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Humanisme : le Contrat social
13 juillet 2008

synarchie 2

- Politique occulte et occultisme politique L’occultisme, en général, fait une large place à l’idée que des groupes mystérieux animent des émissaires secrets et jouent un rôle décisif dans la conduite des sociétés humaines. On pense au complot maçonnique qui aurait contribué à la Révolution Française selon l’abbé Barruel, auteur des fameux « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme » parus en 1797. Peu avant sa mort, Barruel (en 820) avait entrepris la rédaction d’un nouveau mémoire fondé sur la révélation que lui avait faite un mystérieux Jean-Baptiste Simonini, d’une conjuration révolutionnaire permanente conduite par les Juifs et les templiers dirigée par un conseil suprême et occulte. Dès lors les Juifs remplacèrent les francs-maçons. Le martinisme fut aussi dénoncé par Christian August von Haugwitz, ministre de Prusse. Roger Mennevée affirme lui aussi que « le grand mécanisme de la diffusion de l’activité révolutionnaire depuis un siècle fut le faisceau mondial des sectes martinistes ». A la fin du XIXè siècle et au début du XXè, la franc-maçonnerie fut accusée d’infiltrer l’Eglise. Un ex-jésuite, Emmanuel Barbier participa à cette théorie qui servira pour la dénonciation de la synarchie. En 1943, un document accuse encore le martinisme de diriger secrètement la Nouvelle Economie Politique russe, le fascisme, le nazisme et le New Deal. Jean Saunier évoque également le célèbre faux « Les Protocoles des Sages de Sion » qui servit à justifier la politique antisémite des nazis. Le succès de ce faux comme des autres exprime souvent l’incapacité de la raison à saisir la nature de l’Histoire. Lesley Fry, antisémite qui écrivait dans la très intégriste Revue Internationale des Sociétés Secrètes, prétendait que Walter Rathenau (assassiné par un groupe pré-nazi) était le chef des Sages de Sion parce que ce politicien avait écrit dans la Wiener Freie Presse : « Trois cents hommes gouvernent les destinées du continent européen, et ils élisent leurs successeurs dans leur entourage ». Incontestablement, l’anti-synarchisme n’est que le reflet de l’antisémitisme et de l’antimaçonnisme. La notion d’occultisme apparaît au milieu du XIXè siècle avec Eliphas Levi puis le rosicrucianisme, le théosophisme et le martinisme de Papus. Chaque groupe se réclame de traditions antiques et prestigieuses. De longue date, en effet, certaines traditions ésotériques ont porté sur le gouvernement des sociétés comme les projet de Jean-Valentin Andreae relatifs à l’établissement d’une République chirstianopolitaine, la « Cité du Soleil » de Campanella, « Utopia » de Thomas More, « Nouvelle Atlantis » de Francis Bacon. Tous ces écrits inspirèrent les pamphlétaires dénonçant les « Supérieurs Inconnus » de la franc-maçonnerie du XVIIIè siècle. Dans l’ordre collectif se retrouve une idée force, celle d’abolir le hasard, insupportable à la raison, de sublimer la notion du destin, et de leur substituer le rêve d’une nouvelle Providence exercée par des Sages comme dans le livre de René Guénon « Le Roi du monde » qui désigne un « Législateur primordial et universel ». Le créateur du système synarchique, Saint-Yves d’Alveydre (1842-1909 a non seulement largement influencé l’occultisme contemporain mais est aussi un des premiers auteurs qui aient évoqué clairement cette légende du Roi du Monde et consacré un ouvrage au centre initiatique supérieur qu’il appelle l’Agartha. Son système philosophico-politique dénommé synarchie constitue une herméneutique de l’Histoire et un programme d’action, en vue de l’instauration d’une société parfaite gouvernée par des sages. Pourtant, aucun de ceux qui ont été accusés de synarchie ne s’est jamais réclamé de Saint-Yves d’Alveydre. - Un marquis inspiré : Saint-Yves d’Alveydre L’oeuvre de Joseph-Alexandre Saint-Yves, marquis d’Alveydre tient de la révélation personnelle et de l’interprétation para-scientifique d’antiques traditions. La diffusion de l’oeuvre de Saint-Yves n’a jamais dépassé les limites singulièrement étroites du petit monde occultiste sur lequel elle exerça cependant une très forte influence. Pourtant, il n’a pas laissé indifférents ses contemporains puisque Camille Flammarion et un roman à clef paru en 1886 écrit par Melle Vigneau sous le pseudonyme de Claire Vautier de l’opéra et intitulé « Monsieur le Marquis, histoire d’un prophète » le brocarde. Il fut accusé d’être un charlatan, un suborneur de jeunes filles, un hypnotiseur, un plagiaire, un pontife de salon. Son seul biographe, Barlet, écrivit un livre en 1909 tout simplement intitulé « Saint-Yves d’Alveydre ». Depuis lors, aucun auteur n’a tenté de reprendre les recherches de manière plus scientifique. Joseph-Alexandre Saint-Yves est né le 26 mars 1842. Il était le fils d’un médecin et d’une très jeune femme, Marie-Joséphine Amouroux qui n’avait que 18 ans quand elle le mit au monde. Il naquit à Paris près de la porte de Saint-Denis. Il fut en conflit avec son père et avec ses maîtres d’école pendant son enfance. Il fut donc placé à 13 ans dans une institution créée par un conseiller à la cour d’appel de Paris, Frédéric-August Demetz, la Société paternelle pour l’éducation morale, agricole et professionnelle. Elle se situait à Mettray, près de Tours. Demetz influencera Saint-Yves et celui-ci lui vouera une grande vénération. Saint-Yves reste pourtant peu de temps à Mettray. Il s’en alla vite chez le curé d’Ingrandes, l’abbé Rousseau puis revint dans sa famille au bout de deux ans. Il obtint son bac en 1861 mais après de nouvelles incartades, son père l’obligea à s’engager dans l’infanterie de marine. Grâce à Demetz, il entra à l’Ecole de médecine navale de Brest, il y resta trois ans. Pour des raisons obscures, il part à Jersey avec les proscrits à 22 ans. Il était attiré par Victor Hugo. Il se lie avec un autre hugolien, Adolphe Pelleport. Grâce à Demetz, il découvre l’oeuvre de Fabre d’Olivet, le théosophe. La grand-mère de Pelleport avait connu Fabre d’Olivet et lui livra plein d’anecdotes. La guerre de 1870 le rappelle en France. La Commune de Paris l’impressionne. Dès lors, il veut créer une formule politique susceptible de mettre fin à la violence dans les rapports sociaux. Son destin fut bouleversé quand il fréquenta le salon de Paul Lacroix à la bibliothèque de l’Arsenal. Au cours d’une soirée, il y rencontra une femme, Marie-Victoire de Risnitch qui, en 1876, avait divorcé d’avec le comte Edouard Fiodorovitch Keller, conseiller du Tsar. Elle avait 50 et une rocambolesque. Elle s’était prise d’un vif intérêt pour les sciences occultes et l’alchimie. Moins d’un an après leur rencontre, ils se marièrent en Angleterre, à Wesminster, le 6 septembre 1877 et s’installèrent à Paris près de l’Etoile. Saint-Yves quitte le Ministère de l’Intérieur pour une nouvelle vie plus riche qui lui fait acquérir aux yeux du Tout-Paris une réputation de gigolo. Il fut ridiculisé par une curieuse opération commerciale. Il avait résolu de mettre au point un procédé d’utilisation industrielle des algues marines pour en faire du papier mais l’opération échoua. Sa femme hérita d’une terre italienne à laquelle était attachée le titre de marquis d’Alveydre. C’est celui que prit son roturier d’époux. Assisté d’un secrétaire, Louis Cabrol, il dicte ses ouvrages, les « Missions ». Le premier paraît en 1882, la « Mission des souverains » puis celle des ouvriers, la mission des Juifs, celle de l’Inde et celle de la France. On lui reproche d’avoir plagié Fabre d’Olivet dans sa « Missions des Juifs », Oswald Wirth, secrétaire et biographe de Stanilas de Guaita, occultisme renommé éprouva un cruel désenchantement lorsque Saint-Yves fut démasqué en tant que plagiaire. La déconvenue fut grande et moins de huit ans après la Mission des Souverains, il mettait un terme à sa carrière d’écrivain avec un livre sur Jeanne d’Arc. La fortune du couple commence à fondre et il émigre à Versailles. La Marquise meurt le 7 juin 1895. Saint-Yves, inconsolable, transforme sa chambre en chapelle. Avec la vogue du théosophisme d’Helena Blavatsky, l’oeuvre de Saint-Yves fut récupérée car les occultistes théosophes croyaient à une « Grande Loge Blanche » dirigeant de manière occulte les destinées du monde située au Tibet. En 1885, Saint-Yves fut visité par un mystérieux émissaire nommé Hadj Scharipf, prince afghan. Il révèle à Saint-Yves le secret d’une autorité suprême organisée en mode synarchique, à la tête de laquelle se trouve trois pontifes : le Brahatma, le Mahatma et le Mahanga. Saint-Yves craignant les représailles de ces hauts initiés ordonne que son livre « Mission de l’Inde » soit détruit. Le seul exemplaire qui restait fut publié après sa mort. En 1886, il avait prévu que si les Occidentaux ne faisaient pas la synarchie, il prophétisait la suprématie de l’Asie en 1986. Vers 1894, Saint-Yves reçut la visite d’un autre oriental beaucoup plus sérieux que le premier. Mais cet informateur aurait été découragé par les préoccupations sociales de Saint-Yves. A cette époque, Saint-Yves consacre ses activités à une nouvelle oeuvre encore plus importante que le système synarchique et qu’il appelle l’archéomètre. Il s’agit d’une synthèse concrète de toutes les connaissances. Elle se définit comme un procédé permettant d’appliquer aux sciences et aux arts une pénétration mécanique des arcanes du verbe; c’est un instrument de mesure des premiers principes. Pour Saint-Yves, archéomètre vient du sanscrit Arka-Matra soit Arka le soleil et Matra la mesure. Mère par excellence, celle du Principe. Cet instrument est formé de cercles concentriques et mobiles les uns par rapport aux autres pour former un nombre infini de combinaisons entre les signes dont ils sont couverts : signes zodiacaux et planétaires, couleurs, notes de musique, lettres des alphabets hébreu, syriaque, araméen, arabe, sanscrit ainsi qu’une langue appelée Vattan par Saint-Yves, des nombres, etc... Saint-Yves ne vit pas aboutir ses recherches car il mourut à Paris le 6 février 1909. Il fut oublié. Saint-Yves se sentait dépositaire d’une mission. Il regarda toujours avec condescendance les organisations occultistes et refusa d’appartenir à l’une d’elle. Il ne fut jamais grand-maître de l’ordre martiniste comme on l’a répété. Il était animé par une ambition hors du commun. Il voyait son oeuvre comme « le testament historique d’un peuple ». Il souhaitait l’établissement d’un Concile oecuménique européen, où seraient représentés tous les cultes, toutes les universités, toutes les loges de 33è degré, toutes les directions souveraines et lui-même exposer et défendre la loi synarchique assisté de deux mages de l’Agartha (le royaume souterrain légendaire où se trouvaient le roi du monde). Saint-Yves apparaît comme l’un des derniers utopistes du XIXè siècle. Pour lui, la synarchie était une loi qui, étant celle de l’organisation normale des sociétés, est du même coup la loi de l’Histoire ».
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