Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Humanisme : le Contrat social
12 juin 2023

Les Monades urbaines (Robert Silverberg)

ldp7225

Publié en 1971, ce roman se déroule en 2381. La Terre porte 75 milliards d'humains dont la devise est : croissez et multipliez. Ils habitent des tours de mille étages et jouissent d'une liberté sexuelle destinée à encourager la procréation et les échanges génétiques. Ils vivent l'utopie, la promiscuité, le bonheur, à l'abri de toute frustration. Gortman, sociocomputeur, venu d'Enfer, l'ex-planète Vénus, où les moeurs sont différentes, est piloté par Charles Mattern à travers la Monade 116.

Tout, dans les immeubles, est recyclé, y compris les anormaux aussitôt condamnés à la chute, sauf la nourriture qui provient des communes agricoles installées dans les intervalles.

Chaque Monade est divisée en villes de quarante étages qui portent les noms des anciennes cités. Les plus élevées sont habitées par les classes privilégiées.

Le roman explore les destins de quelques habitants de la Monade 116 : l'ambitieux Siegmund Kluver qui, à 14 ans, a déjà deux enfants et ne cessera de grimper dans la hiérarchie et dans les étages jusqu'à être aspiré oar son succès vers le néant; la malheureuse Aura qui, infertile, risque d'être expulsée vers une nouvelle Monade; Dillon, le musicien, qui vit à San Francisco, au 370è étage, dans le ghetto culturel, et qui aspire à faire l'amour au 500è étage, au centre mythique de la Monade; Jason Quevedo, l'historien, qui s'interroge sur la vie étrange d'avant les Monades où la surpopulation était redoutée et la procréation - ô sacrilège- contrôlée; Micael Statler qui risque une excursion dans l'univers effrayant des campagnes; tous reliés par leurs relations parentales ou sexuelles et donnant une idée du grand être qu'est devenue la Monade.

Les Monades urbaines constituent l'un des mondes les plus étranges de la science-fiction, où pourtant chaque sujet conserve une individualité irréductible au sein de l'univers le plus conformiste. Le roman vaut par son écriture inspirée, violente, tendue, qui convoie la recherche par chacun des personnages d'une expérience orgasmique collective et quasi mystique ; atteindre l'unité de la Monade dans sa multiplicité proliférante.

Robert Silverberg, dans Les Monades urbaines (The World Inside, 1971), présente une société où la natalité, le fait d’enfanter et la sexualité sont survalorisés parce que les problèmes de densité et d’alimentation de la population sont résolus. En effet, les êtres humains vivent dans de gigantesques immeubles – les monades – qui concentrent une forte population et libèrent de ce fait le sol pour l’agriculture. Le lecteur est projeté dans la monade 116 qui mesure trois kilomètres de hauteur et abrite 885 000 personnes. Les habitants ne la quittent jamais et l’organisation sociale est construite autour d’une libre sexualité entre les couples. Les appartements sont toujours ouverts et chacun peut donc « visiter » la nuit un couple. Ainsi, les conflits liés à la jalousie – considérée comme facteur de stérilité – sont supprimés. Les couples (hétérosexuels) se forment à l’âge de 12-14 ans ; ils habitent dans des logements communs – les « dormitoirs » – et obtiennent un appartement après la naissance du premier enfant. Dans cet ouvrage fulgurant, cette sexualité révèle toutefois quelques petits arrangements. Par exemple, elle est libre mais très souvent entre les personnes d’une même catégorie professionnelle et donc sociale. Les ouvriers (« les paupos ») qui vivent et travaillent dans les cités des étages inférieurs ne se mélangent pas avec les cadres des étages supérieurs, mais quelques cadres font des visites dans les soubassements de la monade. Les bureaucrates sont aussi très angoissés du fait qu’ils risquent de ne jamais atteindre l’élite et donc, de ne pas pouvoir vivre dans les étages supérieurs. Notons également que ce sont les hommes qui se déplacent plus facilement que les femmes dans les visites nocturnes. Quant aux couples qui n’arrivent pas à avoir d’enfants, ils n’obtiennent pas d’appartement et sont transférés dans une monade spéciale. Enfin, toute personne qui s’oppose à cette organisation est classée dans les « anomos ».

Une personne identifiée comme anomo par son comportement asocial – jalousie, conflit, doute sur la vie dans la monade, désir de voir le monde extérieur, etc. – est en fait jetée dans les chutes réservées au recyclage des ordures ménagères et excréments. Les anomos sont considérés comme des opposants à la procréation, sacralisée, dans la monade. Ils se risquent de la sorte à penser soit comme les êtres humains du même monde mais du siècle précédent, soit comme les hommes qualifiés de primitifs qui vivent dans le territoire sous les monades et cultivent les produits fermiers. Ces hommes sont rabaissés par les habitants de la monade du fait de leur manque de culture, de structuration sociale et de leur limitation des naissances.

Dans ce roman, si la politique est fondée sur la natalité, une régulation du choix possible du sexe de l’enfant est toutefois établie afin de gérer la formation des couples. Le lecteur n’a en revanche peu de renseignements sur la vieillesse, la maladie ou la mort dans cette monade. Comment et où vieillit-on ? Existe-t-il des lieux qui ne gèrent pas que les perturbations psychologiques ? Comment se déroulent la fin de vie et les rituels funéraires ?, etc. La mort est uniquement présentée par le sort réservé aux anomos qui sont sacrifiés dans les chutes ou se suicident du haut de la monade pour ceux qui accèdent à cet ultime étage, c’est-à-dire l’élite. Les personnes considérées comme âgées ont entre 20 et 30 ans. Un seul homme est âgé de 60 ans, le plus puissant de la monade, qui gère le fonctionnement, les sentences et les fêtes orgiaques imposées aux cadres pour entrer dans le cercle fermé de l’élite.

Publicité
Publicité
Commentaires
Humanisme : le Contrat social
Publicité
Archives
Publicité