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Humanisme : le Contrat social
8 décembre 2009

Nougaro à fleur de mots

Claude Nougaro A fleur de mots (Stéphane Deschamps)

Qu’il est loin mon pays qu’il est loin... (1929-1951)

La famille Nougaro habite le faubourg des Minimes, un quartier populaire enclavé entre la voie ferrée et le canal du midi. Ce nom « Minimes » vient d’un ordre religieux du XVIè siècle qui signifie « Minus », les plus humbles. Pierre Nougaro, le père de Claude, fait ses premières vocalises au théâtre théâtre du Capitole de Toulouse. Pierre Nougaro est né le 27 avril 1904 à Toulouse. Il vit dans le quartier Arnaud Bernard, obtient son certificat d’études en 1917 et se passionne rapidement pour le chant. Il rencontre Lilette, sa future femme au cours d’une soirée où la jeune femme accompagne les chanteurs au piano. Lilette était premier prix de conservatoire. Elle était fille unique d’un couple d’Italiens, Thérèse Rabbione et Armand Tellini. Elle doit quitter Toulouse pour les suivre à Saïgon. Son père, électricien, y adécroché un contrat pour s’occuper des installations électriques de la capitale du Sud Viet-Nam. Pierre et Lilette retrouvent la France. Pierre fait ses débuts à l’opéra Garnier dans le rôle de Lohengrin, il a 25 ans. Il obtient son premier grand rôle à 30 ans en interprétant Rigoletto. 9 septembre 1929, Claude Nougaro naît à Toulouse. Claude est élevé par ses grands-parents paternels car Liette et Pierre voyagent beaucoup. Liette est la professeur de chant et la pianiste répétitrice de son mari. Claude se sent abandonné même si ses parents le prennent de temps en temps avec eux et lui font découvrir l’univers de l’opéra. Claude appelle ses grands-parents maman Cécile et papa Alexandre. A la TSF, Claude écoute Edith Piaf, Maurice Chevalier et Charles Trenet. Il découvre aussi le jazz sur les ondes de Radio Toulouse grâce aux émissions de Hugues Panassier. Claude a envie de devenir danseur mais son père s’y oppose radicalement. Les danseurs sont souvent considérés comme homosexuels et Pierre veut éviter que son fils prenne cette orientation. Claude fréquente l’école primaire Fermat. Au début de la Seconde guerre mondiale, Pierre Nougaro est mobilisé. Il se retrouve en Algérie et chante à l’opéra d’Alger. A 11 ans, Claude fait sa communion solennelle. Il a tâché son pantalon en voulant jouer au parachutiste et en tombant sur un poisson à la mayonnaise que sa mère avait cuisiné. Il a été privé de photo à cause de ça et a pleuré. Il avait écrit à son père pour lui raconter cette scène. Il connaît son premier amour en 1943, c’est une petite espagnole dont il parlera dans la chanson « Un été ». Il fréquente les salles de cinéma et admire Tarzan et la « Chevauchée fantastique », « Blanche neige », « Robin des bois ». Il lit énormément. Il est renvoyé de l’école des Minimes et se retrouve parachuté à l’école de Sorèze dirigée par les dominicains. Là aussi, on le renvoie car c’est une tête de mule. Il est inscrit dans un collège à Saint Paul de Vence puis dans un lycée à Cusset près de Vichy. Claude échoue au bac car il ne se présente pas aux épreuves. Adolescent, Nougaro écrit ses premiers poèmes. Il écoute Ravel et Don Byas. Il applaudit son père à l’opéra et l’admire quand celui-ci joue des rôles de salaud ou meurt de mort violente. En 1947, Claude, grâce aux relations de son père, devient journaliste à Vichy. Il a une rubrique originale sur les petits métiers et écrit des poèmes. Ses parents ont acheté une propriété à Crémans près de Nogaro, ça ne s’invente pas ! Hélène, la soeur de Claude naît à Toulouse en 1947. Claude fait son service militaire à Rabat, au Maroc, en 1949. Il est dans la Légion étrangère et passe son temps au trou. Il retourne faire le journaliste à Vichy après 18 mois de service dont dix au cachot puis part faire du journalisme en Algérie où il travaille pour la Dépêche de Constantine. Ca ne marche pas alors il se retrouve rue des Ternes à Paris, chez ses parents.

Tous les marins de l’âme (1952-1961)

Claude se retrouve dans la chambre de bonne de l’appartement de ses parents. Avenue des Ternes vivent également ses deux petites soeurs et sa grand-mère. Il est en rupture avec son père et vole des radis et des tomates pour survivre. Il fréquente Saint-Germain des Prés. Il lit « Vive guitare » car le titre l’attire et rencontre son auteur, Jacques Audiberti. Claude se réconcilie avec son père qui lui donne des tickets pour déjeuner à l’opéra. Il y rencontre Jean-Paul Belmondo. Claude redevient journaliste pour « Paris Presse ». Il y signe des critiques de livres et de films. Il lit ses poèmes sur scène chez Roberta, un cabaret près des Champs-Elysées. Il écrit une chanson inédite « Le soleil de minuit ». il écrit des dizaines de chansons avec Jean-Michel Arnaud interprétées par Lucette Raillat et Odette Laure. Pierre fait embaucher son fils au Lapin Agile, une boîte de Montmartre. Il y lit un poème inédit « Pégase » qui évoque Paris. Il fréquente Jacques Audiberti aux Deux Magots et c’est l’événement de sa vie. Audiberti lui dédicace « Le maître de Milan ». Nougaro affirmera dans le Radioscopie de Jacques Chancel : « Audiberti a eu une influence sur moi. Il m’a fait naître. Je lui dois tout ». Claude rencontre Philippe Clay, chanteur-comédien au physique sidérant. Il lui écrit plusieurs chansons dont « La sentinelle ». Claude décroche l’examen d’entrée à la SACEM et rencontre Michel Legrand. Claude décide d’être chanteur. C’est pour lui un moyen de séduire, d’ailleurs il avoue : « C’est peut-être pour ça que j’ai choisi d’être chanteur, c’est pour posséder la femme ». Au Lapin Agile, Claude s’est lié d’amitié avec Yves Mathieu, meneur de revue aux Folies Bergères. Il aide Claude à vaincre sa timidité envers les femmes. Au Lapin Agile, Claude rencontre Sylvie. Au Lapin Agile, Claude est accompagné au piano par son ami Jean-Michel Arnaud. Il interprète des chansons comico-réalistes « Cupez les moi », « Les pantoufles à papa », « La chanson de Spoutnik ». La collaboration avec Arnaud ne dure pas car celui-ci est attiré par le classique et la variété et pas le jazz. Aussi Claude se dirige vers Jimmy Walter, compositeur de Boris Vian. Fervent admirateur d’Edith Piaf, Claude rêve d’écrire pour celle qu’il surnomme « la Marseillaise noire ». Il lui envoie deux chansons « Méphisto » et « Le sentier de la guerre ». Nougaro rencontre Piaf en 1962. Cécile, la fille de Claude, vient de naître. Jacques Audiberti vient habiter chez Claude pendant un an jusqu’à la naissance de Cécile où il est obligé de laisser la chambre. Claude écrit pour Marcel Amont « Le balayeur du roi », « Le tango des jumeaux », « Le porte-plume », « Le jazz et la java ». Marcel Amont fait engager Nougaro en première partie de ses galas aux côtés de Jean-Jacques Debout. Il sera également en première partie de Dalida. Il écrit pour Lucienne Delyle et Jacques François. Il s’entoure de ses compères Jimmy Walter, Jacques Datin et Michel Legrand pour enregistrer son premier album « Il y avait une ville ». Il est enregistré en 1958 et sort chez Président en 1959. Henri Salvador accepte de signer le texte de présentation de l’oeuvre et la musique de la chanson « Les anges ». Les thèmes abordés dans cet album vont de l’amour au bon dieu en passant par la nature de la vie. Claude va rencontrer Maurice Vander. Mais entre temps ses parents quittent Paris pour Besançon où son père vient d’être nommé directeur du théâtre. Claude s’installe alors avec Sylvie dans l’appartement de l’avenue des Ternes.

Quand le jazz est là (1962-1964)

1962 est marqué par la mort de Marylin Monroe. Nougaro lui rend hommage, car il avait envie de l’avoir près de lui, avec la chanson « Chanson pour Marylin ». Il fréquente les boîtes de jazz et rencontre Mingus, Parker, Gillespie, Holiday. Il prépare son deuxième album avec Michel Legrand. Legrand présente Claude à Canetti, le directeur de Philips. Dans un premier temps Canetti cède refuse puis il cède. Le film de Marcel Pagnol « Manon des sources » inspire à Claude « Une petite fille ». Il s’agit de son premier succès populaire. Il écrit le « Rouge et le noir » après avoir vu une grosse publicité pour un apéritif alors qu’il était avec Gainsbourg. Gainsbourg devait composer la musique mais s’est désisté et c’est Michel Legrand qui l’a remplacé. Audiberti est heureux du succès de son protégé, il aime « Le rouge et le noir ». Les médias s’intéressent de près au nouveau phénomène. Durant toute sa carrière, Claude gardera une certaine distance à l’égard des journalistes. André Salvet le reçoit pour la première fois à la télé dans le cadre de l’émission « Le magazine de la chanson ». Claude chante « Le cinéma » et « Une petite fille ». Au mois de janvier 1963, Nougaro reçoit le Grand prix du disque à l’Hôtel de ville. Sa fille, Cécile, naît le 30 mai 1962. Comme il le déclare à de nombreuses reprises, son ambition est d’être représentatif de son époque, il cherche à exprimer l’air du temps avec ses fièvres, ses problèmes et ses bonheurs. Il chante à Bruxelles en première partie de Piaf. En 1963, l’organiste Eddy Louiss rejoint le groupe de Nougaro. Le 10 juin 1963, Nougaro a un accident de voiture. Il a le fémur cassé en deux parties. Après quelques semaines à l’hôpital de Roanne, Claude est de retour à la maison, à Paris. Evoquant cet accident, Claude écrit la chanson « Pauvre Nougaro ». Il chante à l’Olympia en novembre 1963. Juin 1964, Nougaro signe son troisième album. Il ne rencontre par le succès du deuxième. Nougaro fréquente l’alcool. C’est une manie qu’il a rencontrée dès l’âge de 4 ans en éclusant tous les verres que les amis de son père avaient laissés sur la table après une soirée. La rencontre avec le haschich sera plus tardive, dans les années 60, avec ses musiciens. En octobre 1964, Nougaro retourne à l’Olympia en vedette américaine de Dalida. Il recueille plus de succès que la chanteuse, ce qui provoque chez elle un certain agacement. La même année il découvre le Québec et New-York. Le 10 juillet 1965, Nougaro apprend la mort de son maître, Audiberti. Il est bouleversé. Arrivé à Cannes, il commence à écrire des poèmes sur les murs de sa suite. Claude lui rend hommage avec « La chanson pour le maçon ». La maison natale d’Audiberti est achetée par un antiquaire qui mettra à disposition de Claude la chambre où est né le poète. Nougaro n’a jamais envisagé une carrière d’écrivain. Il n’aurait probablement rien écrit s’il n’avait pas chanté. Nougaro part en vacances à l’île de Ré où son père possède une maison. Il écrit son nouvel album. Il écrit « L’amour sorcier » sa première chanson inspirée par l’Afrique. Il signe sa première mélodie pour « Côte d’Azur ». Il adopte le Blue rondo à la Turk qui devient « A bout de souffle ». Dans ce nouvel album il y a « Armstrong », « Sing sing » et « Bidonville », son premier choc musical avec le Brésil. Nougaro rencontre le guitariste brésilien Baden Powell. Jusqu’en 1968, Nougaro va vivre une période de pénombre, car ses chansons semblent moins bien perçues par le grand public. En novembre 1967, Nougaro publie un nouvel album « Petit taureau ». La perle rose de cet album est « Toulouse », un titre devenu légendaire. Sorte d’hymne à son enfance. Cette chanson n’a pas inspiré Maurice Vander qui n’en voyait pas l’aboutissement et a laissé Christian Chevallier la terminer. La maison de disques de Nougaro, Philips, est prise de dépit. Les gens de Philips disaient : « On s’en fout de Toulouse, cette chanson n’intéresse personne en dehors des gens de la Garonne ».

En 1968, Nougaro enregistre « Paris mai » une ode à la liberté et aux événements qui viennent de secouer la capitale. Elle sera interdite d’antenne. Mais pour Nougaro ce n’était pas une chanson engagée. En mai 68, sa soeur Hélène, qui faisait des études d’anglais à Rennes, débarque chez son grand frère à Paris. Claude vit avec sa nouvelle femme, Odette d’origine arménienne qui lui inspire la chanson homonyme. Elle lui donnera deux filles, Fanny et Théà. Hélène ouvre les lettres de son frère qu’il a laissées telles quelles. Elle y passe des nuits blanches. En 1974, après être parti à Rennes finir ses études, Hélène revient à Paris pour s’occuper des affaires de son frère. Elle fonde les Editions du Chiffre Neuf. En juin 68, Nougaro fait une tournée triomphale en Algérie. A son retour, Claude enregistre « La pluie fait des claquettes ». 27 janvier 1969, Claude retourne à l’Olympia pour un musicorama. Il sort son premier album en public : « Une soirée avec Claude Nougaro ».

Locomotive d’or (1970-1974)

Nougaro remonte sur les planches pour 3 semaines à Bobino en avril 1971. Claude a travaillé durant une partie de sa vie dans de si mauvaises conditions qu’il apprécie de se produire dans des lieux plus accueillants. Il lui est arrivé de donner des tours de chant sur des terrains de football avec, devant ses yeux ébahis, une bande de jeunes gens mâchouillant du chewin-gum et le considérant avec mépris. A Bobino, Nougaro fait appel au quator à cordes de Catherine Lara. Il interprète quelques chansons de son album « Soeur âme ». A l’occasion de l’enregistrement de ce disque, Nougaro rencontre Jean-Claude Vannier. A cette époque, Nougaro rencontre également Richard Bohringer avec qui il s’offre des poivrades sympathiques dans tout Paris. Nougaro fréquente aussi le peintre Raymond Moretti. En septembre 1973, Nougaro sort son nouvel album « Locomotive d’or ». Le titre éponyme est composé avec le percussionniste ivoirien Youla Fodé. Sur cet album il y a aussi « Dansez sur moi » adapté de « Girl talk » du trompettiste Neal Hefti.

Du 30 octobre au 17 novembre 1973, la tribu Nougaro envahit le théâtre de la ville pour trois semaines sous le signe de l’Afrique. En mai 1974, Nougaro sort « Récréation ». Il y rend hommage à Brassens, Brel, Trenet, Prévert, Chevalier, Mouloudji, Legrand, Delmet, Ferré et Gainsbourg. « Récréation » sera mis en image pour la télévision par Jean-Christophe Averty. Chaque chanson est précédée d’un petit poème signé Nougaro concernant les artistes évoqués. En septembre 74, Claude et sa soeur Hélène fondent les Editions du Chiffre 9 pour gagner une plus grande indépendance.

Brésilien la nuit est belle (1975-1979)

Claude Nougaro ajoute des couleurs brésiliennes à son répertoire. Il chante le 11 mars 1974 à l’Olympia avec en première partie le duo brésilien Téca et Ricardo. Nougaro crée un spectacle inspiré du Brésil programmé à l’Olympia à partir du 24 septembre et jusqu’au 3 novembre 1974. Le duo brésilien est toujours en première partie. En deuxième partie, Baden Powel interprète ses compositions à la guitare. La troisième partie est assurée par Claude sur un rythme d’enfer. Claude a rencontré Marcia, une Brésilienne au visage très pur. Il lui dédie « Marcia martienne ». Ils se marient sur un bateau-mouche. Ils ont un fils prénommé Pablo. En 1975, Nougaro quitte Philips pour Barclay. Eddie Barclay aura toujours des rapports très amicaux avec Nougaro. « Femmes et famines » est le premier album de Nougaro qui sort chez Barclay en 1976. Claude y célèbre le couple à travers ses chansons. Il emmène sa femme à l’île de Ré et écrit une chanson sur ce lieu de vacances. Nougaro rencontre l’accordéoniste Richard Galliano qui rejoint son groupe. En 1977, Nougaro sort « Plume d’ange ». L’album contient un poème fantastique conté par Claude. Ce conte est habillé par la sensibilité musicale de Jean-Claude Vannier. A la même époque, Nougaro écrit un autre texte intitulé « Victor », sorte de poème lyrique inspiré par un conte fantastique d’Alphonse Daudet, « L’homme à la cervelle d’or ». Ce texte n’est présent que sur le live de 1977 à l’Olympia où chante Nougaro du 22 février au 21 mars. Nougaro illustre son poème « Victor » en projetant sur les murs de l’Olympia des diapositives réalisées à partir des toiles de Daniel Estrade qu’il a connu à Luchon en 1971. Le public est interloqué et manifeste sa désapprobation. En 1978, Claude sort « Tu verras » l’album est disque d’or et obtient le prix spécial de la chanson française de l’Académie Charles Cros. Nougaro adapte Round midnight de Thelonious Monk et rend hommage au fère de Maurice Vander « Quand Freddy est parti ». En juillet 1978, Nougaro signe la bande originale du film « L’ordre et la sécurité du monde » de Claude d’Anna, avec un poème de Jacques Audiberti : « Nous n’avons pas de passeport ». Du 27 février au 11 mars 1979 Nougaro retourne à l’Olympia.

Un Newgaro very nice (1980-1983)

Claude sort l’album « Assez » sur lequel figure la chanson « Le coq et la pendule ». Quand Maurice Vander a composé la musique cela s’appelait « Mélodie pour Nadine » (Nadine est le deuxième prénom de la femme de Vander). En 1980, Maurice Vander et Claude Nougaro se quittent brutalement. Une histoire de gros sous, un désir d’aborder de nouveaux horizons musicaux, de côtoyer d’autres artistes. Claude reçoit le Grand Prix des arts et lettres au Ministère de la Culture.Nougaro prépare son nouvel album avec Richard Galliano et Bernard Arcadio qui remplace Vander. L’album « chansons nettes » sort en janvier 1981 on y trouve « Rimes ». Claude chante de nouveau à l’Olympia du 3 février 1981 au 1er mars 1981. Il chante également au New-Morning et un disque live en sera tiré. En mars 1982, Claude signe la bande originale du film « T’empêches tout le monde de dormir » de son ami Gérard Lauzier. Lauzier voulait faire tourner Claude mais il le trouvait trop typé. Pourtant Nougaro jouera dans « Shangaî skipper » un téléfilm policier en 1984.

En 1983, Nougaro sort l’album « Ami chemin ». Yves Mathieu, son « vivi » du Lapin agile, ami de longue date de Nougaro, évoque la notion d’amitié chez Claude : « Avec Claude, l’amitié se définit de la manière suivante : pouvoir rester avec quelqu’un sans se parler ». Sur son nouvel album, on trouve « Allée des brouillards. Cette chanson évoquant la vieillesse chez la femme avait été proposée à Diane Dufresne qui l’avait refusée. Nougaro joue au Palais des Sports du 24 mai au 4 juin 1983.

« Bleu blanc blues » l’hymne du Nougaro trio (1984-1986)

Nougaro renoue avec Maurice Vander. Il veut monter un trio de jazz avec Vander, le contre-bassiste Pierre Michelot et le percussionniste Bernad Lubat. Un premier concert est donné au Printemps de Bourges en 1984. Ils jouent à l’Olympia en 1985 puis partent en Afrique à l’invitation de Fred Hidalgo créateur de la revue « Paroles et musique ». C’est lors de cette tournée que Nougaro rencontre Hélène sa dernière femme à la Réunion. Il avait mal au dos, elle était kiné. Il dit d’elle : « Hélène est pour moi le grand amour de ma vie. Jusqu’à présent, j’avais rencontré les femmes de ma vie, avec elle j’ai enfin rencontré la femme de ma mort ». Ils s’uniront dix ans plus tard, le 12 avril 1994 à Toulouse. En 1985, sort l’album « Bleu, blanc, blues ». Nougaro dédie la chanson « Prof de lettres » à son ami Christian Laborde. Les ventes de l’album sont modestes. La direction de Barclay, avec à sa tête Philippe Constantin, décide de voter démocratiquement pour savoir s’ils gardent ou non le chanteur. Le verdict tombe : Nougaro est remercié. Mick Lanaro, ingénieur du son pour Brel, Ferrat, Ferré et devenu producteur s’occupe de Nougaro qui ne va pas bien. Il a l’idée de l’amener à New York. En attendant le trio de Nougaro continue sa tournée en Afrique. De retour en France à la fin de l’année 1986, le trio offre un dernier concert parisien au Petit Journal Montparnasse. Avant de partir pour New York, Nougaro chante à Toulouse sur le toit du Capitole devant 40 000 personnes le 14 mars 1987. Il a chanté une chanson jamais enregistrée « Tolosa carnaval ».

C’est pas du Ronsard c’est de l’amerloc (1987-1990)

Claude vend sa maison de l’avenue Junot et décolle pour l’Amérique avec Hélène. Il a emporté trois numéros de téléphone. Le premier est celui de Sue Mingus, la veuve du célèbre bassiste. Cette charmante dame lui a prêté généreusement son appartement situé au 43è étage d’un hôtel appartenant à la mairie de New-York. Cet immeuble de Manhattan Plazza est uniquement occupé par des musiciens classiques ou de jazz. Le deuxième numéro de téléphone lui a été donné par Bernard Bano Robles. Il s’agit des coordonnées de la photographe française Martine Barrat spécialisée dans les photos de boxe et les prises de vue de Harlem. Nougaro est influencé par Harlem et adopte Fable of Faubus de Mingus pour la chanson « Harlem ». Il rencontre, Philippe Saisse, un Marseillais de 30 ans, un génie des synthétiseurs. Mick Lanaro lui a conseillé ce troisième contact à New-York. Saisse a une formation de percussionniste et de pianiste et a travaillé avec Al Jarreau et Chaka Khan. Nougaro lui présente le projet d’un album qu’il a déjà intitulé « Nougayork ». Le lendemain, Saisse commence à jouer l’intro au synthé et Claude retravaille une dernière fois le texte qu’il vient d’écrire sur la table de la salle à manger de Charles Mingus. La chanson « Nougayork » est composée en une journée. De retour à Paris, Claude fait écouter les maquettes à Mick Lanaro. Cela lui plaît mais il sait que ça ne plaît pas à l’entourage de Nougaro. WEA a signé un contrat à Nougaro sur la présentation de deux titres « Nougayork » et « Ryth’n flouze ». « Il faut tourner la page » est la seule chanson dont les paroles étaient déjà écrites avant que Claude arrive à Manhattan. Marcus Miller était passé dans le studio pour saluer Saisse et il a accepté de jouer sur « un écureuil à Central Park ». Nougaro en est resté ébahi. « Nougayork » a ouvert à Claude un public qu’il n’avait pas. « Nougayork » sort en septembre 1987 et se vend rapidement à 400 000 exemplaires. La maison Barclay lui envoie un télégramme : « Tant pis pour nous, nous nous sommes trompés, bravo ».

En 1988 sort l’album « Pacifique » qu’il a enregistré à Los Angeles. Michel Colombier, le célèbre compositeur français a collaboré à ce disque. Il a travaillé avec Prince et Gainsbourg. Nougaro a perdu son père le 26 octobre 1988 et lui a rendu hommage sur la chanson « Toi là-haut ». Le 19 novembre 1988, il reçoit la Victoire de la musique du meilleur artiste masculin de l’année et du meilleur album pour « Nougayork ». La même année, la SACEM lui décerne le Grand Prix de la chanson française. Du 18 au 30 avril 1989, Nougaro chante au Zénith de Paris. Un disque et une vidéo en sont tirés. Nougaro finit sa tournée avec ses musiciens états-uniens à l’Olympia en février 1990.

La voix de l’enfant phare (1991-1999)

Après avoir vu William sheller seul au pinao, Nougaro a l’idée d’un spectacle épuré, ce sera la tournée « une voix dix doigts » avec Maurice Vander. Il revisite ses anciennes chansons avec son vieil ami. Il y aura 222 concerts. L’Olympia les accueille du 21 janvier au 12 février 1992. Il y a deux nouvelles chansons « Tendre » et « Les mots ». En 1993, Nougaro enregistre l’album « Chansongs » produit par Mick lanaro. On y trouve un tango rock « Vie violence » composé par Richard Galliano. Nougaro écrit avec Didier Lockwood une chanson pour Hélène « L’Irlandaise ». Il travaille avec l’Africain Ray Lema pour un hommage à sa terre natale « C’est une Garonne ».

En 1996, Claude crée le festival Garonne pour déelopper l’expression artistique toulousaine. Nougaro part en tournée avec Maurice Vander et les musiciens de Didier Lockwood. Ils retrouvent l’Olympia en novembre 1994. La tournée est stoppée car Claude subit un pontage coronarien en avril 1995. En 1997, sort l’album « L’enfant phare ». Il a travaillé avec le pianiste Arnaud Dunoyer de Segonzac qui a intégré la troupe habituelle. Nougaro chante ses nouvelles chansons en octobre 1997 au Casino de Paris. En 1998, Nougaro chante au bord de la Garonne un concert qui donne lieu à une vidéo et un live intitulé « Hombre et lumière ». Il reçoit la Légion d’honneur et l’Ordre national du mérite le 23 mars 1998 décerné au Lapin agile.

Embarquement immédiat

En 1997, Nougaro souhaite revendre son catalogue éditorial pour des raisons personnelles. Claude passe par une phase de remise en question professionnelle. « L’enfant phare » ne s’est pas bien vendu. Nougaro rencontre Yvan Cassar, arrangeur de Johnny Hallyday. Claude lui propose d’arranger deux chansons pour une émission avec l’orchestre symphonique de Toulouse. Yvan s’attaque à Vie Violence et à Toulouse. Le résultat est concluant. Claude décide alors de lui confier la réalisation de son nouvel album « Embarquement immédiat ». Cassar compose la moitié de l’album et Nougaro l’autre moitié. Fruit de trois années de travail d’écriture, l’album se dessine en trois axes : le retour au jazz, aux percussions verbales africaines et aux harmonies classiques. Nougaro présente ses nouvelles chansons au Palais des Congrès de Paris.

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Commentaires
F
L'artiste utilise des figures de style dans la chanson il y avait une ville, citez deux exemples. svp avant demain !!
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M
J'ai bien connu Fodé Youla. Il n'était pas Ivoirien mais Guinéen<br /> <br /> Cordialement Marianne
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Humanisme : le Contrat social
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