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Humanisme : le Contrat social
2 décembre 2006

Le plus beau livre de Pierre Louÿs

Aphrodite

Chrysis est une Galiléenne. Elle ne croit pas à Aphrodite mais aime qu’on la compare à la déesse. Elle est née à Génézareth d’une mère courtisane qui se donnait aux voyageurs et aux marchands. A douze ans, Chrysis s’échappe pour suivre une troupe de jeunes cavaliers qui l’emmènent jusqu’à Alexandrie. Elle devient courtisane et ne connaît tout d’abord que les voyageurs et les marchands, tout comme sa mère. Grâce à la passion qu’elle inspire à des maîtres de caravane, elle s’empare de leur fortune. Pour elle l’amour est un art, comme la musique. Pendant sept ans sa vie de courtisane l’a satisfaite. Mais à vingt ans, il lui vient tout à coup des ambitions. Elle veut être adorée pour avoir de la joie de faire souffrir son amant éperdu jusqu’à ce qu’il en meure. Sur la jetée d’ Alexandrie, deux jeunes courtisanes, Tryphéra et Séso parlent d’une fête que va donner la belle et riche Bacchis. Cette dernière va affranchir sa plus belle esclave, Aphrodisia. Sur le quai d’Alexandie, se promène Demetrios, amant de la Reine Bérénice et sculpteur. Lui qui ne sort jamais, attire tous les regards grâce à sa beauté. Les femmes regardent cet homme qui est leur rêve commun. Quand il passe dans une salle du palais, les esclaves s’arrêtent, les femmes de la cour ne parlent plus, les étrangères l’écoutent aussi, car le son de sa voix est un ravissement, sa maison est encombrée de cadeaux. Mais Demetrios n’a que mépris pour toutes ces faveurs. Son coeur ne bat que pour une statue d’Aphrodite. Or, Demetrios vient à croiser Chrysis sur les quais. Celle-ci le dédaigne, ne s’arrête pas pour l’admirer. Surpris, Demetrios s’approche de la courtisane et tente de la séduire mais elle lui résiste. Pour qu’elle s’abandonne à lui, il lui promet l’or du monde mais la belle ne veut que trois choses : le miroir d’argent de Bacchis dans lequel Sappho s’est mirée, le peigne d’ivoire ciselé appartenant à la femme du grand-prêtre et le collier de perles à sept rangs qui est au cou de la statue d’Aphrodite. Demetrios accepte. après quoi, Chrysis rencontre deux amies, Myrtocleia et Rhodis, qui lui demandent une faveur : elles veulent pouvoir se marier pour concrétiser leur amour saphique. Chrysis promet de changer la loi pensant qu’elle sera bientôt puissante grâce à Demetrios.

Dans les jardins de la déesse s’élève le temple d’Aphrodite-Astarté dans un parc immense. Dans ce parc se trouve une cité colossale, faite de quatorze cents maisons. Un nombre égal de prostituées habitait cette ville sainte. Toutes les femmes qui entraient là n’en sortaient qu’au premier jour de leur vieillesse et donnaient au temple la moitié de leur gain. Quand elles n’accueillaient pas les marchands, les pauvres filles unissaient leur misère par des amitiés passionnées qui devenaient des amours presque conjugales. Toutes les femmes ont suivi dans le Didascalion sept classes de théories et la méthode de tous les arts érotiques.

Après cette visite au temple de l’amour, l’histoire de Demetrios reprend. Il se rend chez Bacchis et trouvant la maison vide, il prend le miroir d’argent. Il se rend dans le jardin et rencontre la petite Melitta qui l’invite dans sa chambre. Bien qu’elle n’est que onze ans, elle a déjà appris les arts érotiques et en fait profiter Demetrios. Ce qui paraît choquant aujourd’hui était monnaie courante dans l’Antiquité. Melitta révèle à Demetrios qu’elle connaît Chrysis. Il la bombarde alors de questions. Elle n’a que peu d’informations à lui donner alors elle le conduit chez Chimairis une des amies de Chrysis. Mais Chimairis s’apercevant que Demetrios aime Chrysis refuse de lui parler d’elle. Elle se contente de lui lire les lignes de la main gauche et lui prédit le sang d’une femme et puis le sang d’une autre femme et son propre sang. Demetrios est troublé mais continue sa route et se rend chez le prêtre pour s’emparer du peigne demandé par Chrysis. Touni, la femme du prêtre, assise et les yeux clos est sans défense. Demetrios n’hésite pas à la tuer pour respecter la promesse faite à Chrysis et accomplit une partie de la prédiction de Chimairis. Il ne lui reste plus qu’à se saisir du collier d’Aphrodite, ce qu’il fait après un moment d’hésitation provoqué par le charme de la statue. Pendant ce temps, Chrysis est invitée par le philosophe Naucratès chez Bacchis. Chrysis dialogue sur l’amour avec le philosophe. Elle affirme que la femme est, en vue de l’amour, un instrument accompli. Des pieds à la tête elle est faite uniquement, merveilleusement, pour l’amour. Elle seule sait aimer. Elle seule sait être aimée. Par conséquent : si un couple amoureux se compose de deux femmes, il est parfait; s’il n’en a qu’une seule il est à moitié moins bien; s’il n’en a aucune, il est purement idiot.

Au cours d’une procession devant la statue d’Aphrodite, une trentaine de courtisanes font des offrandes à la déesse. Chrysis se trouve parmi elles et offre un miroir, un peigne de cuivre et un collier, trois objets qui ne sont pas ceux que Demetrios lui a promis mais qui appartiennent à la belle. Demetrios assiste à la scène. Il s’était cru guéri de sa passion pour Chrysis mais l’émotion qu’il avait senti à l’entrée de la courtisane était si totale et si lourde qu’il ne fallait plus songer à la combattre par un coup de volonté. Alors, une fois le temple déserté par les courtisanes, Demetrios se résout à emporter le collier d’Aphrodite qu’il avait enlevé de la statue juste avant la cérémonie. sortant du temple, Demetrios rencontre sa maîtresse, la reine Bérénice à qui il révèle un conte. Il narre l’histoire d’Orphée qui hypnotisait les animaux même les plus sauvages avec sa lyre. Mais un jour il se lasse de cette fastidieuse vie et e cherche plus à jouer de la musique jusqu’à ce qu’une lionne le dédaigne ce qui titille le jeune homme. Pour pouvoir jouer pour la lionne, il doit promettre de voler les viandes fraîches appartenant aux hommes de la plaine et d’assassiner le premier qu’il rencontrera, ce qu’il accepte. Demetrios ne donne aucune morale à son conte laissant sa maîtresse dubitative.

Chrysis se rend à la fête de Bacchis. Elle espère apprendre que le miroir a été volé par Demetrios mais il n’en est rien alors elle quitte la fête fébrilement. Elle se rend à Rhacotis, énorme bouge de matelots et d’Egyptiennes. Elle se fait arrêter deux matelots qui en veulent à sa beauté. Elle se laisse faire puis retourne à la fête de Bacchis et cette fois Bacchis a remarqué la disparition de son miroir. On accuse Aphrodisia, l’esclave qui devait être affranchie. Celle-ci est cruellement punie, elle est crucifiée. Chrysis est persuadée que Demetrios a obéi à ses caprices et va subir l’esclavage de l’amour et qu’elle sera sa dominatrice. Elle se prend à rêver alors de sa puissance. Elle imagine que Demetrios tuera la reine Berenice pour elle et que tout Alexandrie sera son domaine. Demetrios, lui aussi, se met à songer. Il se voit dans une île dans laquelle se trouve Chrysis. Il se rend dans sa maison dans laquelle se trouvent de multiples pièces toutes différentes. C’est dans cette maison que Demetrios étreint la courtisane. Il connaît une parfaite harmonie avec elle. Son rêve l’a pleinement comblé.

La foule alexandrine apprend le vol du miroir de Bacchis, l’assassinat de la femme du grand-prêtre et le vol du collier de la déesse qui est un véritable sacrilège. L’émoi se répand sur toute la ville. Dans l’Agora, Demetrios et Chrysis se retrouvent. La courtisane est persuadée que le jeune homme va se livrer à elle mais il ne lui cède pas. Il lui révèle qu’il la vue en songe et que son rêve l’a comblé. Il refuse donc d’être son amant. Il la couvre de propos violents à l’égard des femmes. Il pense que l’esclavage est le vrai nom de la passion et que les femmes n’ont toutes qu’un seul rêve : faire que leur faiblesse rompe la force de l’homme et que leur futilité gouverne son intelligence. Il fait promettre à Chrysis devant Aphrodite de prendre les trois objets convoités et de s’en aller par la ville. La foule voyant Chrysis couverte du collier sacré croit voir Aphrodite. Mais son crime est vite découvert, elle est alors emprisonnée et condamnée à mort. Dans sa geôle, Demetrios vient la voir mais ne lui parle pas. Voulant s’unir dans la mort à celui qu’elle aime elle lui propose de boire le poison mais Demetrios refuse. Après le décès de Chrysis, Demetrios décide de l’immortaliser en modelant son effigie dans la terre.

Rhodis et Myrtocleia arrivent à leur tour dans la geôle et s’emparent du cadavre de leur amie, après l’avoir pleuré, pour la mettre en terre dans le cimetière d’Hermanubis. Enfin, elles placent dans les doigts de Chrysis l’obole destinée à Charon pour que la courtisane puisse atteindre l’au-delà. Ainsi finit la triste destinée de la belle Chrysis.
pierre_louys_aphrodite

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