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Humanisme : le Contrat social
26 mars 2010

Le spiritisme (Jacques Lantier) I

Le spritisme ou l’aventure d’une croyance (Jacques Lantier)

spiritisme

 

En 1847, les vivants entrèrent pour la première fois en "  communication directe avec les morts " . Deux jeunes états-uniennes, les soeurs Fox, prétendirent avoir conversé avec un fantôme en utilisant des claquements de doigts. Le spiritisme est une doctrine aux origines primitives, qui repose, aud-delà de la croyance archaïque au dualisme du corps et de l’âme, sur l’existence d’un troisième principe, appelé "  Kâ " par les anciens Egyptiens, "  corps astral " par les théosophes et "  périsprit " par les spirites modernes. Selon cette conception, le corps est un composé matériel, tandis que l’âme possède une essence supérieure, voire divine. Quant au périsprit, il serait constitué par un " fluide "  transformable. Il s’agirait d’une sorte d’enveloppe aux propriétés électromagnétiques qui, durant la vie, maintiendrait l’âme dans le corps. Après la mort, elle obligerait l’âme à demeurer sur notre planète et à y errer un certain temps. Les fantômes des esprits, c’est-à-dire des âmes encore prisonnières de leur périsprit attendraient leur réincarnation ou leur retour en dieu. Le spiritisme moderne a été formulé par le Français Allan Kardec au XIXè siècle et enrichi par plusieurs de ses disciples. Il pose pour principe que les "  esprits " communiquent avec les vivants par l’intermédiaire de médiums. Les spirites prennent position sur les plans social et moral. Ils se dressent en champions d’un "  spiritualisme " et d’un " socialisme "  farouchement hostiles aux théories matérialistes. Ils pensent que nous sommes individuellement responsables de notre destin (lois du karma). Le spiritisme est combattu par l’Eglise catholique et la science officielle. Il est repoussé par la plupart des psychanalystes occidentaux. Le spiritisme a favorisé dans les lettres et les arts la grande explosion du romantisme t du surréalisme.

 

Une bien ténébreuse affaire

 

A Alger, en 1905, Gabriel Delonne, fondateur de l’Union spirite franco-belge et le futur prix Nobel Charles Richet sont venus de Paris pour assister à des apparitions et  vérifier les phénomènes étranges qui se produisent chez le général Noël par l’intermédiaire d’un médium, la jeune Marthe Béraud. Richet a vérifié la maison de Noël de fond en combles et n’a trouvé aucun truquage. Richet a examiné Marthe Béraud. Elle ne présente aucun signe de maladie physique ou mentale. Un fantôme est apparu à Richet celui d’un ancien grand-prêtre qui vivait 350 ans plus tôt dans l’Hindoustan. Le lendemain, Richet a vu apparaître le fantôme de la princesse égyptienne Bergolia. Elle était nue et éclatait de rire. Richet a pu lui couper 15 centimètres de cheveux. Après quoi Richet n’a pas revu la princesse. Il a analysé les cheveux et a vu qu’ils étaient véritables. Cette histoire a ému le monde scientifique. On prétendit que la princesse était grande et blonde. Quand au grand-prêtre il était joué par un employé de Noël. Richet vit d’autres phénomènes de ce genre chez les Noël. Marthe Béraud partit pour Paris sous le nom d’Eva Carrière sous lequel elle s’illustra comme fameux médieum. Elle se présenta même en Sorbonne devant des savants. Jamais personne ne parvint à découvrir dans son "  art "  la moindre supercherie. Les personnalités de la Sorbonne conclurent à la mystification. On peut dire que c’est à cause d’elle que la majorité des hommes de science se détournèrent des problèmes de parapsychologie et des cercles spirites. Le docteur de Schrenck-Notzing soutint Eva mais comme il était allemand, on vit dans ces apparitions des fantômes l’intervention de l’espionnage allemand cherchant à démoraliser la nation. Aussi, durant la guerre de 14-18, les histoires fantastiques d’espions et de fantômes furent-elles étroitement mêlées.

 

Les merveilles du magnétisme.

 

Franz-Anton Mesmer (1734-1815) était un médecin à qui ses contemporains reconnurent à la fois une intelligence exceptionnelle et un goût immodéré de la farce et de la mystification. Il pratiquait à Vienne et publia dans cette ville, en 1775, une lettre explicative dans laquelle il expose aux académies d’Europe une théorie peu orthodoxe. Appliquant le principe de " l’attraction universelle " défini par Newton à la théorie du " fluide universel " admise depuis deux siècles, il constate que le fluide exerce sur le corps humain des effets analogues à ceux de l’aimant. Il désigne sous le nom de " magnétisme animal " la cause de ces phénomènes. Mesmer établit que le corps humain se comporte comme un aimant, en raison de la présence dans les nerfs d’un fluide électro-magnétique. Il suppose qu’en agissant sur ce fluide on pourrait guérir les maladies des nerfs et les autres. En 1779, après s’être livré à de nombreuses expériences, Mesmer publia un " Mémoire sur le magnétisme animal " qui lui valut l’hostilité de ses confrères et l’animosité des Viennois. Il vint s’installer à Paris et ouvrit un cabinet Place Vendôme. Il guérit quelques personnes de qualités qui lui firent une grande réputation. Mesmer recevait jusqu’à 300 personnes par jour et les soignait par groupe d’une trentaine. Il avait fabriqué une sorte de baquet d’environ deux mètres de diamètre, épais de cinquante centimètres et surmonté d’un couvercle. Ce baquet contenait des bouteilles d’eau, calées par un mélange de limailles de fer et de verre pillé. Trente tiges métalliques plongeant dans le baquet sortaient vers l’extérieur. Les malades devaient s’y tenir. Mesmer, revêtu d’un déguisement de couleur lilas, la tête coiffée d’un turban rose, allait et venait parmi les patients en les touchant avec une " baguette magique ". Un artiste jouait du piano une musique " magnétisante ". La séance terminée, les aides conduisaient les malades dans deux pièces attenantes. Dans l’une on mettait les hommes et dans l’autre les femmes. C’étaient des " salles de convulsions ". Chacun s’y déchaînait. L’affaire provoqua un scandale retentissant. Mais des malades guérissaient. Louis XVI, très partagé, demanda à l’Académie de médecine de se livrer à une enquête et de prendre elle-même la décision. Elle interdit en 1780 la méthode magnétique. Mesmer quitta la France pour Spa en Belgique. Les partisans de Mesmer étaient appelés les " fluidistes " et ses opposants les " animistes " (car ils pensaient que les résultats obtenus par Mesmer se passaient dans l’imagination). Un disciple de Mesmer, Puységur exerçait en Champagne sur les paysans. Il démontra que le " somnambulisme expérimental " s’expliquait par le magnétisme. Des " cercles magnétiques " se formèrent à Paris, ils allaient se transformer en " cercles spirites ". L’Académie de médecine révisa son jugement sur le magnétisme et l’encouragea comme une branche très curieuse de la psychologie. C’est seulement en 1840, que l’Académie de médecine condamna définitivement le magnétisme.

Un célèbre médecin allemand, le docteur Kerner fut le premier écrivain spirite connu. Il publia en 1830 " La voyante de Prevorst ". Il livra ses expériences sur une voyante, Frédérique Hauffe, qui jouissait, en état d’hypnose, de facultés mentales extra-naturelles. Elle voyait des " fantômes " qui lui annonçaient des décès plusieurs jours à l’avance. Les prédictions se réalisaient. James Braid, chirurgien de Manchester, fit la démonstration que les phénomènes psychiques obtenus par le magnétisme pouvaient être tout aussi bien provoqués par l’hypnotisme. La querelle entre animistes et fluidistes devait entraîner la réflexion des savants. Celle-ci permit d’échafauder l’hypothèse de l’inconscient sur laquelle Freud allait bâtir sa célèbre théorie.

 

Des faits extraordinaires aux Etats-Unis

 

A Hydesville, près de New-York, une nuit de l’année 1847, vers une heure du matin, un hurlement de terreur réveilla en sursaut les époux Wecman. Leur fille avait été réveillée par des bruits qui ressemblaient à des craquements de branches mortes. Epouvantée, elle s’était dressée dans son lit mais une grosse bête était montée sur elle et s’était glissée jusqu’à son cou. Elle avait senti que c’était une main, elle avait crié et perdu connaissance. Pour ses parents c’était un cauchemar. Quelques semaines plus tard, la maison fut réveillée par des bruits sourds. On aurait dit que quelqu’un essayait de défoncer un mur avec une masse. LA petite fille se mit à crier. Puis on entendit plus rien. Mme Weckman décréta que la maison était hantée et la famille partit pour New-York. Un fervent méthodiste du nom de John Fox s’installa dans la maison avec sa femme et ses deux filles, Kate, 12 ans et Margaret 14 ans. A peine les Fox avaient-il emménagé que des phénomènes étranges se produisirent. Des coups étaient frappés dans les murs la nuit. On entendait quelqu’un marcher d’un pas pesant, les planchers craquaient, les serrures grinçaient. John Fox avertit ses voisins et demanda l’intervention des autorités religieuses. La population monta la garde quelque temps la nuit. Les filles entendirent des claquements de doigts. Kate décida d’y répondre et un fantôme réagit. Margaret fut impressionnée mais Kate continua le soir. Elle alla réveiller ses parents qui assistèrent au phénomène. Mme Fox éprouva une vive angoisse. La famille décida de garder le secret. La nuit suivante, l’esprit se manifesta de nouveau et les Fox conversèrent avec lui. Un coup frappé signifiait oui et deux coups non. Alors les Fox alertèrent les autorités. Un pasteur, un juge et un médecin décidèrent de passer la nuit suivante dans la maison des Fox et une partie des voisins restèrent dehors. L’esprit reprit le dialogue avec les Fox et les autorités. On arriva de New-York et de toute la région pour écouter l’esprit. L’Eglise méthodiste prononça l’exclusion des Fox et interdit aux fidèles de les fréquenter car ils étaient, pour elle, en relation avec le diable. Un quaker nommé Isaac Port eut l’idée de composer un alphabet correspondant à un nombre précis de coups et de le proposer au fantôme et cela fonctionna. L’esprit s’appelait Charles Ryan, colporteur qui avait été assassiné en 1832 à 31 ans. Son cadavre avait été enterré dans la cave des Fox. Il refusa de donner le nom de son meurtrier car il appartenait à un monde où toute vengeance était exclue. Tout ce que l’esprit déclara fut confirmé. Alors les Fox partirent en 1848 pour Rochester chez leur fille aînée, Mme Fish. Mais la maison de celle-ci devint aussi le théâtre de phénomènes. Les événements furent commentés dans tous les Etats-Unis et en Europe. Le but des esprits étaient de " faire connaître la vérité au monde entier ". Les Fox apprirent que les esprits étaient leurs parents et amis mais décidèrent de ne pas donner suite à leurs revendications. Pendant douze jours on n’entendit plus un seul coup. Mais les Fox regrettèrent un devoir qui leur avait été imposé au nom de la vérité alors ils reprirent contact avec les esprits qui leur conseillèrent de louer la grande salle de " Corinthian hall ". Les médiums devaient monter sur l’estrade. G. Willes et C.W. Capron furent désignés pour lire une conférence. Mais les Fox refusèrent d’affronter le public. Les esprits acceptèrent alors le principe de réunions dans des salons discrets. Ainsi eurent lieu les premiers rassemblements spirites de l’histoire. La première réunion publique eut lieu le 14 novembre 1843 devant des centaines de personnes au " Corinthian hall " de Manchester. Elle marqua le départ officiel du mouvement spirite. Un an après, 10 000 spirites se réunissaient à New-York. L’alphabet de Port fut abandonné. Comme certains esprits frappaient avec des tables on utilisa ce mode de communication. Certains esprits se livrèrent à des facéties regrettables. Les médiums furent insultés et menacés.

 

Le brillant prophète : Allan Kardec

 

En 1854, le docteur Rivail, connu pour ses ouvrages de pédagogie rencontrait son ami Carlotti qui l’entretint de phénomènes mystérieux dont il avait été témoin. Rivail se sentit saisi d’une intense émotion d’autant que son ami lui révéla que les esprits lui réservaient une importante mission. Toute la vie d’Hippolyte Rivail s’était déroulée hors des voies du romantisme, rien ne pouvait donc l’attirer vers l’occultisme. Né à Lyon le 3 octobre 1804 dans une famille de juristes, Rivail fit des études de médecine. Il obtint les baccalauréats de lettres et de sciences. Il fut attiré par la pédagogie et accumula les diplômes de sciences et de philosophie. Il apprit les langues étrangères. Vers 1830, il s’installa à Paris où il fonda un Institut scientifique dans lequel il professa l’enseignement moderne selon les méthodes de Pestalozzi. En 1832, il épousa Amélie-Gabrielle Boudet institutrice et fille d’un riche notaire de province. Suite à des problèmes financiers, Rivail ferma son institut. L’argent de la vente fut perdu car Rivail l’avait confié à un ami malhonnête. Alors Rivail tint la comptabilité de plusieurs commerçants et continua de se consacrer à la pédagogie en écrivant des manuels de grammaire et de maths. Il publia des cours de droit et des cours de médecine. Nombre d’entre eux furent couronnés par les académies et rendus obligatoires dans les écoles. En 1849, il accepta d’enseigner la physique et la chimie dans un lycée tout en continuant à écrire des livres. Il avait le magnétisme pour distraction et était partisan de Mesmer mais l’idée d’une table parlante n’entrait pas encore dans son cerveau. Un événement fortuit allait pourtant conduire Rivail au spiritisme. Il rencontra, chez la somnambule Mme Roger, M. Pâtier, un homme très instruit qui l’invita à une séance de spiritisme. Il se promit d’approfondir les lois de ces phénomènes. Il suivit les séances hebdomadaires de la famille Baudin. C’est là qu’il fit ses premières études sérieuses en spiritisme. Cela prouva, pour lui, l’existence d’un monde invisible ambiant. Rivail agit avec les esprits comme il agissait avec les hommes. Par la suite, Rivail ne devait jamais séparer magnétisme et spiritisme. Ses amis avaient recueilli nombre de rapports en France et aux Etats-Unis sur le spiritisme et il se décida à en faire la synthèse. Il avait l’impression de perdre son temps devant ces fadaises alors il annonça son abandon à ses amis puis il reprit le travail pour ne pas leur faire de peine. Au cours d’une séance de magnétisme, une somnambule lui révéla qu’il avait été dans une vie antérieure un druide celte du nom d’Allan Kardec et que les esprits allaient l’aider à faire connaître au monde une nouvelle doctrine. Alors sa conviction s’affirma. Les esprits existaient. Il donna les fondements d’une nouvelle philosophie dans un gros ouvrage qu’il intitula ? Le livre des esprits ". Le 25 mars 1856, Rivail entendit des coups sur les murs de sa maison. Il en demanda l’origine le lendemain dans une séance de spiritisme. C’était son esprit familier qui se  manifestait. Il voulait être appelé La vérité et interviendrait un quart d’heure tous les mois. L’esprit lui fit corriger des erreurs dans ? Le livre des esprits ". Pour tous les spirites du monde, la de la ? Révélation " fut le 30 avril 1856. Ce jour-là, l’esprit de la Vérité révéla que Rivail avait été choisi entre tous pour accomplir une ? mission " destinée à apporter le salut au monde. L’esprit vérité lui avait prédit que son combat serait dur et qu’il devrait subir haine, jalousie et trahison de ses amis et cela fut avéré. Son livre fondamental parut le 18 avril 1857. Il donna à sa nouvelle doctrine le nom de spiritisme pour éviter toute équivoque sur le mot ? spiritualisme " qui s’applique à des théories très diverses. ? Le livre des esprits " fut à la base du mouvement spirite international. Le 1er janvier 1858, Alla Kardec créa la Revue spirite ". Le même jour, il fonda la Société parisienne des Etudes spirites. Le ministre de l’Intérieur était lui-même spirite, Kardec put trouver un local rapidement. Kardec fut président de la Société Spirite. Il voyagea dans toute la France pour propager ses idées et encourager l’organisation de cercles spirites. Un libraire de Barcelone voulut vendre les livres de Kardec mais l’Eglise espagnole pratiqua un autodafé sur les oeuvres de Kardec les jugeant immoraux. Cela n’empêcha pas l’Espagne de devenir l’un des foyers les plus actifs du spiritisme mondial. Kardec dut lutter contre l’Eglise, la science et les charlatans (voyants et fakirs) qui jetaient le discrédit sur le spiritisme. Epuisé par un surmenage constant, cardiaque de surcroit, il mourut subitement, sans souffrance à 65 ans, le 31 mars 1869. Les idées essentielles qui firent le succès du spiritisme furent l’observation de phénomènes paranormaux qui obéissent à une ? cause intelligente ? appartenant à l’ordre des êtres incorporels désignés sous le nom d’esprits. Les esprits ne se manifestent que par l’intermédiaire de médiums. La médiumnité n’est pas un état définitif. L’homme est formé de trois principes, le corps matériel, un principe non mortel appelé l’âme. L’âme est prisonnière du troisième principe, le périsprit (sorte de corps fluidique vaporeux invisible à l’état normal mais tangible dans certains cas). Le périsprit existe pendant la vie du corps, c’est lien entre l’esprit et la matière. Les réincarnations successives ont pour but de permettre aux âmes de parvenir à la perfection morale. L’homme naît bon ou mauvais selon qu’il est l’incarnation d’un esprit avancé ou arriéré. La morale de Kardec est parfois éloignée de la morale prônée par les Eglises et en particulier par l’Eglise catholique. Elle est dans la voix tracée par Jésus dans son enseignement et par son exemple. Cette voie fuit suivie par les premiers chrétiens mais dénaturée par les pères de l’Eglise au conciel de Nicée.

 

Les pionniers du spiritisme

 

Les oeuvres d’Allan Kardec eurent un grand retentissement durant la seconde moitié du XIXè siècle. Hugo, Théophile Gautier et bien d’autres illustrèrent le mouvement spirite. Kardec eut pour disciple Léon Denis. Né le 1 janvier 1846, Denis était le fils d’un cheminot lorrain venu prendre à Tours une modeste retraite. Léon avait dû quitter l’école très tôt par manque d’argent de ses parents. Il devint commis aux écritures. Au hasard de ses lectures il tomba sur le ? Livre des esprits ?. Ce livre l’enthousiasma. Il rencontra Kardec et devint secrétaire du cercle spirite de Tours. Durant la guerre de 1870, Denis devint officier. Il logea dans une demeure hantée qui avait été autrefois le théâtre de scènes sanglantes. Il assista alors à des phénomènes dans cette maison. Après la guerre, il attribua la défaite au régime bonapartiste et devint républicain. Il devint franc-maçon et fut élu orateur dans la loge les Démophiles. Les spirites étaient alors nombreux dans la franc-maçonnerie. C’est pourquoi les évêques étaient hostiles au spiritisme. Sous l’influence de l’esprit de Jeanne D’Arc, Léon Denis écrivit des romans et essais qui eurent beaucoup de succès. Il devint orateur de la Ligue de l’Enseignement qu’avait créée Jean Macé. Léon Denis mourut à Tours le 12 avril 1927. Avec Gabriel Delanne, c’est un troisième courant de pensée qui apparaît. L’ambiance n’est plus romantique ni romanesque. Delanne se veut rationaliste au sens de Kant. Pour lui, le spiritisme devait être scientifique. Il naquit le 23 mars 1857. Ses parents commerçant se convertirent au spiritisme quand il était enfant. Sa mère était médium  écrivain automatique. Il fit des études scientifiques et réussit le concours de l’Ecole centrale. Il devint ingénieur à la compagnie électrique Popp qu’il quitte en 1892. En 1882, il devint responsable de la Fédération spirite française et belge. Il fut rédacteur en chef de la revue Le spiritisme . Il n’admettait pas la divinité de Jésus mais le considérait comme un médium. Cependant il était croyant et mystique. L’oeuvre écrite de Gabriel Delanne est considérable. Son premier livre, « Le spiritisme devant la science » paraît en 1885. En 1897, dans « Le phénomène spirite » il recueillit des témoignages de savants sur les phénomènes paranormaux. Il eut un mécène, Jean Meyer, qui lui servit une rente jusqu’à sa mort en 1926. Parmi les pionniers du spiritisme, il faut citer Pierre Gaëtan Leymarie né en 1827 et mort en 1901. Républicain, il fut proscrit par le coup d’Etat de Napoléon III. Il s’installa au Brésil. L’amnistie lui permit de rentrer en France mais il conserva des relations au Brésil. Il fut l’inspirateur de ce spiritisme socialiste qui caractérise le mouvement au Brésil. Avec le fouriériste, Jean-Baptiste Godin, il créa un nouveau courant spirite qui se répandit dans le monde. Il fut également théosophe. Il fonda la Ligue de l’Enseignement avec Jean Macé. Il créa aussi la Société scientifique d’Etudes psychologiques et assura la direction de la Revue spirite. Il faut également citer le docteur Gibier, adjoint de Pasteur. Il fut le directeur de l’Institut Pasteur aux Etats-Unis jusqu’à sa mort en 1900. Il se livra à un grand nombre d’expériences spirites et publia deux ouvrages « Le spiritisme » en 1887 et « Analyse des choses » en 1899. Le docteur Geley (1865-1924) était lui aussi un savant. Il écrivit plusieurs livres spirites. Il devint président de l’Institut métapsychique international. Avant Freud il travailla sur le subconscient et publia « L’être et le subconscient » en 1899.

 

Les médiums et leur mystère

 

La première théorie sur les médiums fut exprimée par le savant Chevreul, après une étude approfondie du mystérieux phénomène du pendule de radiesthésie. Il expliqua que l’on se trouvait en face « d’une classe particulière de mouvements musculaires que nous exécutions sans en avoir conscience : le sujet exprimerait une connaissance inconsciente ». En 1855, l’Académie des sciences déclara que le phénomène des tables tournantes et tous les faits comparables devaient recevoir la même explication que celui du mouvement du pendule de radiesthésie. Pour Léon Denis : « un médium peut servir d’intermédiaire entre deux humanités, la visible et l’invisible ». Pour Kardec : « toute personne qui ressent à un degré quelconque l’influence des esprits est, par cela même, un médium ». Kardec cite neuf types de médiums : les médiums à effets physiques (ceux qui produisent des effets matériels tels que les bruits), les médiums « sensitifs » sont sont des personnes susceptibles de ressentir la présence des esprits par une vague impression, les médiums parlants s’expriment sans avoir conscience de ce qu’ils disent. Les médiums voyants voient les esprits. Les médiums somnambules agissent sous l’influence de leur propre esprit Les médiums guérisseurs sont capables de guérir les maladies par simple attouchement, par le regard sans aucune médication. Les médiums pneumatographes sont aptes à l’écriture directe. Les médiums écrivains écrivent sous la dictée de l’esprit. Le premier grand médium fut découvert en Europe par un savant italien, le célèbre docteur Lambroso (1835-1909). Celui-ci se refusait à admettre l’existence des phénomènes paranormaux et à s’y intéresser. Puis il rencontra Eusapia Palladino qu’il examina. Celle-ci fit voler une table. Alors le docteur recommença l’expérience en la présence de prestidigitateurs pour vérifier qu’il n’y avait pas de trucages mais il dut admettre les faits et se convertit au spiritisme. Eusapia Palladino (1854-1918) était une pauvre fille sans instruction et sans culture. Sa mère était morte en lui donnant le jour alors elle avait reporté toute son affection sur son père. Celui-ci fut tué par des bandits devant elle. Jusqu’à la puberté, elle souffrit d’hallucinations. A 15 ans, elle devint lingère. Sa patronne avait pour client le professeur Damiani, un spirite,  qui comprit qu’il avait affaire à un médium dès qu’il vit Eusapia. Il la recueillit et l’entraîna à développer ses dons. Mais elle exagéra ses dons et fut surprise de fraudes par des expérimentateurs. A Paris entre 1904 et 1908, Eusapia accepta d’être soumise à des expériences devant des savants comme Pierre et Marie Curie ou Bergson. Ils publièrent un document relatant les faits mais prendre partie. Il y eut un autre médium célèbre, Daniel Dunglas Home, chez qui jamais on ne décela la moindre tentative de fraude. Il naquit le 20 mars 1833 à Edimbourg dans une famille de « voyants ». Il partit pour les Etats-Unis avec sa tante qui finit par l’abandonner à cause des phénomènes paranormaux qu’il produisait. L’université Harvard s’avoua impuissante à le guérir alors il se prêta à toutes les exigences de la science. Il fit surgir des fantômes.

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