Le Matin des magiciens 5
Pauwels et Bergier veulent faire croire que l’écriture de
Mein Kampf a été influencée par les thèses de Haushofer. Haushofer
voyagea en Inde et en Extrême-Orient, apprit le japonais et affirma que
le peuple allemand était originaire d’Asie centrale. Haushofer aurait
été initié à l’une des plus importantes sociétés secrètes bouddhistes
(là encore les dires de Pauwels et Bergier ne sont pas étayés). Jean
Klein dans la préface du livre « De la géopolitique » écrit par
Haushofer met à bas les théories des deux auteurs en écrivant : « Une
question controversée est celle de l’influence exercée par Karl
Haushofer sur Hitler à l’époque où il écrivait Mein Kampf. On sait en
effet qu’il était lié d’amitié avec Rudolf Hess et que c’est par son
intermédiaire qu’il fit la connaissance de l’agitateur nazi à l’époque
de son incarcération à Landsberg après le putsch manqué de 1923.
Certains en ont déduit qu’il aurait inspiré les passages du livre de
Hitler qui traitent de l’espace vital et fourni au futur dictateur des
arguments pour justifier ses entreprises de conquête. Or Karl Haushofer
a nié avoir joué ce rôle dans le mémoire en défense qu’il rédigea à la
fin de la guerre à la demande des autorités américaines. Il n’aurait
pris connaissance de Mein Kampf qu’après sa parution en juillet 1925 et
n’aurait pas estimé que l’ouvrage méritait un compte rendu dans la
revue géopolitique qu’il dirigeait. »
De plus Haushofer ne partageait pas les préjugés racistes de Hitler.
Continuant
dans les divagations, Pauwels et Bergier attribuent à Hitler des dons
de voyance. Il aurait prédit avec exactitude la date d’entrée de ses
troupes dans Paris et la non intervention de la France et de la
Grande-Bretagne lorsqu’il décida d’occuper la Rhénanie. Il aurait même
annoncer la date de la mort de Roosevelt. A aucun moment Pauwels et
Bergier ne se demandent pourquoi Hitler n’a su prévoir la défaite de
Stalingrad. Les erreurs historiques sont nombreuses dans Matin des
magiciens. Ce n’est pas Haushofer qui a choisi la croix gammée comme
emblème du nazisme mais bien Hitler, il le dit lui-même dans Mein
Kampf. Les deux auteurs dressent l’historique du svastika. Pour eux, il
apparut en Transylvanie à la fin de l’époque de la pierre polie puis à
Troie, en Inde, en Chine au Vè siècle, au Japon au VIe siècle où il
devient symbole du bouddhisme. Pauwels et Bergier affirment que les
nazis avaient des liens avec le Tibet. A Berlin, un moine tibétain,
surnommée « l’homme aux gants verts » recevait régulièrement Hitler. Il
était, disaient les initiés, « détenteur des clefs qui ouvrent le «
royaume d’Agarthi ». Schamballah et Agarthi étaient deux royaumes
mythiques décrits en 1923 dans le livre du Russe Ossendovski « Hommes,
bêtes et Dieux ». On retrouve ces deux noms dans la bouche des
responsables de l’Ahnenerbe. Les initiés de Thulé étaient persuadés que
la race fondamentale de l’humanité provenait du Gobi et qu’elle dut
émigrer à cause d’une catastrophe il y a quarante siècles. Haushofer
pensait que celui qui contrôlerait le Gobi et le Tibet contrôlerait le
globe. Les émigrés du Gobi, maître de la Haute civilisation
s’installèrent dans des cavernes de l’Himalaya. Au coeur de ces
cavernes ils se scindèrent en deux groupes, l’un suivant la « voie de
la main droite » (Agarthi) cité cachée du bien, l’autre suivant la «
voie de la main gauche » (Schamballah) cité de la violence et de la
puissance. Telle est la légende rapportée par René Guénon dans le « Roi
du monde ».
L’ésotérisme nazi et son influence tibétaine
fut dénoncé par Saint-Georges Saunders dans Les Sept demeures et Le
Royaume caché. Pauwels et Bergier affirment qu’en 1926 une petite
colonie tibétaine s’installa à Berlin et qu’en 1945 un millier de
volontaires tibétains furent retrouvés en uniformes allemands sans
papiers ni insignes. Les nazis envoyèrent des expéditions au Tibet
jusqu’en 1943 (ce fait est avéré et a été rendu célèbre par le film « 7
ans au Tibet » de Jean-Jacques Annaud).
Pour Pauwels et
Bergier l’extermination de 750 000 Bohémiens avaient des raisons «
magiques », pour vaincre l’indifférence des Puissances en guise de
sacrifice rituel. Haushofer se suicida en 1946 selon la tradition
japonaise. Son fils avait participé à l’attentat du 20 juillet 1944
contre Hitler, il l’avait appris tardivement. Les deux auteurs
affirment encore une fois qu’en se situant au niveau du réalisme
fantastique, ils peuvent comprendre ce qui se passe dans la cervelle
des nazis. Ainsi, Hitler aurait usé des Puissances mises à sa
disposition par ses « maîtres » Eckardt et Haushofer. Il aurait été un
medium, un instrument docile au service d’une doctrine secrète. La S.S.
aurait été un ordre religieux que Pauwels et Bergier appellent l’Ordre
Noir dont l’aspect théologique aurait été l’Ahnenerbe. Rauschning
confirmerait ce fait dans « Hitler m’a dit » : « Je vais vous livrer un
secret; je fonde un ordre. C’est de là que sortira le second degré,
celui de l’homme mesure et centre du monde, de l’homme-Dieu.
L’homme-Dieu, la figure splendide de l’Etre, sera comme une image du
culte... Mais il y a encore des degrés dont il ne m’est pas permis de
parler... ».
Les chefs S.S. reçurent une initiation dans
des Burgs après être passés par le séminaire, la Napola où on apprend à
donner et à recevoir la mort. Avant de recevoir la rune S.S. les
impétrants avaient droit à une cérémonie. Cette cérémonie s’appelait la
« cérémonie de l’Air Epais ». L’activité de l’Ordre Noir ne répondait à
aucune nécessité politique ou militaire : elle répondait à une
nécessité magique. Et dans tout cela les fours d’Auschwitz auraient
fait partie du rituel. Il s’agit bien de magie noire. Mais Pauwels et
Bergier n’ont convaincu aucun historien sérieux.
L’Ahnenerbe
était une société d’étude pour l’héritage de ses ancêtres. Elle avait
été créée par Frederic Hielscher qui ne fut jamais nazi et entretint
des relations avec le philosophe juif Martin Burber. Himmler en fit une
organisation officielle en 1935 (deux ans après sa fondation). Les buts
étaient : rechercher la localisation, l’esprit, les actes, l’héritage
de la race indo-germanique et communiquer au peuple les résultats de
ces recherches. En 1939, l’Ahnenerbe fut incorporé à la SS et ses chefs
incorporés dans l’état-major d’Himmler. Elle disposait de 50 instituts
dirigés par le professeur Wuest, spécialiste des anciens textes sacrés.
Elle espionnait les sociétés secrètes mais ce qui la fit connaître fut
la vivisection sur les prisonniers des camps. Elle s’intéressa au
surnaturel.
Troisième partie : l’homme cet infini
Pauwels
commence cette partie par ses souvenirs de la Seconde guerre mondiale.
Bergier évoque son passé au camp de Mauthausen, sa libération et les
progrès de la science : pénicilline, énergie atomique, silicones,
hélicoptère, télévision. Les deux auteurs rappellent qu’au lendemain de
la guerre, la menace atomique permet aux hommes de découvrir le présent
comme valeur absolue. Ils évoquent les témoignages sur l’apparition de
soucoupes volantes et du fameux Adamsky, imposteur qui prétendait avoir
été visité par les Vénusiens dans un livre très vendu. Pauwels se
souvient qu’en 1959 une fusée s’était posée sur la lune et la peur que
cela a entraîné chez certains écrivains croyant à la fin de leur
époque. Pauwels affirme que d’autres mondes sont habités et se demande
si nous avons été visités par des extra-terrestres. Il en cherche des
preuves et pense que l’épisode de la destruction de Sodome et Gomorrhe
dans la Bible peut s’expliquer par une explosion thermo-nucléaire
provoquée par des voyageurs de l’espace. Pauwels et son comparse
estiment que si nous n’avons pas décelé la présence d’extra-terrestres
c’est qu’ils se sont insérés incognito dans société pour nous observer.
Ils évoquent le fantastique intérieur. Ils parlent de Balzac qui avait
prédit la naissance de la parapsychologie dans la deuxième moitié du
XXè siècle dans une nouvelle « Le Réquisitionnaire ». Quant à
l’astronome Flammarion, il étudiait des phénomènes de voyance avec
Conan Doyle. Hugo aussi voulait sonder l’inexploré. Pauwels et Bergier
ont besoin de grands hommes pour consolider leurs théories. Pauwels a
été impressionné par un article de Jules Romains écrit en 1939 dans la
Nouvelle Revue Française. Il y parlait de sciences psychiques ce qui
étonna aujourd’hui c’est l’absence d’intellectuels cautionnant les
sciences parallèles alors que Pauwels et Bergier évoquaient les travaux
de tant d’écrivains. Les deux auteurs cherchent des preuves de la
précognition, ils affirment que Morgan Robertson a décrit la fin du
Titanic dans un livre écrit en 1898 soit 14 ans avait le drame. Les
deux auteurs affirment qu’aux Etats-Unis il existait plusieurs centres
de recherches officiels sur la télépathie. Il serait intéressant de
savoir s’ils existent encore aujourd’hui. Pour Pauwels et Bergier, la
parapsychologie n’a aucun rapport avec l’occultisme et s’emploient au
contraire à une démystification de ce domaine. Pour eux, l’étude des
facultés extrasensorielles est susceptible de déboucher sur des
application pratiques d’une ampleur considérable.
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