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Humanisme : le Contrat social
29 mai 2010

Les sociétés secrètes mènent le monde II

10 Cinq cadavres

Le 24 avril1937, un passant épouvanté, découvrit le cadavre d’un homme dans le bois de Boulogne. L’homme avait été poignardé par derrière. C’était Dimitri Navachine, sujet russe et banquier. Il était une personnalité de la Grande Loge de France, membre de la loge « les Amitiés internationales » qui groupait de hautes personnalités du monde de la politique et de la finance mondiale. Navachine était administrateur-délégué de la Banque Commerciale de l’Europe du Nord, organisme de commerce extérieur soviétique. En loge, il prônait le rapprochement franco-soviétique. L’affaire fut rapidement classée.

Le 19 mai 1941, un homme s’écrase sur le sol, rue Raynouard. C’est une grand mutilé de la 1ère Guerre. Enquête superficielle qui conduit au suicide. C’était Jean Coutrot. Il avait deux secrétaires. Le 1er Franck Théallet était mort subitement le 23 avril précédent. Le second, Yves Moreau, mourut rapidement et  étrangement quelques semaines plus tard. Jean Coutrot était un ancien polytechnicien et membre de ce que les feuilletonistes appellent les 200 familles. A partir de 1930, il abandonna les diverses directions qui lui avaient été confiées pour se consacrer tout entier à la diffusion, parmi les officiels et les technocrates, d’idées audacieuses et dont il se garda de fournir la source. Il fonda le groupe X crise réservé aux polytechniciens. Il écrivit « L’humanisme économique ». Il appartint au cabinet ministériel de Spinasse, ministre de l’Economie nationale dans le gouvernement Léon Blum. La thèse du suicide est psychologiquement insoutenable.

Constant Chevillon, né le 16/10/1880 fut le grand-maître de l’Ordre martiniste, de l’ordre maçonnique mystique de Memphis-Misraïm. Il vivait à Lyon. En 1941, une perquisition pratiquée par des policiers de Vichy le dépouilla de sa bibliothèque et de ses archives. Le 25 mars 1944, des individus se disant policiers forcèrent son domicile en pleine nuit. Le lendemain on retrouva son corps criblé de balles. Une enquête, menée après guerre, attribua cet assassinat aux sbires de Jacques Doriot. Ces cinq morts mystérieuses ont un point commun. Les cinq hommes avaient connaissance d’un document secret provenant d’une société occulte politique et initiatique, il était intitulé Pacte Synarchique révolutionnaire pour l’Empire français. Ce document était la base de la convention Synarchique Révolutionnaire dont le but était la prise du pouvoir pour l’instauration d’un régime synarchique. Dans le pacte on trouvait ce titre : 3mouvement Synarchique d’Empire » avec treize points fondamentaux et 598 propositions. Les treize points étaient : la révolution intégrale, le synarchisme révolutionnaire, le peuple (le peuple est reconnu comme la réalité foncière du mouvement synarchique), l’Empire, l’Etat, l’Ordre réel (synthèse d’autorité et de liberté), l’Ordre synarchique substitue la révolution des gouvernants à la révolte des gouvernés ; hiérachie naturelle ; ordres et pouvoirs réels ; Démocratie véritable ; concorde impériale (coopération des races sous le signe de l’humanisme universel) ; loyalisme mutuel ; Economie d’Empire et enfin paix mondiale.

Le Mouvement Synarchique d’Empire était inspiré par Saint-Yves d’Alveydre.

2è partie : En Orient et en Afrique

I La Triade

Wu Yu Chang, sans métier défini, croupissant dans un taudis de Hong-Kong. Sa femme ne lui a donné qu’un fils malingre. Son père a rossé son fils aîné ce qui a fait de lui un paria et Wu Yu Chang a été exclu d’un clan puissant. Il fait parfois d’obscures besognes chez M. Tchou Tsou Pao, le riche épicier de Chou Road et Tchou Tsou s’intéresse subitement à ce coolie maigre. Grâce au parrainage de Tchou Tsou Pao, Wu Yu Chang va être initié aux secrets de la plus puissante des société secrètes e la Chine du Sud : la Grande Triade. Il a été introduit dans une vaste salle oblongue, violemment éclairée. Autant qu’il peut en juger car on lui a bandé les yeux. Il franchit trois porches successifs. Il se relève, qu’un’un commande : « Salue » Wu s’incline profondément. Son bandeau est arraché. Il distingue un énorme boisseau de riz où sont plantées cinq bannières de couleurs différentes. En face de lui, une estrade rouge et or où trônent des inconnus vêtus de robes blanches, couleur de deuil, ceints d’écharpes de même ton que les bannières. Le temple est oblongue. Sur les deux côtés Wu devine une mutltitude de présents. Il est devant ses juges, le Ta-Ko (président), le Eul-Ko (fils du président), le Hong-Koven (assesseur). On lui demande ce qu’il est venu faire ici. Il répète ce que le cérémoniaire lui dicte : Je désire être admis dans la Triade, c’est-à-dire la Société du Ciel, de l’Homme et de la Terre. Wu doit jurer de ne dévoiler les secrets de la Triade en aucune circonstance, même sous la torture. Le but suprême de l’Ordre est de renverser les Tsing et glorifier les Ming. LE rituel évoque le voyage des postulants par terre, décrit les temples où ils s’arrêtent et les inscriptions politico-religieuses que portent ceux-ci. Le voyage se poursuit par mer, à bord de la barque mystique aux 21 cales et aux 21 ponts, aux 72 voiles et aux 108 clous, à bord de laquelle se trouve la déesse Guan-Yin. Une escale permet une excursion botanique sur une montagne en vue de cueillir 108 plantes sacrées. Le navire aborde ensuite au marché de la Grande Paix. Wu est admis. Des cérémoniaires tiennent, de la main gauche, trois bâtons d’encens incandescents. Un chandelier, avec sept cires rouge, est allumé. Wu trace son nom nom sur un papier jaune, qui est aussitôt brûlé, et dont les cendres sont recueillies dans une coupe. Wu sacrifie un coq. Quelques gouttes de sang sont recueillies dans la coupe. Wu doit se piquer l’annulaire de la main gauche. Le sang de Wu est mêlé à celui du coq. La coupe est remplie de vin et Wu la boît. Au cours de la seconde réunion, on apprend à Wu les mots, signes et attouchements de la Fraternité. Si on se méfie d’un indiscret, avertir les frères en murmurant « quel froid accueil j’ai reçu dans cette maison ». Wu gravit les degrés et atteint le grade de « Gardien de la porte du Nord ». M. Li Wang lui prête assez d’argent pour s’établir épicier. Il acquiert une jolie concubine pour un prix modique. En la prêtant à un étranger, il obtint des renseignements diplomatiques qu’il s’empresse de transmettre à la hiérarchie Hang. Son fil, Wu-Eul, est admis gratuitement dans une bonne école. Un vieillard, Yu Lao, l’agrée comme t’eou (disciple). Yu Lao est son tche (instructeur). Yu Lao a 120 ans. Il apprend à Wu que la vraie médecine, la véritable hygiène consistent à garder une balance égale entre Yin et Yang mais aussi il faut s’exercer au Tao-Ying, une technique de respiration. Wu échoue à la pratique du Tao-Ying et ne revoit plus son Tche. Il ne sra jamais un Phap, un sage mais un Tchou, un exécutant. Le temple où se pratiquent les initiations se nomme la Cité des Aules. Le saule étant un symbole de l’immortalité. Chaque cité des saules est administrée par un directoire ainsi composé : Taï-Ko (grand frère) président, Eu-Kol (petit frère) au nombre de 2, vice présidents; Sien-Kang (maître de l’encens), directeur des cérémonies; Sien-Fong (avant-garde), gardien; Sseu-Taï (écrivain), secrétaire; Hong-Kouan (poète), orateur, gardien de la tradition. Au sommet de la hiérarchie centrale, les Taï-Fa, qui orchesternt les activités des cités des saules. Les Ton-Sang, qui inspectent les cités, les Taï-Feu-Chou ou maîtres des eaux, médecins, pharmaciens et empoisonneurs. La doctrine métaphysique de la Triade vient de Confucius et Lao-Tse. Leurs deux doctrines, confucianisme et Taoïsme se complètent. Les sociétés secrètes chinoises sont des « applications pratiques » du Taoïsme. A l’origine de toute chose se trouve le Tao. C’est l’ordre de l’univers, la loi cosmique. Il «émane » le Te, qui possède en lui deux principes opposés et complémentaires : le Yin et le Yang. Avant la manifestation, le Tao est concentré, immobile, en dehors de l’espace et du temps. Avec l’apparition du Te commence le temps. Le Te, avec le Yang, extériorise le ciel, avec le Yin, la terre. Ciel et Terre sont comparés aux deux parois d’un soufflet gigantesque dont l’intérieur est rempli de Ki, le souffle vital primordial, qui, sous l’action combiné du Yin et du Yang, prend toutes les formes possibles. Ainsi, à la période d’expansion, naissent les Dix mille rêves. Chacun possède une étincelle du Tao. C’est son Sing. Prendre en soi conscience du Sing, c’est le but de chaque humain. Ils reviennent alors à leur origine, le Tao, qui est la seule réalité sous la multiplicité des formes illusoires. Les taoïstes admettent qu’il y eut, à l’aube de l’univers, un Age d’or. Si les hommes le perdirent, c’est qu’en leur imposant une organisation sociale, des lois, des contraintes, on ne pouvait plus vivre spontanément, « innocemment », ils s’éloignèrent du Tao. Retrouver l’Age d’or, en effaçant les barrières sociales, c’est le but des sociétés secrètes. Aussi loin qu’on remonte dans l’histoire de la Chine, on y décèle l’action de la Triade et de ses filiales. Mais c’est au milieu du XVII siècle que cette action prit un caractère politique. Les empereurs Ming furent défaits par les Mandchous en 1606. En 1644 les Mandchous s’emparent de Pékin et l’empereur Chouen-Tche fonde la dynastie mandchoue des Tsing qui règnera jusqu’en 1911. Tout Mandchou reçoit une pension viagère, ce qui écrase le peuple d’impôts. Les patriotes, les spoliés, les mécontents se terrent au sein de la Triade. Les frères de la Triade s’en prennent aux riches et aux Mandchous pour secourir les pauvres. En 1850, un Etat dans l’Etat s’instaure en Chine centrale, le Taï-Ping-Tian-Kong (Royaume céleste de la Grande Paix). C’est la révolte des Taï-Ping qui provoque cinq millions de morts. La guerre civile s’achève par la défaite des Taï-Ping; mais par un apparent paradoxe, elle contribua à l’implantation de la Triade dans les classes pauvres. La révolution Taï-Ping compromit l’équilibre économique de l’Empire mandchou. Des inodations affamèrent des millions de paysans. Les Occidentaux firent la guerre de 1856 à 1860. Mettant à profit ces circonstances catastrophiques, une filiale de la Triade, l’association Nian, déclencha un mouvement communiste dans les provinces centrales. Les Nian attaquaient les riches et les rouages de l’Etat. Apparemment vaincus, les Nian constituèrent des « maquis » qui harcelèrent la dynastie régnante jusqu’à son effondrement en 1911. Les sociétés secrètes chinoises polarisèrent leur haine sur les étrangers. Le Ye-He-Khouan que les Européens nommèrent les Boxers s’en prirent aux légations et aux entreprises occidentales. Les Boxers pratiquaient une sorte de yoga ressemblant à la boxe d’où leur nom. Le mouvement des Boxers se recruta essentiellement parmi les enfants abandonnés, les paysans ruinés, les soldats licenciés. Il comportait des compagnies d’adolescents « les lanternes bleues » qui agissaient parallèlement aux groupes masculins. Des chefs boxers furent circonvenus et se rallièrent plus ou moins ouvertement à l’impératrice Tseu-Hi, ce qui détermina, sous l’impulsion de la Triade, un schisme qui entraîna leur défaite et prépara le mouvement républicain en 1911.

Sun-Yat-Sen, un médecin de Macao est initié dans une loge maçonnique et simultanément dans une maison des saules. Il devient un leader du mouvement démocratique en Chine. Il crée une association ésotérique « La Renaissance de la Chine » et le Kuo-Min-Tang en 1912. Il s’appuie sur la « Ligue jurée » T’ong-Men-Hu qui proclame la République. Ensuite vient la lutte entre le leader républicain Tchang-Kaï-Chek et les communistes de Mao. A partir de 1937, les patriotes chinois luttent contre les envahisseurs japonais. Ils s’unissent autour de Mao. Celui-ci fait officiellement appel à l’appui des sociétés secrètes. Dans son manifeste de 1936 il parle de la Société des Aînés et des Anciens, l’aide activiste de la Triade. Mais une partie des sociétés triadiques se rallie à la caude de Tchang-Kaï-chek d’où la rupture avec Mao.

2 Le Cao-Daïsme

L’Indochine passa sous le contrôle français par le traité de Tien-Tsin (9/6/1885). Les Pavillons Noirs furent nos plus redoutables adversaires pendant ces campagnes coloniales. Les sociétés secrètes indochinoises mêlaient aux croyances taoïstes et bouddhiques le spiritisme. A Saigon, en 1925, quelques fonctionnaires indigènes ont lu les ouvrages de Allan Kardec et pratiquent le spiritisme. Au cours d’une séance, un esprit leur suggère d’adopter une nouvelle méthode de communication, la corbeille à bec, et leur conseille d’aller voir un Haut fonctionnaire, Ngo-Van-Chien pour plus de détails. Celui-ci n’est pas surpris par la visite des spirites car l’esprit, Cao Daï, lui a annoncé leur venue. Cao-Daï se définit comme étant l’Etre suprême, le Tout-Puissant. C’est sous le vocable de Cao Daï qu’il veut être vénéré par toute la Terre. C’est par le symbole de l’oeil ouvert qu’il sera adoré d’une latitude à l’autre. La corbeille à bec des spirites orientaux est une variété du Oui-Ja des spirites occidentaux. Cao-Daï ordonne à Ngo-Van-Chien de convertir un opiomane, Lê-Van-trung. Ngo est sceptique mais obéit. Il envoie une délégation chez l’athée, le jouisseur, Lê-Van-Trung. Celui-ci n’est pas surpris car il a été averti par un songe. Il arrête l’opium, liquide ses entreprises douteuses et distribue sa fortune à la nouvelle secte. Par le truchement de Ngo-Van-Chien, Lê-Van-Trung est consacré, par Cao Daï, Grand-Maître de la Nouvelle Révélation. LE 27 octobre 1926, la Cao Daïsme fit sa déclaration officielle au siège du Gouvernement Général de l’Indochine. Il y avait 247 adeptes. Le Grand-Maître enseignait une ascèse semblable à celle du Taoïsme. LA Grande Voie (ainsi se nommait la nouvelle doctrine) se présentait comme un bouddhisme rénové teinté de magie et de spiritisme. En 1927, on dénombrait 20 000 cao-daïstes. Les autorités commencèrent à surveiller la secte. Les adeptes donnaient sans compter. En 1930, les cao-daïstes étaient 500 000. La Grande Voie est un syncrétisme des grandes religions. Elle vénère, le Bouddha, Lao-Tseu et le christ. Elle déifie Allan Kardec, Léon Denis, Camille Flammarion, Victor Hugo. Victor Hugo est l’Intructeur du peuple. Il répond – avec prolixité et en vers – aux problèmes qui lui sont posés. La pratique du culte se borne à demander aux adeptes d’adresser des prières quotidiennes à Cao Daï, soit chez les adeptes, soit dans les temples. Les évocations spirites sont réservés aux initiés du Cercle Intérieur, c’est-à-dire à la société secrète qui coiffe la religion ésotérique. La répartition des fidèles est en trois classes : les religieux proprement dits, hauts dignitaires, qui sont astreints à une vie ascétique; les médiums, au nombre de 12. Il leur est formellement interdit de pratiquer le spiritisme hors la présence des dignitaires et avant d’avoir adressé des longues prières au Très-Haut.; la masse des croyants – ceux-ci n’ont d’autres devoirs que de suivre la morale et les règles de conduite qui leur sont dictées par le comité directeur du Cao-Daïsme.

L’éthique cao-daïste est résumée dans un tract de propagande. Il y a deux degrés : le Thuong-Thua (degré supérieur) et le Ha-Thua (degré inférieur). Dans le premier, rentrent tous les religieux. Ils sont astreints à laisser pousser leur barbe et leurs cheveux, à être végétariens, à s’abstenir de relation sexuelles. Les adeptes du second degré constituent la masse des croyants qui continuent à vaquer à leurs occupations normales; leur devoir religieux consiste à pratiquer quotidiennement le culte et à observer les règles de conduite prescrites par le code religieux. Long-Tanh (Sud du Viet-Nam) est le Vatican du Cao-Daïsme. L’Autorité y est ainsi répartie : le Cuu-Thien-Daï ou corps exécutif, qui est spécialement chargé de la propagande et de la gestion des biens temporels; le Hiep-Thien-Daï ou corps législatif, qui constitue la société secrète initiatique autour de laquelle s’articule tout le cao-daïsme; le Co-Quand-Phioc-Thien ou ministère d’entraide. A la tête du Cuu-Trung Daï, le Ciao-Tong est l’émanation terrestre de Cao-Daï. Le Ho-Phap, chef suprême du Hiep-Thien Daï, est le véritable « imperator » de la doctrine secrète.

En 1930, les cao-daïstes se sont liés aux nationalistes anti-français puis anti-japonais. EN 1941, le Viet-Minh anti-français et anti-japonais recrute des cao-daïstes. En 1955, les cao-daïstes se séparent du Front unifié des forces nationales et se placent sous l’autorité du président Ngo-Dinh-Diem qui finit par s’attaquer aux bouddhistes alors les cao-daïstes s’allient aux communistes.

3 – La Sokka-Gakkaï

La Sokka-Gakkai est une secte bouddhique provenant de l’Ecole de la Bonne Loi, fondée au XIIIè siècle par le bonze Nichiren. Le 13/10/1222 naquit Nichiren. A 12 ans, il fut initié aux mystères de la secte bouddhique Shingon, société secrète, à la fois mystique et magique. En 1252, Nichiren quitta le monastère Shingon pour s’affilier à la secte occulte Tendaï, qui le déçut autant que la première. Il créa sa propre doctrine. Le bouddhisme doit passer par trois étapes décroissantes, chacune durant mille années. 1 – le bouddhisme pur et authentique, tel qu’il fut enseigné par Siddhartha. 2 – le bouddhisme copié qui marque une dégénérescence, due essentiellement à la malignité humaines. 3 – Enfin, de nos jours, le bouddhisme adultéré. Nos yeux ne peuvent plus supporter l’intense Lumière de la Vérité; heureusement, nous possédons encore un « joyau », le Lotus de la bonne loi, qui, seul, est adapté aux nécessités actuelles. Le Lotus de la bonne loi expose deux dogmes fondamentaux : l’universalité et l’éternité de Bouddha dont chaque être vivant contient une parcelle qu’il s’agit de dégager et de laisser rayonner en nous et autour de nous. Nichiren ajouta trois enseignements pratiques à cette métaphysique. 1 – D’abord la création d’un mandala particulier – celui inventé par Nichiren porte, en son centre, les cinq caractères japonais qui se traduisent par « Sutra du Lotus de la Bonne Loi.

2 – Tout en contemplant, mentalement ou de visu, le mandala, le fidèle psalmodie inlassablement : Namu Myô Hô Ren Ge Kyo (adoration du Sutra de la Bonne Loi)

3 – Nichiren voyait dans le bouddhisme, tel qu’il entendait le régénérer, la seule religion susceptible de rendre à l’empire nippon sa suprématie et son bonheur. Il entendait faire de sa secte la religion d’Etat, sous le couvert d’un gouvernement non seulement puissant mais xénophobe. Il souleva l’hostilité du Pouvoir et dut exilé dans des régions insalubres. Après dix années, le pouvoir lui permit de revenir dans la capitale, Kamakura. Mais Nichiren se livra à une agitation frénétique. Le Shogun Tokimuné le fit juger par un tribunal qui le condamna à mort. Nichiren devait être exécuté en 1271 mais un terrible orage éclata et le bourreau perdit son glaive et s’enfuit épouvanté. Nichiren fut gracié et exilé dans l’île de Sato. Il fut autorisé à revenir en 1274. Il se retira dans un monastère à Minobu. Il mourut en 1282. Le bouddhisme japonais est une croyance qui affirme la vie. Tel est du moins l’axiome fondamental, l’article de foi des disciples de Nichiren. Il en résulte une attitude nietzschéenne « Par delà le Bien et le Mal » qui n’est divulguée qu’à ceux qui sont dignes de la comprendre, après avoir subi une initiation. En 1930, Tsune Saburo Makiguchi donna une forme nouvelleaux directives de Nichiren. Il nomma ce mouvement, plus laïque que monastique, la Soka-Kysikku-Gakkai. Ce mouvement s’en prit d’abord au shintoïsme, il y voyait l’opium du peuple. La Gestapo nippone, la terrible Kempeitaï, s’inquiéta. Makiguchi fut arrêté, jugé par un tribunal militaire et emprisonné. Il mourut en prison en 1944. La Soka-Gakkaï avait été dissoute et un lieutenant de Makiguchi, Josei Toda, avait aussi été emprisonné. Il fut libéré en 1945. Il reconstitua la Sokka-Gakkaï (Société pour le renouvellement des valeurs). En 1952, la Soka-Gakkaï comptait un million et demi d’adeptes. En 1965, elle fêtait son quinze millionième adhérent. Aucune métaphysique, aucune théologie, aucune mystique dans la Sokka-Gakkaï. En langage psychologique d’occident, on peut le schématiser dans la relation « cause-effet instantané ». Si tu fais telle chose, tu obtiens telle chose. Il faut psalmodier le plus souvent possible la formule sacrée, le gongyo (résumé du Lotus de la Bonne Loi), en se plaçant devant le mandala. Le fidèle consacre son temps libre au Shaky-Buku, ou propagande missionnaire. La Soka-Gakkaï est aussi une secte d’autoguérisseur ayant beaucoup d’analogie avec la christian science. On nie la maladie, ou bien on mérite la guérison grâce à la récitation ininterrompue du gongyo. L’usage des remèdes est peu recommandé sauf l’absorption d’une potion mystérieuse préparée dans le laboratoire de la secte. La réception dans la communauté exige un certain temps de probation durant lequel le néophyte étudie, sous la conduite d’un maître qualifié, le Lotus de la Bonne Loi. Quand sa mentalité est suffisamment conditionnée, le nouveau fidèle est « baptisé » au cours d’une cérémonie publique, par imposition du gongyo sur son front. La Sokka-Gakkaï se livre partout à une propagande intensive. Elle est moins une foi qu’une mise en condition, comme l’ont été les divers mouvements totalitaires. D’ailleurs, il y a dans la Sokka-Gakkaï un mépris de l’intellectualité pure, un refus de toute discussion qui rappellent le fascisme et l’hitlérisme. La Sokka-Gakkaï exprime et renforce sa cohésion en organisant périodiquement des rassemblements de centaines de milliers d’adhérents fanatisés. Tous les participants portent le même uniforme, composé essentiellement d’une chemise blanche. Le Komeïto est un parti politique souché sur la Sokka-Gakkaï. Tout membre de la Sokka-Gakkaï est inscrit au Komeito. Il lui donne sa voix et s’en fait propagandiste. Le programme est simple : « chassez les corrompus ! ». 1 – logement décent pour chaque famille; 2 – distribution gratuite, ou à prix coûtant, de riz et de poisson; 3 – réduction des frais de scolarité et multiplication des bourses d’études; 4 – création d’un ministère de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises; 5 – organisation d’une vraie sécurité sociale. La secte, demandant des choses simples, pour des gens simples gagne la sympathie des jeunes et des femmes. La secte emporte 25 sièges de députés en 1967 puis 1 000 mairies et 30 préfectures. Elle double la police officielle d’Etat d’une organisation « de contrôle » d’autant plus efficace qu’elle est incorruptible, bénévole et rigoureusement secrète. La Sokka-Gakkaï n’est pas seulement une secte mais une société secrète hiérarchisée. On endoctrine les tout petits dès l’âge de 5 ans, en les enrégimentant dans des chorales, des sociétés gymniques. Il existe de nombreuses écoles, lycées, universités, centres de recherches et aussi des sociétés d’entraide, des bureaux d’embauche. Une fois par an, à Tokyo, est célébrée la fête de la culture, manifestation gigantesque. Les adeptes pratiquent les exercices corporels liés au Hara (point abodominal) le centre de gravité du corps. Ainsi le disciple devient un « homme total », c’est-à-dire un homme qui puise sa force, sa sérénité, d’une union intime avec ses semblables et avec le cosmos.

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