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Humanisme : le Contrat social
5 juin 2023

La Machine à explorer le temps ( H. G. Wells)

folio587-1981

 

"L'explorateur du temps" a inventé une machine qui lui permet de se dépacer dans le temps, comme on le fait dans l'espace. Il commence par un voyage en 802701. Au cours des millénaires, le climat de la région londonienne est devenu tempéré : y règne maintenant un climat quasi méridionnal et une végétation luxuriante y pousse. On n'aperçoit pas traces d'animaux et les édifices, qui autrefois étaient réunis dans la cité, sont disséminés, grandioses et rares dans tout le pays. Les premiers habitants que l'Explorateur rencontre sur son chemin sont de gracieuses créatures humaines, d'une taille plus petite que la moyenne actuelle, mais toutes belles et dont les vêtements sont de coupe uniforme mais avec des couleurs différentes et vives. L'Explorateur, intrigué, laisse son appareil et fait route avec ses nouveaux amis. Ceux-ci, qui se désignent eux-mêmes sous le nom d'"Eloïs", vivent en groupes compacts; les noyaux familiaux se sont dissous; la faim et le besoin de sommeil les réunissent par centaines dans de grands palais qui, vus de près, se révèlent être à moitié démantelés.

Hommes, femmes et enfants passent leurs journées à s'amuser, puisqu'ils n'ont apparemment plus besoin de travailler; d'ailleurs, leurs petites cervelles ne sont capables d'acun sentiment, sauf celui de la peur de l'obscurité. L'Explorateur s'est fait voler sa machine. Il découvra rapidement la raison de la peur des Eloïs : dans les profondeurs de la terre vit une population dense d'avortons, désagréables à voir à cause de leur ressemblance avec l'homme. Ce sont des êtres incapables de supporter la lumière du jour mais actifs et astucieux. Il s'agit des "Morlocks", des propriétaires qui sont devenus les véritables patrons de ce monde en ruine. Le progrès scientifique et technique, développé au maximum, a libéré en fait les classes dirigeantes de la nécessité de lutter pour leur bien-être, et, petit à petit, même la faculté de lutter s'est émoussée chez eux. Par contre, les prolétaires, qui étaient toujours tenus éloignés du monde des riches oisifs, se sont adaptés même physiquement aux nouvelles conditions de vie, au point d'acquérir, au cours des siècles, la conscience de leur supériorité. Les instincts carnivores des temps révolus s'étant à nouveau réveillés, ils ont commencé à se nourrir de leurs anciens patrons, devenus incapables de se défendre. En compensation, et par une habitude séculaire de servitude, ils leur fournissent tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Après une lutte farocuhe avec les féroces et dégoûtants Morlocks, lutte pendant laquelle l'Explorateur est obligé d'incendier tout un bois pour défendre sa vie, il réussit à leur reprendre sa machine et à se sauver. La curiosité le pousse ensuite à voir ce qui se passera quelques millénaires plus tard mais il ne trouve que des régions glacées où toute trace de vie a disparu. Remontant dans son appreil, l'Explorateur retourne chez lui et raconte à ses amis son aventure incroyable, dont il a rapporté, pour confirmer ses dires, deux fleurs étranges qui lui auraient été données par Weena, une petite "Eloï" à qui il aurait sauvé la vie. Ces fleurs, témoins muets d'une époque où, "lorsque l'intelligence et la force viendront à manquer, la gratitude et l'affection réciproque continueront à vivre dans le coeur de l'homme", sont les seuls choses que l'Explorateur du temps ait laissées à ses amis; reparti pour un nouveau voyage dans le temps, il n'est plus revenu.

Dans La Machine à explorer le temps (1895), H.-G. Wells décrit la célèbre décadence de l’humanité en deux branches, les Eloïs et les Morlocks : « Le grand triomphe de l’humanité que j’avais rêvé prenait dans mon esprit une forme toute différente. Ce n’avait pas été, comme je l’avais imaginé, un triomphe de l’éducation morale et de la coopération générale. Je voyais au lieu de cela, une réelle aristocratie, armée d’une science parfaite et menant à sa conclusion logique le système industriel d’aujourd’hui. […] Je n’avais aucun cicerone convenable dans ce modèle d’Utopie. […] La sécurité trop parfaite des habitants du monde supérieur les avaient amenés insensiblement à la dégénérescence, à un amoindrissement général de stature, de force, d’intelligence. » Les Morlocks, très lointains descendants des ouvriers victimes du machinisme, sont devenus de leur coté des êtres « lémuriens », ne supportant pas la lumière, anthropophages, sans aucune humanité.

La thématique de la lutte des classes est importante dans ce roman puisque ce sont les Morlocks qui fournissent aux Éloïs les biens essentiels. Les Éloïs vivent grâce à ces travailleurs de fond, qui, à force de dégénérer, vont en arriver au fur et à mesure du temps à dévorer les humains qu’ils servaient, si doux et « parfaits » qu’ils en ont oublié la parole. On retrouve donc ce problème crucial de l’utopie, qui est ce besoin d’une force de travail extérieure. Dans ce lointain futur, les Éloïs sont les descendants de l’élite oisive, de l’aristocratie et des classes dominantes, et les Morlocks ceux des classes laborieuses, inférieures et qui donc travaillaient pour eux, comme esclaves, avant qu’ils en fassent leur nourriture par un étrange retournement de l’Histoire.

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