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Humanisme : le Contrat social
30 novembre 2008

Michel Berger 3

X Mandoline, fille de la zone.

   Michel décide de voyager. Il part en Chine, prend des photos et des notes. Il publie un compte rendu dans Libération. Il cherche la reconnaissance de ce journal qui n’a d’yeux que pour Bashung et Manset. L’article paraît les 30 août 1982 et le 1er septembre 1982. Puis Michel part pour le Brésil. L’année sabbatique terminée, Berger sort l’album « Voyou » en 1983. C’est un disque coup d’épée dans l’eau qui ne séduit pas les critiques. En mai 1984, il chante au Palais des Sports. La presse salue l’événement. Il a rencontré d’autres musiciens, Serge Perathoner, Jannick Top, Claude Salmieri, Denys Lable (le cousin de France Gall). En novembre 1983, il a créé le label Apache avec son ami Patrick Villaret rencontré en 1972. Michel aime rester maître chez lui et ne veut pas traiter avec les majors.

   1984 voit la parution de l’album de France « Débranche ». « Débranche » est un tube ainsi que « Calypso » et « Hong Kong star ». Les auteurs de cette biographie pensent que les textes de Michel Berger étaient trop simplistes et qu’ils avaient été dénigré par un professeur d’université, Jean-Jacques Roubine, dans un article paru dans « Les Echos ». A partir de l’album « Ca ne tient pas debout » qui sort en 1990, les textes seront tenus sous haute surveillance et les facilités plus souvent évacuées. A l’automne 1985, Michel sort l’album « Différences » qui contient le tube « Y a pas de honte » c’est un disque éploré qui parle de regrets et de remords (Si tu plonges dédié à son fils Raphaël), de déracinement (Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux).

XI France, négresse blonde

   13 juillet 1985, Michel Berger, France Gall, Daniel Balavoine et J.J. Goldman sont à Wembley pour le Live aid. La France est absente, pas de retransmission en direct, pas d’artistes sur scène. Un journaliste de Libération, Lionel Rotcage est présent aussi. Il est le représentant de Band aid en France. Le 13 octobre 1985 les « chanteurs sans frontières » proposent leur concert à La Courneuve. Il y a là tous ceux qui ont participé au disque « Chanson pour l’Ethiopie ». On attendait 150 000 personnes, elles seront 15 000. Rotcage s’est expliqué virilement avec Balavoine et Berger mais au bout du compte ils se sont compris cela donnera l’opération « Action Ecoles ». Gall-Berger-Balavoine-Rotcage se rendent au Mali sans caméra. Michel réalise les clips destinés à populariser l’opération. Il donne interview sur interview et les colis affluent. Mais Daniel Balavoine, le lutin qui a toujours le mot pour rire, l’homme qui croit que la vie est un jardin d’enfant et que le destin de l’homo sapiens est de soulever les montagnes disparaît dans un accident d’hélicoptère le 14 janvier 1986. A l’enterrement de Daniel Balavoine, son amie Marlène Jobert voit Michel Berger s’approcher de la tombe, regarder vers le ciel et laisser retomber ses bras le long de son corps en signe d’impuissance. Cette injustice. Ce vide.

   En 1987, France Gall sort « Babacar ». « Babacar » est le hit absolu de l’album. C’est une histoire simple et triste. Un jour que France Gall est à Dakar, une femme l’accoste et lui présente un enfant desséché par la malnutrition. Elle lui demande de le prendre France hésite mais Michel ne veut pas arracher l’enfant à sa famille et propose de l’argent pour que la mère puisse élever dignement son enfant. Michel rend hommage à Ella Fitzgerald, il lui envoie le disque mais elle n’en accusera jamais réception. Le disque recèle enfin « Evidemment » l’hommage à Daniel Balavoine. Le 18 avril 1985, le père de Michel est admis à l’Académie française. Il est reçu le 16 janvier 1986. Michel accepte de faire des photos avec son père pour la presse. Fin octobre 1984, début février 1985, Michel Berger avait vu le spectacle de Johnny eu Zénith. Johnny veut une chanson et Michel répond un album ou rien. Le soir même de leur rencontre, Michel écrit « Le chanteur abandonné ». L’album sort en 1985 et s’intitule « Roch’n’roll attitude ». Nathalie Baye lit les dernières lignes de « La chatte sur un toit brûlant » en introduction de « Quelque chose de Tennessee ». L’album est un succès et relance la carrière de Johnny. Michel met en scène le spectacle de Johnny à Bercy en septembre 1987. Du 11 au 19 avril 1986, Michel chante au Zénith. Il avait bataillé pour la construction de cette salle. Après le Zénith et la tournée qui suit on ne reverra jamais vraiment Michel Berger sur scène.

   En 1987, France annonce qu’elle arrête la scène. En 1988, on voit Michel et France dans la foule qui soutient Mitterrand lors de la campagne présidentielle tandis que leur ami Johnny soutient Chirac en chantant « on a tous en nous quelque chose de... Jacques Chirac » ce qui pousse Michel Berger à échanger quelques mots aigres-doux avec l’idole. Quand Michel Berger voulait vraiment remuer ciel et terre, il prenait rendez-vous avec Mitterrand et celui-ci le recevait invariablement. En janvier 1993, lors d’une émission hommage, Mitterrand déclarait : « Il présentait cette singularité physique et créatrice de donner un sentiment initial d’une certaine fragilité dont on s’apercevait au bout d’un moment qu’elle représentait une grande force. Berger s’était lié d’amitié avec Jacques Attali en 1976 quand l’écrivain avait publié l’ouvrage « Bruits » consacré à la musique. C’est Attali qui l’avait présenté à Mitterrand.

XII Nanette et Diane, gens de Mogador

   En 1988, Berger et Plamondon décident de remonter Starmania. Tom O’Horgan n’est plus de la partie. La mise en scène est signée directement par les auteurs. Le livret est retravaillé avec un nouveau casting dont la Belge Maurane et Renaud Hantson. Jannick Top et Serge Perathoner ont travaillé sur la nouvelle partition. Le spectacle commence le 15 septembre au Théâtre de Paris. C’est un triomphe. Cela durera jusqu’en 1989 avec une tournée d’un an. Pourtant les problèmes étaient là. Maurane avait jeté l’éponge pour des problèmes personnels. Heureusement, sa doublure, Réjane Perry, chantait avec la même tonalité et Berger n’avait pas eu à refaire la partition in-extremis. Le spectacle est même joué en Russie pour dix représentations.

   En 1990, Michel Berger revient avec un nouvel album « Ca ne tient pas debout ». L’album-testament est le dernier de Michel en solo. Il ne fera que peu de promotion et ne le présentera pas sur scène et le CD ne sera pas un grand succès. Le disque est pessimiste, enserré dans l'écrin froid de ses arrangements. Michel a vieilli, il a des cheveux blancs, des lunettes, il s’est empâté. Il suit un régime et fait un bilan de santé. A sa mort, France Gall trouvera dans ses affaires une lettre du père de Berger le recommandant à un cardiologue. Il a acheté une maison à Montréal près de celle de Plamondon mais ne l’habitera jamais. il possède depuis dix ans un immeuble cossu rue des Argentiers dans le vieux Bordeaux. Il ne le visite pas non plus. Il a acquis une villa à Ramatuelle qui s’appelle Grand-Base et que sa femme et ses enfants adorent. Il court le monde avec Lionel Rotcage. Ils vont en Afrique. Il envisage de faire un film sur les Indiens intitulé « Totem ». Il s’enferme des heures durant au Prado pour admirer Bosch, Velasquez et Goya. Il se rend à Venise. Puis il monte un nouvel opéra-rock avec Plamondon « La légende de Jimmy » à l’automne 1990. La mise en scène est de Jérome Savary. Le spectacle a lieu au Théâtre de Mogador avec notamment Diane Tell et Renaud Hantson. L’action s’ouvre dans le cimetière de Fairmount (Indian), où repose la dépouille disloquée de James Dean. Là se retrouvent les groupes de teenagers qui pleurent l’acteur. Berger et Plamondon affirment que c’est leur oeuvre la plus aboutie. Victime de la guerre du golfe, le spectacle ne dure que cinq mois avec une fréquentation inégale. L’opéra-rock aurait dû être joué à l’opéra-Bastille mais les choses traînaient en longueur. La légende de Jimmy renaîtra de ses cendres à Montréal peu avant la mort de Michel. La version québécoise était un peu plus douce que sa grande soeur parisienne. Le succès mitigé de « Jimmy » provoque de l’amertume chez Berger. Ce qu’il prenait pour son chef-d’oeuvre avait terminé sa carrière dans une salle vide, alors que les locations étaient prises, à cause de la guerre du Golfe.

   Puis c’est « Tycoon » la version anglaise de Starmania. Berger vole de Londres à Los-Angeles, de New-York à Montréal pour monter le projet qui s’achève en février 1992. Le casting propose Kim Carnes, Céline Dion, Nina Hagen, Tom Jones, Peter Kingsberry, Cindy Lauper et Willy Deville. Le livret est traduit par Tim Rice qui avait travaillé sur « Evita ». « The world is stone » chanté par Cindy Lauper entre dans le top 10 en Angleterre. Mais le spectacle ne dépassera pas le stade du show-case en Angleterre. Michel Berger est mort avant d’avoir monté « Tycoon » à Broadway.

XIII Magalie, anonyme

   Le 1er février 1992, le père de Michel Berger meurt. Il ne lui a rien laissé même pas pour ses enfants. Il aura cherché toute sa vie à comprendre l’abandon de son père. Dans le testament le professeur Hamburger ne mentionne même pas le nom de ses enfants ce qui est illégal. Il ne les déshérite pas, il les occulte. C’est inexplicable. Michel est rejeté une ultime fois. Pourtant il a choisi d’être inhumé à côté de son autre fils Bernard au cimetière Montmartre.

   Le nouvel album de France et Michel s’appelle « double-jeu ». Il sort en juin 1992. Il a été enregistré au studio Face B, que Michel a fait aménager selon son goût par un architecte décorateur. Double jeu est un projet qui surprend tout le monde. On croyait France définitivement retirée de la vie d’artiste, on savait le couple hostile à toute exploitation d’une image commune. Le contenu de l’album accroît le malaise. Où est passée la voix si brillante, si percutante de France ? Que sont devenus les mélodies solaires de Michel ? Michel n’avait sans doute plus très envie de faire des disques et France voulait affirmer sa personnalité et mettre le poids de son expérience dans la balance. A sa sortie, le disque est accueilli par une vague de scepticisme. Et les ventes ne décolleront qu’avec ce sinistre coup médiatique que sera la disparition de Michel. Le 22 juin le couple chante l’album au New Morning pour un show-case très privé. Le spectacle prévu devait se dérouler à La Cigale du 17 octobre au 1er novembre mais France chantera seule à Bercy en 1993.

   Au printemps 1992, Michel apparaît las, préoccupé. Il multiplie les voyages. Il cède ses éditions. Il boucle ses contrats et range ses papiers. Il fait le vide. Il s’en va. Au nouvel an 1993, il sera un homme nouveau. Son agenda est chargé. Le 30 juin il est à Londres pour trouver une salle pour Starmania. Plamondon le trouve fatigué et lui conseille de se reposer. Johnny lui a demandé un nouvel album. Puisqu’on lui a demandé de se reposer, il va à Ramatuelle. Le 2 août, il donne sa dernière interview à Alain Morel du Parisien pour Radio Service, une radio locale. Il précise qu’il regagnera Paris le lendemain pour préparer le spectacle. Le reporter le trouve détendu, en pleine forme. Alors qu’il fait chaud, il joue au tennis avec France. Après, on prendra une légère collation et on ira au théâtre voir Etienne Chicot qui joue Ruy-Blas d’Hugo. Mais Michel a un premier infarctus. On l’aide à regagner la villa. Il récupère mais la douleur persiste. Après un bain, il se sent mieux. Il se dit même prêt à aller au théâtre. Il s’apprête à se sécher et nouvel infarctus. On appelle les pompiers. Troisième infarctus, celui-ci sera fatal. A 21 h 10 tout est fini. La nouvelle n’est communiquée à la presse que le lendemain à 11 h 30. La nouvelle provoque une émotion considérable. Michel est enterré le 6 août aux côtés de son frère Bernard. Au cimetière Montmartre, défile tous ses amis : Luc Plamondon, Françoise Hardy, Johnny Hallyday, Jack Lang, Jannick Top, Renaud Hantson, Coco Balavoine, Jean-Michel Jarre... et Véronique Sanson. Jacques Attali prononce l’éloge funèbre. Peu avant sa mort, Michel avait conçu un scénario pour Totem. Cela devait raconter l’histoire d’un artiste indigène des prisonniers des contradictions entre l’art traditionnel hérité de ses ancêtres et l’expression de la modernité qu’il porte en lui. Il voulait aider à la création d’une fondation consacrée à la recherche sur les maladies génétiques. Il souhaitait voir le Louvre accueillir l’art africain. Il souhaitait retravailler avec Luc Plamondon, un oratorio dont le titre provisoire était Guernica. Il devait se faire à nouveau Pygmalion pour une jeune Allemande, Béatrice Grimm, mannequin qui voulait chanter en anglais. Béatrice n’a pas eu le courage de continuer sans lui. Sur la tombe de Michel, une fan anonyme, Magali a écrit « Tu brilleras toujours dans leur regard (F.G., P.H., R.H.)

 

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Commentaires
L
enfin un article qui reprend l'ensemble de la magnifique carriere de michel de maniere juste et respectueuse pr ts! ...
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