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Humanisme : le Contrat social
21 décembre 2022

La mythologie grecque (Pierre Grimal)

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La mythologie grecque rassemble les récits merveilleux et les légendes de toute sorte dont les textes et les monuments figurés nous montrent qu'ils ont eu cours dans les pays de langue grecque entre le IXè ou le VIIIè siècle avant notre ère, époque à laquelle nous reportent les poèmes homériques, et la fin du « paganisme », trois ou quatre siècles après Jésus-Christ.

Cette brève synthèse, devenu un classique, fait donc autorité sur une immense matière, assez malaisément définissable, d'origines et de caractères forts divers, et qui a joué et joue encore dans l'histoire spirituelle de l'humanité un rôle considérable.

 

Introduction : le mythe dans la pensée des Grecs anciens.

Tous les peuples se sont donnés des légendes, c'est-à-dire des récits merveilleux auquel ils ont pour un temps ajouté foi. Le plus souvent, les légendes, parce qu'elles font intervenir des forces ou des êtres considérés comme supérieurs aux humains, appartiennent au domaine de la religion. Les légendes constituent un système d'explication du monde. Les Romains paraissent avoir intégré dans leurs plus anciennes chroniques de véritables gestes légendaires : l'héroïsme d'Horatius Coclès défendant le pont du Tibre contre les envahisseurs n'est que le dernier avatar d'un démon borgne dont la statue, placée sur les bords du fleuve, aurait perdu sa signification première et finalement servi à fabriquer de toutes pièces un épisode de la lutte (en partie historique) entre Romains et Étrusques.

Le mythe, en Grèce, se colore d'histoire et sert de titre de noblesse aux cités ou aux familles. Il peut se développer en épopée ou expliquer les croyances et les rites de la religion. Le mot grec qui sert à désigner le mythe s'applique à toute histoire que l'on raconte, aussi bien le sujet d'une tragédie où l'intrigue d'une comédie que le thème d'une fable d'Ésope. Le mythe s'oppose au logos, comme la fantaisie à la raison. Le logos, étant un raisonnement, entend convaincre. Il est vrai, s'il est juste et conforme à la logique. Il est faux, s'il dissimule quelques roueries  secrètes. Mais le mythe n'a d'autre fin que lui-même. On le croit ou non. Le mythe se trouve ainsi attirer autour de lui toute la part de l'irrationnel dans la pensée humaine. Ainsi, le mythe grec s'est intégré à toutes les activités de l'esprit. Les premières épopées connues de langue grecque : l'Iliade et l'Odyssée, sont déjà des mythes au sens large. Elles sont caractérisées par le mélange constant de l'humain et du surhumain. Les héros de l'Iliade ont pour ancêtres ou pour parents une ou plusieurs divinités. Achille est fils de Thétis, déesse de la mer et son destin est déterminé par des oracles existants de toute éternité. Hélène, enjeu de la guerre de Troie, est fille de Zeus. C'est Aphrodite, la déesse de l'amour, qui l'a poussée à quitter son mari et sa fille lorsque le Troyen Pâris est venu la chercher à Sparte. Dans les deux camps, combattent des dieux et des déesses : Apollon est le protecteur de Pâris. Poséidon, Athéna, Arès interviennent dans la lutte. Il en est de même pour l'Odyssée. La déesse Athéna est la protectrice d'Ulysse. Zeus et les divinités de l'Olympe interviennent matériellement dans les affaires humaines. Il faut donc les honorer par des sacrifices pour calmer leur ressentiment et se les concilier par tous les moyens. Le mythe dessine une image, un symbole d'une réalité qui serait, autrement, ineffable. Les sanctuaires élevés aux divinités offraient sur leur fronton un épisode caractéristique de la légende du Dieu ou de la déesse dont c'était le temple. Sur le fronton est du Parthénon, on peut voir la naissance miraculeuse d'Athéna et à l'ouest, la dispute de Poséidon et d'Athéna qui revendiquent chacun la possession de l'Attique.

Réserve de pensée, le mythe a fini par vivre d'une vie propre, à mi-chemin entre la raison et la foi. La méditation des Grecs a pris sa source dans le mythe. Les images d'Achille et d'Ulysse indéfiniment reproduites sur les vases, les cruches à vin, coupes, les récipients de toutes sortes, mêlaient le mythe à la vie quotidienne et le rendait ainsi familier. Même les philosophes, lorsque le raisonnement avait atteint sa limite, avait recours au mythe comme un mode de connaissance susceptible de livrer l'inconnaissable. Le mythe a été l'un des apports fondamentaux de l'hellénisme à la pensée humaine. C'est grâce au mythe que le sacré a perdu ses terreurs et que toute une région de l'âme s'est ouverte à la réflexion et la poésie a pu se faire sagesse.

Chapitre I : mythes et mythologie.

Homère, Hésiode, Pindare, Eschyle donnent l'impression de se référer à un système mythique bien défini dans lequel dieux et héros présentent des caractères et semblent posséder une légende aux épisodes connus. Mais une analyse un peu attentive suffit à révéler des différences entre les auteurs et parfois à l'intérieur d'un même auteur. Les limites mythes ne naissent pas comme un ensemble organisé à la façon d'un système philosophique ou théologique. Les mythes poussent au hasard, à la façon des plantes et c'est au mythologue d'y retrouver des familles et des variétés. Sur un pont aussi essentiel que la naissance de Zeus, existent les traditions les plus diverses. La plus connue en situe le lieu sur le mont Ida, en Crète ; mais, dans la même île, le mont Dicté revendiquait le même honneur. Parfois, les difficultés que l'on rencontre sont plus difficiles à résoudre car elles tiennent au fait que la légende s'est développée dans des temps et des états sociaux ou historiques différents. Les généalogies des Atrides nous parlent de seigneurs de Mycènes, de seigneurs de Tirynthe, de seigneurs d'Argos et il est parfois difficile de distinguer entre ces différents royaumes. Tout s'éclaire si l'on songe que le grand développement de Tirynthe et de Mycènes n'est pas contemporain de celui d'Argos. On voit que le mythe n'est pas une réalité indépendante et qu'il évolue avec les conditions historiques et ethniques. Il conserve des témoignages imprévus sur les états autrement oubliés. Le travail sur les mythes a commencé de très bonne heure. Les sources classiques de la mythologie sont généralement le résultat d'une longue évolution. Dès la fin du VIè siècle avant Jésus-Christ, Hécatée avait écrit quatre livres de Généalogies dont nous ne possédons plus que quelques fragments mais dont la doctrine est passée dans les ouvrages de ses successeurs. Les premiers historiens : Acousilaos d'Argos, Phérécyde d'Athènes recueillirent les légendes considérées comme le premier chapitre de l'histoire nationale. La tendance fondamentale des travaux entre le sixième et la fin du cinquième siècle avant notre ère est le désir de fixer une chronologie des événements aussi bien historiques que légendaires. L'ingéniosité grecque n'est jamais à bout de ressources et l'on expliquera que l'activité des Thésée se déroula pendant la captivité d'Héraclès en Lydie pour expliquer le fait qu'Héraclès ne rencontre aucun des autres héros majeurs lors de ses aventures.

Avec le début de l'âge classique, les grands cadres des légendes sont désormais fixés et les incohérences qui subsistent demeureront. À partir du troisième siècle avant Jésus-Christ paraissent des collections dont les résumés nous ont été parfois conservés. Certains de ces recueils étaient spécialisés dans un type déterminé de légendes. La plus importante tentative consistant à embrasser la totalité des traditions légendaires est l'ouvrage connu sous le nom de Bibliothèque d'Apollodore. Apollodore était un grammairien et un philologue athénien du IIè siècle avant notre ère et il consacra sa vie à l'exégèse des anciens poètes. On trouve dans son livre une mythologie mise en ordre, partant de la création des choses et des dieux, puis descendant, par génération, jusqu'aux dernières périodes de la légende, c'est-à-dire aux temps qui suivirent la prise de Troie.

À côté des grands recueils canoniques, nous trouvons des travaux conçus dans un esprit absolument conforme aux préoccupations modernes. Le plus précieux est La Description de la Grèce de Pausanias qui a conservé le souvenir d'un nombre considérable de légendes locales avec des variantes rares et restées vivantes dans le folklore. Les récits concernant la formation du monde et la naissance des dieux constituent les mythes théogoniques. Ces récits ont été réunis surtout par Hésiode. À côté des mythes proprement dits, on trouve des cycles divins et héroïques. Ils constituent des séries d'épisodes ou d'histoires dont la seule unité est fournie par l'identité du personnage qui en est le héros.

Le troisième type de récit légendaire est parfois désigné sous le nom de « nouvelle ». L'unité de la nouvelle est purement littéraire et se définit par celle de l'intrigue.

Chapitre II : les grands mythes théogoniques.

Tous les peuples, à un moment de leur histoire, ont senti le besoin d'expliquer le monde. Les Grecs ont cru découvrir un principe moteur au sein de l'Etre : l'Amour. Au commencement, il y avait la Nuit (Nyx) et à côté d'elle l'Erèbe, son frère. Ce sont les deux visages des ténèbres du monde : Nuit d'en haut, et obscurité des Enfers. Ces deux entités coexistent au sein du Chaos qui est le vide, matrice du monde. Peu à peu Nyx et Erèbe se séparent en lui. C'est la naissance d'Éros : l'amour. Les deux moitiés de la coquille deviennent, l'une la voûte du ciel et l'autre le disque de la Terre. Le Ciel et la Terre (Ouranos et Gaïa) possèdent une réalité matérielle. Amour est une force de nature spirituelle et c'est lui qui assure la cohésion de l'univers naissant. Ouranos se penche vers Gaïa et leur union commence les générations divines.

L'union d'Ouranos et de Gaïa donna naissance à six couples de Titans et de Titanides. Les six Titans furent Océan, Coeos, Crios, Hypérion, Japet et Cronos. Les six  Titanides furent : Théia, Rhéa, Thémis, Mnémosyne, Phoébé et Thétys. Ce sont des êtres divins et en même temps des forces élémentaires dont certaines ont conservé jusqu'à la fin leur caractère presque exclusivement naturaliste. Océan est une force cosmique. Sa conception est née en un temps où l'on pensait que la terre habitée était une île immense, posée au centre d'un fleuve qui l'enserrait.

Océan est marié à Thétys, la plus jeune des Titanides qui personnifie la puissance féminine de la mer. Hypérion est le feu astral et il s'unit à Théia qui lui donne trois enfants : Hélios (le Soleil), Séléné (la lune) et Eos (l'Aurore). Crios prit femme en dehors des Titanides. Coeos s’unit à Phoébé et fut le père de Léto. Japet épousa Clyméné, une des filles d'Océan et de Thétys. Il eut quatre enfants : Atlas, Ménoetios, Prométhée et Epiméthée. Thémis est la loi, l'équilibre éternel. Mnémosyne est le pouvoir de l'esprit, la mémoire qui fonde toute intelligence. Les Titans sont des forces brutales chez qui le spirituel n'est encore pressenti qu'a l'état rudimentaire. Il est significatif que les deux puissances où se préfigure l'esprit soient de nature féminine Cronos était le Titan le plus important car il engendra les Olympiens.

Ouranos et Gaïa donnèrent également naissance aux Cyclopes. Puis naquirent les monstres aux cent-bras gigantesques et violents. Tous ces enfants étaient en horreur à Ouranos qui ne leur permettait pas de voir la lumière en les contraignant à demeurer ensevelis dans les profondeurs de la Terre. Gaïa voulut les délivrer et tenta de conspirer avec eux contre Ouranos. Seul Cronos accepta car il détestait son père. Gaïa lui confia une faucille d'acier. Il trancha les testicules de son père et les projeta au loin. Le sang de la blessure tomba sur la Terre et la féconda une nouvelle fois. Cela donna naissance à de nouveaux monstres : les Erynies, les Géants et les Méliades.

Cronos resta seul à régner sur l'univers. Mais il était violent et portait en lui la malédiction de son crime. Il plongea ses frères dans les ténèbres infernales, au fond du Tartare. Ce qui indisposa contre lui Gaïa. Elle lui avait prédit qu'il serait un jour détrôné par l'un de ses enfants et il se hâta de dévorer les enfants que lui avait donnés Rhéa : Hestia, Déméter, Héra, Hadès et Poséidon. Rhéa s'enfuit secrètement pour sauver la vie de son futur enfant : Zeus. Elle trouva asile en Crète. Elle s'empara d'une pierre et la langea comme s'il s'agissait d'un nouveau-né pour l'offrir à Cronos. Cronos mangea la pierre qu’il  prenait pour son enfant. Zeus, but le lait de la chèvre Amalthée et mangea le miel et les abeilles de l'Ida. Lorsque la chèvre mourut, Zeus garda sa peau pour s'en faire une cuirasse. Une fois grand, Zeus songea à détrôner son père. Il lui fit absorber une drogue et l'obligea à restituer les enfants qu'il avait dévorés. Après avoir retrouvé ses frères, Zeus déclara la guerre à Cronos avec l'aide de ses frères. La guerre dura 10 ans. Gaïa lui conseilla d'appeler à ses côtés les monstres que Cronos avait enfermés dans le Tartare. Et c'est avec l'aide des Cyclopes, des Hécatonchires et des Géants que Zeus réussit à détrôner son père. Cronos et les Titans furent enchaînés et emmenés dans le Tartare. On voit que l'essentiel des légendes théogoniques consiste en une série de substitution, une génération succédant par la violence à celle qui l'avait précédée au pouvoir sur le monde. On s'accorde généralement à retrouver dans ce fait la trace d'un état social dans lequel la succession appartenait au plus jeune des fils mais aucune cité grecque n'en fournit des exemples attestés sur le plan de l'histoire. Il est fort possible que le schéma successoral sur lequel sont construits ces mythes  provient d'un pays non hellène. Il semble donc que les mythes proprement grecs ne commencent qu'avec l'avènement de Zeus. Les divinités remplacées par Zeus et ses frères paraissent bien représentée un système religieux antérieur à la descente en Grèce des conquérants « aryens ». Mais ces divinités n'ont pas été supprimées. Elles ont continué de vivre dans les légendes et même de recevoir un culte dans certains lieux.

La génération préolympienne (c'est-à-dire toutes les divinités qui ne se rattachent pas directement à Cronos mails sont issues des Titans et des autres unions de Gaïa) comprend tous les monstres que connaît la légende et qui joueront un rôle dans les cycles divins et héroïques.

Elle comprend aussi des divinités purement naturalistes : le Soleil, la Lune, l'Aurore, les astres, les vents, et les génies de phénomènes naturels comme la tempête et l'orage.

C'est à cette génération primordiale qu'appartiennent les cyclopes, fils d'Ouranos qu'il faut soigneusement distinguer des cyclopes bâtisseurs qui sont une population mythique venue de Lycie. Les cyclopes passeront pour les fabricants des armes divines qu'ils confectionnent sous la direction d'Héphaïstos, le dieu forgeron.

Gaïa était mécontente du traitement infligé par le vainqueur aux Titans, qui étaient ses enfants, et elle voulut les délivrer de leur prison. Elle eut recours aux Géants. Les géants n'étaient pas immortels mais ils ne pouvaient être mis à mort que par les coups d'un Dieu joints à ceux d'un mortel. Alors les Olympiens intervinrent. Zeus s'arma de la foudre, Athéna se servit de l'égide et de la lance, Dionysos brandit le thyrse. Le mortel qui fut choisi pour tuer les Géants fut Héraclès. Héraclès se servit de ses flèches et les géants se dispersèrent. Le monde entier fut jonché de débris et de projectiles.

Zeus, avant de conquérir le pouvoir sans conteste, avait encore à subir une épreuve. Il fut obligé de se battre contre Typhon. Typhon était le fils d’Héra et il était plus grand que les Géants. Lorsque les dieux virent ce monstre attaquer le ciel, ils s'enfuirent jusqu'en Égypte et ils se dissimulèrent dans le désert où ils prirent des formes animales. Zeus et Athéna restèrent seuls en phase de Typhon. Typhon eut le dessus et s'empara de la faucille de Zeus. Il coupa les tendons des bras et des jambes de Zeus puis il s'empara du corps inerte de Zeus et l'enferma dans une caverne de Cilicie. Mais Hermès et le Dieu Pan réussirent à dérober les tendons de Zeus et à les remettre en place à l'insu de Typhon. Le combat put reprendre. Zeus écrasa son adversaire sous l'Etna et le réduisit à l'impuissance.

Désormais l'autorité de Zeus était incontestée. L'âge des monstres était révolu. Restait, dans l'univers, à expliquer la présence des hommes. Leur création est attribuée à la descendance d'un Titan, Japet et de sa femme, l'Océanide Clyménè. Japet eut quatre enfants : Atlas, Ménoetios, Prométhée et Epiméthée. Pour avoir participé à la lutte contre les dieux, Atlas se vit imposer un châtiment sévère. Il reçut la mission de soutenir sur ses épaules la voûte du ciel. Persée, revenant de tuer la Gorgone Méduse, le changea en pierre en lui présentant le visage du monstre. Atlas devint la montagne qui borne la terre habitée au sud des Colonnes d'Hercule. On dit parfois que c'est Prométhée qui créa les mortels en les façonnant avec de la terre glaise. À la vérité, cette tradition n'est pas universellement admise. Dans la théogonie d'Hésiode, Prométhée n'est encore considéré que comme le bienfaiteur des hommes et entreprend à plusieurs reprises de tromper Zeus. Prométhée offrit aux hommes le feu. Pour cette raison, Zeus le punit en l’enchaînant sur le Caucase par des liens d'acier et un aigle lui dévora le foie, toujours renaissant. Le supplice dura jusqu'au jour où Héraclès abattit l'aigle et délia le géant de ses liens. La punition des mortels fut plus sévère encore car elle demeura sans remède. Zeus demanda à Héphaïstos et à la déesse Athéna de créer un être encore inconnu que les dieux orneraient chacun d'une qualité. Cet être fut la femme. On l'appela Pandore. Elle possédait la beauté, la grâce, l'habilité manuelle, la persuasion. Hermès avait mis dans son coeur le mensonge et la fourberie. On raconte que Zeus en fit présent à Epiméthée et que celui-ci, oubliant le conseil de son frère de ne recevoir aucun cadeau de Zeus, fut séduit par sa beauté et l'accepta. Il y avait quelque part sur la Terre une jarre dans laquelle étaient enfermés tous les maux. Un couvercle empêchait son contenu de s'échapper. Pandore découvrit la jarre, et, dévorée de curiosité, elle l'ouvrit. Tous les mots s'échappèrent alors et se répandirent parmi les mortels. Pandore, effrayée, referma la jarre et, seule, l'espérance, qui se trouvait au fond, demeura prisonnière. Les traditions qui ne reconnaissent pas à Prométhée le mérite d'avoir créé les hommes rattachent pourtant à sa race celle des mortels. Prométhée avait un fils, Deucalion, qui épousa Pyrrha, fille d’Epiméthée et de Pandore. Il existait alors sur la terre d'autres humains qui étaient vicieux et méchants. Zeus résolut de les détruire et déchaîna alors un grand déluge. Seuls deux justes, Deucalion et Pyrrha furent épargnés. Sur les conseils de Prométhée, ils construisirent une arche qui flotta sur les eaux. Après neuf jours et neuf nuits, ils abordèrent sur les montagnes de la Thessalie. Zeus leur envoya Hermès qui leur offrit l'accomplissement d'un voeu. deucalion désire avoir des compagnons. Zeus lui ordonna alors de jeter par-dessus son épaule « les os de sa mère ». Il comprit que cela signifiait qu'il s'agissait des pierres « os de la Terre », qui est la Mère universelle. Ainsi naquirent des hommes. Des pierres que jeta Pyrrha naquirent des femmes.

Pour  Zeus, l'homme fait partie de son empire et il s'en accommode tant bien que mal. Il a besoin des hommes. Par rapport aux Olympiens, les hommes représentent une branche collatérale, cousins disgraciés mais jouissant sur la scène de l'univers d'une sorte d'égalité foncière en face des divinités plus puissantes et mieux douées. En face d'une semblable conception du monde, on songe à une cité où les hommes seraient esclaves et les dieux hommes libres : différence accidentelle de condition et de pouvoir, mais similitude de nature.

Chapitre III : le cycle des Olympiens.

 

La révolution provoquée par Zeus avais installé au pouvoir la génération des Cronides, enfants de Cronos, parmi lesquels Zeus se trouvait le dernier-né. Les autres Cronides étaient : Hestia, déesse du foyer, Demeter, présidait à la terre cultivée ; Héra était la divinité du mariage. Elle était l'épouse de Zeus. Hadès, Poséidon et Zeus se seraient partagé les trois domaines du monde par tirage au sort. Zeus obtint le ciel ; Poséidon la mer ; Hadès l'empire souterrain et le royaume des morts. Chacun avait reçu une arme en rapport avec ses fonctions : Zeus, la foudre ; Hadès un casque magique rendant invisible et Poséidon un trident qui lui servait à ébranler la terre et les flots. Au six premiers Olympiens, enfants de Cronos vinrent se joindre d'autres divinités qui formèrent ainsi le conseil des grands dieux. Les divinités issues de Zeus formaient la seconde génération des Olympiens : Aphrodite, Apollon, Artémis, Héphaïstos, Athéna, Arès, Hermès et Dionysos. Il existe d'autres divinités demeurant en dehors de la liste canonique. Perséphone est la fille de Demeter et de Zeus. Elle est retenue par son époux Hadès dans les Enfers. Amphitrite  est l'épouse de Poséidon. Apollon préside à la divination, à la guérison des maladies mais aussi à leur propagation et à la musique.

Apollon est le plus beau des dieux et connaît de nombreuses amours. Il ne fut pas heureux avec Cassandre, la fille de Priam. Pour la séduire, il avait offert de lui enseigner la divination et Cassandre accepta. Lorsqu'elle fut instruite, elle ne voulut pas céder au désir d'Apollon alors il lui cracha dans la bouche et elle fut privée non pas de sa science divinatoire mais du don de persuasion. Apollon subit une épreuve et dut se mettre au service des mortels après avoir comploté contre Zeus. Apollon fut obligé de travailler pour le roi de Troie, Laomédon, et de construire les murailles de la ville. Artémis est la soeur d'Apollon. Elle demeure éternellement vierge et passe son temps à la chasse. Elle préside à la fécondité animale dans les oreilles. Elle utilise ses flèches en les envoyant aux femmes sur le point d'enfanter. Les flèches symbolisent alors la mort subite. Pourtant Artémis est invoquée au moment des naissances car les jeunes mères la considèrent comme aussi secourable en ce péril qu'elle peut leur être funeste. Héphaïstos commande au feu. Il est maître des armes de la forge et du travail des métaux. Il est le fils de Zeus et d'Héra. C'est un démon boiteux. Il avait pris le parti de sa mère dans la querelle opposant Zeus à Héra au sujet d'Héraclès. Pour le punir, Zeus saisit Héphaïstos par un pied et le lança du haut de l'Olympe. Comme il était immortel, il n'en mourut point mais il resta éternellement boiteux. Il travaille avec l'aide des Cyclopes forgerons. Zeus avait fini par lui donner Aphrodite en mariage. Mais Aphrodite n'avait pas tardé à s’éprendre d'Arès. Le Soleil surprit les deux amants et alla raconter l'aventure à Héphaïstos. Alors Héphaïstos prépara un filet invisible et le tendit autour du lit de sa femme. Au moment opportun, le filet se referma sur les deux amants. Héphaïstos convoqua tous les dieux au spectacle. Après quoi, Aphrodite s'enfuit de honte et tous les dieux furent saisis d'un rire inextinguible.

Aphrodite passe le plus souvent pour fille de Zeus et de Dioné. Mais d'après une autre tradition elle aurait été engendrée lorsque le sang d'Ouranos était tombé dans la mer. Aphrodite avait été touchée par la beauté d'Adonis. Elle le recueillit et le confia à Perséphone pour qu'elle l'élève secrètement dans l'ombre des Enfers. Mais Perséphone tomba amoureuse à son tour du bel Adonis. Elle ne voulut pas le rendre à Aphrodite. Zeus décida qu'Adonis vivrait un tiers de l'année avec Aphrodite, un tiers de l'année avec Perséphone et un tiers avec qui il voudrait. Mais Adonis décida de passer deux tiers de l'année avec Aphrodite. Par jalousie, Arès suscita contre le jeune homme un sanglier monstrueux qui le blessa à mort d'un coup de ses défenses.

Aphrodite tomba amoureuse d'Anchise. Elle lui fit croire qu'elle était une mortelle. Elle lui donna un fils, Enée et lui fit jurer de ne jamais révéler le secret de cet amour. De son union coupable avec Arès naquirent deux enfants, Éros et Antéros.

Un jour, la Discorde lança au milieu des dieux une pomme destinée à la plus belle des déesses. Trois d'entre elles revendiquèrent le prix. Zeus ordonna à Hermès de conduire Aphrodite, Héra et Athéna sur l'Ida pour y être jugées par le beau Pâris. Héra promit à son juge la royauté universelle ; Athéna devait le rendre invincible à la guerre. Aphrodite se contenta de lui offrir la main d'Hélène, la plus belle de toutes les mortelles. Pâris décida en faveur d'Aphrodite et ce fut l'origine de la guerre entre les Grecs et les Troyens.

Athéna est la fille de Zeus et de Métis. Athéna est une déesse guerrière. Elle porte sur son bouclier la tête de Méduse que lui avait donnée Persée. Par un curieux contraste, Athéna est aussi une déesse de la paix. Elle intervient dans les légendes comme l'Esprit et la Raison qui donnent leur pleine efficacité aux efforts du courage. C'est elle qui arme Héraclès et lui assure l'immortalité. Dans l'Odyssée, elle intervient sans cesse en faveur d'Ulysse.

Athéna apparaît surtout comme une divinité de la ville des Athéniens.

Hermès est le frère cadet d'Athéna. Zeus l'a conçu avec Maia qui est la plus jeune des Pléiades. Il a inventé la lyre avec les intestins des génisses qu'il avait sacrifiées pour chacune des 12 divinités. Hermès avait volé à Apollon 12 vaches. Apollon s’en aperçut grâce à ses dons divinatoires. Alors il demanda à Hermès de lui offrir la lyre en échange de son troupeau. Hermès inventa la flûte de Pan. Il vendit son invention à Apollon contre une houlette d'or. Hermès est doté de sandales ailées qui le transportent dans les airs. Il a pour fonction plus particulière d'accompagner vers les Enfers les âmes des morts. Il est le guide des voyageurs et protège les bergers. Voyageur, ingénieux à s'approprier le bien d'autrui, Hermès ne pouvait manquer de passer pour le Dieu du commerce. Arès est le fils de Zeus et d'Héra. C'est le dieu de la guerre. Il est servi par quatre démons : Déimos (la crainte), Phobos (la terreur), Éris (la discorde) et Enyo (démon féminin de la guerre). Souvent les Grecs ont pris plaisir en représentant Arès comme vaincu par Héraclès ou Athéna. C'est grâce à un Athéna que Diomède blesse Arès dans la guerre de Troie. Dans un tel était un lieu qui portait le nom d'Arès, l'Aréopage ou colline d'Arès. Au pied de cette colline Arès avaient aperçu le six de Poséidon qui essayait de faire violence à Alcippé, la fille qu'il avait eue d'Aglauros. Pour défendre celle-ci, il tua Halirrhotios. Poséidon demanda aux Olympiens de juger Arès sur la colline même. Arès fut acquitté mais en souvenir on donna le nom d'aréopage à la colline où, par la suite, se réunissait le tribunal chargé de juger les crimes d'ordre religieux.

Demeter, soeur de Zeus et fille de Cronos s'était unie à Zeus. Elle lui avait donné une fille nommée Perséphone. Perséphone cueillit un jour un narcisse et la terre s'entrouvit. Il en sortit un dieu sur un quadrige traîné par des dragons. C'était Hadès, le frère de Zeus. Il était amoureux de Perséphone et il l'emmena vers les Enfers. Perséphone poussa un grand cri que Demeter entendit. Demeter chercha sa fille pendant neuf jours et neuf nuits. Le 10e jour, elle rencontra la déesse Hécate qui, elle aussi, avait entendu le cri de Perséphone. Le Soleil apprit la vérité à Demeter. Demeter décida de ne plus remonter au ciel et de ne plus accomplir ses fonctions divines jusqu'à ce qu'on lui ait rendu sa fille. Elle prit l'aspect d'une vieille femme et se rendit à Eleusis. Elle se mit au service de la femme de Céléos, le roi d'Eleusis. On lui confia à l'enfant du roi, Démophon qu'elle tenta de rendre immortel. Chaque nuit, elle le trempait dans un bain de flammes. Elle fut surprise dans cet étrange manège par la reine Métarina qui poussa un cri. Demeter laissa tomber l'enfant qui fut consumé et elle révéla qui elle était. Elle confia alors à Triptolème, le second fils de Céléos, la mission de parcourir le monde en enseignant aux hommes la culture du blé. Comme l'exil volontaire de Demeter rendait la terre stérile et bouleversait l'ordre du monde, Zeus décida de lui rendre sa fille. Il ordonna à Hadès de restituer Perséphone. Mais Perséphone avait rompu le jeûne dans le jardin du roi des enfers. Elle s'était ainsi définitivement liée au monde infernal. Zeus réussit à obtenir un compromis. Demeter reprendrait sa place sur l'Olympe et Perséphone partagerait son temps entre l'Olympe et les Enfers. C'est ainsi que le soleil est stérile et c'est la triste saison de l'hiver quand Perséphone demeure aux Enfers.

Dionysos est le Dieu qui personnifie la puissance de la vigne et du vin. Il est le fils de Zeus et de Sémélé. Sémélé fut l'objet de la jalousie de ses soeurs qui affectèrent de croire qu'elle s'était abandonnée à un amant vulgaire. Alors elle demanda à Zeus de se montrer à elle dans toute sa gloire et quand elle put voir Zeus tel qu'il était, elle mourut de saisissement. Zeus s'empressa d'arracher l'enfant qu'elle portait dans son sein et qui n'était encore qu'au sixième mois de la gestation. Il le cousut dans sa cuisse et lorsque l'enfant en sortit, le petit Dionysos et parfaitement viable. Dionysos est accompagné d'un cortège de démons féminin et masculins : les Bacchantes et les Bacchants il est également accompagné par les Satyres qui représentent les esprits orgiaques de la terre et du vin.

Dionysos partit de Thrace et gagna l'Inde, soumettant tout sur son passage par ses enchantements. Revenant victorieux en Grèce, il se présenta en Béotie et le roi de Thèbes s'inquiéta de ce culte nouveau qui plongeait les femmes dans des crises effrayantes pendant lesquelles elles parcouraient la campagne en poussant des cris comme hors de leur sens. Il interdise la célébration de ces orgies. Il fut puni de cette impiété. Les femmes le mirent en pièces s'imaginant que c'était un lion. Le continent européen fut soumis et Dionysos s'embarqua pour les îles. Les pirates qu'il avait loués pour le mener à Naxos voulurent le vendre comme esclave en Asie mais il transforma les avions en serpent et le navire se remplit de lierre. Les pirates furent transformés en dauphins.

Dionysos décida de descendre aux Enfers chercher sa mère Sémélé. Avec elle, il conquit l'immortalité.

Au milieu des Olympiens, Zeus apparaît comme le modérateur et le maître. Sa puissance est parfois menacée par des complots mais elle n'est jamais ébranlée de façon durable. Les épouses légitimes et illégitimes de Zeus sont innombrables. La première en date fut Métis. Ensuite, vint Thémis qui est la loi personnifiée. Zeus s'unit encore à la Titanide  Dioné puis à Mnémosyne qui donna des filles, les neuf muses. Avec l'Océanide Euronymé, il eut les trois Grâces : Aglaé, Euphrosyne et Thalie. Le mariage avec Héra n'est que l'une de ces unions divines mais il fut patron de tous les mariages humains. Beaucoup de unions de Zeus avec des mortelles eurent lieu sous des formes animales : avec Europe, Zeus prit l'aspect d'un taureau, avec Léda, celui d'un cygne.

Chapitre IV : les grands cycles héroïques.

Les cycles héroïques se présentent comme des récits d'aventures dont les épisodes sont soigneusement assemblés. Avec l'exposé des principaux cycles héroïques, nous rencontrons une matière mythique plus dégagée de ses origines religieuses et les éléments folkloriques y sont représentés souvent masqués par des développements purement romanesques ou de tendance morale et symbolique.

Ces cycles héroïques se rattachent tous à l'âge de la civilisation mycénienne. Il est donc probable que ces cycles sont le reflet d'événements historiques et nous présente le tableau d'une civilisation qui a réellement existé.

Le cycle des Argonautes s'est organisé autour de la personne de Jason qui est un héros typiquement thessalien. Son père, Aeson, régnait à Iolcos mais il avait été détrôné par son demi-frère Pélion. Jason avait été élevé par le centaure Chiron qui lui avait appris la médecine. Jason se présenta, sans se faire reconnaître, à la cour d'Iolcos. Il était couvert d'une peau de panthère et tenait une lance dans chaque main. En le voyant, Pélias se rappela d'un orage qui lui avait conseillé de prendre garde à l'homme qui n'aurait qu'une chaussure. Jason n'avait pas de chaussures au pied gauche conformément à un vieux et guerrier des Étoliens. Il approcha le voyageur et lui demanda quel châtiment il imposerait à un sujet qui conspirerait contre son roi. Jason répondit qu'il l'enverrait conquérir la Toison d'or. Pélias lui répondit qu'il venait de se condamner lui-même. Jason n'avait plus qu'à obéir et organiser son expédition.

La Toison d'or et est celle d'un bélier divin ailé qu'Hermès avait autrefois donné en présent à Néphélé, la première femme du roi Athamas que Zeus avait choisi comme père nourricier de Dionysos. Ino, la seconde femme du roi obtint que les deux enfants de Néphélé soient sacrifiés pour détourner du pays une prétendue stérilité. Néphélé avait donné le bélier divin à ses enfants Phrixos et Hellé et le bélier les emporta dans les airs. Mais Hellé était tombée en chemin et elle s'était noyée en franchissant le détroit qui prit alors son nom Hellespont. Phrixos arriva sain et sauf en Colchide. Il sacrifia le bélier Zeus et consacra la toison de l'animal qui était en laine d'or dans un bois sacré d'Arès.

Le roi de Colchide, Aetès faisait jalousement garder la Toison d'or.

Pour accomplir sa tâche, Jason demanda l'aide d'Argos, fils de Phrixos. Sur le conseil d'Athéna, Argos se mit en devoir de construire un navire, la Nef Argo qui possédait des propriétés merveilleuses. La pièce de proue était formée par un morceau de chêne prophétique taillé par Athéna elle-même. La proue était douée de la parole. Jason rassembla un grand nombre de compagnons, les Argonautes. On y trouve le chanteur Orphée, Héraclès, Castor et Pollux et le devint officiel de l'expédition Idmon. Les présages indiquaient que tous devaient revenir vivant sauf Idmon. La première escale fut l'île de Lemnos. Dans cette île, il n'y avait que des femmes. Elles étaient fort embarrassées pour perpétuer leur race. Les Argonautes furent donc bien accueillis. Ils leur donnèrent des fils. Puis, les Argonautes se dirigèrent vers l'Hellespont. Ils furent accueillis par le roi de Doliones, Cyzicos. Mais la nuit suivante quand les Argonautes voulurent reprendre la mer, des vents contraires les ramenaient à leur insu dans le royaume de leur hôte. Ils ne furent pas reconnus et confondus avec des pirates. Le roi Cyzicos fut tué par Jason. Quand le jour se leva, les deux partis reconnurent leur erreur. Pendant trois jours, les Argonautes firent des funérailles magnifiques au roi. L'étape suivante les conduisit sur la côte de Mysie. Héraclès qui avait brisé son avion en ramant trop fort, partit dans la forêt couper un arbre pour en fabriquer un autre. Hylas, le page d'Héraclès était allé chercher de l'eau douce dans le bois. Il rencontra les nymphes qui dansaient. Elles le trouvèrent si beau qu'elles l'entraînèrent dans la fontaine où il se noya. Héraclès partit à la recherche de son ami avec l'aide de Polyphème. Les Argonautes durent continuer leur voyage sans eux car il n'était pas permis par les Destins que les deux compagnons participent à la conquête de la toison.

Au pays des Bébryces, les Argonautes débarquèrent ensuite. Pollux fut défié à la lutte par le roi Amycos. Il gagna. Le lendemain, Argo fut prise dans la tempête. Les Argonautes durent faire escale sur la côte de Thrace, dans le royaume de Phinée, un devin aveugle. Il était affligé d'une malédiction singulière : chaque fois que l'on mettait devant lui une table chargée de nourriture, les Harpyes se précipitaient pour tout emporter. Les Argonautes demandèrent à Phinée de les renseigner sur l'issue de leur expédition. Le devint accepta de les renseigner à condition que les Argonautes le débarrassent des Harpyes. Calaïs et Zétès qui étaient ailés se précipitèrent à la poursuite des monstres et leur firent jurer de ne plus importuner le roi. Phinée dévoila à ses libérateurs ce qu'ils devaient savoir de l'avenir et les mit en garde contre les Roches Bleues qui risquaient d'écraser leur navire. Les Argonautes rencontrèrent en effet les écueils et ils lachèrent une colombe filatout droit entre les Cyanées. Les écueils se refermèrent sur la colombe. Les Argonautes tentèrent le passage. Les rochers se refermèrent encore une fois mais seule la dernière planche de la poupe se trouva légèrement endommagée. Les Argonautes entrèrent ensuite dans le Pont-Euxin. Ils se retrouvèrent en Colchide. Jason exposa au roi le motif de sa venue. Aetès ne refusa pas de donner la toison mais il fixa comme condition que Jason imposerait le joug à deux taureaux aux sabots d'airain qui soufflaient le feu par les naseaux. Ils étaient des présents d'Héphaïstos. Ensuite, Jason devrait labourer un champ avec les deux taureaux et y semer les dents du Dragon d'Arès. La fille du roi, Médée, avait conçu pour Jason une vive passion. Elle lui donna un baume magique dont il devrait s'enduire pour éviter les brûlures et devenir invulnérable. Elle lui révéla ensuite ce qu'il adviendrait une fois semées les dents du Dragon. Jason réussit à dompter les deux taureaux et à labourer le champ et à semer les dents. De celles-ci, comme le lui avait annoncé Médée, sorti une moisson humaine, des guerriers armés. Jason se cacha et lança une pierre au milieu de leur troupe. Alors les guerriers s'accusèrent réciproquement et s'entre-tuèrent. Aetès ne respecte pas sa promesse. Il voulait incendier le bateau de Jason mais Jason s'empara de la toison avec l'aide de Médée et s'enfuit. Jason emmena la jeune fille et le frère de celle-ci avec lui. Le roi, furieux d'avoir était joué, se mit à leur poursuite. Pour retarder son père, Médée tua son frère et dispersa ses membres sur la mère. Aetès s'attarda à les recueillir et ne put rejoindre les fugitifs. Les Argonautes pénétrèrent de nouveau dans la Méditerranée en passant par l'Adriatique.

La voie de l'Argo leur avait réveillé que Zeus était irrité du meurtre d'Apsyrtos, le frère de Médée et que les Argonautes de les purifier par la magicienne Circé. Circé était la soeur d'Aetès. Circé les purifia. En traversant la mer des Sirènes, Orphée chanta une mélodie si belle que personne n'eut envie d'écouter la voix des enchanteresses. Les Argonautes se trouvèrent devant l'idée des Phéaciens. Ils y rencontrèrent un groupe de Colchidiens lancé à leur poursuite mais le roi des Phéaciens refusa de les livrer. Une tempête les entraîna sur les rivages des Syrtes. Triton, le Dieu du lac leur montra une issue par laquelle ils rejoignirent la mer libre. Ils voulurent aborder en Crête mais le géant Talos dont le corps était en bronze leur interdit l'accès de l'île. Médée pratiqua un enchantement qui déchira la cheville du géant qui était son seul point faible. Il mourut. Enfin, après quelques jours de mer, ils débarquèrent à Iolcos avec la Toison d'or. Médée décida de tirer vengeance de Pélias. Elle s'insinua auprès des filles de celui-ci. Elle les persuada qu'elle saurait rajeunir leur père. Elle mit un vieux bélier en pièces et le fit bouillir dans un chaudron plein d'herbes magiques. Il en sortit un tout jeune agneau. Alors les filles de Pélias dépecèrent leur père et le firent bouillir. Jason et Médée furent bannis d’Iolcos après ce crime. Ils se rendirent en Corinthe. Puis un jour le roi du pays, Créon, voulut donner sa fille en mariage à Jason. Médée offrit à sa rivale une robe imprégnée de poison qui l'embrasa et mit le feu à tout le palais. Médée acheva sa vengeance en tuant les enfants qu'elle avait eus de Jason et s’enfuit sur un char volant.

Europe était la fille du roi de Tyr, Agénor. Un jour que jouait sur la plage avec ses compagnes, un taureau sortit des flots et vint se coucher à ses pieds. Elle caressa l’animal et s'assit sur son dos. Le taureau s'élança vers la mer avec Europe. À Gortyne, en Crète changea de forme : c'était Zeus. Il avait imaginé ce stratagème pour enlever Europe dont il était amoureux. Elle lui donna trois fils : Minos, Sarpédon et Rhadamante. Agénor envoya ses fils chercher leurs soeurs. Un des fils, Cadmos consulta l'oracle de Delphes. La Pythie lui conseilla d'abandonner sa quête stérile et de fonder une ville.

Pour en déterminer le site, il devrait suivre une vache portant le signe de la lune jusqu'à ce qu'elle tombe épuisée. Elle trouva la vache et l'entraîna jusqu'en Béotie sur l'emplacement où devait plus tard s'élever Thèbes. Il trouva une source appelée la source d'Arès gardé par un dragon. Cadmos tua le Dragon. Athéna lui apparut alors et lui conseilla de semer dans la terre les dents du monstre. Il en sortit des guerriers armés qui s'entretuèrent. Cinq seulement survécurent. Ils fondèrent la race des Sparti (les hommes). En pénitence du meurtre du Dragon, Cadmos devint l’esclave d'Arès pendant sept ans après quoi, il épousa une fille d'Arès et Aphrodite: Harmonie que Zeus lui-même lui remit comme femme.

Vers la fin de leur vie, Cadmos et Harmonie quittèrent Thèbes pour régner sur le peuple des Enchéléens. Par la suite, ils furent transformés en serpent et gagnèrent ainsi les Champs-Élysées.

Le descendant de Cadmos,, Laïos était encore mineur quand le royaume de Thèbes tomba entre les mains d'usurpateurs. Laïos s'exila en Elide auprès du roi Pélops. Il tombe amoureux du fils du roi, le jeune et beau Chrysippos et inventa les amours contre nature. Pélops le maudit et le chassa. Laïos put revenir à Thèbes après la mort des usurpateurs. Mais il portait sur lui la malédiction de Pélops. Il lui était désormais interdit d'engendrer un enfant. S'il le faisait, l'enfant qu'il aurait le tuerait serait la cause des plus horribles malheurs pour toute sa famille. Laïos désobéit et engendra Oedipe. Ne voulant pas négliger la prédiction menaçante, il donna l'ordre d'exposer l'enfant dans la montagne. Il lui avait percé les chevilles et les avait réunies par une courroie ce qui provoqua une enflure des pieds de l'enfant et lui valut son nom « Pieds-enflés ». L'enfant fut recueilli par des bergers du roi de Corinthe, Polybos et élevé à la cour de celui-ci. Oedipe croyait fermement que Polybos et sa femme Périboea étaient ses véritables parents. Mais un jour un Corinthien lui révéla qu'il n'était qu'un enfant trouvé. Oedipe décida aussitôt d'aller à Delphes pour interroger l'oracle et savoir la vérité. C'est au cours de ce voyage qu'il réalisa l'antique prédiction. Il rencontra le roi Laïos en un endroit où le chemin était resserré. Le héraut ordonna Oedipe de laisser le chemin libre mais Oedipe ne voulut pas se presser d'obéir alors le héraut abattit un des chevaux d'Oedipe. En colère, Oedipe tua le héraut et son maître. Puis il continua sa route vers Thèbes en ignorant toute l'étendue de son crime. Il se trouva en présence du Sphynx qui posait des énigmes aux passants et dévorait ceux qui ne pouvaient répondre. Oedipe résolut les énigmes et, de dépit, le Sphynx se jeta sur les rochers et se tua. Dans leur reconnaissance, les Thébains prirent Oedipe pour roi et lui donnèrent en mariage la femme de Laïos, Jocaste. Une peste s'abattit sur la ville et l'oracle révéla que la peste ne cesserait qu'une fois puni le meurtrier de Laïos. Quand la vérité se découvrit, Oedipe, de désespoir, se creva les yeux et Jocaste se pendit. La malédiction se poursuivit avec la génération suivante.

Oedipe était parti en exil volontaire avec sa plus jeune fille, Antigone. Il s'était retiré à Colone sous la protection de Thésée. Etéocle et Polynice, ses deux fils, étaient restés à Thèbes. Ils avaient décidé de réunir alternativement. Mais Etéocle refusa de laisser la place à son frère quand il revint au bout d'un an. Polynice s'enfuit à Argos auprès d'Adraste et forma une armée. Ce fut l'origine de la guerre des Sept chefs contre Thèbes.

Sur leur route, les sept chefs fondèrent les jeux Néméens puis ils se présentèrent devant Thèbes. Ils attaquèrent chacun l'une des sept portes de la ville. Mais leur armée fut anéantie. Seul Adraste réussit à se sauver. Les deux frères Etéocle et Polynice s'étaient entre-tués.

Créon, frère de Jocaste restait maître de la situation et il ordonna que l'on rende aux Thébains les honneurs funèbres spécialement à Etéocle mais que l'on abandonne sur place les corps des ennemis. Antigone refusa de laisser sans sépulture le corps de son frère Polynice.

Elle prit l'initiative de répandre un peu de poussière sur le cadavre, geste rituel qui suffisait à remplir l'obligation religieuse. Elle fut condamnée à mort par Créon pour ce geste et enfermée vivante dans le tombeau des Labdacides. Elle se pendit dans sa prison et Haémon, son fiancé, le fils de Créon, se suicida sur son cadavre.

Les fils de sept chefs reprirent la querelle de leurs pères, à l'insinuation d'Adraste. Ce fut l'expédition des Epigones à Thèbes. Pendant quelque temps la ville disparut du nombre de cités grecques.

Le cycle des Atrides se rattache à Pélops et c'est encore une malédiction de celui-ci qui est à l'origine des catastrophes qui en marquent le déroulement.

Atrée est le fils de Pélops et d'Hippodamie. Il descend de Tantale et indirectement de Zeus. Il nourrit une haine invincible contre son frère Thyeste qui est précisément le résultat de la malédiction. À l'instigation d'Hippodamie, les deux frères avaient mis à mort leur plus jeune frère Chrysippos. En punition, ils furent maudits et bannis par leur père. Ils se réfugièrent à Mycènes. Sthélénos leur confia une partie de l'Argolide. Plus tard, lorsque mourut Eurhystée, le fils de Sthélénos, les habitants de Mycènes décidèrent de choisir comme un roi l'un des deux fils de Pélops. Thyeste proposa que l'on choisisse pour roi celui des deux frères qui pourrait produire une Toison d'or. Atrée, sans naissance, accepta. Il ignorait que sa femme, Aéropé, qui était la maîtresse de Thyeste, avait dérobé la Toison d'or pour l'offrir à son amant. Thyeste montra la Toison d'or et fut élu roi. Mais un nouveau prodige, le soleil qui se coucha à l'est, révéla que la volonté des dieux destinait le pouvoir à Atrée. C'est lui qui l'emporta sur son frère. Atrée tua trois fils que Thyeste avait eu avec une naïade. Puis il les fit servir dans un banquet à leur père. Quand Thyeste eut mangé, il lui montra les têtes de ses enfants et lui révéla la nature du repas qu'il venait de faire. Puis il le bannit. Thyeste se réfugia à Sicyone et ne songea qu'à la vengeance. Sur le conseil d'un oracle, il s'unit à sa propre fille, Pélopia et en eut un fils, nommé. Il fit en sorte que Pélopia épouse son oncle.

Atrée éleva le petit Egisthe sans savoir quel en était le père. Quand l'enfant devint adulte, Atrée lui confia la mission de tuer Thyeste. Mais Egisthe découvrit à temps le secret de sa naissance et évita le parricide. Il retourna à Mycènes et mit à mort Atrée. Il donna le royaume d'Atrée à Thyeste. Atrée laissait deux fils : Agamemnon et Ménélas, les Atrides. Le cycle s'engage alors dans l'aventure troyenne mais le thème dominant, La haine des deux fils de Pélops n'est pas éteinte et va encore provoquer bien des catastrophes. Agamemnon avait épousé Clytemnestre, l'une des filles de Tyndare. Agamemnon assassinat Tantale en même temps qu'un enfant que venait de lui donner sa femme et il épousa Clytemnestre. Finalement, ce sera Egisthe qui causera la perte d'Agamemnon. Ménélas désira bientôt épouser Hélène, la soeur de Clytemnestre. Hélène était la fille de Tyndare qui régnait à Sparte. Elle était aussi la fille de Léda. Mais chacun savait qu'en réalité son père était Zeus qui s'était uni à sa mère sous forme d'un cygne. Hélène était d'une grande beauté et tous les princes de la Grèce prétendaient à sa main.

À la suggestion d'Ulysse, Tyndare demanda à tous les prétendants de s'engager par serment à soutenir celui qui serait choisi par Hélène. Les princes y consentirent. Alors Hélène choisit Ménélas qui était le plus riche de tous.

Hélène donna une fille à Ménélas que l'on appela Hermione. Mais vers ce moment s'éleva une contestation dans l'Olympe entre les déesses. La discorde avait lancé une pomme d'or dans l'assemblée des dieux disant qu'elle devait être accordée à la plus belle des déesses, Athéna, Héra et Aphrodite. Personne, dans l'Olympe, ne voulut se charger de décider entre elles.

Zeus chargea Hermès de les conduire sur l'Ida où Pâris, fils du roi Priam gardait ses troupeaux. L'une après l'autre, les trois déesses plaidèrent leur cause devant lui. Héra s'engagea à lui livrer l'empire de l'Asie entière, Athéna lui offrit la sagesse et la victoire dans les combats. Aphrodite se contenta de lui promettre l'amour d'Hélène de Sparte. Pâris décida que c'était Aphrodite la plus belle. Il fut reçu à la cour de Ménélas avec de grands honneurs. Ménélas partit en Crète pour les funérailles de son grand-père et confia Pâris à sa femme. Mais Hélène, par la volonté d'Aphrodite, se laissa séduire et s'embarqua avec Pâris pour la ville de Troie abandonnant Hermione.

Ménélas, de retour, alerta son frère et ils décidèrent de rappeler aux princes grecs le serment qu'ils avaient prêté. Ils partirent  pour Troie pour réclamer Hélène et Agamemnon fut élu « roi des rois ». Les Grecs ignoraient la route de Troie et débarquèrent en Mysie puis rentrèrent chez eux. Huit ans plus tard, Agamemnon réussit à rassembler une nouvelle armée qui se concentra à Aulis. Mais les vents n'étaient pas favorables. Le devin Calchas répondit que la cause en était la colère d'Artémis parce qu'Agamemnon avait prétendu que la déesse n'aurait pas mieux fait que lui un jour à la chasse ou parce qu’Atrée n'avait pas sacrifié à la déesse l'agneau d'or qu'il avait trouvé dans ses troupeaux.

Artémis demandait un sacrifice. Agamemnon accepta. Elle exigeait qu'Agamemnon immole devant son autel sa fille Iphigénie. Le sacrifice eut lieu. Dans une version adoucie de la légende, Artémis, au dernier moment, substitue une biche à la jeune fille. La flotte d'Agamemnon put enfin partir et arriver en Troade. La guerre dura 10 ans. Les premières années, elle traîna en longueur. La 10e année, Agamemnon et Achille se livrèrent à diverses opérations de piraterie contre les cités du voisinage. Ils ramenèrent deux captives, Briséis et Chryséis. La première fut attribuée Achille et la seconde à Agamemnon. Mais le père de Chryséis, Chrysès était prêtre d'Apollon. Il supplia son lieu de lui faire rendre la jeune fille. Alors Apollon envoya la peste dans le camp des assiégeants. Chalcas révéla que la prisonnière devait être restituée à son père. Agamemnon accepta mais exigea Briséis. Achille se mit en colère. Il n’accepta que par contrainte et décida de ne plus combattre. Cela dura jusqu'au moment où les Troyens furent sur le point d'incendier totalement les navires de leurs ennemis. Patrocle, l'ami d'Achille demanda à reprendre sa place sur le champ de bataille et Achille accepta. Achille lui prêta ses propres armes et croyant voir apparaître Achille en personne, les Troyens tuèrent Patrocle. Achille retourna au combat pour venger son ami. Sa seule présence fit reculer l'assaillant. Achille réussit à récupérer le corps de Patrocle et lui fit des funérailles solennelles. Thétis a apporté des armes divines à son fils Achille. Achille a chassé les Troyens et les a contraints de rentrer à l'abri de leurs murailles. Il se trouve seul en face d'Hector, fils de Priam et véritable soutien de la force troyenne. Zeus met sur la balance le sort des deux hommes. Et c'est celui d'Hector qui pèse le plus lourd. La lance d'Achille atteint Hector. Avant de mourir, Hector prédit à son ennemi qu’il ne tardera pas à le suivre dans les enfers. Achille attache le cadavre d'Hector à son char, et, par trois fois, le traîne autour de la ville. Achille est tué par une flèche de Pâris. C'est son fils Néoptolème qui le remplace. On fait venir Philoctète qui détient les flèches d'Héraclès sans lesquelles les devins déclarent que Troie ne peut être prise. Puis les Grecs se procurent les os de Pélops, talismans nécessaires à la victoire. Ils font mine de se retirer et s'embarquent ostensiblement laissant sur le rivage un énorme cheval de bois. Ils avaient laissé derrière eux un des leurs nommé Sinon qui se fait volontairement prendre par les Troyens et se donne pour victime d'Ulysse. Sinon révèle que le cheval de bois est une offrande des Grecs à la déesse Athéna et qu'il a été construit d'une telle grandeur pour empêcher que les Troyens ne puissent le faire pénétrer dans leur ville sinon Troie serait imprenable. La plupart des Troyens le crurent. Ils démolirent leurs murailles pour faire pénétrer le cheval dans la ville. Les Grecs attaquèrent alors de toutes parts et des soldats dissimulés à l'intérieur du cheval s'emparèrent des portes. Après la victoire, ce fut le retour de l'armée. La plupart des contingents revinrent en groupe mais leurs navires firent naufrage en Eubée. Quelques chefs seulement échappèrent. Mais retournant dans leur patrie, ils la trouvèrent généralement en désordre. Agamemnon retourna chez lui, Clytemnestre était décidée à le tuer. Elle fut confirmée dans sa résolution quand elle sut que son mari était accompagné de captives troyennes et notamment de Cassandre, une des filles de Priam. Au cours d'un banquet, avec l'aide d’Egisthe, Clytemnestre fit assassiner Agamemnon. La descendance de Thyeste semblait l'emporter définitivement sur celle d'Atrée. Pourtant, la génération suivante devait mettre le comble à ses horreurs : Oreste, le fils d'Agamemnon reçut d'Apollon l'ordre de venger son père. Alors il se rendit à Argos pour tuer Egisthe et Clytemnestre. Meurtrier de sa mère, il fut poursuivi par les Erinnyes et commença d'errer à travers toute la Grèce. L'aréopage le jugea et Oreste fut acquitté. Il eut une longue vie comme avoir d'Argos. La race d’Atrée avait définitivement vaincu celle de Thyeste.

Le plus célèbre des retours est celui-ci d'Ulysse. Le poème homérique néglige un certain nombre de traditions et d’épisodes qui sont connus par ailleurs. Fils de Laerte, Ulysse compte Hermès dans sa ligne maternelle. Une tradition isolée veut qu'avant son mariage avec Laerte, la mère d'Ulysse se soit donnée à Sisyphe, le plus fourbe et le plus adroit des mortels. Ulysse naquit à Ithaque. Il avait figuré parmi les prétendants d'Hélène puis obtint la main de Pénélope cousine germaine de Clytemnestre et d'Hélène. De ce mariage naquit un fils, Télémaque. Lors de l'enlèvement d'Hélène, Ulysse était lié par serment et fut obligé de participer à l'expédition contre Troie. Désormais, c'est lui qui sera chargé de toutes les missions délicates dans l'armée : ambassades, opérations de renseignement, espionnage, ruse de guerre. Lorsqu'il fut question, à la fin de la guerre, d'attribuer les armes d'Achille à celui des Grecs qui auraient causé le plus de dommage à l'ennemi, les prisonniers troyens votèrent unanimement pour Ulysse. On lui attribue également l'invention du cheval de Troie et sa machination qui aboutit à l'assaut final. Mais sa gloire véritable commence avec son retour à Ithaque.

Ulysse avec ses 12 navires aborda en Thrace au pays des Cicones. Avec ses hommes, ils ravagèrent la ville en épargnant que le prêtre d'Apollon, Maron qui leur remit en récompense 12 jarres d'un vin doux et fort. Puis Ulysse et ses hommes se rendirent au pays des mangeurs de Lotos. Quelques hommes de l'équipage goûtèrent au lotos, un fruit magique qui leur ôta toute envie de repartir. Ulysse dut les enlever de force. Ensuite les navires arrivèrent au pays des Cyclopes. Accompagné de 12 hommes, Ulysse débarqua et pénétra dans une caverne. Il avait pris soin d'emporter avec lui une jarre du vin de Maron. Le cycle Polyphème arriva et ferma l'issue de la grotte. Il se mit en devoir de dévorer les étrangers. Alors Ulysse lui offrit du vin. Les cyclopes, qui n'en avait jamais vu, trouva cela délicieux et s'endormit lourdement. Ulysse en profita pour lui crever son oeil unique. Au matin, quand la caverne fut ouverte, Ulysse s'enfuit avec ses compagnons en se dissimulant sous le ventre de moutons du cyclope. Ensuite Ulysse se rendit chez Éole le maître des vents. Il fut accueilli avec hospitalité. Éole lui offrit une outre dans laquelle étaient enfermés tous les vents sauf une brise favorable qui devait le conduire à Ithaque. Déjà les marins pouvaient apercevoir les feux allumés par les bergers sur les collines de leur patrie lorsqu'Ulysse s'endormit. Les hommes en profitèrent pour ouvrir l'outre et tous les vents s'échappèrent. La flotte fut chassée dans la direction opposée et se retrouva le lendemain chez Éole. Celui-ci refusa d'accueillir Ulysse une seconde fois. Alors Ulysse reprit le chemin de la mer et aborda chez les Lestrygons, un peuple d'anthropophage. Il s'on tira à grand-peine. Tous ses navires furent brisés saufs celui dans lequel il se trouvait. Il partit ensuite en remontant la côte italienne pour se retrouver dans le pays de la magicienne Circé. La magicienne avait coutume de métamorphoser en animaux tous les étrangers qui se présentaient à sa demeure. Un premier groupe des compagnons d'Ulysse subit ce triste sort. Puis se demandait comment délivrer ses compagnons lorsqu'Hermès lui apparut et lui remit une herbe qui le protégerait des sortilèges. Ainsi, Ulysse contraignit Circé à rendre leur forme première à ses compagnons et il resta auprès de la magicienne une année entière. Il partit en laissant à la magicienne un fils, Télégonos.

Circé avait conseillé à son ami d'aller au pays des Cimmériens consulter l'âme du devin Tirésias. Ainsi, Tirésias apprit à Ulysse qu'il rentrerait dans sa patrie seul et sur un bateau étranger. Ulysse apprit également qu'il mourrait à un âge avancé au milieu du bonheur et loin de la mer. Ainsi averti, Ulysse reprit la mer et passa le long des écueils des Sirènes. Il se fit attacher au mât pour résister à l'attrait de leur chant. Entre Charybde et Scylla, il perdit encore quelques marins que les monstres dévorèrent. Puis Ulysse atteignit l'île de Thrinacie où paissaient les boeufs du soleil. Ces animaux étaient sacrés et il est interdit de porter la main sur eux. Les marins résistèrent quelque temps mais à la fin ils ne purent y tenir et pendant le sommeil de leur chef, ils dévorèrent l'un des boeufs. Ce sacrilège devait causer leur perte. Un orage se leva et Zeus fracassa leur navire. Ulysse, seul, put échapper, accroché à une épave. Ballotté pendant neuf jours sur les vagues, il parvint, à demi-mort, dans l'île de Calypso. La nymphe le recueillit, l'aima et le garda pendant 10 ans. À la demande d'Athéna qui protègeait Ulysse, Zeus envoya à Calypso l'ordre de le laisser partir. Ulysse construisit un radeau. Poséidon lui imposa une dernière épreuve. Un orage brisa le radeau d'Ulysse qui fut obligé d'aborder tout nu dans l'île des Phéaciens. Le lendemain, il fut réveillé par les cris et les rires d'un groupe de jeunes filles. C'est Nausicaa, la fille du roi Alcinoos et ses servantes. Ulysse fut reçu avec une grande courtoisie et le roi lui procura le moyen de retourner dans sa patrie. Quand il s'éveilla, Ulysse décida de ne pas se rendre immédiatement au palais. Il alla d'abord chez Eumée, le chef de ses porchers de qui il se fit reconnaître. Il élabora un plan pour reprendre le pouvoir. Car, en son absence, des jeunes gens du voisinage, au nombre de 108, s'étaient installés dans sa demeure et pressaient Pénélope de choisir parmi eux un nouveau mari. Pénélope avait prétexté la nécessité de tisser pour Laerte un linceul qu'elle défaisait la nuit. La ruse avait été éventée et les prétendants la mettaient en demeure de choisir. Puis, avec l'aide de Télémaque, il se présenta au palais sous l'aspect d'un mendiant. Quand il  eut en main son arc que lui seul pouvait bander, il massacra sans pitié tous les prétendants au cours de leur banquet. Les parents des victimes protestèrent mais grâce à l'intervention d'Athéna la paix revint bientôt dans Ithaque. Dans d'autres légendes, Ulysse fonde Rome avec Enée.

Héraclès posséder une légende qui se rattache à la Grèce achéenne et mycénienne. Sa mère, Alcmène et son père « mortel » Amphytrion sont des Perséides. Mais Héraclès n'est pas né à Tirynthe bien que sa famille soit originaire de cette ville. Amphitryon avait tué accidentellement son beau-père Electryon. Il fut obligé de s'enfuir à Thèbes. Pendant qu'il était occupé à une expédition, Zeus se substitua à Amphitryon pour engendrer un fils à Alcmène. Amphitryon de retour auprès de sa femme engendra un autre fils. Les deux enfants naquirent ensemble. Ce furent Héraclès, fils de Zeus et Iphiclès, fils d'Amphitryon.

Dans sa joie, Zeus avait imprudemment affirmé qu'Héraclès régnerait sur Argos. Héra, jalouse, fit en sorte que la naissance de l'enfant fut retardée tandis que celle de son cousin, Eurysthée fut avancée. Lié par les paroles de Zeus, Héraclès était désormais, pour toute sa vie, l'esclave d'Eurysthée.

Quand Héraclès eut huit mois, Héra essaya de le perdre en introduisant dans sa chambre deux énormes serpents. Héraclès se dressa dans son berceau et étouffa les monstres. On lui donna comme maître le musicien Linos mais Héraclès était indocile et maladroit. Un jour Linos tenta de le corriger mais Héraclès saisit son tabouret et en fracassa le crâne du maître. Amphitryon décida de laisser ce fils encombrant à la campagne. À 18 ans, Héraclès tua le lion du Cithéron. Il l'exécuta pour le compte du roi Thespios. Le roi accueillit Héraclès dans son palais. Il avait 50 filles et il s'arrangea pour en mettre chaque nuit une différente dans le lit du héros. Héraclès était si fatigué par sa journée de chasse qu'il croyait s'unir tous les soirs à la même fille. Il en eut 50 fils, les Thespiades. Puis Héraclès débarrassa la ville de Thèbes d'un tribut que lui imposaient les gens d’Orchomène. Mais dans la bataille, Amphitryon fut tué à côté de son fils. Pour remercier Héraclès, le roi de Thèbes, Créon, lui donna en mariage sa fille aînée, Mégara. Héraclès fut frappé de folie par Héra et il tua les enfants qu'il avait eus avec Mégara.

En revenant à lui, il eut horreur de son crime et renonça à Mégara. Il se mit désormais au service exclusif d'Eurysthée. Eurysthée lui imposa 12 travaux. Il dut d'abord vaincre le lion de Némée. Après l'avoir étouffé dans ses bras, Héraclès l’écorcha et se revêtit de sa peau. Cela épouvanta Eurysthée qui lui interdit de pénétrer dans la ville. Après quoi, Héraclès dut combattre contre l'Hydre de Lerne, un serpent dont les têtes repoussaient à mesure qu'on les tranchait. Héraclès se fit aider par son neveu, Iolaos pour couper les têtes du monstre et brûler les chairs, ce qui les empêchait de repousser.

Le troisième travail consistait à ramener vivant un sanglier qui vivait sur le mont Erymanthe. Héraclès le chassa dans la neige pour le fatiguer. Puis, Eurysthée désira la biche sacrée du mont Cérynie. C'était une bête d'une grande rapidité aux cornes dorées et consacrée par la nymphe Taygète à Artémis. Héraclès la poursuivit un an sans l'atteindre. Il finit par la blesser légèrement d'une flèche et réussit à l’attraper.

Eurysthée ordonna à Héraclès de détruire les oiseaux autour du lac Stymphale en Arcadie car ils constituaient un fléau. Pour les faire sortir tous à la fois du fourré, Héraclès utilisa des castagnettes de bronze qu'il fabriqua lui-même. Les oiseaux eurent peur et quittèrent leur abri. Héraclès put les abattre à coups de flèches.

Ensuite, Héraclès fut chargé par Eurysthée de nettoyer les écuries du roi Augias. Héraclès réussit en dérivant dans la cour les eaux de deux fleuves, l'Alphée et le Pénée. Puis, Héraclès dut capturer le taureau de Crète qui avait enlevé Europe et dont Zeus avait pris la forme. Après l'avoir capturé, Héraclès l'offrit à Eurysthée. Eurysthée voulut le proposer à Héra qui refusa. Alors le taureau fut remis en liberté et capturé par Thésée.

Le huitième travail d'Héraclès fut de se rendre à la cour du roi Diomède. Diomède nourrissait ses juments avec de la chair humaine. Héraclès le donna à manger à ses animaux.

La fille d'Eurysthée, Admète, souhaitait posséder la ceinture de la reine des Amazones. Hippolyte, la reine des Amazones, consentit bien volontiers à donner à Héraclès sa ceinture mais une querelle éclata entre les Amazones et les gens de la suite d'Héraclès. Une bataille s'engagea et Héraclès tua la reine. Eurysthée imposait à son serviteur des épreuves de plus en plus lointaines. Il lui ordonna d’aller chercher les bœufs de Géryon. La difficulté consistait à franchir l'océan. Héraclès demanda au soleil la grande coupe sur laquelle, chaque soir, il s'embarque pour regagner l'Orient. Le soleil accepta. Héraclès parvint au pays de Géryon et massacra Eurytion, son berger. Il ramena le troupeau de boeufs avec lui. On rattache à ce retour un grand nombre d'aventures destinées à expliquer des particularités locales. Ainsi Héraclès aurait élevé de part et d'autre du détroit de Gibraltar deux colonnes, les colonnes d'Hercule. Ensuite, Héraclès reçut l'ordre d'aller aux Enfers chercher le chien Cerbère. C'était un monstre à trois têtes qui gardait l'entrée du royaume des morts. Héraclès, après s'être fait initier aux mystères d'Eleusis, descendit dans le monde souterrain par la Porte d'Enfer qui s'ouvre au cap Ténare. Héraclès était guidé par Hermès, sur ordre de Zeus. Héraclès maîtrisa Cerbère et revint à Argos.

Eurysthée en voyant le chien eut peur et ne voulut pas l'accepter. Héraclès dut le reconduire en enfer. Le 12e et dernier travail consistait à aller cueillir des pommes d'or que les Hespérides gardaient dans un jardin merveilleux avec l'aide d'un dragon. Lors du mariage d'Héra avec Zeus, la Terre lui avait donné ces pommes en présent et la déesse les avait trouvées si belles qu'elle les avait plantées dans son jardin, auprès du mont Atlas.

Héraclès apprit que seul le Dieu marin Nérée pourrait le renseigner. Mais il fut obligé de le maîtriser pour obtenir une réponse. Au cours de son voyage, il en profita pour libérer Prométhée en tuant l'aigle et qui le torturait. Prométhée le remercia en lui apprenant qu'il devrait faire cueillir les pommes par Atlas. Héraclès arriva au pays des Hespérides et il proposa à Atlas qui supportait le ciel sur ses épaules en châtiment imposé par Zeus, de le remplacer pendant qu'il irait cueillir les fruits. Atlas accepta mais lorsqu'il revint il déclara qu'Héraclès tenait trop bien sa place et ne voulut pas la reprendre. Héraclès fit semblant d'accepter et demanda seulement à Atlas de lui glisser un coussin sur l'épaule. Le géant obéit et Héraclès se déroba en laissant Atlas tout seul. Une fois en possession des pommes d'or, Eurysthée ne savait pas quoi en faire alors il les rendit à Héraclès qui les donna à Athéna et Athéna alla les reporter dans le jardin merveilleux.

Les derniers moments d’Héraclès sont restés célèbres. Il avait épousé Déjanire et vécut quelque temps à Calydon. Mais il tua accidentellement un habitant du pays et dut partir en exil. Il voyagea avec sa femme et son fils Hyllos. Au bord du fleuve Evénos, le centaure Nessos essaya de violer Déjanire alors Héraclès le tua. Avant de mourir, le centaure confia à la jeune femme que son sang était un philtre d'amour. Crédule, Déjanire recueillit et le sang. Héraclès suit la guerre au roi d'Oechalie et prit la fille du roi comme butin. Déjanire l’apprit et elle envoya un vêtement trempé dans le sang de Nessos à son mari. Le sang n'était pas un philtre d'amour mais un poison qui attaquait la peau. Fou de douleur, Héraclès se jeta dans un bûcher. Il fut enlevé au ciel. Une fois parmi les dieux, Héraclès se réconcilia avec Héra.

Thésée est le héros d'Athènes. Il appartient à la famille royale par son père, Egée, il descend d’Erechthée et par sa mère, Aethra, il est l'arrière-petit-fils de Pélops. Quand Héraclès était esclave pour expier quelque meurtre, les monstres recommencèrent à peupler le monde. Thésée les massacra. Quand il se présenta à Athènes, Egée était au pouvoir de la magicienne Médée. Médée persuada Egée de tuer Thésée qu'il avait pris pour un étranger. Mais Egée finit par reconnaître son fils grâce à l'épée qu'il portait. Médée partit en exil. Médée avait essayé de le faire périr en l’envoyant combattre le taureau de Marathon qui n'était autre que le taureau amené de Crète par Héraclès. Thésée maîtrisa animal et l'offrit en sacrifice à Apollon. Puis il partit en Crète afin de délivrer sa patrie du tribut imposé par Minos.

À la suite de la mort de son fils Androgée, Minos avait exigé des Athéniens, tous les neuf ans, la livraison de sept jeunes gens de sept jeunes filles. Ce tribut était destiné au Minotaure que l'on disait avoir été engendré par un taureau avec la propre femme du roi Minos, Pasiphaé. Le Minotaure était enfermé dans un labyrinthe. Thésée s'embarqua sur un bateau aux voiles noires avec les victimes et promit à son père s'il revenait vainqueur de hisser des voiles blanches.

Thésée fut enfermé dans le labyrinthe mais auparavant il avait été aperçu par Ariane, une des filles du roi Minos qui en était devenu amoureuse. Elle lui avait donné une pelote de fil afin qu'il pût retrouver son chemin dans le dédale. Elle avait demandé comme condition que Thésée la prenne pour femme. Thésée tua le Minotaure et fut fidèle à sa promesse. Il repartit avec Ariane. Mais après leur arrivée dans l'île de Naxos, Ariane s'endormit sur le rivage et quand elle se réveilla, Thésée était reparti. Dionysos lui en avait donné l'ordre et avait lui-même enlevé la jeune femme. Thésée, tout au chagrin de la perte d'Ariane, oublia de hisser les voiles blanches et son père, du haut de l'Acropole, vit arriver le bateau aux voiles noires. Croyant que son fils était mort, il se précipita du haut de la falaise et se tua.

Devenu roi, Thésée rassembla en une seule cité la population de l'Attique. Il organisa une guerre contre les Amazones et se rangea du côté des sept chefs en lutte contre Thèbes. Il défendit Oedipe et la justice des lois divines.

Chapitre V: la vie des légendes.

Les mythes et helléniques ont traversé trois grands moments : l'âge épique, l'âge tragique et l'âge philosophique. Un cycle épique comme le récit de la guerre de Troie comprend un noyau indubitablement historique. Les fouilles exécutées sur le site de Troie prouvent sans conteste que la civilisation troyenne est une réalité. Mais il fallait imaginer un prétexte pour la guerre. On imagina l'enlèvement d'une femme et on choisit Hélène qui semble bien avoir été à l'origine une déesse préhellénique. Hélène fut alors dotée d'une généalogie qui la rapprochait des grands barons mycéniens. Cela explique que son enlèvement ait dressé contre le coupable tous les princes et toutes les cités. Les éléments folkloriques se retrouvent non seulement dans les cycles héroïques mais dans les mythes relatifs à des divinités : Hermès volant les boeufs de son frère et les traînant par la queue pour dissimuler son chemin, c'est une histoire populaire bien connue. Il y a encore le thème du serpent ou du monstre gardant une caverne ou un jardin dans lesquels est caché un trésor. Il y a aussi des histoires d'enfants exposés et nourris par des bêtes. Il n'est pas indifférent de remarquer que la grande déesse d'Argos était Héra et que le nom d'Héraclès est évidemment dérivé de celui de la déesse. Héraclès est sans aucun doute un serviteur d'Héra. Achille, Agamemnon, Hélène sont probablement antérieurs à l'idée première du cycle troyen. Mais ils n'ont existé vraiment qu'une fois engagés dans leur grande aventure. L'un des mérites d'Homère est d'avoir doté Achille d'un caractère qui s'est imposé pour toujours. Tel qu'Homère l’a chanté, Achille est devenu une source d'inspiration à travers toute l'antiquité : Alexandre, César auront son exemple devant les yeux et offriront des libations à son tombeau. Le mythe, sous sa forme de récits épiques, devient l'instrument par excellence de l'éducation morale.  Dans les écoles de la Grèce classique, les enfants apprennent par coeur les poèmes homériques et le maître en tire des maximes et des préceptes de conduite. Pour Eschyle, le triomphe de Zeus n'est pas définitif si le Dieu ne parvient pas à redonner leur juste place à ceux qu'il a supplantés. Le problème que s'est posé Eschyle est d'ordre théologique. Il consistait à découvrir les conditions de la permanence de Zeus. Et toute la trilogie est le drame de la « médiation » : Prométhée, de même qu'il avait été le médiateur entre les forces primordiales et les hommes-lorsqu'il avait dérobé pour eux le feu du ciel-devient le médiateur entre ces mêmes forces et la génération des Olympiens, lorsqu'il révèle à Zeus l'oracle de Gaïa, la prédiction selon laquelle le fils qui naîtrait de Thétis devait un jour supplanter son père et détourne ainsi le Dieu de conclure une union qui mettrait inexorablement en marche les destins. Zeus peut alors retirer Cronos et les titans de la prison du Tartare. Il les installe aux Champs-Élysées. Pour Eschyle, Prométhée est le rédempteur universel et la trilogie qui lui est consacrée sonne comme un évangile.

Les mythes tragiques, même à la scène, gardent de leur origine cette atmosphère religieuse qui est caractéristique de la tragédie. Le héros tragique a beau s'humaniser, participer aux passions et aux souffrances, de l'humanité ordinaire, il se meut pourtant dans un monde à part où tout est plus grand, plus terrible.

L'importance considérable prise par le cycle troyen est, sans aucun doute, responsable de la survie des traditions locales relatives à Hélène, à Oreste, à Diomède, à Énée et aux autres. Peu à peu, mais surtout après les conquêtes d'Alexandre et, plus tard, avec la constitution de l'empire romain, la pensée mythique et religieuse du monde antique se coula dans les formes imposées par le légendaire hellénique.

Chapitre VI : les mythes devant la science moderne.

Comment a-t-il pu se faire que des récits aussi déraisonnables que les mythes aient non seulement trouvé créance auprès des hommes mais aient pu même être imaginés. C'est au XIXe siècle seulement que la mythologie antique commença d'être traitée sérieusement, comme un objet de connaissance et d'analyse. C'est au grand linguiste Max Müller que l'exégèse des mythes doit d'être sortie de l'ornière traditionnelle. Il imagina que les hommes primitifs, frappés par les phénomènes de la nature, avait commencé par leur donner des noms, et que ces noms étaient, peu à peu, devenus des personnes. Certes, les idées de Müller sont beaucoup trop simples et il est démontré aujourd'hui que les mythes ne proviennent pas d'une maladie du langage.

Avec les travaux de Mannhardt et de Fraser, l’exégèse mythologique connut une phase nouvelle. La méthode comparative était née.  Elle repose sur le postulat que les démarches de l’esprit humain son identiques, quel que soit le peuple. Par exemple, la croyance à l’immortalité apparaît à Fraser comme étant essentielle à l’homme. Toutes les légendes d’enfants exposés ont leur répondant en Amérique ou en Afrique, où le premier né est frappé d’un véritable interdit. S’il vit, il compromet l’existence de son père et, surtout lorsque ce père est roi de sa tribu, l’existence du village tout entier.

Georges Dumézil a créé une méthode sociologique. La comparaison des mythes doit rester à l’intérieur du domaine indo-européen. Ainsi, les rapprochements seront d’abord établis entre des civilisations  possédant des rapports de parenté indéniables. Mais il semble bien que la tradition indo-européenne soit insuffisante à rendre compte de tous les éléments connus dans les mythes grecs.

 

 

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Humanisme : le Contrat social
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