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Humanisme : le Contrat social
6 mai 2020

Admirations (Jacques Bergier).

admiratio

Préface.

Jacques Bergier, mythe ou réalité ?

Jacques Bergier était une personnalité courageuse, complexe et mystérieuse. Il était capable de lire à une vitesse extraordinaire. Il était capable de lire en moyenne 2 millions de caractères typographiques à l'heure. Il était capable de retenir le contenu des livres qu'il lisait. Il était sensible, modeste et courageux. Il partageait ses connaissances avec les personnes capables de les faire fructifier.

Il trimbalait un vieux cartable bourré de livres qu'il avait trouvés et achetés la veille, lus la nuit et qu'il donnait le lendemain aux uns et aux autres, selon leur spécialité, avec autant d'idées que de calcul, de recherche, de sujet de thèse, de nouvelles, de roman, de synopsis ou d’émission.

L'écouter était un enrichissement inépuisable. On se sentait plus instruit et plus intelligent. Il était capable de retranscrire les phénomènes du domaine de l'inexpliqué. Sur sa carte de visite il avait indiqué avec humour : « Jacques Bergier : amateur d'insolite et scribe des miracles ». Il souhaitait que cette inscription figure sur sa tombe sous l'étoile de David. Il fut aussi un grand vulgarisateur mais il était considéré comme un grand affabulateur. Il dérangeait les scientifiques à cause de ses critiques pertinentes et ses prophéties. Il fut la cible favorite de l'Union rationaliste. Le rejet de Jacques Bergier par la communauté scientifique française révoltait bien des personnes. On a voulu le faire passer pour le champion des fausses sciences et de la science-fiction érigée en système d'absurdités.

Il rencontra le général De Gaulle chez Paul Reynaud, en avril 1940. Il défendait l'idée que la France devait accélérer les recherches atomiques. Il découvrit la base de Pennemünde où étaient fabriquées les fusées V1 et V2. Il créa un réseau de résistance scientifique, le réseau Marco Polo, à Lyon, en novembre 1942. Il fut déporté en novembre 1943 à Mathausen. :

Il recueillit les souvenirs des mourants et les transmit à leurs familles grâce à sa formidable mémoire. Durant l'hiver 1945, Bergier était dans un état d'épuisement terminal. Il fut transporté à l'infirmerie du camp. Il révéla à Bill Hooricks, son compagnon d'infortune, qu'il regretterait de ne pas pouvoir transmettre au monde un message important pour les gens d'après. Hooricks lui demanda quel était ce message. C'était le Matin des magiciens.

Bergier fut décoré de la Légion d'honneur par le général De Gaulle et d'un certificat par le maréchal Montgomery.

Après la guerre, il créa une société de transfert de technologie. Il s'occupait d'essence synthétique pour le compte du gouvernement indien. Cinq ans plus tard, il commença une carrière d'écrivain scientifique et de critique littéraire. Il créa la revue La Tour Saint-Jacques et contribua au succès de la revue Fiction.

Cette revue permettait de promouvoir des auteurs inconnus de science-fiction. Pour que l'ouverture d'esprit soit complète, Jacques Bergier en appelait au fantastique, à l'imaginaire, au merveilleux, à l'insolite, au mystérieux. Il fut l'interlocuteur des maîtres de la science-fiction.

Il mit 25 ans pour faire connaître Lovecraft en France. Il aurait entretenu une correspondance avec Lovecraft durant six ans, jusqu'à la mort de Lovecraft, en 1937.

C'est Christian Bourgois qui publia le recueil de critiques littéraires «Admirations » en 1970. Le livre ne connut que peu de succès auprès du public car Bergier était très en avance sur son temps. Jacques Bergier travaillait pour les générations futures.

Prologue.

Il Jacques Bergier consacra ce livre à 10 écrivains qu'il considérait comme magiques. Magiques car leur plume devient un sceptre de pouvoir. Jacques Bergier reconnaissait un écrivain magique à ce qu'il ressentait pour lui une admiration totale sans esprit de critique. C'est pourquoi, il ne plaça pas dans sa liste d'écrivain magiques Bradbury, Asimov ou Van Vogt pour qui son admiration se mêlait de beaucoup de reproches.

Il a commencé à lire les livres de Jules Verne quand il avait trois ans puis ceux de Louis Jacolliot. À 10 ans, il a découvert les écrivains anglo-saxons, et beaucoup plus tard les écrivains soviétiques, après la seconde guerre mondiale. Pour Jacques Bergier, un écrivain n'est pas magique tout le temps. Un écrivain est magique lorsque un démon le saisit et il cesse de l'être pour des raisons qui ne sont pas plus claires que la psychologie du génie ou celle de la conversion.

Bergier considère que Claude Farrère a écrit une nouvelle qui est peut-être la plus magique de toute littérature et qui s'appelle «Où ? ». Il s'agit de l'exploration d'autres univers. Certains de ces univers sont tellement différents que la vitesse n'y est plus un espace divisé par un temps. Dans un autre, les humains sont immortels mais il leur arrive à un moment de leur existence un malheur qui est inexprimable dans le langage de notre univers. Bergier a découvert que Farrère a écrit d'autres chefs-d'oeuvre extraordinaires et notamment les romans Les Condamnés à mort et La Maison des hommes vivants.

En 1923, Jacques Bergier découvrit la revue Weird Tales et la revue Argosy. Il n'a jamais manqué de livres magiques. Sauf pendant la seconde guerre mondiale. Il se trouve que son goût pour les écrivains magiques et pour certaines formes de fantastique influença bien d'autres vies que la sienne. S'il n'avait pas été persuadé de la possibilité d'inventions militaires apparemment fantastiques, il n'aurait jamais pu provoquer le bombardement et la destruction de la base allemande de fusées de Peenemünde. Le débarquement du 6 juin 1944 n’aurait pas pu avoir lieu et toute l'histoire du monde aurait été changée.

Le succès du Matin des magiciens montre bien que la recherche de fantastique correspond à des lignes de force psychologiques d'importance selon Jacques Bergier.

Jacques Bergier explique la recherche de fantastique par une clé qui est un mot allemand «Gelstalt ». Un Gelstalt est une configuration de sensations et d'idées qui est cohérente et qui donne satisfaction. L'univers d'un auteur magique fait un gelstalt parfaitement satisfaisant. La confrontation de plusieurs de gelstalt très différents élargit l'esprit donnent satisfaction à l'imagination. Jacques Bergier ne savait pas pourquoi le fantastique n'était pas apprécié en France. Il pense que le cartésianisme n'a aucun rapport avec cela. René Descartes s'intéressaient à l'alchimie et trouver ses idées dans le rêve.

Bergier a choisi 10 écrivains peu connu en France qui ont créé des univers ayant des rapports parfois étranges avec le nôtre.

Ces 10 écrivains possèdent cette qualité magique qui enchante Jacques Bergier. Jacques Bergier espérait que son ouvrage permettrait au fantastique de rencontrer le succès en France.

Chapitre premier : John Buchan ou le prophète au manteau vert.

 

John Buchan naquit en 1876 et mourut d'un accident quand il était vice-roi du Canada le 11 février 1940. Il fut poète, homme d'État, organisateur de la guerre psychologique, historien, romancier. Le monde de John Buchan est un monde où l'on attache beaucoup d'importance à des aspects de la psychologie humaine. Il exalte l'intelligence, le courage, l'imagination, le goût du risque. Il a composé plusieurs séries. La série principale étant celle des aventures de Richard Hannay.

Dans cette série, le roman le plus connu est « Les 39 marches » qui a fourni à Hitchcock le scénario du film qui l'a lancé.

Dans la cinquième aventure de Richard Hannay, Le Camp du matin, Jugement de l'aube, Blenkiron et Sandy Arbuthnot rencontrent un adversaire prodigieux, un Allemand appelé Castor (le fait que ce soit une anagramme de Castro n'est qu'une coïncidence prophétique) qui, comme Hitler, veut dominer le monde. Mais, contrairement à Hitler, Castor se rend compte qu'il faut d'abord abattre les États-Unis. Cette façon de penser étonnamment moderne et qui rappelle parfois Che Guevara, le conduit à monter en Amérique latine une base d'où il pourrait attaquer et détruire les États-Unis, en commençant d'abord par disloquer ceux-ci en excitant leurs haines raciales et sociales. Ce livret est écrit en 1925 !

Castor construit donc dans l'imaginaire république d'Olifa un enfer allemand complet, avec camps de concentration. Il a même des SS, les conquistadors, qu'il tient par une drogue spéciale. Il sera renversé par Blenkron et Arbuthnot après une guerre civile écrite avec un luxe extraordinaire de détails qui fait du Camp du matin un véritable manuel de guérilla et de contre guérilla. Pour Jacques Bergier, c'est réellement une grande anticipation politique. En effet, tout le problème de la dictature, de la révolution en général et de la révolution en Amérique du Sud en particulier y est exposé avec une clarté que l'on ne trouve nulle part ailleurs.

Un autre cycle parallèle à celui de Richard Hannay est celui de Sir Édouard Leithen. Leithen est avocat. Malgré lui, il se trouve engagé dans des aventures dont la première s'appelle La Centrale d'énergie. Dans ce livre paru avant la première guerre mondiale, toutes les eaux souterraines de notre époque y coulent déjà. Buchan y montre que notre civilisation est une conspiration et qu'elle peut rencontrer sur son chemin une antique conspiration, une centrale d'énergie. La seconde aventure de Leithen s'appelle le Plancher de danse. C'est une rencontre dans l'archipel grec avec les dieux qui y vivent encore. C'est une des oeuvres les plus poétiques et les plus fantastiques de Buchan.

Le seul roman de science-fiction de Buchan s'appelle Un trou dans le rideau. Dans ce roman, un savant qui a découvert la structure du temps arrive au prix de sa vie à faire voir à six personnes une page du Times un an à l'avance. Ils y voient chacun une information pouvant l'intéresser et deux d'entre eux y voient des notices nécrologiques : les leurs. Certains s'inclinent, d'autres combattent et l'un d'eux arrive même à triompher du temps et de la mort, de continuer à vivre, bien que sa notice nécrologique paraisse au jour dit. Ce qui est écrit est écrit mais, ce qui importe, c'est ce qui arrive et non pas ce qui est écrit.

L'apogée du génie de Buchan est, pour Bergier, les deux recueils de nouvelles : Le club des fugitifs et La Lune endure. Dans Le club des fugitifs, les personnages de tous les grands cycles de Buchan qui ont fondé un club bien anglais se réunissent et racontent à leur tour une histoire chaque soir, parmi ces histoires se trouvent L'Ennemi détesté qui nous fait entrer pendant la première guerre mondiale dans le monde étrange des décrypteurs. Les décrypteurs sont ceux qui arrivent à mettre au clair un message dont ils ne connaissent pas le chiffre. Cela exige un génie spécial et produit une tension nerveuse prodigieuse. Un de ces décrypteurs se bat pendant presque toute la guerre contre un chiffre allemand qui paraît imprenable. Il imagine que l'inventeur de ce chiffre est une femme très belle, très cruelle, très prussienne, vivant dans un château gothique où elle poursuit son oeuvre maudite. Et puis, vers le milieu de l'année 1918, l'ennemie détestée commet une erreur. L'Anglais décrypte quelques-uns des messages et assure ainsi une grande victoire aux alliés. Puis vient la victoire de 1918 et l'Anglais s'écroule. Il se fait accompagner par un ami pour se faire soigner dans une clinique par un psychanalyste autrichien. Alors, l'Anglais part dans le vaste monde rechercher la belle dame sans merci qu'il a inventée. Alors, l'Autrichien raconte à l'ami de l'anglais malade que c'est lui qui avait inventé le chiffre en question il n'avait pas voulu dire la vérité à l'Anglais car il trouvait inutile de troubler une cure parfaitement réussie avec les émotions discordantes de la pitié.

Dans une autre nouvelle intitulée Le vent sur le portique, un archéologue découvre le temple d'un dieu romain, le Dieu Vaunus. Il se persuade que ce Dieu y est encore. Il trouve dans un vieux parchemin une recette datant des premiers âges de la chrétienté, un rituel permettant de chasser les dieux d'un temple et d'y instaurer le Christ. Il tente ce rituel en présence du narrateur. Mais avant qu'il n'ait pu le terminer, un vent de feu se lève, des langues de feu venues de nulle part le carbonisent. Le narrateur qui accompagnait l'archéologue a pu s'enfuir et raconte avoir vu la tête de Gorgone briller sur les murs de la maison maudite comme un des soleils de l'enfer.

Buchan a eu tous les honneurs officiels respectables. Il a vu un monde dépassant le cadre étroit du matérialisme habituel des gens respectables et des savants officiels.

Il a écrit une nouvelle de science-fiction qui s'appelle Espace. C'est l'histoire d'un grand mathématicien qui découvre que l'espace possède une structure extrêmement complexe et qui arrive à percevoir directement cette structure. Il s'aperçoit alors que cette structure n'est pas simplement inerte et que des présences se déplacent. Des présences non humaines et incompréhensibles qui inspirent la terreur. Des présences dont la perception lui apprend quelque chose de si terrible qu'il va volontairement se tuer en montagne.

Buchan a également écrit Le prêtre Jean, roman prophétique de l'Afrique en révolte, Le bois des sorciers, roman de l'éternelle sorcellerie en Écosse et La route du roi, extraordinaire anticipation du code génétique décrivant une série d'apparitions à travers l'histoire d'un même être produit par la même combinaison héréditaire mais modulé d'une façon différente par le milieu. Enfin il a écrit Un prince en captivité, roman de la venue au pouvoir d'Hitler, du courage et du désespoir.

On a fait à Jacques Bergier l'honneur de trouver des échos de John Buchan dans le récit d'une de ses aventures de guerre : Agents secrets contre.armes secrètes. Bergier trouve également des échos de Buchan dans L'Orchestre rouge de Gilles Perrault.

La confrontation parcourt toute l'oeuvre de Buchan et c'est ainsi qu'on trouve à la fin du Jugement de l'aube, une confrontation entre Castor et les conquistadors qui constitue un des plus beaux épisodes du livre.

Les conquistadors qui sont en train de mourir, privés de leur drogue, ne reprochent pas à Castor leur mort mais le fait d'avoir lui-même vaincu, le fait d'avoir abaissé l'orgueil allemand et l'orgueil de la nouvelle dictature que Castor avait créée en Amérique du Sud. Bien entendu, cela a été écrit 20 ans avant la fin de Hitler.

Jacques Bergier voit dans l'oeuvre de Buchan une part prophétique et il cite quelques passages de la centrale d'énergie : « la vie moderne est le pacte informulé des possédants pour maintenir leurs prétentions. Et ce pacte sera efficace jusqu'au jour où il s'en fera un autre pour les dépouiller ».

Chapitre II : Abraham Merritt ou les ténèbres tangibles.

L'homme qui, le premier, inventa à la fois la science-fiction et le fantastique sous leurs formes modernes, commença par être journaliste. C'était vers 1910 et il eut alors des ennuis avec les gangs de New York. La police refusa de le protéger et il dut partir pour le Mexique où il réalisa des fouilles archéologiques et découvrit un nouveau puits sacré à Chichen Itza. Il s'appelait Abraham Merritt. Il découvrit un immense trésor du puits. Il n’en profita guère car le trésor fut confisqué par le gouvernement mexicain. Il retourna aux États-Unis et commença à écrire.

En 1917, il écrivit dans l'extraordinaire revue Argosy une nouvelle qui, 50 ans après, est encore considérée comme le chef-d'oeuvre du fantastique. Cette nouvelle s'intitule Le Gouffre de la Lune. Les personnages découvrent dans les ruines cyclopéennes de Nan-Matal, dans le Pacifique, un bâtiment qui est à la fois un temple et une porte. Par cette porte, qui ne s'ouvre qu'à la pleine lune parce qu'elle est commandée par une espèce de photo-cellule sensible seulement à la lumière polarisée et qui, par conséquent, n'est pas influencée par la clarté solaire ordinaire, sort un être qui n'est pas un composé de matière. C'est un être qui est constitué par des grains de lumière agglomérés, un être dont la puissance dépasse de beaucoup nos faibles moyens. Cet être exterminera  l'expédition et poursuivra sur un navire en route vers l'Australie le dernier survivant qu'il enlèvera de sa cabine par une nuit de pleine lune, mais pas avant que celui-ci n'ait eu le temps de raconter son histoire.

Après la publication de cette nouvelle, des dizaines de milliers de lecteurs réclamèrent une suite pour comprendre les mystères que l'on voyait vaguement à travers la première nouvelle.

Merritt travailla sérieusement en essayant d'établir une base scientifique solide pouvant expliquer les merveilles que l'on avait entrevues dans sa nouvelle. Il travailla sur la théorie d'après laquelle la lune aura été arrachée à la terre en laissant comme trace de son départ l'océan Pacifique. Cet océan n'occupant pas un volume où on puisse placer notre satellite, Merritt se crut parfaitement justifié en plaçant sous le Pacifique un immense abîme, le gouffre de la lune. Dans cet abîme, il imagina les êtres les plus divers et les plus multiples, humains et non humains. Il imagina la conquête de ces abîmes par une expédition scientifique venant de la surface par deux expéditions rivales, l'une alliée, l'autre allemande. La Conquête du gouffre de la Lune parut en 1919. Cette épopée qui fut comparée à Dante et à Milton. Le succès du gouffre de la lune fut immense.

Le public réclama encore une suite mais Merritt s'y refusa mais il fit revenir le narrateur du gouffre de la lune, le botaniste Goodwin, dans une nouvelle aventure en huit parties intitulée Le monstre de métal.

Certains critiques considèrent ce livre comme le plus beau de Merritt mais l'auteur ne fut jamais satisfait de ce livre. Il s'était attaqué à une tâche horriblement difficile : décrire des êtres vivants composés de métal.

Dans Le Visage dans l'abîme, paru en 1923, Merritt décrivait une civilisation ancienne. C'était une civilisation située en Antarctique avant la grande glaciation. Cette civilisation avait émigré dans une vallée inaccessible des Andes. Au sommet de cette civilisation se trouvaient deux êtres non humains plus puissants que l'homme. Cette civilisation avait vaincu la mort et déchiffré le code génétique.

En 1924, Merritt publia le navire d'Ishtar racontant la lutte entre les forces d'amour et les forces de destruction.

Le plus grand succès littéraire de Merritt fut Sep empreintes pour Satan, publié en 1927. Un film en fut adapté. C'est un livre à double solution : on peut croire l'explication rationnelle des faits qui sont décrits comme on peut imaginer une intervention directe du sombre interlocuteur. En 1930, Merritt publia la suite du Visage dans l'abîme. La Mère des serpents relate l'idée que l'âme immortelle n’existe pas encore mais qu'elle pourra être créée dans le futur. Jacques Bergier considère que le chef-d'oeuvre de Merritt est Les habitants du mirage, paru en 1932. Les grands problèmes philosophiques : les raisons de vivre, l'instinct de mort, le sacrifice humain ici sont soulevés de même que la notion de rituel. Merritt se demande si dans l'univers froid et apparemment inanimé qui nous entoure, existerait-il des êtres dont on puisse attirer l'attention ? Et même si ces êtres sont essentiellement mauvais, aussi hostiles que l'univers lui-même, est-ce que l'on ne peut pas, en attirant leur attention par le sacrifice humain, sortir de la grande solitude ?

Toute sa vie, Merritt s'intéressa au phénomène para psychologique. Il rassembla des dossiers sur ce sujet. Il a prétendu que les deux romans sur la sorcellerie qu'il a écrits avaient été fondés sur des faits réels et qu'il n'avait fait que changer le nom des personnages. Dans Brûle sorcière, brûle ! publié en 1932, on voit la sorcellerie fleurir dans New York sous la protection du rationalisme et de l'incrédulité générale. On en tira un film. Dans Rampe ombre, rampe ! Merritt mélange la légende française de la ville d’Ys avec la ville de New York. On y trouve la possibilité de ressusciter des souvenirs précédant la naissance et appartenant à nos ancêtres. Merritt évoque l'existence parmi nous d'êtres qui, ayant à leur disposition toutes les sciences passées, se sont élevés au-dessus de la condition humaine.

Après cela, Merritt s'arrêta d’écrire. Après sa mort, on retrouva dans ses dossiers deux romans incomplets qui furent achevés par le peintre et illustrateur Hannes Bok : La Femme renard et La Roue noire. Jacques Bergier évoque la vie de Merritt. Il raconte son enfance de quaker imprégnée par la Bible. On retrouve des traces du style de la Bible dans son oeuvre. Il fit ses études à l'université de Pennsylvanie où il se révéla lecteur prodige lisant à une vitesse fantastique. Il se lança dans le journalisme en 1902 et se spécialisa dans les meurtres, les mystères et la sorcellerie. En 1911, il fut témoin d'un meurtre politique et on lui recommanda de quitter le pays. Il partit donc au Mexique puis en Amérique centrale pour vivre avec les tribus indiennes. Il découvrit la cité perdue Maya de Tuluum. Il déchiffra des inscriptions donnant l'emplacement d'un trésor et ce trésor fut découvert plus tard. Il retourna vers 1913 aux États-Unis et poursuivit sa carrière de journaliste tout en travaillant sur les propriétés des drogues utilisées par les primitifs. Il mourut d'une crise cardiaque le 21 août 1943. Il s'était toujours considéré uniquement comme un écrivain de science-fiction et s'était donné beaucoup de peine pour justifier scientifiquement ce qu'il avait écrit. Il avait une grande passion pour la France où il était souvent venu. De 1940 à 1943, il défendit la cause française dans l'American Weekly. D'après Jacques Bergier, Merritt était laid, timide et doué d'un grand sens de l'humour. Il aimait pénétrer des milieux étranges, écrire en risquant sa vie. Il était naturellement arrivé au sommet du journalisme, en dirigeant l'American Weekly pour le compte de William Randolph Hearst. Il n'était pas content de lui comme écrivain et passait par une phase de dépression chaque fois qu'il avait fini un livre. Il publia des communications à des académies des sciences. Dans son univers, on trouve des civilisations disparues, des civilisations existant encore sous les océans ou dans les coins secrets du globe terrestre, la mémoire génétique, la parapsychologie, des portes sur les autres dimensions.

Les personnages de Merritt sont avant tout des aventuriers prêts à lutter. Les horizons qu'ils découvrent les incitent à l'ambition plutôt qu'à la terreur. Le héros des Sept empreintes pour Satan se bat avec le diable pour la possession du monde et finit par gagner.

Chapitre III : Arthur Machen ou les sacrements du mal.

Arthur Machen naquit en 1863 au pays de Galles. Il avait fait des études littéraires et avait appris le français. Il arriva à Londres à l'âge de 17 ans. Il commença une carrière d'écrivain et de journaliste. Il était très pauvre et ne voyait personne. Il écrivit un premier livre, L'anatomie du tabac. Il traduisit l'Heptaméron. Il classa la collection des livres occultes du libraire Redway. Celui-ci mis à sa disposition un petit bureau dans une mansarde au-dessus des bureaux de l'éditeur Vizetelly. Arthur Machen avait élu Nicolas Flamel. Il se passionna pour l'alchimie puis pour l'occultisme en général. En 1885, il publia Redway, un superbe catalogue de la littérature de l'occultisme et de l'archéologie. C'est ainsi qu'il rencontra, en 1887, A. E. Waite, le grand expert en occultisme et le fondateur de la fameuse société secrète de l'Aube d'or : The Golden Dawn. Arthur Machen s'intéressa au grand mystère et devint alors passionné par ce sujet. Il traduisit les mémoires de Casanova. En 1894, il publia Le grand dieu Pan. Ce livre fut considéré comme un livre maudit par le Manchester Guardian. Le grand dieu Pan donne l'impression de forces inconnues de toutes les terreurs que la surface de l'univers nous cache. C'est l'histoire d'un chirurgien qui modifie le cerveau d'une femme de façon qu'elle voit l'univers dans sa totalité et non pas par les étroites fenêtres de nos sens. Les anciens qui arrivaient quelquefois à réaliser cette vision par des moyens transitoires et non pas de façon permanente appelaient cela : « voir le grand dieu Pan ».

Mais l'expérience tourne à la catastrophe et la femme ainsi traitée, brûlée en quelque sorte par l'immensité des forces et des êtres avec qui elle est en contact devient folle et donne naissance à une fille qui devient très belle mais qui est un être maudit semant la destruction autour d'elle.

C'est un livre où on retrouve à la fois l'idée moderne à l'époque de la science sacrilège et les idées anciennes de l'alchimie et de la préparation des ténèbres. Jacques Bergier considère que le meilleur livre de Arthur Machen est Les Trois imposteurs. On put dire que ce livre était une imitation des nouvelles Mille et une nuit de Robert Louis Stevenson. Mais pour Jacques Bergier le livre de Machen n'est pas une amusette comme celui de Stevenson est plutôt une série de portes ouvrant sur un univers sinistre.

Un des récits de ce livre : Le roman du cachet noir et peut-être l'histoire la plus effrayante qui ait jamais été écrite selon Jacques Bergier. C'est l'histoire d'un savant que la recherche scientifique conduit au-delà d'une frontière interdite et qui découvre qu'il est possible de prendre dans la campagne anglaise un certain chemin conduisant à un monde inconnu ou vit encore à notre époque une race humaine, hostile à l'humanité, une race qui est à l'origine de toutes les légendes et de la sorcellerie.

La vision d’Arthur Machen est une vision éternelle et dont les symboles concordent bien avec les réalités que la science continue à découvrir.

Arthur Machen fut considéré comme malsain. C'était l'époque du procès d'Oscar Wilde. La Colline des rêves est l'oeuvre que la plupart des critiques considèrent comme son sommet.

Ce livre fut publié en 1907. Arthur Machen voulait écrire une sorte de Robinson Crusoé, l'histoire d'un homme qui est seul non pas parce qu'il est sur l'île déserte et qu'il ne peut s'adresser à personne, mais parce qu'au milieu des millions d'êtres humains, il vit dans un grand abîme qui le sépare de tous. Mais ce livre passa inaperçu. Arthur Machen continua à écrire et publia un livre d'essai littéraire, Hiéroglyphes, et permit aux Anglais de découvrir Rabelais, Rabelais était considéré en Angleterre comme un simple pornographe sans intérêt avant que Machen montre sa grandeur.

Puis, Arthur Machen se plongea dans des expériences occultes qui tenaient de l'hypnotisme pour explorer la psychologie des profondeurs.

Après quoi, il se maria et commença une seconde vie plus saine. Il se lança dans le journalisme ce qui lui permit d'écrire son autobiographie et quelques nouvelles remarquables puis des essais. La guerre mondiale arriva et, avec elle, une aventure extraordinaire qui fit connaître le nom de Machen à l'engloutir tout entière. C'était en septembre 1914. Il écrivit une nouvelle d'imagination qu'il appela les Archers. Il y décrivait Saint-Georges et ses archers attaquant les Allemands et brisant leur offensive. Alors, des milliers de témoins assurèrent avoir vu les archers surnaturels ! Machen démentit mais cela ne produisit aucun effet. 100 000 exemplaires de son ouvrage furent vendus dans l'année. Après quoi, Arthur Machen écrivit un roman intitulé La Terreur dont le sujet est une révolte générale des animaux contre l'homme. Puis il se mit à collectionner les faits maudits en se spécialisant dans des enquêtes bizarres.

Il continua cette vie d'amateur d'insolite et de scribe de miracles jusqu'en 1921. Les difficultés d'argent l'obligèrent à écrire des livres qui ne lui plaisaient pas. En 1936, il publia deux volumes de nouvelles : La chambre agréable et Les enfants de l'étang. Une collecte pour les écrivains pauvres permit de renflouer Arthur Machen en 1943. Cela lui rendit la vie supportable. Il mourut en 1947. Jacques Bergier consacra un chapitre du Matin des magiciens à Arthur Machen. Il trouvait l'univers de Machen réaliste. C'est un univers où le sacré est revenu. Les sacrements du bien comme les sacrements du mal y sont à nouveau présents. Arthur Machen avait écrit dans Hiéroglyphes : l'homme est un sacrement, une âme rendue manifeste sous la forme d'un corps et l'art doit s'occuper des deux séparément et ensemble et montrer leur interaction et leur dépendance mutuelle.

Arthur Machen pensait qu'un horrible savoir n'était pas encore mort. Le monde était alors plein de secrets accessibles à ceux qui voulaient à toute force les trouver. Arthur Machen pensait que l'existence d'un monde transcendant, inaccessible aux instruments de la science, contenant les archétypes du bien et du mal que nous pouvons constater à notre niveau, était indiscutable.

Le corps humain, pour Arthur Machen, est le point de jonction des forces mécaniques ou autres provenant de la matière et d'autres forces intelligentes, celles-ci provenant des aspects de l'univers que nous ne percevons pas.

Jacques Bergier, en regardant les SS à travers les barbelés du camp de concentration où il était en 1944 et 1945, se disait que Arthur Machen avait bel et bien eu raison et que l'homme peut en effet se dégrader et devenir monstre.

Chapitre IV : Ivan Efremov ou la nébuleuse d'Andromède.

La nébuleuse d'Andromède est un roman d'Ivan Efremov qui a eu un énorme succès. Efremov est un scientifique, géologue et paléontologue. Dans la nouvelle Le tube aux diamants, parue en 1944, il avait prédit la découverte des diamants sibériens. Cette découverte s’est effectivement produite. Il a écrit un certain nombre de nouvelles entre 1944 et 1950 et en particulier Une rencontre au-dessus de Tuscarora. Dans cette nouvelle il est question de la découverte dans les profondeurs de l'océan d'une eau miraculeuse, guérissant les blessures et promettant peut-être une vie éternelle. Cette découverte rejoint un travail scientifique bien réel, celui du professeur Deriaguine, qui a isolé dans l'eau ordinaire des traces d'une autre eau qui n'est pas l'eau lourde mais un nouvel arrangement moléculaire de l'eau ordinaire et qui a des propriétés tout à fait étonnantes. Il a écrit Le lac des esprits de la montagne, un lac maudit, où l'on voit des lumières étranges et où l'on meurt d'une maladie inexpliquée. Puis Efremov offre commença à s'écarter du classicisme et à rejoindre les thèmes de la science-fiction moderne avec Les vaisseaux stellaires. Les vaisseaux stellaires ne sont pas des astronefs mais les galaxies elles-mêmes. Celles-ci constituent un gaz qui s'agite dans l'espace et dont les galaxies individuelles constituent les molécules. Les personnages de la nouvelle découvrent des traces extraterrestres : un animal préhistorique dont le crâne a été troué par une balle ou un rayon, un miroir qui se souvient et dans lequel on peut entrevoir, lorsqu'on a actionné le mécanisme, le visage des autres êtres intelligents qui ont visité notre planète il y a plusieurs dizaines de millions d'années.

La nébuleuse d'Andromède commença à paraître dans la revue Technique pour la jeunesse en 1957. Le futur évoqué par Efremov fit hurler de rage certains communistes orthodoxes. Dans ce futur, on n'entendait plus parler du tout de Marx, de Lénine et de Staline. Par contre, on se souvenait parfaitement des dieux grecs. Mais l'enthousiasme du public balaya les objections. Dans le monde imaginé par Efremov le bonheur humain compte plus que tout. À la place du gouvernement, il y a une « académie du bonheur » qui, par tous les moyens scientifiques, essaie d'assurer pour les hommes une vie meilleure, une vie qui contienne plus de bonheur.

Les radiotélescopes ont permis de capter les messages des autres êtres intelligents et l'humanité fait désormais partie du Grand Anneau qui, grâce aux ondes de radio, réunit toutes les intelligences.

Les astronef des terriens parcourent déjà l'espace entre les étoiles. On étudie le moyen de faire une percée à travers la structure de l'espace-temps Efremov imagine de nouvelles mathématiques, une nouvelle physique, une nouvelle biologie et même une nouvelle psychologie comme s'il venait du futur. Il imagine même un nouveau dictionnaire comportant des termes nouveaux. Mais le monde d' Efremov n'est pas une utopie. Il a été bâti par des hommes et des femmes pareils à nous et qui continuent à lutter et à souffrir. Les premières expériences de la courbure de l'espace-temps consomment pendant quelque temps toute la puissance énergétique de la planète et provoquent des catastrophes. Pour recevoir le feuilleton de Technique pour la jeunesse, il fallait s'abonner, ce qui se faisait en URSS uniquement dans un bureau de poste et au début de l'année. Dès 4:00 du matin, même dans la nuit glacée de Sibérie, la jeunesse soviétique faisait la queue pour être sûre d'avoir la suite de La Nébuleuse d'Andromède. L'ouvrage fut traduit dans toutes les langues. Youri Gagarine avait raconté à Jacques Bergier que c'était la lecture de La Nébuleuse d'Andromède qui l'avait poussé à devenir astronaute. En revenant de son premier voyage dans l'espace, il avait déclaré tout devoir à Jules Verne et à Efremov.

Bergier pense que le jury du Nobel se serait honoré en décernant le prix à La Nébuleuse d'Andromède et aurait salué l'espoir de l'humanité.

Le public mondial de mandater suite. Efremov écrivit plusieurs suites, Cor Serpentis et L'heure du taureau.

Cor Serpentis se passe quelque centaines d'années après La Nébuleuse d'Andromède. L'hyperespace a été maîtrisé et les astronefs à impulsions se déplacent à une vitesse apparente de plusieurs milliers de fois celle de la lumière. Le sujet principal du récit est la première rencontre face à face avec les autres intelligences. Le corps des extraterrestres est à base de fluor et non pas de carbone. Leur souffle est composé de fluor et d'acide fluorhydrique et, à son contact, un terrien vivant prendrait feu. Mais cette rencontre a lieu des deux côtés d'une épaisse paroi en plastique transparent. Efremov en profite pour se moquer un peu de l'hystérie guerrière dans la science-fiction américaine.

À la fin, Efremov laisse un espoir de découverte biologique permettant de transformer un vivant à base de fluor en un vivant à base de carbone ou inversement. Alors, il pourra y avoir un contact réel avec poignée de main et échange d'objets et non pas seulement à travers une paroi de protection. L'heure du taureau se passe à une époque encore plus avancée ou 10 milliards de galaxies ont été atteintes et commencent à être explorées par les astronefs à impulsions. L'humanité a pris pied dans le cosmos et elle y vivra éternellement. Efremov a aussi écrit un livre surprenant : Le fil du rasoir. L'action se passe à notre époque et il s'agit non plus des extraterrestres mais des pouvoirs inconnus de l'homme. Le héros, médecin à l'heure stalinienne, se découvre d'abord des pouvoirs de guérisseurs, puis des pouvoirs lui permettant de contrôler les autres êtres humains et finalement arrive à éveiller chez certains sujets la mémoire raciale, le souvenir non pas de ce qu'ils ont vécu mais de ce que leurs ancêtres ont vécu. Le personnage du fil de rasoir a évidemment les pires ennuis à l'heure stalinienne et quelques ennuis moins graves par la suite. Il finira par fuir l'Union soviétique pour aller fonder aux Indes un institut où l'application de la dialectique marxiste à la science fera alliance avec la magie tantrique.

Ce que Jacques Bergier trouve intéressant dans l'oeuvre d'Efremov, c'est à la fois l'humanisme fantastique et un esprit extrêmement précis. Sa civilisation future est extrêmement solide. On lui a reproché en URSS de n'être pas assez communiste. Pourtant Efremov a rendu chaque fois qu'il pouvait hommage aux pionniers du communisme et même il a annoncé que le communisme triompherait sur toute la terre avant de passer à la société sans classe. Lénine lui-même avait déclaré à plusieurs reprises que le contact avec d'autres civilisations changerait absolument tout, produirait des révolutions, plus importantes même que 1917.

Or, ce contact, Efremov le postule dès La Nébuleuse d'Andromède. Certains astronomes ont affirmé que les mystérieux pulsars, ces radios-sources qui paraissent artificielles dans le ciel, seraient les messages du Grand anneau d'Efremov.

Efremov essaye d'imaginer une société faite pour l'homme et qui recherche le bonheur humain non pas empiriquement mais avec toutes les ressources de la science. La société d'Efremov conseille, aide, mais n'impose pas. Cela est rendu possible par l'abondance qui règne, par les progrès de la psychologie et de la sociologie et surtout par la mise au point des méthodes mathématiques applicables aux sciences humaines. Chez Efremov, c'est surtout l'esprit qui compte par-delà la forme matérielle. La première question que les terrestres posent aux extraterrestres est : « l'amour existe-t-il chez vous ? ». Les extraterrestres donnent une réponse positive. En Union soviétique, Efremov a été traité de romantique.

L'un des personnages de Cor Serpentis, Taï Eron, réfléchit un jour aux hommes et aux femmes qui, dans le passé, ont participé aux grandes catastrophes, aux guerres, aux révolutions. Il pense que, malgré tout le tragique de leur situation, le fait d'être décrochés, de n'avoir plus de responsabilité, de n'avoir plus de passé, leur donnait une immense joie.

Il pense également que le fait d'être parti dans les étoiles dans le futur, le fait de revenir sept siècles plus tard à une époque où il ne restera plus nulle trace de ses problèmes personnels, le rend libre comme aucun homme ne l'a jamais été.

Dans ce roman, les terriens offrent aux extraterrestres des images de la Terre, des océans et des forêts. Les extraterrestres offrent aux Terriens une carte trois dimensions de l'univers connu avec les planètes à atmosphère d'oxygène marquées par un signe représentant l'oxygène. Ainsi, Efremov ne raconte pas une guerre des mondes mais un échange d'informations sur le cosmos entre terriens et extraterrestres.

Coller ne se cache pas les dangers qui nous menacent encore. Ses explorateurs rencontrent dans l'espace des planètes qui ont été entièrement détruites, soit par la guerre thermonucléaire, soit par l'abus de l'énergie atomique pacifique et les retombées radioactives qui s'en sont suivies.

Chapitre V : John W. Campbell ou le manteau d'Aesir.

 

Jacques Bergier estime que John Wood Campbell a donné naissance à la science-fiction moderne il naquit en 1910 à Newark. Il a présidé pendant plus de 30 ans aux destinées de la revue de science-fiction Analog. Il a écrit des romans de science-fiction classique et d'admirables contes de science-fiction moderne. Quelques-uns de ces contes se trouvent dans le recueil Le Ciel est mort. En 1928, Campbell intégra la plus célèbre école d'ingénieurs du monde, le Massachusetts Institute of Technology. Un de ses professeurs, Norbert Wiener l'encouragea à écrire de la science-fiction et lui donna un nombre considérable d'idées.

En 1930, Campbell publia sa première nouvelle dans la revue Amazing stories : Quand les atomes échouèrent. Il y prédit les grands ordinateurs modernes en insistant sur l'aide que ces machines devaient apporter à la recherche scientifique. Il prédit également l'énergie matérielle totale. La même année, il publie La Horde de métal dans laquelle il décrit la pensée artificielle et les machines intelligentes.

Toujours en 1930, il publie son premier roman, La Voix du vide. Par la suite, il publie une série de romans de science-fiction classique dans lesquels il décrit des voyages intergalactiques. D'après Jacques Bergier, on compte par douzaine les physiciens modernes qui doivent leur vocation aux romans de Campbell.

Quatre prix Nobel au moins l'ont reconnu.

Après avoir quitté l'université, il travaille comme ingénieurs-rationnalisateur.

Jacques Bergier considère que Campbell a vraiment appris à écrire avec son roman intitulé La Dernière évolution, paru en 1932 dans lequel on peut voir pour la première fois en littérature la symbiose homme-machine.

Il publie sous le pseudonyme de Don A. Stuart des nouvelles d'un nouveau genre pour la revue Astounding science-fiction. Il devient directeur de fabrication pour une société produisant des instruments de mesure électronique puis il devient assistant de Carleton Ellis, le grand homme des plastiques. En 1937, Campbell prend la direction de la revue Astounding science-fiction. Il change le titre en Analog. Il cesse pratiquement d’écrire pour se consacrer à cette revue. Il a lancé toutes les grandes causes de la recherche : astronautique, physique nucléaire, parapsychologie. En 1944, sa revue publia une description détaillée de la bombe atomique. Il était donc bien renseigné en pleine guerre.

Les pouvoirs publics furent paniqués. On se demanda s'il fallait immédiatement fermer la revue de Campbell. On décida finalement que si on arrêtait la publication de la revue on donnerait l'alarme aux services secrets allemands et japonais. Wernher von Braun lisait la revue de Campbell. Il en faisait venir des exemplaires via Stockholm. La Gestapo était au courant et avait a perquisitionné chez lui. Il fut traité d'espion judéo-américain. Il fallut l'intervention directe de Himmler pour le faire relâcher.

Campbell après avoir prophétisé la bombe atomique, prédit que les Russes seraient les premiers dans l'espace. Le gouvernement des États-Unis commanda des dizaines de milliers d'abonnements à la revue de Campbell car il considérait cette revue comme nécessaire au fonctionnement intellectuel des savants.

Après la guerre, on s'aperçut que les auteurs de la revue avaient inventé le radar, la bombe atomique, la fusée de proximité, la pénicilline et pas mal d'autres choses. L'influence d'Analog a été énorme. On pouvait attendre et trouver, six mois en avance, des informations sur les dernières découvertes de la science.

On pouvait également y trouver des plaisanteries la base scientifique fréquemment prises au sérieux pendant des mois avant que les lecteurs ne comprennent qu'Analog plaisantait.

Ainsi, Isaac Asimov décrivit une substance appelée la Thiotimoline avec un coefficient de solubilité négatif. Les savants d'Harvard qui étaient en train de juger la thèse de doctorat en médecine d'Asimov réagirent aussitôt. Ils lui proposèrent d'évoquer sa découverte pour la deuxième partie d'une thèse. Asimov fit un exposé brillant et fut nommé peu après le chargé de cours à l'université de Boston. Asimov publia dans Analog des lettres imaginaires qu'il prétendit avoir reçues au sujet de la Thiotimoline.

Selon Jacques Bergier, les chefs-d'oeuvre de Campbell furent les nouvelles : Hors de la nuit parue en 1937 et Le Manteau d'Aesir, parue en 1939.

Dans ces nouvelles, il est question d'un futur assez lointain où la Terre a été conquise et gouvernée depuis 4000 ans par des envahisseurs venus de l'espace, les Sarn.

Ils sont vaguement humanoïdes mais avec d'énormes différences biologiques, chimiques et sociales. Ils communiquent entre eux par des micro-ondes émises par des antennes biologiques placées sur la tête. Leur société est une matriarchie. Ils sont gouvernés par des dictateurs de sexe féminin qui se succèdent le plus souvent par assassinat ou par coup d'Etat.

Le règne des Sarn sur les humains est sévère mais juste. La planète des Sarn a péri depuis longtemps dans un cataclysme. Les humains survivants sont des faibles et des lâches. Ceux qui avaient du courage et la volonté de combattre sont morts en combattant les Sarn lors des guerres de conquête.

Mais l'humanité s'est régénérée et un chef humain se lève. Il s'appelle Aesir, en souvenir des dieux anciens nordiques et il annonce qu'il représente l'humanité entière du passé et du présent, des morts et des vivants.

Il est revêtu d'un manteau noir, une espèce de projection des ténèbres qu'aucune arme ne peut traverser. Il ne balaye pas les Sarn tout de suite car il manque de pièces détachées électroniques et de matières premières. Mais il finit par expulser les Sarn par des moyens psychologiques plutôt que par la force brute. Le manteau d'Aesir est finalement expliqué comme étant fondé sur les travaux que l'on avait conservés dans une bibliothèque secrète du physicien du XXe siècle P. A. M. Dirac. Les travaux de Dirac ont montré que notre univers flotte à la surface d'un océan d'énergie négative, un océan invisible et indétectable qui est à une température plus petite que le zéro absolu. Lorsqu'il se produit un trou, une bulle dans cet océan d'énergie négative, cette bulle devient visible dans notre univers, c'est le positron.

Aesir arrive à agiter d'une façon rythmique l'océan des énergies négatives pour produire de l'anti lumière. C'est cette anti lumière noire qui constitue le manteau d'Aesir. Campbell a aussi écrit deux nouvelles intitulées Crépuscule et Nuit dans lesquelles l'homme est en train de disparaître et disparaît finalement et les machines continueront son oeuvre.

Jacques Bergier évoque également la nouvelle intitulée L'oubli. Il s'agit d'un monde où la science a tellement avancé qu'il n'y a plus besoin des villes ou des machines. Les maîtres de l'espace et du temps vivent dans des petites communautés pastorales. Ils ont oublié ce que nous appelons les sciences et techniques. Ils ont oublié la génétique, l'électronique ou la physique nucléaire. Cependant, lorsque les Terriens viennent les menacer, ces hommes de la planète de l'oubli manifestent leurs pouvoirs en manipulant la structure même de l'univers de façon à rejeter les envahisseurs non seulement dans l'espace mais dans le passé. Ainsi, les Terriens reviendront sur leur planète avant d'en être partis. Dans la nouvelle intitulée élimination, les on découvre un moyen de voir les avenirs multiples sur un écran de télévision, mais cela ne leur sert à rien. En 1938, Campbell a publié la nouvelle intitulée la chose d'un autre monde qui a été adapté au cinéma. Il s'agit d'un visiteur venu de l'espace, trouvé congelé dans l'Antarctique et qu'on a le plus grand tort de dégeler. Car cet être, provenant d'une race qui a maîtrisé tous les secrets de la biologie cellulaire peut prendre instantanément n'importe quelle forme, y compris la forme humaine. De plus, il est télépathe. On arrive tout de même à le détruire mais non sans peine.

Campbell a insisté sur la psychologie en se demandant quel serait l'effet psychologique des changements techniques et sociaux et comment se modifie le comportement dans la vie quotidienne. Il a introduit dans la science-fiction les pouvoirs inconnus de l'homme : télépathie, téléportation, clairvoyance et télékinésie.

Chapitre VI : J. R. R. Tolkien ou le Seigneur des anneaux.

Jacques Bergier pensait que la France ne pouvait s'apercevoir de la qualité extraordinaire de l'oeuvre de Tolkien que si l'écrivain obtenait le prix Nobel. Il cite C. S. Lewis : « si l'Arioste avait égalé Tolkien par la puissance de l'invention, le sérieux héroïque lui aurait cependant manqué. Aucun monde imaginaire qui soit aussi multiple aussi fidèle à ses propres lois intérieures n'a jamais été inventé. Aucun monde imaginaire et aussi désinfecté, aussi nettoyé de la moindre teinture de la psychologie personnelle de l'auteur. Il n'existe aucun monde imaginaire qui se rapproche tellement de la véritable condition humaine et qui soit par la même occasion totalement libéré de toute allégorie. Avec un sens extraordinaire des nuances, la diversité presque infinie du style et des personnages permet de faire apparaître des aspects tantôt comiques, tantôt familiers, tantôt épique et tantôt diaboliques ».

Tolkien a créé le peuple des Hobbits dans le roman publié en 1937 et intitulé The Hobbit.

Puis il se mit à imaginer un autre univers superposé au nôtre où vivent les Hobbits et bien d'autres créatures. Il en a dessiné des cartes, imaginer une chronologie, des langues parlées et écrites. Il décrit une lutte entre le bien et le mal qui se joue dans ce monde entre des pouvoirs infiniment plus grands que l'humanité qui n'a d'ailleurs aucun rôle dans cet immense aventure. La bataille se déroule autour de neuf panneaux qui donnent la toute-puissance, mais qui, en la donnant, détruisent celui qui la porte s'il a la moindre ambition. C'est un Hobbit modeste et simple qui finira par porter l'anneau. L'anneau final, le neuvième, celui qui donne la toute-puissance. Pendant trois énormes volumes, la lutte se poursuivra avec une imagination sans pareil dans toute la littérature que Jacques Bergier connaissait.

Il a été notamment frappé par les cavaliers maudits qui sont des armures noires vides montées à cheval. Il compare la mythologie de Tolkien à celle de CS Lewis. Il compare Sauron à l'Eldil Tordu de la trilogie de Lewis. Mais Jacques Bergier considère que l'envergure de Tolkien est beaucoup plus grande car le monde humain qui est si important pour Lewis n'a dans le Seigneur des anneaux aucune importance. La lutte qui se livre pour la possession, non plus du monde mais de l'univers, est tellement importante que notre monde a nous ne compte guère. Jacques Bergier souligne que Tolkien a toujours démenti les allégories qu'on avait prêtées à son oeuvre. Il a même précisé que le gros de son travail était terminé avant même qu'il n'entende parler de la bombe atomique.

Aux États-Unis, les étudiants se sont immédiatement emparés du Seigneur des anneaux et des clubs d'amateurs se sont formés. Des inscriptions citant les phrases du Seigneur des anneaux ont été vues sur le mur des universités.

Dans son livre Tree and Leaf, Tolkien a expliqué avoir voulu écrire un conte de fées car pour lui il n'y avait rien de plus sérieux que les contes de fées. Il a remis à leur place ceux qui considèrent que le conte de fées est une oeuvre pour enfants. Il a dénigré l'explication freudienne à ce sujet. Pour Tolkien, les auteurs de conte de fées sont des créateurs d'univers.

Jacques Bergier considère que l'univers de Tolkien est un univers avec sa propre histoire, ses propres lois, sa propre structure interne et cohérente. Tolkien n'avait pas envisagé le succès populaire mais ce succès arriva 10 ans après la publication du Seigneur des anneaux avec la publication du livre en poche aux États-Unis. Lin Carter, auteur du premier livre d'ensemble sur le Seigneur des anneaux pense que cette trilogie est le plus grand ouvrage fantastique du XXe siècle. Bergier est du même avis. Bergier évoque le Silmarillion, ouvrage inachevé de Tolkien. Il imagine que ce livre pourrait être encore meilleur que le Seigneur des anneaux.

Dans une préface de l'édition de poche parue aux États-Unis, Tolkien indique qu'il travailla sur le Seigneur des anneaux de 1936 à 1949. Il envoyait des chapitres à son fils Christopher qui était alors dans l'aviation anglaise en Afrique du Sud et qu'il ne lisait comme un feuilleton. Arrivé à la fin de la trilogie, Tolkien a repris ses écrits en commençant par la fin. Il a dû tout retaper lui-même, n'ayant pas les moyens de payer la dactylographie de ses trois volumes.

Après la parution, on lui demanda d'expliquer ses motifs et on refusa de le croire lorsqu'il expliqua qu'il n'avait ni mission ni intention. Il fut également obligé d'expliquer que la grande guerre autour des anneaux n'a rien à voir avec la seconde guerre mondiale.

Pour Jacques Bergier, le Seigneur des anneaux est une épopée d'aventure qui ne ressemble à aucune autre. Le monde des anneaux n'est pas le nôtre. Comme il convient à une épopée, les personnages se mettent à s'exprimer envers. Souvent, ces vers ont été entendus en rêve. Dans d'autres cas, ils sont prophétiques. Ils font partie intégrante de l'épopée. Jacques Bergier considère que les descriptions de Tolkien sont de véritables poèmes en prose.

Les personnages du Seigneur des anneaux trouvent les miracles naturels et ne consultent d'anciens documents ou ne prennent des contacts que s'ils sont poussés par un grave péril.

Ils ne disposent pas de machines et voyagent généralement à pied ou à cheval. On voit des traces de magie ou de techniques oubliées. Par exemple le métal ithildin qui ne reflète que la lumière de la lune et des étoiles et encore uniquement quand il est activé par des mots prononcés dans une langue inconnue. Le lecteur passe d'étonnement en étonnement à mesure qu'il rencontre les plantes intelligentes, les oiseaux civilisés et tant d'autres merveilles. Des sympathies et des notes décrivent les êtres non humains avec le plus grand sérieux.

Les personnages du Seigneur des anneaux ne cherchent pas une explication du monde qui les entoure et ne sont pas davantage concernés par le temps. Ils ont l'impression d'être à la fin d'une époque et ne sont pas intéressés par ce qui arrivera plus tard lorsque ce seront les hommes qui domineront l'univers. Ils ont pourtant un bassin d'eau qui révèle l'avenir. Ce miroir a été réalisé par les elfes qui ne le considèrent pas comme une magie mais comme une technique.

Jacques Bergier pense que le succès du Seigneur des anneaux vient du fait que le réalisme est en pleine déroute dans les pays anglo-saxons et notamment aux États-Unis. C'est pourquoi le fantastique pur gagne du terrain. L'oeuvre de Tolkien répond, en particulier pour la jeunesse américaine, à un immense besoin de propreté et de pureté. Car le Seigneur des anneaux est essentiellement une oeuvre noble. Tolkien, pour Jacques Bergier, ne demande rien, n'enseigne rien, ne critique rien. Il est un créateur.

Jacques Bergier avait prophétisé l'adaptation du Seigneur des hommes en film.

Bergier se demandait si Tolkien aurait un continuateur et espérait qu'il obtiendrait le prix Nobel.

Chapitre VII : CS Lewis ou la rançon.

CS Lewis a écrit entre 1938 et 1946 la trilogie : Le Silence de la terre, Perelandra, Cette force hideuse.

CS Lewis fut un théologien dans cette trilogie et également dans le Journal du diable. Il fut aussi un écrivain pour enfants dans la série sur Le monde de Narnia et un romancier avec Jusqu'à ce que nous ayons des visages.

Il naquit en Irlande en 1898. Il fut élevé dans une école privée anglaise qu'il considérait comme un camp de concentration. Il réussit des études brillantes à Oxford. Il se prit de passion pour l'occulte.

Il tomba de plus en plus puis il y a eu une intervention surnaturelle. Il redevint sain d'esprit. Il se convertit au catholicisme en 1929. Il propagea le christianisme avec une immense vigueur et ses livres de combat chrétien se vendirent par millions. En 1954, il fut nommé professeur de littérature médiévale et de la Renaissance à Cambridge. Il mourut en 1963.

Jacques Bergier prétend avoir connu l'homme qui avait sauvé CS Lewis. Mais il ne veut pas dire de qui il s'agit. Il révèle simplement que c'était un révérend père dont la vérité était plus étrange que la fiction. CS Lewis capitula sans conditions et avec terreur quand la conversion se présenta à lui. C'est après sa conversion que Lewis a commencé à écrire sa trilogie. Il s'agit d'une oeuvre tellement insolite que l'on a créée pour elle le mot de « théologie fiction ».

Dans sa trilogie, Lewis écrit que les planètes ne se maintiennent pas toutes seules sur leur orbite mais y sont maintenues par des êtres immatériels, les Eldila qui habite l'espace. Les Eldila obéissent à deux êtres : Maleldil le Jeune, qui est un créateur d'étoiles, Maleldil l'Ancien, qui est un créateur d'univers. Toutes les planètes sont habitées mais pour que les habitants ne puissent pas s'attaquer mutuellement, elles sont séparées par des immenses distances qui sont « la quarantaine de Dieu ».

L’Eldil chargé de la planète Terre est fou. Il s'est retiré de la grande confrérie des Eldila.

Il n'admet que l'autorité de Maleldil le Jeune et exerce la tyrannie du mal sur la terre. Pour l'empêcher d'étendre son domaine du mal aux autres planètes, la terre est entourée d'une ceinture protectrice de radiation. En 1959, 21 ans après la rédaction de son livre, une ceinture de radiation autour de la Terre fut découverte par Van Allen.

Un peu avant la seconde guerre mondiale, un astronef, propulsé par l'énergie solaire et piloté par des rationalistes endurcis, gagne la planète Mars. Il y trouve dans des vallées profondes des Martiens, trois espèces de Martiens, en fait.

Il y a également l'Eldil de Mars qui apparaît au sens des créatures matérielles comme une colonne de lumière. Les deux savants rationalistes décidant, avec raison, que toute religion ne peut être que barbare, pensent que les Martiens leur seraient favorables s'ils faisaient un sacrifice humain à leurs dieux.

Ils capturent donc un terrien, professeur de philosophie et de sémantique appelé Ransom : rançon. Le professeur ne comprend pas, à cet étape de sa vie, la signification de son nom. Ce n'est que vers la fin de la trilogie qu'il apprendra qui il est. Il est emmené sur la planète Mars et présenté comme victime de sacrifices à l’Eldil de Mars qui est aussi surpris que lui. L’Eldil le libère aussitôt et emprisonne les deux autres. Il lui apprend la Grande Langue, la lampe solaire qui a précédé toutes les langues terriennes mais qui fut parlée sur la Terre avant que l'Eldil sombre ne se révolte. Ils échangent des renseignements et Ransom apprend ainsi tous les secrets de l'univers. L’Eldil, à cause de la barrière des radiations, ignorait tout ce qui se passait sur la terre depuis des millénaires. Il ignorait notamment l'existence de celui qui prêcha sur Terre la parole de Maleldil le Jeune et qui était mort sur la croix et qui ressuscita au troisième jour. L’Eldil renvoie les trois Terriens sur leur planète et l'astronef se désintègre 10 minutes après l'arrivée.

Aux jours les plus sombres de la seconde guerre mondiale, l’Eldil de Mars vient trouver Ransom et lui dit qu'on a besoin de lui sur la planète Vénus. Il y sera transporté dans un récipient puis ramené sur terre s'il survit.

Les Vénusiens vivent dans le meilleur des mondes possibles. Il y a une île flottante que Ransom ne verra pas lors de ce voyage et dans laquelle les hommes particulièrement nobles ont été enlevés de la Terre pour y vivre éternellement : de Melchisédech au prophète Élie. Un danger menace Vénus : le sombre Eldil de la Terre a pris possession du corps d'un des savants qui avaient envahi Mars et lui a appris comment construire une autre machine pour le faire débarquer sur Vénus. Ransom le combat et le grand drame de la tentation et de la chute se déroule sur Vénus mais avec d'autres résultats. Ransom a vaincu le représentant de l’Eldil et revient sur Terre.

Des années plus tard, se déroulera la dernière bataille sous la direction du sombre Eldil. Les savants ont pris le pouvoir et instaurent un règne dictatorial.

Ransom découvre qui il est. Il est le Pendragon, le chef spirituel secret du celticisme. Il est la rançon, l'homme qui, de nouveau, après 2000 ans, sera appelé à se sacrifier pour que ce qui existe encore de bien dans le corps et dans l'âme de l'homme ne périsse pas. Il est soutenu par les grands Eldila planétaires et par le petit groupe qu'il a réuni. Les Eldila sont maîtres du temps comme de l'espace et ils sont venus chercher dans le passé un allié pour Ransom : Merlin.

Les forces du bien triomphent dans la grande bataille. Ransom survit au conflit entre les pouvoirs les plus terribles de la science et les grands Eldila. Il quitte la terre pour aller rejoindre les immortels dans l'île flottante de Vénus.

La trilogie de Lewis ne mentionne pas un instant sa religion personnelle. Pour Jacques Bergier, l'univers de Lewis paraît plus raisonnable, répondant davantage à ce besoin qu'on a de comprendre et d'approuver, que l'univers de la science.

Aussi, à la fin de l'apparition de la trilogie, les savants ont hurlé. On a beaucoup dit que c'est une oeuvre qui ne reflète pas réellement la religion chrétienne mais un oecuménisme personnel à Lewis. Certains critiques estiment que ce n'est pas de la science-fiction.

Jacques Bergier estime que le lecteur de la trilogie n'oubliera pas de sitôt parmi les visions d'une Angleterre où la dictature du rationalisme néo hitlérien est en train de s'établir, la description de la lesbienne chef de police, Miss Hardcastle.. Lewis montre les mécanismes intérieurs, les puissances secrètes qui dominent notre monde et aussi les forces opposées qui peuvent intervenir en notre faveur. Lewis s'est inspiré du Moyen Âge en rejetant les clichés rationalistes du XIXe siècle. Il voit dans le Moyen Âge une époque de lumière, une époque où les progrès étaient plus rapides qu'au XIXe et au XXe siècle. Il a également été influencé par Tolkien.

Pour Jacques Bergier, le monde de Lewis est donc remarquable non seulement parce qu'il donne des portes permettant de s'échapper des pires enfers du Nord, mais parce qu'il donne la possibilité d'une contre-offensive. Car le ciel est éternel et tous les enfers doive finir, même s'ils paraissent très longs.

Jacques Bergier une phrase de Lewis qui en dit long sur sa vision du philosophe moderne : « il avait cessé de croire en la connaissance elle-même. Il était passé de Hegel à Hume, puis au pragmatisme, puis au positivisme logique et avait débouché à partir de là dans un vide complet »..

 

Chapitre VIII : Stanislas Lem ou l'avenir impossible.

Stanislas Lem était un journaliste polonais. Pour Jacques Bergier, c'est certainement un des écrivains de science-fiction les plus originaux et les plus intelligents du XXe siècle.

Il participe à la Résistance et en tira son premier roman : Le Temps qui ne fut pas perdu. Après des études de médecine, il se consacra au journalisme, à la science-fiction et à l'essai philosophique et scientifique. Ses principaux livres sont : Retour des étoiles, Feu Vénus, Le Nuage de Magellan, L'Invasion venue d'Aldébaran, Journal des étoiles, Le Livre des robots, Solaris.

Son oeuvre se distingue par un pessimisme philosophique fondamental. Pour cet écrivain, l'univers est trop compliqué pour que nous puissions le saisir. Il y a des frontières à notre imagination que les personnages de Lem ne peuvent franchir.

Lem imagine sur la planète Solaris tournant autour de notre soleil des coacervats qui n'ont pas formé des cellules. Tout l'océan recouvrant la planète est devenu vivant. Cet océan vivant nous est supérieur comme nous le sommes au virus. On s'aperçoit de son existence parce que la planète corrige automatiquement sa trajectoire autour de son soleil, de façon à recueillir un maximum d'énergie. On envoie une expédition puis on installe des satellites artificiels. Il y a une bonne volonté pour communiquer mais la différence de mentalité est trop grande.

Il est possible que l'humanité ne comprenne jamais. L'océan intelligent reproduit les instruments qu'on y plonge. Il peut même reproduire des êtres humains. Au moment où se passe l'action du livre, des milliers de livres ont déjà été écrits sur l'océan intelligent de la planète Solaris. Mais tout se passe comme si des fourmis essayaient de communiquer avec un homme. C'est une tragédie scientifique.

Dans le roman L'Invincible, Lem raconte l'aventure du vaisseau galactique L’Invincible qui explore une planète sur laquelle un avis à galactique a disparu sans laisser de traces. L'invincible découvre qu'il y a des millions d'années, un navire d'une autre civilisation, transportant une cargaison de machines, s'est écrasé sur cette planète. Il s'agissait de machines s'adaptant à une situation. Il y eut conflit entre ces machines puis évolution. Et le résultat de cette évolution mécanique est une espèce de mouche cybernétique se reproduisant automatiquement et pouvant détruire l'information chez les machines concurrentes. Une partie de l'équipage de L'Invincible meurt. Les survivants décident alors de venger les victimes, de quitter la planète et de la détruire à distance par une bombe. Un des savants demande cependant de passer une dernière nuit sur la planète sous la protection d'une cage métalliquequi empêche la fuite de l'information de son cerveau. Le savant comprend que les êtres qu'il a vus ne sont pas vivants mais éprouvent cependant un sentiment religieux.

Il comprend alors qu'il y aurait péché contre l'esprit si la planète était détruite. Il arrive à convaincre ses compagnons et la planète n'est pas détruite. Comment des machines sans âme peuvent-elles prier ? Personne ne comprendra jamais. L'ouvrage s'achève sur ce désespoir raisonnable.

Dans la nouvelle La formule du professeur Limvater, Lem propose un être nouveau tout à fait original, fabriqué à partir de matériaux autres que le carbone, comprenant tout l'univers et que son créateur détruit. Le professeur est d'ailleurs persuadé que son invention sera faite à nouveau et que les successeurs de la vie viendront.

Jacques Bergier considère que Lem n'est pas un humaniste. Il a écrit quelques textes comme Les nuages de Magellan et Feu Vénus dans lesquels on lui a recommandé de faire du réalisme socialiste et de décrire un avenir meilleur. Mais dès qu'il a eu un peu de liberté, il a écrit des nouvelles très pessimistes comme Ténèbres et moisissures ou naissent des microbes d'un genre nouveau qui sécrètent de l'antimatière. C'est une façon de se demander si la science, comme la société, sont condamnées à sécréter ce qui les détruit.

Jacques Bergier n'est pas d'accord avec les théories de Lem. Il n'a pas son pessimisme. Il pense que le cerveau humain est une machine qui peut déchiffrer tout l'univers, tout comprendre, à condition d'avoir assez de données. Bergier pense que l'oeuvre de Lem est l'aboutissement logique de l'abaissement de l'homme commencé depuis que la science expérimentale existe.

Bergier croit savoir que Lem pensait que les bornes de l'imagination étaient très proches et qu'il en souffrait. Ainsi, la nouvelle L'Invasion venue d'Aldébaran raconte une histoire dans laquelle les envahisseurs venus d'Aldébaran ne cherchent pas à conquérir la Terre. Mais ce qu'il y a d'effrayant, c'est qu'on ne sait pas ce qu'ils sont venus faire ni pourquoi ils sont repartis. Ils ont brisé l'orgueil de l'esprit humain peut être à jamais.

Chapitre IX : Robert E. Howard ou le Phénix sur l'épée.

Howard naquit en 1909 dans le Texas. Il avait été ouvrier dans des puits de pétrole avant d'être étudiant. En 1937, voyant sa mère sur le point de mourir, il se suicida. Il est totalement inconnu en France à part une nouvelle le Phénix sur l'épée. Son oeuvre se compose de plusieurs cycles. Le cycle le plus important est celui du roi barbare Conan. L'originalité de cette épopée est qu'elle se place dans une histoire tout à fait imaginaire dans une époque imaginaire. Cette époque imaginaire se situe il y a 12 000 ans, entre la fin de l'Atlantide et les migrations qui ont amené les Aryens en Europe.

Le roi Conan est d'abord un esclave puis un bandit, mercenaire, pirate. Il devient finalement roi d'Aquilon. Son épopée est une épopée de sang, de violence et de magie. Car à l'âge hyborien, la science n'est que peu développée mais la magie est en pleine forme et les magiciens sont plus puissants que les rois. C'est un monde où l'aventure est partout présente et où la violence est la règle.

Pour accéder au trône d'Aquilon, Conan étrangle son prédécesseur. C'est un monde décadent et souvent pourri ou Conan représente une certaine pureté primitive.

Conan est pourtant très loin d'être une brute épaisse. Il encourage les arts, y compris les poètes qui lui en veulent, car le royaume d'Aquilon est plein de contestataires. Conan est un des rares hommes de son époque s'intéressant au monde dans lequel ils vivent. Il en trace lui-même des cartes et il pense que la terre est ronde.

Le magicien Xaltotun, adversaire de Conan, mort depuis 3000 ans lorsque le récit commence ressuscite par l'action d'un cristal magique. Le magicien cherchera par un meurtre rituel massif à effacer le présent et à faire reculer sur toute la terre le temps de 3000 ans pour faire reparaître le cruel royaume d'Acheron. Mais Conan empêchera cette catastrophe.

Dans le Phénix assure l'épée, le fantôme d'un magicien blanc s'adresse à Conan avant de marquer l'épée de Conan d'un Phénix qui la rendra invincible.

Howard était issu d'un milieu étranger à la littérature. Il n'y a pas d'explication à son suicide mais Jacques Bergier pense que c'était une personne déplacée. En dehors de Conan, Howard a créé le personnage du roi Kull qui régna sur l'Atlantide dans une période lointaine avant l'âge hyborien. Il règne sur une population où une ancienne race non définie, camouflée en humains, survit encore.

Le troisième grand personnage d'Howard est Solomon Kane, puritains anglais du XVIe siècle. C'est un homme froid et chaste qui parcourt le monde rendant la justice de Dieu et qui rencontre en Afrique et ailleurs des monstres, des magiciens et des spectres. Howard a également écrit des romans et des nouvelles se passant de nos jours et fortement influencés par Lovecraft.

Comme Lovecraft, Howard inventa un livre maudit intitulé Les cultes sans nom d'Howard attribue à un érudit allemand appelé von Junzt.

Howard imagine que la découverte de ce livre entraîne des conséquences catastrophiques. Howard a également écrit des récits historiques et des westerns.

L'Atlantide de Howard est une Atlantide dans l'Atlantique et non pas l'Atlantide des historiens modernes en Méditerranée. Howard a également la Lémurie, ce continent fantôme allant de l'Inde à l'Afrique du Sud qui fut imaginé par des savants au XIXe siècle pour expliquer la distribution des petits singes dont on ne voyait pas à l'époque comment ils avaient pu venir de l'Inde en Afrique du Sud.

Dès occultistes se sont emparés de cette légende et en ont fait un continent contemporain de l'Atlantide et dont les habitants avaient atteint un degré  élevé de civilisation.

Howard a également évoqué Thulé dans les récits du roi Kull. On n'a jamais réussi à identifier Thulé et il est à noter que le groupe ésotérique, la société Thulé a donné naissance à l'hitlérisme selon Jacques Bergier.

Howard considérait Conan comme un personnage réel, né de la combinaison d'un certain nombre d'aventuriers des puits de pétrole qu'il avait connus. Toute son oeuvre à part quelques textes, se trouve à l'intérieur du genre de fiction héroïque. Ce genre n'a pas à avoir la rigueur de la science-fiction.

Enfin, Howard a écrit des poèmes qui rappellent les grands classiques anglais et qui sont beaucoup plus pessimistes sur l'homme et le destin. L'un de ces poèmes fut trouvé sur sa machine à écrire lorsqu'Howard s'est suicidé.

Chapitre X Talbot Mundy ou les neufs secrets des neufs inconnus.

Talbot Mundy naquit à Londres en 1877 et s'engagea dans l'Intelligence service pour lequel il effectua de nombreuses missions aux Indes et en Afrique. Il s'installa aux États-Unis en 1911 et il y vécut jusqu'en 1940. Ses principaux livres sont : Les Neufs inconnus ; Jimgrim ; Les gardiens du diable ; Il était une porte ; Lumière noire.

Ces récits sont fondés sur la survivance à notre époque des secrets dans cette civilisation plus développée que la nôtre. Il a également écrit un autre cycle en quatre volumes intitulé Tros of Samothrace qui se déroule un demi-siècle avant Jésus-Christ.

Enfin, il a écrit des romans d'aventures se déroulant aux Indes.

Jimgrim fut publié en 1930. Dans ce récit, un homme apparaît en Orient et se proclame le roi du monde. Il proclame que l'Occident est fini. Il a retrouvé les secrets des anciennes sciences plus avancées que la science des occidentaux. Les masses du tiers-monde vont se soulèvent, le règne des blancs est fini. L'Occident est attaqué. Mais un champion de l'Occident se lève : c'est l'Américain James Schuyler Grim, connu sous le surnom de Jimgrim. C'est un pacifiste sanguinaire qui passe son temps à détruire les fauteurs de guerre. Il n'espère pas grand-chose pour la race humaine et opère pour son propre compte financé par un riche Américain aussi fou que lui, Mldrum Strange. Dans les grands moments de crise, Jimgrim dispose de tous les moyens de l'Occident. Il décide d'abattre le roi du monde. Plutôt que de partir à sa recherche, il se proclame lui-même le roi du monde. Le récit se termine par la mort du roi du monde et de Jimgrim. Dorjé, le roi du monde, se révélera comme étant un ancien employé du juif Benjamin qui a eu le tort de lui confier l'exploitation des renseignements concernant le désert de Gobi. Dorjé y trouvent une bibliothèque souterraine appartenant à des civilisations disparues qui ont précédé la nôtre. À partir des livres qu'il trouve, il commence à fabriquer l'ancienne drogue psychologique qui lui donne une intelligence surhumaine. Il reconstruit alors les machines volantes et les armes des anciens et monte une organisation pour partir à la conquête du monde. Chemin faisant, on rencontre l'explication de nombreux mystères et notamment de la catastrophe de 1908 en Sibérie : non pas une météorite géante, mais une des premières expériences de Dorjé avec une énergie atomique. Le livret est plein de remarques et de réflexions sur le danger des sciences secrètes. Mundy pense que la civilisation s'est construite plus d'une fois et s'est détruite plus d'une fois et qu'il reste beaucoup plus de traces qu'on ne le croit.

Dans The devil’s guard, il y a un extraordinaire mélange de philosophie et d'aventure. Grim et ses amis partent au Tibet à la poursuite d'un personnage peu recommandable appelé Elmer Rait, escroc qui a réussi à gagner la confiance des Tibétains et qui a trouvé un incroyable trésor de documents dont un manuscrit écrit de la main de Jésus et un livre juif plus important que la Kabbale. Mais Rait est finalement démasqué et périra ainsi que l'un des membres de l'expédition.

Jacques Bergier considère que le maître livre de Mundy est Les Neufs inconnus. C'est un livre où l'imagination et la réalité se mêlent d'une façon tout à fait inextricable.

La société des Neufs inconnus détiendrait les secrets des civilisations disparues et les aurait placés sous forme de neuf livres, chacun des livres étant détenu par un des Neufs.

L'idée fondamentale du livre est que les secrets anciens n'auraient rien de mystique mais seraient, avec des embellissements, dus à l'esprit oriental des données scientifiques et techniques provenant d'anciennes civilisations. À la fin du livré il est révélé que les Neufs inconnus sont connus d'eux-mêmes sous un autre nom et sous un autre encore par le très petit nombre de ceux à qui ils font confiance. Ils existent et sont les gardiens de l'ancienne science. Leurs livres et leurs bibliothèques existent. Ceux qui ont brûlé la bibliothèque d'Alexandrie les cherchaient et ne les ont pas trouvés. Il existe des centaines de milliers de livres inconnus en Occident. Dans des cavernes sous le sable du désert, il existe des livres contenant tout le savoir des nations qui ont disparu avant que naisse l'Atlantide. Il existe des livres dont l'alphabet n’est connu que par quelques-uns des Neufs inconnus. Il existe des livres dont chacun contient plus de connaissances scientifiques que tout ce que savent les chimistes et les physiciens. Le plus grand des bâtiments de la civilisation moderne ne pourrait contenir que le 10e des bibliothèques secrètes.

Les forces dont disposent les Neufs inconnus pourraient détruire la planète si les politiciens et les militaires s'en emparaient.

Postface de Jacques Bergier : une lueur d'espoir.

Jacques Bergier se sentait dans l'état d'esprit de Baudelaire lorsqu'il révéla Edgar Alan Poe et de Claude Farrère lorsqu'il révéla Kipling.

Il se demande pourquoi des auteurs qui ont ouvert des univers aussi étendus, voyagé tellement loin, ne sont pas connus en France. Une vie de donquichottisme lui a appris que l'on ne peut pas corriger toutes les injustices. Alors il a essayé d'en corriger quelques-unes avec l'aide de l'éditeur Christian Bourgois.

Épilogue.

Jacques Bergier révèle qu'il avait l'intention d'écrire une suite à Admirations. Dans cette suite, il aurait évoqué Gustav Meyrinck, Jorge Luis Borges, Jean Ray et Arthur C Clarke notamment.

Note sur la revue Argosy.

Bergier évoque cette revue qui a été créée en 1882 et a cessé de paraître en 1942. Sous la dénomination « littérature différente », les plus grands récits d'imagination de tous les temps sont parus. Sans les 10 millions de lecteurs de cette revue, la science-fiction américaine, le fantastique américain n'auraient pas connu leur prodigieux essor. La collection d'Argosy de Jacques Bergier a été saisie par la Gestapo en 1944.

Néo postface : au revoir, Monsieur Bergier.

30 ans après la mort de Jacques Bergier, on constate que, si Jacques Bergier a en grande partie atteint le but qu'il s'était fixé, il serait vain cependant de tenter de mettre la main sur la collection qu'il envisageait de créer avec Christian Bourgois. Christian Bourgois évoqua ses souvenirs avec Jacques Bergier : « Jacques Bergier, pour moi, c'était un merveilleux vieux monsieur dont la conversation me passionnait, un homme extraordinaire mais farfelu, qui entreprenait sans chose et en réalisait 20. Je lui ai proposé de diriger la collection « admirations », mais il a fini par refuser, sans doute trop occupé. ».

Mais Christian Bourgois a réussi à obtenir les droits des oeuvres de Tolkien et il a alors sorti le Seigneur des anneaux.

L'édition française du Seigneur des anneaux est une conséquence directe des efforts de longue date de Jacques Bergier pour populariser Tolkien. Dans les années 70, la série des Conan a été traduite en français. Les grands romans d'Abraham Merritt ont été édités chez J'ai lu. Arthur Machen a également été traduit en français grâce aux efforts de Bergier et de Christian Bourgois. La collection « présence du futur » a accueilli plusieurs romans de Lem dans les années 70. Talbot Mundy n’est toujours pas très connu en France. Mais le grand perdant est Ivan Efremov. Jacques Bergier avait réussi à faire traduire en français un de ses romans publiés par les éditions Rencontre. Mais après cela, rien d'autre n'a été publié. Des années 50 jusqu'à sa mort, Bergier n'a cessé de faire entendre sa voix afin de promouvoir les auteurs qu'il jugeait important dans tous les supports à sa disposition. Grâce à lui science-fiction et fantastique ont maintenant acquis une dignité proprement littéraire qu'ils étaient loin de posséder auparavant.

 

 

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