en bibliothèques publiques peut non seulement être considérée comme un signe de réussite de ces institutions sur la scène sociale, mais c’est aussi une chance à saisir pour que chaque établissement, quelle que soit sa mission initiale ou sa taille, participe à la socialisation des jeunes générations aux bibliothèques. 37% des élèves de CP en 2001 sont allés en bibliothèque au cours des trois derniers mois et 52,5 des enfants de CM2. On distingue trois temps dans la fréquentation des bibliothèques : le temps de « l’intérêt désintéressé » pour la bibliothèque dans l’enfance, au primaire; le temps du désintérêt au moment de l’adolescence, au collège; et le temps éventuel du retour intéressé, pour des motifs souvent scolaires, à la fin de l’adolescence ou à l’entrée dans l’âge adulte. Au-delà de leur rythme de fréquentation, on peut noter que les usagers non-inscrits ont un profil culturel différent de celui des usagers inscrits. Ils sont moins lecteurs de livres, plus consommateurs de magazines. En ce qui concerne la fréquentation inscrite elle demeure une activité socialement marquée : typique des classes sociales moyennes et supérieures et des diplômés de l’enseignement supérieur.

 

L’emprunt demeure une activité largement majoritaire en lecture publique. Neuf usagers inscrits sur dix en BM ont emprunté des livres en 2005 au cours des douze derniers mois selon l’enquête Crédoc mais aussi six usagers non inscrits sur dix dont un membre du foyer est inscrit. Au-delà de l’emprunt, les pratiques de consultation de documents sont pour leur part importantes en BM puisqu’elles se positionnent parmi les activités les plus fréquentes avec le travail sur place. Ce sont les consultations d’imprimés d’une manière générale, livres et périodiques, qui sont majoritaires. Les autres types d’établissements sont plus ou moins confrontés aux mêmes tendances qu’il s’agisse de la prééminence des imprimés dans l’ensemble des usages, du recul tendenciel des emprunts ou de l’importance des pratiques de consultation ou de travail sur place. En BU, les catalogues informatisés, les périodiques électroniques ou les bases de données sont d’une manière générale peu utilisés, voire peu connus des étudiants. L’autonomie des usagers est largement souhaitée par les publics et mise en pratique par la plupart des établissements mais elle conduit parfois à des impasses. L’enquête Crédoc portant sur les BM permettait de constater que 65% des personnes âgées de 15 ans et plus déclaraient aller directement en rayon quand elles cherchaient quelque chose de précis, 55% déclaraient s’adresser au personnel et 23% seulement avaient recours au catalogue informatisé. Le manque de temps et le manque d’habitude seraient les deux principaux freins à la fréquentation pour les usagers et les non-usagers des BM. Le manque d’habitude peut témoigner d’un défaut de familiarité, voire d’une distance culturelle pour les personnes qui déclarent n’avoir jamais fréquenté une BM au cours de leur vie.

 

En France comme à l’étranger, en lecture publique comme ailleurs, la bibliothèque demeure essentiellement pensée par les individus comme étant la maison du livre, même quand elle s’appelle médiathèque. Il existe un décalage entre l’offre actuelle et la façon dont elle est perçue. Les bibliothèques d’une manière générale sont en fait confrontées à un problème de communication et de pédagogie quant à leurs modalités de fonctionnement et leurs ressources : l’offre seule ne suffit pas et ne parle pas d’elle-même.

 

La notion de service public orienté vers l’accueil et la satisfaction de tous les publics suppose, dans l’idéal, de s’adresser aux majorités comme aux minorités.

 

3 Production du savoir et industries culturelles

 

On qualifie d’industries culturelles l’édition de livres, de films et de musique enregistrée. Les entreprises culturelles affrontent des risques importants qu’elles tentent de gérer en multipliant l’offre et en effectuant une péréquation entre des oeuvres destinées à un marché de masse et qui se vendent bien et des oeuvres plus difficiles qui s’écoulent sur un temps long. Elles présentent des caractéristiques communes, comme une forte concentration autour de majors, souvent liés à des grands groupes financiers, et une tendance à déléguer l’innovation aux petites et moyennes entreprises. Quelques très grandes entreprises dominent donc le marché et autour d’elles gravitent une multitude de petites structures qui fréquemment dépendent des premières pour leur distribution. Les BM font la part belle aux livres, cependant, leurs achats de vidéogrammes et de phonogrammes représentent presqu’un quart de leurs budgets d’acquisition. Le poids de la documentation électronique est particulièrement important dans le budget des BU qui possèdent peu de disques et de vidéos. L’importance des bibliothèques dans le marché des biens culturels est relativement faible. Les budgets d’acquisition de livres des BM et des BDP ne représentaient en 2004 que 2% des exemplaires vendus en France.

 

La production : le rôle central de l’éditeur

 

Premiers maillons de la chaîne du livre, l’éditeur et l’auteur sont en contact direct. L’éditeur s’appuie sur un comité de lecture et parfois sur des directeurs de collections pour sélectionner les oeuvres qui lui sont proposées. Il accompagne l’auteur dans son travail, s’occupe du processus de fabrication : relecture et corrections, choix d’une maquette, d’une couverture, de la mise en page, relations avec l’imprimeur. Il organise ensuite la diffusion et la distribution du livre. Bien qu’arrivant en tête des industries culturelles, l’édition de livres est un secteur fragile du point de vue économique. On dénombre 3000 structures éditoriales référençant au moins un titre et 1000 maisons d’édition ayant une activité régulière. Le marché du livre est caractérisé par une forte concentration. Douze groupes éditoriaux, dominés par deux d’entre eux, totalisent près de 80% des ventes. Les deux géants du livre sont Matra-Hachette (contrôlé par Lagardère) et le groupe des Presses de la Cité racheté par Vivendi Universal. En 2002 Vivendi est démantelé. Lagardère en achète 40% et les 60% restants deviennent alors le groupe Editis qui a été racheté en 2008 par le groupe espagnol Planeta. Si le nombre de titres publiés, 75 411 en 2007 est en constante augmentation depuis plusieurs années, le tirage moyen est stable avec une tendance à la baisse. La littérature générale est dominée par la production romanesque qui représente 80% du CA global de ce domaine. Ce sont les best-sellers qui permettent d’atteindre l’équilibre financier. 60 à 70% des titres ont un résultat économique déficitaire. La littérature de jeunesse est en pleine expansion depuis 15 ans. Le domaine des livres pratiques se développe également. Le livre de poche représente le quart de la production éditoriale totale.

 

Les E-books se développent grâce à la téléphonie mobile et aux nouvelles machines qui permettent de les lire. Amazon annonçait en 2008, 105 titres sur le marché états-unien.

 

L’édition universitaire (sciences, techniques, médecine) et sciences humaines et sociales ne représentent que 12% du CA de l’édition. La présence des grands groupes dans ces secteurs est relativement faible. Des organismes de recherche comme le CNRS ou l’INRA ont une forte activité d’édition. L’édition universitaire se caractérise par de faibles tirages (entre 2000 et 3000 exemplaires). L’information scientifique et technique se transmet essentiellement à travers des publications périodiques. La majorité d’entre elles sont éditées par des grands groupes internationaux tels que Reed Elsevier et Wolkers Kluwer qui ont développé une offre numérique. A côté des éditeurs, on trouve des agrégateurs qui donnent accès au texte intégral d’un grand nombre de revues comme Jstok ou Cairn. Des consortiums sont apparus dans les bibliothèques pour négocier collectivement les tarifs d’abonnement.

 

Les archives ouvertes

 

Le mouvement des archives ouvertes, initié par l’appel de Budapest en 2002, consiste en une réappropriation de la communication scientifique par la communauté des chercheurs qui souhaite diffuser le plus largement et le plus rapidement possible les résultats de la recherche et maîtriser les coûts des abonnements à ses propres publications. Il s’appuie sur l’auto-archivage d’articles écrits par des chercheurs et leur publication dans des revues en libre accès.

 

La plateforme Hyper articles en ligne (HAL) a été créée en 2001 par le Centre de communication scientifique directe du CNRS et l’INRIA.

 

La presse

 

La direction du Développement des Medias recensait, en 2006, 4754 titres de presse. Le secteur de la presse, comme celui de l’édition de livres, est très concentré : « les 10 premiers titres d’information générale et politique assurent 78,8 % du CA de la catégorie et les patrons de presse dépendent de groupes financiers qui sont souvent les mêmes que ceux qui contrôlent l’édition du livre. Le principal groupe de presse en France appartient à Lagardère qui détient Hachette. Les bibliothèques publiques et universitaires passent souvent par des agrégateurs pour permettre à leurs publics d’accéder à la presse électronique : le plus connu est sans doute Europresse mais aussi Factiva.

 

La commercialisation : diffusion, distribution et vente

 

Le diffuseur assure la partie commerciale, c’est-à-dire la promotion des ouvrages auprès des points de vente. Ce travail est réalisé par des représentants qui négocient avec les libraires les offices et les remises. Les grands groupes comme Hachette Livre, Editis, Gallimard disposent de leur propre service de diffusion, couplé le plus souvent à une structure de distribution. Les plus petites maisons sous-traitent leur diffusion à un autre éditeur. Le distributeur se charge de la logistique, il assure toutes les tâches matérielles nécessaires pour acheminer la production de l’éditeur vers les points de vente : gestion du stock de l’éditeur, préparation des colis et gestion de leurs envois. Il s’occupe aussi de tous les aspects financiers : gestion des commandes, facturation au vendeur et reversement à l’éditeur. Il se rémunère en prenant un pourcentage sur le prix du livre. Les plus grosses maisons d’édition disposent d’une organisation de distribution spécifique.

 

Le libraire, dernier maillon de la chaîne du livre, se charge de la vente et de la promotion auprès des lecteurs. Le prix du livre est fixé par les éditeurs. La loi Lang (1981) impose un prix de vente unique quel que soit le lieu de commercialisation du livre. Elle a pour but de défendre les libraires indépendants. La loi Lang a été complétée en 2003 par la loi dite de droit de prêt qui impose un plafonnement de remises des libraires aux collectivités.

 

Les relations du libraire avec ses fournisseurs sont déterminées par un système d’office. L’office est un envoi automatique, à intervalles réguliers, de nouveautés par les distributeurs. Ces envois sont réalisés en fonction d’une grille qui est élaborée par le libraire avec le représentant. Le libraire a la possibilité de renvoyer les ouvrages invendus qui lui sont parvenus par le biais de l’office et de bénéficier d’un avoir de la part du distributeur. Le libraire supporte les frais de retours. Afin d’éviter de trop grosses avances de trésorerie, les libraires renvoient de plus en plus tôt les ouvrages, ce qui entraîne un taux de rotation rapide en librairie.

Dans les points de vente du livre il y a :

Les libraires

Les grandes surfaces spécialisées (FNAC, Virgin)

Les grandes surfaces non spécialisées (il s’agit essentiellement des grandes surfaces alimentaires)

Les autres points de vente (maisons de la presse, librairies-papeteries, soldeurs et bouquinistes.

Les librairies en ligne (Amazon et Alapage) 7,9% des ventes de livres se font auprès de librairies virtuelles.

 

Les particularités de la diffusion de la presse

 

La diffusion de la presse peut prendre 4 formes différentes : l’abonnement postal, le partage à domicile, la vente au numéro et la distribution gratuite.

L’abonnement est le mode d’acquisition privilégié des bibliothèques qui passent généralement par des agences d’abonnement comme Swets au Ebsco.

 

Les bouleversements apportés par le numérique.

 

La numérisation, le développement d’internet et l’accès des particuliers au réseau à haut débit affectent profondément les industries culturelles. Ces évolutions permettent le développement du commerce en ligne de biens culturels physiques mais surtout la distribution via internet de contenus numérisés. Cette situation bouleverse la chaîne reliant les différents acteurs de la production et de la diffusion de biens culturels et conduit à un phénomène de désintermédiation, le rôle de certains acteurs diminuant voire disparaissant.

Le développement d’internet favorise l’autoédition mais aussi le piratage des oeuvres audiovisuelles. Il faut trouver de nouveaux modèles économiques permettant la rémunération de la création. En acquérant un contenu sous forme numérique, on ne possède pas les mêmes droits que lorsqu’on achète un objet physique. Quand une BU s’abonne à un périodique électronique, elle acquiert un droit d’accès à cette revue qu’elle perd en résiliant son abonnement à moins d’avoir acheté parallèlement les archives du périodique en question. On voit apparaître de nouveaux acteurs dans le paysage de la diffusion des biens culturels : acteurs de la téléphonie mobile et de l’informatique. Dans le domaine du livre, le moteur de recherche google a pris de l’importance avec son programme de numérisation massive de livres.

 

III Les bibliothèques françaises aujourd’hui

 

1 L’organisation institutionnelle et administrative

 

Le ministère de la culture et de la communication

 

Le premier ministère des Affaires culturelles a été créé par Malraux en 1959. L’organisation de l’administration centrale du ministère de la culture a été profondément remaniée en 2009. Le décret de 2005 implique notamment le regroupement de l’ensemble de ses services au sein de trois directions :

 

La direction générale des Patrimoines

La direction générale de la création artistique

La direction générale des Médias et des industries culturelles

 

Le Ministère de la culture assure la tutelle de la BPI, de la BNF, de la Cité des sciences et de l’industrie, de la Cité de l’architecture et du patrimoine, de l’Institut national du patrimoine, la Réunion des musées nationaux.

 

Le ministère gère deux types de services déconcentrés, les directions régionales des affaires culturelles, au niveau de la région, et les services départementaux de l’architecture et du patrimoine au niveau du département. Créée en tant qu’administration centrale du ministère de la culture et de la communication en 1981, la Direction du livre et de la lecture assure un rôle d’évaluation et de règlementation dans le domaine du livre et de la lecture. Cette direction a été supprimée en 2009 et incluse dans la direction générale des Médias et des industries culturelles, sous la dénomination « service du livre et de la lecture ». Le service du livre et de la lecture assure un important rôle de conseil et de valorisation des collections patrimoniales conservées dans les bibliothèques publiques françaises. Il assure aussi la collecte d’informations statistiques sur les collections et l’activité des bibliothèques publiques et les effectifs des personnels d’Etat affectés dans les bibliothèques relevant du ministère de la culture.

 

Le centre national du livre

 

Etablissement public placé sous la tutelle du ministère de la culture, le CNL dispose d’un budget provenant du montant de taxes fiscales qui lui sont directement affectées : redevance de 3% sur la vente du matériel de reprographie et redevance de 0,20% sur le chiffre d’affaires de l’édition. A ces redevances s’ajoute une subvention annuelle de l’Etat. Ce budget d’intervention du CNL est consacré à l’ensemble des partenaires de la chaîne du livre.

 

Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

 

Il est composé de la direction générale pour la recherche et l’innovation et la direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle. La sous-direction des bibliothèques et de l’information scientifique a été supprimée. Elle est remplacée par une mission transversale, la « mission de l’information scientifique et technique et du réseau documentaire ».

 

L’inspection générale des bibliothèques

 

Elle a été créée en 1822. Elle est actuellement un service de contrôle et de conseil placé sous l’autorité directe du ministre en charge de l’Enseignement supérieur, mis à disposition du ministre en charge de la culture. L’IGB assure le contrôle technique de l’Etat sur l’ensemble des bibliothèques territoriales et des bibliothèques dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Elle exerce des milliers de contrôle et d’expertise ou recrutement et à la gestion des personnels de bibliothèques, la participation aux instance consultatives nationales.

 

2 Les bibliothèques et leurs territoires

 

Les bibliothèques territoriales

 

Les régions ne gèrent pas en propre de bibliothèques, même si, par l’intermédiaire de structures comme les agences régionales du livre ou les centres régionaux du livre, elles peuvent financer certaines actions destinées aux bibliothèques des autres collectivités territoriales. Dans la limite des missions qui leur sont données par la Constitution, les départements et les communes sont libres d’administrer leurs bibliothèques comme elles le souhaitent. Il n’existe aucun texte organisant l’activité des bibliothèques territoriales.

 

Les bibliothèques municipales

 

C’est dans les années soixante que sont nées les BM telles que nous les connaissons. En 1969, il y a à peine un million d’inscrits en BM, ce qui représente moins de 5% de la population desservie. Les années 70 et 80 marquent un tournant : de 1974 à 1989, on passe de 1,7 à 4,4 millions d’emprunteurs et de 420 000 à 1 250 000 m2. Le doublement après 1981 du budget du Ministère de la culture et l’amplification des efforts des collectivités territoriales confortent cette progression dans les années 90 : de 715 BM en 1971 on passe à 2800 en 1999, tandis que le nombre d’inscrits est multiplié par 5 (1 million en 1971 à 6,5 millions en 1999). Les BM sont soumises au contrôle technique de l’Etat. Leurs missions, leurs modes d’organisation, leur fonctionnement sont définis par les conseils municipaux et par les maires. En l’absence de loi, il n’existe aucune obligation pour une municipalité de créer une BM. On peut distinguer deux types d’organisation :

un bâtiment central unique, qui regroupe l’ensemble des services

un bâtiment central et une série d’annexes, placées dans différents quartiers. Certaines BM gèrent un ou plusieurs bibliobus pour pallier l’absence d’annexe dans certains quartiers.

 

Les bibliothèques municipales classées

 

C’est la loi du 20 juillet 1951 qui a institué les premières BMC au nombre de 37. En 1972 il y en avait 54. Certaines d’entre elles sont destinataires du dépôt légal imprimeur. Les BMC sont considérées comme telles car elles conservent, pour le compte de l’Etat, d’importants fonds anciens issus des confiscations révolutionnaires et de dépôts consécutifs à la promulgation en 1905 de la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Le statut de BMC permet aux municipalités de disposer, pour la direction de leur bibliothèque de postes de conservateurs d’Etat, financés par l’Etat.

 

Les bibliothèques intercommunales

 

Initiée par les lois de juin 1999, l’intercommunalité est en plein essor. Elle concerne 31000 communes et 50 millions d’habitants. La structure intercommunale permet de créer, dans une ou plusieurs des communes concernées, une ou des bibliothèques alors même qu’aucune des communes impliquées n’en possédait, ou de renforcer grandement les moyens d’une bibliothèque existante en collection et en personnel. Les collectivités territoriales concernées transfèrent à la communauté de communes ou d’agglomération des bibliothèques déjà existantes, sans que ce transfert s’accompagne pour autant d’un renforcement de la structure. Le transfert progressif de tout ou partie des bibliothèques municipales de l’intercommunauté concernée permet d’envisager le développement d’un réseau cohérent de BM.

 

Les bibliothèques départementales

 

Les 8 premières BCP sont créées en 1945 par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique. En 1975, il existe 70 BCP. En 1975, les BCP sont transférées de la tutelle de l’Education nationale à celle de la Direction du livre du ministère de la culture. En 1981, 17 BCP sont créées dans les départements qui en étaient dépourvus. En 1986 les BCP sont placés sous l’autorité des conseils généraux des départements. Ce sont les conseils généraux qui définissent les missions des BDP. Elles aident à la constitution et au développement d’un réseau de bibliothèques qui ne bénéficient pas d’un équipement en propre ou ne peuvent assumer seules les frais liés à la mise en place de collections suffisamment importantes pour satisfaire les populations desservies. Le mode de dépôt traditionnel est de plus en plus souvent délaissé et un nombre croissant de BDP est directement ouvert au public. Les dépôts restent de nature très variée : bibliothèques, foyers ruraux, hôpitaux, etc.

 

Les BDP desservent 23 millions d’habitants. Elles portent leurs efforts sur les communes de moins de 10 000 habitants. Elles possèdent 24 millions de livres.

 

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