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Humanisme : le Contrat social
18 juillet 2008

synarchie (fin)

En France, Georges Valois publie son « Nouvel Age de l’humanité » et prophétise les cités morales, intellectuelles, spirituelles, religieuses se partageant les esprits et les coeurs donnant à tous le sentiment de l’universel. Cela fait penser à Saint-Simon. Quant à Paul Desjardins et ses « Entretiens de Pontigny » de 1922 à 1939, il prétendait réunir les spécialistes de chacune des questions évoquées comme la SDN, l’humanisme, le procès de la bourgeoisie devant la classe ouvrière, etc. La Revue Internationale des Sociétés Secrètes accusa Desjardins de synarchisme mais il était pourtant favorable au grand patronat et manifestait un antiparlementarisme agressif grâce à son ami Lucien Romier qui finira conseiller de Pétain. Cependant Desjardins s’intéressa également aux recherches de l’Institut Supérieur Ouvrier animé par Georges et Emile Lefranc. Quant à Jean Coutrot et son livre sur « L’humanisme économique », les antisynarchistes l’accuseront d’avoir fourni l’essentiel des thèmes de réflexion des groupes synarques de Vichy en 1942 et de la technocratie gaulliste en 1945. Mais Coutrot n’eut pas plus d’influences sur les « synarques » de Vichy que tous les autres essayistes de son époque. Coutrot ne se voulait pas économiste mais d’abord philosophe. Il estimait que l’humanité n’était plus une espèce mais une poussière d’individus provoquant un isolement extrême de chaque individu. Il en rendait le capitalisme largement responsable car celui-ci procède de la rupture des liens sociaux traditionnels : patriotisme local, voisinage rural, professions organisées, corporation et religion. Il ne souhaitait pas la destruction du capitalisme mais sa transformation en le soumettant à la raison seule, la production et la répartition des richesses. Il voulait mettre en place, à la manière des Romains, « un dictateur temporaire et parfaitement légal chargé expressément de sauver et de régénérer la République ». Il souhaitait l’établissement d’une Eglise profondément laïque qui rassemblerait tous les clercs, biologistes, philosophes, éducateurs, chefs de groupements humains, qui donneraient un sens à leur tâche en communiant dans cette mystique. Il faut citer également Jean Rivain et son livre « Un programme de restauration sociale ». Rivain, ancien monarchiste d’Action française, ami de Georges Valois, admirateur de Mussolini, avait fondé en 1937 une Association pour l’unité française qui animait des Cercles Jeunes-France, publiait « L’Unité française », « Les Cahiers de la Nouvelle France » et « La Vérité aux Français ». L’ambition de Rivain était, elle aussi, dé réunir les hommes par-delà leurs appartenances politiques, philosophiques et religieuse. Même Léon Blum écrivit dans ses revues. Ainsi, Rivain fut accusé de synarchisme sous l’Occupation. Sous Vichy, Alexis Carrel et Alfred Sauvy créèrent la Fondation française pour l’étude des problèmes humains. Carrel avait médité sur la possibilité d’un « gouvernement des Sages ». Il voulait un pouvoir aristocratique et non démocratique. A travers lui comme à travers Coutrot et Valois s’exprimait la nostalgie d’une « société d’ordre ». Mais il se distinguait des technocrates car il estimait qu’il y a des questions qui ne relèvent pas des technocrates mais des savants ou des sages dans l’art politique. Pour Jean Saunier, les technocrates d’aujourd’hui ne se soucient ni de philosophie ni des fins dernières. - Synarchie et crises politiques La synarchie peut s’appliquer de Léon Blum à l’extrême-droite et le seul dénominateur commun serait de ne pas recourir à un type de pensée révolutionnaire au sens marxiste du terme. Ce qui amena Vichy ne relève pas d’un complot. La droite maurassienne concentrait ses regards sur ce qu’elle tenait pour son adversaire le plus dangereux, « l’ennemi intérieur ». La tentative de coup d’Etat du 6 février 1934 avait échoué. La victoire de la gauche en 1936 avait accru l’angoisse des possédants. Pour la droite, l’Allemagne nazie prenait un visage anti-bolchevique donc amical. Le petit monde nationaliste de France avait créé un Front de la liberté qui allait de l’Action française aux radicaux-nationaux en passant par le Parti républicain national et social. Le commandant Lousaunau-Lecou créa « La Spirale » en 1937, il louchait vers le franquisme. Mais la synarchie ne fut pour rien dans toutes ces créations. C’est plutôt la convergence de maurrassiens à Vichy qui explique la « Révolution nationale » placée sous le signe de l’anticommunisme, de l’antidémocratisme et d’une sorte de centralisation monarchique du pouvoir. De même, on ne peut retenir comme synarchiste la suppression de toutes les formes de suffrage populaire puisqu’on contraire Saint-Yves leur fait une large place. Pendant et après la guerre, l’Organisation civile et militaire fut nommée comme forme de « technocratie de gauche » et synarchiste. Elle fut animée par Maxime Blocq-Mascart, Georges Izard et Pierre Brosolette. Elle tenta de survivre à la Libération sous la forme d’une Union travailliste. Aujourd’hui, le terme de synarchie désigne encore la technocratie. La notion de technocratie et celle de synarchie sont si confuses que leur confusion même crée entre-elles une indiscutable parenté. Le technocrate agit en gouvernant les hommes comme s’il administrait des choses. C’est pourquoi il ne paraît pas possible de considérer les formes modernes de la technocratie comme les héritiers de la synarchie de Saint-Yves. D’ailleurs, il ne semble pas possible de démontrer que la synarchie corresponde à un programme ou à un régime politique précis et mis en pratique à un moment donné de l’Histoire. - Qu’est-ce, enfin, que la synarchie ? Plus d’un historien a ressuscité la légende et s’en est vanté. On peut retenir au moins six certitudes. 1- La synarchie est d’abord le système de Saint-Yves utopique comparable aux anciens utopistes et à celles des auteurs du XIXè siècle. 2- Les idées de Saint-Yves mêlées à celles des courants théosophiques, anthroposophistes et martinistes ont constitué la doctrine d’un petit groupe qui a bien existé et a rédigé le Pacte Synarchique d’Empire 3- en tant qu’élaboration rétrospective de l’Histoire, le mot synarchie a été utilisé pour désigner des courants de pensée philosophique, politique et économique de l’entre-deux-guerres. On y retrouve l’humanisme, un certain idéalisme, nécessite d’une aristocratie nouvelle de l’esprit, refus du parlementarisme et du communisme, rationalisation du capitalisme pour l’économie dirigée en font également partie. Comme la sauvegarde du capitalisme par les néo-socialistes et les néo-capitalistes. 4- Pendant l’Occupation, la synarchie sert à désigner le groupe des ministres du gouvernement Darlan attachés à Pierre Pucheu foncièrement anticommuniste et avec la volonté de dominer à tout prix. 5- A la même époque, puis à la Libération, le terme de synarchie se confond avec une imputation de complot indéfini mais polyvalent. 6- Dans la période contemporaine, la notion de synarchie désigne assez vaguement les formes nouvelles de la technocratie éprise de « management ». Pour Jean Saunier, la synarchie est une représentation mentale de la politique avec un pôle négatif (explication de la Révolution par l’action unique de la franc-maçonnerie). Le pôle positif est représenté par les Sages de l’Agartha, les initiés supérieurs aux hommes ordinaires. La synarchie est une construction mentale qui procède du désir, de la raison de mettre à tout prix en ordre la perception d’une situation politique caractérisée par une telle dilution des pouvoirs qu’elle ne parvient pas à découvrir, dans le désordre des choses, leur raison d’être.
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