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Humanisme : le Contrat social
3 février 2009

Le métier de bibliothécaire (2007) III

 

  1. Typologie des documents

 

Livres et périodiques

 

Le livre est à la fois objet matériel et un moyen d’échanges intellectuels. Pour l’UNESCO, un livre est une publication non périodique résultant de l’assemblage de 49 pages au moins, couverture exclue. On produit de plus en plus de livres, dans tous les pays. Pour la France, les statistiques du Syndicat national de l’édition mentionnait 12 600 titres édités en 1962 et 57 728 en 2006. L’ISBN a pour but d’aider à distinguer chaque ouvrage publié et de faciliter toutes les tâches de gestion du livre. L’ISBN est attribué en France par l’Agence francophone pour la numérotation internationale du livre (AFNIL). Une telle augmentation du nombre de titres cache une forte disparité dans la production. D’un côté, il existe une très grande concentration éditoriale qui se focalise sur les secteurs porteurs et rencontrent les faveurs du public (livres scolaires, professionnels, encyclopédies, best-sellers et prix littéraires). A l’autre extrémité, il existe une multitude d’éditeurs indépendants qui publient dans des secteurs plus étroits ou moins rentables. Cela oblige les bibliothécaires à un travail important de repérage des titres et des éditeurs et à définir une politique d’acquisition qui tienne également compte de cette économie.

Le périodique est une publication collective sous un titre unique et légal qui paraît pendant un temps non limité à l’avance et dont les fascicules s’enchaînent chronologiquement et numériquement les uns aux autres. Le numéro ISSN est donné pour la France par le centre ISSN de la BNF. La périodicité des parutions permet de suivre l’actualité politique, économique, littéraire ou scientifique et de coller à l’événement. Il est impossible de connaître le nombre de titres publiés aujourd’hui dans le monde ou en France. En France, le dépôt légal de la BNF a enregistré 4289 nouveaux titres en 2006. Alors que, en France, on note une désaffection du lectorat pour la presse quotidienne, le nombre de magazines continue de croître et son lectorat se maintient. Le bulletinage consiste à suivre et à enregistrer l’arrivée des divers numéros de manière à pouvoir réclamer auprès du fournisseur s’il y a interruption de l’abonnement. Il faut inventorier régulièrement les collections de périodiques. Constituer une collection complète d’un périodique peut conduire à écarter celui-ci du prêt, à le relier, ou à envisager sa duplication (microfilmage ou numérisation). L’achat des tables et index et surtout l’abonnement à des cédéroms et des bases de données de dépouillement d’articles permettent d’avoir plus finement et plus rapidement accès aux contenus de ces derniers.

 

Livres et périodiques électroniques

 

Il existe une offre de livres numériques ou électroniques disponibles dans divers formats. Gallica, les nombreuses bibliothèques numériques et les projets européens comme l’European Digital Project propose des livres numérisés. Il existe des livres électroniques à lire su un ordinateur. Des éditeurs spécialisés proposent de numériser des ouvrages anciens en bibliothèques et d’opérer des impressions à la demande des lecteurs. Revues électroniques et archives de presse ont un accès payant. En ce domaine, les éditeurs obligent même les bibliothèques à  se grouper en consortiumes pour négocier collectivement ces accès et à acheter des catalogues entiers d’éditeurs et non un choix de titres. La fin de l’abonnement signifie la fin de tout accès. La bibliothèque n’a acheté aucun objet matériel mais a seulement payé un droit d’usage. L’imprimé, objet définitivement acquis mais dont l’accessibilité dépend de la présence matérielle, garde don quelques atouts face au numérique si ce dernier, potentiellement virtuellement accessible de partout, voit son accès limité à un droit d’usage éternellement payant.

 

Les documents audiovisuels

 

Les premières vidéothèques sont issues de l’expérience de la BPI en 1977. En 1978, la DLL équipe 8 BM de cassettes vidéo. L’association Images en bibliothèques, créée en 1989, deviendra un lieu de rencontre, de réflexion et de coopération entre vidéothèques. A la fin des années 80 sont créés dans les médiathèques des fonds de vidéocassettes empruntables. L’association Ateliers de diffusion audiovisuelle (Adau) créée en 1984, va négocier des droits pour ces supports. A la fin des années 90 apparaît le support DVD, les médiathèques suivent. Fin 2004, 1100 BM possédaient des vidéothèques et 66 BDP possédaient des vidéos. La vidéothèque n’est ni un cinéma ni un vidéo-club. Le rôle des médiathèques est de proposer en support vidéo, des domaines du cinéma souvent inaccessibles au grand public : classiques du cinéma de fiction, cinématographie de pays peu représentés sur les écrans, films documentaires, courts-métrages. En vidéothèque, il faut se référer au code de la propriété intellectuelle (loi dadvsi du 1er août 2006). Seuls les vidéogrammes dont les droits spécifiques ont été négociés peuvent être prêtés. Le droit de prêt : les vidéogrammes sont destinés au prêt gratuit à des particuliers pour une utilisation privée dans le cadre du cercle de famille. Le droit pour la consultation sur place : c’est la possibilité de visionner ces vidéogrammes à titre gratuit sur place dans l’emprise de l’organisme acquéreur. Il est illicite de rediffuser des programmes télédiffusés. Il convient d’acquitter un forfait (relatif au nombre d’écrans, de casques, de places dans la salle de projection) à la SACEM pour les oeuvres musicales incorporées aux films projetés. La BPI propose le catalogue nationale de films documentaires pour les bibliothèques publiques comprenenant 1 500 films dont les droits ont été acquis pour 10 ans. Il existe le catalogue CNC, Images de la culture proposant 2000 oeuvres documentaires. Pour la fiction des catalogues existent ceux de l’Adav et de Colaco. La tarification à l’acte de prêt est illégale, la notion de prêt gratuit est indispensable.

 

Les documents musicaux

 

La musique est présente dans les bibliothèques sous deux formes : les documents qui traitent de musique et ceux qui en contiennent. Les documents sonores font leur apparition en bibliothèque publique dans les années 60. L’offre de CD doit être proportionnelle à la population desservie, mais il est difficile de présenter une offre correcte avec une collection de moins de 3 000 à 5 000 CD. Un taux de renouvellement de 10% est souhaitable. La musique imrimée devrait être présente dans toutes les bibliothèques. Il n’est pas nécessaire d’être un érudit spécialiste de musicologie pour acheter, cataloguer et prêter des partitions ou des song books. Une collection de base ne devrait pas être inférieure à cinq cents titres de ? variétés ? et autant de musique ? sérieuse ?. L’écoute sur place des CD est possible mais même pour une écoute individuelle avec casque, elle donne lieu à une rémunération au titre du droit de représentation : pour connaître les tarifs et établir les contrats, il faut s’adresser à la délégation régionale de la SACEM dont on dépend. LA loi sur le droit de prêt en bibliothèque assure ? la création d’une licence légale afin d’assurer une sécurité juridique tant pour les auteurs et éditeurs, ayant droit de l’auteur, que pour les bibliothèques ? mais ? seules les oeuvres imprimées sur papier et publiées sont ici visées. Le prêt d’oeuvres sur d’autres supports demeure sous le régime du droit exclusif de l’auteur ?. Les bibliothèques françaises sont tenues d’acquérir les documents audiovisuels et multimédias auprès de sociétés qui ont négocié une autorisation de consultation ou de prêt. Pour les documents sonores le droit de prêt n’est pas encore mis en oeuvre actuellement.

 

Les documents numériques

 

On parle presque indifféremment de document numérique ou de document électronique. Toutefois on peut dire que ? numérique ? est davantage lié à la technique du document ou de la bibliothèque et ? électronique ? davantage au service. La première offre de documents numériques à laquelle les bibliothèques ont été confrontées, à la fin des années 80, fut celle du CD audio et cédérom. Maintenant ce sont les DVD. Ils nécessitent un catalogage comme tout objet documentaire physique. Dans certains cas de bases de données bibliographiques ou de corpus de textes, la bibliothèque a pu choisir de charger les CD sur un serveur pour diffuser leur contenu par le réseau télématique local. La bibliothèque doit, par des ordinateurs installés dans les salles de lecture, donner accès à internet. Il faut insister sur le fait que l’information (particulièrement l’information scientifique) récupérée par internet n’est pas exhaustive et demande en outre un examen de sa source et de sa qualité, mais ni plus ni moins que l’information présentée dans les documents imprimés. Les grands éditeurs de sciences, technologie et médecine ont commencé, à partir de la fin des années 90, à modifier leur chaîne de production pour créer une édition électronique dont procède la production papier traditionnelle. Dans la plupart des cas, l’offre électronique est complémentaire de l’abonnement à la revue papier. Pourtant, il ne faut pas oublier que, depuis les années 90, ont aussi été créées des revues qui sont publiées exclusivement sous forme numérique. Depuis 2001, des éditeurs proposent l’abonnement à la seule forme électronique. Dans quelques années, la publication papier des revues  scientifiques aura cessé. Les journaux de la presse quotidienne ou hebdomadaire ont une version électronique accessible sur le web. De nombreuses bibliothèques sont abonnées à ce type de services qui permet d’interroger en texte intégral la totalité des numéros qui ont été créés en format numérique. Les thèses sont toutes créées en format électronique. Aussi, le ministère de l’Education nationale a-t-il recommandé en septembre 2000 le dépôt électronique des thèses en vue de leur diffusion sur internet. Dans de nombreux pays, les bibliothèques se sont rassemblées en groupe de pression (consortium) pour obtenir des contrats d’accès à l’information électronique dans des conditions avantageuses. Couperin a été créé en 2005 par les universités. Le document numérique est disponible en tout lieu d’une institution en permanence sans tenir compte des horaires d’ouverture de la bibliothèque. Les métadonnées permettent un accès au document numérique même s’il est en mode image et en mode texte, il peut en plus être interrogé sur l’ensemble des mots du texte. Le document numérique, mis en accès publique sur internet, obtient immédiatement une visibilité mondiale et donc une publicité sans commune mesure avec le document sur support. Les bibliothèques peuvent ainsi valoriser des fonds méconnus du public. Contrairement au document papier au microforme, le document numérique permet l’intégration de tous les médias : le texte, l’image fixe, le son, l’image animée. Les documents portés sur des supports physiques doivent, pour leur conservation, être recopiés périodiquement sur de nouveaux supports car le support lui-même se dégrade et rend l’information illisible. La préservation à long terme des documents numériques fait appel à des procédés complexes et à une infrastructure lourde dont le modèle conceptuel est l’OAIS(open archival information system). Le document numérique est régi par une règlementation différente de celle qui concerne le document papier. Les autorisations doivent être données explicitement à la bibliothèque par celui qui détient les droits d’exploitation. En général, un contrat est signé entre le producteur de l’information et la bibliothèque. La bibliothèque numérique est un concept de système d’information complet, à la fois système et contenu. La bibliothèque numérique est un véritable système documentaire. Avec leurs métadonnées

associées, elle sait gérer les aspects descriptifs, administratifs, juridiques et de conservation des documents. D’un point de vue intellectuel, la bibliothèque numérique est une collection de documents sélectionnés et gérés par le système. Gallica est la plus ancienne bibliothèque numérique en France avec plus de 15 millions de pages numérisées et plus de vingt heures de son. Des fonctionnalités nouvelles du web 2.0 ainsi qu’une nouvelle architecture avec un accès en texte intégral sont mises en oeuvre fin 2007 oar la BNF pour Gallica 2. Une bibliothèque numérique est également un portail documentaire. Le web 2.0 a été lancé aux Etats-Unis en 2004. Il intègre les fils RSS qui permettent d’agréger dans un site des données issues d’autres sites. Les blogs, les wikis, système publication coopérative sur le web, l’indexation coopéraive par des mots clés et l’attribution de notes exprimant la valeur d’une ressource.

 

3. Acquisitions et gestion des collections

 

Acquérier est un acte majeur du bibliothécaire. Les bibliothèques de lecture publique ont à choisir, chaque année, parmi six cent mille titres disponibles. Le manifeste de l’UNESCO comme a charte de l’ABF délimitent le champ théorique et déontologique des acquisitions : les collections doivent être encyclopédiques, c’est-à-dire couvir tous les domaines de la connaissance, refléter les tendances contemporaines, l ’évolution et la mémoire de l’humanité, être exemptes de de toute forme de censure, idéologique, politique ou religieuse, comme des pressions commerciales. Elles doivent permettre l’information et la culture des publics de tous aâges et de toutes catégories socio-professionnelles. Les bibliothèques doivent aujourd’hui tenir compte des nouveaux supports et des produits en ligne sans oublier les droits d’auteur et la réglementation en matière de marchés publics. Les livres restent rarement plus de trois mois en librairie. En clair, un nombre croissant de titres n’a plus qu’une durée de vie très limitée ce qui rend les acquisitions difficiles. Face à la pression médiatique, au poids des nouveautés, aux demandes du public tournées vers l’actualité, le soutien à la production éditoriale à risque devient un enjeu majeur de la politique d’acquisition. Les bibliothèques ont donc tout intérêt à définir par écrit leur politique d’acquisition pour porter ce document à la connaissance de leur tutelle comme des usagers. Pourtant l’opacité est grande en matière de politique d’acquisition. Le groupe de travail POLDOC, hébergé sur le site de l’ENSSIB, contribue à la réflexion sur les acquisitions et les politiques documentaires. Un budget annuel d’acquisition est indispensable. La recommandation est une dépense de deux euros par habitant à desservir pour les collections imprimées. Les seuils budgétaires permettent parallèlement aux bibliothèques de bénéficier d’aides du Centre National du Livre pour des démarches d’acquisitions thématiques. Le nouveau code des marchés publics oblige l’appel à concurrence dans un cadre de marchés publics pour toutes dépenses annuelles de plus de 135 000 euros (Etat) ou 210 000 euros (collectivités), des procédures adaptées étant mises en place en-dessous de ce seuil. La mise en oeuvr, depuis 2004, de la loi sur le droit de prêt, plafonnant les remises pour les achats de livres à 9% et obligeant les bibliothèques à déclarer la nature et le montant de leurs achats égalise les conditions d’accès aux marhcés publics des petites et moyennes librairies face à la puissance des grossistes. Il est souhaitable de diviser le budget en quatre parts d’importance inégales :

- le suivi de l’actualité éditoriale des acquisitions courantes.

- le renforcement d’un secteur de fonds ainsi que le remplacement des ouvrages perdus ou détériorés.

- l’aide aux ouvrages de faible diffusion en matière de création littéraire.

- Des outils professionnels pour mener à bien ces différentes démarches.

 

 

Une bonne connaissance de l’édition française est à la base du métier de bibliothécaire. Le supplément annuel de Livres hebdo ? Editeurs et diffuseurs de langue française ? recense pour l’année 2006, 1291 éditeurs. La lecture de la presse est également indispensable pour les choix d’acquisitions. Ainsi que la visite au Salon du livre de Paris, ou le Salon pour le livre de jeunesse à Montreuil. Un livre n’est jamais acquis de manière isolée mais doit s’intégrer dans un fonds et dans sa cohérence. Les instruments spécifiques du choix sont Livres hebdo, livres de France, Page des libraires, bulletin critique du livre français (dont les rédacteurs sont surtout des bibliothécaires), Lire, le Magazine littéraire et pour la littérature jeunesse : Griffon Lecture jeune, La Revue des livres pour enfants. Enfin on consultera la base Electre.com qui fournit des résumés de notices.

 

Les acquisitions courantes ou le suivi de l’actualité éditoriale

 

La part des documentaires devrait atteindre 50% des achats. Les achats doivent être répartis tout au long de l’année pour honorer l’offre de la rentrée en matière romanesque ou l’offre de fin d’année en beaux livres.

Les acquisitions rétrospectives ou l’enrichissement du fonds

Il s’agit d’une démarche pluriannuelle. On privilégiera chaque année une discipline anfin de rendre visible le renforcement de l’offre. Il s’agit d’acquérir les auteurs principaux par exemple en sociologie. Indispensable dans les bibliothèques importantes, l’intégralité de l’oeuvre est inaccessible aux structures plus modestes. Le problème est aussi dans l’obsolescence très rapide des documents en particulie en droit et en économie.

Les ouvrages de rotation lente et de création.

Il s’agit essentiellement des productions de petits éditeurs ou de collections spécialisées dans des domaines peu connus. Dans ces domaines achquérir ne suffit pas, il faut aussi présenter le fonds.

Les fonds patrimoniaux

Les acquisitions patrimoniales sont importantes pour les bibliothèques conservant déjà des collections de livres anciens (jusqu’en 1810) ou suivant une politique de constitution d’un fonds patrimonial à partir des fonds courants (XIXè-XXIè siècles). Il s’agira de compléter des collections ou de suivre une politique d’acquisition de livres  récents destinés dès l’achat à la conservation.

Les dons

Ils entrent rarement dans le cadre d’une politique réfléchie et coordonnée

 

La conservation et le désherbage d’une collection

Avant de désherber, il faut récoler. Il s’agit de vérifier la présence réelle des documents dans les différents fonds. Cette liste vérifiée doit donner lieu ensuite à l’épuration des catalogues et éventuellement au rachat de certains titres. La décennie 1990 a vu s’instaurer dans toutes les bibliothèques de lecture publique la fièvre du désherbage car l’accès libre aux rayons et le classement par discipline sont dévoreurs de place. La multiplication des emprunts entraîne une usure beaucoup plus rapide du document. Offrir une collection pertinente, faire la chasse aux informations obsolètes sont devenus des soucis majeurs des professionnels. Il faut également retirer du libre accès les livres peu lus. Une bonne politique d’acquisition en amont devrait entraîner peu de désherbage hormis celui exigé par le mauvais état matériel du document. Selon l’ABF, la politique d’acquisition se décline en 12 points : disposer d’un responsable de la politique documentaire, mettre en commun les réflexions, réfléchir aux publics, associer des partenaires à la réflexion, évaluer les collections existantes, établir des indicateurs de gestion des acquisitions (par exemple lecture facile, public universitaire), formaliser les procédures de désherbage, penser ? réseaux ?, utiliser les répartitions budgétaires (le maintien d’une réserve budgétaire affectée à des rééquilibrages négociés en cours d’année sont indispensables), choisir sans subir, développer les compétences en acquisition, produire un document de politique générale (charte des collections).

 

4. constituer, conserver, accéder au patrimoine

 

Fonds anciens, fonds de recherche et d’étude, fonds locaux : plus de 300 bibliothèques en France possèdent et conservent des collections patrimonailes

 

Patrimoine et conservation

 

La dimension patrimoniale ne tient pas seulement au caractère ? ancien, rare ou précieux ? des fonds, mais bien à l’intérêt intellectuel de la collection identifiée, dans son aspect prospectif aussi bien que rétrospectif, et à la qualité culturelle du projet développé. Différents types de documents constituent le patrimoine des bibliothèques. Afin de déterminer une politique de conservation pertinente, on tiendra compte des matériaux entrant dans leur composition, de leur format, deurs dimensions, de leur caractère plus ou moins précieux. Des conditions environnementales (lumière, température et humidité) non maîtrisées constituent autant de facteurs de dégradation des collections. Les matériaux organiques qui constituent majoritairement les collections des bibliothèques sont très sensibles aux conditions climatiques, et particulièrement aux fluctuations de l’humidité relative. Dans les régions tempérées, les recommandations en la matière se situent autour de 18% et de 50% plus ou moins 5% d’humidité relative.

Le regroupement des collections en fonction de leurs caractéristiques physiques, en particulier de leur format, grâce à un système de cotation approprié, permet d’adopter un classement homogène et un mobilier approprié. Le conditionnement doit être déterminé en fonction du type de document concerné  et de son usage et peut prendre des formes diverses : la reliure, la mise sous pochette, la mise en boîte, le banderolage. Quelque soit la technique retenue, elle doit utiliser des matériaux neutres et des techniques réversibles et viser à protéger le document contre la poussière, la lumière, les chocs, le feu et l’eau. L’usure des documents, l’absence ou la défaillance des traitements préventifs, les sinistres enfin nécessitent également des traitements curatifs. La restauration ne vise plus aujourd’hui une ? remise à neuf ? du document mais s’attache à arrêter sa dégradation et à mieux le comprendre en respectant sa pérennité et son intégrité. Le code des collectivités territoriales prévoit que celles-ci doivent, avant intervention, informer le ministre de la Culture de tout proet de restauration d’une document ancien, rare ou précieux. Dans la seconde moitié du Xxè sicèle, les bibliothèques, confrontées à la dégradation accélérée de certains documents, ont élaboré des traitements de masse. L’édition de masse, à partir du XIXè siècle, a largement utilisé des papiers produits en milieu acide, qui résistent mal au vieillissement, jaunissent et deviennetn cassants. Pour tenter d’y faire face, les grandes bibliothèques européennes et nord-américaines ont mis en oeuvre des plans de sauvegarde intégrant des programmes de reproduction et de transfert de l’information, et le développement de procédés de désacidification et de renforcement. La numérisation des collections patrimoniales fait partie aujourd’hui des missions de base. L’attaque des collections par des insectes ou des moisissures et bactéries est due à de mauvaise conditions climatiques récurrentes, une intégration de fonds contaminés ou un soudain dégat des eaux. En cas d’infestation avérée, les collections doivent être déménagées pour être traitées et les locaux seront désinfectés par pulvérisation. En cas d’inondation, les documents mouillés doivent être séchés manuellement. A cette technique coûteuse, on préférera la congélation puis la lyophilisation pour les documents très mouillés et nombreux. Les collections patrimoniales peuvent s’enrichir en transférant les ouvrages désherbés devenus rares dans les fonds patrimoniaux ou par l’acquisition de livres neufs qui correspondent à un ? pôle d’excellence ? de la bibliothèque. On achètera un exemplaire pour le prêt et un autre pour la conservation. Les dons et legs doivent toujours être acceptés officiellement par le donataire, en général la collectivité publique dont dépend la bibliothèque. La dation, employée en paiement des droits de succession, ne peut bénéficier qu’aux collections appartenant à l’Etat. Une bibliothèque peut accepter en dépôt des documents dont elle n’acquiert par la propriété. La conversion rétrospective des fichiers et catalogues, menée dans les années 90 a permis la création du catalogue collectif des bibliothèques de France (Ccfr) qui donne accès en ligne et rassemble les catalogues de la BNF, des BU et ceux des fonds anciens et des fonds locaux les plus importants des BM (livres imprimés jusqu’en 1810). Il signale près de 20 millions de documents conservés dans plus de 160 établissements. Le Ccfr centralise aussi un service de PEB. Pour que le patrimoine des bibliothèques soit connu du grand public un catalogue en dix volumes a été publié ? Patrimoine des bibliothèques de France ?.

Il est trop rarement souligné que les fonds patrimoniaux sont généralement beaucoup plus ? multimédias ? que ceux de lecture publique. Aux monographies imprimées, audiovisuelles ou numériques s’ajoutent les périodiques, plaquettes, photos et estampes, affiches, étiquettes, cartes postales, dossiers de presse.

 

Le dépôt légal

 

Par l’ordonnance de Montpellier du 28/12/1537, François 1er enjoint aux imprimeurs et libraires de déposer à la librairie château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume, le dépôt légal est né. Le dépôt poursuit deux buts : le contrôle de l’imprimerie et l’enrichissement des collections. L’histoire du dépôt légal en France est  étroitement liée à celle de la BNF. De la librairie du Roi (Charles V) à la BNF, l’accroissement et la diversité des collections sont l’héritage de l’histoire. En 1790, la Révolution supprime le dépôt. Elle le rétablit, de façon facultative, par la loi du 19/7/1793. Le dépôt effectué par l’auteur, en garantie de sa propriété littéraire, se substitue à celui du libraire ou de l’imprimeur. Le dépôt légaal redevient obligatoire par le décret du 5/2/1810 mais sa formalité est négligée. A l’instigation d’Eugène Morel, est créé par la loi du 19 mai 1925 le double dépôt (éditeur et imprimeur) qui permet un contrôle croisé. Avec cette loi cesse la confusion entre la protection du droit d’auteur et le dépôt légal. La loi du 21/6/1943 maitient le double dépôt et prescrit le dépôt d’un exemplaire au ministère de l’Intérieur. BN et ministère de l’Intérieur constituent le Régie du dépôt légal. Sont soumis au dépôt légal les imprimés, les oeuvres musicales, photographiques, cinématographiques mises publiquement en vente. La loi du 20/6/1992, complétée par le décret d’application du 31/12/93 relatif au dépôt légal, entrent dans le champ d’application de la loi les nouveaux supports et modes de création : documents sonores et audiovisuels et selon un mode sélectif, les documents informatiques. Cette loi est remplacée par le Code du patrimoine entré en vigueur le 20/02/2004. Le décret d’application du 31/12/93 est modifié par le décret du 13/06/06 ramenant à deux exemplaires le dépôt légal de l’éditeur. Enfin la loi du 1/08/06 relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information intégré dans la loi sur le dépôt légal permet l’élargissement du champ d’application du dépôt légal à internet. Le dépôt légal permet la constitution et la conservation du patrimoine culturel et documentaire, la production de la Bibliographie nationale française, la consultation de ces documents par le public. Sont soumis au dépôt légal les documents imprimés, graphiques, photographiques, audiovisuels, multimédias dès lors qu’ils sont soumis à la disposition d’un public ainsi que les logiciels et les bases de données. Les travaux d’impression dits de villes, de commerce ou administratifs, les documents électoraux, les documents importés à moins de cent exemplaires ne sont pas soumis au dépôt légal. L’éditeur doit déposer au plus tard le jour de la mise en circulation du document et l’imprimeur dès l’achèvement de la fabrication. Le dépôt  se fait par courrier avec une déclaration en trois exemplaires ou par coursier. Les noms des éditeurs et imprimeurs et leur adresse ainsi que la date du tirage et l’ISBN doivent être indiqués ainsi que la mention ? dépôt légal ? pour les livres et l’ISSN pour les périodiques. Sont responsables du dépôt légal, qu’ils gèrent pour le compte de l’Etat, la BNF, le Centre national de la cinématographie, l’INA et le service chargé du dépôt légal du ministère de l’Intérieur. L’éditeur doit déposer deux exemplaires à la BNF et l’imprimeur un exemplaire. Pour l’imprimeur hors Paris et Ile de France, le dépôt est effectué aurpès de la bibliothèque de la région habilitée à recevoir le dépôt. L’importateur doit déposer un exemplaire. En 2005, 208 635 livres et 1 255 686 périodiques ont été déposés. Le CNC recueille et conserve l’ensemble des vidéogrammes. Le dépôt est effectué à un exemplaire par le producteur ou le distributeur. L’INA recueille et conserve les documents sonores et audiovisuels radiodifusés ou télédiffusés. Il doit être déposé un exemplaire des périodiques pour les éditeurs et importateurs ayant leur siège à Paris au Ministère de l’Intérieur sinon auprès de la préfecture du département.

 

  1. Techniques de base relatives à l’organisation d’une collection et à son accès par les usagers.

L’entrée d’un document dans la collection s’accompagne de deux opération qui symbolisent son appropriation : l’inscription à l’inventaire (le catalogue informatisé tient le rôle de registre) et l’estampillage. Le catalogage se compose de la description et des accès à celle-ci. La description bibliographique consiste à reproduire les informations figurant sur le document (auteur, titre, éditeur, description matérielle, etc). Les accès à la description bibliographique sont non contrôlés (sur des termes ou expressions qu’il n’est pas nécessaire de formuler) ou contrôlés (dont l’expression doit être maîtrisée (l’expression normalisée d’une information figurant sur le document, comme les auteurs ou la représentation du contenu du document). L’indexation matière est cette représentation du contenu. On distingue l’indexation systématique qui repose sur une classification et l’indexation alphabétique qui est composée de mots ou d’expression. On appelle vedette le mot ou l’expression servant à l’accès à la description bibliographique. On parle également d’autorités pour représenter les mots ou expressions devant être obligatoirement utilisés pour représenter une personne, une collectivité, une entité géographique ou une notion. Viennent ensuite la cotation et le traitement matériel (apposition de la cote). L’exemplarisation : quand la gestion de la bibliothèque est informatisée, il est nécessaire que chaque exemplaire physique soit décrit séparément dans le système de gestion. Enfin vient l’équipement antivol et pour le prêt.

Une classification est un langage documentaire permettant l’organisation d’un ou plusieurs domaines de la connaissance en un système ordonné de classes et sous-classes. Le classement est l’ordre dans lequel les documents sont rangés physiquement.

La classification décimale Dewey est en usage dans la plus grande partie des bibliothèques publiques françaises et dans un nombre croissant de BU. Elle a été mise au point par le bibliothécaire états-unien Melvil Dewey. Elle est régulièrement mise à jour par OCLC qui en est propriétaire. La CDU s’est répandue en France dans les BU. Issue de la classification décimale Dewey, elle est battue en brèche par cette dernière. La cotation n’est pas un exercice intellectuel consistant à exprimer le plus finement possible le contenu d’un document, mais une opération pratique destinée à faciliter son classement et donc son repérage par les utlisateurs.

L’indexation matière alphabétique

En bibliothèque, on utilise des listes ou répertoires de vedettes matières ou d’autorités matière, hiérarchisés ou non. Les plus utilisés dans le domaine encyclopédique sont la ? Liste Blanc-Montmayeu/Danset ? et RAMEAU. Le choix de vedettes matière à l’intention des bibliothèques de Blanc-Montamayeur et Danset a été publié en 1984. Conforme à la norme AFNOR Z 44070, cette liste comprend plus de douze mille mots. On distingue la vedette simple, la vedette composée comprenant une ou plusieurs sous-vedettes, les renvois. Le Répertoire d’autorité matières encyclopédique et alphabétique unifié (RAMEAU) est issu de la liste Laval du Québec. Les noms communs sont exprimés au pluriel. Les noms propres ne sont pas gérés par RAMEAU à l’exception des noms géographiques, des noms de peuples et des événements historiques. RAMEAU s’est répandu en France au cours des années 90, au point de prendre une place hégémonique dans les bibliothèques informatisées. Son utilisation est obligatoire pour les BU dans le cadre du SUDOC. Adopté par la BNF et par la base bibliographique Electre, il s’est également répandu dans les bibliothèques publiques. LA liste RAMEAU est maintenue par la BNF.

 

Les catalogues

 

Dans une bibliothèque informatisée avec un système intégré de gestion de bibliothèque, le catalogue sert à identifier et à localiser les documents détenus par la bibliothèque mais sert aussi à la gestion, notamment des prêts : le catalogage est le préalable à la gestion du document. Un système intégré de gestion de bibliothèque repose sur une base de données, catégorie de logiciel forte pour créer, mettre à jour et rechercher des informations structurées. Comme une grande partie des données gérées dans un tel système sont des données bibliographiques qui constituent le catalogue, on parle volontiers de base de données bibliographiques. Une notice bibliographique peut être liée à une ou plusieurs notices d’exemplaires. Sur le plan international, la structure d’une notice bibliographique est définie par les ? descriptions bibliographiques internationales normalisés ?, en anglais International Standard Bibliographic Description (ISBD). C’est conformément aux ISBD qu’ont été rédigées les normes française de catalogage, dont la norme Z 44-050. La notice comporte 8 zones, titre et mention de responsabilité, édition, adresse bibliographique, collation, collection, note, ISBN et prix.

La notice d’exemplaire

Dans une base bibliographique, on crée une ou plusieurs notices d’exemplaires rattachées à la même notice bibliographique.

Les formats bibliographiques

C’est en 1964 qu’a été mis au point par la Bibliothèque du Congrès de Washington le premier format MARC (Machine Redeable Cataloguing). En France on utilise Intermarc (essentiellement à la BNF) et Unimarc. Un format est la structuration de données dans un ordinateur en vue de leur traitement par un logiciel d’application. Un format MARC est une structuration des données selon la norme ISO 2709 sur les échanges de données bibliographiques. Un format MARC est d’abord un format d’échange. Il permet d’échanger des notices bibliographiques entre bibliothèques, quel que soit leur logiciel. L’échange permet à une bibliothèque de récupérer des notices bibliographiques pour les besoins de son propre catalogue auprès d’un réseau bibliographique (comme le SUDOC) ou d’un fournisseur public (comme la BNF) ou privé (comme Electre). Un format MARC peut être aussi un format de catalogage. En France, c’est le format bibliographique Unimarc qui a été désigné par l’arrêté du 3//11/93 comme foramt d’échange national. Ce format bibliographique, dont le nom signifie Universal Machine Readable Cataloguing, a été mis au point et est maintenu par l’IFLA. Il est géré par le Permanent Unimarc Commitee (PUC). Les formats MARC, conçus dans les années 60, datent d’une époque où le monde des bibliothèques pouvait, de façon autonome, structurer l’information dont il vait besoin. C’est pourquoi l’évaluation des techniques documentaires utilisées par les bibliothéaires est extrêment probable. Elle ne peut être que progressive et de nature à remettre en cause la façon de coder l’information, plutôt que les notions fondamentales présidant à son découpage. La famille de format qui se développe dans tous les secteurs traitant de l’information électronique s’appelle Xml (extensible markup langage). Plusieurs traductions en XML des données gérées par les formats MARC ont été effectuées.

 

6. Les recherches documentaires

 

La bibliothèque est offre de médiation et de formation, alors même que l’évolution technologique a pour effet de multiplier les moyens d’informations et de documentation mis directement à la disposition du public. La bibliothèque est un des nombreux lieux où l’on s’informe; elle est aussi le lieu où l’on peut se former au choix et au maniement des instruments de recherche documentaire, où l’on vient acquérir des  compétences en matière de maîtrise de l’information. En matière de recherche documentaire, les demandes du public auxquelles les bibliothèques apportent une réponse sont de deux natures : une demande de contenus (réponses à des questions ponctuelles, documentation relative à un sujet), une demande de savoir-faire (techniques de recherche, choix des outils, tri des résultats). Les demandes de renseignements bibliographiques découlent tout naturellement de la perception des bibliothèques comme de lieux d’abord faits pour emprunter ou consulter des documents. Les recherches bibliographiques visent à identifier un document, c’est-à-dire à vérifier, compléter ou corriger les éléments connus de son signalement, ou à dresser une liste de documents pertinents sur un sujet donné. Les bibliothèques ont introduit les supports numériques et l’accès aux réseaux d’information en ligne parmi les ressources offertes à leurs usagers, avec un double objectif. Les points d’accès public à internet : favorisent la démocratisation des nouvelles technologies de l’information, complètent les ressources documentaires de la bibliothèque. A l’élargissement naturel des collections s’ajoute le souci de rééquilibrer les chances face aux développements des technologies de l’information. L’UNESCO donne à la bibliothèque publique, entre autres missions fondamentales, celle de faciliter l’acquisition de compétences dans le domaine de l’information et de l’informatique. Les instruments utilisés en recherche documentaire se répartissent en deux grandes catégories : les instruments de référence immédiate (dictionnaires de langue par exemple) dans lesquels on accède directement à l’information recherchée, les instruments bibliographiques, qui donnent la référence du (ou des) document(s) susceptible (s) de contenir l’information recherchée. L’accès aux ressources d’internet fait maintenant partie des moyens de trouver de l’information dans une bibliothèque. La comparaison assez fréquente qui assimile le web a une vaste bibliothèque n’est pas juste. Deux principes sur lesquels se fondent l’offre documentaire des bibliothèques, la sélection des sources documentaires et leur organisation logique, ne se retrouvent pas sur la toile. D’autre part, les outils de recherche qui aident à retrouver l’information ne maîtrisent qu’une partie seulement de cet ensemble. L’offre d’information sur internet n’est pas hiérarchisée, les ressources ne portent pas forcément de façon explicite les indices qui permettraient d’identifier les auteurs, les sources, et plus généralement les conditions de production du document. On a accès sur internet à des documents qui n’ont pas forcément subi d’évaluation avant diffusion, contrairement aux documents trouvés à la bibliothèque qui sont passés par le filtre de deux sélections (édition, puis acquisition). Google et Altavista sont les robots de recherche les plus connus sur internet. Ils renvoient, en réponse, l’adresse des pages contenant les mots ou les expressions posés dans la recherche. il s’agit donc d’une recherche en texte intégral avec des inconvénients, abondance de réponses non pertinentes et ? silence ? difficle à évaluer. Les annuaires généraux de sites comme yahoo ! ou Open Directory sont le produit d’un recensement humain et les sites sont succintement analysés. Les bibliothèques créent leurs propres sélection de sites comme la BNF avec les signets de la BNF. Les portails thématiques ont pour objectif de proposer une plate-forme d’orientation vers des ressources internes et externes dans une thématique définie. La Documentation française, le ministère de la Culture et l’ENSSIB (avec Sibel : sciences de l’information et des bibliothèques en ligne) en proposent.

 

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