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Humanisme : le Contrat social
5 juin 2023

Orlando (Virginia Woolf)

Orlando

 

En 1928, Virginia Woolf publie l'histoire d'un jeune homme de haut lignage vivant à la fin du XVIè siècle, dans un manoir anglais. Il est de nature chevaleresque et voue un profond amour pour la poésie. La reine Elisabeth est conquise par son charme et l'appelle à la Cour où il est admiré de tous et cet engouement se poursuit après le décès de la reine. La reine l'avait comblé de charges et d'honneurs. Durant l'année du grand gel, le roi Jacques fait construire sur la glace de la Tamise une sorte de champ de foire. Orlando y rencontre Sasha, une princesse des plus fantasques, nièce de l'amabassadeur de Russie. Orlando, s'en retourne dans son manoir où il passe quelques jours dans une sorte d'hébétude. A son réveil, il est guéri de sa passion. Il est allors animé par l'ambition littéraire et se promet de devenir le premier poète de sa lignée et de faire connaître son nom. Il convoque dans son manoir le littérateur Nicolas Greene pour lui demander conseil. Greene est est féru de classicisme et ne comprend pas l'ambition d'Orlando. Il raille le jeune homme et cherche à le détourner de son projet. A 30 ans, Orlando, déçu par l'amour et par l'ambition est convaincu de la vanité des femmes. Il cherche alors le réconfort dans la nature et consacre tous ses loisirs à la restauration de son manoir. La passion de la poésie le reprend et il commence la rédaction d'un poème, "Le Chêne" dans un style diffrent de ses premiers vers. Sa vie de contemplation et de solitude est bouleversée par l'arrivée d'une riche duchesse roumaine qui souhaite à tout prix lui imposer le mariage. Pour la fuire, Orlando se fait nommer ambassadeur à Constantinople. Là, il tombe dans l'abattement. Il se réveille mystérieusement transformé en femme. Sous sa nouvelle forme, il se joint à une troupe de bohémiens de l'Anatolie et la nature lui révèle son aspect d'éternité et la millénaire sagesse des bohémiens lui fait comprendre la futilité des traditions de sa famille. Poussée par la nostalgie et par son besoin d'écrire, elle prend la mer et revient à Londres qu'elle trouve profondément changée. C'est l'époque d'Addison, de Dryden et de Pope. Orlando s'habitue à sa condition de femme. Elle fréquente la brillante société de l'époque de la reine Anne et rencontre des gens de lettres. Elle perd ses illusions pour s'en forger de nouvelles. Les années passent le monde se transforme. Le goût victorien triomphe, la mode est à la crinoline, la littérature devient emphatique. Orlando avait accédé inconsciemment à la tournure d'esprit qui avait accompagné le règne des Stuarts. Elle éprouve une aversion profonde pour l'esprit du XIXè siècle. Elle est alors poussée par la nécessité de choisir un mari et épouse Marmaduke Bonthrop Shelmerdine, courageux marin qui passe sa vie à tenter de franchir le cap Horn. Pendant son absence, ORlando achève son poème "Le Chêne" et Nicolas Greene, qu'elle a retrouvé à Londres et qui imité Addison come il imitait autrefois Cicéron, la décide à publier son poème. Le temps poursuit sa course. L'automobile, l'éléctricité apparaissent. La prospérité victorienne touche à sa fin. C'est l'époque actuelle : 1928.

Orlando est une femme de son temps. Elle a des enfants, elle conduit sa voiture et a reçu un prix littéraire. Mais elle poursuit toujours vainement la révélation de l'instant présent dont la vibration perpétuelle s'anime de mille souvenirs bruissant autour d'images perpétuellement nouvelles.

Orlando est un roman sur le Temps. C’est aussi un roman à clefs, dans lequel Virginia Woolf s’inspire de l’histoire de la famille de son amie la romancière Vita Sackville-West, avec qui elle eut une liaison (certains documents représentant Orlandofemme sont des photographies de Vita), et, comme tel, un roman cher aux féministes. On y trouve des pages qui sont parmi les plus belles et les plus puissantes de Woolf : la description de la Tamise gelée, au xvi e siècle, des fêtes sur la glace devant le palais de Buckingham, puis des icebergs et de leurs occupants emportés par le flot après le redoux, a un pouvoir évocateur exceptionnel. 7 Dans ce roman Virginia Woolf témoigne d’un humour dont elle n’est pas coutumière, et le personnage du poète aigri jaloux de la fortune du duc Orlando qui l’invite dans son château, et que l’on retrouve quatre siècles plus tard réincarné en critique littéraire à la mode, est une réussite unique dans l’œuvre de Woolf. Orlando n’en est pas moins un roman grave, un roman sur la vocation poétique, les difficultés et les souffrances de l’écriture. Le livre est truffé de pastiches, de citations, d’interventions ironiques de l’auteur. C’est sans doute le plus brillant, le plus ludique, de ceux qu’a écrits Virginia Woolf.

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