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Humanisme : le Contrat social
15 juin 2023

Manifestes du surréalisme (André Breton)

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Avec ces manifestes, Breton souhaite définir la conduite du mouvement surréaliste qu'il a fondé dans les années 1920. Le Manifeste du surréalisme est publié pour la première fois en 1924 et constitue l'acte de naissance du groupe surréaliste tout en traçant les grandes lignes de la méthode surréaliste d'après Breton : liberté totale de l'imagination, recours à l'autoomatisme psychique, aux récits de rêves et au merveilleux, travail sur le message poétique. La "voix surréaliste" s'attache principalement à briser tous les dogmes qui entravent le renouveau de la pensée; elle s'érige contre toute littérature, contre le réalisme en art, que Breton rend responsable d'un appauvrissement du langage.

André Breton rejette catégoriquement le roman et la description, partant d'une analyse serrée de la fameuse formule de Paul Valéry : "La marquise sortit à cinq heures". Il entend débarrasser l'écriture de toute intention signifiante, afin de conquérir un espace inexploré, celui dont Freud a dessiné les contours, avec sa théorie de l'inconscient. L'écriture automatique doit permettre de faire parler ces forces de l'inconscient, tout en répondant à l'impératif majeur qui reste l'expression poétique. Le "parler somnambule" de Robert Desnos illustre parafaitement cette théorie du "génie surréaliste". Breton emprunte à Reverdy la notion d'image : "On peut même dire que les images apparaissent, dans cette course vertigineuse, comme les seuls guidons de l'esprit (...) Il va, porté par ces images qui le ravissent, qui lui laisse à peine le temps de souffler sur le feu de ses doigts. C'est la plus belle des nuits, la nuit des éclairs : le jour, auprès d'elle, est la nuit".

Le Manifeste déploie une rhétorique sans faille et développe une matière textuelle essentiellement ludique : prédilection d'André Breton pour les listes, le renversement des clichés, les citations, la juxtaposition du sérieux et de l'absurde, le découpage anthologique. Le Manifeste représente un essai de réflexion et aussi un brillant exercice de style.

Paru en 1924, le premier Manifeste du surréalisme a été écrit par André Breton et signé par une vingtaine d’adhérents. D’abord conçu comme une longue préface aux proses de Poisson soluble (1924), ce texte s’imposera très vite comme la référence commune aux pratiques hétérogènes développées par les membres du groupe. Le texte se présente d’abord comme une définition de dictionnaire. Le surréalisme, nom masculin, exalte l’écriture automatique et le merveilleux. Il donne ensuite une série d’exemples de l’imagination créatrice, une liste de précurseurs (de Villon à Sade, à Baudelaire et Lautréamont pour aboutir aux membres du groupe), et une évocation des facultés libératrices du courant nouveau. Ce premier manifeste a été réimprimé en 1929. Le Second manifeste est publié en décembre 1929 dans la dernière livraison de La Révolution surréaliste, et il paraît en volume en 1930. Il approfondit les positions théoriques de Breton en insistant sur l’héritage freudien et l’orientation matérialiste, quasi marxiste, de sa pensée. La définition du mouvement éclate en une série de perspectives sur l’amour, le rêve, la folie ou l’engagement politique. Mais la période est celle où le mouvement connaît ses dissensions les plus vives, et la composante polémique, voire comminatoire, du texte renvoie surtout à des luttes de pouvoir.

André Breton se défend d'avoir jamais rien inventé, si bien que "bon nombre de poètes pourraient passer pour surréalistes, à commencer par Dante ou Shakespeare. On trouve déjà là une idée-force d'André Breton (qui sera reprise dans l'Anthologie de l'humoir noir) et L'Art magique : le surréalisme a toujours existé et traverse l'histoire de l'art et des idées dont il est l'une des composantes essentielles.

Le Second manifeste est plus polémique que celui de 1924. Il introduit le mouvement dans une période d'action politique marquée par le ralliement aux concepts du matérialisme historique : Marx a remplacé Freud comme figure tutélaire des surréalistes. C'est l'occasion pour Breton de régler ses comptes avec les "traîtres". Il commence par éliminer les morts, ceux qu'avait placé au premier plan le Manifeste de 1924 : Rimbaud et Edgar Poe. Puis il s'en prend aux anciens compagnons de route : Desnos, Navile, Vitrac, Ribemont-Dessaignes, Duchamp, enfin aux intellectuels qui apparaissent dans les années 30 : Bataille, Leiris, Daumal. Seul Tristan Tzara, allié de la première heure avec Dada, trouve encore grâce aux yeux de Breton car il ne peut être soupçonné d'avoir failli à l'idéal de la révolte. Malgré cette agressivité verbale, qui trouvera une réponse dans le Cadavre,  pamphlet de 1930 rédigé par les adversaires désignés dans le Second manifeste, André Breton se défend encore de toute position dogmatique et veut préserver son mouvement des basses compromissions.

 

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