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Humanisme : le Contrat social
3 novembre 2020

Life is so good (George Dawson et Richard Glaubman).

george

 

George avait toujours travaillé dès l'âge de quatre ans pour aider sa famille. Un jour, son père l’emmena à la ville pour lui acheter des bonbons. C'était très inhabituel pour lui de passer une journée seul avec son père et tous les deux n'avaient jamais beaucoup de temps pour parler. Son père devait emmener deux tonneaux de sirop de canne à la ville. Il emmena son fils avec lui sur le chariot. Le père subvenait bien aux besoins de sa famille et il n'était solide. Il espérait pouvoir régler toutes ces dettes grâce au sirop de canne. George aimait bien quand son père lui parlait comme à un homme. Ils arrivèrent à Marshall et l'enfant pensait que c'était le plus grand et le plus bel endroit du monde. L'enfant avait un faible pour l'épicerie bazar mais il aimait bien aussi longer l'écurie de louage. On était en 1908 et l'enfant n'avait encore jamais vu de voiture. Le café et le coiffeur étaient réservés aux blancs. Mais George était copain avec un garçon qui travaillait au café et avec d'autres qui ciraient les chaussures chez le coiffeur. Dans l'épicerie bazar, le père de Georges dit à son fils qu'il était capable de faire le travail d'un homme et tout lui sembla possible. George choisit une pastille de menthe et il y eut soudain un brouhaha dans la rue. C'étaient des Blancs et des Noirs au coude à coude dans une foule. Six hommes avaient saisi Peter par les bras. Peter jurait qu'il était innocent. Il était accusé d'avoir couché avec une femme blanche. Les gens savaient que Betty Jo avait eu une aventure avec un fils Jackson et elle était tombée enceinte. Elle savait qu'elle allait recevoir un sacrée correction par son père. Elle craignait d'avouer le nom de son petit ami parce que son père était bien capable de le tuer. Pour échapper à la correction, Betty hocha la tête quand son père lui demanda si elle avait été violée. Elle ne voulait pas avouer qui était son petit ami alors quand son père lui demanda si c'était Pete qui l'avait violée, elle hocha encore la tête. Pete avait 17 ans et il était employé à la ferme Riley. C'était un bon travailleur et il n'était pas idiot au point de lever les yeux sur une femme blanche. Pete avait offert une balle de base-ball à Georges, un an plus tôt. Il était le héros de Georges car il était un bon joueur de base-ball. Pete fut envoyé chez le shérif. George avait entendu que le shérif chevauchait la nuit avec le Ku Klux Klan lorsque ces gens-là faisaient des virées  dans les quartiers noirs de la ville. George vit de la haine sur le visage des Blancs. Les Blancs avaient décidé de pendre Pete.

Pete regarda la corde et ses cris devinrent des supplications. En se débattant, Pete frappa un fermier qui s'appelait Norris. Alors Norris lui planta son poing si violemment dans l'estomac que Pete s'affaissa sur lui-même. Le shérif tira un coup de feu et la colère de Norris sembla disparaître. Pete suivait les mouvements du shérif et Georges put lire un espoir dans ses yeux. Le shérif s'adressa à Norris comme s'il n'était qu'un chien qui ferait mieux de retourner à sa niche. La plupart des habitants considéraient Norris comme un paresseux et un pauvre type.

Le shérif adressa un signe de tête à la demi-douzaine d'hommes rassemblés devant le chariot et s'en retourna vers la foule. C'était comme s'il avait administré le coup de grâce à Pete. Il hurla son innocence et Georges enfouit son visage contre la poitrine de son père.

Pete fut pendu. La foule se dispersa en silence. Lors du voyage de retour. George sut que le regard de Pete l'accompagnerait jusqu'à la fin de ses jours. Lorsque les Blancs lynchaient quelqu'un, il laissait le cadavre exposé un moment pour effrayer les Noirs.

Pendant la moitié du chemin, Georges n'avait pas voulu voir le monde qui l'entourait. Il s'en fichait. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il avait travaillé pour des Blancs qui l'avaient toujours payé mais après ce qu'il venait de voir, Georges décida que la vie avait changé. Il ne voulait plus travailler pour les Blancs. Mais son père lui ordonna de continuer à le faire. Pour lui c'était comme ça. Le temps de Pete était venu et on n'y pouvait rien. Le père de Georges expliqua à son fils que certains de ces Blancs étaient mauvais et d'autres étaient juste terrorisés. Il dit à son fils qu'il n'avait pas le droit de juger un autre être humain et de ne jamais oublier ça.

Il ne le savait pas à ce moment-là mais les paroles du père de Georges avaient donné à sa vie une direction qu'il avait toujours suivie. George et son père se mirent à pleurer puis son père lui dit qu'à présent il apprenait à devenir un adulte.

Une fois à la maison, Georges donna la pastille de menthe qu'il avait gardée dans sa poche à une de ces petites soeurs. Six mois après le lynchage, Betty Jo eut son bébé. Un petit garçon blanc. Personne ne fit aucun commentaire. George se rappelait de ce drame plus de 90 ans plus tard.

Chapitre II.

La grand-mère de George lui apprit à carder le coton. Il trouvait cela épuisant. Charity, sa grand-mère, lui racontait des histoires pour lui donner le courage de continuer. Sylvie, son arrière-grand-mère, était née en 1812 et elle avait été esclave. Elle avait parlé à Georges du jour où elle avait été libérée. Maître Lester leur avait annoncé à elle et à Charity que les confédérés avaient perdu la guerre et que selon les termes de leur défaite, Lincoln avait aboli l'esclavage. Charity se souvenait que tout le monde avait le sourire aux lèvres, même les petits. Lester leur annonça qu'il payerait ceux qui voulaient rester. Charity avait perdu son père qui s'était battu du côté des nordistes. Elle l'avait appris deux ans après la fin de la guerre par un homme qui avait été ami avec son père. Le général blanc utilisait les Noirs pour attirer l’ennemi car il ne pensait pas que les Noirs étaient capables d'être de vrais soldats. Les Noirs étaient renvoyés en terrain découvert sans fusils.

Sylvie avait demandé à Georges de ne jamais oublier que son arrière-grand-père était mort pour qu'il soit libre. Charity et Sylvie avaient eu du mal à partir et Lester leur avait réclamé 237 $. C'est un ouvrier agricole, Tom Dawson qui les avait aidées à rembourser leur dette. Tom se maria avec Charity. En 1875, la liberté de Sylvie et Charity devint réelle, 10 ans après la fin de la guerre.

Ils partirent vers le Texas près de Marshall. Comme ils étaient des esclaves affranchis, ils avaient reçu 20 ha de terre et une mule et avec les économies Sylvie avait pu acheter 20 ha supplémentaires.

Chapitre III.

Le père de Georges n'avait pas d'argent pour acheter du bois mais il rapportait des gros morceaux qu'il récupérait à la scierie où il travaillait. La famille Dawson habitait dans une petite cabane. George était né en 1898. Il était l'aîné de cinq enfants. George aimait l'hiver car la nuit était plus longue et il aimait regarder les étoiles. Le matin il partait chercher l'eau au puits. Dès l'âge de quatre ans, Georges ramassait les oeufs et travailler dur. Une fois par semaine, ses parents l'envoyaient à la ferme des Coal pour aller chercher du lait. Ses parents lui avaient appris à être respectueux avec les gens. Il jouait avec les enfants blancs. Un des enfants allait à l'école. George lui aussi avait envie d'apprendre à lire.

Chaque fois que Georges était à la ferme des Coal, leur chien, Roof, suivait les enfants partout. George aurait voulu en avoir un lui aussi mais sa mère trouvait que ce serait inutile. George se promenait avec les enfants et le chien à travers champs. Ils allaient pêcher des écrevisses dans le ruisseau. Un jour, ils réussirent à pêcher un énorme poisson-chat. Ils furent obligés de le vider sur place car il était trop énorme pour être emporté. Ils découvrirent à l'intérieur des poissons tout entiers, une grenouille et même un écureuil.

Vers l'âge de huit ans, Georges arrêta de se rendre chez les Coal car c'était vers cet âge-là que les Blancs et les Noirs cessaient de se mélanger. Le printemps suivant, Georges commença à travailler chez les MacCready.

Chapitre IV.

Georges comprit que sa mère avait raison : il n'aurait jamais le temps de s'occuper d'un chien. Il pouvait tout juste travailler et dormir. Cet automne-là, on ouvrit près de Marshall la première école pour enfants noirs. Les frères et soeurs de George allèrent donc en classe tandis que lui continuait de travailler chez les McCready. Personne ne savait lire dans la famille de Georges. Mais un soir, son petit frère Johnny se mit à lire la Bible. La mère de Georges pleura. Georges comprit que les Blancs se trompaient quand ils disaient que les Noirs étaient incapables d'apprendre à lire. À la même époque, le père de George ramena un chien à la maison. Ils l'appelèrent Devine. Il ne quitta George d'une semelle. George travaillait dur mais pas tous les jours car les McCready n'avaient pas assez d'argent pour l'employer. Le père de Georges acheta les terres de ses voisins MacKenzie qui acceptaenit de lui faire crédit. Le père de Georges trouvait que c'était des gens gentils pour accepter de vendre de la terre dans ces conditions alors qu'une banque n'aurait jamais accepté de faire le moindre crédit à des Noirs.

Les Blake, voisins de la famille de George, avaient perdu leur bétail à cause de la sécheresse. Un soir d'été, M. Blake et deux de ses hommes arrivèrent à cheval devant la maison de George. Blake avait appris que le père de Georges avait travaillé dur pour améliorer sa condition. Ces derniers temps, dans le comté, la situation des Noirs s'était dégradée. Le Klan s'était mis à brûler des croix dans les cours de certaines maisons. Georges n’entendit pas la conversation de son père avec Blake mais il pouvait les regarder. Ils bavardaient comme des personnes normales et pas comme un Noir et un Blanc. Ils riaient et parlaient beaucoup tous les deux. Ils discutèrent encore un moment et puis ils se serrèrent la main. Blake avait proposé au père de Georges d'acheter les 40 ha qu'il possédait à côté de la propriété que Mackenzie leur avait vendue. Le père de Georges pourrait fixer lui-même les conditions de paiement. Le père de Georges imaginait qu'il existait des bons et des mauvais Blancs exactement comme chez les Noirs.

La petite ferme des Dawson avait grandi. Il ne manquerait plus de travail.

Ils cultivèrent des pommes de terre et aussi du maïs.

Deux printemps après ce second achat de terre, ils purent échanger leur sirop de canne contre deux vaches laitières. George pouvait traire les vaches chaque matin avant d'aller aux champs.

Grâce aux nouvelles parcelles semées en coton, ils purent échanger au bout d'un an ou deux une partie de leur production entre quelques têtes de bétail. Mais il y eut une nouvelle sécheresse et les bêtes furent abattues. Alors le père de Georges demanda à son fils d'aller travailler chez les Little. George devrait habiter chez eux car c'était loin. George avait 12 ans il se sentait capable de faire ça.

Son père le regarda droit dans les yeux. Il déglutit avec difficulté, mais il n'ajouta rien.

Chapitre V.

Georges avait grandi à Marshall mais depuis qu'il avait quitté cette ville, il n'avait guère eu de raisons d'y retourner. La ferme existait toujours mais Georges était la seule personne encore vivante qui pouvait se souvenir d'y avoir vécu. Il avait beaucoup parlé de sa vie avec un homme qui était venu régulièrement le voir s'appelait Richard. Richard lui posait des tonnes de questions car il pensait écrire un livre sur la vie de George. Il arrivait avec son magnétophone et faisait parler Georges toute la journée.

Richard était un jeune homme blanc. Georges était impressionné par Richard car c'était quelqu'un d'érudits. Mais Georges avait quand même pu lui apprendre quelque chose comme les tripes frites et comment tuer un cochon. Beaucoup de gens étaient venus interviewer George. Ces gens voulaient savoir ce que Georges mangeait et ce qu'il faisait pour rester en bonne santé.

Georges avait toujours fait ce qu'il avait voulu il était étonné que des personnes viennent lui demander pourquoi, à 102 ans, il marchait très bien et pouvait manger ce qu'il voulait et pourquoi il avait gardé sa mémoire intacte. Un soir, Georges avait interrogé Richard à son tour. Il avait demandé pourquoi il était toujours vivant et en bonne santé et pourquoi après toutes ces années le monde entier voulait soudain entendre ce qu'il avait à dire. Richard fut incapable de lui répondre. George jouait aux dominos avec Richard et ensemble ils regardaient une émission de télévision, Jeopardy. Richard eut l'idée de retourner à Marshall pour consulter les archives du journal local. Le lendemain, Georges partit avec Richard ainsi qu'avec son fils Georges sa femme salie

Georges remarqua tout de suite que les choses avaient changé à Marshall. En entrant dans les bureaux du journal local, quelqu'un accueillit Georges en l'appelant Monsieur L'employé des archives rapporta une pile de vieux numéros dont les plus vieux dataient de 1908.

Georges se souvenait qu'au début du XXe siècle les événements semblaient toujours avoir deux versions, celle des Blancs et celle des Noirs. Il s'aperçut qu'aucune des informations que l'on venait de lui apporter ne concernait le Marshall qu'il avait connu. Il n'y avait que des Blancs sur les photos. George avait travaillé très dur pour apprendre à lire et découvrait des mensonges, rien que des mensonges dans les journaux. Il se mit à pleurer en découvrant cela.

Georges n'avait jamais vraiment parlé du Klan avec un Blanc et surveilla la réaction de douceur en regardant les journaux qui évoquaient les méfaits de ce groupe. Richard demanda si le Klan était important. Georges répondit qu'on sentait leur présence tout le temps. Le Klan pouvait se livrer aux pires exactions sans jamais être puni et même éliminer les témoins. George ne fut pas étonné que la mort de Pete ne fut pas évoquée dans les journaux. Il dit à Richard être le seul homme vivant qui connaissait la vérité sur Pete Spillman.

Richard était d'autant plus étonné que Georges ait puis vivre si longtemps. Georges pensait être un témoin de la vérité et pensait que Richard était là pour l'aider à raconter la vraie histoire avant qu'il ne s'en aille.

Georges reprit son histoire où il en était. À 12 ans, il partit travailler chez M. Little.

Le jour où le père de Georges l'emmena, Georges fit de son mieux pour cacher qu'il souffrait de s'en aller. Son père parla plus que d'habitude, juste pour qu'ils tiennent le coup tous les deux. Le père de Georges ne réussissait qu'à faire penser à son fils davantage à tout ce qui allait lui manquer. George aimait beaucoup son oncle Henry qui habitait à 1:00 de chez lui en chariot. Il allait souvent l'aider à tuer les cochons. Mais les réunions de famille ne servaient pas toujours à travailler. George allait pêcher avec son frère Johnny et ses cousins. Les Little avaient une vraie maison. Elle était grande et blanchie à la chaux. Avant de partir, le père de Georges dit à son fils qu'il ne devait jamais oublier d'où il venait. Il dit à son fils que les Blancs et les Noirs n'étaient pas faits pour se mélanger. C'était comme ça et ça ne changerait jamais. Il conseilla à son fils d'essayer de ne pas se mettre plus que sa part de problèmes sur le dos. Little les accueillit en disant au père de Georges qu'il pourrait venir chercher le salaire de son fils à la fin de chaque mois. Georges comprit qu'il serait payé 1,15 $ ou 1,50 $ par semaine. De plus, il serait nourri. Little leur présenta son fils Harold. Le père de Georges conseilla à son fils de bien se tenir et s'en alla. Harold emmena Georges vers la remise où il allait habiter. Le bâtiment était en plein soleil et n'avait aucune fenêtre. La remise était brûlante. Il n'y avait pas de meubles, excepté une plate-forme en bois avec un matelas.

Harold demanda à Georges de nettoyer l'écurie. Quand George aurait fini, il devrait se laver au puits et venir à la maison en passant par la porte de derrière.

Chapitre VI.

En 1910, Georges n'était pas concerné par la question du vote il ne savait rien de ce qui s'est passé aux États-Unis. À cette époque, dans tous les Etats du Sud, les Noirs furent soumis à un système dégradant de ségrégation totale. Les lois Jim Crow obligèrent les Noirs à utiliser des toilettes, des fontaines, des restaurants, des salles d'attente, des piscines, des bibliothèques et des sièges d'autobus séparés. Tout le temps où Georges était resté chez les Little, il fut obligé d'entrer dans leur maison par la porte de derrière. Mais il était bien traité. Il était obligé de manger seule dans la cuisine pendant que les Little prenaient leur repas dans la salle à manger. George devait obéir à toute la famille même à Jacob qui était pourtant plus jeune que lui. Mais Georges se sentait seul car il devait dormir dans une toute petite remise alors que dans sa famille, il partageait son lit avec ses frères et soeurs. Georges n'avait rien à reprocher aux Little mais il aurait donné n'importe quoi pour avoir ses frères et soeurs endormis à ses côtés.

Il repensa aux petits pains de sa maman et cela le fit pleurer. Pour la première fois de sa vie il s'apitoyait sur son sort. Pour sa première nuit chez les Little, il pleura jusqu'à ce qu’il s'endorme. Le lendemain matin, la famille prenait son petit déjeuner dans la cuisine alors Georges dut s'installer au buffet pour manger. C'était la première fois de sa vie qu'il mangeait dans la même pièce que des Blancs. Il suit très attention à se tenir comme ses parents lui avaient appris. Il ne voulait surtout pas que les Little aient une mauvaise impression de lui.

M. Little expliqua à Georges ce qu'il attendait de lui. Georges comprit que son patron doutait de son intelligence. Alors il décida de lui prouver le contraire. Il devrait s'occuper de l'écurie, retendre les barbelés et remplacer les poteaux qui pourrissaient. Il devait aussi traire les vaches et ramasser les oeufs.

Il avait l'impression qu'on lui confiait les travaux dont personne d'autre ne voulait. Mais il faisait toujours de son mieux et ne donner assez employer aucune raison de se plaindre. Il avait davantage de vaches chaque jour et il était capable de se débrouiller tout seul et son patron s'en rendit compte. Il commença à avoir confiance en lui et à ne plus le surveiller comme au début. Dans la famille de George, il n'y avait qu'un mulet. C'était nouveau pour lui de s'occuper des chevaux. Il découvrit qu'on pouvait communiquer avec un cheval et se faire comprendre de lui si on le traitait bien. Il était content que les chevaux le reconnaissent et l'écoutent. Les chevaux avaient l'air content de sa présence. Au moment des récoltes, on utilisait les chevaux pour tirer les chariots chargés de pomme de terre, de maïs ou de betterave. George avait 14 ans et il était devenu costaud. Il avait reçu une augmentation. Il était sûr de lui et de la place qu'il occupait chez les Little.

À l'époque des récoltes, toutes les écoles fermaient parce qu'on avait besoin des enfants sur les exploitations. C'était l'occasion pour Georges de travailler avec Jacob qui avait à peu près son âge. Mais Jacob n'était pas aussi fort que lui il mettait moins d'ardeur à la tâche. Mrs Little tomba malade et ce fut Ashley, sa petite fille qui s'occupa du ravitaillement. George avait toujours l'habitude que les autres soient servis pour prendre quelque chose à manger. Ça avait l'air de mettre tout le monde à l'aise. Mais Ashley lui tendit sa part alors que les autres n'avaient pas signée de manger. George était mal à l'aise mais il la remercia. George ne parlait pas beaucoup à Ashley et il y avait des années que personne ne s'était intéressé à lui. Ashley lui parlait de sa cuisine et lui demandait toujours ce qu'il voulait manger. On ne lui avait jamais posé la moindre question personnelle mais il était ravi qu'elle sollicite son avis. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer à quel point elle était belle.

Deux ou trois fois par mois, le père de Georges venait le chercher mais Georges ne se sentait plus comme chez lui quand il rentrait à la maison. C'est à cette époque que Georges vit un avion pour la première fois de sa vie. Son oncle Henry lui expliqua qu'il avait déjà entendu parler de ces avions dans les journaux. La vie de l'oncle Henry comptait car il était capable de lire la presse. Il pensait que le monde changeait et que la vie des Noirs serait meilleure. Les dimanches après-midi, George devait retourner chez les Little. Au début, il avait eu du mal à quitter les siens, et puis il s'y était habitué. Lorsqu'Ashley venait apporter à manger, Georges avait l'impression que lorsqu'elle souriait c'était à son intention. Un jour, elle lui demanda pourquoi il ne parlait jamais. Elle croyait qu'il refusait de lui adresser la parole et il acquiesça. Il comprit qu'il l'avait blessée. Mais s'il avait dit aux autres chose à Ashley il aurait risqué des tas  d'ennuis. Le lendemain, Ashley s'en alla après avoir apporté le repas et à compter de ce jour la, cela ne changerait plus si bien Georges ne put lui dire quoi que ce soit. Il pensait que cette affaire pouvait être grave. Plus rien n'était pareil et sa mère se rendit compte. Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression de ne plus être capable de parler à personne. Son oncle Henry lui expliqua que c'était les Blancs qui décidaient quand les Noirs avaient un problème. Mais le père de Georges pensait qu'on devait se débrouiller tout seul et que chacun pouvait s'efforcer d'éviter les problèmes. Georges décida de veiller chaque jour à se tenir à l'écart des embrouilles.

Chapitre VII

Richard Glaubman demanda à George Dawson ce qu'il pensait de la situation politique en 1914. Il lui montra un article sur l'assassinat de l'archiduc Ferdinand par un anarchiste. George ne savait rien sur cet archiduc et il ne connaissait même pas ce mot. Richard lui expliqua qu'à l'université sa matière principale était l'histoire et qu'il avait étudié la première guerre mondiale et la mort de l'archiduc dans des livres. Georges n'avait aucun souvenir de la guerre mondiale. Il répondit à Richard que les gens devaient aimer énormément ce gars-là pour que le monde entier se batte pour lui. Richard lui expliqua que c'était davantage une question d'honneur, de pouvoir et de politique. Alors Georges répondit que les Blancs étaient toujours prêts à s'entre-tuer alors que pour les Noirs il en allait autrement car ils n'avaient pas le temps de se soucier de l'honneur et n'avaient aucun pouvoir défendre. Rester en vie et avoir assez à manger, voilà ce qui comptait pour eux. C'était la seule chose dont Georges se souvenait à propos de l'année 1914. Personne ne lui avait jamais demandé son opinion mais il semblait que les États-Unis ne s'engageraient pas dans la guerre. George se rappela qu'à l'automne 1914, son père débarqua chez Little pour lui parler. En général, c'était le Blanc qui parlait et le Noir qui écoutait en hochant la tête. Mais cette fois-là, ce fut le contraire. Le père de Georges expliquait quelque chose à M. Little qui acquiesçait de temps à autre. Finalement, ils se serrèrent la main. Puis le père de Georges serra son fils très fort dans ses bras. Il lui annonça que son oncle Henry et sa tante Mary étaient décédés. Ils étaient tombés malades et étaient partis en une journée. Little félicita Georges d'avoir été un bon ouvrier et en d'autres circonstances George aurait été fier d'entendre ce genre d'éloge. George fut surtout sensible à la douceur de la voix de son patron à son égard. En cet instant, ils étaient aussi proches que possible et il n'y avait plus ni Noirs ni Blancs, juste des êtres humains qui souffraient.

Mrs Little avait les larmes aux yeux, dit au revoir à Georges en ajoutant qu'il leur manquerait. Harold tendit la main à Georges en lui disant qu'il y a toujours une place pour lui. Même le petit Johnny le serra dans ses bras très forts. Ashley s'approcha de lui et posa la main sur son bras. Elle lui offrit un panier à pique-nique qui débordait de poulet et de petits pains. Georges comprit qu'elle ne lui en voulait plus. M. Little dit au père de Georges s'il avait besoin de quelque chose il n'aurait pas le faire savoir. Alors qu'on n’était qu'au milieu du mois, M. Little annonça qu'il payerait le mois entier à Georges malgré tout. Harrison voulut refuser les Little lui expliqua que George avait travaillé deux fois plus dur que tous les ouvriers qu'il avait jamais eus. À la moitié de chaque mois, Georges avait déjà mérité la totalité d'un salaire. Alors Harrison le remercia. Les Little avaient été bons pour Georges et ils l'avaient bien traité. L'expression « braves gens » leur allait comme un gant.

Le lendemain, Georges et sa famille se rendirent au cimetière. Harrison dit à son fils que Henry et Mary étaient en paix maintenant et que leur souffrance était terminée.

Les parents de Georges se retrouvèrent d'un seul coup avec 14 enfants au lieu de cinq car ils durent s'occuper des enfants de Henry et Mary. Georges reprit son ancienne routine, les tâches matinales et le travail aux champs. George avait toujours l'espoir d'apprendre à lire mais il avait 16 ans et ce rêve s'estompait peu à peu. En plus de son travail à la ferme, George travaillait à l'extérieur pour gagner quelques dollars et acheter ce que sa famille ne pouvait pas cultiver.

Il trouva une place dans la scierie. Il ne gagnait qu'un demi dollar par semaine. Malgré tout, à cette époque, il était content de ce qu'il avait. Parfois, quand le prix du bois de construction tombait trop bas, la scierie fermait pour quelques semaines et George travaillait donc à la ferme. Sa famille utilisait la majeure partie de la viande et des peaux pour leur usage personnel. A l'automne, Georges prenait son fusil pour chasser.

En 1914, Georges fit une nouvelle découverte. Il n'avait jamais vu de voiture auparavant et il put voir une Ford T. Un jour, Georges se mit en colère contre son mulet qui ne voulait pas avancer. Il lui envoya une pierre dans l'oeil alors qu'il voulait viser la croupe. Il n'était pas fier de lui et il avait surtout peur d'avouer la chose à son père.

Mais il en parla tout de même à son père. George compris qu'il venait de décevoir son père. Il lui demanda comment il pourrait parler à son mulet à présent. Son père répondit qu'il ne le savait pas. Il faudrait que George voit ça directement avec le mulet. Alors Georges alla dans la grange pour offrir une carotte au mulet et pour le gratter la tête. Mais depuis ce jour, chaque fois que Georges se mettait à observer le mulet, il se sentait mal. Après cette histoire il se jura à lui-même de ne plus jamais s'attaquer à aucun animal et il  tint sa promesse.

Chapitre VIII.

Richard Glaubman demanda à Georges s'il se souvenait des affiches qui proclamaient : « Cassez le Kaiser ! ». Mais Georges répondit qu'il ne savait pas lire. Mais il se souvenait du défilé à Marshall. Les soldats étaient magnifiques dans leur uniforme. Il y avait des orchestres. Ç'avait été un beau spectacle. George connaissait personnellement un homme qui était parti à la guerre. Un Noir qui s'appelait Moses. Moses avait porté l'uniforme et pourtant il n'avait pas le droit de parader au Texas avec les soldats blancs. Pourtant il avait fait ça plusieurs fois en France. George lui demanda ce qui était différent en France et Moses lui raconta qu'à Paris il pouvait manger dans les restaurants qu'il voulait et que les gens le traitaient bien. Il n'y avait pas de ségrégation. Georges comprit que son ami aurait du mal à vivre à Marshall. En 1919, Georges avait 21 ans. Son père lui parla. Il lui annonça qu'à partir de maintenant, tout ce qu'il gagnerait serait pour lui. Il lui dit également que l'homme était né pour mourir. Il fallait veiller à rester dans le droit chemin. Et il conseilla à son fils de ne pas faire de bêtises et alors il serait fier de lui. George promit. Il continua de travailler pour sa famille. Avec une partie de son salaire, il offrait des patrons de robe à sa mère. Il acheter des bonbons pour ses frères et soeurs. Georges éprouva le besoin de partir du Texas. Son père compris que son fils avait le droit d'avoir envie de voir le monde. Peu de temps avant son départ, le pasteur vint voir George. Il pria pour que George continue de faire le bien et de secourir son prochain. Le lendemain matin, Harrison serra la main de son fils, d'homme à homme. Sa mère le prit dans ses bras et lui demanda de ne pas faire de bêtises. Il voulait partir seul aimé son ami L. D. Proposa de l'accompagner. George découvrit que son ami n'avait pas d'argent. Du coup, la situation serait bien différente. Ils grimpèrent clandestinement dans un train. Mais un policier ferroviaire les vit et tira. L. D. avait été atteint au genou. Quelqu'un trouva un chariot et on transporta L. D. à l'hôpital mais ce n'était pas le bon car les Noirs n'étaient pas acceptés. Il fallut en trouver un autre. Finalement, on dut lui couper la jambe. George lui rendit visite plusieurs fois, puis au bout d'une semaine il lui annonça qu'il s'en allait. La mère de Georges le supplia d'être prudent et George lui en fit la promesse. Cette fois, il s'en alla à pied. Il avait l'impression que le monde entier lui tendait les bras. Il était suffisamment malin pour éviter les ennuis. Il rencontra des hobos qui voyageaient dans les trains de marchandises et vivaient le long des rails. Si étrange que cela puisse paraître, leur pauvreté ne les empêchait pas d'être généreux. Ils offrirent un morceau de lapin à Georges. Ils apprirent à Georges que dans certaines villes les vagabonds étaient arrêtés. Certains de ces hobos étaient blancs et d'autres étaient noirs. Le Texas n'était pas riche. Vagabonder le long des voies ferrées, c'était tomber au plus bas. Georges pensait que seul leur dénuement rapprochait ces Blancs et ces Noirs. George suivait leurs discussions avec beaucoup d'intérêt. Il rencontra un hobo très âgé qui s'appelait Billy. Il était blanc. À cette époque, l'âge imposait toujours le respect. Un homme parla d'un emploi qui était dur et mal payé. George lui demanda des précisions. Il s'agissait de construire des digues. C'était le long du Mississippi, au sud de Memphis. Georges décida d'y aller. À la gare, le vendeur de billets lui répondit que les vagabonds n'étaient pas les bienvenus alors Georges montra l'argent qu'il possédait et le guichetier en fut surpris. George voulait partir tout de suite mais il n'y avait pas de train pour Memphis avant le lendemain alors il prit un autre train en direction de Texarkana. George dut monter dans un wagon réservé aux Noirs. George croisa des militaires noirs. En 1920, les soldats voyageaient toujours. Les Noirs recevaient une solde : George vit qu'un employé noir louait des oreillers. À l'époque, seuls les Noirs faisaient ce travail et ne pouvaient pas espérer mieux qu'un emploi aux chemins de fer. Le salaire était plus élevé qu'ailleurs. Dans le train, Georges fit la connaissance de Charles qui avait l'air sûr de lui, bien habillé et portait une valise. Charles connaissait Texarkana il proposa à Georges de rester avec lui. Georges voulut profiter du paysage et ne dormit pas pendant le trajet.

Chapitre IX.

Georges voulait tout voir mais il avait fini par s'endormir. Il fut réveillé brusquement à cause d'un glissement de terrain. Le train avait été arrêté. Les cheminots remirent les rails en place. George leur donna un coup de main. Il visita Texarkana avec Charles. Ils allèrent dans le quartier noir qui étaie situé le long des voies ferrées. Ils prirent leur petit déjeuner dans un café où tout le monde connaissait Charles Charles emmena Georges voir un combat de coqs. George fut impressionné par la foule excitée mais il refusa de jouer. Charles avait gagné un peu d'argent. Il proposa à Georges de l'inviter à déjeuner.

Après quoi, Charles emmena Georges voir des gens qui jouaient aux dés dans la rue. Mais les joueurs se disputèrent. Un des joueurs sortit un revolver et tua quelqu'un qui l'avait traité de tricheur. Charles et George prirent la fuite. George ne voulait pas être mêlé à ce genre d'histoire alors il se rendit à la gare. Il se promit de changer de trottoir quand il soupçonnerait qu'il y avait un problème. Il ne retourna jamais à Texarkana. Il demanda à un employé des chemins de fer s'il y avait des offres d'emploi sur les digues. L'employé le lui confirma. Mais ce n'était pas à Memphis. C'était à Chatfield et Bruins. Mais l'employé lui conseilla de ne pas y aller à cause du Ku Klux Klan. L'employé lui conseilla de sauter du train quand le train fera une halte à mi-chemin entre les deux villes.

Georges n'aurait plus qu'à suivre la route vers le sud pour trouver un chantier. Il était dans le Tennessee.

Chapitre X.

Richard montra des magazines à Georges. C'étaient des vieux numéros du National Geographic. Il y avait des articles consacrés au Mississippi. George raconta son aventure. Sur la route menant au chantier, Georges avait rencontré un homme noir qui conduisait un chariot. L'homme l'emmena au chantier. Il s'appelait Henry. Il lui présenta le contremaître qui lui demanda s'il avait déjà travaillé sur une digue. George fut obligé de reconnaître que ce n'était pas le cas. Mais il fut engagé pour 50 cents par jour. George choisit un mulet qui semblait lui manifester un peu d'intérêt. Il était euphorique car on lui avait donné un chariot et un mulet. Il trouva le travail plus dur que le coton. Le soir, il était tellement fatigué qu'il s'écroula sur sa couchette avant d'avoir pu enlever sa deuxième botte.

Georges mit deux semaines à s'habituer à son nouveau travail. Il estimait avoir mérité sa place et il se sentait comme à la maison. La partie la plus facile était de transporter la terre jusqu'à la digue. Tous les ouvriers étaient noirs, mais les contremaîtres de chaque équipe étaient blancs. Ils étaient réglos avec Georges mais ils ne parlaient pratiquement jamais avec les Noirs. La nourriture n'était pas mauvaise et elle était copieuse. Après le dîner, les ouvriers restaient dehors un moment et se rassemblaient autour du feu. Ils discutaient et certains sortaient des instruments de musique. George aimait ça. George avait bien choisi son mulet. Il veillait bien à celui-ci. George recevait sa paye le vendredi. Comme il ne savait pas lire, il ne pouvait pas savoir si le compte était juste. Néanmoins, cela lui suffisait et il ne se plaignait jamais. Il avait pu mettre de côté la quasi-totalité de son salaire. Un jour, Henry proposa à Georges d'acheter le mulet de type qui était tombé malade. George avait refusé car il trouvait que cela n'était pas bien. Le type s'appelait Jérémiah. George alla le voir. Jeremiah avait vraiment besoin de vendre son mulet. Il ne pouvait plus travailler et voulait rentrer chez lui. Alors Georges accepta de lui acheter son mulet pour 40 $ alors que Jeremiah n'en demandait que 20. Le père de Georges avait dit qu'il fallait toujours être généreux en affaires mais garder pour soi quelque chose pour quand il pleuvait. Georges n'avait gardé pour lui que 2 dollars. George traita son nouveau mulet gentiment. Néanmoins, Georges voyait bien que le mulet était vieux et souffrait. Le mulet mourut peu de temps plus tard. George et l'enterra lui-même. La disparition du mulet changea la donne. Pendant un bon moment, Georges avait possédé quelque chose qui dépendait de lui. Quelque chose dont il avait dû prendre soin. Et soudain il n'avait plus que lui-même à s'occuper. Après avoir travaillé pendant deux ans sur ce chantier, Georges décida de reprendre la route. Il partit pour Memphis. Puis il rentra dans sa famille.

Chapitre XI.

Lorsque Georges rentra à Marshall en 1923, rien n'avait changé. Il travailla le coton. Un jour, il croisa un homme blanc qui lui demanda de l'eau pour le radiateur de sa voiture. Georges accepta de lui rendre ce service mais refusa de se faire payer. L'homme blanc proposa à Georges de conduire sa voiture.

Georges n'était pas très à l'aise mais quand l'homme lui expliqua que le but était que les gens voient la voiture rouler pour pouvoir la vendre alors Georges accepta. George apprit à conduire. Mais il emboutit la voiture dans un arbre. Par chance, seul le ressort de suspension s'était tordu. Peut-être parce que c'était son idée, le Blanc ne parut pas trop en colère. En rentrant chez lui, Georges raconta son aventure à sa famille. Tout le monde fut très impressionné.

Georges était rassuré de voir que la ferme avait très bien tourné sans lui. Sa mère savait très bien qu'il ne resterait pas très longtemps. Elle avait trouvé son fils différent et elle savait qu'il devait encore trouver sa propre voie.

Elle le serra dans ses bras et lui dit qu'il était important qu'il vive sa propre vie désormais.

Georges partit deux jours plus tard. Il prit la route avec son ami Johnny. Johnny le déposa à la gare et lui conseilla d'être prudent. George promit.

Quand le chef de guerre lui demanda où il voulait partir, Georges répondit qu'il voulait partir vers le sud mais ne le croyait pas capable de partir si loin tout seul. Alors Georges répondit qu'il partait pour Brownsville après Houston. George fut surpris par la gare de Houston car elle était beaucoup plus grande que celle de Marshall. Il passa une nuit tranquille jusqu'à Brownsville. C'était la plus grande des bourgades traversées depuis Houston. Beaucoup de gens parlaient espagnol. George se débrouillait un peu avec cette langue parce qu'il avait fréquenté un certain nombre de Mexicains. Quand il voulut chercher du travail, il découvrit que tous les employés étaient mexicains. Il découvrit qu'il n'avait qu'à traverser le pont pour arriver au Mexique. Alors il traversa le pont et son coeur se mit à battre très vite car on devait passer devant un policier avec un fusil en bandoulière. Le policier lui demanda s'il ne vivait pas au Mexique et Georges répondit qu'il vivait au Texas. Le policier probablement surpris qu'un Noir puisse parler espagnol lui souhaita bonne chance. Une nouvelle surprise attendait Georges : les gens qu'il croisait le saluer d'un signe de tête ou lui disait : « Buenas tardes ». C'était la première fois que des Blancs le traitaient correctement et il ne savait pas comment réagir. Il demanda à un homme ou se trouvait la gare et l'homme l'accompagna jusqu'à celle-ci. George ne savait pas comment demander ou se trouvait la voiture réservée aux Noirs. Mais l'employé de la gare ne lui dit rien à ce sujet. Le chef de train envoya Georges vers une des voitures, à l'arrière. George fut inquiet envoyant des Blancs monter dans le même wagon que lui. Il pensait être entré par erreur dans un wagon réservé aux Blancs. Mais comme personne ne lui disait rien, il resta là où il était. Personne ne semblait beaucoup plus riche que Georges, mais tout le monde se montrait amical.

Les ouvriers mexicains voulaient engager la conversation avec Georges. Il leur expliqua qu'il voyageait pour son plaisir. Il remarqua que les enfants l'observaient en silence à cause de la couleur de sa peau. Mais c'était juste de la curiosité. Cela ne le dérangeait pas George. George visita des villages. Il fut surpris qu'il n'y ait aucune ségrégation entre les Noirs et les Blancs. Dans beaucoup de petites villes du Texas il n'y avait ni toilettes ni fontaines pour les Noirs. Et au Mexique c'était un Blanc qui lui proposait de boire dans son propre bol tout en s'excusant parce qu'il n'en avait pas d'autre à lui proposer. George se plaça dans la file d'attente en attendant son tour pour boire mais une femme le laissa passer devant tout le monde car elle était sûre que Georges était assoiffé après son voyage. Georges se sentait tout drôle mais il ne voulait pas offenser la femme alors il accepta son offre. Les autres le saluèrent alors que Georges s'attendait à ce qu'ils soient furieux. Il mangea dans un restaurant et fut rassuré en constatant que là aussi il n'y avait aucune ségrégation. Georges sympathisa avec un agriculteur mexicain qui s'appelait Jorge. Celui-ci lui expliqua qu'il y avait toujours des places dans les plantations de café pour les hommes courageux.Jorge emmena Georges dans sa famille. Il resta dans le village pour travailler aux champs. Il était agréablement surpris d'être traité partout en invité. Les gens faisaient attention à lui. Il était servi le premier. Il se sentait comme un roi. On proposa à Georges de s'installer dans le village mais il savait que le Texas était chez lui même s'il ne se sentait pas vraiment le bienvenu dans cet Etat à cause des Blancs. Georges prit le train pour aller voir l'océan. Puis, au bout d'une semaine, Georges reprit le train pour le Texas.

Chapitre XII.

De retour du Mexique, la liberté que Georges avait connue lui manquait. Il ne se sentit pas le bienvenu en retournant au Texas. Le Texas était devenu trop petit pour Georges. Dans sa famille, personne ne fut surpris de le voir repartir. Il retourna à la guerre et fut énervé que le guichetier ne le reconnaisse pas tout en lui posant le même genre de questions. Georges demanda un billet pour Chicago. C'était la principale destination vers le Nord.

L'employé lui répondit que tout ce qu'il pouvait lui proposer était un billet pour Saint-Louis alors Georges accepta. C'était mal vu pour des Noirs de prendre un aller simple pour le Nord alors Georges demanda un aller retour.

Le train traversa l'Oklahoma en roulant lentement. C'était le début de l'été et il faisait déjà très chaud. Dans cette région, les Blancs n'avaient guère plus d'avenir que les Noirs. En général, les voies de chemins de fer passaient dans les villes par les quartiers réservés aux Noirs. Le train s'arrêta pendant 2 heures à Tulsa. George engagea la conversation avec un homme qui cherchait un restaurant. Il s'appelait Arthis Smith et il était noir lui aussi. Les deux premiers restaurants qu'ils trouvèrent étaient réservés aux Blancs. Ils durent en chercher un troisième avant de pouvoir manger. Georges reprit le train. Il s'arrêta à Joplin. Mais cette fois Georges était seul alors il se rendit au comptoir pour acheter à manger. Puis, en remontant dans le train, Georges la connaissance d'une jeune femme. Il ramassa le livre qu'elle venait de faire tomber. Elle lui demanda s'il l'avait lu. Il répondit non. Mais il n'avait aucune envie d'avouer à la jeune femme qu'il ne savait pas lire. Alors elle lui raconta l'histoire. Des gens qui, dans la vie quotidienne, ne se seraient jamais adressé la parole engagaient facilement la conversation dans les trains. La jeune femme était institutrice et aller prendre son poste à Springfield dans le Missouri. George aurait voulu sympathiser davantage avec la jeune femme mais il se rendit compte que son illettrisme l'en empêchait. Lorsqu'elle descendit, Georges l'aida à porter ses bagages. Il ne la revit jamais.

George visita Saint-Louis. Il trouva un boulot. Il s'agissait de décharger des barges. Un des employés noirs, Louis, expliqua à Georges en quoi consiste le travail. Puis il l'emmena voir un match de base-ball. Ils gagnèrent tous les deux un peu d'argent en vendant de la citronnade aux spectateurs.

Chapitre XIII.

Un jour, Richard Glaubman apporta des livres à Georges. Dans le livre, on voyait des tableaux de Giorgia O'Keefe et de Edward Hopper.

Georges reprit son récit. À la gare de Saint-Louis, un employé refusa de le laisser partir pour Cleveland alors que le billet de Georges était valable pour cette ville. En réalité, Georges s'était fait avoir par l'employé de Marshall qui lui avait vendu un billet pour Saint-Louis et non pas pour Cleveland mais comme il ne savait pas lire, il n'avait pas pu s'en rendre compte. Alors Georges monta clandestinement dans un wagon de marchandises. Il rencontra deux Blancs qui eux aussi voyageaient clandestinement. D'autres passagers clandestins arrivèrent. George écoutait leurs conversations. Ils sa corde à dire que Chicago était la grande ville par excellence. Ils évoquaient également la Nouvelle-Orléans comme le royaume de la musique, du jeu et des femmes. Leurs histoires ne tombaient pas dans l'oreille d'un sourd.

Ne voulant pas arriver dans la gare et tomber sur les policiers, Georges descendit du train avant son arrivée en gare. Il se réfugia dans un camp de hobos près de la gare. Le lendemain matin, Georges partit avec un Noir nommé Larry qui vivait à la Nouvelle-Orléans depuis des années. Ils réussirent à se faire engager sur un bateau pour décharger des noix de coco.

Georges était surpris que la plupart des gens ne parlaient même pas anglais. Il y avait des gens qui parlaient français, créole ou espagnol. Larry emmena Georges chez Gloria qui leur loua deux chambres. Georges comprit très vite que la Nouvelle-Orléans représentait tout ce contre quoi le pasteur de Marshall l'avait toujours mis en garde.

Il fréquenta les clubs car il aimait la musique et la danse. Il devint un homme à femmes. À la Nouvelle-Orléans, on aimait jouer aux cartes et aux dés. George finit lui aussi par s'y mettre. Mais il ne se laissa jamais prendre par la passion du jeu. Georges s'offrit un revolver pour que personne ne l'embête et il n'eut jamais besoin de s'en servir.

Il avait une petite amie nommée Nora. Pour la première fois de son existence, il ne passait plus tout son temps à travailler. Il le faisait seulement quand il en avait besoin. Le capitaine d'un bateau proposa à Georges de partir pour l'Inde. George en parla à Nora qui en fut offusquée et le quitta. Mais le bateau partit sans lui. Il n'avait plus de travail, plus de chambre et plus de petite amie. Il comprit qu'il était temps pour lui de reprendre le train.

Chapitre XIV.

Richard Glaubman montra à Georges un manuel de civilisation pour la classe de seconde. Richard demanda à Georges s'il se souvenait du procès John Scopes, un professeur de lycée qui avait violé la loi interdisant de parler de l'évolution à l'école. George n'en avait pas entendu parler car pour lui c'était des histoires de Blancs. Les Noirs ne s'intéressaient qu'aux procès où l'un des leurs était accusé d'avoir violé une Blanche.

Georges avait passé un an à la Nouvelle-Orléans. Il prit à nouveau le train clandestinement. Il arriva à Cincinnati. Il remarqua que les Blancs et les Noirs fréquentaient les mêmes boutiques et les mêmes restaurants. Quelques-uns de ses compagnons de voyage avaient dit à Georges que la ségrégation n'existait pas dans l'Ohio. Il entra dans un restaurant mais il ne savait pas quoi commander. Il aurait donné n'importe quoi pour savoir lire. Alors il sortit et s'acheta à manger dans une épicerie. Dans le Nord, les restaurants servaient les Noirs, d'accord, mais pas ceux qui ne savaient pas lire.

Il retourna à la gare mais cette fois il voulut acheter son billet. Il ne comprenait pas pourquoi un Noir entrait dans un wagon où il n'y avait que des Blancs. Il l'interpella mais le Noir comprit que Georges n'était pas du coin. Le Noir expliqua à Georges que dans l'Ohio il n'y avait pas de wagons réservés aux Noirs. Alors Georges accepta de suivre l'inconnu. Le train partait pour Toledo. À Toledo, George se dirigea vers le port car il voulait partir au Canada. Arrivé au Canada, on lui demanda quel était le raison de sa visite et Georges répondit qu'il voulait voir la neige. Cela fit rire le policier. Il précisa que ce n'était pas le meilleur mois de l'année pour cela car on était au mois de juin. Le policier appela Georges : « Monsieur ». George apprécia. Georges prit un train pour Toronto. Il s'en alla ensuite à Sudbury où il passa quelque temps pour pêcher. Il discutait avec des hobos. Il ne croisa pas beaucoup de Noirs. Il avait envie de rentrer chez lui. Dans certaines petites villes, les habitants le regardaient comme s'il n'avait jamais vu un Noir de leur vie. George avait le sentiment que les Canadiens n'avaient pas l'habitude des étrangers. Il se rendit à Calgary pour voir un rodéo. Il visita Banff et se rendit dans un restaurant. Il y avait beaucoup de bûcherons. Il causait avec eux au comptoir et cela lui semblait étrange car ils étaient blancs. Il leur expliqua qu'il était venu au Canada pour voir la neige. Ils semblèrent adorer cette idée. Un bûcheron lui offrit son déjeuner. Ils l'emmenèrent avec eux dans la montagne pour qu'il puisse voir la neige. Les bûcherons laissèrent George près d'un glacier. Quand il découvrit la neige, il trouva que cela ressemblait à la glace du pauvre (un pain de glace dans un bol avec du sirop). Tout en haut de la colline, il put voir de la neige bleue. C'était extraordinaire. Mais il jugea qu'il était temps de rentrer à la maison.

Chapitre XV.

Georges se rendit en Californie en prenant clandestinement des trains. Il visita Los Angeles qu'il trouva jolie. Après quoi, il partit pour Santa Monica où il put voir l'océan. Il commença à souffrir de la solitude. Il voulait être avec les siens et fonder son propre foyer. Puis, il prit un train qui traversait le désert Mojave. Il dépensa ses dernières économies pour acheter un billet pour Marshall. Il avait acheté du tissu pour sa mère. Il eut une grande surprise en rentrant chez lui : il n'y avait plus personne. La maison était vide. Manifestement, la famille de George avait déménagé. Alors il décida d'aller voir sa tante qui vivait de l'autre côté de Marshall. Sa tante lui apprit qu'il n'avait raté sa famille que de deux semaines. Les prix agricoles étaient au plus bas et les temps difficiles. Toute la famille de Georges avait dû déménager à Kaufman. Dès le lendemain, Georges partit pour Kaufman. Ses parents n'espéraient plus le revoir. Cette fois, il leur promit qu'il ne repartirait plus.

George fut engagé aux chemins de fer. Il posait des rails sur la section Kaufman-Dallas. Dès qu'il avait un peu de liberté, Georges prenait le train et se présentait dans un ranch. Il aimait monter les chevaux.. Un jour, il voulut domestiquer un Appaloosa pour impressionner une jeune fille. La fille s'appelait Elzenia. Il proposa de lui offrir un soldat le soir et elle accepta.

Georges était prêt à se marier. Il rendit visite à Elzenia tout le week-end et les jours de la semaine où il était libre. Ils se fiancèrent. Puis ils se marièrent. Ils en ménagèrent à Dallas. Ils eurent sept enfants.

Chapitre XVI.

Lors d'une de ses visites, Richard revint chez Georges avec son magnétoscope.

Georges se souvenait de la crise de 1909. À cette époque, les bidonvilles appelés Hooverviles (nom ironique donnée au point de chômeurs de sans-abri en référence au président Hoover) s'étaient développés le long des voies de chemins de fer parce que les vagabonds parcouraient le pays en train. Georges demanda à Richard pourquoi les gens avaient besoin de se suicider après la crise de 1909. Richard lui expliqua que ceux qui s'étaient suicidés étaient ruinés. Richard lui demanda quel souvenir il avait des années 30. La grande dépression n'avait jamais vraiment préoccupé George. Il était employé aux chemins de fer et quand il avait un congé il dressait des chevaux. Une fois il était parti vers le Nord en direction de la frontière avec l'Oklahoma avec sa femme et son frère Johnny. Johnny venait juste d'acheter une voiture.

Ils s'arrêtèrent dans un ranch trouver du travail. Une foule était rassemblée autour du corral. Un énorme cheval moucheté très puissant attirait la foule car il était indomptable. Le patron du ranch promettait 50 $ à celui qui réussirait à dompter cet animal. La foule commençait à s'en prendre au cheval. Cela le rendait encore plus sauvage. Un cow-boy venait de troquer son bâton contre une barre de fer le frappa le cheval de plus en plus fort. Georges ne put se retenir il grimpa sur la barrière. Il voulut dompter le cheval. Un cow-boy le traita de nègre. George planta solidement ses pieds dans le sol et fixa le cheval droit dans les yeux. Il réussit à le dompter. Il comprit qu'il avait fait une terrible erreur. Il venait de faire honte à une foule de Blancs. Heureusement, Johnny arriva à ce moment-là. Un cow-boy: « ce nègre à l'air de penser qui monte mieux qu'un Blanc ! ». Mais le patron arrive et donna les 50 $ à Georges. Il ordonna la foule de se disperser. Le contremaître proposa même à Georges et à Johnny de rester pour travailler dans le ranch. Mais Elzenia refusait que son mari risque encore une fois sa vie. Ce fut donc le dernier dressage que Georges effectua.

Chapitre XVII.

Richard apportait régulièrement des articles pour les lire avec Georges mais cette fois ce fut au tour de George lui en donner un. C'était un article sur Bonnie et Clyde. George ne pensait pas que c'était des héros car ils avaient tué des gens.

En 1930, Georges fut embauché par la ville de Dallas il travaillait pour la voirie. Richard demanda un des fils de Georges comment s'était déroulée son enfance. Junior répondit que son père l'emmena souvent pêcher. La famille n'avait jamais manqué de rien. Elzenia veiller à la discipline. George avait préparé ses enfants à affronter le monde. Ils avaient appris à faire la différence entre le bien et le mal en regardant leurs parents.

George avait travailla à la voirie jusqu'en 1938 puis il fut employé par la laiterie. Il y resta près de 25 ans. À la laiterie, Georges eu des soucis avec un Blanc qui ne supportait pas les Noirs. Le type s'appelait Luther. En fait, Luther était jaloux de Georges car Georges savait s'occuper de la chaudière et des machines. George était capable de s'instruire juste en regardant.

Un autre moment, un Blanc ennuyait également Georges mais Georges avait fini par le calmer en le menaçant avec un couteau. Le Blanc avait fini par changer d'attitude et ils étaient même devenus amis.

Et à la laiterie, quelques ouvriers blancs avaient dû faire un effort pour côtoyer Georges. Mais la plupart étaient gentils avec lui. Peu à peu les choses avaient évolué et Georges avait pu voir des Noirs devenir contremaître. George lui aussi aurait pu monter en grade mais il n'avait aucune envie d'avouer qu'il ne savait ni lire ni écrire. En 1963, il dut prendre sa retraite car il était trop vieux pour continuer. Il aurait dû travailler 25 ans de plus pour avoir une vraie retraite.

On lui laissa le choix de toucher une certaine somme en une seule fois ou de recevoir un chèque mensuel jusqu'à la fin de ses jours. Il avait choisi la première solution. Il n'avait reçu que 1800 $. Heureusement, il bénéficiait de l'aide sociale.

Chapitre XVIII.

À partir de 1963, Georges s'était mis à jardiner chez les gens. Un jour, une dame à la retraite dite à Georges que ne comprenait pas comment il arrivait à travailler un jour de canicule. Elle pensait que la chaleur ne dérangeait pas les Noirs. Elle devait penser que tout le monde pouvait profiter de sa retraite et Georges avait failli lui répondre qu'il se crevait sous la canicule parce qu'il était obligé. Il pensait qu'elle n'avait pas l'intention de blesser car elle avait l'air d'ignorer pas mal de choses. Tous les gens qui embauchaient George lui donnaient à peu près le même salaire car tous ils se connaissaient. Un jour, Elzenia avait surpris une de leur conversation. Ils étaient furieux contre une femme qui venait de s'installer dans le quartier et qui payait plus cher les heures de ménage et de jardinage. Ils n'avaient pas envie qu'on les prenne pour des radins et ils pensaient qu'il ne fallait pas pourrir les Noirs. Les riches préféraient les fleurs et le gazon. George cultivait pour lui des légumes. En général, ils confiaient leur jardin à des Noirs. La dame qui avait employé Georges avait voulu qu'il mange dans la véranda en compagnie des chiens. Cela l'avait choqué. George aurait voulu pouvoir manger dans la cuisine avec des gens et pas avec des chiens. Il remit donc le bol que la dame lui avait préparé sur l'étagère. George avait faim mais il avait aussi sa fierté. Elzenia était resté femme au foyer toute sa vie. Depuis le début, Georges avait fait passer sa famille avant tout. Lorsqu'il rentrait chez lui, il oubliait tout le reste. Avec sa famille, il vivait dans une cité pour des gens à faible revenu. Il avait veillé à ce que ses enfants aillent à l'école et apprennent à être fiers d'eux-mêmes. Il n'était donc pas question qu'il laisse cette femme piétiner son honneur. La femme eut l'air étonné quand elle découvrit que Georges n'avait pas touché au bol. Alors Georges lui expliqua qu'il ne mangeait pas avec les chiens. Elle comprit très bien ce que Georges voulait dire. Elle devint rouge de colère mais Georges ne détourna pas le regard.

Elle lui reprocha d'avoir gaspillé un bon repas mais Georges insista. Il mangeait avec les gens car il était un être humain. Alors elle lui répondit qu'il était inutile qu'il revienne.

Georges pensait que c'était l'assassinat de Kennedy qui avait tout déclenché. Il se rappelait qu'il était en train de pêcher quand il avait appris l'attentat. Un homme était arrivé en courant en criant qu'on avait tiré sur le président. Beaucoup de Noirs considéraient Kennedy comme un vrai ami et sa mort les avait attristés. L'accent blanc du sud de Lindon Johnson avait effrayé certains Noirs, au début, mais finalement il avait été réglo.

Chapitre XIX.

Richard montra à Georges un article sur la démission de Nixon. George se rappelait le Watergate. Il pensait que Nixon avait oublié la raison principale pour laquelle il avait voulu se mettre au service du pays.

George avait connu beaucoup de présidents au cours de sa vie, et aussi bien assez de guerres. Son fils Georges junior avait été incorporé pour partir en Corée et il lui avait raconté que les Noirs et les Blancs se soutenaient et ils étaient tous traités à la même enseigne. Mais de retour au pays, les Noirs n'avaient plus le droit de voyager avec les Blancs. Un des neveux de Georges avait été tué lors des manifestations contre la guerre du Vietnam. Georges n'avait jamais pensé que cette guerre était nécessaire. Georges pensait qu'aucun des présidents avait changé sa vie. Ne sachant pas lire, il avait toujours été en marge de la société. Il n'avait jamais pu se faire une idée personnelle de la société grâce aux journaux. Quand ses enfants étaient partis vivre leur vie, Georges s'était installé dans une maison individuelle avec sa seconde femme. Il l'avait rencontrée à l'église. George avait été marié quatre fois et avait été le quatre fois. Il leur avait organisé des funérailles décentes. C'est la raison pour laquelle il ne lui restait plus rien de sa pension. Un défi de Georges avait eu un cancer. Alors Georges avait revendu le terrain qu'il avait acheté pour lui donner de l'argent. Sa fille était morte. Il avait pu tenir le coup grâce à sa foi. Georges n'avait jamais été seul car ses enfants vivaient à Dallas à part un de ses fils qui vivait à Chicago.

Georges avait décidé de s'arrêter de travailler mais il ne restait pas assis à ne rien faire. Il partait presque tous les jours pour pêcher. Il avait conduit jusqu'à l'âge de 100 ans puis avait arrêté car il avait oublié de renouveler son permis.

Un dimanche, Georges emmena Richard dans son église. Le pasteur prêcha longtemps. Il présenta Richard comme celui qui allait écrire un livre sur la vie de George.

Chapitre XX.

Personne n'avait deviné que George ne savait pas lire car il avait su garder son secret. Chaque jour, il avait tenu à savoir ce que ces enfants avaient appris à l'école. Même le fils de Georges n'avait pas su que son père ne savait pas lire. George lui avait dit quand son fils était au lycée. Georges avait pensé que l'école était faite pour les enfants et que quand il était jeune il avait raté son tour. Il ne connaissait pas l'existence de l'éducation pour adultes. Et puis un jour, comme tombé du ciel, un jeune homme avait frappé à sa porte. Le 4 janvier 1996 fut le premier jour de classe de George. Il avait 98 ans. Il emmena Richard dans sa classe. George avait réussi à connaître son alphabet en un jour et demi. La présence de George dans la classe avait permis le doublement des effectifs car les gens se disaient qu'ils n'avaient plus d'excuses en voyant un homme de 98 ans commencer à apprendre à lire. George incitait les élèves à faire des recherches historiques. Son âge donnait plus de réalité au passé.

Cette fois c'était le fils de Georges qui pouvait dire son père qui était fier de lui quand il rentrait de l'école.

Chapitre XXI.

À Georges avait reçu des centaines de lettres venant de lecteurs des journaux qui avaient médiatisé le fait que George avait pris le chemin de l'école à 98 ans. La NASA avait invité Georges et son professeur pour une célébration en l'honneur des pionniers. Personne n'avait jamais accordé la moindre intention à Georges avant, et voilà qu'aujourd'hui tout le monde voulait le rencontrer. George avait reçu la visite de Dan Rather, le journaliste vedette de CBS. George faisait les gros titres et ils étaient très occupé. Il se rendait dans d'autres écoles et il parlait aux gamins. Il s'était même rendu dans un centre de rééducation pour jeunes drogués. Le conseiller lui avait dit ensuite qu'il n'avait jamais vu les jeunes écouter quelqu'un avec autant d'attention.

Pour ses 100 ans, Georges avait eu droit à une belle fête.

Toute sa famille était présente et les responsables des écoles de Dallas avaient fait des discours. Pour ses 101 ans, les employés de la laiterie avaient fait une collecte pour lui offrir une télévision.

Richard avait emmené Georges voir un match de base-ball et ils furent placés au meilleur endroit dans une suite réservée aux entreprises. Un journaliste sportif d'une télévision locale débarqua pour interviewer George.

Chapitre XXII.

Richard avait apporté de la bibliothèque des livres sur la diététique. Richard État pour demander à Georges son secret de santé. Georges répondit qu'il mangeait ce qu'il voulait et quand il le voulait.

George avait encore toutes ses dents et il ne mangeait jamais trop. Il n'avait jamais bu d'alcool de sa vie et il n'aimait pas le café. Il ne prenait pas de médicaments. Il se contentait de certaines herbes quand il avait besoin d'un remède. Richard avait apporté également des livres sur l'argent. George n'était pas intéressé par l'argent. Pour lui vouloir toujours plus, c'était se gâcher la vie. Il pensait qu'on ne devait s'occuper que de ce qu'on avait et oublier le reste. Georges pensait que les choses s'arrangeaient toujours. Il essayait seulement d'éviter les complications.

Chapitre XXIII.

George avait reçu de nombreuses lettres d'écoliers. Il les lisait avec un grand plaisir. Richard parla de son père avec Georges. Richard avait accompagné son père malade jusqu'au dernier moment. Il s'était demandé si son père avait eu envie de lui transmettre une chose particulière. Il n'avait jamais su ce que c'était. Son père l'avait toujours encouragé à écrire. C'est donc en repensant à son père que Richard avait décidé d'appeler George.

Richard voulait offrir à Georges de la chance d'exprimer sa colère de partager avec les gens son indignation d'avoir perdu son enfance sauve que George ne ressentait aucune colère. Richard était venu écouter le récit d'une vie de misère et il n'était pas prêt à entendre parler de gratitude. Richard demanda à Georges s'il avait envie qu'on fasse un film sur sa vie. Ça ne dérangeait pas George même s'il n'avait vu que deux films dans sa vie car il ne voulait pas payer pour voir quelque chose qui n'avait aucune réalité.

Georges appréciait d'être capable de lire des histoires et ses petits-enfants car il n'avait jamais pu le faire avec ses propres gosses. Richard était en train de lire un article sur l'assassinat du lycée de Columbine. Georges pensait que certains élevaient leurs gamins mais il ne les éduquait pas et pour lui c'était une sacrée différence. Il pensait qu'il fallait leur enseigner le bien et le mal. Et la discipline. Son père lui avait toujours appris à ne pas traiter avec les Blancs mais les temps avaient changé et Georges signa un contrat d'édition avec Richard. Ses enfants signèrent également comme témoins.

Ils fêtèrent cela en allant dîner aux restaurants tous ensemble. Richard demanda si Georges se souvenait d'un événement particulier de son existence. George se rappela avoir été mordu à la cheville par un serpent à sonnettes. Sa mère lui avait fait un garrot et avait rempli une bassine avec du kérosène pour que George puisse y tremper son pied. Il avait guéri. George se rappelait que son père lui avait dit que l'homme était né pour mourir. George avait un seul regret : avoir éborgné son mulet. George vivait seule chez lui mais il recevait souvent de la visite. Tout au long de sa vie, il avait été bon avec les gens. Il les avait traités avec respect et à la fin de sa vie, on lui rendait la pareille. Il pensait qu'on récoltait ce qu'on avait semé sauf que parfois cela pouvait prendre longtemps.

Georges dit à Richard serait heureux que le livre de Richard soit fini si le seul homme que ça pouvait aider à changer était l'auteur de ce bouquin. Alors Richard enlaça Georges, coupa son magnétophone et déclara que le livre était terminé. Richard termine son livre en disant que c'est une offrande à George Dawson pour la vie qu'il a vécue.

 

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