L'Institut III
21
La grande ourse lui servit de guide pendant moins de 30 secondes. Des qu'il pénétra dans les bois, elle disparut. Alors il se remit en marche de façon rectiligne. Il compta les pas dans sa tête. Il devait en faire 2500. Un morceau de branche s'enfonça dans le haut de sa cuisse gauche, lui arrachant un cri de douleur. Il demeurera allongé un instant pour reprendre son souffle. Il entendit Kalisha lui dire que tout allait bien et qu'il pouvait continuer à avancer. Il en était à 3500 pas et sentit naître l'inquiétude. Il comprit qu'il avait dérivé. Alors il continua à avancer. Il aperçut une faible lumière jaune à travers les arbres. 10 minutes plus tard, il atteignit la fin de la forêt. Il se trouva devant ce qui ressemblait à une caserne de l'armée. La rue unique s'achevait devant un bâtiment plus grand que les autres. Il y avait un petit parking. C'était une grande surface, version Institut. Il comprenait un peu mieux à présent. Les employés avaient droit à des jours de congé. Quand ils n'étaient pas en service, ils résidaient dans ces maisons. D'après les conseils de Maureen, il devait longer le grillage et chercher une écharpe. Maureen avait attaché écharpe à la branche basse d'un grand pin. Luke la détacha il et la noua autour de sa taille. Il scruta attentivement les environs avant de trouver une route ancienne qui s'enfonçait dans la forêt. Il trouva un bosquet de myrtilles. Elles avaient le goût du dehors. Il poursuivit sa route. Arrivé au sommet d'une nouvelle montée, il s'arrêta un moment pour se reposer. Ses égratignures dans le dos et au mollet, sa plaie à l'oreille ne saignaient plus mais l'élançaient encore. À cause de ces salopards, il avait été obligé de se mutiler. Un bruit discret lui parvenait, droit devant. C'était de l'eau qui coulait. Il reprit sa marche. Il découvrit une clairière envahie de buisson. Cette carrière servait de rond-point aux bûcherons, autrefois. Luke descendit la dernière pente sur des jambes tremblotantes et endolories. Il s'arrêta sur une rive rocailleuse. Maureen lui avait promis l'avant-veille qu'il trouverait une barque. Il la trouva. Il étancha sa soif. Il utilisa le couteau pour sectionner la corde qui reliait la barque à un tronc d'arbre. Il rattrapa la barque de justesse avant qu'elle ne dérive. Mais il se blessa les paumes qui saignèrent à nouveau. Il ne réussit pas à arracher la bâche alors il fut obligé de hisser son buste par-dessus bord sous la vieille bâche qui empestait le poisson. L'embarcation fut entraînée par le courant léger dans le mauvais sens. Il se redressa en position assise sous la bâche qui se souleva dans une terrible puanteur. Il la repoussa avec ses mains ensanglantées puis la bascula par-dessus bord. Il trouva une rame à l'intérieur de la barque. Elle paraissait neuve. Il orienta l'avant de l'embarcation vers l'aval. Quelque part derrière lui retentit le double gémissement d'une sirène électromécanique. Luke découvrit la lumière éclatante d'un phare qui tremblotait à travers les arbres. C'était un train qui roulait sans doute vers Dennison River Bend. Il réalisa avec la force d'une révélation qu'il fallait avoir connu l'emprisonnement pour apprécier pleinement la liberté. Il se mit à pleurer.
22
Il s'assoupit. Il fut réveillé par une autre sirène de train. Le ciel avait déjà commencé à s'éclaircir. Luke reprit la rame et entreprit de diriger la barque vers la rive droite sur laquelle il aperçut quelques tristes constructions aux fenêtres condamnées et une grue rouillée qui semblait inutilisée depuis longtemps. Luke avait presque atteint la fin du parcours établi par Maureen. Il cherchait des Marches rouges. Quand il les trouva, il constata qu'elles n'étaient même plus roses. Il rama dans cette direction. Puis il débarqua et abandonna la barque. Il la regarda dériver. Il se rendit compte qu'il avait laissé ses baskets dans la barque. Agenouillé sur la marche immergée, il parvint à rattraper la barque juste à temps. Il la tira vers lui et récupéra ses baskets. Il gravit les marches et s'assit pour enfiler ses chaussures. Il resserra le noeu de l'écharpe que Maureen lui avait offert. Cette écharpe lui semblait importante désormais. C'était comme un talisman. Elle venait de Maureen, sa sauveuse. Le soleil apparut à l'horizon. Il regarda un train de marchandises. La locomotive qui l'avait tracté s'éloigna lentement pour laisser place à une locomotive de manoeuvre. Luke devait ses connaissances sur les trains au père de Rolf. Le père de Rolf possédait un gigantesque réseau miniature dans le sous-sol de sa maison. Maureen avait estimé que Luke pourrait monter dans un train de marchandises. Luke avait d'abord envisagé de trouver un poste de police ou de composer le 911 mai quelque chose lui disait que ce n'était pas judicieux. La police découvrirait rapidement que ses parents avaient été assassinés et qu'il était le principal suspect. De plus, Dennison River Bend devait sa survie à l'Institut. Tout ceux qui y travaillaient se rendaient en ville et y apportaient leurs dollars. Peut-être que l'Institut lui-même contribuait au bien-être de la ville. Il lui sembla donc que s'éloigner de l'Institut était préférable. Il se dirigea jusqu'au bureau de la gare. Une planchette à pinces pendait à un clou sur un des piliers de la terrasse. Il y avait peut-être dessus les horaires des trains du jour. Luke devait regarder en évitant de se faire repérer par les cheminots. Il atteignit la porte du bureau pendant que le cheminot qui s'occupait du fret lui tournait le dos. La feuille fixée sur la planchette fournissait des indications sur les horaires des trains. Il y avait un train qui partait à 10 heures pour Sturbridge, à 400 km de l'Institut. Luke regarda le démailleur terminer son travail pour grimper sur le marchepied de la locomotive de manoeuvre et parler au conducteur. Il entendait des adultes qui riaient. C'était des braves types qui n'avaient jamais enfermé d'enfants. Luke repéra un wagon qui présentait un intérêt indéniable : la porte coulissante n'était pas entièrement fermée. Il réussit à se faufiler et à entrer dans le wagon. À l'intérieur, il y avait un bric-à-brac qui lui rappela le grenier de sa tenta Lacey. Il y avait des meubles et des outils emballés dans des cartons ou dans du film plastique. Il repéra un canapé sur lequel était collée une facture. Sur la facture, Luke put lire que le canapé devait être livré à Sturbridge. La chance ne l'avait pas abandonné. Il repensa à ses parents décédés en se disant que là-haut il y avait quelqu'un qui l'aimait… Mais pas énormément. Il s'allongea dans un empilement de protections en mousse. Il finit par s'assoupir. Il fut réveillé par le vacarme de la locomotive qui approchait. Des wagons étaient ajoutés. Il avait peur d'être découvert. Il ne pouvait faire qu'une seule chose : patienter. Il recommença à sombrer dans le sommeil jusqu'au départ du train. Il put célébrer sa victoire.
23
Lorsque la ville céda la place à une forêt profonde, Luke retourna se coucher. Il s'endormit aussitôt. Le train s'arrêta à Portland puis à Portsmouth. Luke dormait toujours quand le train s'arrêta à Sturbridge. Il ne sait réveilla que quand la porte du wagon s'ouvrit dans un fracas métallique. Deux hommes montèrent pour décharger les meubles. Heureusement ils s'arrêtèrent pour faire une pause. Luke en profita pour sortir. Il avait envie de retourner chez lui. Mais il s'endormit. Les deux hommes revinrent pour achever le déchargement. Ils ne virent pas Luke. Un employé de la gare de triage referma la porte du wagon. Le train repartit pour la ville de DuPray. Les petits détails font les grandes histoires.
L'enfer attend.
1
Alors que le train ou se trouvaient Luke quitté la gare de Portsmouth, Mme Sigsby était en train d'étudier les dossiers de deux enfants qui arriveraient bientôt. Il y avait un garçon et une fille. Le garçon était âgé de 10 ans et atteignait seulement les 80 sur l'échelle du BDNF. La fille atteignait les 86. Elle avait 14 ans et était autiste. Ce serait une source de complications pour le personnel et les autres résidents. Mais 86, c'était un score exceptionnel. BDNF signifiait : facteur neurotrophique dérivé du cerveau. Cela mesurait la croissance et le taux de survie des neuronales à travers le corps. Il n'y avait que 5 % de la population qui possédaient des niveaux de BDNF élevés. Ils souffraient rarement de trous de mémoires, de dépression ou de douleurs neuropathiques. Ils étaient souvent épargnés par les problèmes d'obésité ou d'anorexie. Ils socialisaient facilement avec les autres, ils avaient une propension à arrêter les conflits au lieu de les provoquer. Ils possédaient une forte capacité de raisonnement verbal. Ils avaient des cycles de sommeil inférieurs à la moyenne qu'ils compensaient par des siestes. Mais le BDNF pouvait être endommagé par une encéphalopathie traumatique chronique. Le BDNF moyen était de 60 unités par millimètre. Le BDNF baissant lentement avec l'âge et beaucoup plus rapidement chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. L'Institut était secret depuis son existence. Il avait été créé en 1955. Ce qui importait à Mme Sigsby c'était les pouvoirs des enfants de l'Institut. Les enfants eux-mêmes n'avaient parfois peu conscience de leurs dons. Ceux qui savaient étaient généralement des télépathes de haut niveau comme Avery. Presque tous les nouveau-nés subissaient un test de BDNF. Quand ils étaient repérés, ils étaient enlevés. D'après le docteur Hendrickx, ces talents pouvaient également être développés en ajoutant la télékinésie à la télépathie même si ce développement n'influait en rien sur la mission de l'Institut, sa raison d'être. Les quelques succès qu'ils avaient rencontrés avec les roses qu'on lui avait confiés comme cobaye ne seraient jamais consignés. Rosalind frappa à la porte et annonça à Mme Sigsby que Fred Clark demandait à la voir. C'était important. Elle accepta de le voir à contrecoeur. Pourtant c'était très sérieux.
2
Mme Sigsby n'avait jamais vu Fred comme ça. Il était très pâle et très nerveux. Il lui demanda de venir voir. Elle le suivit. D'abord agacée d'avoir était dérangée, elle commençait à ressentir de l'angoisse. Fred lui montra la chambre vide de Maureen. Depuis qu'il dirigeait l'institut, Mme Sigsby avait vu des tas de choses mais elle n'avait jamais été témoin du suicide d'un employé. Maureen s'était pendue au pommeau de la douche. Elle avait laissé un message sur le carrelage mural. Mme Sigsby avait oublié d'emmener son talkie-walkie alors elle ordonna à Fred d'aller le chercher. Elle se laissa tomber sur le matelas et regarda Maureen. Maureen avait utilisé un tube de rouge à lèvres pour écrire : l'enfer attend. Je serai là pour vous accueillir.
3
Stackhouse répondit à l'appel de la directrice. Il rappliqua illico. Puis la directrice ordonna à Hendrickx et Evans d'arrêter leur travail sur le champ et de renvoyer les sujets à résidence. Hendrickx exigea de savoir pourquoi mais la directrice lui répondit de la fermer et de venir immédiatement. Une fois sur les lieux, Stackhouse ordonna à Evans de décrocher Maureen. Stackhouse porta le corps sur le lit. Hendrickx constata que Maureen avait pris des médicaments avant de se pendre. Stackhouse pensa que le message sur le mur était une affirmation sensée. La directrice lui ordonna de ne pas dire de conneries. Fred révéla que Maureen était rentrée chez elle dans le Vermont pendant une semaine. C'était peut-être là-bas qu'elle avait eu ces médicaments. Mme Sigsby lui ordonna d'aller nettoyer les globes des caméras. Puis elle décida d'incinérer Maureen pendant que les pensionnaires prendraient leur déjeuner. Puis elle ordonna aux deux médecins de sortir.
4
La directrice déclara à Stackhouse que le problème était que Maureen était leur indic. Un an plus tôt, la directrice avait reçu Maureen qui voulait un revenu supplémentaire. Elle lui avait proposé de transmettre les informations qu'elle glanerait auprès des enfants. Maureen avait accepté en proposant cette histoire de prétendues zones mortes où les micros fonctionnaient mal ou pas du tout. Mais les renseignements qu'elle fournissait dépassaient rarement le niveau du ragot. La directrice demanda ce qu'on savait de la vie privée de Maureen. Stackhouse promit de regarder le dossier de Maureen. Mme Sigsby savait que Maureen était retraitée de l'armée. Comme beaucoup d'employés de l'Institut. Elle savait que Maureen venait du Vermont. Mais c'était presque tout. La directrice rappela à Stackhouse qu'il n'y avait jamais eu une seule fuite sur l'Institut ni jamais une seule raison d'utiliser le téléphone spécial, celui qu'ils appelaient le Téléphone Zéro pour autre chose que de banales mises au point. Tout avait toujours été réglé en interne. La directrice pensait qu'elle s'était montrée Nicky jambe. Quand elle était devenue responsable de l'Institut, elle n'aurait jamais quitté son bureau sans son talkie-walkie. Elle n'aurait jamais laissé la poussière s'accumuler sur les globes des caméras de surveillance. Elle ordonna à Stackhouse de lui envoyer le meilleur informaticien sur-le-champ. Mais il était absent. Le suicide de Maureen devait servir d'électrochoc. Un rapport écrit ne suffirait pas. Elle devait parler à l'homme du Téléphone Zéro. Il fallait que certaines choses changent. Elle ordonna à Stackhouse de demander à Zeke de vérifier tous les traceurs des pensionnaires. Elle voulait surtout savoir où se trouvaient Luke et Avery. Car Maureen leur parlait souvent.
5
Mme Sigsby retourna dans son bureau. Elle annonça à Rosalind qu'elle ne voulait pas être dérangée sauve s'il s'agissait de Stackhouse ou de Zeke. Elle pensait qu'elle mourrait à son travail. L'Institut était devenu sa vie et cela lui convenait. La plupart des employés partageaient ce point de vue. L'Institut ressemblait à une petite base militaire. Mme Sigsby avait vécu quelque temps sur la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Le seul domaine dans lequel les employés n'étaient pas négligents c'était le silence. Si les gens apprenaient ce que l'Institut avait fait, que des centaines d'enfants avaient été détruits, les membres de l'Institut seraient jugés et exécutés. Les employés de l'Institut comprenaient que le sort du monde était entre leurs mains. Il s'agissait de la survie de la planète. La plupart des employés finissaient par renoncer à leur famille. Elle sortit le Téléphone Zéro qu'on surnommait ainsi car il n'y avait ni écran ni touche, uniquement trois petits cercles blancs. Mais elle renonça à téléphoner. Il fallait qu'elle se prépare à répondre de manière concise lorsque l'homme au bout du fil lui poserait des questions. Zeke appela. Il l'informa qu'il y avait bien 28 traceurs à l'Arrière et à l'Avant, il y avait deux enfants dans l'espace détente, six sur le terrain de jeu et cinq dans leurs chambres. Mme Sigsby fut soulagé. Elle passa à la corvée suivante.
6
Fred enveloppa le corps de Maureen dans une bâche et le transporta avec Stackhouse. Puis Stackhouse le congédia devant l'ascenseur. Il lui ordonna d'aller nettoyer les globes. Fred décida de remettre le nettoyage des globes à plus tard.
7
Mme Sigsby attendait Stackhouse au niveau F. Il poussa le chariot dans le tunnel qui reliait l'Avant à l'Arrière. Elle constata que des néons avaient grillé. Encore et toujours la négligence. Il utilisa sa carte magnétique pour vers la porte de l'Arrière. Puis ils se rendirent dans un salon et retrouvèrent le docteur Everett Hallas alias Heckle. C'était l'Arrière que le véritable travail était effectué. Le docteur Hallas il le docteur Joanne James alias Jeckle méritaient le titre de héros. Ils quittèrent le salon et traversèrent à couloir. Les chambres étaient toutes fermées. Mme Sigsby entendit des bruits de coups et des cris étouffés. C'était un enfant qui voulait sortir. Ils passèrent devant la salle de projection où se trouvaient Kalisha, Nick et George. Nick avait perdu une bonne part de son énergie. Mme Sigsby en était satisfaite. La cafétéria se trouvait après la salle de projection. Mais était beaucoup plus petite que le réfectoire de l'Avant. Même s'il y avait toujours plus d'enfants ici. Car plus ils restaient à l'Arrière, moins ils mangeaient. Donna et deux autres enfants s'y trouvaient. Donna demanda à Mme Sigsby si c'était un cadavre qu'elle transportait. Heckle dit à Mme Sigsby dit que Donna aller assister à la projection du soir et serait bientôt transférée. L'Arrière de l'Arrière, c'était le terminus. Tout à coup, Donna s'écria : « c'était une Plymouth Valium, je le sais ! ». Puis elle se plaignit d'avoir mal à la tête. Deux intendants en uniforme rouge surgirent et emmenèrent Donna. Les pensées éparses qui occupaient l'esprit de Mme Sigsby s'atténuèrent puis disparurent. Mais le bourdonnement sur sa peau, et même dans les plombages de ses dents persista. Il était constant à cet endroit comme le bourdonnement des néons dans le couloir. Stackhouse ressentait la même chose. Le docteur Hallas reconnut qu'il y avait beaucoup de transmissions en liberté dans l'atmosphère.
8
dans la salle de projection, Kalisha fumait une cigarette à côté de Nick. Kalisha, Nick et Iris souffraient de terribles migraines après chaque projection et la douleur mettait de plus en plus de temps à disparaître. George était le plus chanceux : en dépit de son TK élevé, il n'avait ressenti quasiment aucune douleur jusqu'à présent. Mais ça allait empirer jusqu'à ce que tout soit enfin terminé. Ensuite ce serait le pavillon A. Le bourdonnement. L'Arrière de l'Arrière. Helen avait bien résumé les sentiments de Kalisha vis-à-vis du pavillon A. Tout était préférable aux lumières de Stasi et à une migraine qui hurlait en permanence. Les enfants espéraient que Luke réussirait. George déclara qu'on pouvait compter sur Luke car il était bon aux échecs. À l'Arrière, les intendants ne portaient pas de badges avec leurs noms. Ils étaient interchangeables. Nick n'avait plus la force de se rebeller. Kalisha souffrait de le voir dans cet état. Les enfants savaient que Luke avait réussi à s'enfuir et que les médecins n'avaient pas encore remarqué sa disparition. Mais Kalisha et ses amis étaient découragés par les migraines. Et le bourdonnement qui provenait du pavillon A rendait tout espoir superflu.
9
Mme Sigsby et Stackhouse passèrent devant l'entrée du pavillon A. Mme Sigsby avait la sensation d'évoluer dans un champ électrique. Stackhouse ressentait la même chose. Le docteur Hallas était habitué. Mme Sigsby lui demanda quelle était sa date d'anniversaire. Hallas répondit que c'était le 9 septembre. Mme Sigsby en déduisit qu'il était du signe de la balance mais il répondit qu'il était du signe du verseau. Ils pénétrèrent dans une salle circulaire où il faisait très chaud. Il n'y avait aucun meuble. Juste un écriteau : souvenez-vous que c'étaient des héros. À l'intérieur de cette salle, les pensées et les fragments de souvenirs qui avaient troublé Mme Sigsby disparurent et sa migraine s'atténua. Néanmoins, elle avait hâte de se retrouver dehors. Heckle semblait aller mieux lui aussi. Il était redevenu l'homme qui avait été médecin dans l'armée pendant 25 ans et avait reçu une médaille. Il avait arrêté de se toucher en permanence le côté de la bouche. Il demanda à Mme Sigsby si elle avait vérifié le contenu des poches de Maureen. Ce n'était pas le cas mais elle refusa de le faire. Elle ne voulait pas déballer le cadavre de Maureen pour trouver un tube de comprimés pour les maux d'estomac et des mouchoirs en papier usagés. Mme Sigsby se demanda si Hallas n'était pas plutôt du signe de la vierge. Elle songea que ce n'était pas une bonne idée de rester en contact avec le processus. Elle constata que le docteur Hallas avait fait preuve de négligence avec l'incinérateur. La porte avait besoin d'être nettoyée et le tapis devait être récuré. Stackhouse souleva le corps de Maureen et le déposa sur le tapis roulant. L'incinération prendrait un peu de temps alors le docteur Hallas proposa à Stackhouse et à Mme Sigsby de leur faire faire le grand tour. Mais ils déclinèrent.
10
Avery était avec Steve au réfectoire. Il lui demanda d'aller sur le terrain de jeux. Avery lui montra la tranchée creusée dans la terre et le gravier. Il demanda à Steve de l'aider à reboucher. Avery avait perdu le contact télépathique avec Luke. Gladys arriva. Elle examina la tranchée partiellement remplie puis elle sortit son talkie-walkie de la poche. Elle appela Stackhouse.
11
Winona ramena Avery et Steve dans leur chambre. Mme Sigsby et Stackhouse arrivèrent. Mme Sigsby pensait que personne n'avait pu se glisser en dessous du grillage. Mais Stackhouse lui montra que le trou avait été en partie rebouché et elle se mordit la lèvre. Frieda observait Mme Sigsby et Stackhouse alors Mme Sigsby lui ordonna de s'en aller. Puis elle constata qu'il y avait du sang sur la clôture. Il y avait également des tas de sang à l'extérieur. Mme Sigsby cru qu'elle allait faire sous elle, comme sur son tricycle, quand elle était enfant. Elle pensa au Téléphone Zéro et sa vie de directrice s'y abîmer. L'homme du téléphone lui dirait qu'elle était finie. Stackhouse lui demanda de vérifier à nouveau si tous les enfants étaient présents. Alors elle ordonna à Zeke de contrôler tous les traceurs. Il vérifia. Il y avait toujours 41 pensionnaires. Mais Stackhouse voulait savoir ou se trouvaient chacun des enfants. Un traceur signalait un enfant sur le terrain de jeux alors que le terrain de jeux était vide. Mme Sigsby repéra un petit objet qui scintillait dans le soleil de l'après-midi. Elle trouva le morceau d'oreille de Luke.
12
Les pensionnaires de l'Avant reçurent l'ordre de regagner leurs chambres et d'y rester. Stackhouse réunit son équipe. Il pensait pouvoir retrouver Luke grâce aux traces de sang qu'il avait laissées derrière lui. Stackhouse pensa que si Luke n'était pas retrouvé, il était cuit et l'Institut aussi. Mme Sigsby voulut retourner dans son bureau mais Stackhouse lui demanda de ne pas utiliser le Téléphone Zéro.
13
Tous les employés de l'Institut avaient été informés de l'évasion. Tout le monde était sur le pont. La police de Dennison River Bend avait été alertée. Zeke avait réussi à retrouver la voisine de Maureen dans le Vermont. Il s'était fait passer pour un fonctionnaire des impôts pour l'interroger. La voisine le raconta que Maureen avait trouvé une avocate pour régler ses problèmes. Mme Sigsby se demandait pourquoi Maureen n'avait pas demandé un prêt à taux proche de zéro comme le permettait l'Institut. C'était une protection car une personne endettée pouvait être tentée de vendre des secrets. Mme Sigsby comprit que Maureen avait décidé de partir les mains propres sans demander de l'argent à l'organisation qui les avait salies. C'était en adéquation avec la référence à l'enfer. Elle comprit donc que c'était Maureen qui avait aidé Luke à s'échapper. Elle appréhendait de plus en plus le Téléphone Zéro. Alors elle décida de regarder à nouveau la vidéo dans laquelle on voyait Luke Avery et Maureen discuter. Alors elle comprit qu'Avery n'arrêtait pas de toucher son nez pour une raison précise. Elle fit convoquer Avery.
14
Avery était dans le bureau de Mme Sigsby. Il était effrayé. Il était flanqué de Winona et de Tony. Il prétendit ne pas savoir où était allé Luke. Il prétendit également que c'était une marmotte qui avait fait un trou sous le grillage. Elle dit à Avery qu'elle avait compris pourquoi il n'avait pas arrêté de se toucher le nez quand il avait discuté avec Maureen. C'était parce qu'elle lui fournissait des informations par la pensée. Avery se mit à pleurer. Il pensa à Luke qui avait été le meilleur ami qu'il avait jamais eu. Comme Avery ne voulait toujours pas dire ce qu'il savait Mme Sigsby ordonna à Tony de tordre le bras d'Avery. Avery hurla. Mais Mme Sigsby, après toutes ces années passées à ce poste, était devenu insensible à la souffrance des enfants. Comme Avery ne voulait toujours pas parler, Mme Sigsby ordonna à Winona d'envoyer une décharge à l'enfant. Il poussa un cri et de l'urine se répandit sur la moquette. Malgré tout, Avery continua de prétendre ne rien savoir. Il reçut une deuxième décharge. Il continua de dire qu'il ne savait rien alors Mme Sigsby menaça de lui faire subir une troisième décharge sur les testicules. Avery accepta de dire ce qu'il savait. Maureen avait dit à Luke de traverser les bois jusqu'à la rivière. Il trouverait une barque. Après quoi il arriverait à Presqu'Isle. Mais il avait menti sur ce dernier point. Mme Sigsby le crut et le renvoya dans sa chambre.
15
Mme Sigsby et Stackhouse étaient enfermés dans le bureau de la directrice. Ils écoutaient les rapports de leurs informateurs. Il y en avait dans tout le pays. Les dépistages d'enfant spéciaux démarraient dès la naissance dans les hôpitaux. Les informateurs ignoraient à qui ils adressaient leurs rapports, et dans quel but. Il arrivait que l'un des informateurs pose une question et il découvrait aussitôt que la curiosité lui faisait perdre 500 $ par mois. La plus importante concentration d'informateurs-une cinquantaine-se trouvait aux abords de l'Institut. Stackhouse prit soin d'en alerter quelques-uns. Il les envoya dans les environs de Presqu Isle pour contacter la police locale. Le docteur Felicia Richardson appela Stackhouse sur le téléphone fixe. Elle avait reçu des nouvelles d'un des informateurs, Jean Levesque. Celui-ci avait retrouvé la barque utilisée par Luke. La barque s'était échouée sur la rive à 8 km en amont de Presqu Isle. Il y avait du sang sur la rame. Alors Stackhouse décida d'envoyer deux hommes vérifier sur place.
16
Les pensionnaires furent autorisés à quitter leur chambre pour le dîner. Frieda était grisée par la joie nerveuse qui régnait. Les enfants savaient qu'une évasion s'était produite. Frieda se demanda ce qui arriverait si Luke arrivait à raconter ce qui se passait à l'Institut à quelqu'un qui le croirait. Les enfants voulaient croire qu'ils seraient libérés. Frieda avait 14 ans. C'était une cynique endurcie. Elle savait qu'Avery avait été conduit dans le bureau de la directrice et qu'il avait craché le morceau. Alors elle pensait que Luke n'irait pas très loin. Avery n'avait pas faim et il quitta le réfectoire. Deux ans plus tard, il se rendit dans la chambre de Frieda. Il lui demanda des jetons mais elle ne voulait pas lui donner les trois jetons qu'elle avait. Avery ne voulait pas dormir seul. Il avait peur que les intendants reviennent lui envoyer des décharges. Alors Frieda accepta qu'il dorme avec elle. Elle lui demanda s'il savait où était Luke. Il répondit que Luke était en haut des marches rouges. Elle n'était pas télépathe mais avait des intuitions. Elle contempla le plafond de sa chambre et réfléchit.
17
Sophie Turner, une des intendantes de nuit fumait une cigarette. Le docteur Evans tentait de l'embrasser. Mais elle le repoussa en constatant que Frieda les observait. Frieda demanda à parler à la directrice. Frieda prétendit savoir où se trouvait Luke et voulait le dire à Mme Sigsby.
18
La même nuit, le wagon dans lequel se trouvait Luke avait franchi la Pennsylvanie. Frieda se trouvait devant Mme Sigsby. Mme Sigsby pensait qu'il y avait quelque chose dans les yeux de Frieda. Frieda révéla qu'Avery avait menti. La certitude demeurait dans ses yeux marrons. Mme Sigsby trouva cela fascinant. Stackhouse entra dans le bureau. Frieda demanda quelle serait sa récompense si elle dévoilait ce qu'elle savait. Alors Stackhouse lui demanda ce qu'elle voulait. Il lui dit qu'il était impossible de la laisser rentrer chez elle. Frieda demanda qu'on arrête de lui faire subir des tests. Elle ne voulait pas aller à l'Arrière. Elle voulait devenir une intendante. Mme Sigsby et Stackhouse étaient estomaqués. Mme Sigsby et Stackhouse acceptèrent son marché. Mais Frieda demanda 50 jetons également. Mme Sigsby proposa de lui en offrit vingt. Et seulement si l'information étaie vérifiée. Frieda accepta à condition que la promesse soit respectée. Alors Frieda révéla que Luke avait accosté devant des marches rouges. En haut des marches, il y avait une gare.
19
Frieda reçut ses jetons et la menace d'annuler toutes les promesses si elle parlait à quiconque de ce qu'il venait de se passer. Stackhouse appela le service informatique. Il expliqua à Andy ce qu'il voulait. Puis Stackhouse se sa vie de sa radio pour rejoindre John Walsh et Rafe Pullman. Il les envoya à l'endroit indiqué par Frieda. Andy rappela quelques minutes plus tard pour donner les horaires des trains que Luke avait pu prendre. La destination la plus lointaine était Sturbridge. Stackhouse eut le pressentiment que le train avait pu continuer après un changement de locomotive. À la place de Luke, Stackhouse aurait voulu continuer à fuir le plus loin possible. Andy se renseigna. Plus tard, les deux hommes envoyés par Stackhouse appelèrent. Ils avaient trouvé les marches rouges et des traces de doigts ensanglantées au milieu de l'escalier. Stackhouse espérait pouvoir étouffer l'affaire sans utiliser le Téléphone Zéro. Stackhouse avait peur que Luke ait contacté la police. Il pensait que Luke ne savait pas qu'il était recherché pour le meurtre de ses parents. Il croyait que Luke n'était pas au courant que ses parents étaient morts. Mais Mme Sigsby pensait que Luke s'était rendu dans une bibliothèque pour consulter Internet pour savoir ce qui s'était passé chez lui. Alors Stackhouse décida de contacter ses informateurs dans les environs de Sturbridge. Andy appela. Il avait déjà envoyé une équipe de nuits à la gare de Sturbridge. Il avait téléphoné au chef de gare en se faisant passer pour un gérant de stocks. Le chef de gare lui avait expliqué que le train poursuivait sa route jusqu'à Miami. Avant le terminus, le train s'arrêtait à Richmond, Wilmington, DuPray, Brunswick et Tampa. Andy s'était renseigné sur DuPray. C'était un arrêt en pleine cambrousse avec quelques entrepôts. Stackhouse réfléchit. Il y avait 40 personnes travaillant à l'Avant. Et deux douzaines à l'Arrière. Cela ne suffisait pas. Ils avaient le Téléphone Zéro pour recevoir des renforts mais s'ils l'utilisaient leurs vies se trouveraient changées. Et pas en bien. Mais ils disposaient d'un réseau d'informateurs dans tout le pays. Ils avaient aussi deux équipes d'extractions et un avion. Stackhouse suggéra d'envoyer un informateur chez les flics et de Sturbridge. Puis d'envoyer un informateur à Portland et à Portsmouth. Stackhouse pensait que Luke était resté dans le train pour aller plus loin que Sturbridge. Stackhouse pensait que Luke n'était pas allé jusqu'au terminus prévoyant que l'Institut enverrait des gens là-bas. Il ne pouvait pas non plus être descendu dans une zone urbaine. Stackhouse pensait que le plus logique était que Luke était descendu en pleine cambrousse, à DuPray ou à Brunswick. Mme Sigsby acquiesça. Stackhouse suggéra d'envoyer deux équipes, Opale et Rouge Rubis, l'équipe qui avait enlevé Luke. Ainsi, la boucle serait bouclée. Il demanda à Mme Sigsby de commencer par Richmond. Toute personne qui apercevrait Luke toucherait une jolie prime. À Brunswick, l'informateur était le pasteur d'une église méthodiste et à DuPray c'était le propriétaire de l'unique motel de la ville.
20
Luke fit un cauchemar. Il rêva qu'il était de retour dans le caisson d'isolation. Il se réveilla en entendant le crissement des roues sur les rails. Il se rendit compte qu'il était bloqué par les emballages. Il avait peut-être fait tomber des paquets durant son cauchemar grâce à ses pouvoirs psychiques. Il savait qu'il avait changé mais il n'avait pas envie de savoir dans quelle mesure. Il avait faim et soif. Le train s'arrêta et Luke rempila la les cartons à tâtons. Il regagna sa cachette et attendit. La porte du wagon s'ouvrit avec fracas. Un camion approchait du wagon et un type brailla. Un homme sauta à bord du wagon. Un homme le rejoignit et déposa sur le sol du wagon une lanterne. Ils entreprirent de faire glisser des caisses, du camion au wagon. Les deux hommes s'offrirent une pause. Luke pensa à tous les enfants qui comptaient sur lui pour s'empêcher de jaillir de sa cachette et supplier les deux hommes de lui donner à manger. Il les entendit discuter. Un des deux hommes disait qu'on lui avait posé une question sur un enfant disparu. Il était question d'une récompense. Puis les deux hommes continuèrent de charger quelques caisses et repartirent. Luke comprit que l'Institut savait qu'il s'était enfui. Sans doute ils avaient fait parler Maureen. Ou Avery. Il devina que plusieurs personnes l'attendraient au prochain arrêt. Dans l'immédiat, il décida de soulager sa vessie dans le réservoir d'un motoculteur. Il pensa au réfectoire de l'Institut. Mais retourner là-bas, ce serait de la folie. Il aperçut quelque chose dans l'espace entre les nouvelles caisses et les petits engins à moteur. C'était des miettes de donuts. Il se pencha et sortit sa langue pour les lécher.
21
Stackhouse reçu un appel d'Andy en pleine nuit. Il n'y avait aucune trace de Luke à Richmond. Le docteur Hendrickx entra dans le bureau sans prendre la peine de frapper. Stackhouse lui demanda si Avery avait eu droit au caisson. Hendrickx répondit non. Il était choqué par cette idée car Avery n'était pas un rose. On ne pouvait pas prendre le risque de l'endommager ou d'étendre ses capacités. Mais Stackhouse lui ordonna de plonger Avery dans le caisson. Zeke devrait s'en charger car il appréciait cela. Stackhouse voulait faire subir à Avery une expérience dont il se souviendra toute sa vie. Ensuite, Avery serait envoyé à l'Arrière. Bien que Mme Sigsby n'était pas au courant de ce projet, Stackhouse prétendit le contraire. Mme Sigsby apparut. Elle ressemblait à un fantôme. Elle confirma l'ordre de Stackhouse. Elle considérait qu'Avery devait payer.
22
Le train s'ébranla de nouveau et Luke se remémora une chanson que lui chantait sa grand-mère sur un train en partance de Houston pour l'Ouest. Il s'assoupit sans parvenir à s'endormir. Les premières lueurs de l'aube commencèrent à filtrer à l'intérieur du wagon. Il sentit le goût du sel dans l'air. Il aperçut des entrepôts et des usines. Il sentit l'odeur de poissons morts. Le train commença à ralentir. Il regagna sa cachette. Le train s'arrêta. Une heure s'écoula. Un autre camion recula jusqu'au wagon et un homme ouvrit la porte en grand. Puis ce fut une équipe de quatre hommes. Ils commencèrent à transporter les caisses à bord du camion. Il restait encore deux caisses dans le wagon. Luke entendit le camion repartir. Mais il restait encore un homme qui monta dans le wagon. Il ordonna à Luke de sortir de sa cachette.
23
Luke se faufila entre les engins et voulut se redresser mais il avait les jambes ankylosées et la tête qui tournait. Le type le retint. Il constata que Luke avait une oreille arrachée. Luke était incapable de parler car il avait la gorge sèche. Il finit par réussir à dire qu'il avait eu des ennuis. Il réclama à manger et à boire. Mattie lui offrit des bonbons. Les points réapparurent brièvement. L'homme lui demanda depuis combien de temps il n'avait pas mangé mais Luke ne savait pas. L'homme voulut savoir si Luke était parti du Yankeeland. Il acquiesça. L'homme voulut savoir qui lui avait arraché l'oreille. Alors Luke répondit que quelqu'un le cherchait. Mattie lui dit que son oncle était venu avec deux amis à lui plus un flic de Wrightsville Beach. Ils avaient prétendu que l'enfant s'était enfui du Massachusetts. Luke fut terrorisé d'apprendre qu'un policier faisait partie des hommes qui le recherchaient. Luke affirma qu'il avait pris le train dans le Maine et que son père était mort. Sa mère aussi. Mattie réfléchit. Il demanda à Luke si c'était un salopard dans un foyer d'accueil qui lui avait arraché l'oreille. Ce n'était pas très éloigné de la vérité alors il dit que si ces hommes le voyaient, ils l'emmèneraient. Il ne voulait pas revenir là où tout ça était arrivé. Il supplia Mattie de ne rien dire. Mattie lui avoua qu'il avait fait trois fugues quand il était enfant. Il voulut savoir ou Luke désirait aller. Luke répondit qu'il voulait aller dans un endroit où il pourrait trouver à manger, à boire et réfléchir. Mattie lui demanda s'il avait été kidnappé. Luke acquiesça. Et il se mit à pleurer. Six Luke voulaient conserver son avance, cela dépendait de la décision de Mattie. Alors Mattie lui dit qu'ils étaient à Wilmington et que le train s'arrêterait en Géorgie puis à Tampa et enfin à Miami. Les hommes qui le recherchaient allaient fouiller toutes ces villes. Le prochain arrêt, c'était juste une chiure de mouche sur la carte. Luke lui dit qu'il avait été plongé dans un caisson et avait failli se noyer. Alors Mattie sauta du wagon et referma aux trois quarts la porte coulissante. Il entendit un homme demander à Mattie s'il avait vu un garçon. Mattie répondit non. 10 000 plus tard, le train redémarra. La gare se mit à défiler. L'ombre d'un poste d'aiguillage balaya le plancher du wagon. Puis une autre ombre apparut. Une ombre humaine. Et un sac en papier atterrit sur le sol. Luke entendit Mattie lui souhaiter bonne chance. Luke jaillit de sa cachette pour saisir le sac qui dégageait une odeur de paradis. Le paradis avait l'apparence d'un friand à la saucisse et au fromage, d'un gâteau aux pommes et d'une bouteille d'eau. Il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas vider d'un trait la bouteille. Après avoir mangé le friand, il regagna sa cachette. Pour la première fois depuis qu'il avait descendu la rivière et levé les yeux vers l'escalier, il avait le sentiment que sa vie valait peut-être la peine d'être vécue. Et bien qu'il ne crut pas en Dieu, il pria. Mais pas pour lui. Il demanda à cette force supérieure et hautement hypothétique de protéger cet homme qui l'avait baptisé « hors-la-loi » et avait lancé ce sac à l'intérieur du wagon.
24
Il s'obligea à rester éveillé. Luke pensait qu'il y avait peut-être des gens qui le guetteraient dans la chiure de mouche. Mais il n'avait aucune intention de poursuivre son voyage jusqu'à Tampa et Miami. Il y avait trop de policiers dans les grandes villes. Sa photo devait circuler puisqu'il était suspecté d'avoir assassiné ses parents. Compter sur un autre coup de chance extraordinaire serait stupide. Il lui restait un seul atout précieux. La clé USB. Il ignorait ce qu'elle contenait. C'était peut-être des preuves. Le train passa devant un mât de signalisation. C'était bien l'arrêt évoqué par Mattie. Le panneau indiquait DuPray. Luc se pencha en avant et sauta. Il retomba sur le ballast. Il s'affala et quelqu'un cria : « attention ! ». Luke vit un homme juché sur un chariot élévateur et un autre homme assis à l'ombre du toit de la gare lui cria de faire gaffe au poteau. Mais c'était trop tard. Luke se cogna contre le poteau. Il rebondit sur le ballast et roula près des rails. Sa plaîe à l'oreille s'était rouverte. Quand il voulut se remettre debout, il échoua. L'homme descendit de son chariot élévateur. Luke le supplia d'empêcher les hommes de le rattraper. L'homme au rocking-chair rejoignit l'homme au chariot. Luke leur demanda lequel des deux se faisait passer pour son oncle. Les deux hommes ne comprirent pas ce qu'il disait. L'homme au rocking-chair appela un médecin. L'autre homme releva Luke. Il lui demanda son nom mais Luke voulait d'abord savoir si c'était quelqu'un de sympathique alors il lui demanda son nom. C'était Tim Jamieson.
25
Norbert Hollister, propriétaire d'un motel décrépit qui restait ouvert uniquement grâce au salaire mensuel que lui verser l'Institut en tant qu'informateur, se servit du téléphone de la gare pour appeler Doc Roper. Mais au préalable, il se servit de son portable pour appeler un numéro qu'on lui avait communiqué au petit matin. Il annonça que le gamin était ici. Andy lui annonça que s'il se débrouillait pour que l'enfant reste en ville, il aurait le droit à une récompense et un bonus. Stackhouse lui ordonna de ne pas perdre l'enfant de vue. Hollister devrait appeler toutes les heures. Stackhouse s'occuperait du reste.
L'enfer est là.
1
Tim fit traverser le bureau de Craig Jackson à Luke. Son patron résidait dans la ville voisine de Dunning mais il n'était pas là aujourd'hui. Tim voulait que Luke s'allonge en attendant l'arrivée du docteur. Mais Luke préféra s'asseoir dans le fauteuil. Il lui demanda son nom mais Luke était encore méfiant. Luke voulait savoir si Tim l'attendait. Tim répondit qu'il attendait le train. Luke voulait savoir qui était le type qui accompagnait Tim. Mais Tim voulait absolument savoir son nom. Alors Luke mentit en disant qu'il s'appelait Nick Wilholm. Puis Tim expliqua qui était l'autre type dans la guerre. C'était le propriétaire du motel. Puis il demanda à Luke à qui il voulait échapper. Annie Ledoux l'orpheline arriva. Tim lui présenta Luke. Luke demanda à Annie si elle attendait le train. Il semblait obsédé par cette idée. Hector arriva lui aussi. Il jeta un coup d'oeil indifférent au garçon assis dans le fauteuil. Alors Tim demanda à Annie de veiller sur Luke car il avait à faire. Hector ordonna à Tim de retourner au boulot. Il dit à Luke qu'il aurait une conversation avec lui à son retour.
2
Annie donna un torchon mouillé à Luke pour qu'il l'appuie sur son oreille. Puis elle lui nettoya le visage en faisant preuve d'une douceur qui lui rappela sa mère. Alors il pleura. Il dit que sa mère lui manquait. Annie chercha à le consoler en disant que l'amour ne mourrait pas avec le corps terrestre. Luke avoua que ses parents avaient été assassinés et qu'il avait été kidnappé. Annie lui demanda s'il avait été enlevé dans une voiture noire et si ses ravisseurs avaient fait des expériences sur lui. Luke en resta bouche bée. Elle répondit qu'elle écoutait une émission à la radio qui évoquait ce genre de sujets ainsi que les ovnis et les pouvoirs psychiques. L'émission de George Allman s'appelait les Outsiders.