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Humanisme : le Contrat social
11 avril 2021

Dune (Frank Herbert).

dune

Dans les manuels de Muad'Dhib, il est précisé que le temps de Paul débute en la 57e année de l'empereur Padishah Shaddam IV. Par ailleurs, Paul est situé sur la planète Arrakis, la planète connue sous le nom de Dune qui reste sienne à jamais.

Durant la semaine qui précéda le départ pour Arrakis, une vieille femme rendit visite à la mère de Paul. Le Castel Caladan avait abrité 26 générations d'Atréides. La vieille femme fut introduite par une porte dérobée et conduite jusqu'à la chambre de Paul. La vieille femme était comme l'ombre d'une sorcière et sa chevelure était faite de toiles d'araignée. Ses yeux étaient comme deux pierres ardentes. Derrière la vieille femme se trouvait la mère de Paul. La vieille femme trouvait que Paul était bien petit pour son âge. Jessica, la mère de Paul lui répondit que chez les Atréides la croissance était tardive. Paul avait déjà 15 ans. La vieille femme pensait que Paul faisait semblant de dormir et était à l'écoute. C'était le cas. La vieille femme se demandait si Paul était réellement le Kwisath Haderach. La vieille femme avait prévu une épreuve pour Paul le lendemain.

Paul avait entendu que la vieille femme s'était adressée à sa mère comme à une servante alors que sa mère était une dame bene gesserit, concubine du duc. Paul avait entendu que la sorcière allait le confronter à son gom jabbar. Il se demandait ce que cela voulait dire ainsi que les mots Kwisath Haderach.

Thufir Hawat, le maître assassin de son père lui avait expliqué que leurs ennemis mortels, les Harkonnen avaient résidé sur Arrakis durant 80 ans. Ils avaient signé un contrat de semi-fief avec la compagnie Chom pour l'exploitation du Mélange, l'épice gériatrique. À présent, les Harkonnen allaient être remplacés par la maison des Atréides qui recevrait Dune en fief sans aucune restriction. À première vue, c'était une victoire pour le duc Leto mais, selon Hawat, cela représentait un péril mortel. Le duc était populaire auprès des Grandes Maisons du Landsraad est un homme trop populaire provoquait la jalousie des puissants. Paul s'endormit. Il se souvenait toujours de ses rêves prémonitoires. Il rêva d'une caverne arrakeen. Le docteur Yueh, son éducateur, lui avait laissé entendre que le système de castes des faufreluches n'était pas aussi rigide sur Arrakis. Sur Arrakis, vivaient des hommes qui ne dépendaient d'aucun caïd. C'étaient les Fremen, le peuple du vent de sable, libre de toute règle impériale.

Paul perçut toutes les tensions qui l'habitaient et décida de mettre en pratique les exercices du corps et de l'esprit que lui avait enseignés sa mère. Il perçut la clarté jaune de l'aube qui effleurait le rebord de la fenêtre de sa chambre. La porte s'ouvrit et sa mère apparut. Elle lui demanda s'il avait bien dormi. Il répondit Louis. Paul avait été éduqué dans la Manière bene gesserit et il perçut la tension qui habitait sa mère. Sa mère lui présenta une tunique de demi-cérémonie arborant la crête de faucon rouge, emblème des Atréides. Elle lui ordonna de s'habiller car la Révérende Mère l'attendait.

Paul prétendit qu'il avait révélé de la révérende. Il demanda à sa mère qui était cette vieille femme. Sa mère lui répondit que c'était elle qui l'avait éduquée à l'école Bene Gesserit. Elle était la Diseuse de Vérité de l'empereur. Elle annonça à son fils qu'il devrait parler de ses rêves à la révérende. Paul demanda si c'était grâce à la révérende que les Atréides possédaient Arrakis. Sa mère répondit qu'ils n'avaient pas obtenu Arrakis.

Alors Paul demanda à sa mère ce qu'était un gom jabbar. Il ressentit la peur de sa mère. Elle répondit qu'il apprendrait ce que c'était bien assez tôt.

Elle lui demanda de se dépêcher car la Révérende Mère l'attendait.

La révérende mère Gaius Helen Mohiam était assise dans un fauteuil de tapisserie. Elle pensait que Jessica était maudite car elle aurait dû leur donner une fille ainsi que cela lui avait été ordonné. Jessica esquissa une brève révérence et Paul s'inclina rapidement ainsi que le lui avait enseigné son maître à danser pour les circonstances « où l'on pouvait douter du rang de la personne ». La révérende fit remarquer à Jessica que son fils était prudent. Jessica répondit que son fils avait été éduqué ainsi. Paul se demanda ce que craignait sa mère. La révérende répondit que l'éducation était une chose mais l'ingrédient de base en était une autre. La révérende ordonna à Jessica de pratiquer la méditation de paix et Jessica retira sa main de l'épaule de son fils. Paul ressentit une certaine appréhension devant la peur qui irradiait de sa mère. Jessica dit à son fils que l'épreuve à laquelle il allait être soumis était importante pour elle. Il devait se souvenir qu'il était le fils d'un duc puis elle fit demi-tour et quitta le salon. Paul regarda la vieille femme tout en contenant sa colère.

Il demanda à la révérende depuis quand on congédiait Dame Jessica comme une servante et la révérende répondit que Jessica avait été sa servante durant 14 années d'école. Elle ordonna à Paul de s'approcher. Paul obéit avant de réfléchir. Il avait compris que la révérende s'était servie de la Voix contre lui. Il s'arrêta près de ses genoux. Elle sortit un cube de métal vert qui avait environ 15 cm d'arête. Elle l'éleva et le fit pivoter. Paul vit que l'une des faces était creuse et étrangement effrayante. La révérende ordonna à Paul de mettre sa main droite dans cette boîte.

Paul eut peur et il recula mais la vieille femme lui demanda si c'était ainsi qu'il obéissait à sa mère. Alors il mit la main dans le cube. Tout d'abord, il éprouva une sensation de froid. Puis il sentit le contact du métal doux et un picotement envahit sa main, comme si elle était endormie. Le visage de la vieille femme devint celui d'un animal de proie et elle éloigna sa main droite du cube et la posa près du cou de Paul. Il devina un scintillement métallique et voulut tourner la tête. La vieille femme lui dit qu'elle tenait le gom jabbar prennent de son cou. Elle lui expliqua que le gom jabbar était l'ennemi suprême. Une aiguille avec une goutte de poison à son extrémité. Paul lutta pour déglutir. Sa gorge était sèche. Elle lui dit qu'un fils de duc se devait de connaître les poisons et le gom jabbar ne tuait que les animaux. L'orgueil domina la peur de Paul. Il lui demanda si elle voulait insinuer qu'un fils de duc était un animal. Elle répondit qu'elle pensait qu'il pouvait être humain. Il lui demanda qui elle était et comment elle avait pu obliger sa mère à le laisser seul avec elle. Paul voulut savoir si elle était une Harkonnen. Elle répondit non. Paul maîtrisa l'impulsion de fuite. Il venait de réussir la première épreuve. La révérende lui annonça que s'il retirait la main de la boîte, il mourrait. C'était l'unique règle alors Paul respira profondément pour réprimer un tremblement. Il annonça à la révérende que s'il appelait, ses gens seraient là en un instant et c'était elle qui mourrait. Mais la révérende répondit que ses serviteurs n'iraient pas plus loin que sa mère qui veillait sur la porte. Sa mère avait déjà survécu à cette épreuve. Maintenant le tour de Paul était venu. Il était rare que des enfants mâles soient soumis à cette épreuve. La curiosité de Paul XX émulateurs jusqu'à la rendre supportable. Paul avait perçu la vérité dans la voie de la vieille femme. Il savait qu'il ne pouvait échapper à cette épreuve. Il se souvint des paroles de la litanie contre la peur du rituel bene gesserit que sa mère lui avait enseignées. « Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. »

Il se sentit son calme revenir. Il ordonna à la femme de mettre fin à l'épreuve. Elle reconnut qu'il avait du courage. Mais elle lui annonça qu'il allait sentir la douleur dans sa main. S'il retirait la main, le gom jabbar le tuerait. Paul voulu savoir ce que contenait la boîte et la révérende répondit la souffrance. Paul ressentit un picotement plus net. Il serra les lèvres. Le picotement devint démangeaison. La démangeaison devint une brûlure très légère. Puis la brûlure se fit plus intense alors Paul referma sa main gauche. Lentement, la douleur augmentait. Les ongles de sa main libre s'enfoncèrent dans sa paume. Les doigts de sa main en feu ne lui obéissaient plus. Il dit : « ça brûle ». Mais la révérende mère lui ordonna le silence.

La douleur s'élança dans son bras. La sueur perla sur son front. Chaque fibre de son corps lui commandait de retirer sa main. Mais Paul devinait la terrible aiguille qui veillait près de son cou. Alors il tenta de se maîtriser mais sans y parvenir. Le monde devint vide. Il n'y avait plus que sa main noyée dans la souffrance. Il avait l'impression de sentir sa peau se craqueler. Sa chair griller. Puis : plus rien !

La souffrance avait cessé, comme si l'on avait appuyé sur un bouton.

La vieille femme avait interrompu l'épreuve. Jamais nul enfant né d'une femme avait enduré autant. Elle reconnut que c'était comme si elle avait voulu voir Paul échouer. Elle lui demanda de retirer sa main de la boîte et de la regarder. Il regarda sa main, stupéfait. Il n'y avait aucune marque et pas la moindre trace de la douleur qu'avait éprouvée sa chair. La vieille femme lui expliqua que c'était une douleur par induction nerveuse et que certains donneraient gros pour connaître le secret de cette boîte. Paul voulut savoir si sa mère avait subi la même épreuve et la vieille femme répondit par une question : « as-tu jamais tamisé du sable ? ».

Les Bene Gesserit tamisaient les gens pour découvrir les humains. La révérende avait observé Paul pendant l'épreuve et avait reconnu l'enseignement qu'il avait reçu de sa mère. La révérende se rendit compte que Paul percevait la vérité se demanda s'il se pouvait que Paul soit celui-là ? Elle étouffa l'excitation qu'elle ressentait. Elle dit à Paul qu'il était peut-être le Kwisatz Haderach. Elle voulait que Paul s'assoit à ses pieds mais il refusa. Alors elle appela Jessica. Elle lui demanda si elle avait jamais cessé de la haïr et Jessica répondit qu'elle aimait la révérende et l'aimait tout à la fois. Elle avait détesté la révérende à cause de la souffrance de l'épreuve qu'elle ne pourrait jamais oublier. Elle fut heureuse de voir que Paul vivait et qu'il était humain. Paul avait compris que la vieille femme avait acquis un empire sur lui. Sa mère avait subi cette même épreuve il pensait que le but devait en être terrible pour justifier une telle souffrance et une telle peur.

Il savait que, d'ores et déjà, il en était prisonnier. Mais ignorait tout de la nature de ce terrible but.

La révérende annonça à Paul qu'un jour lui aussi se tiendrait devant une porte. Paul avait compris que chaque question qu'il pourrait désormais poser amènerait une réponse qui l'élèverait hors de son monde de chair vers quelque chose de plus grand. Il demanda à la révérende elle cherche l'ultime et elle répondit que c'était pour le libérer. Les hommes avaient autrefois confiés la pensée aux machines dans l'espoir de se libérer ainsi. Cela permit seulement à d'autres hommes de les réduire en esclavage avec l'aide des machines. Les écoles Bene Gesserit avaient été créés pour accroître les talents humains. Il n'en restait plus que deux : Bene Gesserit et la Guilde spatiale. La guilde développait les mathématiques pures. Paul devina que la fonction du Bene Gesserit était la politique. À l'origine, l'école Bene Gesserit était dirigé par ceux qui estimaient nécessaire l'existence d'un lien de continuité dans les affaires humaines et cette continuité ne pouvait exister sans que l'on sépare l'humain de l'animal pour faciliter la sélection. Paul savait par sa mère que nombre de Bene Gesserit ignorait tout de leur lignée. Et Jessica ignorait qui étaient ses parents. Paul dit à la révérende qu'elle décidait beaucoup par elle-même. Jessica lui reprocha le ton qu'il employait pour parler à la révérende. Alors la révérende révéla à Paul qu'il existait un lieu qui terrifiait les Diseuses de vérité. Il était dit qu'un homme viendrait un jour et avec la grâce de la drogue il pourrait voir comme aucune des diseuses n'avait pu le faire, dans tous les passés, masculins et féminins. Les Diseuses de vérité ne pouvaient regarder que les avenues féminines du passé.

Paul comprit que cet homme était le Kwisatz Haderach. Bien des hommes avaient essayé la drogue mais aucun n'avait jamais réussi. Ils étaient tous morts.

Dans le Manuel de Muad’Dhib, il est dit que tenter de comprendre Muad’Dhib sans comprendre ses ennemis mortels, les Harkonnen, c'était tenter de voir la Vérité sans connaître le Mensonge. C'était tenter de voir la Lumière sans connaître les Ténèbres.

Un petit homme gracile aux traits efféminés était accompagné d'un adolescent de 16 ans aux cheveux sombres et aux yeux tristes. Tous les deux regardaient un globe qui tournait. C'était un homme qui faisait tourner le globe, le baron Vladimir Harkonnen. Il avait préparé un piège tendu contre le duc. Le globe portait l'estampille impériale. La main grâce se déplaça sur le globe de détail en détail. Le baron Harkonnen demanda à Piter (adolescents) et à Feyd-Rautha de bien regardait le globe. C'était Arrakis. Feyd-Rautha était le neveu du baron. Un messager apporta un pli à Piter. Le duc Leto s'adressait au baron pour lui dire que l'art de la rétribution conservait encore certains adeptes au sein de l'Empire. Le duc avait signé Duc Leto d’Arrakis. Cela fit éclater de rire Piter. Le baron trouvait que Piter parlait trop et il songea déjà à s'en débarrasser.

Le piège consistait à obliger Leto à quitter Caladan pour Dune sans la moindre chance de s'échapper car il s'agirait d'un ordre de l'empereur lui-même. Piter était un Mentat et il serait donc à quel moment le baron convoquerait le bourreau pour le faire exécuter. Il n'avait pas peur car il se sentait encore utile. Feyd-Rautha ne supportait plus les querelles permanentes entre le baron et son Mentat.

Le baron dit à son qu'il était sûr que son Mentat se délectait de la souffrance alors que lui avait de la pitié pour ce pauvre duc. Très bientôt, le docteur Yueh allait fondre sur le duc et c’en serait fait des Atréides. Mais le duc saurait certainement qui avait dirigé la main du docteur et ce serait pour lui une chose terrible. Il fallait que le duc sache à quel moment le baron déciderait de sa fin et les Grandes Maisons elles aussi devraient le savoir.

Mais Piter rétorqua au baron que déjà l'empereur fixait ses yeux sur lui car le baron était trop audacieux. Feyd-Rautha demanda à son oncle d'arrêter de jouer avec Piter et lui rappela la promesse qu'il lui avait faite : Jessica. Le baron voulut savoir ce qu'il adviendrait de Paul et Piter répondit que le piège le lui livrerait.

Mais le baron répondit à Piter qu'il s'était trompé en prédisant que Jessica donnerait une fille au duc. Pour la première fois, Piter répondit avec de la crainte dans la voix. Il se défendit en disant qu'il ne se trompait pas souvent. Le baron demanda à son neveu s'il avait retiré quelque chose de la discussion à laquelle il venait d'assister. Il voulut savoir si son neveu trouvait le Mentat efficace. Feyd était convaincu du contraire. Le baron fit remarquer à son neveu que Piter s'était gavé d'épice. Il voulait que son neveu se rendre compte des limitations d'un Mentat. Piter avait peur d'être remplacé mais le baron le rassura. Il ne pourrait trouver un Mentat doué d'autant de ruse et de venin. Le baron expliqua à Feyd. Que Piter avait été éduqué et conditionné afin de remplir certaines fonctions et il ne fallait jamais perdre de vue le fait que l'esprit de Piter était contenu dans un corps humain. C'était un sérieux handicap et le baron pensait que les anciens étaient dans le vrai avec leurs machines pensantes.

Le baron ordonna au Mentat de retracer pour Feyd les grandes lignes de la campagne contre la Maison des Atréides. Mais le Mentat avait déjà mis en garde le baron contre le fait de confier un homme aussi jeune de tel enseignement. Le baron insista. Alors ieter expliqua à Feyd que la maison du duc embarquerait sur un long courrier de la Guilde à destination d'Arrakis et plus précisément de la cité d'Arrakeen. Le Mentat du duc, Thufir Hawat avait certainement conclu qu'Arrakeen était plus facile à défendre. Feyd fut rassuré. Le vieux monstre lui livrait enfin ses secrets. Il désirait certainement que son neveu soit son héritier. Le baron voulait que le duc meure et que sa lignée s'éteigne. Dans Arrakeen le duc et sa famille occuperaient la Résidence qui avait été la demeure du comte Fenring et de sa dame.

Le comte servait d'ambassadeur auprès des contrebandiers car l'empereur avait des intérêts dans les opérations de contrebande sur Arrakis. Il en serait ainsi aussi longtemps que la Guilde échapperait au contrôle impérial. C'est dans la Résidence que le piège avait été préparé. Hawat devinerait qu'un agent du baron s'était infiltré parmi eux. Le suspect le plus évident était le docteur Yueh mais Hawat avait déjà enquêté et il avait appris que le docteur Yueh était diplômé de l'école Suk avec conditionnement impérial. Il était donc suffisamment sûr pour traiter l'empereur lui-même.

Mais le baron avait trouvé comment venir à bout du conditionnement impérial. Feyd voulait savoir quel était ce moyen mais le baron ne voulait pas le lui révéler. Le baron avait décidé de transformer Jessica en suspect bien plus intéressant. Ainsi Hawat serait si préoccupé par ce problème que son efficience de Mentat en serait considérablement diminuée. De plus le baron procurerait certaines autres diversions sous la forme de garnisons en révolte puis quand le moment opportun serait venu, Yueh en serait averti. Deux légions de Sardaukars frapperaient en arborant la tenue des gens d'Harkonnen. Feyd était impressionné par les troupes impériales composées de tueur sans merci, les Sardaukars. Puisque la Maison des Harkonnen servirait à exécuter la vilaine besogne de l'Empire, elle bénéficierait d'un avantage certain. Les Harkonnen deviendraient la plus riche Maison de l'Empire.

Ainsi les Harkonnen pour assurer pour toujours un directorat du CHOM.

La compagnie CHOM était la clé de la richesse car chaque Maison noble puisait dans les coffres de la compagnie. Piter pensait que le duc Leto pour essayer de rejoindre les Fremen.

Mais cette issue lui serait fermée par l'un des agents de Sa Majesté, l'écologiste planétaire Kynes. Si tout se déroulait selon les prévisions, la maison des Harkonnen jouirait d'un sou fief sur Arrakis d'ici à une année standard. Le baron Harkonnen obtiendrait la remise de ce fief. Feyd comprit que les profits seraient alors plus importants.

Alors les Grandes Maisons sauraient que le baron avait détruit les Atréide et le plus délicieux serait que le duc lui-même le saurait.

Le baron s'éloigna du globe de lumière et il devint gras, énorme. Sa graisse était partiellement soutenue par des suspenseurs gravifiques.

Dans les commentaires de famille par la princesse Irulan, il est dit que la révérende mère doit combiner les pouvoirs de séduction d'une courtisane avec la majesté d'une déesse vierge et conserver ses attributs sous tension aussi longtemps que subsistent ses pouvoirs de jeunesse. Lorsque beauté et jeunesse s'en seront allées, la révérende mère découvrira que le lieu intermédiaire autrefois occupé par la tension s'est changé en une source de ruse et d'astuce.

Jessica était avec la révérende mère dans le salon tandis que Paul attendait dans la chambre de méditation d'où il ne pouvait percevoir la moindre parole. Jessica avait subi l'épreuve de la boîte quand elle était une fillette avec la révérende mère Gaius Helen Mohiam, l'actrice supérieure de l'école Bene Gesserit de Wallach IX. Elle se souvenait encore de la souffrance, de la peur et de la colère. La révérende lui demanda son avis et Jessica répondit qu'elle avait eu un fils alors la révérende lui rappela qu'il lui avait été ordonné de ne donner que des filles aux Atréides. Mais cela représentait tant pour le duc. La révérende répliqua que dans son orgueil, Jessica avait pensé pouvoir donner le jour au Kwisatz Haderach.

Jessica avoua qu'elle avait senti cela possible. La révérende lui dit qu'une fille Atréide aurait pu épouser un héritier Harkonnen et la brèche eut été ainsi comblée.

Jessica avait donc compliqué les choses d'une façon impensable. Et Jessica répliqua que la révérende n'était pas infaillible et elle jura qu'elle ne regretterait pas sa décision.

Mais la révérende mère lui rappela que sa tête risquait d'être mise à prix et Jessica lui demanda s'il existait une alternative. La révérende mère répondit qu'il coulait dans le sens de la race le besoin de mêler dans le désordre les lignées génétiques et que l'Impérium, la compagnie de CHOM et les Grandes Maisons n'étaient que des débris d'épaves emportés par ce flot. L'empereur et ses partisans contrôlaient à présent 59,65 % des votes du conseil de la compagnie. Leur puissance sur les votes s'en trouvait renforcée. La révérende expliqua que leur civilisation reposait sur trois bases : la Maison impériale qui s'opposait aux grandes Maisons du Landsraad et, entre elles, la Guilde et son monopole des transports interstellaires. En politique, le tripode était la plus instable de toutes les structures. De plus, le système commercial était demeuré au stade féodal. La révérende espérait que tout ceci ne provoquerait pas une conflagration générale afin de préserver ce qui pouvait l'être encore dans les lignées génétiques. Alors Jessica affirma qu'elle payerait pour ses fautes mais la révérende répondit que son fils paierait avec elle. Jessica le protégerait autant qu'elle le pourrait.

La révérende lui conseilla de ne pas trop le protéger sinon il ne pourrait jamais devenir assez fort pour accomplir son destin. Jessica voulut savoir si Arrakis était une planète vraiment affreuse et la révérende répondit que la Missionnaria Protectiva était passée par là et avait quelque peu amélioré les choses.

La révérende dite à Jessica qu'il y avait peu de chances pour que Paul soit la Totalité du Benne Gesserit et qu'il ne fallait pas trop espérer. La révérende demanda à Jessica d'aller chercher son fils car elle devait lui poser des questions. La révérende lui demanda de parler de ses rêves. Il se rappelait de tous ses rêves mais il prétendait que seuls certains en valaient la peine. Alors la révérende lui demanda qu'elle avait été son dernier rêve. Paul avait rêvé d'une caverne avec de l'eau. Il y avait une fille très maigre avec de grands yeux entièrement bleus sans le moindre blanc. Paul lui parlait de la révérende qu'il avait vue sur Caladan. Il disait à la fille la révérende était venue pour le marquer d'un sceau d'étrangeté. La révérende voulut savoir s'il faisait souvent des rêves prémonitoires et c'était le cas. Il savait que la fille de son rêve lui apparaîtrait dans le futur. Dans son rêve, la fille appelait Paul sous le nom de Usul. La fille lui demander de parler des eaux du monde dans lequel ils se trouvaient. Alors Paul lui récitait un poème. La révérende lui demanda quel était ce poème et Paul répondit que c'était une ballade de Gurney Halley pour les moments de tristesse. La révérende annonça à Paul qu'elle cherchait le Kwisatz Haderach. Le mal qui pourrait devenir véritablement l'un d'entre eux. La révérende et Jessica voyaient cette possibilité.

La révérende voyait en Paul des abîmes. Paul voulut partir mais elle lui demanda s'il n'avait pas d'information à entendre à propos du Kwisatz Haderach. Alors Paul répondit que la révérende avait dit que tous ceux qui avaient essayé étaient morts. La révérende voulut donner des indices. Elle dit à Paul que qui se soumettait dominait. Paul fut étonné car il connaissait déjà ce principe grâce à sa mère. Cette prétentieuse sorcière n'avait donc que des platitudes à lui débiter. Paul reprocha à la révérende de n'avoir rien dit qui puisse en aucune façon aider son père. La révérende semblait considérer le père de Paul comme déjà mort. La révérende confirma qu'il n'était plus possible de faire quelque chose pour le duc. Mais il était encore possible de sauver Paul. La révérende expliqua à Paul que quand il aurait admis que son père ne pouvait plus être sauvé, il aurait appris une leçon bene gesserit. Paul éprouva du ressentiment pour la révérende. La révérende se tourna vers Jessica. Elle lui dit qu'elle voyait les signes de la Manière chez Paul car Jessica l'avait éduqué avec cette méthode. Elle lui demanda de ne plus tenir compte de la progression régulière de l'éducation de son fils. Pour sa propre sécurité, Paul aurait besoin de la Voix. Jessica acquiesça. La révérende mère quitta la pièce sans un regard en arrière. Pourtant, Jessica avait eu le temps de surprendre des larmes sur les joues de la révérende.

Dans Histoire de Muad’ Dib enfant par la princesse Irulan, il est écrit que Muad’ Dib n'avait aucun compagnon de jeu de son âge sur Caladan. Il avait eu de merveilleux éducateurs comme Gurney Halleck, Thufir Hawat, le vieux Mentat qui suscitait la terreur dans le coeur de l'empereur lui-même. Il y avait aussi de Duncan Idaho, le maître d'armes et le docteur Wellington Yueh. Dame Jessica éduquait son fils dans la Manière Bene Gesserit.

Thufir Hawat se glissa dans la salle d'exercices et referma la porte à l'autre extrémité de la vaste pièce se trouvait Paul assis le dos à la porte, penché sur des papiers et des cartes étalées sur une vaste table. Hawat se demanda combien de fois faudra-t-il qu'il lui répète de ne jamais tourner le dos à une porte. Sans se retourner, Paul dit à son vieux maître qu'il savait qu'il ne devait pas tourner le dos à la porte. Il lui dit qu'il avait entendu traverser le rôle et ouvrir la porte mais son maître répondit qu'il était possible d'imiter les sons qu'il pouvait produire mais Paul savait reconnaître la différence. Hawat savait qu'il en était capable grâce à l'éducation de Jessica. Il s'assit en face de Paul, face à la porte. La plupart des objets avaient déjà été installés sur Arrakis. Pourtant, une table d'exercices subsistait encore, ainsi qu'un miroir d'escrime. Paul demanda à son maître à quoi il pensait. Hawat répondit qu'il songeait au départ et qu'il savait qu'il ne pourrait jamais revenir. Il trouvait cela triste d'être séparé de ses amis mais Arrakis n'était qu'une demeure de plus. Paul se doutait que le duc avait envoyé Hawat pour le sonder. Hawat lui affirma que le duc viendrait plus tard. Paul était en train d'étudier les tempêtes d'Arrakis. Hawat lui expliqua que les tempêtes d'Arrakis se développaient sur quelque six ou 7000 km de pleine en prenant appui sur tout ce qui recelait la moindre once d'énergie. Elles pouvaient atteindre 700 km/h et ronger la chair sur les os. La Guilde exigeait un prix exorbitant pour un satellite de contrôle et la Maison du duc n'était peut-être pas assez riche pour cela. Paul lui demanda s'il avait déjà vu des Fremen.

Hawat lui répondit qu'ils étaient difficiles à distinguer des gens des creux et des sillons. Les Fremen portaient tous des grandes robes flottantes et sentaient mauvais. C'était grâce à leurs vêtements qu’ils pouvaient récupérer l'eau de leur corps. Ils appelaient ça un distille. L'idée de ce peuple qui devait recycler l'eau de son propre corps emplissait Paul d'un sentiment de désespoir.

Hawat espérait réussir à convaincre Paul qu'Arrakis était un ennemi important et que ce serait de la folie de partir sans avoir cette idée en tête. Hawat expliqua à Paul qu'il apprendrait l'importance de l'eau quand il serait sur Arrakis. La révérende mère, elle aussi, avait parlé de la soif. Elle lui avait dit : « tu apprendras à connaître les plaines funèbres, les déserts absolument vides, les vastes étendues où rien ne vit à l'exception des verts de sable et de l'épice. ». La révérende avait dit à Paul qu'il y avait quatre choses pour supporter un monde : la connaissance du sage, la justice du grand, les prières du pieux et le courage du brave. Mais tout cela n'était rien sans celui qui gouverne et connaît l'art de gouverner. Elle voulait que cela soit la science de Paul. En face de son maître, Paul ressentait la morsure profonde de la peur. Il rencontra les sourcils froncés du Mentat qui lui demanda à quoi il était en train de songer. Il voulut savoir s'il avait rencontré la révérende mère. Paul acquiesça. Il raconta à son maître que la révérende l'avait mis en colère en lui disant qu'il devait apprendre à gouverner et que c'était une chose que n'avait fait aucun de ses ancêtres. Cela avait mis Paul en colère. La révérende avait prétendu que son père allait perdre la planète qu'il gouvernait. La révérende lui avait appris que le duc était déjà averti du danger qu'il encourait. Hawat le lui confirma alors Paul lui demanda pourquoi il avait accepté de partir. Son maître lui répondit que c'était un ordre de l'empereur. Paul apprit à son maître que la révérende lui avait dit qu'il devait désapprendre certaines choses. Elle avait aussi dit à Paul que celui qui gouverne doit apprendre à convaincre et non à obliger. Hawat comprit que la révérende avait effrayé Paul et se demanda pourquoi elle avait fait ça. Paul voulut savoir si Arrakis était une planète aussi mauvaise que la révérende le disait. Hawat répondit que les Fremen était un très grand peuple et détestait les Harkonnen. Mais il conseilla à Paul de ne souffler un mot de cela. Hawat conseilla à Paul de prendre soin de lui et de se retourner face à la porte pour en prendre l'habitude. Hawat partait pour Arrakis le jour même. Après le départ de son maître, Paul se retrouva face un vilain petit homme précédé d'une brassée d'armes diverses. C'était Gurney Halleck. Il laissa tomber le fagot d'armes sur la table d'exercices. C'était bien lui que Paul préférait entre tous les hommes de son père. Paul lui demanda où était Duncan Idaho. Gurney lui appris que celui-ci était parti à la tête de la seconde vague pour Arrakis. Paul proposa à Gurney de se battre.

Paul appuya sur le bouton d'activation du champ de force sur la ceinture et les sons, filtrés par le bouclier, lui parvinrent moins nettement. Mais il commit une étourderie et son maître le sermonna. Paul n'avait pas vraiment le coeur à se battre mais son maître le força à le faire. Paul se demanda si Gurney se battait si violemment parce qu'il était un traître. Le combat continua et l'air devint lourd à cause de l'odeur de l'ozone. Le combat s'arrêta par match nul. Hawat annonça à Paul que s'il s'était battu en dessous de ses capacités il lui aurait fait une bonne estafilade en guise de souvenir. Il ne voulait pas que son élève favori succombe devant la première canaille Harkonnen qu'il viendrait à rencontrer.

Ce n'était pas exactement un jeu. Hawat voulait faire comprendre à Paul que l'idée de coeur qui lui était venue était une fausseté.

Paul se sentit honteux d'avoir pu douter de Gurney. Gurney pensa qu'il était encore bientôt pour que Paul assume sa condition d'homme et qu'il se méfie de ses proches.

Gurney demanda à Paul de se battre contre un mannequin d'exercice. Pendant ce temps, Gurney pensa à sa jeune soeur qui était morte dans une maison de plaisir pour soldats Harkonnens. Puis il remarqua que Paul avait appris un style de combat qu'il ne lui connaissait pas.

Dans le dictionnaire de Muad’Dib, il est écrit que le docteur Wellington Yueh est surtout connu pour avoir trahi le duc Leto Atréides.

Paul entendit le docteur Yueh pénétrer dans la salle et noté la lenteur calculée de sa démarche. Il se sentait délicieusement épuisé après son combat contre Gurney.

Le front du docteur comportait le tatouage en diamant du conditionnement impérial. Le docteur annonça l'arrivée du duc. Le docteur avait préparé plusieurs leçons en prévision du voyage vers Arrakis. Paul se sentit soudain très excité à l'idée de la visite de son père. Le docteur pensa qu'il ne devait pas faillir car ce qu'il devait faire, il le ferait afin d'être sûr que sa Wanna n'aurait plus à souffrir des monstres d'Harkonnen. Paul demanda au docteur ce qu'il devrait apprendre. Le docteur lui répondit qu'il s'agissait de leçons sur Arrakis.

Paul voulut savoir s'il y a des leçons sur les Fremen. Le docteur répondit qu'il y avait deux groupes principaux sur Arrakis : les Fremen et le peuple des creux et des sillons. Mais des mélanges étaient possibles entre ces deux peuples. Le trait caractéristique des Fremen était leurs yeux qui étaient bleus sans le moindre blanc. Cela tenait au Mélange dont leur sang était saturé. Les femmes Fremen étaient aussi redoutables que les hommes. Même leurs enfants étaient dangereux. Paul pensait que ce serait de bons alliés. Il voulait en savoir plus à propos des vers de sable. Yueh lui apprit qu'il existait des vers de sable dépassant 400 m. La ceinture désertique et les régions avoisinant le pôle boréal d'Arrakis étaient inhabitables à cause des vers de sable et à cause des tempêtes. Yueh offrit à Paul un objet noir rectangulaire. Paul le regarda sans esquisser un geste. Yueh se rendit compte de sa méfiance. C'était une très vieille Bible Catholique Orange à l'usage des voyageurs de l'espace. Elle était de la taille de l'extrémité du pouce. Il y avait 1800 pages. Yueh avait l'impression de sauver sa propre conscience en offrant à Paul le secours de la religion avant de le trahir. Il demanda à Paul de garder le secret sur ce cadeau. Il avait peur que Jessica s'interroge sur ses motifs. Yueh demanda à Paul d'ouvrir le livre à la Kalima 467 qui était son passage préféré. Mais Paul appuya sur la moins profonde des deux entailles qui avaient été faites sur le livre et le passage préféré de Wanna. Le docteur lui ordonna d'arrêter il lui expliqua le motif de son émotion. Paul se dit que ce livre possédait un mystère car quelque chose s'était produit tandis qu'il lisait. Quelque chose qui avait éveillé cette idée d'un but terrible.

Paul remercia le docteur et lui dit que si une saveur pouvait lui faire plaisir il ne fallait pas hésiter à lui demander. À ce moment-là, le docteur se demanda pourquoi les Harkonnen l'avait choisi, lui, pour cette abomination.

Dans le livre Muad’Dib, commentaires de famille par la princesse Irulan, il est écrit que le duc Leto alliait une insurpassable bonté à une surprenante froideur. C'était un personnage solitaire en proie au destin et dont le rayonnement fut estompé par la gloire de son fils.

Paul observa son père tandis qu'il faisait son entrée dans la salle d'entraînement. Paul perçut la présence de son père, une présence totale. Le duc était de haute taille et sa peau avait un teint olivâtre. Les angles durs de son visage n'étaient adoucis que par le regard profond de ses yeux gris. Il était épuisé. Il voulait se reposer avant de partir sur Arrakis. Paul se rappela que la révérende mère avait dit qu'il n'y avait plus rien à faire pour le duc. Paul lui demanda si Arrakis était aussi dangereux que chacun ne disait et son père reconnu qu'il y aurait des dangers. Paul avait envie de prévenir son père mais il se rendit compte que la révérende avait réussi à sceller sa langue. Le duc révéla à son fils que le Combinat des Honnêtes Ober Marchands pourraient être dirigés en partie par les Atréides. L'empereur été obligé d'accorder ce droit en donnant aux Atréides Arrakis.

C'était le CHOM qui contrôlait l'épice. Paul réussit à demander à son père si la révérende mère l'avait averti. Pour poser une telle question, il avait accompli un terrible effort. Le duc répondit à son fils qu'il ne devait jamais laisser les craintes d'une femme obscurcir son esprit. Pour le duc, il n'y avait pas de femmes capables d'accepter d'indiquer l'existence de ceux qu'elle aimait. Le duc pensait que Jessica était derrière les avertissements de la révérende mère. Paul devait y voir une preuve d'amour. Le duc apprit à son fils qu'il y avait peu de biens qui échappaient au CHOM. Le bois, les chevaux, les mulets, le bétail, l'engrais, les peaux de baleines, les requins…

Mais tout cela n'était rien à côté du Mélange qu'on ne pouvait produire qu'après l'avoir extrait du sol d'Arrakis. Il était unique en son genre et ses propriétés gériatriques étaient reconnues.

Jusqu'à un certain degré, c'était désormais les Atréides qui le possédaient. Le duc expliqua à son fils que la plus grande part des profits provenait du Mélange et il fallait songer à ce qui se passerait si quelque événement venait à en ralentir l'extraction. Quiconque aurait entassé le Mélange dans ses greniers pourrait faire un malheur. Les Harkonnen n'avaient cessé de stocker pendant plus de 20 années. Paul comprit que les Harkonnen souhaitaient voir décroître la production du Mélange pour que le duc en soit rendu responsable. Le duc dit que les Harkonnen souhaitaenit que les Atréides deviennent impopulaires car toutes les Maisons du Landsraad considéraient le duc comme leur porte-parole officieux. En cas de pénurie du Mélange, les maisons du Landsraad se tourneraient vers l'autre bord.

Mais pour le duc savoir que le piège existait revenait à faire le premier pas pour lui échapper. Pour connaître la liste de leurs ennemis, les Atréides devaient se demander qui stockait le Mélange à part les Harkonnen. Paul pensait qu'il fallait avertir le Landsraad mais le duc lui expliqua que ce serait gagner un peu de temps tout en risquant le chaos. Le duc avait deviné que les Sardaukars pourraient attaquer déguisés en hommes d'Harkonnen. Paul voulut savoir comment les Fremen pourraient les aider contre les Sardaukars. Le duc évoqua la planète prison de l'empereur Salusa Secundus considérée comme un monde infernal. Le duc pensait qu'Arrakis était un monde aussi terrible que Salusa Secundus à l'exception des cités et des villages de garnison. Paul comprit que les Fremen pouvaient être une force potentielle aussi importante et dangereuse que les Sardaukars.

Mais il faudrait de la patience pour les former en secret et beaucoup d'argent pour les équiper de façon efficace. Paul demanda si les Harkonnen connaissaient les Fremen et son père répondit qu'ils les détestaient.

Dès maintenant, les Atréides devaient négocier avec les Fremen. Le duc avait envoyé une mission conduite par Duncan Idaho car c'était quelqu'un d'orgueilleux mais qui aimait la vérité et le duc pensait que les Fremen pourraient avoir de l'admiration pour lui. Gurney avait inventé l'excellence de Paul au combat devant le duc. Le duc expliqua son fils qu'ils allaient faire le voyage à bord d'un long courrier. Paul envisageait de ne pas quitter les écrans pour tenter d'apercevoir un  Guildien durant le voyage. Le duc conseilla à son fils de ne rien faire qui pourrait compromettre leurs privilèges. Jessica avait demandé à son mari de révéler à son fils qu'il pouvait avoir des pouvoirs de Mentat. Hawat le pensait aussi. Le duc dit à son fils qu'il devait à présent choisir de poursuivre son éducation ou d'abandonner. Le duc pensait que son fils serait un jour un duc mentat et qu'il serait assurément un être redoutable. Sans hésiter, Paul annonça qu'il poursuivrait son éducation. Le duc sourit avec orgueil et ce sourire bouleversa Paul. Ce sourire dessinait sur le visage du duc les traits d'un mort. Paul pensait que devenir un Mentat pouvait être un but terrible.

Dans La Crise arrakeen : analyse par la princesse Irualan, il est écrit que le procédé bene gesserit d'implantation de légendes par la Missionaria Protectiva porta pleinement ses fruits lorsque Jessica fut sur Arrakis. L'ensemencement de l'univers par un thème prophétique destiné à protéger les Bene Gesserit constitue un système dont on a depuis longtemps apprécié l'ingéniosité. Les pouvoirs latents de Jessica furent gravement sous-estimés.

Jessica était dans le camp rôle d'Arrakeen au milieu de ses malles de ses cartons entassés dans les coins de la vaste salle. Aux jours lointains du vieil empire, cette résidence avait été celle du gouvernement. C'était bien avant la venue des Harkonnen. Le duc Leto avait fait preuve de sagesse en choisissant cette demeure. La cité était petite et facile à défendre. Le duc la rejoignit. Il était devenu si sauvage et si déterminé depuis qu'il avait décidé d'obéir à l'empereur que Jessica eut peur de lui. Le duc trouvait que sa femme avait apporté à la lignée des Atréides une réelle beauté et il était heureux que Paul en eût bénéficié.

Le duc était venu pour approcher la clé de Castel dans le hall. Il annonça qu'il avait l'intention d'accrocher le portrait de son père dans la salle à manger et que Jessica ne pourrait pas s'y opposer. Il avait engagé des servantes locales Fremen. La gouvernante s'appelait Shadout Mapes. En langage Fremen cela signifiait « qui creuse les puits ». Et elle avait l'intention de servir Jessica particulièrement. Les Fremen avaient appris que Jessica était Bene Gesserit et des légendes couraient à propos des Bene Geserit sur Arrakis. Jessica pensa à la Missionaria Protectiva. Selon Duncan, les Fremen souhaitaient pouvoir observer les Atréides pendant quelque temps. Cependant, ils avaient promis d'observer une trêve. Jessica pensait que c'était un jeu dangereux puis elle se calma avec l'exercice de retour au calme. Le duc aurait souhaité qu'elle lui apprenne à repousser les soucis.

Le duc annonça à Jessica qu'Arrakis était complètement infestée par les intrigues des Harkonnen. Il rejoignit l'aire de débarquement pour tenter de retenir certains des chasseurs d'épice. Près de 800 spécialistes s'apprêtaient à embarquer dans la navette de l'épice et un cargo de la Guilde les attendait. L'empereur leur avait laissé le choix de partir ou de rester sur Arrakis. Il désirait que Paul assiste à la conférence stratégique. Jessica regarda le portrait du père du duc en le maudissant. Shadout Mapes se présenta Jessica avait envie de poser des questions à cette Fremen mais il était plus urgent de ramener l'ordre dans le château. Jessica dit à Shadout elle connaissait son langage et savait ce qui signifiait son nom. Shadout n'en fut pas surprise car c'était exactement ce que disait la légende. Jessica prononça quelques mots dans la langue de sa servante et celle-ci fit un pas en arrière comme si elle se préparait à fuir. Jessica connaissait le passé de sa servante grâce à son pouvoir de bene gesserit. Jessica savait que Shadout était venue dans un but de violence avec une arme dans son corsage. Elle menaça Shadout car si celle-ci tentait de la tuer cela amènerait encore plus de malheur pour son peuple. Mais Shadout lui expliqua que l'arme qu'elle portait était un présent au cas où Jessica s'était révélée être la femme de la légende. Et Jessica compris que l'arme aurait pu être également l'instrument de sa mort si elle n'avait pas été la femme de la légende. Elle attendit dans le calme apparent qui faisait des Bene Gesserit de terrifiants adversaires dans le combat. Alors Shadout et l'arme de son fourreau. Jessica reconnut le fabuleux krys d'Arrakis que nul n'avait jamais vu en dehors de ce monde et que l'on ne connaissait guère que par de vagues rumeurs. Jessica comprit ce que désirait sa servante. Elle voulait savoir si Jessica connaissait l'origine de cette arme. Le couteau était dénommé Shadout en langage chakobsa ce qui signifiait faiseur de mort. Le mot-clé était donc Faiseur. Quand elle le prononça, la servante s'est mise à trembler. La prophétie venait d'être révélée et c'était un choc pour Mapes. Jessica comprit qu'une Bene Gesserit de la Missionaria Protectiva était venu il y a bien des siècles pour diffuser les légendes protectrices qui étaient fermement implantées chez les Fremen dans l'attente du jour ou une autre Bene Gesserit en aurait besoin. Et ce jour était venu.

Mapes offrit le couteau à Jessica en lui conseillant de le garder sur elle car si la lame venait à être éloignée de la chair pendant plus d'une semaine, elle commencerait à se désintégrer. C'était une dent de shai-hulud.

Jessica lui répondit qu'elle avait remis cette lame dans son étui sans qu'elle soit marquée par le sang alors Mapes ressortit le couteau, le posa dans la main de Jessica et déchira son corsage en implorant Jessica de prendre l'eau de sa vie. Jessica traça une infime égratignure dans le sein gauche de Mapes. Elle remarqua que le sang coagulait rapidement. Ce devait être une mutation pour la préservation de l'humidité. Jessica remit le couteau dans son étui et ordonna à Mapes deux soeurs boutonnées. Mapes était convaincue que Jessica était la femme de la prophétie. Elle glissa larme dans le corsage de Jessica en lui disant que celui qui voyait cette lame devait être purifié ou tué. Mapes lui dit qu'elle possédait le krys désormais.

Jessica savait que la Missionaria Protectiva avait insufflé dans l'esprit des Fremen la venue d'une révérende mère. Jessica se dit qu'elle n'en était pas une et que ce monde devait être atroce pour qu'une telle prophétie ait pu être implantée ici. Jessica ordonna à Mapes d'accrocher le portrait du vieux duc dans la salle à manger et la tête de taureau sur la paroi opposée.

Jessica comprit à quel point l'eau était importante sur Arrakis car Mapes appelait le sang l'eau du corps.

Dans son corsage, Jessica ressentait le contact froid de l’arme et elle songea à la longue chaîne d'intrigues bene gesserit qui avait conduit à forger ce nouveau maillon, sur ce monde. Jessica sentait quelque chose de menaçant dans cette demeure. Soudain, l'eu envie de voir son fils. Alors elle partit. Pendant ce temps, Mapes se dit que Jessica était bien la femme de la prophétie et elle pensa : « la pauvre ».

Dans Histoire de Muad’Dib, il est écrit qu'un million de morts, ce n'était pas assez pour Yueh.

Jessica alla voir le docteur Yueh. Elle lui demanda où se trouvait Paul. Il répondit que son fils était fatigué et qu'il l'avait envoyé se reposer dans la chambre voisine. Intentionnellement, il l'avait appelée par son prénom pour que Jessica croit que toute attitude étrange de sa part pouvait s'expliquer par son embarras. Il prétendit être inquiet à son sujet. Il avait compris que Jessica ne possédait pas tout le Dire de Vérité au contraire de sa Wanna. Pourtant, chaque fois que cela lui était possible, il disait la vérité à Jessica car c'était plus sûr. Le docteur était à la fenêtre et regardait les gens au-dehors. Jessica se demandait pourquoi ce spectacle absorbait à ce point le docteur. Les gens regardaient les palmiers et Jessica décelait de l'envie sur leurs visages et même de la haine. Le docteur expliqua à Jessica que ces arbres étaient des dattiers.

Chacun de ces arbres demandait une quarantaine de litres d'eau chaque jour. Ainsi, chacun de ces palmiers équivalait à cinq hommes.

Jessica expliqua au docteur que l'épice pourrait les rendre riches et ils pourraient ainsi façonner ce monde selon leur désir. Le docteur s'inquiétait pour Jessica mais il devait affronter le baron Harkonnen lorsque son forfait serait accompli. Jessica alla voir son fils qui dormait. Elle sentait que l'homme mûr transparaissait sous l'enfant.

Le docteur se demandait pourquoi Wanna n'avait pas voulu d'enfants et pour la première fois il pensa qu'il pouvait faire partie d'un plan plus vaste et plus complexe que son esprit ne pouvait le concevoir. Jessica demanda au docteur pourquoi Arrakis manquait d'eau il répondit que c'était le mystère de la planète. Pourtant, Jessica savait que la roche était volcanique et il était impossible de forer  dans le désert à cause des tempêtes et des vers. Jessica croyait que quelque chose absorbait l'eau. Elle pensait que les Harkonnen cachaient quelque chose. Jessica sentit que le docteur avait de la haine pour les Harkonnen encore plus que son mari.

Alors le docteur avoua que sa femme avait été enlevée par les Harkonnen. Alors elle ressentit une affection profonde pour cet homme. Elle regretta de l'avoir emmené dans des lieux aussi dangereux. Mais il était venu de son plein gré tout en sachant qu'Arrakis était un piège des Harkonnen.

Jessica se disait qu'elle devait avoir plus confiance en lui car c'était un brillant tacticien. Les combats sur Arrakis n'avaient cessé que lorsque les gens avaient vu que le duc Leto faisait installer de nouveaux condenseurs et des pièges à vent pour absorber l'eau. Jessica était troublée par l'omniprésence des écrans et des gardes sur la planète. Alors le docteur lui demanda de laisser une chance à Arrakis. Mais elle sentait la mort en ces lieux. Il y avait eu des prélèvements importants et inexpliqués dans le trésor. Cela signifiait qu'il y avait de la corruption aux échelons élevés. Elle prédit que bientôt le sang serait répandu. Les Harkonnen n'auraient pas de repos jusqu'à ce que son mari soit trouvé mort. Le baron savait qu'un Atréides avait fait bannir un Harkonnen pour couardise après la bataille de Corrin.

Le docteur demanda à Jessica si elle se souvenait du goût de l'épice, la première fois. Elle répondit que c'était comme de la cannelle. Jessica pensait qu'il aurait été plus sage pour eux de devenir des renégats et de fuir loin de l'empire. Le docteur lui demanda pourquoi elle n'avait pas épousé le duc. Elle répondit que tant que le duc restait célibataire, certaines grandes Maisons pouvaient encore espérer une alliance. Jamais encore le docteur n'avait été aussi près de parler et de révéler son rôle clandestin.

Jessica pensait qu'il y avait deux hommes dans le duc. Il en avait un qu'elle aimait et l'autre qu'elle trouvait froid, dur, égoïste, exigeant et cruel. Cette partie du duc avait été façonnée par son père. Jessica s'en alla. Le docteur aurait voulu qu'il existe un moyen de ne pas accomplir sa tâche. Jessica avait senti que pendant toute leur conversation le docteur n'avait cessé de cacher quelque chose.

Dans l'Humanité de Muad’Dib, il est écrit que Muad’Dib avait appris rapidement les nécessités d'Arrakis parce que la première leçon de son enseignement était la certitude qu'il pouvait apprendre. Muad’Dib savait que chaque expérience porte en elle sa leçon.

Dans son lit, Paul faisait semblant de dormir. Il avait écouté sa mère et le docteur qui parlait dans la pièce voisine. Il entendit sa mère s'en aller. Il savait que le docteur ne quitterait pas la pièce. Paul quitta son lit. Il y eut un bruit derrière lui et il s'arrêta. De la tête du lit surgi un tueur-chercheur. C'était un instrument de mort que tout enfant de sang royal apprenait à connaître dès son plus jeune âge. Une dangereuse aiguille métal guidée à distance qui se fichait dans la chair vivante et remontait ensuite le réseau nerveux jusqu'au plus proche organe vital. Paul comprit qu'il ne lui restait que son habileté pour affronter cette menace. Le tueur-chercheur continuait d’osciller dans la trame d'ombre et de clarté des stores. Paul se demanda qui dirigeait le tueur-chercheur. Il ne pouvait pas appeler le docteur car sinon celui-ci serait tué dès qu'il aurait ouvert la porte. La porte du hall fit entendre un craquement. Paul en profita pour saisir le mortel engin. Il frappa le métal de la porte avec la pointe du tueur. Il leva les yeux et rencontra le regard bleu, impavide, de la Shadout Mapes. Elle avait été envoyée par le duc. Quant elle dit ce que Paul tenait dans sa main, elle dit que l'engin aurait pu la tuer et Paul lui apprit que c'était lui la cible. Néanmoins, Paul avait sauvé la vie de la servante. Il lui demanda son nom. Les hommes d'Hawat l'attendaient dans le hall. Mais Paul voulait savoir qui était l'opérateur du tueur-chercheur. Il demanda à la servante de rejoindre les hommes d'Hawat et de leur expliquer la situation. Mapes savait qu'un traître existait parmi les Atréides et qu'il était à l'origine du tueur-chercheur. Paul prit sa ceinture-bouclier et descendit vers le hall.

Dans Muad’Dib, commentaires de famille par la princesse Irulan, il est écrit que dame Jessica avait dû subir un procès. Un commentaire bene gesserit illustrait cet événement : « chaque route que l'on suit exactement jusqu'au bout ne conduit exactement à rien. Escaladez la montagne pour voir si c'est bien une montagne. Quand vous serez au sommet de la montagne, vous ne pourrez plus voir la montagne ».

Des hommes étaient arrivés dans le grand hall. Ils disaient avoir été envoyés par le duc pour escorter Paul. Jessica dit à Mapes que Paul dormait et qu'elle devrait le réveiller. Jessica inspecta une petite pièce avec une porte ovale. Sur le sol, il y avait une cale qui portait la marque personnelle d'Hawat. La pièce était un sas. Sur le volant d'ouverture du sas, Jessica lut une inscription en galach : « Ô homme ! Voici une adorable part de la Création de Dieu. Alors, regarde et apprend à aimer la perfection de ton suprême ami. »

Jessica ouvrit la porte. C'était une serre humide. Il y avait des plantes et des arbustes. C'étaient des plantes exotiques. Il y avait de l'eau dans toutes ces pièces. Jessica découvrit un bloc-notes avec un mot qui avait été laissé. Le mot se terminait par la phrase que toute Bene Geserit devait transmettre à une autre Bene Gesserit : « Là réside le danger ». Le mot avait été écrit par Margot Dame Fering. Jessica pensait que Hawat avait dû sonder la pièce et avait déplacé le bloc-notes pour l'examiner. Sur le bord de la feuille, Jessica découvrit un message caché. Il était écrit que Paul et le duc couraient un danger immédiat. Une chambre avait été aménagée pour attirer Paul. Les Harkonnen avaient pourvu cette pièce de pièges mortels destinés à être découverts afin qu'un seul échappe aux recherches. La menace avait trait à un lit. Le duc était menacé par la trahison d'un compagnon qui avait sa confiance. Les Harkonnen avaient fait le projet d'offrir aux Atréides un de leur mignons. Jessica voulut courir voir son fils mais dans le même instant Paul entra dans la pièce. Il lui montra le tueur-chercheur qu'il avait attrapé. Jessica lui conseilla d'immerger le mortel engin. Il obéit.

Paul observa la pièce avec une acuité de Bene Gesserit. Jessica lui assura que la pièce était sûre. Elle ne pensait pas que c'était Hawat qui avait dirigé le tueur-chercheur. Les hommes d'Hawat inspectaient la demeure. Elle lui montra le bloc et lui rapporta le message. Paul était convaincu que cela venait des Harkonnen. On frappa à la porte du sas selon le code des hommes d'Hawat. L'homme qui dirigeait le tueur-chercheur avait été retrouvé. Jessica voulut assister à son interrogatoire. Mais l'homme avait été tué. Paul demanda si c'était un natif d'Arrakeen. L'homme de Hawat pensait qu'il en avait l'aspect. Il devait attendre l'arrivée des Atréides depuis plus d'un mois en restant caché dans la cave. Paul demanda à l'homme de prévenir son père qu'il serait en retard. Jessica rassura son fils en disant qu'elle avait inspecté toute la demeure à l'exception de l'aile dans laquelle il se trouvait parce que Hawat s'en était personnellement occupé. Paul trouvait que Hawat se faisait vieux et avait trop de travail. Et Jessica était persuadée que quand Hawat apprendrait ce qui venait d'arriver il serait encore plus vigilant. Hawat avait servi trois générations d'Atréide avec bonheur. Jessica pensait qu'il méritait tout leur respect. Paul rapporta la conversation qu'il avait eue avec Mapes. Jessica songea aux messages sur la feuille. Elle traduisit le message à Paul. Paul voulait avertir son père immédiatement mais Jessica lui conseilla d'attendre jusqu'à ce qu'ils soient tous les trois seuls. Jessica voulait être sûre que le message n'avait pas été transmis pour jeter la méfiance et le soupçon dans les rangs Atréides. Elle demanda à son fils de voir le duc en privé pour le mettre en garde contre cette hypothèse. Paul se demanda si le traître n'était pas Yueh. En regardant le ciel, Jessica aperçut une étoile. C'était un signal. Elle essaya aussitôt de le déchiffrer mais il était émis dans un code qui lui était inconnu. Un pressentiment envahi Jessica. Elle se demandait pourquoi quelqu'un employait des signaux lumineux alors qu'il existait un réseau de communication. Toute communication pouvait être interceptée par les agents du duc. Ces signaux lumineux ne pouvaient avoir été émis que par des ennemis, des agents Harkonnen. L'homme de Hawat revint pour annoncer qu'il était temps de conduire Paul auprès de son père.

Dans Muad’Dib, commentaires de famille, il est écrit que le duc Leto avait peut-être choisi de se sacrifier délibérément pour assurer une existence meilleure à son fils car il n'était pas homme à se laisser abuser si facilement par les périls d'Arrakis.

Le duc était appuyé à un parapet dans la tour de contrôle du terrain de débarquement. Il était furieux car il avait appris que quelqu'un avait tenté de tuer son fils.

Une note avait été diffusée à l'ensemble de la population pour annoncer que l'empereur avait chargé le duc de prendre possession d'Arrakis. Le duc savait que personne ne se laisserait abuser par cette pompeuse déclaration. Le duc songea que son rêve le plus cher était de mettre fin à toute distinction de classe et d'en finir avec cet ordre maudit. Il pensait qu'il ne verrait jamais Caladan, sa planète d'origine. Il ne revenait pas à considérer Arrakis comme sa demeure. Mais il devait cacher ses sentiments à Paul car il voulait que son fils considère cette planète comme la sienne. Le duc pensait que les Fremen pourraient assurer l'avenir de la lignée des Atréides. Une navette arrivait. Le duc se rendit à la salle de rassemblement. Gurney Halleck vint à sa rencontre. Le duc l'emmena dans une alcôve pour discuter tranquillement avec lui. Il lui demanda combien d'hommes il pouvait fournir à Hawat. Gurney répondit 300. Le duc voulait convaincre les chasseurs d'épice de l'ancien régime de s'engager à son service. Ces hommes possédaient le métier et l'expérience dont le duc avait besoin. Il pensait que si ces hommes avaient choisi de partir c'est qu'ils n'étaient pas liés aux machinations des Harkonnen. Gurney devrait leur proposer 20 % de plus que ce qu'ils gagnaient au temps des Harkonnen. Mais Gurney estimait que ce ne serait pas assez alors le duc lui laissa toute liberté. Puis le duc livra un message à l'homme de la propagande pour qu'il soit transmis immédiatement.

Dans le manuel de Muad’ Dib, il est écrit que Muad’ Dib découvrit une inscription à proximité de l'entrée du terrain d'Arrakeen dès sa première nuit sur la planète Arrakis. C'était une supplique adressée à ceux qui quittaient Arrakis : «Ô toi qui sais ce que nous endurons ici, ne nous oublie pas dans tes prières ».

Le duc était avec Paul dans la salle de conférences du terrain de débarquement. Paul venait de rapporter à son père l'agression du tueur-chercheur. Il lui avait dit aussi qu'un traître les menaçait. Le duc était furieux après Hawat mais Paul défendit son maître. Paul savait que son maître se punirait lui-même. La porte à laquelle le duc faisait face fut ouverte avec violence. Hawat surgit. Il semblait plus usé que jamais. Il se mit aux gardes-à-vous devant le duc.

Il voulut présenter sa démission mais le duc la refusa. Le duc ordonna à Hawat de faire venir ses hommes. Tous prirent place autour de la table. Hawat fit un rapport qui concluait à la nécessité de considérer les Fremen comme des alliés. Les Fremen avaient envoyé un cadeau aux Atréides : des distilles ainsi que des cartes de certaines régions du désert proches des points d'appui Harkonnen. Paul demanda à Hawat s'il connaissait le nombre des Fremen. Hawat pensait qu'ils étaient plusieurs dizaines de milliers. Les Fremen semblaient obéir à un certain Liet qui pouvait être une divinité locale.

Le duc s'inquiétait de l'activité des contrebandiers qui avait redoublé. Des frégates échappaient complètement à leur contrôle. Il ordonna à Gurney de prendre la tête d'une délégation pour entrer en contact avec les commerçants. Les commerçants devraient verser la dîme ducale s'ils ne voulaient pas que l'on se préoccupe de leurs activités. Les commerçants avaient employé des mercenaires et des spadassins pour leurs opérations et cela leur avait coûté quatre fois plus que de payer la dîme. Pour rassurer l'empereur, le duc verseur l'intégralité de la dîme au profit de l'empire. Hawat avait réussi à se procurer les livres de comptes des commerçants. Il avait pu constater que les Harkonnen réalisaient un bénéfice de 10 milliards de solaris. Le duc fit remarquer à ses hommes que les Harkonnen n'avaient pas sagement vidé les lieux simplement parce que l'empereur le leur avait ordonné. Le duc voulut savoir combien de chenilles de sable, de moissonneuses et de matériel d'appoint les Harkonnen avaient laissé. Hawat répondit qu'ils avaient laissé la totalité de l'équipement.

Mais tout le matériel qui avait été laissé était prêt à s'effondrer. Hawat précisa qu'environ 930 usines-moissonneuses pourraient sortir d'ici quelques jours. 6250 ornithoptères de surveillance, d'exploration et d'observation pourraenit également servir. Le duc affirma que la plupart des Maisons s'étaient enrichies en prenant un minimum de risques. On ne pouvait que les mépriser. Hawat projeta une image en trois dimensions montrant une usine-moissonneuse. Paul demanda à Thufir s'il existait des vers de sable assez énormes pour avaler cette machine. Hawat le lui confirma. Paul voulut savoir pourquoi on n'utilisait pas les boucliers. Hawat répondit que cela serait dangereux dans le désert. Cela pourrait attirer les vers de sable. Pourtant les Harkonnen avaient largement employé les boucliers. Paul demanda si les Fremen ne pouvaient pas détenir un moyen d'annuler les boucliers. Hawat répondit qu'en théorie c'était possible. Le duc ordonna à Hawat d'accorder la priorité absolue à la solution de ce problème.

Hawat projeta l'image d'un portant qui servait à déposer les usines dans les sables riches en épice et de les reprendre lorsqu'apparaissait un ver des sables. Ensuite Hawat projeta l'image d'un ornithoptère. Il expliqua que la plupart de ces appareils ne disposaient pas de boucliers pour pouvoir augmenter le rayon d'action. Cela ne plaisait pas au duc. Il se demanda si ce n'était pas le secret des Harkonnen : ne pas leur laisser la possibilité de fuir à bord des frégates à boucliers si tout venait à se retourner contre eux. Hawat expliqua que sous les Harkonnen les salaires et les frais d'entretien ne dépassaient pas 14 %,. Avec de la chance, les Atréides pourraient les limiter à 30 % durant les premiers temps. Mais la marge de bénéfice devrait se trouver réduite à 6 ou 7 % jusqu'à ce que le matériel hors d'état ait été remplacé. Hawat annonça qu'ils devraient se contenter de bénéfices moindres et de récoltes mineures.

La production des deux premières saisons ne devrait pas atteindre le tiers de la moyenne Harkonnen. Le duc annonça qu'il souhaitait disposer de cinq bataillons complets de troupes Fremen avant la première réunion avec le CHOM.

Le duc de disposer guère de temps car il savait qu'a première occasion, les Harkonnen débarqueraient accompagnés par des Sardaukars portant la livrée des Harkonnen. Paul songea que tant de choses dépendaient d'Hawat. Le duc demanda à Hawat dans quelles conditions se présentait le dispositif Harkonnen. Hawat répondit qu'il ne subsistait pas plus de trois cellules Harkonnen, en toute une centaine de personnes.

Les hommes qui avaient été éliminés faisaient tous partie de la classe des entrepreneurs. Le duc demanda à Hawat de faire fabriquer des certificats d'allégeance comportant chacun la signature des hommes qui avaient été éliminés pour les remettre à l'Arbitre du Changement. Ainsi ils pourraient prouver que ces hommes se trouvaient sur Arrakis sous une fausse allégeance.

Paul pensait que ce stratagème était une faute. Le duc demanda à Gurney combien de Fremen il avait réussi à persuader de rester. Gurney avait réussi à en convaincre 286. Duncan surgit entre les gardes et parcourut toute la longueur de la table pour se pencher auprès du duc. Il annonça quelque chose que le duc lui demanda de répéter à tout le monde. Duncan avait surpris un parti de mercenaires Harkonnen déguisés en Fremen. C'étaient les Fremen eux-mêmes qui avaient dépêché un courrier pour les avertir. Le courrier avait été blessé par les Harkonnen puis il était mort de ses blessures. Duncan avait trouvé un krys sur lui et voulut le montrer à l'assemblée mais quelqu'un lui ordonna de laisser le couteau dans son fourreau. C'était Stilgar, le chef du sietch que Duncan avait visité. Le duc demanda à Stilgar pourquoi le krys ne devait pas être sorti de son fourreau. Il répondit que c'était une question de confiance. Le couteau ne pouvait être souillé car c'était une lame honorable. Le duc demanda à voir la lame et Stilgar accepta. Paul comprit que c'était un chef Fremen. Stilgar expliqua qu'une certaine responsabilité incombait à celui qui pouvait voir un krys. Le duc répondit qu'il respectait la dignité de tout homme qui respectait la sienne. Il reconnaissait la dette qu'il avait envers les Fremen. Alors il ordonnerait lui-même que ce couteau resterait dans son fourreau. Stilgar cracha sur la table. Les hommes du duc furent choqués mais c'était une tradition et Duncan cracha lui aussi sur la table devant le duc. Cela signifiait qu'un Fremen faisait le présent de l'humidité de son corps. Stilgar demanda à Duncan de se mettre à son service. Duncan en demanda l'autorisation au duc. Le duc lui laissa prendre sa propre décision. Alors Duncan accepta la double allégeance. Stilgar lui offrit le krys comme signe de son allégeance envers les Fremen. Il y avait eu un précédent à cela : Liet avait servi deux maîtres.

Le duc pensa que si les autres Fremen ressemblaient à Stilgar leur accord serait bénéfique.

Duncan comprit qu'il venait de devenir ambassadeur auprès des Fremen. Duncan apprit au duc que l'un des mercenaires qu'il avait abattu avait essayé de prendre le krys au Fremen qui avait été tué. Les Harkonnen offraient 1 million de solaris au premier homme qui leur rapporterait un krys. Le couteau était fait dans une dent de faire des sables et avec ce couteau un homme aux yeux bleus pouvait pénétrer dans n'importe quel sietch.

Hawat annonça au duc que les Fremen avaient connaissance de 200 bases avancées qui avaient été construites sur Arrakis durant la période où la planète constituait une station expérimentale de botanique du désert. Le duc voulait ces bases car elles étaient pleines de matériaux. Le duc pensait que l'arbitre du changement, l'écologiste impériale, Kynes devait savoir où se trouvaient ces bases. Mais Hawat affirma que ces bases avaient une signification profonde pour les Fremen. S'en emparer pouvait signifier s'aliéner les Fremen. Alors le duc lui demanda d'agir en douceur simplement pour savoir si ces bases existaient. Le duc ordonna à Gurney de s'occuper d'abord de la question des contrebandiers. Puis il ordonna à Hawat d'établir un poste de commandement pour les communications et les renseignements à cet étage. L'assemblée se termina dans la confusion et pour la première fois Paul se permit de songer à la possibilité d'une défaite. Il se sentit que son père était désespéré. Le duc ordonna à son fils de rester ici. Paul repensa à l'avertissement de la révérende mère au sujet de son père.

Dans le manuel de Muad’Dib, il est écrit que le premier jour où il parcourut les rues d'Arrakeen avec sa famille, il se trouva certaines gens au long du chemin pour se souvenir des légendes et des prophéties et se risquer à crier « Madhi ! ». Ils espéraient qu'il était bien celui annoncé comme le Lisan al-Gaib. L'attention de ces gens était également fixée sur la mère car ils avaient entendu dire qu'elle était Bene Gesserit.

Le duc fut conduit jusqu'à la chambre d'Hawat. Le duc lui dit qu'il songeait au stock d'épice de l'empereur et des Harkonnen. L'empereur lui-même se réjouirait secrètement de voir les Harkonnen dans l'embarras. Alors il ordonna à Hawat de prendre quelques hommes pour un arrêt de sur Giedi Prime pour faire diversion. Puis le duc évoqua le sujet du traître. Il lui répéta ce que lui avait dit Paul. Le duc avait deviné qu'Hawat lui cachait quelque chose. Alors Hawat lui parla d'un fragment de note qui avait été pris un courrier Harkonnen. Cette note avait été adressée à un agent du nom de Pardee. Hawat pensait que cet homme était à la tête du dispositif Harkonnen. Le fragment indiquait : « et on ne soupçonnera jamais et quand le coup lui sera porté par une main aimée, son origine même suffira à le détruire ». Le duc avait deviné qu'Hawat soupçonnait Jessica d'être la traîtresse. Mais le duc ne pouvait pas y croire car elle était avec lui depuis 16 ans. Elle avait eu d'innombrables occasions pour le trahir. Hawat avait lui-même enquêté à l'Ecole. Mais Hawat reconnut que certaines choses pouvaient lui échapper. Le duc refusait d'y croire car une femme ne pouvait conspirer contre son propre fils. Hawat répondit que Jessica était censée tout ignorer de son ascendance mais si jamais elle connaissait peut-être qu'elle avait appris être orpheline à cause des Atréides. Mais le duc répondit qu'à ce moment-là Jessica aurait glissé du poison dans son verre. Il demanda à Hawat ce qu'il suggérait. Hawat répondit qu'il fallait surveiller constamment Jessica. Il songeait que Duncan serait l'homme idéal. Mais le duc ne voulait pas courir le risque de rompre leur unique lien avec les Fremen. Hawat demanda au duc de lire une analyse approximative de la religion Fremen. Hawat expliqua qu'une légende Fremen annonçait l'arrivée d'un chef, l'enfant d'une Bene Gesserit qui les conduirait à la vraie liberté. C'était le thème habituel du Messie. Les Fremen avaient appelé Paul « Madhi » qui signifiait Messie.

Le duc retourna à la salle de conférences où Paul s'était endormi sur la table. Le duc s'installa sur le balcon pour contempler le paysage et pensa que cette planète pourrait devenir un bon foyer pour son fils. Mais en regardant les gens qui se baladaient dans les champs de fleurs pour ramasser la rosée, il se dit aussi que ce monde pouvait être  hideux.

Dans Les Dits de Muad’ Dib, il est écrit qu'il n'est probablement pas de révélation plus terrible que l'instant où vous découvrez que votre père est un homme fait de chair.

Paul découvrit les références Fremen à lui-même. Il se rappela ce que la révérende mère avait dit sur le Kwisath Haderach. Le duc dit à son fils que les Harkonnen pensait l'abuser en lui faisant perdre la confiance à l'égard de Jessica. Le duc rapporta à son fils le contenu du mystérieux fragment de messages. Paul lui répondit qu'il pourrait tout aussi bien se méfier de lui. Le duc espérait démasquer le traître. Mais il fallait laisser croire qu'il avait été totalement dupé. Il fallait donc que Jessica soit ainsi blessée afin de ne pas l'être plus douloureusement. Il demanda à son fils de garder le secret. Il pourrait tout révéler à Jessica si quelque chose venait à lui arriver pour que Jessica n'ait jamais douté de lui un instant. Le duc pensait que sa maison avait dégénéré et il regrettait de n'avoir pas épousé Jessica pour qu'elle soit devenue duchesse.

Le duc aurait voulu être moins exposé et même que sa Maison soit devenue renégate. Paul conseilla à son père de se reposer.

Le duc expliqua à son fils qu'il avait découvert une vertu de l'épice. L'épice créait une immunité naturelle à certains des poisons les plus communs du Guide des Assassins.

Jamais Paul n'avait vu son père aussi abattu. Le duc pensait que le pouvoir et la peur étaient les outils du gouvernement. Le duc conseilla à son fils de s'appuyer sur la prophétie des Fremen le concernant en dernier recours. Paul ne pourrait oublier les paroles de doute et de crainte de son père.

Dans Dans la maison de mon père, par la princesse Irulan, il est écrit que l'empereur avait souhaité en secret que le duc Leto fût son fils et il haïssait les nécessités politiques qui faisaient d'eux des ennemis.

Le docteur Kynes fut bouleversé par sa première rencontre avec ceux qu'on lui avait ordonné de trahir. Il trouva que le garçon correspondait exactement à l'ancienne prophétie. C'était près du bâtiment administratif du terrain de débarquement. Le docteur savait que Paul avait 15 ans mais il lui semblait un peu petit pour cet âge. Pourtant son jeune donnait une impression d'assurance et de commandement. La prophétie disait que le Madhi aurait connaissance de choses que d'autres ne sauraient voir et il fut impressionné de constater que Paul avait été capable de porter l'habit des Fremen comme si c'était l'effet d'une longue habitude. Paul était avec son père et avec Gurney. Le docteur se demanda si le duc ordonnerait qu'il soit questionné pendant une moitié de la nuit par le Mentat. Le duc présenta Kynes à son fils. Il dit à Paul que Kynes et l'Arbitre du Changement. Paul lui demanda s'il était un Fremen. Kynes répondit qu'il était admis au sietch. Mais il était au service de l'empereur comme planétologiste. Paul perçut la puissance de Kynes. C'était comme si l'homme était de sang royal.

Le duc remercia Kynes d'avoir offert ces vêtements Fremen.

Pour remercier Kynes, Paul cita la Bible catholique Orange : « tout cadeau et la bénédiction de celui qui donne ». Les Fremen que Kynes avait laissé dans l'ombre du bâtiment s'éveillèrent et l'un d'eux cria clairement : « Lisan al-Gaib ! ». Kynes demanda au duc et à Paul de ne pas prêter attention à ces superstitions. Mais au même moment, Kynes se rappela de la légende qui disait : « ils t'accueilleront avec les mots saints et tes cadeaux seront une bénédiction ». Kynes vérifia les tenues du duc et de Paul. Le duc accepta alors qu'il savait peu de choses à propos de Kynes. Kynes leur expliqua le fonctionnement du vêtement Fremen. Il y avait un système d'échange de chaleur. La couche au contact de la peau était poreux, perméable à la transpiration qui rafraîchissait le corps tandis que = les deux autres couches comprenaient des filaments d'échange calorique et des précipitateurs de sel. Le sel était ainsi récupéré. Kynes il ajusta la tenue du duc. L'eau recyclée circulait et aboutissait dans des poches de récupération pour être aspirée grâce à un tube fixé près du cou. L'urine et les matières fécales étaient traitées dans le revêtement des cuisses. Dans le désert, il fallait porter le filtre sur le visage avec le tube dans les narines et respirer par la bouche. Avec une tenue Fremen, on ne pouvait pas perdre plus d'un dé à coudre d'humidité par jour. Quand il voulut ajuster le vêtement de Paul, il lui demanda s'il avait déjà porté un distille et Paul lui répondit que c'était la première fois. Il lui demanda si quelqu'un avait ajusté ce vêtement pour lui et Paul répondit non. Il lui avait semblé avoir trouvé de lui-même la meilleure façon de porter les bottes de désert. Alors Kynes se rappela de nouveau de la légende : « il connaîtra nos usages comme s'il était né avec eux ».

Ils firent route au sud-est escortés par d'autres ornithoptères.

Le duc dit à Kynes que la conception des distilles révélait un haut degré de sophistication. Ce qui frappait Kynes chez ces gens, c'était un étrange mélange de douceur et de puissance armée. Ils étaient totalement différents des Harkonnen.

Le duc demanda à Kynes s'il dirait dans son rapport sur le changement à l'empereur que le duc et son fils avaient observé les règles. Kynes répondit en tant qu'Arbitre du Changement, il dépendait directement de l'Impérium. Puis le duc lui demanda s'il faisait des recherches sur l'épice. Kynes répondit que c'était une curieuse question. Le duc précisa qu'il voulait partager ses découvertes. Le duc se doutait que les Harkonnen n'encourageaient pas les recherches sur l'épice. Kynes ne répondit pas et pensa que le duc, cet envahisseur tout gorgé d'eau, le croyait assez stupide pour le mettre à son service. Kynes avait lu la propagande que le duc avait déversée dans les villages mais il n'était pas dupe. Le duc voulut visiter les bases Fremen. Kynes répondit qu'elles étaient la propriété de l'empereur. Il dit qu'Arrakis pouvait être un Eden si ceux qui régissaient cette planète se préoccupaient d'autre chose que de l'épice.

Paul avait utilisé ses questions et son hyperperception pour se livrer à ce que sa mère appelait un « enregistrement » de la personne. Il avait enregistré Kynes maintenant. Gurney se mit à chanter. Kynes demanda au duc pourquoi il voyageait avec si peu de gardes et si ces gardes étaient doués de si nombreux talents. Le duc répondit que Gurney était un cas particulier et qu'il l'appréciait pas que rien n’échappait à ses yeux. Kynes se rembrunit. Le duc demanda à Kynes si quelqu'un avait jamais réussi à échapper au désert et Kynes répondit que des hommes avaient réussi à s'échapper de la zone secondaire du désert mais jamais du désert profond. Puis le duc demanda s'il existait une relation entre le ver et l'épice. Kynes répondit que les vers défendaient les sables à épice. Le duc voulut savoir si les boucliers pourraient servir à se protéger contre les vers mais Kynes répondit qu'aucun homme muni d'un bouclier n'avait jamais survécu à ce genre d'attaque.

On pouvait tuer un ver avec un choc électrique à haut voltage appliqué à chaque anneau séparément. Paul se sentit que Kynes mentait ou ne disait que des demis-vérités. Il pensa que s'il existait un rapport entre l'épice et les vers, les vers pouvaient signifier la destruction de l'épice. Le duc demanda conseil à Kynes s'agissant de la protection contre les vers et Kynes répondit qu'il ne fallait jamais voyager seul. Pour éviter les vers, il fallait marcher doucement et éviter les sables-tambours. Le moindre pas faisait résonner les sables et cela attirait tous les vers alentour. Tout à coup, ils se retrouvèrent devant un nuage de poussière. Cela signifiait qu'un ver approchait. Paul demanda quelle était l'étendue du territoire de chaque ver. Kynes répondit que cela dépendait de la taille du ver. Les plus grands pouvaient parfois contrôler un territoire de trois ou 400 km².

Kynes leur annonça l'arrivée d'un ver il prit le micro pour prévenir l'équipe technique qui se trouvait au sol. Il restait 25 minutes à l'équipe pour s'enfuir. L'équipe technique voulut savoir qui était son interlocuteur Michail répondit qu'il ne voulait pas être identifié. Alors le représentant de l'équipe technique demanda qui aurait droit à la prime le duc expliqua à Halleck que celui qui donnait le premier l'alerte avait droit à une prime proportionnelle à la récolte d'épice. Alors le duc donna l'ordre à Kynes de prévenir l'équipe technique que ce serait le duc Leto qui obtiendrait la prime. Après quoi Halleck ordonna à Kynes de prévenir l'équipe technique que le duc leur offrirait la prime. L'équipe technique remercia.

Ainsi, les hommes sauraient que le duc se préoccupait pour leur sécurité. Le portant qui était chargé de récupérer l'équipe technique était absent. Alors le duc annonça à l'équipe technique qu'il allait la prendre en charge. Mais l'équipe ne voulait pas abandonner sa récolte. Le duc fut obligé d'expliquer que ses appareils ne pouvaient pas emporter plus de 23 hommes au total. Il ordonna l'évacuation. Le duc posa son appareil et en ouvrant la porte il sentit immédiatement l'odeur de la cannelle, lourde et pénétrante. L'escorte du duc se rangea en ligne derrière lui. Paul contempla l'énorme chenille-usine. Le duc fut obligé d'ordonner encore à l'équipe d'obéir. Les hommes commencèrent à sortir. Tout à coup, ils entendirent le ver arriver. C'était comme un crissement qui se faisait de plus en plus fort. L'équipe technique monta à bord de l'appareil du duc. Paul observa les hommes et remarqua que deux d'entre eux avaient des distilles mal ajustés au cou et il classa ce renseignement dans sa mémoire pour une future utilisation. Il faudrait que son père soit plus dur quant à la discipline du distille. Kynes reconnu que le duc avait du cran. Le duc lança son appareil dans une longue courbe ascendante. Kynes leur annonça que ce qu'ils allaient voir, peu d'hommes l'avaient vu. Tout autour de la chenille, des gerbes de poussières se mêlèrent au sable. Un large trou apparut dans le désert. L'usine disparut entièrement dans ce gouffre ouvert dans le sable. Puis le trou se résorba. Le duc promis à l'équipe technique que quelqu'un payerait pour l'épice perdue. Paul et le duc entendirent Kynes qui murmurait des prières. Un des hommes de l'équipe technique murmura : «Liet ». Kynes se retourna et fronça les sourcils. Le chef d'équipe remercia le duc de leur avoir sauvé la vie.

Le duc remarqua que deux hommes étaient restés au sol. Il avait l'intention de leur envoyer un appareil de la base mais Kynes lui expliqua qu'il était probable que lorsque l'appareil arriverait, il n'y aurait personne à sauver. Paul pensait que ces deux hommes savaient évidemment comment ne pas attirer de nouveau le ver hors des profondeurs. Ce devait être des Fremen. Alors il demanda à Kynes que faisaient ces Fremen dans cette chenille. Kynes demanda à Halleck qui était ce garçon qui venait de lui parler et Halleck répondit qu'il était l'héritier ducal. Kynes affirma qu'on ne pouvait identifier un Fremen d'un simple regard. Kynes demanda à l'un des hommes de l'équipe technique qui étaient ces deux hommes restés au sol. Le technicien répondit que c'étaient des amis de l'un d'entre eux. Des amis venus de village et qui voulaient voir les sables à épice. C'était donc bien des Fremen et Kynes se rappela des mots de la légende : « le Lisan al-Gaib saura percer tout subterfuge ».

Kynes fut troublé par le fait que le duc s'inquiétait plus pour les hommes que pour l'épice. Le duc avait sauvé l'équipage de la chenille et il avait risqué sa vie et celle de son fils. Il pensa qu'un tel chef pourrait s'assurer des loyautés fanatiques. Il serait dur à abattre.

 

Kynes admit, contre sa volonté et contre ses jugements passés qu'il aimait ce duc.

Dans les Dits de Muad’Dib, il est écrit que la grandeur et une expérience passagère. Elle dépend en partie de l'imagination humaine qui crée les mythes. La personne qui connaît la grandeur doit percevoir le mythe qui l'entoure et se montrer puissamment ironique pour se garder de toute prétention. Sans cette qualité, même une grandeur occasionnelle peut détruire un homme.

Le duc était dans la salle à manger et il songeait à la possibilité que quelqu'un l'empoisonne. La coutume voulait, leur avait expliqué la gouvernante, que les invités, au moment où ils entraient, plongent solennellement les mains dans un bassin puis répandent de l'eau sur le sol et sèchent leurs mains à un torchon avant de le jeter dans la flaque. Après le repas, les mendiants assemblés dehors pouvaient recueillir l'eau en essorant les torchons.

Le duc avait ordonné que cesse cette coutume. Il trouvait que c'était une dégradation spirituelle. Le duc aperçut une des servantes. Il lui ordonna de retirer les bassins et les torchons. Chaque mendiant pourrait prendre une tasse d'eau pendant le repas devant la porte de façade. Le duc allait poster un garde afin que ses ordres soient exécutés à la lettre. Dans le grand hall, Jessica se trouvait au centre d'un groupe rassemblé devant la cheminée. Jessica portait une longue robe et un ruban brun enserrait ses cheveux de bronze. Le duc comprit qu'elle voulait ainsi le réprimer subtilement pour la froideur de son attitude car elle savait très bien qu'il l'aimait ainsi vêtue. Duncan était présent car il avait quitté les Fremen sur l'ordre d'Hawat. Il avait reçu l'ordre de surveiller constamment Jessica. Paul se trouvait dans un coin, entouré d'un groupe de jeunes gens. Paul considérait les jeunes filles présentes avec la même et noble réserve.

Le duc pensa que son fils porterait bien le titre et réalisa avec un frisson glacé que c'était là une pensée de mort. Paul était écoeuré par tous ces visages bavards car ce n'étaient que des masques dérisoires appliqués sur des pensées infectes.

Paul avait refusé de participer à cette réception mais son père lui avait expliqué qu'il avait une position à tenir. Kynes arriva. Le convoyeur d'eau n'appréciait pas la décision du duc de cesser la coutume qui gâchait de l'eau. Le duc se rappela le mémorandum d'Hawat qui stipulait que ce convoyeur d'eau était un homme à surveiller car les Harkonnen l'avaient utilisé mais sans jamais vraiment le contrôler. Cet homme s'appelait Bewt. Il dit au duc qu'il était curieux de savoir s'il avait l'intention de faire admirer longtemps la serre au peuple. Le duc réprima sa colère car cet homme osait le défier dans le castel ducal. Le duc savait que cet homme pouvait faire sauter tous les points d'eau ce qui signifierait la fin d'Arrakis. Jessica détendait l'atmosphère en parlant des projets qu'elle avait avec le duc à propos de l'affaire. Leur rêve étant de voir un jour le climat de ce monde modifié pour permettre la culture des plantes de la serre n'importe où à l'extérieur. Le duc lui fut reconnaissant.

Le duc conseilla à Bewt d'orienter différemment ses intérêts car le jour viendrait où l'eau ne serait plus une denrée aussi précieuse pour Arrakis. Le duc pensait que tous les points d'eau devaient être immédiatement surveillés car il ne voulait pas être menacé de la sorte. Le duc remarqua que Kynes semblait transfiguré par Jessica. Kynes se rappelait les mots de la prophétie : « Et ils partageront votre rêve le plus précieux ». Kynes vint au secours du duc en déclarant que dans le désert, on disait que la possession de l'eau en grande quantité pouvait conduire un homme à une fatale négligence.  Bewt répondit que les hommes du désert avaient de nombreux dictons étranges mais sa voix trahissait son trouble. Kynes avait demandé à Jessica si elle amenait le court chemin. Dans la langue ancienne, cela se traduisait par Kwisath Haderach. Sa question était ainsi passée inaperçue. Jessica raviva l'espoir secret qu'elle nourrissait pour Paul. Il pourrait être le Kwisath Haderach.

Le duc voulait donner l'impression qu'il soupçonnait Jessica de trahison mais se demanda qui pouvait croire à un tel mensonge. Jessica pensait que le duc se comportait comme un homme luttant avec les mêmes. Hawat avait eu des pressentiments sur cette soirée. Un contrebandier avait été invité. Il s'appelait Tuek. Il avait été invité dans la plupart des demeures. Le duc savait que le contrebandier jetterait le trouble et la suspicion au cours de la soirée. C'était Hawat qui l'avait invité. Le duc demanda à Jessica pourquoi elle n'avait pas invité quelques Fremen. Jessica répondit que Kynes était présent. Jessica avait invité le contrebandier car il disposait de vaisseaux rapides et il fallait une issue, un moyen de s'échapper d'Arrakis si tout les abandonnait. Avant de s'asseoir, le duc annonça que certains remettaient en question le fait qu'il ait supprimé la coutume des bassins. Mais c'était sa façon de leur dire que les choses allaient changer. Il y eut un silence embarrassé autour de la table. Il porta un toast en disant : « les affaires font le progrès ! Partout, la fortune passe ! ».

Puis il demanda à Gurney de jouer de la musique.

Le duc resta debout et les invités attendirent donc. Leur attention se partageait entre les plats qui venaient d'être servis et le duc immobile qui ne s'asseyait pas. Alors il récita les paroles de la chanson de Gurney en guise de second toast en l'honneur de tous ceux qui avaient trouvé la mort en les conduisant ici. Il y eut des mouvements gênés. Les invités burent dans un silence embarrassé. Puis le duc reprit son flacon et cette fois il déversa sur le sol la moitié de ce qui restait d'eau. Il savait que les autres devraient l’imiter. Jessica fut la première. Paul guettait toutes les réactions autour de lui. C'était là une eau potable propre qui ne provenait pas d'un torchon essoré. Les rires nerveux et les mains qui tremblaient trahissaient l'obéissance à contrecoeur des invités. Mais c'était Kynes qui retenait le plus son attention. Il déversa le contenu du flacon dans un récipient dissimulé sous son gilet. Puis le duc ordonna que le repas commence. Jessica pensa que le duc était furieux à cause de la perte de la chenille. Il se comportait comme un homme désespéré. La conversation se porta sur la disparition du portant et la perte de la chenille. Kynes soupçonnait l'un des hommes de l'équipage du portant d'être à la solde des ennemis du duc. Jessica se souvint d'une leçon de l'école Bene Gesserit qui traitait de l'espionnage et du contre-espionnage. La révérende mère lui avait expliqué que les schémas de motivation tendaient à devenir identiques pour tous les espions. Jessica soupçonna alors le banquier d'être un agent des Harkonnen. Elle pensait que l'homme allait porter la conversation sur un sujet banal mais avec des implications menaçantes.

Cela pouvait signifier que la Guilde elle-même s'était rangée aux côtés des Harkonnen. Paul avait compris que sa mère suivait la conversation avec une intensité bene gesserit. Il décida de repousser l'adversaire et s'adressa au banquier qui venait d'évoquer les oiseaux d'Arrakis. Il lui demanda s'il pensait que ces oiseaux étaient cannibales.

Le banquier répondit qu'il disait simplement que ces oiseaux buvaient du sang. Paul répliqua que les gens instruits savaient pour la plupart que c'était dans sa propre espèce qu'un jeune organisme rencontrait le potentiel de compétition le plus élevé et délibérément il planta sa fourchette dans l'assiette de son voisin et ajouta qu'ils mangeaient aux mêmes plats et avaient les mêmes nécessités vitales. Le duc dit au banquier qu'il ne devait pas commettre l'erreur de considérer son fils comme un enfant. Kynes  renchérit en déclarant que Paul semblait très bien connaître cette règle d'écologie qu'était la lutte entre les éléments de vie pour l'énergie disponible d'un système. Le sang était une source d'énergie efficiente. Le banquier déclara alors que l'on disait que la racaille Fremen buvait le sang de ses morts.

Kynes répliqua que les Fremen ne buvaient pas le sang mais l'eau d'un homme, à son dernier instant car celui-ci appartenait aux siens, à sa tribu. Le corps d'un homme étant composé à 70 % d'eau, les Fremen la récupéraient car le mort n'en avait certainement plus aucun besoin. Le banquier lui répondit qu'il était depuis si longtemps avec les Fremen qu'il en avait perdu tout sentiment alors Kynes lui demanda si le banquier lui lançait un défi et le banquier répondit que ce n'était pas le cas. Jessica sentit que le banquier avait peur. Le duc savourait cet instant. Les invités semblaient prêts à fuir. Seuls le contrebandier et Bewt semblaient apprécier la situation. Paul regardait Kynes avec admiration. Le banquier demanda à Kynes d'accepter ses excuses. Jessica remarqua qu'il existait entre Kynes et le contrebandier une sorte d'accord.

Jessica comprit que Kynes pouvait tuer facilement et que c'était là un trait marquant des Fremen. Il lui dit qu'il était fréquent que les nouveaux venus sur Arrakis sous-estiment l'importance de l'eau. Elle devait affronter la loi du Minimum. Jessica connaissait cette loi stipulant que la croissance était limitée par l'élément nécessaire qui se trouvait être le plus rare. Et, naturellement, la condition la moins favorable déterminait le taux de croissance. Kynes lui répondit qu'il était rare de trouver des membres des Grandes Maisons au fait des problèmes de planétologie. Kynes ajouta que la croissance elle-même pouvait introduire des conditions défavorables si on ne la traitait pas avec beaucoup de prudence. Jessica lui demanda si cela signifiait qu'Arrakis pouvait jouir d'un cycle d'eau organisé afin de permettre l'existence des humains dans des conditions plus favorables. Bewt répliqua que Jessica ne devait pas écouter ce rêveur car les évidences scientifiques étaient contre lui. Mais Kynes répondit que les évidences scientifiques ne pouvaient expliquer que les plantes et les animaux pouvaient poursuivre normalement leur existence. Il fallait donc comprendre quelles étaient les limitations d'Arrakis et les pressions qui s'y exerçaient. Le duc comprit que l'attitude de Kynes s'était modifiée quand Jessica avait parlé de conserver les serres pour le bien d'Arrakis. Le duc lui demanda combien coûterait le développement d'un système autonome. Kynes répondit qu'il faudrait consacrer 300 % des végétaux d'Arrakis à la production de composés carboniques nutritifs. Le duc lui demanda s'il y avait assez d'eau mais Kynes ne voulait pas répondre. Jessica remarqua que Kynes regrettait ses paroles. Alors le duc insista pour avoir une réponse et Kynes répondit que c'était possible. Paul sentit qu'il y avait assez d'eau sur Arrakis et il comprit que Kynes ne voulait pas que cela soit su. Tout à coup, un garde en uniforme Atréide entra et se pencha auprès du duc pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Jessica identifia l'insigne des hommes de Hawat et réprima son trouble. Brusquement, le duc déclara sur un ton de commandement que chacun reste assis et demanda à Paul de le remplacer en tant qu'hôte.

Paul prit la place de son père. Le duc demanda à Gurney de s'asseoir à la place de Paul. Le duc rassura ses invités et leur demanda de ne pas quitter l'abri de sa demeure jusqu'à nouvel ordre. Les invités seraient parfaitement en sécurité et ce petit contretemps s'arrangerait très vite. Paul saisit les mots-code : abri-ordre-sécurité-vite. Jessica avait également compris le message. Jessica remarqua avec fierté la dignité de l'attitude de son fils et la maturité de son assurance. Jessica vit les soldats qui, au long des murs, se mettaient en position de défense.

Paul regarda le banquier. Il parla d'un cadavre de noyé qu'il avait vu sur Caledan. Il y avait sur le corps des traces de bottes sur les épaules. Cela signifiait qu'un des compagnons du pêcheur avait essayé, au moment du naufrage du bateau, de grimper sur les épaules de son malheureux compagnon dans l'espoir d'atteindre ainsi la surface pour respirer l'air. Le père de Paul avait fait remarquer que l'on pouvait très bien comprendre l'homme qui grimpe sur les épaules d'un autre au moment où il se noie mais cela devenait incompréhensible si cet homme le faisait dans un salon. Ou à la table du dîner. Jessica trouva son fils téméraire car le banquier pouvait bien avoir un rang suffisant pour défier son fils. Le contrebandier éclata de rire et Bewt sourit à son tour. Le banquier était en colère. Le banquier demanda si c'était la coutume des Atréides que d'insulter leurs invités. Jessica défendit son fils en disant qu'il évoquait une image et que le banquier y voyait son portrait. Le mot « image » était un code signifiant à Paul qu'il devait se préparer à la violence. Le contrebandier porta un toast à l'intention de Paul en déclarant que s'il était encore jeune garçon de par son apparence il était un homme dans ses actes. Jessica se demanda quoi Kynes avait fait signe au contrebandier pour qu'il intervienne. Jessica avait remarqué que lorsque Kynes ordonnait, les gens obéissaient. Elle se demandait quel était le secret de son pouvoir. Paul se demandait pourquoi le contrebandier et Kynes étaient intervenus car il avait la situation en main. Jessica et Gurney avaient compris la menace.

La fille du confectionneur de distilles avait été envoyée pour séduire Paul. Mais cette manoeuvre n'avait pas échappé aux perceptions entraînées de Paul. Jessica demanda au banquier où l'on pouvait trouver l'épice sur Arrakis. Il répondit qu'on savait peu de choses sur le désert profond et presque rien des régions méridionales.

Kynes précisa que parfois des chasseurs d'épice audacieux pénétraient dans la ceinture centrale et c'était extrêmement dangereux. Les accidents se multipliaient dans des proportions dramatiques à mesure que les chasseurs s'éloignaient des bases du Bouclier. Bewt prétendit que les Fremen avaient trouvé des trempes dans le sud. Kynes affirma que ce n'était que des rumeurs et précisa qu'une trempe était un endroit où l'eau filtrait jusqu'à la surface. Jessica décela un mensonge. Paul avait également senti ce mensonge. Un serviteur présenta un billet provenant du duc à Jessica. Le duc faisait savoir que le problème avait trouvé sa solution. Le portant disparu avait été retrouvé. Un agent Harkonnen qui s'était glissé dans l'équipage avait réussi à neutraliser ses compagnons et à conduire l'appareil jusqu'à une base de contrebande avec l'espoir de le vendre. Mais la machine avait été restituée et l'homme retrouvé. Jessica annonça le dessert qui semblait plaire confectionneur de distilles. Jessica enregistra l'homme pour Hawat, plus tard. Ce fabricant de distilles était un petit arriviste heureux qu'il serait facile d'acheter.

Jessica pensa à la partie codée du message du duc de. Les Harkonnen avaient tenté d'introduire une cargaison de lasers qui avait été capturée. Cela signifiait qu'il fallait prendre les précautions appropriées.

Dans les Dits de Muad’Dib, il était écrit qu'il n'y avait pas d'issue et que nous payons la violence de nos ancêtres.

À 2:00 du matin, Jessica entendit un tumulte dans le grand hall et alluma la lampe près de son lit. Le duc n'était pas encore rentré. Elle entendit un cri. Quelqu'un appelait le docteur Yueh. Jessica prit son krys et sortit. Le grand hall était brillamment éclairé. Deux gardes maintenaient Duncan entre eux. Jessica remarqua qu'il était ivre. Jessica demanda des explications. Les gardes lui expliquèrent que Duncan avait raccompagné l'une des jeunes demoiselles. Sur les ordres deux Hawat. Yueh arriva ainsi que Mapes avec une tasse de café. Yueh ordonna à Duncan de boire le café. Il lui fallait un traitement de choc alors Jessica le gifla. Puis elle lui ordonna de boire le café. Mais Duncan répondit qu'il ne recevait pas d'ordre d'une certaine espionne Harkonnen. Alors Jessica comprit et dut faire appel à ses ressources bene gesserit pour se calmer. C'était toujours à Duncan que l'on faisait appel pour la surveillance des dames. Jessica ordonna qu'on lui amène Hawat. Elle jeta le café au visage de Duncan. Elle ordonna qu'on l'enferme dans une des chambres d'hôtes. Elle voulut savoir où se trouvait le duc. Les gardes répondirent qu'il était au poste de commandement. Jessica se demanda si c'était  Hawat qui avait été acheté par les Harkonnen. Jessica retira le krys de son étui et le fixa à son bras avant d'en éprouver le poids. Elle s'assit dans le fauteuil et attendit. Elle se prépara à l'attente dans la manière bene gesserit. Plutôt qu'elle ne s'y était attendue, on frappa à la porte et, sur son ordre, Hawat entra. Jessica perçue l'odeur du sang. Elle lui demanda de s'asseoir en face d'elle. Hawat se demanda comment il pouvait encore sauver la situation. Elle est annonça qu'elle voulait clarifier l'atmosphère entre eux. Elle lui demanda s'il était un agent des Harkonnen. Il se sentit insulté. Jessica fut rassurée par son attitude. Ce n'était donc pas lui. Elle lui demanda s'il y avait un traître parmi eux. Cela ne pouvait pas être Gurney et certainement pas Duncan. Elle se demandait si ce n'était pas le docteur Yueh. Elle dit à Hawat que l'épouse du docteur avait été assassinée par les Harkonnen. Jessica voulut savoir ce qui avait amené ce soupçon à son égard. Hawat répondit que sa loyauté allait tout d'abord au duc. Elle parla de Duncan qui s'était enivré avec une bière d'épice. D'autres personnes avaient été victimes de cette mixture. Jessica pensait que Duncan avait perdu son foyer en arrivant sur Arrakis. Il craignait que le duc l'abandonne. Une menace contre la vie de son fils était passée inaperçue de Hawat alors elle voulut savoir qui avait pris ce risque. Hawat avoua qu'il avait présenté sa démission au duc. Jessica lui demanda s'il détruirait le duc dans ses efforts pour le sauver.

Hawat lui répondit que si elle était innocente, il lui ferait les plus plates excuses. Jessica lui dit que de tous ceux qui aimaient le duc ils étaient les plus susceptibles de se détruire mutuellement.

Alors elle pourrait glisser à l'oreille du duc les soupçons qu'elle avait à son égard. Hawat voulut savoir si elle le menaçait. Elle répondit qu'elle voulait simplement lui faire comprendre que quelqu'un, en ce moment, les attaquaient en visant l'organisation même de leurs existences. Elle lui proposa donc de neutraliser cette attaque en disposant leurs existences de telle façon que ne subsiste plus aucune faille par laquelle on pourrait les atteindre. Elle lui dit qu'il entretenait des soupçons à son égard et que ses soupçons étaient sans fondement. Hawat déclara que s'il venait à découvrir quiconque parmi leurs gens essayait de saboter leurs armes, il n'hésiterait pas à le dénoncer et à le détruire. Elle lui demanda de se pencher sur les symptômes qu'ils avaient tous les deux relevés : des hommes pris de boissons, des querelles, des rumeurs sur Arrakis. Hawat répondit que les hommes s'ennuyaient et c'était tout. Elle lui demanda pourquoi il n'avait jamais utilisé ses capacités de bene gesserit  pour servir le duc. Elle pensait qu'il la considérait comme une rivale. Il ne se laissait pas abuser par ce que l'école bene gesserit déclarait au public. Il ne pensait pas que cette école n'existait que pour servir. Elle voulut savoir pourquoi, lors des sessions du conseil, il tenait rarement compte de son opinion. Il répondit qu'il n'avait aucune confiance envers ses motivations bene gesserit. Alors elle l'insulte. Quelles que soient les rumeurs qui étaient parvenues à Hawat à propos de son école, Jessica lui dit que la vérité était encore plus vaste. Si elle désirait détruire le duc, nul ne pourrait l'en empêcher. Elle voulait causer un choc à Hawat. Hawat sentit que Jessica ne portait pas de bouclier. Il se demanda si c'était par bravade. Il songeait à la frapper mais se demandait quelles serait les conséquences si jamais il se trompait. Jessica avait noté son geste et elle dit que jamais la violence ne devait être nécessaire entre eux. Elle lui demanda s'il était peu plus raisonnable de penser que les Harkonnen avaient fait naître ce soupçon pour les dresser l'un contre l'autre. Elle songea qu'Hawat était presque prêt. Elle lui dit qu'elle était avec le duc le père et la mère de leur peuple. Hawat répondit qu'ils n'étaient pas mariés. Elle répliqua que briser cet ordre naturel consistait en la cible la plus évidente pour les Harkonnen.

Il sentit dans quelle direction Jessica l'entraîner. Alors pour le choquer, elle lui dit qu'il était la cible toute désignée par les Harkonnen car toute sa vie était construite sur l'insinuation et le mystère. Elle lui dit qu'elle savait qu'il connaissait la véritable formation que l'on donnait aux Bene Gesserit. Elle lui dit que sa loyauté envers le duc était toute la garantie qu'il avait à ses yeux. Elle ajouta que si tel était son caprice, le duc l'épouserait et penserait même l'avoir fait de sa propre volonté. Hawat venait de comprendre que Jessica l'avait maîtrisé. Dans l'instant même où il avait hésité à la frapper, elle aurait pu brandir une arme et le tuer. Hawat se demanda qui pouvaient venir à bout de quelqu'un d'aussi puissant. Elle lui dit qu'il n'avait pas encore découvert tout son arsenal. Alors il demanda pourquoi elle n'allait pas détruire les ennemis du duc. Elle ne voulait pas donner de son duc l'image d'un homme faible. Elle lui expliqua que si les Bene Gesserit se permettaient de frapper l'ennemi, elles deviendraient suspectes. C'est pourquoi elles n'existaient que pour servir. Jessica savait que Hawat ne dirait rien de ce qui s'était passé. Hawat songea que Jessica est telle outil idéale pour les Harkonnen. Jessica lui expliqua que le type pouvait être détruit aussi rapidement par ses amis que par ses ennemis et elle espérait qu'Hawat allait balayer toute trace de ses soupçons sur elle. Hawat sut que quel que soit le tour que prendraient les choses, il n'oublierait jamais ce moment et il ne perdrait rien de l'admiration suprême qu'il éprouvait pour cette femme.

Dans le champ pour Janice sur la plaine funèbre, il est écrit que marcher dans d'un sommeil, le temps s'est écoulé et la vie fut volée.

Le duc pris connaissance d'une note. La note avait été remise aux gardes extérieures par un messager Fremen peu avant qu'il ne gagne son poste de commandement. La note disait : au jour, une colonne de fumée, à la nuit, un pilier de feu. Il n'y avait pas de signature. Le duc n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Hawat lui avait fait un rapport de sa discussion avec les Jessica. Il pensait qu'il avait fait une erreur en ne se confiant par la Jessica dès le premier instant. Il pensait qu'il devait le faire maintenant. Il traversa le grand hall et suivit les couloirs menant aux appartements familiaux.

Il perçut un étrange gémissement. Il distingua une forme pâle. La capture de la cargaison de lasers l'avait empli de doutes. Silencieusement, il progressa en direction de la forme. C'était un homme, face contre terre. Le duc le retourna du pied tout en brandissant son couteau. C'était le contrebandier. Il était mort. Une autre personne gémissant se mit à ramper vers lui. C'était Mapes. Elle était blessée. Le duc l'aida à se relever. Elle cherche à le prévenir mais elle mourut. Un sixième sens averti le duc. Il voulut activer son bouclier mais c'était trop tard. Quelqu'un le frappa. Yueh se tenait sur le seuil de la pièce du générateur. Yueh lui avait injecté un liquide paralysant. Le docteur toucha le front du duc. Le docteur lui expliqua qu'il voulait tuer un homme. Il voulait tuer le baron Harkonnen. Il expliqua au duc qu'il allait lui implanter une dent dans laquelle se trouverait un gaz mortel. Le duc regarda Yueh et il lut la folie dans ses yeux. Le docteur lui expliqua que de toute façon il était condamné. Mais, avant de mourir, il n'approcherait le baron alors il ne devrait pas oublier la dent. Le duc lui demanda pourquoi il faisait cela et le docteur lui expliqua qu'il avait conclu un pacte avec le baron. Il fallait qu'il s'assure que le baron avait bien rempli ses engagements. Le docteur ne pourrait voir le baron qu'en en payant le prix et ce prix était le duc. Le docteur savait que le baron voudrait voir le duc de près pour rire de lui. Le docteur promit au duc qu'il allait sauver son fils et sa femme. Il les conduirait en un lieu où aucun Harkonnen ne pourrait les atteindre. Le duc demande comment il les sauverait. Le docteur répondit qu'il ferait croire à leur mort en les entourant de gens tirant leur couteau au seul nom d'Harkonnen.

Dans Les Dits de Muad’Dib, il est écrit que les gens avaient besoin d'épreuves difficiles et d'oppression pour développer leurs muscles psychiques.

Jessica s'éveilla dans l'obscurité et le silence fit naître en elle une prémonition. Elle était étendue sur le côté, les mains liées dans le dos. Quelqu'un l'avait endormie. Elle se servit de ses vieux enseignements pour se calmer. Elle avait été inconsciente pendant une heure. Elle sentit la présence de quatre personnes. Une porte s'ouvrit. Elle feignit l'inconscience. Quelqu'un se pencha sur elle. C'était le baron Harkonnen. Il savait qu'elle ne dormait pas. Elle reconnut la cave dans laquelle Paul s'était endormi. Le baron savait précisément au bout de combien de temps Jessica se réveillerait. Jessica compris que le docteur Yueh avait trahi. Piter entra. Jessica ne l'avait encore jamais vu. Pourtant elle le connaissait : Piter de Vries, l'assassin Mentat. Le baron annonça à Jessica qu'elle était la récompense de Piter. Il voulait démontrer que Piter ne la désirait pas vraiment. Piter sourit mais le baron ne pouvait pas lire ce sourire car il n'avait pas reçu l'Education. Et Jessica s'en rendit compte.

Le baron prétendit qu'il savait ce que désirait vraiment son Mentat. C'était le pouvoir.

Le Mentat affirma que le baron lui avait promis Jessica. Jessica avait lu les tonalités clés dans ses paroles et elle eut un frisson intérieur. Elle se demanda comment le baron avait-il pu faire d'un Mentat un tel animal. Le baron annonça à Piter qui lui offrait un choix : Jessica et l'exil loin de l'Imperium ou le duché des Atréides sur Arrakis pour y régner en son nom et à son gré.

Jessica comprit que cela signifiait la mort de Leto. Piter choisit le duché. Jessica ne comprenait pas pourquoi le Mentat ne savait pas que le baron lui mentait. Elle pensait que Piter était dégénéré. Le baron annonça à Piter qu'il allait lui envoyer un garde et qu'il serait seul juge de la suite concernant Jessica. Jessica comprit que le baron craignait de devoir répondre aux questions de la révérende mère et cela signifiait que l'empereur était mêlé à cela.

La révérende mère avait averti Jessica que le baron était un adversaire trop puissant. Deux soldats Harkonnen entrèrent. Un troisième se plaça sur le seuil. Un garde était sourd car le baron savait que Jessica pourrait utiliser la Voix.

Le soldat sur le seuil demanda au Mentat quels étaient ses ordres. Piter ordonna aux trois soldats d'emmener Jessica et Paul dans le désert ainsi que l'avait suggéré le traître pour Paul.

Ainsi les vers détruiraient toute trace et on ne retrouverait jamais les corps de Jessica et de Paul. Le soldat sous demanda à Piter s'il ne souhaitait pas les liquider lui-même. Jessica se rendit compte qu'il savait lire sur les lèvres. Jessica décela le sévère contrôle mentat dans sa voix et comprit que lui aussi craignait une Diseuse. Les soldats emmenèrent Jessica et la posèrent sur une litière à suspenseurs où se trouvait déjà Paul qui était attaché mais n'avait pas de bâillon. Jessica espérait que son fils n'utiliserait pas la Voix à cause du garde sourd. Paul avait compris qu'il s'était endormi à cause d'une capsule prescrite par le docteur Yueh et s'était réveillé sur cette litière. La logique disait que le traître était Yueh et Paul ne s'était pas encore définitivement prononcé sur ce point. Les soldats emmenèrent Paul et Jessica dans un ornithoptère mais ils se rendirent compte qu'il n'y avait pas assez de place pour tout le monde. Seul le soldat sourd et un autre purent monter à bord. Jessica tira sur la ceinture de son siège et découvrit qu'elle était lâche. La courroie céderait au premier mouvement brusque. Elle se demanda si quelqu'un est était venu auparavant dans cette orni pour le préparer pour elle et son fils. Les deux soldats discutaient de Jessica. L'un des deux avait envie de la violer. Paul les menaça. Jessica savait que les deux soldats seraient tués des qu'ils auraient fait leur rapport car le baron ne voulait pas de témoins. L’orni se dirigea vers le désert. Le traître avait demandé aux soldats de déposer Jessica et Paul à proximité du Bouclier. Jessica vit que Paul prenait le rythme respiratoire de l'exercice de maîtrise. Elle avait peur qu'il échoue à utiliser la Voix. L'orni se posa. Jessica entrevit l'ombre des ailes d'un autre appareil qui se posait hors de vue. Quelqu'un les suivait. Elle comprit que le baron avait envoyé des hommes pour surveiller les soldats. Paul utilisa la Voix pour ordonner aux soldats de retirer le bâillon de Jessica. Un des deux soldats au pays. Puis Jessica parla d'une voix basse et sur un ton intime pour dire aux soldats qu'il était inutile qu'ils se battent pour elle.

Jessica dressa la tête dans la clarté du tableau de commande pour que le soldat sourd puisse lire sur ses lèvres et elle dit qu'il ne fallait pas être en désaccord car une femme ne valait pas que l'on se batte pour elle. Le soldat sourd fut tué par l'autre soldat. Jessica suggéra au dernier soldat de couper les liens de son fils et il obéit. Paul sentit la main du soldat dans son dos qui allait le pousser pour l'envoyer rouler dans le sable et il feignit de perdre l'équilibre. Paul se raccrocha au montant de la porte et pivota comme pour se rétablir et lança son pied droit. Le soldat fut neutralisé. Jessica avait remarqué le signe de la maison de Yueh gravé sur le plafond de la cabine de l'orni. Elle avait senti un paquet sous le siège du pilote. Paul aperçut un autre orni qui plongeait vers eux. C'étaient les Harkonnens.

Dans Les Dits de Muad’Dib, il est écrit qu'Arrakis enseigne l'attitude du couteau : couper ce qui est incomplet et dire « maintenant c'est complet, car cela s'achève ici ».

Un homme en uniforme Harkonnen regarda Yueh et le corps de Mapes ainsi que la forme immobile du duc. Yueh pensa que c'était un Sardaukar que l'empereur avait envoyé pour garder un oeil sur tout. Il annonça à Yueh que tout avait été neutralisé. Yueh lui conseilla de ligoter le duc.

Yueh avait peur d'être interrogé par une Diseuse car alors tout s'effondrerait. Le Sardaukar chercha l'anneau du duc mais ne le trouva pas. Il pensait que le duc avait confié son anneau à un messager pour prouver qu'un ordre émanait directement de lui. Le Sardaukar ne ligota pas le duc car il n'avait rien à craindre de lui. Le Sardaukar ordonna à Yueh d'attendre dehors. Il le nomma traître, ce qui déplut au docteur. Il savait que c'était ainsi que l'histoire le connaîtrait. Des soldats le reconnurent comme le traître et lui apprirent que le baron le convoquerait. Yueh songea à laisser le saut ducal en un endroit où Paul le trouverait. Il avait peur que Duncan ait des soupçons à son égard et ne se rende pas au point exact qu'il lui avait indiqué.

Cela signifierait que Jessica et Paul ne pourraient échapper au carnage. Le docteur comprit qu'on ne lui pardonnerait pas ce qu'il avait fait et espérait que Duncan n'échouerait pas. Les soldats le méprisaient alors qu'ils avaient profité de lui. Yueh plongea dans l'ombre et ouvrir la porte d'un appareil pour y glisser sous le siège l'anneau ducal dans un Fremkit.

Il laissa également une note. Bientôt il verrait le baron et il saurait. Le baron trouverait devant lui une dent.

Dans Introduction à l'histoire de Muad’Dib, il est écrit qu'à l'instant où le duc mourut un météore traversa le ciel au-dessus du castel ancestral de Caladan.

Le baron Harkonnen se tenait devant une des baies d'observation du vaisseau où il avait installé son poste de commandement. Il regardait au lointain le Bouclier où se déchaînait son arme secrète. Une artillerie à explosifs. Les canons pilonnaient les cavernes où les hommes du duc avaient trouvé refuge pour une ultime résistance. Piter entra, suivi d'Umman Kudu, le capitaine de la garde personnelle du baron. Piter annonça que les Sardaukars avaient amené le duc. Le baron songea qu'il devrait se débarrasser de Piter quand celui-ci ne lui serait plus utile. Mais tout d'abord il fallait que la population d'Arrakis en vienne à le haïr afin d'accueillir plus tard son cher Feyd-Rautha comme un sauveur. Le baron demanda qu'on lui amène Yueh. Le baron lui demanda ce qu'il était censé faire en retour de sa trahison. Le docteur lui répondit qu'il le savait parfaitement. Mais il avait compris, aux gestes du baron, que Wanna était morte. Le baron prétendit avoir respecté sa promesse en libérant la femme du docteur de ses souffrances. Et le baron ordonna à Piter de tuer le docteur. Piter plongea son couteau dans le dos de Yueh. Le docteur eut le temps de dire au baron : « vous pensez que vous m'avez détruit » avant de s'effondrer. Le baron se demanda ce que le docteur avait voulu dire. Le duc apparut sur le seuil. Ses bras étaient maintenus par des chaînes. Le baron demanda à Piter si les soldats avaient réussi la mission qui leur avait été confiée s'agissant de Jessica et Paul. Piter répondit que les soldats avaient été retrouvés morts. Jessica et Paul avaient disparu. Le baron devint livide. Le duc était drogué mais il avait entendu que Paul et Jessica avaient réussi à fuir. Il subsistait un espoir. Le baron voulut savoir ce qu'était devenu l'anneau ducal. Piter répondit que les Sardaukars ne l'avaient pas trouvé. Le duc se souvint du marché qu'il avait fait avec le docteur : la dent.

Quelqu'un lui avait dit d'attendre d'être près du baron mais il n'arrivait pas à se souvenir de qui c'était. Il savait qu'il devait attendre. L'effet de la drogue diminuait. Le duc vit nettement le baron. Le baron lui demanda où étaient son fils et Jessica. Le baron se pencha pour étudier le visage du duc. Le duc sentit revenir ses forces. Et le souvenir de la fausse dent fut comme un immense clocher dressé au centre d'une plaine dans son esprit. Dans cette dent, il y avait une capsule dont la forme était exactement celle d'un nerf. Du gaz,mortel. Alors, le duc se rappela du docteur Yueh. Leto entendit le cri et le gémissement étouffé de quelqu'un qui agonisait. Le baron lui dit qu'un de ses hommes avait été capturé. Cet homme était déguisé en Fremen. Le baron voulut savoir si le duc avait acheté l'assistance des Fremen pour protéger sa femme et son fils. Le baron lui demanda s'il avait donné son anneau à son fils. Comme le duc ne voulait pas répondre, le baron menaça de le faire torturer par Piter. Le duc se demanda qui avait été capturé. Le duc se rappela de paroles de Gurney. Il avait dit une fois, à propos du baron que son nom était Blasphème. Le prisonnier torturé n'avait rien révélé. Le duc claqua violemment les mâchoires et mordit sauvagement la capsule. Il ouvrit la bouche et souffla la vapeur dont il sentait le goût sur sa langue. Piter fut tué par le gaz n'est pas le baron qu'il y avait le temps d'activer son bouclier pour ralentir l'échange moléculaire au travers du champ énergétique. Puis le caporal de la garde, Iakin Nefud, entra.

Il annonça qu'il ne restait plus une seule trace du gaz et que la pièce avait été assainie. Le baron le nomma capitaine de ses gardes. Il lui ordonna de chercher ce que le duc avait dans sa bouche et qui avait pu l'aider. Des gardes postés devant l'ascenseur qui reliait cet étage aux niveaux inférieurs de la frégate essayaient de contenir un grand colonel bashar qui venait d'émerger de la cabine. C'était l'un des Sardaukars. Le baron ressentait un malaise devant les Sardaukars. Ils semblaient tous avoir un quelconque lien de parenté avec le duc. Le baron remarqua le mépris du colonel. Son malaise n'en devint que plus grand. Une seule légion de Sardaukars était venue renforcer les légions Harkonnens. Le baron craignait que cette légion se retourne contre eux. Le colonel demanda au baron de ne pas essayer de l'empêcher de le voir. C'était lui qui lui avait livré le duc et il voulait discuter de son sort. L'empereur avait chargé le colonel de s'assurer que son royal cousin périrait proprement et sans souffrance. Le baron répondit qu'il avait reçu les ordres impériaux et qu'il avait obéi. Il annonça au colonel que le duc était mort et le colonel demanda de quelle façon. Le baron répondit que le duc avait absorbé du poison. Le colonel voulait voir le corps du duc. Le baron savait qu'à présent l'empereur serait au courant de sa faute et la jugerait comme un signe de faiblesse. Au moins, l'empereur n'avait rien su du raid des Atréides sur Giedi Prime et de la destruction des entrepôts d'épice Harkonnens.

Le baron savait qu'il devrait payer de son sang pour qu'Arrakis soit en mesure d'accepter Feyd-Rautha. Il en voulait à Piter de s'être laissé tuer avant d'en avoir fini avec lui. Il songea à demander un nouveau Mentat. Le baron se retira dans sa chambre et ordonna qu'on lui amène un jeune homme préalablement drogué pour ne pas avoir à lutter avec lui. Il avait ordonné qu'on lui amène ce jeune homme car celui-ci ressemblait à Paul.

 

Dans les Chants de Muad’ Dib, sont mentionnés les Mers de Caladan, les gens du duc Leto et la Citadelle abattue, à jamais disparus.

Paul était assis auprès de sa mère dans la petite tente de plastique et de tissus de l'abri-distille. Il savait trouver un paquet dans l'orni contenant cet abri et des tenues Fremen.

Paul savait que c'était le docteur Yueh qui avait laissé ce paquet. Il avait deviné également que le docteur avait pris des dispositions pour que l’orni les amène auprès de Duncan.

Paul songea qu'il se cachait comme un enfant alors qu'il était le duc, maintenant.

Cette nuit, sa perception avait été modifiée. Il voyait avec clarté tout ce qui l'entourait, les événements, les circonstances. C'était un pouvoir de Mentat. Et plus encore. Il songea à ce moment de rage impuissante qu'il avait connu lorsque l'étrange orni avait plongé sur eux. C'est alors qu'il s'était passé quelque chose dans son esprit. Sa mère s'était retournée avec la certitude d'affronter un pistolet laser. Et elle avait vu Duncan qui leur avait crié de se dépêcher car un ver approchait. Jessica pensait qu'il pouvait y avoir qu'une explication. Les Harkonnens tenaient la femme de Yueh en leur pouvoir. Elle se demandait pourquoi Yueh les avait sauvés du carnage. Jessica venait de découvrir qui avait piloté l'orni et c'était un choc pour elle. Paul avait compris simplement en lisant le message qui accompagnait l'anneau ducal. Le docteur avait écrit qu'il ne fallait pas essayer de lui pardonner car ce qu'il avait fait, il l'avait fait sans méchanceté et sans espoir d'être compris. Il leur donnait le sceau ducal pour prouver qu'il disait la vérité. Au moment où ils découvriraient le message, le duc serait mort. Le docteur espérait que dans sa mort, le duc aurait entraîné le baron. Le docteur n'avait pas signé mais Paul avait reconnu son écriture. Paul ne ressentit rien en apprenant la mort de son père. Il pensait seulement : voilà un fait important. Il se dit qu'il pleurerait son père plus tard lorsqu'il en aurait le temps. Il repensa à l'épreuve qu'il avait vécue avec la révérende mère. Cette sensation d'un but terrible qu'il avait éprouvée. Être le Kwisatz Haderach, c'était donc ça. Jessica pensait que d'autres hommes du duc avaient dû réussir à fuir et il fallait les regrouper. Mais Paul ne voulait dépendre de personnes. Il voulait trouver l'arsenal d'atomiques. Il fallait l'atteindre avant que les Harkonnen ne se mettent en quête. En tant que duc, Paul s'inquiétait du sort de ces gens perdus dans la nuit du désert. Jessica lui dit que les Harkonnen n'entendraient pas laisser un seul Atréides en vie. Paul était persuadé que quelques-uns de leurs hommes parviendraient à s'enfuir. Jessica était effrayée par l'amertume et la dureté de la voix de son fils. C'était comme si l'esprit de Paul s'était brutalement éloigné du sien. Comme s'il voyait plus loin qu’elle, maintenant. Elle avait participé à son éducation mais, à présent, elle avait peur du résultat. Elle pleura en pensant au duc.

Elle posa sa main sur son ventre, consciente de la présence de l'embryon. Elle portait la fille des Atréides que l'on lui avait ordonné d'engendrer. Elle l’avait conçue par instinct et non par obéissance, la révérende mère s'était trompée car une fille n'aurait pas sauvé son duc.

Jessica prit le minuscule appareil que Duncan leur avait laissé et mit le contact. Elle prononça des mots dans le langage de bataille des Atréides. Elle annonça que la banque de la Guilde avait été pillée et que les troupes devaient se regrouper dans le massif. Elle conseilla aux troupes de prendre garde aux Sardaukars qui portaient des uniformes Atréides. Paul avait compris ce que cela signifiait. Les Harkonnen voulaient que la Guilde rejette sur les Atréides la responsabilité de la destruction de la banque. Avec la guilde contre eux, ils étaient pris au piège sur Arrakis. Jessica entendit des voix Harkonnen sur la fréquence qui clamaient leur victoire. Paul voulait bien encore attendre une journée Duncan, mais pas une nuit. Dans le désert, il fallait voyager la nuit et se reposer durant le jour, à l'ombre.

Jessica pensait que s'ils partaient, Duncan ne les retrouverait jamais. Si Duncan n'était pas revenu à l'aube, ils devraient admettre l'éventualité de sa capture. Paul savait que la Guilde exigeait une somme prohibitive pour des satellites météorologiques. Les satellites observaient le sol. Il existait dans le désert des choses qui ne devaient pas être observées. Jessica lui demanda s'il pensait que la guilde voulait contrôler Arrakis. Paul lui répondit que les Fremen payaient la Guilde pour préserver leur isolement. Ils payaient avec l'épice. Jessica pensait que son fils n'était pas encore un Mentat et elle ne comprenait pas d'où venaient ses informations.

Alors son fils lui répondit qu'il ne serait jamais un Mentat mais autre chose… Une monstruosité. Il aurait eu envie de pleurer mais il savait que cela lui serait à jamais refusé. Jamais encore Jessica n'avait perçu une telle détresse dans la voix de son fils. Elle aurait voulu le consoler mais elle savait dans le même instant qu'elle ne pouvait rien pour lui. Paul devrait résoudre lui-même ses problèmes.

Jessica trouva dans le paquet le Manuel du désert ami. Cela ressemblait au Livre d'Azhar. Elle se demanda si Arrakis avait connu un Manipulateur de religions. Paul regarda les appareils qui se trouvaient dans le paquet et dit à Jessica qu'ils étaient l'indice d'une sophistication incomparable prouvant que la culture Fremen était plus vaste que ce que l'on soupçonnait. Dans le manuel, il était question d'une constellation du ciel arrakeen : Muad’ Dib. Ce mot signifiait la Souris. Paul pensait qu'il était temps d'exaucer le voeu de son père. Il annonça la mort du duc à Jessica. Elle hocha la tête, sans pouvoir parler. Paul expliqua à sa mère que son père l'avait chargé de lui transmettre un message si quelque chose lui advenait. Le duc craignait que Jessica ne pense qu'il se defiait d'elle. Il avait demandé à Paul de dire à Jessica n'avait jamais douté d'elle. Il aurait voulu faire de Jessica sa duchesse. Jessica pleura.

Toute cette eau, elle pensa que c'était du gaspillage stupide. Paul se demanda pourquoi il n'avait pas de chagrin. Cela lui semblait être une tare redoutable. Brusquement, Paul s'éleva d'un échelon supplémentaire dans la perception. Il percevait le futur comme une surface ondulante et sans consistance. Il voyait des gens.

Il connaissait des noms et des lieux, éprouvait des émotions sans nombre et recevait des informations venues de sources multiples. C'était le spectre du plus lointain passé au plus lointain avenir. Il voyait de nouveaux mondes, de nouvelles civilisations. Il voyait les gens de la Guilde. Il pensait qu'il pourrait faire accepter son étrangeté comme une chose familière mais précieuse et que l'épice leur serait assurée. Mais il était effrayé à l'idée de devoir vivre le reste de son existence avec ce même esprit tâtonnant entre les avenirs possibles. Paul avait l'impression que quelque chose devait se briser. Il pensait qu'il était devenu un monstre. Jessica lui demanda ce qu'il avait. Il lui demanda ce qu'elle lui avait fait. Elle répondit qu'elle avait mis au monde. Son instinct comme ses connaissances les plus subtiles avaient dit à Jessica que c'était la réponse qui calmerait Paul. Alors il lui répondit : « laissez-moi » sur un ton de fer et elle obéit.

Il voulut savoir si elle savait ce qu'elle faisait en l'éduquant. Il n'y avait plus de trace de l'enfant dans sa voix. Jessica répondit qu'elle espérait qu'il serait supérieur et différent. Il savait qu'elle n'espérait pas un fils mais un Kwisatz Haderach. Elle répondit que son hérédité était partagée entre son père et elle-même. Paul savait que son éducation ne venait pas de son père. Jessica le sentait au bord de l'hystérie. Paul dit à sa mère qu'il avait eu un rêve éveillé. L'épice était partout et le Mélange étaient comme la drogue des Diseuses de vérité, un poison.

Un poison subtil, insidieux et sans antidote. Un poison qui ne tuait pas si l'on ne cessait pas de le prendre. On ne pouvait pas quitter Arrakis sans emporter une partie d'Arrakis avec soi. Grâce à Jessica, l'épice avait touché la conscience de Paul. Ils étaient pris au piège d'Arrakis et aucun artifice ne les libérerait jamais complètement. L'épice créait une accoutumance, un besoin. Jessica venait de comprendre qu'elle devrait passer sa vie sur cette planète infernale. Son destin était de préserver une lignée qui entrait dans le plan bene gesserit. Paul révéla à sa mère ce qu'avait été son rêve éveillé. Il lui dit d'abord qu'il savait qu'elle portait sa soeur. Avec sa mère, ils trouveraient refuge chez les Fremen. Jessica songea que leur fuite dans le désert était organisée. Paul parla de la Missionaria protectriva qui leur avait préparé un abri. Jessica se demanda comment il pouvait être au courant et elle commença à avoir du mal à repousser la frayeur que faisait naître en elle l'étrangeté de son fils. Paul ressentit un début de compassion à son égard. Paul pouvait voir l'avenir un an à l'avance. Il pouvait discerner une issue possible. Jessica dit qu'il existait un moyen d'échapper aux Harkonnen. Mais Paul répliqua qu'ils étaient eux-mêmes des Harkonnen. L'esprit de Jessica se ferma totalement en entendant ce que venait de dire Paul. Elle comprit que les Atréides était une branche renégate de la famille Harkonnen. Paul dit à sa mère qu'elle était la propre fille du baron. Le baron s'était adonné à bien des plaisirs dans sa jeunesse et il s'était laissé séduire pour les besoins génétiques du Bene Gesserit. Non pas pour mettre un terme à la vieille haine Atréides-Harkonnen mais pour fixer un facteur génétique. Mais Paul n'était pas celui que les Harkonnen attendaient car il était venu avant son temps et les Harkonnen l'ignoraient. Alors Jessica pensa que son fils était bien le Kwisatz Haderach mais il lui dit qu'il était quelque chose d'inattendu. Jessica pensait que l'index des accouplements révélerait ce qui s'était produit. Mais Paul la rassura. Il serait trop tard lorsque les Harkonnen apprendraient son existence. Jessica demanda à Paul ce qu'il était s'il n'était pas le Kwisatz Haderach mais Paul lui répondit qu'il n'était pas possible qu'elle le sache. Elle ne le croirait que lorsqu'elle le verrait. Paul se sentait comme une graine et la sensation d'un but terrible revenait pour l'envahir. Le chagrin l'étouffa.

Sur le chemin qui les attendait, Paul avait vu deux embranchements importants. Le premier conduisait à un vieux baron empli de mal auquel Paul disait : « bonjour, grand-père ». Le second sentier était plein de zones grisâtres et d'éminences violentes. Il portait une religion guerrière et la bannière verte et noire des Atréides flottant à la tête de légions de fanatiques abreuvés de liqueur d'épice. Paul ne voulait pas prendre ce chemin car il savait que c'était ce que voulaient les vieilles sorcières bene gesserit. Paul ne pouvait plus en vouloir au Bene Gesserit, à l'empereur ou même aux Harkonnen. Car tous obéissaient aux besoins de la race de renouveler l'héritage dispersé et de mêler les lignées en un immense bouillon de gènes. Pour cela, il n'existait qu'une manière ancienne : le Jihad.

Jessica lui demanda si les Fremen allaient les accueillir. Paul le lui confirma en précisant que les Fremen l'appelleraient Muad’ Dib, « celui qui montre le chemin ». À présent, Paul pouvait pleurer son père et les larmes roulèrent sur ses joues.

Livre second : Muad’ Dib.

Dans « Dans la maison de mon père », il est écrit que lorsque l'empereur apprit la mort du duc et ses circonstances, il entra dans une fureur que personne ne lui avait jamais connue. Il s'en prit à sa femme et au complot qui l'avait forcé à placer une Bene Gesserit sur le trône. Il s'en prit à la guilde et aux cruels barons. Il s'en prit même à sa fille qui tenta de l'apaiser en lui disant que tout cela avait été fait pour obéir à une vieille loi de sécurité. L'empereur avait deviné ce que cela impliquait pour toute la royauté. La lignée de l'empereur et celle de Muad’ Dib avaient des ancêtres communs.

Paul murmura qu'à présent Harkonnen allait tuer Harkonnen. Jessica avait fait un rêve où ses mains avaient été plongées dans le sable et sur le sable un nom avait été inscrit : duc Leo Atréides. Mais le vent effaçait le nom et Jessica le retraçait. Sa mère l'avait abandonnée et elle se demandait si elle avait éprouvé de la joie à se débarrasser ainsi d'une enfant Harkonnen. Toute sa vie durant, on avait appris à Paul à haïr les Harkonnen et il venait de découvrir qu'il en était un à cause de sa mère. Paul et Jessica sortirent de leur abri. Duncan avait dit à Paul qu'il pourrait tenir assez longtemps s'il était capturé. Jessica suivit son fils avec des gestes automatiques, consciente de vivre désormais dans l'orbite de Paul. À présent, elle existait pour son fils et pour sa fille à venir.

Au loin, Paul put voir les orni des Harkonnen. Paul décida de partir vers le sud en restant à l'abri des rochers.

Dans Conversations avec Muad’ Dib, il est écrit que le respect de la vérité est presque le fondement de toute morale.

Hawat discutait avec un Fremen. Il lui dit qu'il s'était toujours flatté de voir les choses telles qu'elles étaient réellement. 50 brigades Harkonnen avaient attaqué la base ducale d'Arrakeen. Deux légions Sardaukars faisaient partie des assaillants. Hawat avait pris toutes les mesures qui s'imposaient contre des raids surprise par de faux transports d'épice. Mais pour une attaque générale, il n'avait jamais compté sur plus de 10 brigades. 2000 vaisseaux s'étaient abattus sur Arrakis. En tout, 10 légions avaient attaqué. En sous-estimant ce que le baron était prêt à dépenser pour attaquer Arrakis, Hawat avait trahi la confiance de son duc. Il était persuadé que c'était Jessica la traîtresse. Le Fremen annonça à Hawat que Halleck était en sécurité avec une partie de sa troupe auprès des contrebandiers. Le Fremen demanda à Hawat s'il souhaitait rejoindre les contrebandiers.

Hawat répondit qu'il souhaitait qu’on lui ôte la responsabilité de ses blessés. Hawat lui demanda s'il savait quelque chose à propos du duc et de Paul. Le Fremen répondit que le duc avait connu son destin et que Paul était entre les mains de Liet. Hawat lui demanda s'il avait entendu parler de Duncan Idaho. Le Fremen répondit que Duncan se trouvait dans la grande maison quand le bouclier avait été abattu.

Hawat pensait que c'était Jessica qui avait désactivé le bouclier. Le Fremen posa des questions à Hawat au sujet de l'artillerie Harkonnen. Les Fremen avaient saisi un canon pour l'examiner. Les Fremen avaient attaqués les Sardaukars qui portaient la tenue des Harkonnen. Ils avaient fait trois prisonniers pour que les hommes de Liet puissent les interroger. Hawat était impressionné. Le Fremen demanda à Hawat si c'était le gage de l’eau le but de son combat. Hawat discernait maintenant le sens des paroles du Fremen et il répondit que c'était bien le gage de l'eau. Alors le Fremen accepta que leurs tribus se joignent. Le Fremen emporta un mort de la troupe d'Hawat. Une cérémonie serait organisée au cours de laquelle le sang du mort serait bu par les Fremen. C'était cela, le gage de l'eau. Un appareil aérien approchait alors le Fremen demanda à Hawat et à ses hommes de se cacher sous le rocher. Le Fremen sortit une chauve-souris de sa cage qu'il avait cachée sous sa robe. Il lâcha une goutte de salive dans la bouche de l'animal. Puis il prit un petit tube qu'il plaça contre la tête de la chauve-souris. Et il la lança en l'air. La chauve-souris portait un message.

Un orni Atréides qui avait été peint en hâte aux couleurs de combat des Harkonnen plongea vers des Sardaukars qui s'étaient immobilisés sur la crête d'une dune. Ils s'approchèrent en demi-cercle du petit groupe de Fremen dans lequel se trouvait Hawat. Un groupe de Fremen les arrêta et s'empara de l'orni. Un appareil transporteur de troupes arrive mais un pilote Fremen qui s'était emparé d'un orni jeta son engin sur l'appareil transporteur pour le détruire. Il s'était sacrifié pour détruire le transport et cela impressionna Hawat. Une troupe de Sardaukars s'abattit du haut de la falaise. Un Sardaukar tua le compagnon Fremen d’Hawat. Hawat réussit à tirer son couteau avant qu'un projectile de tétaniseur l'atteigne et l'engloutisse dans les ténèbres.

Dans L'Eveil d'Arrakis, il est écrit que Muad’ Dib pouvait voir l'avenir mais n'avait pas toujours la possibilité de contempler ce terrain mystérieux. Et il luttait toujours contre la tentation d'emprunter les voies dégagées craignant que ce chemin n'aboutisse qu'à la stagnation.

Paul reconnut la façon de piloter de Duncan quand les ornithoptères se poser en creux du bassin. Les Fremen recouvrirent les appareils de housses pour les camoufler. Duncan arrive pour les protéger contre l'explosion qui grondait au-dessus d’eux. Duncan appela Paul « Sire ». Pour Paul, ce mot qui avait été toujours adressé à son père lui semblait étrange. Duncan proposa son bouclier à Paul qui le refusa en lui disant que son bras droit suffirait. Jessica pensa que son fils savait comment traiter les siens. Les Fremen emmenèrent Paul et Jessica dans une chambre souterraine aux parois grossièrement taillées. Kynes les attendait. Il se demandait pourquoi il aidait Paul et Jessica car il n'avait jamais rien fait d'aussi dangereux et cela pouvait signifier sa perte en même temps que la leur. Puis il comprit que le duché était toujours debout, du seul fait de l'existence de ce jeune garçon. Jessica observa la salle dans la manière Bene Gesserit. Ils se trouvaient dans une station écologique expérimentale de l’Imperium. Kynes se demandait pourquoi il était là à prêter assistance à ces fugitifs alors qu'il serait si facile de les livrer aux Harkonnen. Paul observa, lui aussi, la salle. Kynes il lui dit qu'il avait parfaitement identifié la salle et lui demanda pourquoi il l’utiliserait. Paul répondit qu'il pourrait utiliser ce laboratoire pour rendre ce monde habitable aux humains. Kynes se dit que c'était peut-être pour cela qu'il avait envie d'aider Paul. Un Fremen surgit d'un recoin dissimulé et s'adressa à Kynes en l'appelant Liet pour lui annoncer que le générateur de champ ne fonctionnait pas. Kynes invita Paul et Jessica à prendre le café dans sa chambre. Paul sonda les lieux. Il sentit qu'il existait une issue secrète derrière les armoires métalliques. Il remarqua que Kynes évitait de l'appeler par son titre. Paul lui montra son anneau et Kynes savait ce que cela signifiait. Paul était désormais duc. Jessica sentait que Kynes était d'acier et que personne n'avait eu le courage de s'attaquer à lui. Paul jouait un jeu dangereux. Paul dit à Kynes que la présence des Sardaukars sur Arrakis indiquait à quel point l'empereur craignait son père. À présent, c'est lui qui allait donner à l'empereur toutes raisons de le craindre. Il demanda à Kynes de l'appeler «Sire » ou « Mon Seigneur ». Kynes le regarda avec admiration. Il accepta de l'appeler Sire. Paul lui dit qu'il était une gêne pour l'empereur et il cita une légende selon laquelle Lisan al-Gaib, la Voix d'Outre-Monde, conduirait les Fremen au paradis. Mais pour Kynes, c'était une superstition. Mais il avait conscience que Paul avait préparé un plan. Paul demanda à Kynes de trouver une preuve de la présence de Sardaukars en uniforme Harkonnen sur Arrakis. Paul pensait que l'empereur remettrait un Harkonnen au pouvoir et affrontait déjà l'éventualité d'un acte d'accusation déposé devant le Lansraad. Kynes répondit qu'il ne pourrait y avoir qu'une seule issue : un conflit généralisé entre l'Imperium et les Grandes Maisons. Paul avait l'intention de soumettre l'affaire à l'empereur lui-même et de lui donner le choix. L'empereur n'avait pas de fils, seulement des filles. Jessica lui demanda s'il visait le trône. Paul répondit que jamais l'empereur ne courrait le risque de voir l'empire s'effondrer dans la guerre totale avec le désordre de tous côtés. Kynes pensait que Paul offrait un choix désespéré à l'empereur. Kynes demanda à Jessica si le plan de Paul pouvait réussir. Elle répondit qu'elle n'était pas Mentat. Mais il précisa que le plan de son fils avait des bons et des mauvais aspects. Paul ajouta que sur la porte de l'empereur il était écrit « la loi est l'ultime science ». Il entendait donc lui montrer la loi.

Paul dit à Kynes que depuis le trône, il pourrait d'un geste de la main, faire d'Arrakis un paradis. Tel était le prix qui lui offrait pour son soutien. Kynes lui répondit que sa loyauté n'était pas à vendre.

Alors Paul lui présenta ses excuses. Puis il lui dit qu'en échange de sa loyauté, il lui offrait la sienne. Kynes trouvait cela absurde car Paul n'était qu'un enfant. Mais Paul lui dit que jamais aucun Atréides n'avait rompu un tel serment. Il était prêt à donner sa vie à Kynes. Kynes l'appela «Sire » et cette fois avec sincérité. Soudain, les Harkonnen attaquèrent. Duncan essaya de les arrêter. Mais déjà, la porte de la chambre de Kynes fut ouverte. Duncan fut tué. Paul et Kynes réussirent à refermer la porte. Kynes dit que la porte pourrait résister 29 minutes. Jessica avait eu le temps de voir que c'étaient des Sardaukars en uniforme Harkonnen.

Kynes les emmena dans un tunnel secret caché derrière les armoires métalliques. Il leur indiqua des flèches lumineuses sur le sol qui les guideraient dans le labyrinthe. À la sortie, un orni les attendrait. Il leur dit que leur seule chance était d'aller à la rencontre de la tempête. Quant à lui, il allait tenter de s'enfuir seul. Il enverrait des Fremen à leur recherche. Puis Jessica et Paul suivirent les flèches qui s'éteignaient derrière eux. Ils se retrouvèrent dans une caverne taillée dans le roc. L’orni était là. L'appareil possédait un masque antidétecteur. Paul lutta contre la pensée qu'ils se trouvaient dans une zone obscure, une zone que nulle vision presciente ne lui avait révélée. Il comprit qu'il avait accordé de plus en plus de crédit à ses pouvoirs prescients et que cela l'avait affaibli en cet instant capital. Il se jura de ne jamais retomber dans le piège. Paul fit décoller l'appareil. À présent, l'éducation et l'entraînement de Paul constituaient leur unique chance avec sa jeunesse et sa vivacité. Il lança l'appareil vers la tempête. Un seul appareil ennemi semblait en mesure de les poursuivre. Paul pilota par instinct. Il se calma en récitant une litanie bene gesserit : « je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit ».

Dans le Manuel de Muad’Dib, il est écrit qu'on vous connaît vraiment à partir de ce que vous méprisez.

Nefud annonça au baron que Paul et Jessica étaient certainement morts. Le baron remarqua que le capitaine avait été sous l'emprise de la drogue au moment où il avait reçu le rapport. Le baron lui demanda s'il avait vu les corps. Le capitaine répondit qu'on avait vu Paul et Jessica disparaître dans une tempête. Le baron lui demanda si Duncan les avaient conduits jusqu'à eux et le capitaine répondit que c'était le cas. Le capitaine précisa que Kynes avait rejoint Paul et Jessica. Le baron se doutait que le nombre d'hommes perdus dans cette opération était élevé. Il ordonna qu'on tue Kynes mais le capitaine répondit que Kynes était au service de l'empereur. Alors le baron demanda que cela ait l'air d'un accident. Le capitaine annonça au baron que les Sardaukars détenaient Hawat. Le capitaine révéla qu'Hawat croyait avoir été trahi par Jessica. Le baron ordonna qu'on laisse croire à Hawat que Jessica était vivante. On ne devrait rien lui dire au sujet du docteur Yueh. Il fallait nourrir ses soupçons à l'égard de Jessica. Le capitaine devrait expliquer aux chefs des Sardaukars que le baron désirait interroger Hawat et Kynes en même temps. Nefud pensait que les Sardaukars voudraient assister à l'interrogatoire. Mais le baron croyait pouvoir créer une diversion propre à écarter tout observateur indésirable. Hawat et Kynes auraient un accident mais seul celui de Kynes serait authentique. Le baron ordonna au capitaine de traité Hawat avec douceur et sympathie et de lui donner à boire et à manger. Dans la boisson, il faudrait ajouter le poison résiduel créé par Piter. L'antidote devrait être régulièrement présent dans ses aliments. Hawat serait le remplaçant de Piter. Il resterait à le convaincre qu'il n'était en rien coupable de la défaite du duc. Que celle-ci était le seul fait de Jessica. Le baron était convaincu que Paul et Jessica étaient morts dans la tempête. Les incroyables dépenses consacrées au débarquement sur cette planète, tous les rapports secrets à l'empereur, tout le vaste plan soigneusement mis au point… Tout cela portait pleinement ses fruits. Un jour, un Harkonnen deviendrait empereur. Il espérait que ce serait Feyd-Rautha. Il y avait en lui une férocité que le baron appréciait. Rabban, neveu du baron entra. Le baron lui annonça la mort de Paul et Jessica. Il lui fit croire qu'Arrakis lui appartenait désormais. Mais Rabban répondit que le baron avait promis cette planète à Piter. Le baron lui annonça la mort de Piter. Rabban crut que le baron s'en était lassé et l'avait fait tuer. Cela mit le baron en colère et il annonça à son neveu que la prochaine fois qu'il s'aviserait de suggérer en paroles qu'il puisse être stupide, il serait sans indulgence. Rabban frémit. Il savait que le baron avait fait exécuter Yueh. Le baron lui expliqua que Yueh était un traître et il ne l'avait pas supprimé sans réfléchir. Rabban lui demanda si l'empereur savait que le docteur Yueh avait été corrompu. Le baron songea que cette question était insidieuse et commença à se demander s'il ne s'était pas trompé sur le compte de son neveu. Le baron lui répondit qu'il expliquerait à l'empereur qu'il avait découvert un docteur qui simulait le conditionnement. Il demanda à son neveu de garder le secret. Il lui promit de n'avoir envers lui qu'une seule exigence : le bénéfice. En effet, le baron avait dépensé des sommes faramineuses pour payer l'intervention de la Guilde dans les transports de soldats. Le baron assurera à son neveu qu'il serait entièrement libre d'agir sur Arrakis à condition qu'il lui fournisse un bénéfice. Rabban révéla au baron qu'il avait rencontré certains de ses anciens lieutenants qui avaient servi de guides au Sardaukars. Ils lui avaient appris qu'une bande de Fremen avait tendu une embuscade à un parti de Sardaukars. Le baron refusa de croire que les Fremen soient capables de tuer des Sardaukars. De plus, les Fremen avaient déjà mis la main sur le redoutable Hawat. Le baron était persuadé que les lieutenants de Rabban avaient vu des soldats Atréides déguisés en Fremen. Mais son neveu répliqua que les Sardaukars venaient de déclencher un pogrom contre tous les Fremen. Le baron était inquiet à cause des populations qui visaient dans les cités. Il subsistait quelques Maisons Mineures avec des gens ambitieux capables de quitter Arrakis avec quelque déplaisante histoire à raconter sur ce qui venait de se passer. Le baron ordonna à son neveu de prendre des mesures pour s'assurer un otage de chaque Maison Mineure. Chacun devrait croire que tout ceci n'était qu'une lutte de Maison à Maison. Le baron ferait croire que le duc s'était vu offrir la grâce habituelle ainsi que l'exil qu'il avait trouvé la mort dans un accident malheureux. Quant à la présence des Sardaukars sur Arrakis, elle ne devrait être que prétexte à rire. Rabban demanda des précisions sur le contrebandier et le baron lui répondit que nul ne croyant en l'existence des contrebandiers. Le baron attendait donc deux choses d'Arrakis, des bénéfices et un gouvernement sans merci.

Rabban parla de Kynes qui représentait l'empereur. Il était très lié aux Fremen. Il avait épousé une femme Fremen. Le baron lui répondit que Kynes serait mort lorsque la nuit viendrait. Rabban rétorqua que c'était une dangereuse action de tuer un serviteur de l'empereur. Le baron ordonna à son neveu de faire une déclaration pour annoncer que l'empereur l'avait chargé de prendre possession d'Arrakis pour mettre fin à toute querelle. Puis le baron ordonna à son neveu de partir. Après quoi, le baron songea que Rabban était décidément un esprit musclé et blindé qui serait redouté par la population. Lorsque son cher Feyd Rautha arriverait, il serait accueilli à bras ouverts, comme un libérateur.

Dans Histoire de Muad’Dib enfant, il est écrit qu'à 15 ans, Muad’Dib avait déjà appris le silence.

Paul, luttant aux commandes de l'ornithoptère, prit conscience qu'ils échappaient aux forces de la tempête. Ses facultés de perception étaient supérieures à celles d'un Mentat. Il guettait l'approche d'une turbulence. Le tourbillon apparut. Alors, il inclina l'ornithoptère sur la gauche. L'appareil fut saisi par le tourbillon qui les enveloppa. Grâce à cette manoeuvre, Paul put se libérer de la tempête. Jessica avait senti que le combat contre la tempête avait duré 4 heures. Ils avaient échappé à la tempête mais ils n'avaient pas encore atteint l'image que Paul avait perçue grâce à sa vision presciente. Il approchait d'une nouvelle perception qui, sans la litanie magique, n'aurait pu être. Des paroles de la Bible catholique Orange flottèrent dans sa mémoire : ne nous manque-t-il pas des sens qui nous permettent de voir et d'entendre cet autre monde qui est tout autour de nous ? Paul posa l'appareil et demanda à sa mère de courir vers les rochers. Les vers allaient s'emparer de leur appareil. Paul s'empara du paquet à l'arrière de l'appareil et suivit sa mère. Le ver détruisit l'ornithoptère. Paul entraîna sa mère dans l'abri d'un creux et se retourna pour observer le désert. Il vit le ver s'éloigner. Paul avait déjà vu ce désert était sur Caladan. L'image s'était infiltrée dans son esprit mais dans sa vision, Duncan était avec eux. À présent, Duncan était mort. Paul et Jessica marchèrent longtemps. Ils s'arrêtèrent pour manger. Paul conseilla à sa mère de boire toute son eau. Jessica sentit alors son énergie revenir.

Paul demanda à sa mère comment elle se sentait et elle répondit que sa soeur ne naîtrait pas avant plusieurs mois et elle se sentait encore physiquement en forme. Elle se rendit compte qu'elle craignait son fils et son étrangeté. Il expliqua à sa mère qu'ils devraient poursuivre leur chemin en faisant des bruits sans rythme pour ne pas attirer les vers. Ils descendirent jusqu'à une fissure dans le désert. Mais ils furent ensevelis par une avalanche de sable. Paul se calma grâce à l'éducation bene gesserit et reprit son escalade jusqu'à ce qu'il trouve une des murailles de la fissure. Alors il se mit à creuser lentement et découvrit sa mère. Elle était vivante. Elle avait suspendu sa respiration grâce à son éducation bene gesserit. Paul l'entraîna vers le bas de la pente puis il la posa au sol. Il prononça le mot qui devait la sortir de sa catalepsie. Elle se réveilla lentement. Mais Paul avait perdu le paquet avec tout ce qu'il contenait d'important : l'eau, latente. Il ne lui restait plus que le paracompas, le couteau et les jumelles. Paul sentit de l'épice et se dirigea vers la source de l'odeur. Il brida le rythme de ses pas pour ne pas attirer les vers. Il atteignit les agissements d'épice et en recueilli une brassée dans sa robe. Puis il répandit toute l'épice devant Jessica. Il démantela le paracompas à l'aide de son couteau. Il en retira la pile. Il aspira une gorgée d'eau et la recracha dans l'ouverture du cadran. Puis il ouvrit la pile et répandit les cristaux dans l'eau. Il remit le couvercle du paracompas tout en ôtant le bouton de réglage. Puis il prit l'instrument d'une main et une poignée d'épice de l'autre et remonta vers le haut de la fissure. Une écume verte surgit par le trou correspondant au bouton de réglage. Paul la dirigea vers le sable puis il creusa. Il jeta une nouvelle pincée d'épice dans le paracompas et la mousse réapparut. Lentement, l'excavation devint de plus en plus profonde. Elle atteignit le niveau du fond du bassin rocheux et le paquet n'apparaissait toujours pas. Jessica creusa encore et finit par trouver le paquet. Paul aida sa mère à sortir du trou. Malgré le succès de l'opération, Paul s'en voulait car il avait été inconscient.

Il monta la tente. Il prit ses jumelles et observa le désert. Il remarqua des plantes. Il pensa que les Fremen avaient installé un site dans les parages. Un ver apparut sur leur droite puis disparut. Jessica annonça à son fils qu'elle allait poursuivre les leçons qu'elle lui avait données car, aujourd'hui, il avait paniqué. Il fallait qu'il parvienne à contrôler chacun de ses muscles.

Dans Conversation avec Muad’Dib, il est écrit que Paul s'était émoussé en quittant Caladan. Il avait payé le prix que les hommes ont toujours payé pour jouir du paradis.

Halleck rencontra le contrebandier Staban Tuek. Halleck savait que le père du contrebandier avait été tué par les Harkonnen. Le contrebandier pensait que ça pouvait être aussi de la faute du traître qui s'était glissé parmi les Atréides. Halleck lui demanda de noblesse traître. Le contrebandier répondit qu'il n'en était peut-être pas certain. D'après Hawat, c'était peut-être Jessica. Et le contrebandier savait qu'Hawat était prisonnier des Harkonnen. Le contrebandier annonça à Halleck qu'il saurait l'utiliser lui et ses hommes mais qu'il n'hésiterait pas à le tuer s'il tentait la moindre action ouverte contre les Harkonnen. Halleck ne comprenait pas pourquoi il les défendait alors qu'ils avaient tué son père. Le contrebandier répondit qu'il entendait protéger son contrat avec la Guilde. Il pensait que Jessica était morte car c'est ce que disaient les Harkonnen. Selon ses dernières informations Paul et Jessica s'était perdu dans une tempête, en plein désert. Il annonça à Halleck que Rabban la bête allait prendre place sur le trône de Dune. Halleck avait un compte personnel à régler avec Rabban. C'était Rabban qui lui avait fait une cicatrice au visage et qui avait tué sa famille. Le contrebandier conseilla à Halleck de se mettre à son service pour pouvoir payer son voyage et quitter Arrakis. Mais Halleck voulait rester avec ses hommes. Le contrebandier lui conseilla d'agir lentement et le jour de sa revanche viendrait. Halleck accepta de rester parmi les contrebandiers jusqu'au jour où Tuek lui dirait de venger son père. Mais le contrebandier répondit qu'il vengerait lui-même son père. Le contrebandier lui annonça que les Fremen étaient pourchassés parce qu'ils avaient tué des Harkonnen. Mais Halleck pensait que c'était des Sardaukars. Le contrebandier pensait que c'était des rumeurs. Tuek lui demanda de choisir entre lui et les Fremen. Halleck choisi de rester avec le contrebandier. Le contrebandier et espérait qu' Halleck réussirait à convaincre ses hommes de le suivre avec le contrebandier. Un de ses hommes lui annonça qu'il y avait un mourant qui désirait une chance alors Halleck prit son instrument et chanta pour lui. Désormais, ils n'étaient plus que 73.

Dans Dans la maison de mon père, il est écrit qu'une nouvelle esclave-concubine avait été présentée à l'empereur mais il l'avait refusée car elle était trop belle. Il décida de la réserver pour un cadeau.

Durant la nuit, Paul et Jessica quittèrent leur refuge. Paul avait planté le marteleur. Ils disposeraient d'environ 30 minutes pour franchir les 4 km qui les séparaient de l'endroit où ils désiraient se rendre. Paul conseilla à sa mère de marcher sans rythme. C'était ainsi que les Fremen marchaient dans le sable. Paul et Jessica devaient émettre les mêmes bruits que le sable dans sa chute naturelle sous l'effet du vent. Le marteleur émettait un bruit de tambour. Ils atteignirent la moitié de la distance quand le ver arriva. Ils continuèrent de marcher et Paul conseilla à sa mère de courir.

Ils atteignirent les rochers. Le ver était à leur poursuite. Il attaqua les rochers. Paul attira sa mère plus avant dans le refuge. L'odeur de la cannelle recouvrait tout. Paul se demanda quel rapport existait entre le ver et le Mélange qui produisait cette odeur de cannelle. Puis le ver s'en alla. Il avait été attiré par le bruit d'un second marteleur. Paul pensait que c'était les Fremen qui avaient installé ce second marteleur. Les Fremen avaient marqué un chemin sur la falaise avec des piquets. Paul et Jessica se retrouvèrent au seuil d'une crevasse ténébreuse.

Il y avait des marches qui s'achevèrent dans un étroit défilé d'environ 20 m de long débouchant sur un creux baigné de lune.

Jessica se sentit saisie par la beauté du lieu. À gauche, la paroi du bassin était obscure mais, à droite, elle semblait couverte de givre. Au centre, un jardin de buisson, de cactées, de pousses rêches. Paul pensait que c'était un site Fremen. Paul aperçut des souris. Puis un grand oiseau gris et fantomatique s'envola au-dessus du bassin. Tout à coup, un homme les interpella. Celui qui venait de les interpeller avait réussi à progresser jusque-là en ne produisant que les bruits naturels du désert. Une seconde voix s'éleva sur leur gauche. Paul ressentait le frôlement de la peur et il en connaissait la raison. Ce moment était obscur. Il n'appartenait à aucun des avenirs qu'il avait vus. Sa mère et lui étaient à la merci de deux Fremen sauvages qui n'en voulaient qu'à l'eau que recelait la chair de deux corps vulnérables.

Dans L'Eveil d'Arrakis, il est écrit que la religion Fremen est à la source des Piliers de l'Univers dont les Qizara Tafwid sont les représentants avec les signes, les preuves et la prophétie.

Les Harkonnen avaient abandonné Kynes sans eau ni distille en espérant que le désert aurait raison de lui. Ils avaient trouvé cela amusant. Kynes entendit la voix de son père qu'il croyait mort depuis longtemps. Il pensait qu'il délirait. Il y avait des charognards autour de lui et il espérait que les Fremen les verraient et viendraient.

Kynes entendait son père lui répéter ce qu'il lui disait quand il était enfant. Son père lui disait qu'il fallait s'éloigner de la masse d'épice en gestation près de laquelle se trouvait Kynes. L'eau était proche. À une centaine de mètres sous lui. Et un ver allait venir mais il n'avait aucun moyen de le capturer et de l'utiliser.

Un faucon se posa près de Kynes. Il bougea sa main pour faire partir l'oiseau. Mais le faucon s'approcha à nouveau. Le père de Kynes avait dit que le peuple ne pourrait connaître plus terrible désastre que de tomber aux mains d'un héros. Kynes avait envoyé un message aux Fremen pour qu'ils trouvent Paul et le protègent. Dans les profondeurs du sable, une bulle énorme de gaz carbonique s'était formée et montait vers la surface. Le tourbillon de sable prit Kynes et l'entraîna dans des ténèbres fraîches. Puis, en cette seconde où sa planète le tuait, Kynes s'est dit que son père se trompait. Les principes permanents de l'univers demeuraient encore l'accident. Les faucons eux-mêmes savaient cela.

Dans Réflexions personnelles sur Muad’ Dib, une réflexion était portée sur le prophète et sa façon de façonner l'avenir afin qu'il corresponde à sa prophétie.

Paul avait compris que sa mère était prête au combat et qu'elle attendait son signal. Les Fremen employèrent une des anciennes langues de chasse mais Paul comprit que l'un des deux Fremen venait de dire que peut-être Paul et Jessica étaient peut-être les étrangers qu'ils cherchaient. Une troupe entière arriva. Un homme de haute taille s'avança vers Jessica. Il demanda à Jessica s'ils étaient des djinns ou des humains. Jessica lui demanda qui avait surgi de la nuit comme un assassin. L'homme reconnut l'habileté de Paul. Il admit que s'ils essayaient de fuir les Harkonnen ils pouvaient être les bienvenus parmi les Fremen. Paul lui demanda pourquoi ils accueilleraient des fugitifs. L'homme répondit qu'il n'était pas celui qui payait le tribut d'eau aux Harkonnen.

Paul sentit que l'homme savait qui ils étaient. Il se présenta sous le nom de Stilgar. Paul se rappela avoir vu cet homme venir au conseil réclamer le corps d'un ami tué par les Harkonnen. Stilgar avait reconnu la bravoure de Paul qui avait réussi à traverser dans le sillage de Shai-hulud. Jessica avait senti dans la voie de l'homme qu'elle avait déjà été exclue de ses pensées. Stilgar dit à son compagnon que Paul pouvait être le Lisan al-Gaib. Stilgar évoqua une chauve-souris et Jessica comprit que cet animal avait été envoyé avec un message ordonnant aux Fremen de les rechercher, elle et son fils. Stilgar demanda à Jessica de se présenter et elle répondit qu'elle était la mère de Paul. Elle précisa que la force que Stilgar avait décelé en Paul était le fruit de l'éducation qu'elle lui avait donnée. Stilgar lui demanda si elle était une révérende mère. Elle répondit non. Alors Stilgar il annonça qu'il allait emmener son enfant et qu'il ne pouvait l'accueillir, elle, car elle risquerait de provoquer la destruction de toute une tribu. C'était leur loi. Il tenta de tuer Jessica mais en quelques mouvements elle réussit à maintenir l'homme sans défense devant elle. Tandis que Paul neutralisa le second Fremen. Tout à coup, des projectiles miaulèrent sur les rochers alentour et l'un d'eux troua la robe de Paul. Stilgar ordonna à ses hommes de reculer. Jessica ordonna qu'on arrête de poursuivre son fils. Stilgar lui demanda pourquoi elle n'avait pas dit qu'elle était une magique et une guerrière.

Jessica lui ordonna de replier ses hommes au fond du bassin. Puis elle lui dit qu'il cherchait le Lisan al-Gaib. Stilgar reconnut qu'il avait pensé avoir trouvé ceux de la légende. Mais il voulait en avoir la preuve.

Jessica ordonna à Stilgar de dire à un homme derrière un buisson de cesser immédiatement de la mettre en joue. Puis elle lui demanda d'expliquer clairement à ses gens ce qu'il attendait d'elle. Stilgar avait reconnu l'art étrange que Jessica savait pratiquer. Jessica promit de lui apprendre et Stilgar accepta de lui apporter son soutien. Alors Jessica le relâcha. Stilgar demanda à Jessica comment les Fremen pouvaient être certain qu'elle allait remplir sa part du marché. Elle répondit que les Bene Gesserit ne trahissaient pas leur parole. Il y eut des murmures. Les Fremen parlèrent de sorcière Bene Gesserit. Une voix dit que c'était la légende. La légende disait que le fils d'une Bene Gesserit conduirait les Fremen au paradis. Jessica songea que la Missionaria Protectiva étaient parvenues à implanter des soupapes de sûreté religieuse dans cet enfer. Jessica se souvint d'une carte que Kynes lui avait montrée alors qu'il leur préparait le chemin pour fuir. Elle avait vu le nom de Stilgar à proximité d'un lieu nommé Sietch Tabr alors elle évoqua ce nom. Elle vit qu'elle avait touché juste. Stilgar remarqua que Paul avait réussi à neutraliser deux de ses hommes. Il fut surpris que même Paul connaisse l'art étrange.

Paul se retrouva en face d'une Fremen qui avait pointé sur lui une arme. Elle lui annonça qu'elle ne lui aurait pas permis de frapper ses compagnons. Elle s'appelait Chani. C'était un visage familier qui avait habité les visions prescientes de Paul. Il était troublé. Il avait déjà décrit ce visage à la révérende mère. Il savait qu'il la connaîtrait un jour. Stilgar offrit à Paul et à Jessica le mouchoir du bakka pour que l'on sache qu'ils appartenaient désormais au sietch de Stilgar. Stilgar ordonna à Chani de prendre Paul sous son aile. Pour le moment les Fremen appelaient Paul « l'enfant-homme ». Ils lui donneraient un autre nom quand viendrait le moment de l'épreuve de raison. Jessica compta 40 Fremen et remarqua qu'ils marchaient comme des militaires. Ils se dirigèrent vers la Caverne des chaînes. Chani conseilla à Paul de regarder où il marchait. Il ne devait frôler aucun buisson pour ne laisser aucun indice de son passage. Jessica songea que les Fremen formaient une société militaire et que c'était une puissance inestimable pour un duc hors-la-loi.

Dans La Sagesse de Muad’ Dib est, il est écrit que les Fremen possèdent cette qualité que les anciens appelaient le « spannungs-bogen ». C'était le délai que l'on s'impose soi-même entre le désir que l'on éprouve pour une chose et le geste que l'on fait pour se l'approprier.

À l'aube, ils approchèrent de la Caverne des chaînes. Stilgar détacha des hommes en éclaireurs. Puis ils se retrouvèrent dans une salle profonde et vaste dont le plafond voûté était juste hors de portée d'une main tendue.

Chani demanda à Paul de se reposer et de se tenir à l'écart. Elle lui donna deux tablettes qui sentaient fortement l'épice.

Stilgar entraîna Jessica au-delà d'un pan de rochers vers la source de lumière. Elle découvrit un autre bassin large de 20 km entouré d'immenses murailles et parsemé de plantes. Stilgar lui montra les véritables Druses. C'était le peuple de Stilgar. Jessica lui demanda si elle avait compromis sa position de chef en le maîtrisant. Il répondit qu'elle ne l'avait pas défié. Il savait que ses hommes espéraient apprendre l'art étrange et certain étaient curieux de voir si Jessica allait le défier. Jessica lui demanda quel rapport la Guilde avait avec l'épice. Il répondit que les Fremen payaient la Guilde des sommes monstrueuses en épice pour qu'aucun satellite ne puisse les espionner. Jessica voulut savoir ce que les Fremen faisaient sur Arrakis qui ne devait pas être vu. Stilgar répondit qu'ils changeaient lentement Arrakis pour qu'elle accepte la vie humaine. Jessica lui répondit que le prix de la corruption avait un danger. Il tendait à augmenter, de plus en plus. Stilgar rétorqua que la manière la plus lente était la plus sûre.

Stilgar ne pouvait admettre un ver dans ce bassin. Les Fremen appelaient les vers, les faiseurs. Jessica avait vu un mirage dans lequel des Fremen chevauchaient un ver géant. Jessica avait senti que Stilgar lui offrait plus qu'une protection. Elle se demanda s'il avait besoin d'une femme. Elle pourrait remplir ce rôle. Ce serait une façon de résoudre le conflit pour l'autorité, la femelle s'alignant sur le mâle. Stilgar lui expliqua que si elle lui enseignait ses pouvoirs, un jour viendrait ou l'un d’eux devrait défier l'autre. Stilgar préférait une autre solution. Il ne se proposait pas nécessairement comme compagnon car cela pouvait amener certains de ses plus jeunes hommes à penser qu'il se préoccupait trop des plaisirs de la chair et pas assez des besoins de sa tribu. Pour Stilgar, c'était le chef qui maintenait le statut des individus. Trop peu d'individus, et le peuple redevenait un troupeau. Jessica pensait que Stilgar était digne de sa position. Stilgar pensait que son peuple avait besoin de prospérer afin de couvrir un plus vaste territoire. Jessica reconnut qu'elle l'avait sous-estimé. Stilgar s'en était douté. Il lui proposa son amitié. Il lui expliqua que les Sayyadina, les révérendes mères des Fremen, lorsqu'elles ne représentaient pas l'autorité consacrée, conservaient une place d'honneur en enseignant. Elles maintenaient la puissance de Dieu chez les Fremen. Jessica lui parla de la légende selon laquelle une Bene Gesserit et son enfant détenait la clé de l'avenir des Fremen. Elle demanda à Stilgar s'il pensait qu'elle était cette Bene Gesserit. Stilgar répondit qu'il ne le savait pas. Jessica connaissait la phrase clé de la Missionaria protectriva et savait comment adapter les techniques de la légende et de la peur à ses exigences immédiates mais elle percevait des modifications profondes comme si quelqu'un était venu parmi les Fremen et avait joué sur l'empreinte laissée par la Missionaria protectriva.

Jessica s'abandonna à l’adab, la mémoire qui se déversait en elle-même. Elle dit : «Ibn qirtaiba ». Les yeux de Stilgar s'agrandirent. Jessica pouvait voir un Fremen avec le Livre des Exemples au Sadus du Jugement. Elle fut envahie d'un tremblement. Stilgar lui dit que si le Shai-hulud acceptait, elle pourrait passer révérende mère.

À présent, Jessica devait jouer le rôle d'Auliya, l'Amie de Dieu. Jessica se rendit compte à quel point les Fremen avait été imprégnés des paroles bene geserit puisqu'ils avaient nommé leurs prêtresses des révérendes mères. Paul avait mangé la nourriture que lui avait donnée Chani. Jamais encore, il avait absorbé autant d'épice concentrée il en avait éprouvé de la frayeur. L'épice avait la capacité de lui procurer des visions prescientes. À présent, il pouvait percevoir le but terrible. Il se laissa aller sur le sol, abandonnant toute résistance. Il lui fallait se maintenir dans la perception du présent. Il put déceler la monumentale régularité du mouvement du temps. Il comprit que la prescience était à la fois source de précision et d'erreur significative. La dépense d'énergie lui révélait ce qu'il voyait et le modifiait en même temps. D'innombrables lignes tracées à partir de cette caverne menaient à l'image de son cadavre, de son sang répandu par un couteau.

Dans Dans la maison de mon père, il était écrit que l'empereur avait 72 ans quand il avait décidé la mort du duc Leto et la restitution d'Arrakis aux Harkonnen. Il représentait une dynastie dont les origines se perdaient dans le temps mais il lui était interdit d'avoir un fils légal. Son épouse avait obéi à ses soeurs supérieures au contraire de Jessica. L'histoire avait établi que c'était Jessica qui avait été la plus forte.

Jessica s'était abandonnée au sommeil total après sa grande fatigue. Elle se demanda comment informer le sanctuaire d'Arrakeen de leur sort. Elle avait remarqué que Paul avait été absent, comme surgi d'entre les morts et à peine conscient de son retour. Stilgar lui annonça que Jamis avait exigé la preuve que Paul et Jessica étaient ceux de la légende. Il voulait un combat singulier avec Paul. Jessica voulait combattre elle-même mais cela s'opposait à leur interprétation de la légende.

Jamis voulait sa revanche avec Paul qui l'avait terrassé la nuit précédente. Stilgar annonça à Jamis que si Paul ne le battait pas alors c'était son propre couteau qu'il devrait rencontrer ensuite. Jessica dit à Jamis que s'il frappait son fils, il devrait l'affronter. Paul n'avait pas peur malgré l'image du couteau planté dans son corps qu'il avait vue la nuit précédente. Jessica regarda Jamis et elle mit un gémissement dans sa voix et un appel au dernier mot. Jamis la regarda avec crainte. Jamis demanda à Stilgar de la faire taire. Stilgar ordonna à Jessica de se retirer.

Jessica eut le temps de voir Chani chuchoter à l'oreille de Paul tout en montrant Jamis de la tête. Un cercle se forma. Jamis s'avança à l'intérieur du cercle. Il enleva sa robe puis son distille. Il tenait son krys dans la main droite. Chani tendit un krys à Paul. Jessica songea que son fils avait appris le combat à une école mortelle avec des hommes comme Duncan et Halleck. Il semblait confiant. Paul portait la tenue de combat qu'il avait gardée sous son distille. Il se souvenait des recommandations de Gurney : « le bon combattant au couteau doit penser simultanément à la pointe, à la lame et à sa garde. La pointe peut trancher, la lame peut percer et la garde peut aussi bien prendre au piège la lame de l'adversaire ». Mais le krys n'avait pas de garde et Paul ignorait la résistance de la lame. Il n'avait pas de bouclier et il se rendit compte à présent que le bouclier faisait intimement partie de ses réactions. Jamis lança le défilé rituel : « puis le couteau trancher et briser ». Alors, la lame devait se casser, pensa Paul. Il avait peur. Alors il répéta mentalement la litanie bene gesserit : « La peur tue l'esprit… ». Il sentit ses muscles se dénouer. Il était calme, prêt. La défense de Paul était d'une terrible rapidité mais, à chaque parade, il prenait exactement la position qui lui aurait permis de dévier en partie le coup de son adversaire sur son bouclier. Il contera un coup de Jamis et le blessa à la main. Il lui demanda s'il abandonnait mais Jamis voulut continuer. Stilgar annonça à Paul que nul ne pouvait abandonner. La mort était la seule conclusion. Jessica se demanda si son fils qui n'avait jamais tué un homme pourrait le faire. Jessica lut l'ombre du désespoir sur les traits de Jamis. Alors elle éprouva de la pitié pour lui. Paul continuait de se déplacer sans attaquer. Il avait senti la peur chez son adversaire. Duncan lui avait enseigné que lorsque son adversaire avait peur de lui, il fallait laisser les rênes libres à la peur pour qu'elle fasse son oeuvre. L'homme terrifié commettait une erreur fatale, en général. Une rumeur monta de l'assistance. Les Fremen croyaient que Paul jouait avec Jamis et qu'il était inutilement cruel. Jamis avait tenté une feinte en passant son couteau de la main droite à la main gauche. Mais Paul avait appris par Gurney qu'il fallait penser au couteau et non à la main qui le tenait car le couteau était plus dangereux que la main. Paul passa son couteau d'une main à l'autre en un éclair et se jeta de côté pour frapper son adversaire à la poitrine. Jamis fut tué. Les Fremen emportèrent le corps de Jamis. Jessica se précipita sur son fils. Elle pensait qu'il ne devait pas se réjouir d'avoir tué un homme. Jessica remarqua l'admiration sur le visage de Chani. Elle mit tout le mépris possible dans sa voix et son attitude et demanda à Paul quelle l'impression ressentait le tueur. Paul se raidit comme si elle venait de le frapper. Stilgar s'adressa à Paul sur un ton mesuré et froid pour lui dire que lorsque le moment viendrait ou il le défirait il ne fallait pas espérer jouer avec lui ainsi qu'il l'avait fait avec Jamis. Les paroles de Jessica et de Stilgar s'imprimèrent en Paul pour accomplir leur oeuvre. Paul regarda les Fremen et put sentir dans leurs regards de l'admiration, de la peur mais aussi du dégoût. Jessica annonça à Stilgar que Paul n'avait jamais encore tué un homme avec une arme blanche. Stilgar était incrédule. Paul dit à sa mère qu'il ne voulait pas tuer. Jessica sentit que, lentement, Stilgar acceptait la vérité. Stilgar comprit pourquoi Paul avait invité Jamis a abandonné. Désormais, il ne l'appellerait plus garçon. Une voix lança qu'il fallait un nom à Paul. Stilgar acquiesça. Comme il discernait la puissance en Paul, une puissance semblable à celle d'un pilier, il décida d'appeler Paul Usul, la base de pilier. Ce serait le nom secret de Paul, son nom de soldat. Seuls les hommes du Sietch Tabr auraient droit de l'employer.

Jessica comprit qu'ils acceptaient son fils et en même temps ils l'acceptaient elle aussi. Elle était vraiment la Sayyadina. Stilgar demanda à Paul qu'elle nom d'homme il voulait qu'on choisisse pour lui. Des fragments de cet instant correspondaient à sa mémoire presciente mais les différences lui semblaient physiques. Paul demanda quel nom les Fremen donnaient à la petite souris car il se souvenait des petits bruits de pattes dans le bassin de Tuono. Stilgar répondit qu'ils l'appelaient Muad’ Dib. Jessica se raidit car Paul lui avait déjà dit ce nom. Il avait prévu que les Fremen l'accepteraient sous ce nom. Elle eut à la fois peur de lui et peur pour lui.

Paul eut à nouveau la vision de légions de fanatiques suivant la bannière noire et verte des Atréides, laissant dans l'univers un sillage d'incendies et des pillages au nom de leur prophète, Muad’ Dib. Cela ne devait pas être, se dit-il.

Paul demanda l'autorisation d'être appelé Paul-Muad’ Dib car il ne voulait pas abandonner entièrement le nom que lui avait donné son père. Cela n'était dans aucune de ses visions. Paul avait agi différemment. Stilgar accepta et lui souhaita la bienvenue parmi les Fremen. Les Fremen l'étreignirent en prononçant le nom d'Usul. Stilgar déclara qu'après en Paul appartenait à l’Ichwan Bedwine. Puis Jessica offrit sa réserve d'eau. Stilgar accepta à condition qu'elle accepte d'être remboursée au taux du désert.

Dans La Sagesse de Muad’ Dib, il est écrit que Dieu avait créé Arrakis pour éprouver les fidèles.

La cérémonie funèbre en l'honneur de Jamis commença. Jessica était préoccupée par l'humidité. Elle voulait prévenir Paul que ce n'était pas parmi les Fremen qu'il pouvait trouver une épouse digne d'un duc. Chani annonça à Paul et à Jessica que les Fremen étaient en train de récupérer l'eau de Jamis. Paul annonça à Jessica que les Fremen avaient dit que cette eau était à lui. L'eau du combat appartenait au vainqueur. Mais Paul ne voulait pas de cette eau. Jessica conseilla à son fils d'accepter cette eau. Paul comprit que refuser l'eau serait refuser les pratiques Fremen. Il dit alors : « de l'eau vient toute vie ». C'était un extrait de la Bible catholique Orange. Jessica se demanda comment il avait pu apprendre cela car il n'avait jamais étudié les mystères.

Derrière Jessica, des hommes se mirent en mouvement et tendirent un rideau devant l'entrée de la caverne. C'étaient les amis de Jamis. Jessica conseilla à Paul de faire ce que les Fremen faisaient. Chani prit la main de Jessica. Elle a l'emmena à l'écart. Paul se sentit abandonné. Les Fremen poussèrent Paul à l'intérieur du cercle qui s'était formé autour de Stilgar. Les hommes s'accroupirent auprès d'un amas aux formes anguleuses que recouvrait une robe. Stilgar s'empara de la robe pour le mettre sur son épaule. Paul put découvrir les objets de Jamis. Il y avait un instrument de musique. Stilgar offrit une partie des objets à la femme de Jamis et aux gardes. Il offrit à Paul le marqueur du service à café de Jamis. Le krys de Jamis serait offert à la plaine funèbre. Chaque ami de Jamis eut une parole pour lui avant de prendre un de ses objets. Jessica prit un mouchoir dans l'amas d'objets et dit qu'elle était une amie de Jamis et qu'elle était reconnaissante que l'esprit des esprits qui était en lui ait épargner son fils.

Paul se rappela une bobine que lui avait projetée sa mère sur le culte des morts. Maintenant, il savait ce qu'il devait faire. Il se leva. Il prit la balisette de Jamis en déclarant être un ami de Jamis. Il dit également que Jamis lui avait appris que lorsque l'on tue, on paye le prix.

Il versa des larmes. Les Fremen s'en aperçurent. C'était perçu comme un cadeau au royaume des ombres. Les larmes qui seraient sacrées.

Paul comprit que l'eau, c'était la vie elle-même avec son symbolisme et ses rites. Paul se trouva tout à coup isolé. C'était le témoignage du respect de l'assistance. Chani psalmodia des paroles pour Jamis. Paul s'approcha d'elle et elle lui demanda de se mettre à genoux. Elle guida ses mains jusqu'au sac à eau et demanda que la tribu l'accepte par cette eau.

Stilgar présenta des anneaux. Chani en accepta un et proposa à Paul l'ensemble des anneaux passés à son doigt. Paul accepta. Puis il lui demanda si elle pouvait les conserver pour lui. Surprise, Chani regarda Stilgar. Stilgar déclara que Paul ne connaissait pas encore leurs coutumes et demanda à Chani de garder les anneaux pour lui. Stilgar appela deux hommes qui étaient les maîtres d'eau. Ils prirent le sac.

Stilgar emmena l'assemblée hors de la caverne. Jessica entendit la muraille se refermer derrière eux. Paul ressentit le souffle d'air humide. Puis ils se retrouvèrent devant un escalier en spirale. La troupe se retrouva dans un vaste espace avec un plafond haut et voûté. Paul entendit le bruit de gouttes qui tombaient. Les Fremen furent soudain encore plus silencieux. Paul avait vu cet endroit en rêve. Paul sentit qu'il serait difficile de détourner le fléau du but terrible. Les Fremen se déployèrent sur une seule ligne pour se diriger vers une barrière basse taillée à même le rocher.

Paul distingua une étendue d'eau. Les maîtres d'eau déversèrent leurs fardeaux sous le contrôle d'un compteur. Stilgar expliqua à Jessica qu'ici ils pouvaient disposer de 38 millions de décalitres d'eau. Lorsqu'ils auraient atteint la quantité suffisante, ils seraient en mesure de changer le visage d'Arrakis.

Jessica comprit que les Fremen était un peuple avec un but. C'était un des éléments essentiels dont Paul avait besoin. Il serait facile de faire naître de la ferveur au sein d'un tel peuple. Paul, en suivant Chani, sentit qu'un moment vital pour lui venait de s'enfuir et qu'il avait manqué l'occasion d'une décision essentielle et qu'il était pris désormais dans son propre mythe.

La troupe regagna la caverne principale. Chani demanda à Paul de lui parler des eaux de son monde natal. Il lui promit de lui en parler une autre fois. Jessica remarqua la féminité dans la voix de Chani qui était pourtant encore une enfant. Il fallait qu'elle mette Paul en garde. Paul se mit à chanter une chanson de Gurney. C'était une chanson d'amour. Jessica prit peur. Paul pensa que sa mère était son ennemie.

Dans Les Dits de Muad’ Dib, il est écrit que le concept de progrès agit comme un mécanisme de protection destiné à nous isoler des terreurs de l'avenir.

Aux jeux familiaux, pour son 17e anniversaire, Feyd-Rautha tua son centième esclave-gladiateur. Le vieux baron avait décrété que d'un méridien à l'autre le labeur cesserait et dans la cité familiale d'Harko, on avait fait des efforts pour donner l'illusion de la gaieté. Les observateurs de la cour impériale, le comte et Dame Fenring avaient remarqué les tas de détritus et la démarche furtive des gens. Il y avait des gardes de toutes parts et les armes étaient régulièrement utilisées. Le comte avait remarqué que le baron commençait seulement à comprendre vraiment le prix qu'il devait payer pour s'être débarrassé du duc Leto. En rencontrant Feyd-Rautha, Dame Fenring remarqua le corps du jeune homme et la fermeté de ses muscles. Elle pensait que contrairement au baron, il ne se laisserait pas grossir. La dame était une Bene Gesserit. Le baron pensait que le comte était une espèce dangereuse de tueur.

Le comte s'exprimait à la limite de l'affront en parlant au baron. Feyd-Rautha en avait conscience. Il demanda l'autorisation de la Dame de tuer pour elle et de le proclamer dans l'arène. Elle refusa. La dame se demanda si la révérende mère avait désigné Feud-Rautha comme quelqu'un de dangereux. Le baron proposa au comte un petit entretien. Il voulait voir comment s'y prendrait le valet de l'empereur pour lui faire part de la teneur d'un message sans pousser la grossièreté jusqu'à lui de répéter à haute voix. La dame les laissa tous les deux. Le baron emmena le comte dans un champ isolant pour que la conversation ne soit pas entendue. Le comte annonça au baron que la façon dont il avait chassé les Sardaukars d'Arrakis ne satisfaisait pas l'empire. Le baron répondit que les Sardaukars ne pouvaient rester plus longtemps sans courir le risque que d'autres découvrent de quelle façon l'empereur avait apporté son aide au baron. Le comte répondit que Rabban ne semblait pas se diriger assez vite vers une solution du problème Fremen.

Le baron demanda ce que souhaitait l'empereur. Le baron voulut savoir si la Guilde avait reçu l'autorisation d'observer Arrakis et le comte lui répondit que ce n'était pas le cas. Le comte annonça au baron qu’un contrebandier avait survolé les territoires du Sud. Le baron affirma que l'empereur ne pouvait prendre ombrage de la mort de Jessica et de Paul. Ils étaient morts dans une tempête.

Le comte répondit qu'il y avait eu des accidents opportuns. Le baron répondit qu'il n'aimait pas le ton du comte. Alors le comte adressa un avertissement au baron. Si un accident malheureux lui arrivait sur Arrakis, toutes les Grandes Maisons apprendraient ce que le baron avait fait sur Arrakis. Alors le baron menaça de révéler qu'il avait transporté les légions de Sardaukars sur Arrakis. Mais le comte répondit que l'empereur pourrait toujours dire trouver des commandants de Sardaukars prêts à avouer qu'ils avaient agi sans ordre parce qu'ils désiraient affronter les Fremen.

L'empereur désirait inspecter les comptes du baron. Le baron demanda pourquoi l'empereur tenait-il tant à exterminer les Fremen. Le comte répondit que l'empereur ne désirait pas exterminer les Sardaukars. Il demanda au baron s'il croyait pouvoir venir à bout des Fremen. Le baron répondit qu'il avait envisagé une autre solution. Il voulait transformer Arrakis en planète-prison. Cela permettrait de développer le travail de façon substantielle. Le comte lui suggéra de ne pas utiliser Arrakis comme planète-prison sans la permission de l'empereur. Le comte avait appris qu'Hawat était pas mort mais qu'il servait le baron. Le baron répondit qu'il n'avait pas pu se résoudre à le supprimer. Le comte savait que le baron avait menti en déclarant au capitaine des Sardaukars  qu'Hawat était mort. Il ajouta que le véritable traître n'était pas Hawat mais le docteur Yueh. Le comte lui demanda comment il avait pu amener Hawat à changer d'allégeance. Le baron répondit que le duc était mort et qu'il avait imprégné la chair d'Hawat d'un poison lent. L'antidote lui était administré dans sa nourriture. Alors le comte lui ordonna d'arrêter de lui fournir l'antidote. Le comte pensait qu'Hawat savait trop de choses. Le baron accepterait d'obéir quand il aurait reçu l'ordre de l'empereur. Il s'exclama que l'empereur ne pouvait penser qu'il le menaçait.

Le baron songeait qu'il pourrait utiliser la coercition et la corruption auprès des Grandes Maisons pour obtenir la place de l'empereur. Le comte annonça au baron que l'empereur espérait sincèrement n'avoir jamais à l'accuser de trahison.

Après cet entretien, le baron et le comte se rendirent à l'arène. Le comte remarqua les nouveaux trophées qui décoraient l'entrée du hall : la tête de taureau et le portrait à l'huile du vieux duc Atréides, le père de Leto. Une fois dans l'arène, le comte annonça au baron que l'empereur n'avait pas encore officiellement sanctionné le choix de son héritier. L'empereur désirait savoir si le baron avait fait le choix d'un successeur valable. C'est pourquoi le comte avait été envoyé sur Arrakis pour assister au combat de Feyd-Rautha. Le baron rappela que l'empereur lui avait promis le libre choix de son héritier. La femme du comte vint s'asseoir à côté de lui. Feyd-Rautha apparut en collant blanc et gilet, gant noir et long couteau à la main droite, gant blanc et lame courte à la main gauche. Le blanc représentait le poison et le noir la pureté. Il y avait du poison sur la lame noire.

Feyd-Rautha dédia son combat à son oncle. Hawat avait mis un plan au point. Un gladiateur spécial serait son adversaire et l'esclave ne serait pas drogué. Au lieu de cela, un mot-clé avait été implanté dans son inconscient qui, à l'instant critique, provoquerait l'immobilisation des muscles. Le mot était racaille. Aux yeux de l'assistance, tout se passerait comme si l'on avait réussi à introduire dans l'arène un esclave non drogué et les preuves soigneusement préparées désigneraient le maître des esclaves comme coupable. Le gladiateur était l'un des hommes du duc qui avait été capturé sur Arrakis. Feyd-Rautha se demanda si Hawat n'avait pas inventé un stratagème dans le stratagème. Feyd-Rautha savait que les experts présents dans les loges avaient compris que quelque chose était anormal. Le gladiateur avait la couleur de peau d'un homme drogué mais il demeurait fermement sur sa position et ne tremblait pas. Feyd-Rautha avait glissé le poison dans le long couteau au lieu du plus court Hawat ignorait cela.

L'esclave lui lança un défi. Ce qui n'arrivait jamais. Un silence de mort tomba sur l’arène.

Feyd-Rautha voulut donner un spectacle que les assistants n'avaient jamais connu. Quelque chose dont ils se souviendraient quand il serait baron. Le gladiateur était tellement fort que Feyd-Rautha lança le mot clé : racaille.

L'effet fut immédiat. Le gladiateur se déplaçait avec hésitation. Puis il s'effondra complètement. Le public put voir le couteau du gladiateur planté dans sa propre poitrine. Le public applaudit sans retenue. Le baron songea qu'il mettrait à mort le maître des esclaves tout en se demandant si le comte et sa dame avaient quelque chose à voir dans ceci. Feyd-Rautha refusa la tête de son adversaire ce qui était contraire à la tradition. Le baron fut mécontent. Pourtant la foule avait correctement interprété le geste de Feyd-Rautha. Pour calmer l'excitation de la foule, le baron ordonna une fête.

Dans l'arène, les barrières avaient été jetées à bas et des jeunes gens se ruaient sur le sable en direction de Feyd-Rautha. Il était devenu un héros. Le comte avait cru que Feyd-Rautha avait deviné que le gladiateur ne serait pas drogué. Alors sa dame lui expliqua que tout avait été préparé. Cela ressemblait furieusement à une stratégie d'Hawat. Elle pensait que les Harkonnen pourraient avoir un nouveau baron avant peu. Feyd-Rautha serait plus susceptible d'être contrôlé. Elle envisageait de le séduire. Elle voulait implanter tout au fond de lui les phrases prana-bindu qui permettrait de le soumettre.

Il fallait absolument sauver cette lignée. Elle voulait porter l'enfant de Feyd-Rautha. Elle trouvait le baron très redoutable mais pensait que son neveu pourrait devenir pire encore.

Le compte aurait voulu sauver Paul et sauver également Feyd-Rautha. Sa dame lui répondit qu'il ne fallait pas compter sur un humain au nombre des morts aussi longtemps que l'on n'avait pas vu son corps. Et même alors, ce pouvait encore être une erreur.

 

Dans Préface de Stilgar à Muad’Dib, il est écrit que Muad’Dib avait estimé que le véritable début de son éducation avait correspondu à ses premiers contacts avec les impératifs d'Arrakis. Il avait appris alors à sonder le sable pour connaître le temps. Il avait connu la valeur de l'humidité de son corps et l'irritation du sable dans le nez. Tandis que ses yeux prenaient le bleu de l’Ibad, il avait reçu l'enseignement chakobsa.

La troupe de Stilgar quitta le bassin. C'était le premier mois de l'automne. La troupe s'engagea dans une crevasse. Chani parut soudain renfermée. Ils s'engagèrent au long d'un escalier naturel. Ils franchirent un tunnel et enfin deux portes scellées pour l'humidité. Les Fremen ôtèrent leur capuchon.

Farok conseilla à Paul d'en faire autant. Paul ôta les embouts de ses narines puis découvrit sa bouche. Farok lui apprit qu'ils attendaient la révérende mère. Paul trouvait que l'endroit était malodorant. C'était le sietch, le foyer des Fremen. Jessica découvrit que les Fremen faisaient de nombreuses choses avec l'épice : du papier, du plastique et même des explosifs chimiques.

Paul entendit des murmures. Les Fremen parlaient de la mort de Liet et comprit que Chani était sa fille. Liet était le nom Fremen de Kynes. Ainsi, Kynes était mort. Les Fremen avaient compris que c'était une ruse des Harkonnen pour faire croire que Kynes était mort dans un accident. Paul sentit la colère monter en lui. Farok lui demanda s'il avait déjà soif de vengeance. Avant que Paul put répondre, un ordre fut donné à faible voix et la troupe tout entière s'avança dans une vaste salle. Paul se retrouva en face de Stilgar et de la femme de Jamis. Elle ne portait pas de distille. Elle avait des yeux sombres au regard intense.

En regardant Paul, elle le considéra comme un enfant et déclara que ses enfants avaient été privés de père par un autre enfant. Elle demanda à Paul son âge. Il répondit qu'il avait 15 ans. Mais Stilgar expliqua à la femme de Jamis que tant qu'il ne connaîtrait pas l'art étrange de Paul, il ne courait pas le risque de le défier. Stilgar expliqua à la femme de  Jamis que Jessica et Paul étaient maîtres en l'art étrange du combat. La femme de Jamis murmura « Lisan al-Gaib » et regarda Paul avec émotion. Stilgar expliqua à Paul que la règle était que la responsabilité de la femme de Jamis lui revenait ainsi que celle de ses deux fils. Paul héritait donc de la femme de Jamis, de ses enfants et de ses appartements.

Paul se demanda pourquoi la femme de Jamis ne pleurait pas son homme. Et pourquoi elle montrait aucune haine à son égard. Elle s'appelait Harah. Stilgar demanda à Paul s'il acceptait Harah comme femme ou comme servante. Paul demanda s'il acceptait Harah comme servante s'il pourrait changer d'idée plus tard.

Stilgar lui répondit qu'il aurait un an pour cela. Après quoi, elle serait une femme libre et pourrait choisir selon ses désirs. À moins que Paul ne la libère avant. Alors Paul accepta Harah pour servante.

Harah se mit en colère car elle se sentait encore assez jeune pour être la femme de Paul. Stilgar lui ordonna le silence. Paul lui ordonna de lui montrer ses quartiers. Elle sentit la voix d'étrangeté de Paul et prit peur. Il promit à Harah de ne pas lui faire de mal. Elle lui demanda s'il ne la rejetterait pas quand l'année serait écoulée. Il répondit qu'aussi longtemps qu'il vivrait elle aurait une place auprès de lui. Il voulut savoir si elle ne le détestait pas pour avoir tué son mari. Mais la cérémonie avait eu lieu et Paul s'était déclarée amie de Jamis et avait donné son humidité au mort. Elle-même pleurerait son mari quand viendrait le temps de pleurer. Elle lui expliqua qu'ils allaient devoir fuir à cause des bouchers qui les poursuivaient. Paul savait qu’elle voulait parler des Sardaukars. Elle évoqua les collecteurs de rosée. Paul lui demanda davantage de précisions. Elle répondit que chaque buisson, chaque pouce d'herbe étaient tendrement plantés dans un petit puits et les puits étaient emplis d'ovales de plastique. Ces ovales captaient le soleil en journée et se refroidissaient très rapidement provoquant la condensation de l'humidité de l'air et c'est ce qui maintenait les plantes en vie. Harah lui montra des gens qui démontaient des métiers à tisser. Paul croisa des regards farouches. Harah lui expliqua que les Fremen trouvaient étrange qu'il ait vaincu Jamis. Ils passèrent devant une salle de classe. Paul était étonné que la presse continue au moment où les Fremen s'apprêtaient à partir.

Elle lui montra ses appartements. Soudain, l'idée de se retrouver seul avec cette femme déplut à Paul. Ce monde des Fremen se refermait sur lui, il allait le façonner. Il savait bien ce que promettait ce piège… Le sauvage Jihad qu'il voulait éviter à tout prix.

Les appartements de Paul étaient couverts de tissu bleu et vert. Comme elle ne le quittait pas des yeux il lui demanda ce qu'il y avait. Elle était surprise que Paul n'ait pas les yeux entièrement bleus. Un détail avait marqué Paul. Nulle part, chez les Fremen, il n'y avait le moindre goûte-un poison. Pourtant, il pouvait déceler des poisons violents. Deux enfants entrèrent. Ils avaient une main posée sur la garde d'un petit krys. Paul se souvint alors que les enfants Fremen se battaient avec la même ardeur que les adultes.

 

Dans le Manuel de Muad’ Dib, il est écrit que le regard de Muad’ Dib était dévorant. Il était une île sur lui seule close.

Jessica estima à environ 5000 le nombre des Fremen qui se pressaient autour de la terrasse où elle se tenait en compagnie de Stilgar. Elle se demandait si elle devait utiliser Paul comme une excuse pour échapper à une situation dangereuse. D'autres Fremen arrivèrent. Ils étaient désormais 10 000. Ils étaient venus pour voir Jessica risquer sa vie.

Paul arriva avec deux jeunes garçons. Stilgar lui expliqua que c'était les fils de Jamis. Paul pensait qu'il avait été convoqué pour un conseil. Chani arriva. Elle portait un foulard vert sur son bras gauche en signe de deuil. Les enfants de Jamis s'appelaient Kaleff et Orlop et ils avaient dix et huit ans. Le premier était son fils naturel qu'il avait adopté après avoir tué son père qui l'avait défié. Chani s'approcha de la terrasse avec quatre femmes qui en portaient une autre sur une litière. C'était la révérende mère. Elle était vieille et drapée dans une robe noire. Elle s'adressa à Jessica en évoquant le nom de Shapout Mapes qui avait eu pitié d'elle. Jessica répondit qu'elle avait besoin de la pitié de personne. Il y avait maintenant 20 000 Fremen qui attendaient immobiles. Stilgar leur annonça qu'il allait falloir quitter le sietch pour aller loin dans le sud. La révérende mère lui avait dit qu'elle ne pourrait survivre à un autre voyage. Il leur fallait donc une nouvelle révérende mère. Il annonça aux Fremen que Jessica avait consenti à se prêter au rites. Jessica se demanda ce qu'il adviendrait de Paul si elle mourrait dans cette épreuve. Stilgar annonça que si Jessica mourait, Chani serait consacrée Sayyadina.

Ramallo était le nom de la vieille révérende mère. Elle fit accepter à la foule Chani comme révérende mère. C'était à Chani que reviendraient les obligations domestiques de la cérémonie de la graine. Chani ordonna aux maîtres d'eau de s'approcher. Les deux hommes apportèrent des petits sacs de peau. Ils contenaient de l'épice. Chani demanda aux hommes s'il y avait de l'eau. Ils répondirent qu'il y en avait mais qu'on ne pouvait pas la boire. Elle leur demanda s'il y avait de la graine. Un des deux maîtres s'agenouilla et posa ses mains sur le sac. Il bénit l'eau et la graine.

Chani demanda à Jessica si elle avait goûté l'eau bénite. Puis elle annonça que ce n'était pas possible car elle n'était pas de ce monde et ne possédait pas de privilèges. Chani annonça que la récolte avait été bonne et le faiseur détruit. Elle déroula le tuyau qui était fixé au sac. Jessica se demanda si Paul avait déjà vu ce moment dans le temps. Elle songea à sa fille à naître. Chani tendit à Jessica le tuyau. Elle lui proposa de boire l'eau de la vie qui libérait l'âme. Si Jessica devait être une révérende mère, l'eau lui ouvrirait l'univers. Jessica se sentait déchirée entre les obligations qu'elle avait envers son enfant à naître et son devoir à l'égard de Paul. Tous ses sens l'avertirent du danger. Le liquide dégageait un parfum amer. Elle en but une infime gorgée. Cela avait un goût d'épice. Chani appuya sur le sac et une grosse goulée de liquide se déversa dans la bouche de Jessica. Chani dit : « accepter une petite mort est pire que la mort ». Jessica pensa qu'on lui avait donné une drogue. Pourtant cela ne ressemblait à rien qu'elle eût déjà connu dans son éducation qui comprenait la connaissance de bien des drogues. Elle sentit un changement au plus profond d'elle-même. Il lui semblait être maintenant une particule infime et consciente capable de perception. Elle était atome sans être atome. À l'école, certaines rumeurs prétendaient que, parfois, on ne survivait pas à l'épreuve de la révérende mère et que la drogue vous emportait. Elle se demanda pourquoi le temps était suspendu. Son temps personnel était suspendu pour qu'elle sauve sa vie. Alors elle se concentra sur cette extension psychokinétique d'elle-même et fut immédiatement confrontée avec un noyau cellulaire, un puits de noirceur qui la repoussait. Elle se trouvait dans l'endroit que les révérendes mères n'aimaient pas mentionner et que seul le Kwisatz Haderach pouvait voir. Elle découvrit le danger dans la drogue qu'elle venait d'absorber. Elle put définir les composantes de la drogue qu'elle venait d'avaler. Il y avait une configuration méthylprotéine. Elle avait identifié la nature du poison. Alors elle déplaça un atome d'oxygène et attira un atome de carbone pour établir une liaison avec l'oxygène… hydrogène. Le temps ne fut plus suspendu. Elle perçut les mouvements. Chani récupéra le catalyseur de son organisme pour transformer le poison dans le sac. Quelqu'un l'aida à s'asseoir. On amena la révérende mère à côté d'elle et une main sèche se posa sur son cou. Tout à coup, au sein de sa projection psychokynéttique, il y eut un autre atome qu'elle essaya de rejeter mais il se rapprochait de plus en plus. Ce fut comme une union ultime. C'était la révérende mère. Jessica put voir que la révérende mère ne se concevait pas comme une vieille femme. Dans leurs esprits mêlés, elle voyait une jeune fille à l'esprit léger et au coeur tendre. Quelqu'un lui dit qu'elle aurait dû annoncer qu'elle était enceinte. Jessica demanda pourquoi. On lui répondit que sa fille serait elle aussi transformée. Jessica sentit la présence d'un nouvel atome qui s'agitait frénétiquement. Il irradiait une pure terreur. La révérende mère conseilla à Jessica d'absorber la peur de sa fille. Jessica irradia l'amour et la tendresse et la terreur décrut.

Le flot d'expériences vécues par la révérende mère se déversa dans Jessica. Jessica comprit que la révérende mère était en train de mourir et transvaser tous ses souvenirs dans sa mémoire. Avant de mourir, la révérende mère lui dit qu'elle l'avait longtemps attendue et qu'elle lui donnait sa vie.

Jessica savait que désormais elle était la révérende mère des Fremen. La drogue l'avait transformée. Cela ne se passait pas exactement ainsi à l'école Bene Gesserit mais le résultat final était le même.

Elle effleura l'atome qui était la conscience de sa fille mais n'obtenut pas de réponse. Elle ressentit une terrible impression de solitude. Elle culpabilisa d'avoir soumis sa fille à ses connaissances. Elle pouvait éliminer la drogue et la rendre inoffensive mais elle savait que ce serait une erreur car elle venait de participer à un rite d'union. Elle sut alors ce qu'elle devait faire et elle ouvrit les yeux. Elle désigna le sac que Chani tenait au-dessus d'elle. Chani lui demanda de mélanger les eaux pour que le peuple partage la bénédiction. La drogue n'était plus dangereuse car Jessica l'avait transformée. Pourtant, le souvenir exigeait toujours quelque chose d'elle. Alors elle dit aux Fremen qu'elle avait rencontré la révérende mère. Elle était partie mais elle restait. Elle demanda que sa mémoire soit honorée selon le rite. Elle se demanda où elle avait trouvé les mots qu'elle venait de prononcer. Elle comprit alors que c'étaient les mots de Ramallo. La mémoire de Rallo faisait partie de la sienne désormais.

La mémoire de Ramallo s'empara des souvenirs de Jessica et y trouva des choses intéressantes. Jessica comprit que la civilisation Fremen était bien plus ancienne qu'elle ne l'avait cru. Elle put voir le film du passé qui courait toujours de Sayyadina en Sayyadina. Elle comprit que la source de l'Eau de Vie était l'exhalaison liquide du ver de sable mourant, le faiseur. Paul lui demanda ce qu'elle avait et elle voulut répondre qu'elle était comme un être dont les mains seraient demeurées paralysées durant toute son existence jusqu'au jour où elles auraient retrouvé la sensation. Mais cette pensée demeura dans son esprit.

Paul avait compris que sa mère venait de boire un poison et il était inquiet pour elle. Il demanda s'il pouvait en boire. Jessica lui répondit qu'il pouvait en boire. Stilgar dit à Jessica qu'ils savaient qu'elle ne mentait pas. Paul comprit que la drogue allait dominer sa mère. Il comprit brusquement que, au-delà de la vision du passé dans le présent, se situait la véritable épreuve de prescience : le passé dans l'avenir. Paul accepta de boire l'Eau de Vie. La foule l'appela Lisan al-Gaib. Paul regarda sa mère qui dormait dans les Eaux de la Vie.

Chani plaça ses mains dans les siennes et l'entraîna au long de la terrasse rocheuse. Elle lui dit qu'ils étaient semblables en une chose : ils avaient tous deux perdus un père à cause des Harkonnen. Paul avait l'impression que sa tête avait été séparée de son corps avant de lui être rendue avec des connexions nouvelles et étranges. Il éprouva le besoin de s'appuyer sur Chani. La drogue provoqua en lui le rejet du passé et de l'avenir dans le présent. Chani le conduisit dans un appartement privé. Paul lui dit qu'elle était Sihaya, le printemps du désert.

Elle lui répondit que sa tribu ne faisait qu'un lorsque l'eau était partagée. Mais elle avait peur de partager avec lui. Elle trouvait qu'il y avait quelque chose d'effrayant en lui. Elle avait senti que les Fremen le voulaient quand elle l'avait emmené hors de la foule. Elle dit à Paul qu'il était comme une force qui faisait voir des choses aux Fremen. Alors Paul lui demanda ce qu'elle voyait. Elle répondit qu'elle voyait un enfant dans ses bras. Paul lui dit qu'elle ne pouvait se replier dans l'avenir. Il la serra contre lui. Il sentit que la drogue l'envahissait totalement. Le lointain tourbillon gris de son avenir lui était révélé.

Il put voir Feyd-Ratha qui le menaçait, les Sardaukars se ruant hors de leur planète pour répandre le pogrom sur Arrakis. Il pleura et Chani lui demanda pourquoi. Il répondit qu'il pleurait pour les morts qui ne l'étaient pas encore. Elle lui dit que les morts devaient vivre le temps de leur vie. Il sut qu'elle avait raison et il la serra encore plus fort contre lui.

Alors Chani put voir ce que Paul voyait : tous les deux se donnaient l'amour l'un à l'autre en un moment de calme entre les tempêtes. Paul lui dit qu'elle était forte et lui demanda de rester avec lui. Elle lui promit de rester toujours avec lui et elle l'embrassa sur la joue.

 

Livre troisième : le prophète.

Dans Le Comte Fenring : un profil, il est écrit que le comte après l'affaire d'Arrakis parvint à calmer les soupçons du Lansraad. Il en coûta plus d'un milliard de solaris en épice, sans compter les autres cadeaux : femmes-esclaves, honneurs royaux, titres. Mais l'amitié entre l'empereur et le comte eut un effet négatif. Le comte se refusait à tuer un homme, même lorsqu'il en avait reçu l'ordre, même si cela lui était possible.

Le baron Harkonnen était plein de rage. Il demanda au capitaine Nefud depuis combien de temps il était le capitaine de ses gardes. Le capitaine répondit que c'était depuis Arrakis, depuis deux ans. Puis le baron lui demanda où était Feyd-Rautha. Le capitaine répondit que Feyd-Rautha était dans le quartier des esclaves. Le baron était en colère car il avait exigé de savoir où se trouvait son neveu à n'importe quel moment. Il avait également exigé que le capitaine examine tous les esclaves et pourtant le capitaine avait négligé d'inspecter l'esclave qui avait combattu contre son neveu. Feyd-Rautha arriva à ce moment-là. Pour le baron, la présence de son neveu, en cet instant, n'était que trop révélatrice. Cela signifiait que son neveu disposait de son propre réseau d'espionnage qui surveillait constamment Vladimir Harkonnen.

Feyd-Rautha exigea qu'on enlève un corps qui se trouvait dans sa chambre. Feyd-Rautha annonça avoir battu le maître des esclaves aux échecs-pyramide. Le baron ordonna au capitaine de prendre trois hommes avec lui et qu'il se rende auprès du maître des esclaves pour l'étrangler. Le capitaine devrait ramener ensuite le corps pour que le baron vérifie si le travail avait été correctement fait. Le capitaine obéit. Feyd-Rautha songea que tout ce qu'il pouvait espérer désormais était de sauver sa propre peau.

Le baron était satisfait car désormais son neveu savait au moins comment perdre. Mais il devait apprendre encore et le baron devrait se protéger lui-même aussi longtemps que son neveu apprendrait. Le baron demanda à son neveu de le rejoindre dans ses appartements. Feyd-Rautha pensa qu'il était fait. Le baron savourait cet instant de terreur. Son neveu lui succéderait mais seulement quand lui le désirerait. Le baron annonça à son neveu que les Fremen avaient un nouveau prophète qui s'appelait Muad’ Dib. Il avait ordonné à Rabban de laisser les Fremen en paix avec cela car il pensait que cela suffirait à les occuper.

Feyd-Rautha se demanda pourquoi son oncle lui parlait de religion et si cela avait quelque rapport avec sa propre destinée. Le baron demanda à son neveu pourquoi il ne l'avait pas frappé lui-même. Feyd-Rautha répondit qu'il lui avait enseigné que ses mains devaient demeurer propres. Le baron acquiesça car la sorcière qui veillait auprès de l'empereur saurait discerner la vérité du mensonge et Feyd-Rautha devrait pouvoir affirmer en toute sincérité qu'il n'avait pas commis l'acte.

Feyd-Rautha demanda à son oncle pourquoi il n'avait jamais acheté de Bene Gesserit. Le baron répondit qu'il n'avait aucune confiance en elles. Le baron évoqua un événement qui datait de quelques années. Un esclave avait été envoyé pour tuer Feyd-Rautha. Feyd-Rautha répondit que c'était un stratagème pour discréditer le maître des esclaves. Puis le baron lui demanda si le gladiateur avait bien failli l'avoir le matin même. Feyd-Rautha répondit oui.

Feyd-Rautha promena son regard sur la chambre du baron et remarqua les signes de lutte. Il se demanda comment son oncle avait pu venir à bout de cet esclave qu'ils avaient préparé si soigneusement. Le baron proposa un marché à son neveu. Le baron dit à son neveu qu'il était un bon matériau mais il persistait à ne pas reconnaître la valeur de son oncle. Il lui dit que sa tentative de meurtre était une stupidité et qu'il ne récompensait pas la stupidité. Le marché était le suivant : Feyd-Rautha devait cesser ses folles tentatives de meurtre et quand il serait prêt, son oncle s'effacerait en sa faveur. Il savait que son neveu le prenait pour un vieux fou mais il avait découvert cette aiguille que son neveu avait implantée dans la cuisse du gladiateur juste à l'endroit où il devait placer sa main ainsi le poison aurait été dans sa paume. Seulement Hawat avait averti le baron.

Feyd-Rautha songea qu'il avait été stupide de chercher à hâter le processus. Il demanda à son oncle quelles garanties réciproques il demandait. Le baron lui répondit que sa garantie était Hawat à qui il avait chargé de surveiller son neveu. Il lui proposa de continuer à vivre. Feyd-Rautha se demanda ce que son manque penserait s'il savait que c'était Hawat lui-même qui avait mis au point un stratagème qui l’avait débarrassé de son maître des esclaves. Il accepta le marché que lui proposait son oncle. Il dit à son oncle qu'Hawat était un jouet dangereux. Le baron savait contrôler son Mentat. Hawat pensait qu'ils pourraient venir à bout du baron quand il le voudrait mais c'était ainsi que le baron pouvait le dominer car il dirigeait l'intention de son Mentat où il voulait sur l'Imperium. Hawat croyait utiliser les Harkonnen pour accomplir sa vengeance contre l'empereur. Feyd-Rautha pensait qu'il fallait se débarrasser d'Hawat. Le baron savait que son neveu n'appréciait pas d'être surveillé par Hawat. Le baron lui expliqua qu'il pourrait se débarrasser d'Hawat quand il le voudrait en supprimant l'antidote qu’il lui fournissait. Le baron savait que son neveu avait encore besoin de lui. Le baron emmena son neveu au quartier des esclaves car il avait envie de le punir. Il l'obligerait à tuer toutes les femmes dans l'aile des plaisirs. Le neveu accepta tout en pensant qu'il n'aurait pas toujours besoin de son oncle.

 

Dans Les Dits de Muad’ Dib, il est écrit que le besoin pressant d'un univers logique et cohérent est profondément ancré dans l'inconscient humain. Mais l'univers réel est toujours un pas au-delà de la logique.

Le baron était en entretien avec Hawat. Hawat pensait qu'en détruisant le baron, il rendrait service à l'humanité. Le baron exigeait des explications au sujet de Salusa Secundus. Hawat répondit que les conditions qui régnaient sur la planète-prison étaient plus terribles que partout ailleurs. L'empereur utilisait sur cette planète toutes les formes d'oppression possibles.

Hawat se demanda s'il était possible que le baron ne connaisse pas les motivations de l'empereur. Alors il lui expliqua que l'empereur s'était retourné contre la maison des Atréides parce que les maîtres de guerre du duc, Gurney Halleck et Duncan Idaho avaient constitué une unité de combat qui était bien prêt de valoir les Sardaukars. Le duc avait la possibilité de développer cette unité et de la rendre aussi puissante que les forces de l'empereur.

Le baron demanda quel était le rôle d'Arrakis dans tout cela. Hawat répondit que la planète constituait une réserve de recrues déjà formées aux conditions les plus difficiles. Les Fremen. Le baron pensait qu'il ne devait pas rester plus d'une poignée de Fremen.

Hawat demanda quelles avaient été les pertes de troupes de Rabban. Le baron avait du mal à répondre mais Hawat avait que 30 000 soldats étaient morts. Rabban avait tué 15 000 Fremen en deux années pour des pertes doubles. Quant aux Sardaukars, ils avaient tué 20 000 Fremen et avaient perdu 4000 de leurs soldats. D'après le rapport de Duncan, la population Fremen devait s'élever à 5 millions d'hommes.

Hawat pensait qu'ils étaient 10 millions. Le rythme des naissances n'avait pas été brisé. Les spécimens les plus faibles avaient été éliminés, permettant ainsi aux plus forts de le devenir encore plus. Comme sur Salusa Secundus. Le baron demanda à Hawat comment il pouvait être certain de la loyauté des Fremen s'il désirait les recruter. Hawat répondit qu'il les diviserait en petits groupes ensuite, il fallait les placer hors de leur situation d'opprimés et les isoler dans un encadrement de gens susceptibles de les connaître. Puis, Hawat conseiller de leur offrir une croyance selon laquelle leur planète était véritablement un terrain de préparation secret destiné à produire les êtres supérieurs qu'ils étaient. Il ne resterait plus qu'à leur montrer tout ce qu'un être supérieur était en droit de posséder : richesse, femmes, demeures somptueuses.

Le baron répondit que c'était ce dont disposaient les Sardaukars.

Le baron se souvenait avoir discuté avec le comte Fenring de la possibilité de transformer Arrakis en planète-prison. Le baron avait dit que l'empereur savait bien qu'un certain nombre de meurtres avait toujours fait partie des affaires. Le comte avait questionné le baron à propos d'Hawat. Hawat comprit que l'empereur avait dû placer des espions sur Arrakis. Hawat dis au baron qu'il ne lui restait plus que deux solutions possibles. Il pouvait tuer les indigènes ou éliminer toute la main-d'oeuvre. Il pouvait également abandonner son neveu Rabban. Il suffirait au baron de dire à Rabban qu'il devait respecter le quota d'épice, sinon il serait remplacé.

Le baron répondit que cela amènerait son neveu à opprimer un peu plus la population. Alors l'empereur ne pourrait penser qu'une chose, Rabban oppressait ses gens pour respecter le quota d'épice. Au bout d'un moment, la production tomberait en flèche et le baron n'aurait plus qu'à relever Rabban et reprendre Arrakis pour réparer le désastre.

Le baron répondit qu'il était las de tout ceci et qu'il préparait quelqu'un d'autre pour lui succéder. Hawat suggéra que Feyd-Rautha se fasse passer pour le sauveur d'Arrakis. Hawat se retira. Il se demanda si Duncan avait survécu. Il savait que le baron était convaincu de la mort de tous les Atréides. Il songea à Jessica et de la haine venimeuse qu'elle devait vouer aux Atréides. Il se demanda si son coup  ultime serait aussi définitif que celui de Jessica.

Dans Les Dits de Muad’ Dib, il est écrit qu'est possible de discerner un péril dans la découverte de la perfection ultime. Il est clair que le schéma ultime contient sa propre fixité. Dans cette perfection, toute chose s'en va vers sa mort.

Paul se souvenait d'un repas lourdement chargé en épice. Dans sa mémoire, c'était comme un point d'ancrage. Le passé, le présent et l'avenir étaient maintenant confusément mêlés. C'était comme une sorte de fatigue visuelle qui provenait de la nécessité constante de maintenir l'avenir prescient sous la forme d'une sorte de mémoire qui était une chose appartenant intrinsèquement au passé. Il put voir sa soeur Alia qui n'était pas encore née et son fils Leto II. Comme en un rêve, il se souvenait avoir vu Harah qui était venue lui dire que l'on se battait dans le couloir du sietch. Elle lui avait dit que Chani venait de tuer quelqu'un. Paul pensait que c'était vraiment arrivé et que cela ne pouvait pas être changé. Il avait demandé à Chani ce qui s'était passé et elle avait répondu qu'elle avait expédié celui qui voulait le défier un combat singulier. Paul lui avait enseigné l'art étrange. Paul se dit que cela était certainement arrivé.

C'était le passé-réel. Il avait peur que la disparition de toute limitation signifiait la disparition de tout point de référence. Sa mère lui avait dit que certains, dans le peuple, étaient divisés par la manière dont ils pensaient à lui.

Jessica redoutait les liens religieux qui existaient entre les Fremen et Paul. Elle n'aimait pas entendre les gens des sietch nommer Paul « Lui ». Elle lui avait rappelé un proverbe bene gesserit : « lorsque la religion et la politique voyagent dans le même chariot, les voyageurs pensent que rien ne peut les arrêter. Ils vont de plus en plus vite. Ils oublient alors qu'un précipice se révèle toujours trop tard. »

Paul avait dit à sa mère que la religion regroupait leurs forces. C'était leur mystique. Jessica lui avait reproché de ne cesser d'endoctriner. Paul savait qu'elle n'avait jamais accepté sa liaison avec Chani. Mais Chani avait donné le jour à un fils Atréides et Jessica n'avait pu rejeter l'enfant et la mère.

Paul songea à la puissance qu'il avait réussi à opposer au pogrom, aux vieux hommes qui, maintenant, lui amenaient leur fils afin qu'il leur enseigne l'art étrange de la bataille. Le plus médiocre des guerriers Fremen était capable d'une chose qu'il n'avait encore jamais réalisée. Paul savait que cette différence pesait sur son rôle de chef. Paul n'avait pas encore chevauché le faiseur. Il avait participé à des raids mais n'avait pas encore fait son premier voyage seul. Jusqu'à ce qu'il l'ait fait, son univers demeurerait limité par les capacités des autres. Jusqu'à son premier voyage, les vastes territoires du sud lui étaient interdits. S'il maîtrisait le faiseur, son pouvoir en serait affermi ; s'il maîtrisait sa vision intérieure, il posséderait alors un moyen de contrôle sur lui-même. Il était obsédé par les diverses manières dont il percevait l'univers, flou et précis dans le même temps. Le but terrible demeurait. Chani lui avait dit que Alia était crainte par les femmes Fremen parce qu'une enfant ne pouvait parler de choses que seul un adulte pouvait connaître. Les femmes ne comprenaient pas que ce changement qui s'était produit dans la matrice avait rendu Alia différente. Certaines des femmes s'étaient rassemblées pour en appeler à la révérende mère. Elles lui avaient demandé d'exorciser le démon qui était dans sa fille. Jessica avait essayé de leur expliquer de quelle façon le changement avait agi sur Alia, à l'intérieur de sa matrice. Mais les femmes étaient parties en maugréant.

Paul pensait que sa soeur provoquerait des troubles. Le maître d'eau de la troupe entonna son champ du matin y ajoutant les paroles rituelles qui préludaient l'initiation de celui qui allait chevaucher le faiseur. Paul reconnut les paroles qui étaient les premières du chant de mort des Fedaykin, ce chant de mort qu'ils entonnaient en se lançant dans la bataille.

Plus Paul résistait au but terrible et luttait contre la venue du Jihad, plus le tourbillon s'accélérait. Son avenir tout entier était comme une rivière qui se ruait vers un gouffre. Chani quitta Paul pour assister au rite afin qu'il soit rapporté en toute vérité dans les Chroniques. Paul songea qu'il ne pouvait plus faire le plus simple des choses sans que cela devienne une légende. Stilgar lui amena sa bannière verte et noire. Il ne fallait pas qu'il meure car la légende resterait et rien ne pourrait plus empêcher le Jihad. Paul regarda les autres Fremen rassemblés sur le sable et il pensa qu'ils étaient un peuple qui vivait pas le meurtre, un peuple qui n'avait jamais connu que le chagrin et la rage jour après jour. Stilgar lui expliqua que les Fremen chevauchaient le faiseur à l'âge de 12 ans. Désormais, Paul avait 18 ans. Stilgar demanda à Paul de ne pas impressionner qui que ce soit par son courage car les Fremen savaient qu'il était brave. Tout ce que Paul devait faire, c'était appeler le faiseur et le chevaucher.

Stilgar lui donna un marteleur. Shishakli, chef de groupe Fedaykin donna à Paul deux tiges minces longues d'environ 1 m 50 avec des crochets. Il les prit dans sa main gauche comme le voulait le rituel. Shishakli lui avait donné ses propres hameçons. Stilgar lui avait choisi une bonne dune, plus haute que toutes celles qui l'entouraient. Paul planta le marteleur dans le versant exposé au vent. Paul pensait qu'il était un cavalier des sables. Lorsqu'il aurait triomphé de cette épreuve, Paul savait qu'il serait digne d'accomplir le voyage jusque dans les territoires du sud. Chani lui avait dit qu'en se plaçant sur le passage du faiseur, il fallait qu'il reste absolument silencieux. Le faiseur arriva. Il devait mesurer plus d'une demi-lieue. Il s'élança au-devant du ver pour se mettre en position, entièrement absorbé par les impératifs de cet instant.

 

Dans Le Message secret de Muad’ Dib au Lansraad, il est écrit que l'empereur pensait que pour régner, il fallait des profits et laisser la racaille s'amuser du reste. Muad’ Dib se demandait où était la racaille et où étaient les gouvernés.

Jessica se demanda si Paul avait subi l'épreuve. Cela faisait plus de deux ans qu'elle était avec Paul chez les Fremen et il leur restait au moins deux fois aussi longtemps à attendre avant d'essayer d'arracher Arrakis au gouverneur Harkonnen, Rabban la bête. Harah entra avec Alia qui avait maintenant deux ans. Alia ressemblait à Paul quand il avait cet âge. Alia avait un calme et une vigilance qui n'étaient pas de son âge.

Jessica ressentait avec sa fille une fusion émotionnelle qui les fondait l'une dans l'autre. Harah était en colère contre Alia car l'enfant avait refusé de jouer avec les enfants Fremen. De plus, elle s'était cachée derrière les tentures pour assister à la naissance de l'enfant de Subiay. Elle avait touché le bébé et il s'était arrêté aussitôt de crier. C'était un sacrilège. Jessica se demanda à qui elle avait donné naissance. Alia savait déjà tout ce qu'elle-même savait. Les enfants Fremen refusaient de jouer avec Alia car ils la prenaient pour un démon. Harah pensait que Jessica projetait de rassembler les tribus sous le pouvoir de Paul. Harah voyait du danger pour lui. Elle pensait qu' Alia faisait partie de ce danger.

Harah avait accepté les insultes d'Alia car elle savait bien qu'il n'y avait aucun mal en elle. Alia reconnut avoir fait une faute et déclara qu'à présent, elle et sa mère avaient besoin de Harah. Alia savait que Harah pourrait parler au peuple et l'aider à se faire comprendre auprès de lui. Harah annonça qu'elle dirait au peuple qu'Alia faisait semblant d'être une petite fille mais qu'elle ne l'avait jamais été. Des larmes coulèrent sur les joues d’Alia et Jessica ressentit la vague de chagrin qui la balayait. Alia savait qu'elle était un monstre mais Harah lui répondit que ce n'était pas vrai. Jessica perçut une note de protection ardente dans la voie de Harah. Elle comprit que Harah pourrait se faire comprendre par la tribu car il est évident qu'elle aimait Alia comme sa propre enfant. Harah demanda à Alia de lui expliquer ce qui lui était arrivé. Alia répondit qu'un jour, elle s'était éveillée. Elle avait l'impression d'avoir dormi et pourtant elle ne se rappelait de rien. Elle était dans un endroit chaud et sombre. Elle avait vu une étincelle. Elle avait ressenti les émotions de l'étincelle. Cette étincelle lui disait que tout se passerait bien. C'était sa mère. Alors, une autre étincelle vint les rejoindre. C'était la révérende mère. Elle échangeait des vies avec Jessica. Alors, Alia profita de ces échanges. C'est pour cette raison qu'Alia dut attendre longtemps pour être elle-même. Jessica trouvait que c'était une chose cruelle car personne ne devrait s'éveiller ainsi à la conscience. Elle trouvait surprenant que sa fille ait accepté tout ce qui était advenu. Sa fille répondit qu'elle ne pouvait rien faire d'autre car elle ne savait pas comment cacher sa conscience. Harah dit que les Fremen ignoraient que Jessica était enceinte quand ils lui avaient donné l'eau. Alia demanda à Harah de ne pas être triste car, après tout, elle avait des raisons d'être heureuse : elle était une révérende mère à présent.

Tharthar, une des épouses de Stilgar vint annoncer à Jessica qu'il y avait des ennuis.. Elle annonça que Paul allait affronter l'épreuve du faiseur ce jour même. Les Fremen étaient partis pour lancer un défi à Paul. Ils voulaient l'obliger à combattre Stilgar et à prendre le commandement des tribus. Les jeunes hommes disaient que si Usul refusait ce défi, c'est qu'il avait peur. Alia annonça qu'elle partirait avec Tharthar pour tenter de convaincre les jeunes hommes qu'il y avait peut-être un moyen. Jessica demanda à sa fille de lui rapporter ce qu'elle aurait entendu dès que possible.

Harah dit que si Paul terrassait Stilgar, cela ne servirait pas la tribu. Les chefs se succédaient ainsi auparavant mais les temps avaient changé. Jessica n'avait aucun doute pour l'issue de ce combat. Usul ne pouvait que vaincre.

Harah savait que Jessica pensait que Chani n'était pas la femme qu'il fallait à son fils. Harah pensait que Jessica avait peut-être raison. Jessica avait peut-être raison et trouverait une alliée surprenante dans la personne de Chani elle-même car elle ne désirait que ce qui était le mieux pour Paul.

 

Dans Muad’ Dib : les questions religieuses, il est écrit qu'on ne peut éviter l'influence de la politique au sein d'une religion orthodoxe. Cette lutte pour le pouvoir imprègne l'éducation, la formation et la discipline d'une communauté orthodoxe. Les chefs d'une telle communauté doivent inévitablement faire face à l'ultime question intérieure : se soumettre totalement à l'opportunisme pour conserver leur pouvoir ou risquer de se sacrifier eux-mêmes pour le maintien de l'éthique orthodoxe.

Debout dans le sable, Paul attendait le ver géant. L'odeur de l'épice se faisait de plus en plus dense. Stilgar lui avait donné des conseils. La vague de sable le souleva et Paul fut enveloppé de poussière. Il lança ses hameçons et sauta vers le haut. La créature ralentit. Il se retrouve sur le ver. Il arracha un premier hameçon et le replanta plus bas dans l'anneau. Il assura fermement sa prise avant de répéter l'opération pour le deuxième hameçon Paul vit s'approcher les Fremen qui lancèrent leurs hameçons pour escalader le ver. Stilgar lui fit des reproches. En dépit de la colère qu'il éprouvait, Paul devait admettre que Stilgar disait vrai. Alors il s'excusa en promettant que cela ne se reproduirait plus. Paul déplaça ses hameçons pour se porter sur la gauche. Il désigna deux hommes de flanc qui se portèrent sur les segments ouverts afin de maintenir le ver en ligne droite. Puis il ordonna à deux hommes de guide de se placer à l'avant. Il lança alors le cri traditionnel : « Ach haiiioh ! ». Le ver se mit à prendre de la vitesse. Paul reconnut le visage de Chani et il ne le quitta plus des yeux il demanda à Stilgar s'il était un cavalier des sables. Stilgar le reconnut pour tel. Paul voulut partir vers le sud. Stilgar lui annonça que les hommes étaient prêts à effectuer un raid sur les sillons des Harkonnen avec lui. Stilgar le regarda longuement et Paul comprit qu'il songeait en cet instant à son accession à la tête du Sietch Tabr et au Conseil des chefs depuis la mort de Kynes.

Stilgar lui demanda comment il allait user de son pouvoir. Paul répondit qu'il emmènerait les Fremen au sud. Alors Stilgar répondit que la Réunion aurait lieu et qu'il enverrait les messages. Paul pensait que Stilgar croyait qu'il avait l'intention de le défier.

Paul songea qu'il ne défierait pas Stilgar s'il pouvait l'éviter. S'il existait un autre moyen d'empêcher le Jihad. Stilgar évoqua l'endroit où ils s'arrêteraient le soir en demandant à Paul si cela lui convenait avec sarcasme. Les Fremen entendirent ce sarcasme et regardèrent Paul pour voir ce qu'il allait faire. Paul répondit que lorsqu’ils avaient consacré les Fedaykins, Stilgar avait entendu son serment de loyauté. Il affirma que ses commandos de la mort savaient que leur parlait par sa bouche. Il demanda à Stilgar s'il pouvait en douter. Stilgar baissa les yeux et répondit qu'il n'aurait pas douté d'Usul mais qu'il ne connaissait pas Paul- Muad’ Dib, le duc Atréides et le Lisan al-Gaib. Paul comprit que le ver qu'il montait était la source d'une nouvelle légende. Paul dit à Stilgar qu'il était son ami. Stilgar répondit que nul n'en doutait. Tout à coup, un ornithoptère arriva.

Paul et Stilgar descendirent du ver. Paul remarqua que l'ornithoptère ne portait aucun emblème. Stilgar pensait que c'était un appareil des contrebandiers. Paul pensait qu'il ne serait pas bon que les contrebandiers puissent voir ce qu'il y avait plus loin au sud car ils faisaient également le commerce des informations. Paul recommanda le capturer quelques contrebandiers pour qu'ils apprennent que ce pays était celui des Fremen. Stilgar répondit que c'était bien parlé mais il Usul pensa qu'il devait prendre des décisions qui menaient à un but terrible.

 

Dans Muad’ Dib, Les Quatre-Vingt-dix-neuf Merveilles de l’Univers, il est écrit que quand la loi et le devoir ne font qu'un sous la religion, nul n'est plus vraiment conscient. Alors, on est toujours un peu moins qu'un individu.

Halleck se trouvait dans l'usine à épice des contrebandiers. Il donna l'ordre à un des ornithoptères d'aller en reconnaissance.

hallech ne pensait pas rencontrer des patrouilles Harkonnen si loin dans le sud. Il était préoccupé par les Fremen. Il savait que les Fremen se révélaient de vrais démons dès l'instant où l'on pénétrait sur un territoire qu'ils considéraient comme interdit. Les Fremen attaquèrent la base de Halleck. Un Fremen lui ordonna de laisser son couteau dans son étui. Cette voix lui était familière. Le Fremen connaissait son nom. Il lui ordonna de dire à ses hommes de cesser leur résistance inutile. L'homme rejeta son capuchon en arrière et ôta son filtre. C'était Paul. Halleck fut surpris. Il pensait que Paul était mort. Gurney ordonna à ses hommes de cesser le combat.

Paul répondit que laisser les Harkonnen croire cela lui semblait la meilleure des protections. Ils se donnèrent de grandes bourrades dans le dos. Gurney comprit que c'était grâce à Paul que les Fremen étaient devenus si habiles à la bataille. D'avoir retrouvé son vieux maître d'armes, donna l'impression à Paul un heureux présage comme l'annonce d'un avenir où tout serait bien. D'un signe de la main, Gurney rendre à Paul que parmi les contrebandiers il devait se méfier de certains hommes. Paul présent à Gurney à Stilgar. Paul ordonna que les contrebandiers soient désarmés jusqu'à leur interrogatoire.

Un ver approcha. Gurney avait perdu des hommes dans la bataille avec les Fremen. Il dit à Paul que Leto aurait pleuré les hommes qu'il n'aurait pu sauver. Alors Paul lui répondit que les contrebandiers étaient perçus comme des intrus par les Fremen. Ils pouvaient voir des choses qu'il leur était interdit de voir. Gurney assista la capture du ver. Paul lui expliqua que c'était cela qu'il n'aurait pas dû voir. Paul lui expliqua que la planète appartenait aux Fremen et qu'il était nulle créature, nulle tempête qui puisse les arrêter. Gurney comprit que Paul se considérait désormais comme un Fremen. Paul avait les yeux bleus comme les Fremen après avoir mangé l'épice. Paul proposa à Gurney de s'enrôler avec lui pour la fin de cette campagne. Gurney répondit qu'il n'avait jamais quitté son service. Chani arriva. Paul lui présenta Gurney. Paul expliqua à Gurney que Chani était la mère de son premier enfant qu'il avait appelé Leto. Une tempête arrivait les Fremen se hâtèrent.

Paul demanda à Gurney quels étaient les hommes dont il se méfiait. Gurney répondit qu'il y avait quelques nouvelles recrues, des étrangers. Ils étaient plus durs. Paul lui demanda si c'était des espions d'Harkonnen. Mais Gurney les soupçonnait d'être au service de l'empereur. Paul demanda si c'était des Sardaukars et Gurney pensait que c'était possible. Paul annonça à Gurney que ses hommes étaient dans la Grotte des Oiseaux. Les Fremen décideraient de ce qu'il convenait de faire à leur sujet après la tempête. Gurney se souvenait des histoires qui circulaient à propos de Muad’ Dib. On disait qu'il s'était servi de la peau d'un officier Harkonnen pour revêtir ses tambours et qu'il ne se déplaçait qu'avec ses commandos de la mort. Stilgar annonça que tout était en sûreté et qu'il fallait descendre, à présent. Stilgar avait rapporté la balisette de Gurney qu'il avait trouvée dans la chenille. Gurney le remercia et remarqua que l'homme avait comme un air de défi. Il se demanda si cela pouvait provenir d'un quelconque sentiment de jalousie. Stilgar devait savoir que Gurney était un vieux compagnon de Paul. Paul leur dit qu'il espérait les voir devenir amis. Alors Stilgar tendit la main que lui offrait Gurney. Puis ils se rendirent dans la grotte. Tout à coup des Fremen luttèrent contre  des contrebandiers. Paul remarqua la tactique des contrebandiers qui luttaient groupés par trois pour former un triangle. Cette tactique était la marque des Sardaukars. Un Fedaykin aperçut Paul lui lança le cri de bataille qui se répercute dans la grotte « Muad’ Dib ». Un couteau noir jaillit vers Paul. Paul se déroba et entendit la lame du couteau claquer sur le rocher. Gurney ramassa le couteau et montra à Paul la spirale jaune de l'Imperium et le lion à crinière dorée. Cela prouve qu'il s'agissait bien de Sardaukars. Paul ordonna de cesser le combat. Il demanda aux Sardaukars survivant sur quels ordres ils menaçaient la vie d'un duc régnant. Un des Sardaukars demanda à Paul s'il était bien le duc. Korba se considérait comme responsable de cette faute. Paul demanda quelles étaient les pertes. Il y avait quatre blessés et deux morts. Paul demanda le nom d'un des Sardaukars. Il se servit de la Voix. Alors le Sardaukar répondit qu'il s'appelait capitaine Aramshan et qu'il travaillait pour l'empereur. Paul savait que les Sardaukars ne se rendaient jamais mais il fallait que l'empereur apprenne cette menace. Il ordonna au capitaine de se rendre.

Un des trois derniers Sardaukars bondit tout à coup sur Paul mais le capitaine le tua en déclarant que c'était à lui de décider qui servait le mieux l'empereur. Il ordonna à son dernier compagnon de lâcher son arme. Paul ordonna à ses gardes d'emmener les deux Sardaukars. Puis il expliqua à Korba pourquoi il fallait toujours se méfier des Sardaukars qui cachaient certains dispositifs dans leur corps. Korba pensait qu'il valait mieux les tuer et Paul répondit qu'il voulait qu'ils s'enfuient. Gurney lui conseilla de tuer les deux Sardaukars sinon l'empereur apprendrait ce que Paul avait fait et n'aurait de cesse de le faire mourir. Paul demanda à Gurney si les hommes de la Guilde étaient nombreux dans l'entourage de Rabban. Gurney répondit que les agents de la Guilde grouillaient sur Arrakis. Gurney pensait que c'était les Harkonnen qui contrôlaient l'épice et Paul voulut le convaincre du contraire. Paul demanda à Stilgar de prendre le couteau du Sardaukar et s'il pouvait prendre le sang de sa vie avec ce couteau. Stilgar demanda si c'était un défi. Alors Paul répondit que si c'était un défi 'il l’aurait fait sans armes et sans le laisser le frapper. Puis Paul demanda à Stilgar pourquoi sa première pensée avait été pour Chani quand les Sardaukars avaient attaqué. Stilgar répondit que Chani était sa nièce et qu'il avait également pensé à Paul. Stilgar dit à Paul qu'il pouvait tuer ce jeune homme en réponse à son défi mais le Lisan al-Gaib, il ne pourrait le toucher. Il dit à Paul qu'il le savait lorsqu'il lui avait donné ce couteau. Et Paul le savait. Stilgar lâcha le couteau. Il reconnut que les usages avaient changé. Paul demanda à Chani de rejoindre sa mère. Chani comprit que Paul avait changé d'avis. Il ne dirigerait plus les Fremen vers le sud. Il pensait s'être trompé. Les Harkonnen n'étaient plus dans le sud. Paul demanda à Chani de dire à Jessica que Stilgar le reconnaissait comme duc d'Arrakis. Mais il fallait que les jeunes hommes acceptent cela sans combat. Gurney comprit alors que Jessica était encore en vie. Paul lui expliqua que la nuit du raid, Duncan les avait sauvés. Mais Duncan était mort dans la bataille. Gurney pensa encore la vengeance qu'il avait jurée.

Paul eut une pensée amère pour le chapitre de la légende de Muad’ Dib qui venait d'être écrit en ce lieu. Il n'avait même pas tiré son couteau mais on rapporterait qu'en ce jour, il avait tué 20 Sardaukars de sa main.

Gurney songea que Paul devait apprendre la vérité sur Jessica avant qu'il ne la tue.

Dans Les Dits de Muad’ Dib, il est écrit « combien de fois l'homme en colère nie-t-il avec rage ce que lui souffle son moi intérieur ? ».

Il irradiait de la foule assemblée dans la grotte cette atmosphère que Jessica avait perçue le jour où Paul avait tué Jamis. Elle s'était reposée après le long voyage depuis le sud mais elle en voulait encore Paul de ne pas les autoriser à utiliser les ornis capturés. Elle prit sous sa robe un cylindre à message. Paul avait décidé de mettre en réserve les appareils en attendant le jour de l'offensive générale. Paul était près de la terrasse en compagnie des hommes les plus jeunes. Jessica se demanda pourquoi Paul ne lui avait pas encore révélé la surprise de Gurney. Stilgar attendait au sein d'un autre groupe, de l'autre côté de la terrasse. Jessica espérait que le plan de Paul réussirait car il ne fallait pas perdre Stilgar. Toute autre solution serait tragique. Elle était irritée par la déférence nouvelle que les Fremen avaient à son égard. Un axiome bene gesserit lui revint : « tous ceux qui se trouvent au-dessous de toi convoitent ta situation ». Elle avait constaté ce ferment religieux qui s'était développé à partir de Paul. Un autre axiome disait : « les prophètes ont l'habitude de périr par la violence ».

Elle tendit à Paul le cylindre. Paul brandit le cylindre tout en pensant au message qu'il contenait. Sa mère lui avait montré en lui expliquant qu'il avait été pris sur un courrier des Harkonnen. Il était écrit que Rabban était laissé à ses propres ressources sur Arrakis. Il ne pouvait demander aucun renfort. Paul lança au Fremen : « vous pensez que le moment est venu de défier Stilgar et de changer de chef ! ». Puis il leur demanda s’ils croyaient que le Lisan al-Gaib était aussi stupide. Il y eut un silence stupéfait.

Jessica constata que Paul assumait son titre religieux. Elle pensait qu'il ne le devait pas. Pourtant un Fremen lança que c'était l'usage. Et Paul répondit que les usages changeaient. Un autre cria que c'étaient les Fremen qui décidaient des changements. Paul répondit que c'étaient les Fremen qui décideraient mais d'abord ils devraient l'écouter.

Jessica comprit que Paul voulait aller jusqu'au fond de l'incertitude des Fremen pour pouvoir en triompher. Il expliqua aux Fremen que leur but était de renverser Rabban et faire de ce monde un endroit où les Fremen pourraient vivre avec leurs familles dans le bonheur et l'abondance d'eau. Puis il leur dit qu'il n'existait un homme capable de le vaincre. Stilgar y compris. Il y eut encore des murmures de colère. Paul se servait de la Voix. Jessica pensait que ce ne serait pas suffisant et qu'il devait aussi attaquer les Fremen par la logique.

Paul déploya le message en expliquant qu'il avait été adressé à Rabban. Sa demande de renforts avait été refusée et il lui était demandé d’amasser plus d'épice avec les gens dont il disposait. Les Fremen comprirent ce que cela signifiait. Paul prit l'anneau qui pendait à son coût. C'était l'anneau ducal de son père. Il avait fait le serment de ne pas le porter avant le jour où il pourrait lancer ses troupes sur Arrakis et réclamer le fief qui lui revenait également. Il le glissa à son doigt. Il demanda à ses troupes qui commandait et affirma que c'était lui. Il annonça que quand il réclamerait les droits impériaux qui lui revenaient, certains hommes pourraient acquérir des postes importants sur Arrakis. Stilgar serait l'un d'eux. Parce qu'il était sage et fort. Il annonça aux Fremen qu'il ne voulait pas se priver d'une partie de leur force en acceptant de défier Stilgar. Le moment était venu de cesser de tuer leurs meilleurs hommes pour commencer à tuer les véritables ennemis, les Harkonnen. Stilgar brandit son krys et le pointa vers l'assemblée. Il souhaita longue vie au duc Paul Muad’ Dib et l'assemblée l'imita. Les événements se déroulèrent selon le plan que Jessica avait mis au point avec Paul et Stilgar. Puis Paul demanda à Stilgar de se mettre à genoux. Il lui demanda de lui donner son krys. Il prononça les paroles d'investiture telles qu'il les avait entendues prononcer par son père. Après quoi, il demanda à Stilgar d'embrasser le krys. Stilgar aux pays puis, à la façon Fremen, embrassa ensuite le bras de combat de Paul. Un murmure courut dans la foule et Jessica entendit les Fremen parler de la prophétie. Cette prophétie disait qu'une Bene Gesserit montrerait le chemin. Puis Paul déclara que c'était Stilgar qui commandait la tribu. Stilgar commanderait et ce qu'il dirait, c'est ce que Paul dirait.

Paul demanda à Stilgar de rassembler le conseil des chefs. Jessica percevait nettement le désir de se battre qui animait les Fremen. Puis Paul emmena sa mère dans une chambre et lui demanda d'attendre. Il était parti chercher Gurney. Jessica pensa qu'aussi longtemps que Chani vivrait, Paul ne comprendrait pas où était son devoir. Chani lui avait donné un fils et cela suffisait selon Jessica. Gurney bondit dans la pièce. Il passa un bras sous le menton de Jessica pour le relever brutalement. Elle sentit alors le contact du couteau dans son dos. Paul entra. Gurney lui demanda de rester où il était. Gurney ordonna à Jessica de ne pas parler et de ne pas bouger. La main de Paul se glissa vers son couteau. Il ordonna à Gurney de s'expliquer. Gurney répondit qu'il avait fait le serment de tuer la traîtresse. Paul lui expliqua qu'il était dans l'erreur la plus complète. Jessica comprit enfin. Paul lui dit que le traître était Yueh. Il menaça Gurney de répandre son sang s'il tuait sa mère. Gurney demanda des preuves sur la trahison du Yueh. Paul répondit que les preuves étaient au Sietch Tabr. Gurney affirma qu'il avait vu un message pris sur un agent des Harkonnen qui désignait nettement Jessica comme traîtresse. Paul répondit que lui aussi avait vu ce message car c'était son père qui lui avait montré et lui avait expliqué que ce n'était qu'un stratagème Harkonnen visant à rendre suspecte la femme qu'il aimait. Paul ordonna le silence à Gurney et le ton dur de sa voix était plus impératif que tous les ordres que Jessica avait jamais entendus.

Gurney retira son couteau. Paul lui expliqua les sanglots de sa mère quand elle avait perdu son duc. Il lui reprocha d'être incapable de faire la différence entre les Harkonnen et les Atréides au point de ne pas sentir un piège Harkonnen. Il lui dit que la loyauté des Atréides s'achetait avec l'amour et que la monnaie d'échange des Harkonnen était la haine. Il lui dit que la principale preuve de la trahison de Yueh était un message signé de sa main où il reconnaissait sa trahison. Paul dit enfin à Gurney que son père lui avait demandé de transmettre un message à Jessica disant que jamais il ne douterait d'elle. Jessica ordonna à Gurney de la lâcher. Il obéit. Puis elle demanda à Paul de choisir la voie du bonheur car elle avait conscience de l'avoir transformé pour lui faire suivre la voie qu'elle devait choisir par son éducation. Elle lui demanda d'épouser Chani si tel était son désir. Gurney ouvrit sa robe et demanda à Paul de le tuer car il avait le sentiment d'avoir trahi son duc. Paul lui ordonna le silence. Alors Gurney demanda à Jessica de le tuer. Jessica lui demanda pourquoi il voulait que les Atréides tuent ceux qu'ils aimaient. Et, lentement elle referma la robe de Gurney. Elle lui pardonna car elle savait qu'il avait pensé agir pour Leto. Il baissa la tête et ferma les paupières pour retenir ses larmes. Paul demanda à Gurney de jouer pour sa mère. Gurney alla chercher sa balisette. Paul trouva que sa mère avait l'air fatigué il songea à trouver un moyen de supprimer une partie de ses charges. Paul sortit de sa chambre car un messager fedakyin apparut. Les messagers annonça que les chefs commençaient à arriver pour le conseil. Puis Paul se mit en marche vers les profondeurs de la grotte vers ce lieu qui se trouvait dans toutes les grottes, ce lieu proche du bassin d'eau où il y avait un petit shai-hulud. Aucune des lignes d'avenir qu'il avait entrevues ne comportait ce moment de péril associé avec Gurney. Lentement, son organisme avait acquis une tolérance à l'épice qui avait eu pour effet de rendre ses visions prescientes de plus en plus rares. Une solution évidente s'imposait. Il avait décidé de noyer le faiseur. S'il était le Kwisatz Haderach, il survivrait à l'épreuve des révérendes mères.

Dans Légendes d'Arrakis, il est écrit que Paul gisait immobile comme un mort, pris par la révélation de l'Eau de Vie. Ainsi se réalisa la prophétie disant que le Lisan al-Gaib serait à la fois vivant et mort.

Chani avait quitté le sud pour rejoindre Paul. Elle se demandait pourquoi il l'avait rappelée après lui avoir ordonné de demeurer dans le sud avec leur enfant et Alia.

Otheym, le lieutenant des fedaykins, emmena Chani à la Grotte des Oiseaux. Jessica demanda à Chani comment allait son petit-fils. Elle répondit qu'il était heureux. Alia se demanda pourquoi on était venu la chercher pour quelque chose de si urgent au point de lui avoir envoyé un orni. Elle ne comprenait pas pourquoi Jessica ne lui parlait pas encore de Paul. Elle demanda des nouvelles des batailles sans relever la tête, de peur de se trahir, de révéler à Jessica qu'elle n’avait posé cette question que pour Paul. Jessica répondit que la tristesse était le prix de la victoire. Chani se demanda si Jessica essayait de la préparer à la tristesse. C'était Jessica qui l'avait fait chercher du Sud : Chani ne comprenait pas car le message avait été signé par Muad’ Dib. Jessica lui expliqua que c'était elle qui avait signé car ce subterfuge était nécessaire. Puis elle lui expliqua qu'elle avait besoin d'elle pour l'aider à rappeler Paul à la vie. Jessica pensait que les Harkonnen avaient réussis à infiltrer un agent parmi les Fremen afin d'empoisonner Paul. Elle n'avait pas réussi à détecter la trace du poison dans le sang de Paul.

Paul était inconscient. Les processus vitaux étaient ralentis. Chani lui demanda ce qu'elle pouvait faire. Jessica répondit qu'elle l'avait convoquée par instinct. Chani demanda si c'était Gurney qui avait trahi. Jessica répondit que non. Chani demanda à être conduite auprès de Paul. Paul était étendu sur un lit de fortune. Une robe noire le couvrait jusqu'à la poitrine. Chani réprima le brusque désir de courir jusqu'à lui et de se jeter sur son corps. Jessica rassura Chani que Paul vivait. Cela faisait trois semaines que Paul était dans cet état.

Chani s'approcha de Paul. Ses traits étaient paisibles. Elle demanda à Jessica comment Paul se nourrissait et Jessica répondit qu'il n'avait encore rien pris. Seuls ses conseillers les plus proches étaient au courant ainsi que quelques chefs. Jessica avait cherché qui avait pu administrer le poison, en vain. Les fedaykins pensaient que Paul était en transe sacrée et rassemblait ses saintes forces avant les ultimes combats. Jessica avait entretenu cette croyance. Chani s'agenouilla à côté de Paul et se pencha sur son visage. Elle sentit immédiatement le parfum de l'épice. Elle pensa que Paul avait pu faire une allergie à l'épice mais Jessica avait remarqué que toutes les réactions allergiques de Paul étaient négatives. Chani demanda à Jessica si elle avait utilisé sa perception intérieure acquise grâce à l'Eau de Vie, pour examiner le sang de Paul. Jessica avait remarqué que le sang de Paul était tout à fait adapté à la nourriture des Fremen. Alors Chani demanda s'il y avait un faiseur et Jessica répondit qu'il y en avait plusieurs. Chani avait remarqué que Paul s'était toujours tenu à l'écart des cérémonies. Jessica répondit qu'elle se souvenait des sentiments ambivalents de son fils à l'égard de la drogue d'épice et de la prescience que cette drogue suscitait. Chani demanda à Jessica de lui donner l'Eau brute du faiseur. Jessica lui apporta un broc qui répandait l'acre senteur du poison. Chani plongea  un doigt dans le liquide et le mit tout près du nez de Paul. Lentement, les narines de Paul se dilatèrent. Chani toucha alors de son doigt humide la lèvre supérieure de Paul. Paul inspira longuement et péniblement. Alors Chani demanda à Jessica de convertir un peu de l'eau sacrée. Jessica but un peu de liquide. Les yeux de Paul s'ouvrirent et il regarda Chani. Il dit qu'il n'était pas nécessaire que Jessica changea l'eau. Jessica put sentir le flux vital qui émanait de Paul. Elle comprit que Paul avait bu l'eau sacrée. Elle lui demanda comment il avait pu commettre une telle folie. Paul était surpris de la présence de Chani. Il demanda depuis combien de temps il était couché. Jessica le lait lui apprit. Paul expliqua à Jessica qu'il avait réussi à convertir l'Eau de Vie. Il plongea une main dans le broc et la ramena à sa bouche pour boire encore quelques gouttes de liquide. Puis il demanda à sa mère de lui montrer ce lieu que la révérende mère ne pouvait contempler. La conscience de Paul enveloppa Jessica. Jessica entrevit vaguement le lieu avant que son esprit fût vaincu par la terreur. Jessica comprit que son fils était le Kwisatz Haderach, celui qui pouvait être en plusieurs lieux à la fois. Celui qui était né du rêve bene gesserit. Paul expliqua à Chani qu'il y avait en chacun de nous une force ancienne qui prenait le une force ancienne qui donnait. Il n'était pas très difficile pour un homme de voir en lui ce lieu où règne la force qui prend, mais il lui est presque impossible de contempler la force qui donne sans se transformer en autre chose qu'un homme. Pour une femme, la situation était exactement inverse. Jessica demanda à Paul s'il était celui qui donnait ou celui qui prenait. Paul répondit qu'il était le pivot. Il ne pouvait pas donner sans prendre et ne pouvait prendre sans donner. Un peu de la prescience qui emplissait Paul passa en Chani. Elle eut la connaissance de ce qui allait être comme si c'était un événement du passé. Otheym les avait espionnés et il rapporterait ce qu'il avait vu et entendu. D'autres propageraient l'histoire jusqu'à ce que ce soit comme un feu sur la terre. Tout le monde dirait que Paul-Muad’ Dib ne ressemblait à aucun autre homme. Il était le Lisan al-Gaib. Jessica demanda à son fils s'il avait vu l'avenir. Il répondit qu'il avait vu le Maintenant. Il avait vu l'espace, au-dessus d'Arrakis, tout emplie de vaisseaux de la Guilde.

L'empereur lui-même était présent avec sa diseuse de vérité favorite et cinq légions de Sardaukars. Le baron Harkonnen était là également avec Hawat à ses côtés et 7 vaisseaux emplis de tous les conscrits qu'il avait pu trouver. Chacune des Grandes Maisons avait envoyé ses troupes. Ils attendaient. Jessica lui demanda ce qu'ils attendaient. Paul répondit que c'était la permission de la Guilde d'atterrir. C'était la Guilde qui avait créé cette situation en rapportant ce que les Fremen faisaient sur Arrakis et en abaissant le prix du transport pour faire venir les plus pauvres des Maisons. Il demanda à sa mère de changer une partie de l'Eau car ils auraient besoin du catalyseur. Puis il demanda à Chani d'envoyer des hommes en éclaireurs pour trouver une masse d'épice en gestation. Paul voulait créer de l'Eau de Mort. Ainsi, la mort se répandrait parmi les petits faiseurs et Arrakis deviendrait un monde de désolation. Paul savait que la Guilde le recherchait. La Guilde n'osait pas intervenir auparavant mais à présent la Guilde, l'empereur et les maisons risquaient de perdre ce qu'ils avaient.

Dans l'Eveil d'Arrakis, il est écrit qu'Arrakis se retrouva au centre de l'univers, dans le moyeu de la roue qui allait se mettre à tourner.

Paul et Stilgar observaient le vaisseau de l'empereur. Les cités et les citadelles Harkonnen étaient toutes tombées aux mains des Fremen. Il ne restait plus qu'une cité et un bassin qui appartenaient encore à l'ennemi. Paul observa le terrain de débarquement d'Arrakeen où s'alignaient les frégates d'Harkonnen sous une bannière de la compagnie CHOM. Il fallait que la Guilde fût désespérée pour avoir ainsi autorisé les deux groupes à débarquer tandis que les autres étaient maintenus en réserve. Les Fedaykin s'étaient déployés dans l'attente de l'ordre d'attaque. Paul avait fait libérer les deux Sardaukars pour qu'ils rejoignent leurs maîtres. Il avait donné l'ordre de les surveiller. Une tempête allait arriver. Paul pensait que le reste de la flotte resterait dans l'espace. La Guilde ne courrait pas le risque de laisser les Fremen détruire l'épice. Les gens de la cité avaient été chassés de leurs maisons par les Sardaukars dans l'espoir de créer un handicap pour les Fremen. Mais Paul pensait que les Sardaukars avaient ainsi déclenché une fièvre haineuse chez des gens qui, autrement, n'auraient considéré cette bataille que comme un inconvénient supplémentaire. Paul attendait que l'empereur accepte sa réclamation. Si l'empereur acceptait, il le signalerait en hissant la bannière des Atréides. En ce cas, Paul appliquerait le second plan qui consistait à n'attaquer que les Harkonnen. Les Sardaukars se tiendraient à l'écart. Mais l'empereur avait ordonné de hisser la bannière de la compagnie CHOM. Cela signifiait que l'empereur disait aux gens de la Guilde ou se trouvait le profit. Cela lui importait peu que ce soit un Atréides ou un autre qui règne sur Arrakis.

Un messager annonça à Paul que les patrouilles Harkonnen et sardaukars se repliaient. Ils s’attendaient à ce que la tempête interdise toute visibilité. Paul dit à Gurney que la destruction du bouclier était entre ses mains. Puis il ordonna à Otheym de retirer les patrouilles de contrôle de la zone de destruction. Il fallait qu'elles se soient éloignées avant que la tempête frappe. La tempête était sur les Harkonnen. Paul ordonna d'ouvrir le feu. La tempête balaya le bassin tandis que la muraille de sable chargée d'électricité détruisait tous les boucliers du camp ennemi sur son passage. Paul et ses hommes se replièrent dans un autre boyau dont il avait ordonné le scellement du tunnel.

L'opérateur radio capta un message incomplet. Il y avait eu un raid sur Sietch Tabr. Paul comprit que son fils était mort et qu’Alia était prisonnière. Tout ce qu'il touchait n'apportait que la mort et le chagrin. Paul pensa que l'univers savait bien peu de choses de la véritable cruauté.

Dans L'Eveil d'Arrakis, il est écrit que Paul avait annoncé à ses troupes qu'Alia n'était pas morte. Elle vivait car sa graine était la sienne et sa voix était sa voix.

Le baron Harkonnen attendait dans la salle d'audience impériale que l'empereur arrive. Il arriva dans l'uniforme gris des Sardaukars. Il était accompagné de la révérende mère Gaius Helen Mohiam. C'était la Diseuse de Vérité de l'empereur. Cela révélait l'importance véritable de cette audience. Deux agents de la Guilde étaient également présents. La fille de l'empereur, la princesse Irulan accompagnait son père. L'empereur appela le baron. Il lui demanda où il avait envoyé Hawat. Harkonnen répondit qu'Hawat était parti depuis cinq jours. Il devait se rendre dans une base des contrebandiers pour infiltrer les hommes dans le camp de Muad’ Dib. L'empereur lui demanda pourquoi il ne s'était pas soucié de son absence. Alors le baron lui expliqua qu'Hawat mourrait à cause du poison latent qu'il lui avait injecté. L'empereur voulut savoir où se trouvaient les neveux du baron. Harkonnen répondit qu'il les avait envoyé inspecter le périmètre des troupes Harkonnen. L'empereur était convaincu que les Fremen n'attaqueraient pas aussi longtemps que les cinq légions de Sardaukars seraient sur place. Harkonnen était effrayé par la colère impériale. Il ne dépendait plus que de la Convention et du dictum familia des Grandes Maisons et cela le mettait mal à l'aise.

L'empereur demanda au baron s'il avait capturé des otages. Le baron répondit que c'était inutile car les Fremen honoraient chaque prisonnier selon le cérémonial funèbre ils se comportaient comme si les prisonniers étaient déjà morts. Alors l'empereur dit au baron qu'il n'avait pas songé aux otages qui convenaient. L'empereur demanda au baron qui pouvait être Muad’ Dib. Harkonnen répondit que c'était certainement un fanatique.

Les Fremen criaient son nom quand ils allaient au combat. L'empereur demanda au baron s'il avait exploré les régions du sud d'Arrakis. Le baron répondit que cette région étaie inhabitable et qu'il n'y avait pas d'épice sous ces latitudes. L'empereur claqua des doigts et deux Sardaukars apparurent avec Alia. Elle ne semblait pas éprouvée la moindre peur. La vieille Diseuse de Vérité elle-même fit un pas en arrière lorsque l'enfant passa devant elle. Alia se moqua du baron. L'empereur la présenta au baron comme la soeur de Muad’ Dib. On avait rapporté à l'empereur que les régions polaires d'Arrakis présentaient des signes évidents d'activité humaine. L'empereur annonça au baron que cet enfant dirigeait l'un des groupes de combat contre les Sardaukars qu'il avait envoyés. Alia annonça qu'elle s'était laissée capturer car elle ne voulait pas affronter son frère et lui dire que son fils avait été tué. L'empereur voulut que le baron comprenne que les Sardaukars avaient été forcés de battre en retraite devant des femmes, des enfants et des vieillards. Seule une poignée de ses hommes était revenue. L'empereur demanda au baron s'il ne reconnaissait pas la fille du duc. Alia répondit que jamais le baron ne l'avait vue. Le baron demeura pétrifié de stupéfaction. Alia se présenta comme la fille du duc et de Jessica. Elle annonça également que Muad’ Dib était son frère. Alia était capable de lire dans l'esprit de la révérende mère. La révérende mère voulait qu’Alia soit détruite. L'empereur demanda à Alia si elle pouvait entrer en communication avec son frère. Alia répondit que son frère savait où elle était. Alors l'empereur lui demanda si elle pouvait demander à son frère de se rendre en échange de sa vie. Alia répondit qu'elle ne ferait pas cela. Elle annonça à l'empereur que son frère arrivait et que sa force était celle du bon droit. À cet instant, un bouclier de vastes dimensions venait d'être mis en batterie. L'empereur ordonna de regagner l'espace et de jeter Alia dans la tempête. Alia se jeta dans les bras du baron. Le baron la projeta sur le sol. Alia avait eu le temps d'empoisonner le baron en piquant la paume de sa main.

Le nez du vaisseau avait été détruit par les Fremen. Alia s'élança vers la porte. L'empereur ordonna à ses gens de gagner l'issue de secours. Alia se ruait au-dehors pour se procurer un couteau et, comme le voulait son éducation Fremen, achever tous les blessés. De la brume ocre surgit une rangée de vers de sable chevauchés par des guerriers Fremen. Les Sardaukars étaient pétrifiés de peur pour la première fois de leur histoire et ne parvenaient pas à croire à une telle attaque. Deux hommes de la Guilde étaient près de l'empereur. Le plus petit des deux s'avança vers l'empereur et lui dit qu'il ne pouvait prévoir l'issue de ce combat. L'autre ajouta que Muad’ Dib ne le pouvait pas non plus. Ces mots produisirent un choc dans l'esprit de l'empereur et il sortit de sa torpeur. Il demanda à la révérende mère de mettre un plan au point. La révérende mère lui conseilla de convoquer le comte Fenring.

 

Dans L'Eveil d'Arrakis, il est écrit que Muad’ Dib devina que la mort le guettait au moment de son triomphe et il accepta pourtant la traîtrise.

Paul fut escorté le soir de la victoire jusqu'à la résidence gouvernementale. L'édifice n'avait pas souffert des combats même si certains meubles avaient été brisés par la population. Paul voulait occuper cet édifice pour sceller sa victoire aux yeux de tous. Paul ordonna qu'on aille chercher sa mère et Chani. Paul demanda quelle était l'étendue des dégâts. Ils étaient très importants mais Gurney lui fit le reproche de se soucier des choses alors que des vies humaines étaient en jeu.

Mais Paul était obsédé par l'avenir et la possibilité que le Jihad soit impossible à éviter. Paul ordonna à Gurney de lui amener un prisonnier sardaukar. Il voulait discuter des termes de la reddition de l'empereur.

Il demanda également à Gurney de trouver la citation appropriée à l'événement. Gurney répondit : « Et la victoire en ce jour se changea en deuil pour tout le peuple, car le peuple sut ce jour que le roi pleurait son fils ».

Paul ferma les yeux, essayant de chasser le chagrin, d'attendre que vienne le temps de pleurer, tout comme il avait attendu pour pleurer son père. De toutes les particularités de la vision temporelle, celle qui l'avait le plus surpris c'était la capacité qu'avait Alia de maîtriser le temps afin que ses paroles ne parviennent qu'à lui. Alia lui avait annoncé par la pensée qu'elle avait tué le baron. Stilgar lui annonça avoir trouvé le corps du baron. Gurney revint suivi de deux Fremen qui escortaient un prisonnier sardaukar. Paul dit au prisonnier qu'il devait porter un message à l'empereur. Le message était que si l'empereur et les siens baissaient les bras et venaient à lui, il garderait leur vie comme la sienne. Stilgar annonça à Paul que sa mère et Chani étaient arrivées. Chani avait demandé de rester quelque temps seule avec son chagrin. Jessica avait décidé de s'enfermer dans la chambre étrange. Paul expliqua à Stilgar que sa mère regrettait son monde qu'elle ne reverrait peut-être jamais. Paul prit conscience de la transformation qui s'était opérée en Stilgar. Il était devenu la créature du Lisan al-Gaib, pleine d'obéissance et d'adoration. Paul sentit en lui le premier souffle du vent fantomatique du Jihad.

Il éprouva tout à coup une impression de profonde solitude. Il voulait s'emparer du trône pour empêcher le Jihad. Stilgar lui annonça que Rabban était mort. Jessica arriva. En pénétrant dans le grand hall, elle s'était demandée pourquoi les lieux refusaient de reprendre leur place dans ses souvenirs. Elle demanda à Paul ou était Alia. Paul répondit qu'elle était en train d'achever les ennemis blessés. Jessica était bouleversée par le changement qui s'était opéré en son fils. Elle lui dit que les hommes racontaient d'étranges histoires à son propos. Les hommes disaient que Paul avait tous les pouvoirs de la légende et que rien ne pouvait lui rester caché. Paul répondit qu'elle devrait le redouter car il était le Kwisatz Haderach.

Il annonça à Jessica que l'empereur et ses gens allaient arriver. Sa future épouse serait parmi eux. Jessica lui recommanda de ne pas commettre la faute de son père. Paul répondit que c'était une princesse et qu'elle lui ouvrirait le chemin du trône et c'était tout. Chani arriva. Paul vit les traces des larmes sur ses joues. À nouveau, il sentit le chagrin monter en lui. Il toucha la joue de Chani, l'humidité sur sa peau. Il promit à Chani qu'elle aurait d'autres fils. Gurney annonça à Paul que l'empereur arrivait avec Feyd-Rautha. Il y avait aussi des gens de la Guilde. La Guilde menaçait de déclencher l'embargo sur Arrakis si Paul ne lui attribuait pas des privilèges spéciaux. Paul avait l'intention de lui ôter ses crocs. Il pensait que la Guilde était devenue un parasite, incapable d'exister indépendamment de cette vie dont elle se nourrissait.

Les navigateurs de la Guilde dépendaient exclusivement du Mélange pourtant la Guilde ne s'était pas emparée d'Arrakis. Gurney annonça qu'une révérende mère bene gesserit s'était présentée comme une amie de sa mère. Paul répondit que sa mère n'avait pas d'amies parmi les Bene Gesserit. Gurney annonça également que Hawat était avec l'empereur. Hawat lui avait expliqué qu'il avait travaillé pour les Harkonnen et qu'il avait cru Paul mort. Paul se souvint alors de brèves visions prescientes des avenirs possibles. Dans l'une, en particulier, Hawat portait une aiguille empoisonnée que l'empereur lui avait ordonnée d'utiliser contre « ce duc révolté ». L'empereur apparut à la tête de ses gens. Les gens de sa suite se groupèrent derrière lui.

Paul fut intrigué par la présence d'un homme qu'il ne connaissait pas. Il demanda à sa mère qui était cet homme. Jessica lui répondit que c'était le compte Fenring. Il les  avait précédés sur Arrakis. C'était un eunuque-génétique. Un tueur.

Paul songea que Fenring était le commis de l'empereur. Il éprouva un énorme choc au plus profond de sa conscience car jamais une avait vu le comte parmi les innombrables avenirs possibles de ses visions. Alors il se demanda si c'était cet homme qui était précisément celui qui devait le tuer. Il regarda la princesse, une grande femme blonde aux yeux verts d'une beauté patricienne. Irulan était la princesse royale Bene Gesserit. Il savait quelle était la clé du trône. Hawat émergea de la suite de l'empereur. Paul exigea qu'il aille librement et Gurney acquiesça. Hawat dit à Jessica qu'il n'avait apprit qu'aujourd'hui son erreur. Il était inutile de le pardonner. Paul lui demanda s'il ressemblait à son père et Hawat répondit qu'il ressemblait plus à son grand-père car il en avait le regard et les manières.. Paul lui dit qu'il pouvait lui demander ce qu'il voulait. Il offrit même sa vie. Hawat comprit que Paul avait deviné le piège.

Paul demanda à Hawat de le frapper maintenant. Hawat lui dit qu'il voulait simplement reparaître une fois devant lui. Paul le prit par les épaules et sentit frémir les muscles sous ses doigts. Alors Hawat se tourna à demi entre les bras de Paul et tendit sa main gauche, la paume vers le haut, en direction de l'empereur et révéla l'aiguille minuscule serrée entre ses doigts.

Il dit à l'empereur que celui qui avait voué sa vie au service des Atréides ne pouvait leur offrir moins que cela aujourd'hui. Et Hawat mourut dans les bras de Paul. Paul ordonna à ses gardes d'emporter le corps. Paul regarda l'empereur et il lut enfin la peur dans ses yeux. Paul s'adressa à l'empereur avec les intonations contrôlées du Bene Gesserit et remarqua l'expression de surprise de la princesse. C'était bien une Bene Gesserit. L'empereur reprocha à Paul d'avoir violé la Convention et utilisé des armes atomiques. Paul répondit qu'il avait utilisé des atomiques contre un obstacle naturel du désert. L'empereur crut pouvoir menacer Paul en disant que l'armada des Grandes Maisons attendait dans l'espace au-dessus d'Arrakis et qu'il n'avait qu'un mot à dire. Alors Paul appela les deux hommes de la Guilde et leur ordonna de renvoyer la flotte d'où elle venait. Ils refusèrent d'obéir. Paul les menaça alors de détruire toute la production d'épice d'Arrakis à tout jamais. Le plus petit des deux demanda à Paul s'il savait ce que cela représentait que d'être privé de la liqueur d'épice lorsqu'on y était accoutumé. Mais Paul l’assura qu'il pourrait détruire l'épice par simple dépit ou par ennui. Le plus grand des deux proposa de parler en privé pour trouver un accord avec Paul. Mais Paul répondit que si la flotte de la Guilde ne repartait pas très vite, il serait inutile de discuter plus longtemps. Il lui ordonna d'exécuter ses ordres où il en subirait les conséquences immédiates. Les deux hommes se dirigèrent donc vers la radio.

Paul dit à l'empereur que la Guilde ne lui avait permis de monter sur le trône qu'avec l'assurance que l'épice continuerait de se déverser. Mais l'empereur avait trahi son engagement et Paul lui demanda s'il savait ce qui l'attendait. Puis Paul s'adressa à la révérende mère Gaius Helen Mohiam. Elle dit à Paul qu'il était bien celui que les Bene Gesserit cherchaient. Pour cela, elle voulait bien pardonner à Jessica cette abomination qu'était sa fille. Paul lui refusa le droit de pardonner quoi que ce soit à sa mère. Il lui demanda si elle avait quelque chose à dire et elle répondit qu'elle l’accueillait dans les rangs des humains. Puis Paul s'adressa à l'assemblée en disant que la révérende mère avait pu attendre avec ses soeurs durant 90 générations que se produise cette idéale combinaison des gènes et de l'environnement d'où devait naître celui qu exigeaient leurs plans. Seulement Paul ne voulait pas se plier à son désir. La révérende mère demanda à Jessica de faire taire son fils. Jessica lui répondit qu'elle pouvait le faire elle-même. Paul dit à la révérende mère qu'il la laisserait vivre mais sans qu'elle puisse jamais porter la main sur le et sans qu'elle puisse agir selon ses plans. Il lui dit qu'il se souvenait de son gom jabbar et lui demanda de ne jamais oublier le sien : d'un mot, il pouvait tuer.

Les Fremen se regardèrent en pensant à la légende qui disait : « et sa parole portera la mort éternelle dans les rangs de ceux qui se dresseront contre le droit ».

Paul s'adressa à la princesse en lui disant que tous les deux connaissaient la clé de leurs problèmes. L'empereur en fut choqué mais Paul lui dit qu'il l'avait reconnu comme sujet impérial. Alors la princesse dit à son père de Paul était fait pour être son fils. Chani demanda à Paul s'il voulait qu'elle se retire. Il répondit que jamais elle ne quitterait son côté.

L'empereur et sa Diseuse de Vérité discutaient à voix basse, sur un ton vif. Paul expliqua à sa mère que la Diseuse de Vérité rappelait à l'empereur que selon leur record il avait accepté de laisser monter une Bene Gesserit sur le trône et que c'était sa fille qu'ils avaient pressentie. Gurney montra à Paul Feyd-Rautha en disant que celui-ci avait le visage du plus fourbe qu'il avait jamais vu. Paul lui demanda s'il pouvait le vaincre. Alors Paul demanda à l'empereur s'il y avait un Harkonnen parmi ses gens. L'empereur répondit que quiconque avait été accepté dans sa suite était membre de ses gens. Paul répondit que Gurney souhaitait tuer un Harkonnen. Feyd-Rautha reprocha à Paul de lui envoyer un laquais contre lui. Paul accepta le défi ce qui irrita Gurney. Gurney voulait se venger des Harkonnen. Paul lui répondit qu'il connaissait aussi bien que lui les règles de la rétribution. Paul avait plus de gens à venger que lui. Jessica dit à son fils que parfois les gens dangereux étaient préparés par le Bene Gesserit. Un mot était implanté dans les couches profondes de leur esprit selon la vieille méthode de la souffrance et du plaisir. Le mot le plus fréquemment utilisé était Uroshnor. Paul n'aura qu'à prononcer ce mot à l'oreille de Feyd-Rautha pour que ses muscles deviennent flasques. Paul répondit qu'il n'avait besoin d'aucun avantage spécial. Gurney ne comprenait pas pourquoi Paul avait accepté ce défi et se demandait si Paul voulait devenir un martyr. Jessica elle-même ignorait pourquoi Paul agissait ainsi. L'empereur proposa à Feyd-Rautha son propre poignard. Feyd-Rautha accepta. Paul avait cru pouvoir s'opposer au Jihad mais il comprit que le Jihad serait. Même sans lui, les légions fondraient sur l'univers depuis Arrakis. Il était devenu une légende. Il avait montré la voie. Il eut le sentiment d'un échec. Feyd-Rautha avait ôté son uniforme pour apparaître vêtu d'un simple corset de combat à cotte de mailles. C'était le moment décisif. Paul savait que s'il mourait, on dirait qu'il s'était sacrifié afin que son esprit les guide. S'il vivait, les gens décideraient que rien ne pouvait s'opposer à Muad’ Dib. Paul désigna le poignard de l'empereur sur le sol indiquant à Feyd-Rautha qu'il pouvait venir le prendre.

C'était le combat dont Feyd-Rautha avait toujours rêvé, d'homme à homme et sans bouclier. Ce combat pourrait lui donner la puissance car l'empereur récompenserait certainement celui qui tuerait ce duc si gênant. Il espérait même que la récompense soit la fille de l'empereur et une partie du trône. Feyd-Rautha et Paul tournèrent en s'observant. Feyd-Rautha n'arrêtait pas de faire des commentaires ironiques et Paul pensait que le silence le mettait mal à l'aise, c'était sa faiblesse. Paul avait appelé Feyd-Rautha « cousin » ce qui avait fait trembler la révérende mère. Cela signifiait que Paul connaissait son ascendance. C'était facile à comprendre ce qu'il était le Kwisatz Hadrach. Ce combat pouvait être une catastrophe pour le plan de sélection bene gesserit. La révérende mère avait entrevu ce que Paul avait compris. Feyd-Rautha pouvait le tuer mais sans être victorieux. Elle était effrayée à l'idée que les deux hommes pouvaient s'entre-tuer et il ne resterait plus qu'une fille bâtarde de Feyd-Rautha et Alia. Paul se rappela les paroles de Duncan : l'étude de l'adversaire est une assurance de succès. Alors il se remit à tourner en silence. Il comprit que son adversaire était habitué à combattre avec un bouclier et deux couteaux. Mais il devina que vous Feyd-Rautha avait caché une aiguille empoisonnée. Feyd-Rautha écorcha son bras gauche. Son adversaire était plus rusé qu'il ne l'avait cru d'abord. Feyd-Rautha révéla à Paul que c'était Hawat qui lui avait enseigné certains de ses coups. Il se moqua de Chani en la traitant de petit animal favori de Paul. Il menaça de lui réserver des attentions particulières. Paul ne répondit pas. Ses sens internes examinèrent le sang qui s'écoulait de l'estafilade sur son bras et découvrirent une trace de soporifique. Alors il ajusta son métabolisme afin de repousser la menace et modifia la structure moléculaire du soporifique. Paul fit semblant d'être sous l'effet de la drogue. À la dernière fraction de seconde, il frappa son adversaire avec son krys. Paul se méfiait de la hanche droite de son adversaire qui devait dissimuler une aiguille empoisonnée. À l'instant où elle pointa, il faillit ne pas la voir. Elle était sur sa hanche gauche. Paul relâcha ses muscles afin de provoquer un réflexe de Feyd-Rautha mais il trébucha et tomba sur le sol. Son adversaire s'abattit sur lui. Du fond de son esprit, s'élevaient les cris silencieux de ses ancêtres qui exigeaient qu'il prononce le mot clé qui freinerait Feyd-Rautha et le sauverait, lui. Feyd-Rautha le regarda et il lui a plus infimes hésitations. Cela suffit à Paul pour découvrir la faille dans l'équilibre de son adversaire et pour le faire basculer. Il tua son adversaire en frappant à hauteur de la mâchoire.

Paul s'adressa à nouveau à l'empereur en lui demandant s'ils allaient pouvoir enfin discuter de son mariage avec la princesse et de sa part du trône.

L'empereur regarda le comte Fenring. Tous les maux étaient inutiles entre eux car ils se connaissaient depuis si longtemps que leurs yeux parlaient pour eux. Ce regard signifiait l'ordre de tuer Paul. Dans ses profondeurs les plus secrètes, quelque chose retint le comte. Il eut la vision brève, inadéquate, de sa supériorité vis-à-vis de Paul et de la qualité furtive de ses motivations que nul ne pouvait pénétrer. Paul comprit cela en partie. Fenring était un Kwisatz Haderach possible qu'une simple faille du schéma génétique avait rejeté, un eunuque dont les talents étaient furtifs et cachés. Paul éprouva alors une compassion profonde pour le comte, un sentiment de fraternité que jamais encore il n'avait connu. Fenring s'aperçut de son émotion et refusa de le tuer. L'empereur gifla à toute volée le comte. Le comte expliqua qu'il refusait d'obéir par amitié et il oublierait le geste de l'empereur. Paul dit à l'empereur qu'il aurait un autre trône sur Salusa Secundus. Il condamna l'empereur à résider sur la planète-prison. L'empereur lui demanda ce qu'il comptait faire d’Arrakis. Paul répondit qu'il y aurait de l'eau et de vertes oasis pleine de bonnes choses. Mais les Fremen devraient aussi penser à l'épice et maintenir du désert sur Arrakis. Il dit aussi que les Fremen avaient une maxime : Dieu a créé Arrakis pour former les fidèles. On ne peut aller contre la parole de Dieu. La révérende mère avait lu autre chose dans les paroles de Paul.

Elle avait entrevu le Jihad et elle dit à Paul qu'il ne pouvait pas lâcher ces gens sur l'univers. L'empereur demanda à Paul qui négocierait en son nom. Paul répondit que ce serait sa mère et Chani. Paul exigea en dot la totalité des intérêts de l'empereur dans la Compagnie des Honnêtes Ober Marchands. Il exigeait également le titre de comte et un directorat du CHOM pour Gurney ainsi que le fief de Caladan. Des pouvoirs et des titres seraient attribués à tous les gens des Atréides, jusqu'au plus humble soldat. Stilgar deviendrait gouverneur d'Arrakis.

Chani ne voulait aucun titre. Paul lui dit que la princesse serait son épouse pour des raisons politiques et pour conclure la paix et rallier les Grandes Maisons du Lansraad. Il lui promit que la princesse n'aurait nul enfant, nul geste, nul le regard, nul instant de désir de sa part.

Jessica dit à Chani qu’elles étaient appelées concubines mais que l'histoire les appellerait « épouses ».

 

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