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Humanisme : le Contrat social
7 septembre 2009

La théosophie I

La théosophie ou l’invasion de la spiritualité orientale (Jacques Lantier)

Les théosophes réconcilient les sciences et les religions pour aboutir à la paix universelle.

La théosophie groupe l’ensemble des théories qui prétendent mener les hommes à la sagesse, en recherchant dieu dans la vie intérieure, et la vérité éternelle dans l’enseignement commun à toutes les religions. La théosophie se présente, en définitive, comme une démarche intellectuelle, psychique, mentale, dépouillant les religions de ce qu’elles ont de vulgaire, pour en saisir les parties les plus secrètes, fondées sur l’expérience mystique et l’action magique. Les théosophes travaillent au rétablissement des valeurs que, par simplification symbolique, on attribue à la féminité. LA religion d’Isis leur paraît contenir, dans sa partie ésotérique, les secrets du pouvoir féminin. Le premier philosophe qui ait tenté d’établir une « sagesse divine » complexe par le syncrétisme des croyances archaïques fut Ammonius Saccas, créateur au IIIè siècle, de l’école néo-platonique dit théosophique. Les écoles théosophiques, en particulier celle d’Alexandrie, eurent une influence considérable. Elles contribuèrent à développer les idées de fraternité et de respect des vieillards. Elles firent naître un sentiment de compassion pour les malheureux, pour les faibles, et même pour les animaux. Ces écoles établirent, dans une religion-sagesse-ésotérique, les principes de la divinité en l’homme. L’enseignement de Jésus fut présenté comme une réaction formelle à l’Alliance conclue par Moïse avec le « Tout-Puissant », le dieu-mâle, seigneur de la guerre. Le christ, se dressant contre les valeurs mâles, les aurait condamnées pour permettre le retour des valeurs féminines et l’établissement de la fraternité et de la paix universelles.

En 1874, un dignitaire de la franc-maçonnerie des Etats-Unis, le colonel Olcott, qui enquêtait pour un journal états-unien sur une histoire de fantômes, fit la connaissance d’une spirite russe, réputée « magicienne », nommée Helena Petrovna Blavatsky. De cette rencontre devait sortir l’étrange aventure de la théosophie moderne. La théosophie moderne est issue du spiritisme mais s’en sépare sur des plans essentiels. Elle ne veut pas être confondue avec une secte occultiste. Elle prétend, au contraire, que pour être un occultiste valable il faut être théosophe.

Helena Petrovna Blavatsky : prophète de la théosophie

En son temps, par ses attitudes, ses écrits, ses activités, HPB déchaîna des controverses et fit s’affronter les passions. Elle est considérée par ses admirateurs comme la plus grande magicienne que le monde ait connue; certains lui attribuèrent même des pouvoirs surnaturels. Ses nombreux détracteurs estiment qu’elle est le plus bel exemple de charlatanisme et de mystification du XIXè siècle. Elle était issue d’une famille de la noblesse russe. Petite-fille de la princesse Dolgorouky. Par sa bisaïeule, elle avait du sang français : la comtesse du Plessis, d’une famille huguenote émigrée en Russie. Par son père, le colonel von Rottenstern Hahn, elle était de souche allemande mais fixée en Russie. Sa mère, Helena Fadeef, fille d’un conseiller du tsar, fut la première romancière à écrire en russe. Helena Petrovna naquit le 30 juillet 1831 alors que la Russie était alors victime d’une épidémie de choléra. Une partie de sa famille disparut dans la tourmente. Lors de son baptême, quelqu’un mit le feu par inadvertance, avec un cierge, à la chasuble du pope qui fut grièvement brûlé et dans la bousculade plusieurs personnes furent blessées. On vit en cet accident le présage qu’Helena aurait sa vie marquée par des influences « diaboliques ». Un petit garçon avec qui elle jouait se noya et au lieu de pleurer, elle se vanta d’avoir fait intervenir un démon, la  Roussalka. Après le décès de sa mère, Helena fut envoyée chez son grand-père, gouverneur de Saratov. Helena restait dans les souterrains du château pour converser dans le noir avec le fantôme d’une jeune fille étranglée par le vieux seigneur qui n’avait pas réussi à la soumettre. Il fallait sortir Helena de force. Elle s’était installée dans une cave éclairée, un coin qu’elle appelait « Le Palais de la liberté » où elle lisait des livres consacrés au surnaturel. Helena possédait un tel pouvoir d’évocation, une imagination si communicative, qu’il lui arriva, à maintes reprises, en décrivant des choses épouvantables, de mettre en transes ses camarades et de les faire tomber dans des états convulsionnaires. Avec le temps, elle affirma ses dons de médium. Ses dons de voyance permirent à la police de retrouver un meurtrier mais celle-ci n’accepta pas la thèse de la voyance et HPB dut à sa famille de na pas être conduite en prison. Elle arrêta ses études à 17 ans mais parlait couramment le russe, l’anglais, le français et l’allemand. Jeune, elle avait un manque total de charme et de féminité. Ses proches la jugeaient incapable de séduire un homme mais elle était dégoutée par les choses de l’amour. Elle se maria par défi avec un vieux général qui s’appelait Blavatsky. Elle se refusa à son mari qui la retenait prisonnière dans sa datcha. Il tenta de la violer mais s’aperçut qu’elle présentait une anomalie sexuelle. Helena pravint à fuir à Constantinople puis en Egypte. C’est au pied du Sphinx qu’elle devait trouver son inspiration. Elle vécut plusieurs mois avec un lettré musulman d’origine copte qui avait la réputation d’être un grand occultiste. Elle ne coucha jamais avec lui. Elle fut initiée aux mystères d’Isis. Elle ne put divorcer mais son mari lui coupa tout subside. Son père lui servit une pension toute sa vie.

A Paris, elle se lia d’amitié avec les hypnotiseurs. Ils lui enseignèrent le magnétisme et la suggestion. Elle partit exercer ses dons à Londres. Elle rencontra des Indiens au Québec qui la dépouillèrent de tout ce qu’elle possédait. Elle séjourna au pays des Mormons puis à la Nouvelle Orléans où elle assista à des cérémonies vaudou. Elle alla ensuite au Mexique et au Texas où elle se mêla à une bande d’aventuriers ivrognes et violents pour les étudier. Elle retrouva son père à Londres. Elle rencontra un mystérieux Hindou qui lui prédit qu’elle fonderait une société théosophique mais qu’elle devrait se rendre avant au Tibet pour y passer trois ans et s’y faire initier. L’Hindou, s’il exista, s’appelait Kout Houmi Lal Sing. Il fut reconnu par les théosophes comme le Maître et l’Initiateur de leur doctrine. Il envoya ses instructions par lettre qui pouvaient tomber du ciel accompagnées d’une pluie de pétales de rose d’après ses adeptes. HPB fit des progrès stupéfiants dans ses connaissances cultuelles et scientifiques au contact de cet Hindou. Ce personnage aurait utilisé Madame Blavatsky en raison de ses « pouvoirs magnétiques » pour favoriser l’émancipation et la libération des Indes.

L’influence occulte de Mme Blavatsky pèse sur l’histoire universelle

Sur les conseils de l’Hindou, HPB quitta Londres et repartit au Mexique où elle se lia avec un Anglais et un (autre ?) Hindou. En 1852, HPB et ses deux compagnons se retrouvèrent aux Indes puis à Ceylan et à Singapour. En 1853 elle partit à New York puis dans l’Ouest des Etats-Unis. Après San Francisco, elle partit au Japon où elle passa plusieurs mois dans des temples. En 1855 elle vécut à Calcutta. En 1856, elle voyagea avec un Allemand au Cachemire. Puis, HPB partit au Tibet mais fut refoulée par des gardes tartares à la frontière. Un chaman lui apprit alors le secret du « troisième oeil » et lui ordonna de quitter l’Inde car les temps n’étaient pas venus. Elle obéit et se rendit à Java. La suite de son existence jusqu’à son installation aux Etats-Unis demeure très obscur. Elle se rendit à Paris, en Chine, en Perse, en Russie. Elle aurait eu l’autorisation de franchir la frontière tibétaine et de séjourner dans une lamasserie où elle aurait été initiée au tantrisme. En 1858, HPB était en Russie et se signala par des manifestations dites « mediumniques » comme l’apparition et la disparition d’objets sans que l’on puisse donner d’explication plausible au prodige. Selon ses détracteurs, Mme Blavatsky aurait plus simplement utilisé des procédés classiques de prestidigitation. En 1861, HPB et sa soeur partirent vivre dans le Caucase chez leurs grands-parents. Elle acheta une maison à Ozougety, petite ville perdue au milieu d’une immense forêt. Elle y passa plusieurs années et se rendit chez des personnages réputés sorciers. Elle tomba malade, le médecin la jugea perdue mais elle guérit par miracle. En 1863, elle partit pour l’Inde. Elle demeura trois ans en Europe, allant d’une capitale à une autre comme si elle fuyait quelque chose.

En 1967, elle partit en Chine et retourna au Tibet puis en Perse. En 1870, elle était sur un bateau qui transportait de la poudre et explosa, elle échappa à cette catastrophe et alla s’installer au Caire. C’est là qu’elle décida de créer en Europe une société spirite selon les enseignements d’Allan Kardec. Une fois à Londres, elle dut renoncer car un fou qui assistait à la première séance de spiritisme avait été pris d’une crise et avait tiré sur elle sans l’atteindre. Elle retourna alors en Egypte pour y pratiquer la magie. Elle partit en Palestine et essaya de s’initier à l’occultisme juif. Elle voulut revivre le martyr de Jésus. En 1873, HPB reçut de ses maîtres l’ordre de quitter l’Orient. Elle resta six ans aux Etats-Unis. Elle rencontra le colonel Olcott et fonda la Société Théosophique en 1875. Ils partirent évangéliser les Indes. En 1884, HPB revint en Europe où de nombreuses loges théosophiques avaient été créées. Durant son séjour en France, elle présenta sa doctrine avec précision et prétendit parler au nom des initiés de la secte bouddhiste des Arahls. Elle prôna un syncrétisme qui planait au-dessus des religions. Elle fonda à Londres la « Blavatsky lodge » dont le journal portait le titre évocateur de Lucifer. Elle se lia d’amitié avec Annie Besant. Avec elle, elle constitua au sein de la Société Théosophique une sorte de loge maçonnique supérieure qu’elles appelèrent « Section ésotérique de la Société Théosophique ». C’était une société secrète d’initiés élevés ayant le pas sur la grande fraternité théosophique. HPB écrivit la « Doctrine secrète ». Ses derniers jours furent pénibles. Depuis longtemps elle était impotente. Son aspect extérieur témoignait de sa déchéance physique. Elle s’éteignit le 8 mai 1891, elle n’avait que soixante ans. HPB avait, dans ses livres, attaqué l’exotérisme chrétien en vue de libérer le monde du fanatisme et de l’obscurantisme. Pour « La Doctrine secrète », elle aurait reçu l’ordre de ses « Maîtres » d’avoir à présenter au monde un ouvrage ésotérique destiné à réformer l’humanité.

La création de la Société théosophique événement oublié

Le colonel Olcott était né en 1832 dans le New Jersey. Il s’était destiné à l’agriculture scientifique avant que la guerre de Sécession ne l’amène sous les drapeaux. Pacifiste, il ne porta jamais un fusil et dut son titre de colonel à ses dons pour l’intendance. Après la guerre de Sécession, il ouvrit une étude d’avoué spécialisé dans les affaires financières. Il acquit une fortune considérable. Franc-maçon, Olcott se passionnait pour l’occultisme. Socialiste mais farouche ennemi des « idées nouvelles », il se sentait attiré vers l’étude scientifique des phénomènes surnaturels. En 1874 il se rendit dans une ferme de Chittender dans le Vermont où les paysans William et Horatio Eddy pratiquaient le spiritisme. Il écrivit un article sur les phénomènes vus dans le New York Sun dont le retentissement fut considérable. Le New York Graphic lui proposa de passer trois mois à la ferme des Eddy pour écrire des articles. C’est là qu’il rencontra HPB. Il fut le visiteur assidu du 16 Irving Place à New York où HPB tenait les réunions les plus insolites de la ville. Olcott fonda avec la collaboration de HPB un « club des miracles » dont le but était de faire des recherches avec des méthodes scientifiques sur toutes les manifestations spirites. HPB vivait dans l’attente des subsides de son père. Elle vivait misérablement quand un télégramme de sa soeur lui apprit la mort de son père et l’envoi d’une forte somme. Elle acheta une ferme à Long Island. Elle acquit la notoriété en écrivant un article sur les apparitions de la fermme Eddy dans le « Daily Graphic ». Sans motif apparent, HPB quitta New York pour aller à Philadelphie. Olcott quitta son étude pour la rejoindre, il y resta plusieurs semaines. Il reçut des billets envoyés par des maîtres occultes. C’est à Philadelphie que HPB donna au colonel la mesure de son talent. C’est à ce moment qu’un personnage romantique, MB, qui avait été introduit auprès de Mme Blavatsky par Olcott, était tombé amoureux de HPB. Il la pria de l’épouser mais elle refusa. Il menaça de se suicider alle elle accepta à condition que le mariage soit blanc et qu’elle garde son nom. Il se montra si passionné que HPB dégoutée, regretta son mariage. Elle s’enfuit de chez son mari. Au bout de quelques mois, celui-ci porta plainte pour abandon de domicile. Le divorce fut prononcé le 25 mais 1878. HPB entra en relation avec les savants intéressés par les phénomènes métapsychiques. HPB et Olcott voulurent transformer le « Spiritual scientist » en journal spirite aussi important que la « Revue spirite » de Kardec. Cela leur attira un certain succès. A cette époque, Akasakof qui travaillait pour le Tsar voulut que Olcott et HPB lui amènent des médiums pour qu’ils soient étudiés à l’université de Saint Petersbourg. Seul un certain docteur Slade accepta mais il faillit achever sa carrière à Londres où on le mit en prison pour « tromperie du public ». A la suite d’une réunion tenue le 7 septembre 1875 l’égyptologue Felt fit une conférence sur le « canon égyptien des proportions, maintenant perdu ». Impressionné le colonel Olcott voulut monter une société dès le lendemain. Le choix du nom de la société fit l’objet de discussion. Olcott avança celui de « Société égyptologique », quelqu’un proposa « Société des mystères d’Orient », un autre « Société hermétique ». Après avoir fouillé dans des dictionnaires, on convint que le nom de « Société théosophique » serait le mieux approprié. HPB avait le rôle de secrétaire mais elle eut une place importante dans la société. Alors que l’égyptologie fut à l’origine de la Société théosophique, les fondateurs tournèrent vers les Indes. Les expériences de Felt provoquèrent la dérision des savants. Il quitta la ST et les égyptologues le suivirent. A l’origine, le nouveau groupe se comporta comme une quelconque secte de spirites ou d’occultistes. Le colonel Olcott envisagea un instant avec d’autres francs-maçons influents de la ST de se constituer en loge affiliée qui serait placée sous le signe d’Isi. HPB refusa car les femmes n’étaient pas admises dans la Maçonnerie. On décida pourtant que les rapports avec celle-ci demeureraient étroits. La ST s’organiserait à la manière d’une loge maçonnique et deviendrait si possible une « fraternité ». Ce fut HPB qui demanda elle-même, au conseil du 8 mars 1876, de prévoir des degrés d’initiation, une doctrine secrète et un signe de reconnaissance. Elle déclara que la ST devait constituer un mouvement ésotérique chargé de donner au monde une morale « féminine » contre la guerre, la violence et la haine. Le premier insigne choisi figurait un serpent enroulé sur un tau égyptien, ce qui montrait bien l’intention maçonnique des fondateurs. Alors que le colonel Olcott avait fait preuve jusqu’alors d’une certaine indépendance, il fut peu à peu envoûté par HPB au point de devenir son secrétaire et son élève. Ils s’installèrent dans la même maison. 1875 fut l’année où HPB, inspirée par les « Mahatmas » écrivit « Isis dévoilée ». La ST périclitait en Occident mais progressait aux Indes et à Ceylan. HPB obtint la citoyenneté états-unienne. La franc-maçonnerie états-unienne tenta encore un rapprochement avec la ST avec pour but la création d’une métaphysique future fondée sur l’équilibre entre l’Occident et l’Orient. Il fut convenu que HPB et Olcott se rendraient aux Indes pour établir le grand contact qui permettrait aux occultistes et initiés d’Orient et d’Occident de parvenir à la fusion. Un groupe de francs-maçons anglais fut autorisé à constituer, sous l’égide du docteur Cobb, une loge théosophique, la « British Thosophical Society » en 1878. Le président des Etats-Unis aida la mission de HPB et Olcott en demandant l’appui et le soutien de tous les diplomates pour leur mission aux Indes. L’intention des Etats-uniens était de saper la puissance anglaise aux Indes et de cacher un service d’espionnage économique états-unien chargé de jeter les bases de futurs marchés en Asie.

La théosophie provoque le réveil du bouddhisme et de l’Orient

L’expédition arriva à Londres le 1 janvier 1879. HPB et Olcott rencontrèrent de mystérieux Hindous qui les mirent en contact avec des compatriotes. A Londres, HPB fit pleuvoir des feleurs et se dédoubla en Hindoue. Les théosophes arrivèrent à Bombay le 16 février 1879. Ils organisèrent de grandes réunions philosophiques qui attirèrent l’attention des autorités anglaises ce qui priva HPB et Olcott du concours de personnalités éminentes mais leur valut la sympathie d’éléments progressistes et de lettrés indigènes. Les Anglo-Indiens reprochaient à HPB et à Olcott, qu’ils appelaient tantôt « les toqués », tantôt « les espions », de vivre en quartier indigène et de se conduire comme des malotrus à l’égard des autorités. Il y eut une affluence considérable, le 8 mai 1879, jour de l’an selon le Sak Salivan, quand Olcott donna aux Indes sa première conférence sur la 3société théosophique et son but ». Dès ce moment les théosophes ne purent rien faire sans être surveillés car ils glorifiaient l’honneur des Hindous. Le succès obtenu fut si grand que le journal de la Société, The Theosophist, se classa bientôt parmi les plus importants du pays. Patout, ils rassemblaient des foules indigènes, enthousiasmées par la conversion d’Européens à leurs propres croyances. Toujours persécuté, Olcott envoya une lettre de protestation au vice-roi des Indes. Il obtint gain de cause. Lui et HPB pouvaient désormais aller en paix mais la surveillance continua par l’intermédiaire des services secrets. Olcott put donner une conférence à Benarès (la Mecque des Hindous) chez le Maharajah devant des aristocrates et des lettrés. Olcott parvint à se rallier la plupart des plus notables pandits de la région de Bénarès. Le maharajah donna beaucoup d’argent à la ST et le succès de celle-ci prenait un essor international. Grâce aux subsides de princes, les fondateurs de la ST purent, en 1882, acquérir à Adyar une agréable demeure qui devint le siège de la société. Pour s’être baignés avec les Hindous, les fondateurs de la ST furent mis au ban de la bonne société anglaise. Olcott et HPB furent invités chez le gouverneur anglais de Madras qui fut ébloui par les dons de Blavatsky. La ST fut reconnue officiellement. Olcott s’attira la bienveillance du !maharajah du Cachemire en le guérissant de ses migraines. HPB et Olcott quittèrent cependant les Indes le 20 février 1884. A Londres la London lodge ST était menacée de scission. Une tendance était « christo-égyptienne » et l’autre penchait pour l’ésotérisme hindou et bouddhique. HPB et Olcott rétablirent la tranquillité en créant deux loges. L’une restait la London lodge l’autre devenait la Loge hermétique ST. Plus tatrd il fallut prononcer une nouvelle fusion, la London lodge devint la Société hermétique de Londres.

A cette époque les missions chrétiennes des Indes en l’accord avec le vice-roi attaquèrent HPB. Par ailleurs, la Société de Recherches psychique dressa un rapport accablant sur les dons supposés de HPB. Les lettres des Mahatmas furent reconnues écrites par HPB et on trouva chez elle divers instruments de prestidigitation. Le scandale orchestré par le gouvernement anglais retentit dans le monde entier. La ST accusa un coup terrible et de nombreuses personnalités donnèrent leur démission. HPB et Olcott repartirent pour Bombay le 10 novembre 1884. La mauvaise santé de HPB poussa le conseil d’Adyar à demander sa démission. HPB s’inclina et quitta définitivement les Indes en avril 1885. Les deux cofondateurs allaient se séparer. Olcott versa à fond dans le bouddhisme. Il parcourut l’Asie. Il voulait opposer le spiritualisme au marxisme dont il prévoyait les inévitables victoires. Il rédigea un catéchisme bouddhiste et créa un Comité général des Affaires bouddhiques. Il fit une conférence à Hiroshima et affirma que cette ville deviendrait l’un des symboles de la paix et de la fraternité qui règneraient un jour sur le monde. Le colonel Olcott mena sa mission avec acharnement jusqu’à la fin de sa vie. Il fut incinéré à Adyar le 17 février 1907.

Une meneuse d’hommes : Annie Besant

Annie Besant naquit le 1 octobre 1847 dans une famille aisée. Son père mourut alors qu’elle était en bas âge. Sa mère, diminuée financièrement, dut quitter la capitale pour s’installer à la campagne. Annie connut une enfance heureuse, revint à Londres de 12 à 16 ans puis chez sa mère où elle vécut des jours tranquilles jusqu’à son mariage avec un révérend. Les époux se plaignirent bientôt amèrement l’un de l’autre. Annie connut ses premières révoltes dans le lit de son mari. Pourtant, de cette union sans joie naquirent deux enfants, un garçon et une fille. En 1870, Annie faillit mourir d’une fièvre cérébrale, et guérit miraculeusement mais on craignit pour sa raison. Sa sensibilité devint extrême. Une nuit d’été 1871, après une dispute avec son mari, elle envisagea de se suicider mais elle entendit la voix d’un homme invisible qui l’encouragea à vivre. Elle résolut à se consacrer à ses enfants. Mue par une révolte intérieure contre le destin, elle rompit avec l’Eglise. Elle se sépara de son mari lui laissant son fils et gardant sa fille. Elle dut travailler. Elle écrivit des contes qu’un journal lui acheta. Engagée par le journal, elle put aller vivre à Londres avec sa fille et sa mère. Elle se mit à publier des pamphlets qui lui attirèrent l’attention du public. Elle acquit la sympathie des libres-penseurs et des francs-maçons. Bradlaugh, homme politique et journaliste athée lui donna son amitié. Les deux amis s’unir pour « réformer l’humanité ». Elle s’intéressa au contrôle des naissances. Elle le prôna comme susceptible de sauver l’espère humaine. Sous la pression de ses amis elle dut renier ses opinions et arrêter la vente de la brochure qu’elle avait publiée sur ce sujet. Elle devint socialiste matérialiste et féministe. Elle défendit son éditeur qui avait publié des dessins osés pour illustrer la limitation des naissances et lui fit gagner son procès. Cela entraîna la création de la Ligue Malthusienne. Elle fit des discours sur l’émancipation des femmes. La justice lui retira sa fille car elle décida qu’il convenait d’enlever à une athée « la charge d’une âme immortelle ». Annie se réfugia dans les études. Elle acquit des certificats de première classe de l’enseignement supérieur en biologie, botanique, acoustique, électricité, magnétisme et mécanique. Pendant huit ans, elle enseigna ensuite en qualité de professeur au « Hall des sciences » de Londres. Elle devint secrétaire permanente d’un syndicat de travailleuses. Elle tomba dans la dépression mais entendit la voix d’un homme lui annoncer de grands changements.

Un jour la Pall Mall Gazette la chargea de rédiger une analyse de la doctrine secrète de Mme Blavatsky. Ce fut pour elle une révélation. Elle entendit à nouveau la voix et en fut bouleversée. Elle rencontra HPB et devint théosophe. Elle rompit avec Bradlaugh pour se consacrer à la théosophie. Elle se considérait comme la fille de Blavatsky. Ses articles et ouvrages la firent connaître dans le monde entier. HPB manoeuvra pour que Besant prenne sa succession car elle était eprsuadée que celle-ci pourrait mener à bien la tâche d’émancipation et de fraternité dont elle avait rêvé. La plus dure épreuve consista à introduire Besant, « militante rouge », dans les cercles embourgeoisés de la théosophie. A partir de 1891 Besant, devenue membre de la section suprême, dite section ésotérique multiplia les conférences. On parlait de la Société Théosophique dans les journaux comme on parle aujourd’hui de grands partis politiques. Le 30 août 1891, Annie annonça qu’elle quittait la voie socialiste pour la voie théosophique. Elle fut critiquée par des francs-maçons qui ne la croyait pas quand elle prétendait avoir reçu des lettres des mahatmas de l’Inde par des moyens surnaturels. De 1895 à 1907, elle publia plus de 60 livres. En 1891, elle partit pour les Indes. Elle se réfugia à Bénarès. Elle y fonda un collège Hindou. Elle se fit la championne de la mystique hindoue. Elle voulait libérer les Indes de l’exploitation coloniale. Elle s’attaqua aux anglicans des Indes mais accepta pourtant le syncrétisme de la théosophie. En 1893, elle défendit la théosophie au Parlement des religions qui s’ouvrit à Chicago. A la mort d’Olcott, la ST dut lui trouver un successeur. Le colonel, inspiré par les « Maîtres » avait désigné Annie Besant. Contestée dans les milieux brahmaniques qui lui reprochaient son hostilité farouche au système des castes, elle fut élue avec difficulté et la ST perdit un tiers de ses membres. Mais sa vigueur permet de nouvelles adhésions. Avec l’appui de la franc-maçonnerie anglaise, elle voulut réveiller l’ême hindoue. A Bénarès, Besant créa l’Ecole centrale des filles hindoues. Elle estimait que les idées de la Société Théosophiques ne triompheraient que par l’éducation populaire, aussi institua-t-elle le « Theosophical Educational Trust » qui ouvrit de nombreux établissements scolaires réservés aux indigènes. Avant la première guerre mondiale, elle créa la Ligue des Fils de l’Inde dont elle devint présidente pour rapprocher les Hindous quelques soient leurs castes. Elle créa aussi le Home Rule League destiné à hâter le mouvement d’émancipation hindou. Mais en 1914, elle demanda aux Hindous leur loyauté envers l’Angleterre. Elle reprit le combat de l’émancipation en 1918. Elle fut même emprisonnée par le gouverneur de Madras mais libérée sous la pression populaire. En 1919, le Congrès national indien la désigna comme présidente. Elle avait Gandhi auprès d’elle converti naguère à la théosophie. A 80 ans, elle fit le tour d’Europe pour y tenir des meetings puis revint à Adyar. Elle mourut le 20 septebre 1933. On l’escorta jusqu’au temple maçonnique d’Adyar puis elle fut incinérée.

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