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Humanisme : le Contrat social
5 avril 2020

La sphère d'or (Erle Cox)

sphere

 

Ce roman de science-fiction publié pour la première fois en 1929 dans une collection de romans policiers « Le Masque » avait longtemps été introuvable dans notre pays car l'éditeur anglais et le traducteur français avaient depuis longtemps disparu. Une véritable enquête policière menée à Paris, à Mâcon, à Melbourne, à Londres finit par lever cette impossibilité. Le roman fut republié en 1974 dans la série « l'aventure insensée ».

Prologue.

Un homme était assis à une table dans ce qui paraissait être un vaste laboratoire de physique. Un grand aquarium était posé sur la table. L'homme avait des yeux gris, froids, pénétrants, d'où toute émotion humaine semblait bannie.

Chaque élément du visage, jusqu'au menton dur, irradiait la puissance.

Devant sa maison, s'étendait une large vallée à travers laquelle serpentait un fleuve. Au-delà encore, s'élevait un vaste bâtiment en forme de sphère, calé sur une base cubique. L'homme était absorbé par son travail et il ne vit pas arriver une femme à l'air viril et peu engageant. Après s'être assise, elle resta quelques instants à méditer en considérant l'homme au poisson. Puis elle se tourna vers son propre travail, ses mains s'affairant sur un mécanisme qui lui faisait face.

Un grand disque sombre dominant la table s'éclaira d'une lueur jaune à travers laquelle des lignes de symboles étranges se déplaçaient. La femme le regardait en prenant des notes. Le silence fut brisé par le son clair d'une cloche. Le disque vira du jaune au bleu. Il fut couvert de symboles mouvants. La femme les observa avec soin puis, au second coup de cloche, elle éteignit la lumière. Elle demanda à Andax combien de temps il faudrait pour découvrir les capacités du cerveau du poisson. Il ne répondit pas.

La femme pivota vers un large écran sur le cadre intérieur duquel saillaient plusieurs rangées de voyants lumineux. Elle enfonça un petit bouton sur la table. Elle fit un appel général par ordre du conseil suprême. La femme s'appelait Hiéranie, elle était directrice de la station géophysique centrale. Elle annonçait que les stations polaires d'observation avaient remarqué une déviation régulière et progressive de la stabilité terrestre. La durée de vie estimée de la planète était de 43 jours. Elle sermonna un homme qui avait répondu tardivement à son appel. Andax lui reprocha de ne l'avoir pas exécuté purement et simplement. Elle dit à Andax qu'elle ne voyait pas l'intérêt d'exécuter quelqu'un sachant qu'ils seraient tous morts dans 43 jours.

Elle reprocha à Andax d'avoir le même sang-froid que le poisson. Il répondit que tous les maux qui avaient obsédé l'humanité provenaient de l'influence féminine qui avait distrait le Créateur lorsqu'il avait engendré l'univers. Elle lui répondit que quelque part dans ce monde devait exister une femme qui ne concevait pas que son bonheur ne tienne le seul fait que lui-même soit célibataire. Une autre femme entra dans le laboratoire. Elle s'appelait Marnia. Elle parcourut les dates d'Hiéranie. Hiéranie reprocha à Andax de lui avoir proposé de greffer à son cerveau  un lobe du précieux cerveau de son frère. Elle avait refusé. Malgré cela, il lui proposait encore cette opération. Elle refusa encore. Elle ne voulait pas terminer sa vie avec un esprit semblable au sien ou à celui de son frère. Andax lui apprit que si elle acceptait l'opération, elle serait désignée pour occuper la troisième sphère. En effet, sur les trois sphères, une devait être occupée par une femme comme le Conseil en avait décidé.

Hiéranie répondit que les sélectionneurs avaient déjà proposé Marnia au Conseil. Andax répondit que Marnia était amoureuse et le Conseil ne voudrait pas emporter jusqu'au Nouveau Monde une complications sentimentale.

Marnia ne voulait pas supporter de survivre en abandonnant Davos. Elle avait envoyé une supplique au Conseil. Le conseil venait d'admettre cette supplique.

Davos entra. Il espérait pouvoir partir avec Marnia. Il annonça que le Conseil Suprême était en pleine session. Andax et Hiéranie allaient être convoqués. Andax lui demanda si l'assignation des sphères avait été décidée et il répondit qu'Hiéranie avait été désignée pour la sphère numéro 1, Andax pour la sphère numéro 2 et Mardon la sphère numéro 3.

Davos leur expliqua que la sphère numéro 1 serait scellée le lendemain. Mardon devait partir le soir même en direction de la troisième sphère. Le comité avait estimé que 27 millions d'années s'écouleraient avant que la planète ne soit à nouveau mûre pour une civilisation humaine intelligente. Hiéranie pensait que si elle s'en sortait cela en voudrait la peine.

Marnia n'enviait pas Hiéranie et Andax. Davos remarqua que le seul risque était que les sphères ne résistent pas à la tension de l'écrasement final. Andax espérait pouvoir découvrir un nouveau Monde avec lequel jouer, un monde à modeler selon ses yeux.

Un instant plus tard, quelqu'un envoyé par le Conseil Suprême annonça à Andax et Hiéranie qu'ils devaient se rendre au Conseil sans délai. Davos et Marnia les accompagnèrent.

Andax, Hiéranie, Mardon se présentèrent devant le Conseil. Le président s'adressa à eux. Il leur annonça que, dans l'espoir que toutes les réalisations de leur race en vue du bonheur de l'humanité ne disparaissent totalement, ils avaient conçu un projet dans lequel ils espéraient transmettre la sagesse de leur espèce à celle qui, dans l'abîme des temps, pourrait suivre.

Il les conjura de se retirer en paix, et sans perdre l'honneur, s'ils ne se sentaient pas à la hauteur de cette tâche. Tous les trois acceptèrent d'assumer la mission. Le président leur imposa de reconnaître que toute déviation dans la voie de l'honneur amènerait sur eux sa propre peine infamante et il leur ordonna de suivre en tout les lois de leur race dans lesquelles ils avaient été élevés. Dans l'accomplissement du devoir qu'ils allaient assumer, il ne devait y avoir aucune pensée égoïste. Il leur demanda de s'agenouiller. Ils obéirent. Il leur fit prêter serment. Le président éleva ses mains en une bénédiction.

 

 Chapitre premier.

 

Bryce était à la recherche d’Alan Dundas. Il le trouva devant sa véranda en train de creuser alors qu'il faisait 45°. Dundas se considérait comme « veuf » car sa femme de ménage venait de l'abandonner. Dundas habitait une ferme. Il possédait une collection de livres qui remplissait la majeure partie des deux murs de la pièce principale. C'était surtout des biographies, des mémoires, de l'histoire mais très peu de livres de fiction. Il invita Bryce à manger des frites avec des oeufs et du jambon.

Bryce avait environ 20 ans de plus que Dundas, malgré leur profonde amitié, il se sentait fier d'un homme capable de se respecter lui-même un tel point. Il savait que Dundas ne se livrerait jamais un acte pervers ou méprisable pour la seule raison qu'il se raserait chaque jour, même en plein désert. Ceci à cause de ce qu'il pensait de lui-même et non de ce que les autres pouvaient penser de lui. Bryce avait longtemps été le tuteur de Dundas.

Dundas avait renoncé à une carrière d'avocat. Il ne regrettait rien. Il aimait la solitude. Il aimait vivre dans sa carrière d'argile abandonnée. Il creusait un abreuvoir pour ses chevaux car le fleuve était à 1 km de sa maison. Bryce lui demanda pourquoi il ne se mariait pas.

Dundas ne voulait pas proposer à une jolie fille de vivre dans cette solitude même si elle était d'accord. De plus il lui faudrait agrandir sa maison. Dundas avait reçu George MacArthur chez lui pendant une semaine.

MacArthur après être parti de chez Dundas s'était imbibé de liqueurs assorties et avait opéré une descente avec quelques amis dans un bar. Il avait placé une serveuse sur une chaise en la faisant passer pour une déesse et il la faisait adorer sous les espèces de la chaste Diane. Il avait poussé ses amis à boire en son honneur. Bryce quitta Alan en lui proposant de l'inviter chez lui.

Si la providence qui ferme nos yeux sur l'avenir avait écarté des yeux de Bryce son voile une minute, il serait resté et n'aurait pas quitté son ami mais il était un simple mortel et s'écarta, inconscient, de la voie que foulaient les pieds d'Alan.

Chapitre II.

Doris, la femme de Bryce, demanda à son mari pourquoi il avait voulu savoir pourquoi Alan ne se mariait pas. Bryce lui répondit que Dundas lui avait avoué qu'il était déjà marié. Il prétendit même que Dundas avait six femmes et plusieurs centaines de concubines Doris avait compris que son mari plaisantait et le lui reprocha. Alors Bryce lui expliqua que Dundas avait mal pris son idée quand il lui avait suggéré de se marier.

Doris avait invité Marian Seymour le dimanche suivant pour la présenter à Dundas. Elle espérait que Dundas pourrait raccompagner Marian chez elle.

Dundas était troublé par la proposition que lui avait faite Bryce. Il n'arrêtait pas de penser au mariage qui lui a été suggéré.

Il continua de creuser. Il fut surpris de voir son pic brisé. Il inspecta l'endroit où le coup avait produit ce résultat. Il jura alors du fond du coeur. C'était un rocher. Dundas était intrigué. Il continua de dégager la surface. Il s'arrêta à peine pour manger. Il retourna aussitôt au travail. Il brisa un marteau. La pierre qu'il venait de frapper ne montrait aucune marque d'aucune sorte. Il éprouva le besoin de reprendre ses esprits et se mit à jouer du violon car la musique avait le pouvoir d'adoucir ses ennuis. Il songeait au rocher qui n'en était pas un. Il se demandait comment ce supposé rocher pouvait être dû à l'industrie humaine et non pasà la nature alors qu'il l'avait trouvé dans un sol vierge.

 

Chapitre III.

Le lendemain, Dundas reprit son travail avec un intérêt qu'il n'avait jamais ressenti. L'objet qu'il avait commencé à déterrer était de couleur rouge terne avec une surface lisse et avec une forme symétrique. Dundas pensait avoir découvert le sommet d'une construction cylindrique qui s'achevait en un dôme presque plat. Cette construction semblait être faite d'un ciment incroyablement dur. Il se remit au travail avec une intense curiosité car il voulait résoudre le mystère qu'il avait déterré. Le sol qu'il creusait était vierge. En Europe, une telle découverte aurait révélé les restes d'une civilisation éteinte. Mais ici, c'était l'Australie, le pays même où la notion d'histoire n'existe pas, le seul pays au monde sans passé.

Il voulait résoudre le mystère par lui-même et il était satisfait à l'idée que sa propriété était si éloignée des grands chemins. Ses opérations ne restaient guère d'être épiées. Au bout de quelques jours, Alan dégagea une première fente dans un mur. Il recouvrit sa découverte avec soin par des planches sur lesquelles il étendit un peu de terre.

Le lendemain Alan se rendit au magasin principal de la ville. Il commanda du bois d'oeuvre et de la tôle. Sur le chemin du retour il ne vit personne. Il espérait rencontrer par hasard la femme dont il était secrètement amoureux. C'était Marian Seymour. Alors il retourna à son travail. Il avait appelé sa découverte « ça ». Tous ses sens lui disaient qu'il était au bord de l'inconnu. Rien de ce qu'il avait brouté au cours de ses lectures éclectiques ne correspondait aux faits. Dans l'après-midi, le fourgon de Gaynor arriva avec les matériaux commandés. Alan fit décharger la charrette loin du lieu de son travail. Il ne voulait pas prendre de risques. Il restait déterminé à achever cette tâche sans l'aide de quiconque. Il travailla jusqu'à la nuit. Il dû admettre que sur le plan de l'art architectural, l'édifice qu'il venait d'ériger n'était même pas digne de mépris et qu'un apprenti charpentier eut ricané devant l'ouvrage. Cette structure était certes affreuse mais suffirait à son objectif.

Le lendemain samedi, il travailla avec la ténacité du castor. Il avait oublié sa visite hebdomadaire à Glen Cairn. Le soir, son opiniâtreté fut récompensée par un enclos presque achevé entourant sur une hauteur de 3 m l'excavation. Ainsi, le plus curieux visiteur n'aurait pas l'idée de fouiller ce qui avait toutes les apparences d'un débarras pour les outils.

Chapitre IV.

Dundas accorda une journée libre. Il repassa des vêtements et s'habilla tout en blanc. Il se rendit à Glen Cairn. Sur le chemin, il croisa Bryce qui allait en voiture chercher l'autre invitée.

Alan fut reçu à la banque par Doris seule. Bryce présenta Marian a Alan. Mariait lui demanda pourquoi il n'était pas venu jouer au tennis la veille avec le club de la ville. Il répondit qu'il était obligé de travailler. Dundas trouva Marian belle et forte. Il la trouvait essentiellement féminine et séduisante.

Abandonnés à eux-mêmes, Bryce d'Alan se lancèrent dans un dialogue qui glissa de la politique aux nouvelles de la ville.

Bryce demanda à Dundas où en était son abreuvoir. Dundas répondit brièvement qu'il avait heurté la roche et abandonné son entreprise. Il prétendit avoir construit une grange sur l'emplacement. Bryce demanda plus de détails sur le rocher. Alan répondit que c'était du granit. Plus tard, Alan demanda à Bryce si on avait jamais commencé l'érection d'un grand bâtiment à Cootamundra. Bryce répondit que la ferme d'Alan était à l'origine une annexe lointaine de l'ancien lotissement de Glen Cairn. Bryce apprit à Alan que son prédécesseur avait l'habitude de labourer de grandes étendues. Alan failli se laisser aller à tout raconter à Bryce mais l'orgueil du découvreur et le désir de faire tout seul les recherches l'en empêchèrent. Bryce ne comprenait pas pourquoi sa femme empêchait Alan de prendre les choses en main concernant sa relation avec Marian. À la fin de la soirée, Bryce prétendit qu'un ennui mécanique l'empêchait de raccompagner Marian chez elle est demanda à Alan de s'en occuper. Bryce demanda à sa femme les raisons de son agissement. Elle lui répondit qu'elle avait compris que si elle avait laissé Alan avec Marian, il n'aurait pas su prendre les choses comme elles viendraient et il aurait laissé Marian lui échapper. Elle avait donc décidé de les tourmenter pour que le supplice de Tantale soit encore plus fort.

Alan emmena Marian sur sa carriole.

Chapitre V.

 

Alan conduisit avec des précautions particulières la carriole et il se sentait flatté que Marian se soit confiée à lui sans hésitation. Il attendit d'avoir brisé le premier emballement de Billy et de l'avoir contraint un trot régulier pour se tourner vers sa compagne. Marian trouva Billy splendide. Elle trouvait toutefois regrettable que MacArthur ait abîmé une si belle bête avant de la revendre à Alan. Mais Dundas défendit son ami en affirmant que MacArthur n’avait fait que cultiver les habitudes du cheval. La lune éclaboussait leur chemin de taches noires et argentées et dans les murmures de la nuit ils allaient, comme en un décor de rêve. Pour la première fois de sa vie, Marian baissa les yeux devant ceux d'un homme. Alan l'embrassa. Le cheval s'emballa en cause d'un lièvre qui avait traversé la route. Marian avait confiance en Alan. Le cheval ne se calma pas avant 2 km. Mais Marian affirma que pas un instant elle ne s'était sentie en danger. Ils étaient arrivés devant la maison de Marian où son père l'attendait.

Marian souhaita bonne nuit à Alan. Elle resta éveillée toute cette nuit-là, souriant de bonheur à ses pensées.

Alan savait qu'il avait éveillé en Marian l'amour dont jusqu'à présent lui-même n'avait pas été conscient.

Il tentait vaguement d'analyser ce que cette jeune fille calme, sûre d'elle, pouvait bien voir en lui pour lui offrir un tel cadeau. Pour la première fois depuis qu'il était devenu propriétaire de sa ferme, celle-ci lui semblait peu attrayante et sans rapport avec un foyer.

Il se coucha en pensant que le célibat était décidément un jeu idiot.

Chapitre VI.

Le lundi matin, Dundas se réveilla avec le sentiment que quelque chose ne tournait pas rond dans le monde. Il voulait poursuivre son excavation mais il savait qu'avant de s'y remettre il faudrait terminer la bâtisse. Il avait envie de voir Marian. Il pouvait prendre le prétexte de voir son père qui était directeur de la compagnie de vendanges. Il réussit à se convaincre de reprendre le travail et réussit à terminer la bâtisse.

Puis, il joua du violon. Le lendemain, il poursuivit son travail. Il découvrit une porte de métal qui n'avait aucune trace de corrosion. Il n'y avait aucune poignée. Il ne trouva aucun gond. Mais en frappant à la porte avec un marteau, Alan décela une partie du mur qui sonnait le creux sous les coups. Épuisé par cette journée longue et pénible, il admit que travailler encore était hors de question pour cette nuit.

Chapitre VII.

 

Le lendemain matin, Alan retourna au chantier. Il délimite à la craie l'aire qui sonnait le creux sous son marteau. Il réussit à creuser un petit trou et au bout de 2 heures il avait élargi le trou suffisamment pour y passer la main. Une plaque métallique arrêtait le regard. Quelle que soit l'intelligence responsable de cette énigme, elle avait opéré de manière à empêcher de violer aisément le secret. Il s'arrêta pour déjeuner.

Plus tard, il décida de rendre visite au père de Marian. Mais le père de Marian lui dit qu'elle était partie avec sa mère pour trois jours à Ronga.

Le lendemain, Alan réussi à enlever la plaque de métal qui bouchait l'entrée de sa découverte. Il vit quatre petits boutons brillants de métal, tous renvoyant les rayons de sa lampe. Chaque bouton se trouvait à l'extrémité d'une tige dépassant du mur. Il toucha un des boutons et reçut une décharge électrique. Il retenta l'expérience et reçut à nouveau une décharge. Alors il rentra chez lui pour chercher un volume dans sa bibliothèque et y trouver une solution. Après quoi, il découpa un vieil imperméable et retourna au chantier. Il avait recouvert sa main de tissu caoutchouté ce qui lui permit de toucher le bouton sans recevoir de décharge. Il y avait en tout cinq positions dans lesquelles chaque bouton pouvait être placé et il y avait quatre boutons. La porte est donc protégée par une complexe combinaison. Il perdit du temps à chercher une combinaison. Il retourna dans sa ferme. Le lendemain, il commença par numéroter les leviers de un à quatre puis il les déplaça alternativement selon une rotation chiffrée pour éviter de répéter des variantes. Puis, il tourna légèrement la tête et un cri involontaire s'échappa de ses lèvres. La puissante porte avait disparu et ses yeux plongeaient dans le vide noir qui s'étendait au-delà.

Chapitre VIII.

 

Alan vit une pièce circulaire aux murs nus d'environ 3 m 50 de diamètre. Immédiatement après l'embrasure se trouvait un palier ne mesurant pas plus d'un mètre carré, entouré sur deux côtés par une balustrade du même ciment familier ; le troisième côté s'ouvrait sur une volée de marches qui descendaient en spirale le long de la muraille, dans l'obscurité.

Ses yeux furent frappés par une tablette sur laquelle s'inscrivaient en relief prononcé trois groupes de caractères, les uns sous les autres.

La porte avait disparu. Elle avait glissé vers le bas dans l'épaisseur même du mur. L'épaisseur totale du mur devait être d'un mètre 30. La possibilité d'événements déplaisants l'engageait à contenir son impatience. Les inscriptions provenaient d'un langage inconnu. Il prit ses précautions en notant soigneusement la position des leviers et se remit à les déplacer en surveillant la porte. Rien ne se passa. Il prit sa lampe et entra dans la pièce. Il se trouva un puits circulaire. Il prit un morceau de terre glaise et le laissa tomber dans le puits mais il n'entendit aucun bruit d'impact. Il n'y avait pas un grain de poussière et pourtant des siècles sans nombre avaient dû s'écouler. Alan se précipita vers la ferme pour prendre de l'entente et et plusieurs lignes de pêche. Il retourna dans la grande pièce et plongea la lampe dans le puits. La lampe descendit 20 m et Alan dut attacher une deuxième ligne pour que la langue continue à descendre. Elle descendit encore 20 m. Alan ajouta une troisième ligne et continua à filer le tout comme avant. Quand la lampe atteignit enfin le fond, Alan calcula au moins 50 m de profondeur.

Malgré les dangers imprévus, Alan n’aurait pas partagé les honneurs de l'exploration pour un royaume. Il descendit l'escalier. Il avait l'impression d'être accompagné par des pas fantomatiques. Arrivée en bas de l'escalier, Alan prit peur et remonta en vitesse. Chez lui, il arracha la carabine de son ratelier. Un employé du magasin d'alimentation arriva pour lui apporter ses provisions.

Alan fit un effort pour retrouver son calme. Après quoi, Alan se versa une large rasade de whisky. Il réunit en son esprit les diverses pièces du puzzle représentées par les événements survenus au cours de son exploitation. Quand il était arrivé en bas de l'escalier il avait vu un trou dans le plancher du palier par lequel venait un jet de lumière brillante qui se répandait sur le mur devant lui, et au milieu de cette lumière se montrait, claire et distincte, l'ombre d'une forme humaine levant une main menaçante. Il prit un pistolet et retourna dans le puits. Il descendit l'escalier. La lumière et la silhouette étaient toujours là.

Chapitre IX.

Droit devant Alan, dans la partie opposée du palier, une ouverture dans le plancher menait à un appartement inférieur ; de cette ouverture provenait une lumière brillante. Il voyait une forme humaine immobile. La silhouette ne fit pas le moindre mouvement.

Il avança pour épier. Une volée de marches menait à un autre étage, 10 m plus bas, à un appartement dont il ne pouvait apprécier la dimension. Il y avait un tripode supportant ce qui apparaissait comme une boule de feu blanc. La forme humaine qui se découpait sur le mur était projetée directement de la source lumineuse elle-même et était sans doute prévue pour se dessiner là où elle serait visible de l'étage supérieur, dans le but d'infliger aux chercheurs ce qu'avait ressenti Dundas.

Quelque part, au-delà de son angle de vision, se trouvait une autre source de lumière, différente de l'appareil du dessous. Elle n'était pas forte mais diffuse et ne faisait que souligner le dessin du plancher.

Alan en conclu que ceux qui étaient à l'origine de ce bâtiment en connaissaient un bout et ne tenaient pas à laisser tout cela à la portée du premier venu. Il descendit dans la pièce inférieure. Il lui semblait avoir pénétré dans un vaste vestibule circulaire muni de six grandes porte translucides. Sur les portes, Alan put admirer des dessins magnifiques. Il put voir un objet qui était une sculpture de trois personnages sur un piédestal au centre de l'appartement. L'escalier sur lequel il se tenait n'avait pas de balustrade. À la place, le plafond était relié à chaque marche, par deux minces barres de métal pas plus épaisses qu'un crayon. Alan descendit encore. Quelque chose siffla rageusement si près de son visage qu'il en fut presque effleuré. La barre à mine qu'il tenait avait été raccourcie de près de 30 cm. Alan compris qu'il venait juste d'échapper à la mort. Il remonta pour prendre sa lampe qu'il avait laissée en arrière et revint sur les marches inférieures. Il remarqua une étroite entaille verticale dans le mur et une entaille semblable le long de la marche correspondante. De cette entaille, une grande lame blanche sortait en un éclair sous la pression la plus légère. Il rentra chez lui avec un profond sentiment de gratitude pour avoir été préservé de ce sort.

Il se mit à écrire en détails minutieux chaque incident ayant marqué sa découverte et chaque danger qu'il avait rencontré jusqu'au point où il s'était arrêté.

Il inséra les nombreux feuillets dans une enveloppe et écrivit sur celle-ci : « si j'ai disparu, le contenu de cette lettre doit être lu avant de se lancer à ma recherche. » Il signa et data. Il plaça l'enveloppe en un endroit bien visible du manteau de la cheminée. Il se mit au lit, complètement épuisé par une journée harassante.

Avant de s'endormir il songea que tout avait été prévu pour empêcher le secret de ce lieu de tomber entre des mains indignes, soit par manque de courage, soit par manque d'entraînement mental capable de l'évaluer à sa propre valeur. Il semblait s'être écoulé des années depuis qu'il n'avait revu Brice, au lieu d'une semaine tout juste. Il aurait dû aller voir Marianne mais il comprit que tant que le mystère ne serait pas résolu, il serait enchaîné ici.

Chapitre X.

Alan songea au moyen de franchir la lame meurtrière dans l'escalier. Il pensait que la force motrice qui actionnait cette lame ne pouvait être inépuisable. Il fallait donc épuiser l'énergie qui alimentait la mort tournoyante jusqu'à ce qu'il puisse passer sans danger. Il alla dans son atelier pour façonner une sorte de crochet. Puis il prit sa lampe descendit l'escalier. Il ajusta le crochet de telle sorte qu'il entoure un des barreaux de la marche. Il infligea à la marche une pesée continue hors d'atteinte de la lame. Au moment où le poids se fit sentir sur la marche, la lame fronça en un éclair. Elle continua à tournoyer devant lui à une vitesse croissante.

Alan entendait le ronronnement profond de la machinerie en action. Il attendit. Il regarda la sculpture avec les trois personnages. Sur le piédestal, au pied du personnage central, la lumière faisait luire une tablette de métal et sur cette tablette Alan reconnut une répétition de la ligne supérieure de caractères qu'il avait vue au départ du premier escalier. Il devina que c'était le nom du monument érigé à l’infortune. Il en eu assez d'attendre et remonta chez lui.

Il mangea et lui un livre. Il retourna dans l'escalier plusieurs heures plus tard.

La lame avait cessé de tournoyer. Il prit sa barre à mine et sonda la marche dangereuse avec soin mais sans résultat cette fois-ci. A pas de velours, il franchit les dernières marches. Sa première idée fut d'examiner l'étrange boule de feu dont les rayons se projetaient au-delà du plafond. Elle ressemblait à la lentille d'une lanterne qu'on aurait placée avec soin pour qu’elle renvoie la lumière dans une direction choisie. C'était de la lumière froide. Il put toucher la lentille sans se brûler les doigts. Derrière la lentille il y avait une cavité contenant une substance lumineuse. Incrustée profondément dans la boule se trouvait la minuscule forme humaine opaque qui avait causé la folle débandade de Dundas. Alan se dit que la formule pour faire cette lumière ébranlerait la moitié du monde. Pas de pétrole… Pas de fils… Pas de conduite… Rien de rien, la lumière seule. Il put regarder la sculpture dans sa totalité. Elle avait 7 mètres de larges et s'élevait jusqu'au plafond. Les trois statues représentaient des hommes. L'un était représenté assis dans un fauteuil abaissant les yeux sur un instrument étrange qu'il tenait dans une main. L'autre personnage se dressait, rigide. Sa robe tombait en plis verticaux jusqu'à ses pieds. Toute son attitude montrait l'arrogance faite pour intimider et commander. Alan trouva sous chaque personnage une répétition des inscriptions de l'entrée, là-haut. Ce personnage tendait la main dans une direction que suivit Alan. Puis il se ravisa. Il essaya la porte opposée. Il avança précautionneusement en tâtant le plancher à chaque pas. Une grande section du sol tourna sur un axe, découvrant un abîme noir en dessous. Dundas était rejetée en arrière aussitôt. Alors il essaya la porte que désignait le personnage autoritaire.

Une grande lumière se déversa sur lui. Les battants de la porte s’étaient écartés par le milieu et l'ouverture est-elle béante.

Chapitre XI.

Dundas se trouvait au seuil d'une vaste galerie de près de 70 m de long. Elle flamboyait de lumière d'un bout à l'autre. Il avança, oppressé par un étonnement qu'il n'avait jamais ressenti. La lumière qui se déversait par la porte ouverte semblait se concentrer sur le personnage sculpté du vestibule. La main tendue, il avait l'air de lui ordonner de poursuivre. Dundas comprit que la galerie dans laquelle il venait de pénétrer était bel et bien une galerie d'art. Tout l'espace du plancher était occupé par des tables et des vitrines qui exposaient ou abritaient d'exquises oeuvres d'art.

Du plafond pendaient des guirlandes et des grappes de globes éclatant de la même lumière blanche qui s'élevait de la lentille dans le vestibule.

Le long des murs, de chaque côté, étaient érigées des statues solitaires ou groupées, et qui portaient des coupes travaillées d'un dessin merveilleux d'où irradiait la même lumière scintillante. De tous côtés se voyaient des objets d'une valeur inouïe. Ses yeux se posaient sur des centaines d'objets dont il ne pouvait deviner l'usage ou le sens. Il s'immobilisa longtemps devant un fin piédestal qui supportait une statuette. C'était la forme inclinée d'une femme sculptée dans un seul bloc de pierre au rose délicat et à demi transparent.

Alan prit dans sa main, émerveillé par sa délicatesse, une coupe qui n'était pas plus épaisse que du papier. Il la fit tomber et poussa un cri étouffé de désespoir en la voyant tomber, s'attendant à ce qu'elle éclate en fragments minuscules à ses pieds. Au lieu de cela, à son ahurissement, elle rebondit doucement en parvenant au sol, avec un tintement mélodieux.

Sur une étagère réservée à elle seule se trouvait une coupe flamboyante de fleurs artificielles. À l'intérieur, Alan remarqua de minuscules globes lumineux. La lumière venait d’un gaz. Gagné par la fatigue, Alan rentra chez lui. Il n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis qu'il était dans la galerie. Une fois chez lui, un sourire amusé se joua sur ses traits lorsqu'il pensa à l'ahurissement de Bryce ou de n'importe quel visiteur s'il ramassait ne fût-ce qu'une poignée des objets qui remplissaient la grande galerie, là en bas, et en décorait son humble intérieur.

 

Chapitre XII.

Le jour suivant, Alan se demanda jusqu'à quel point il avait le droit de garder par-devers lui le secret de sa découverte. Il savait qu'il lui serait impossible de garder le secret indéfiniment, mais quand et comment devrait-il le révéler était le fond du problème. Il comprenait bien que les merveilles ensevelies sous ses pieds n'étaient pas destinées au seul bénéfice de celui qui les avait découvertes. Mais il se livrerait au moins à une investigation complète de l'endroit avant de prendre une décision. Il avait par bonheur mérité une réputation de gros travailleur solitaire, et peu nombreux étaient les gens du district qui oseraient poser des questions à propos de son absence de Glen Cairn. Il se blâma d'avoir effacé Marian de son esprit à cause des événements de ces quelques jours. Il calcula qu'il pouvait compter au moins sur trois semaines de liberté encore. Avant de descendre dans le puits, il installa un verrou solide à l'intérieur de la porte du hangar pour prévenir toute possibilité de surprise pendant qu'il serait occupé en bas. Il prit avec lui, aussi, une lourde canne d'ébène pour remplacer la barre à mine avec laquelle il avait sondé le terrain devant lui jusqu'à présent.

Il décida de poursuivre tout droit jusqu'au bout de la galerie où il n'était pas encore allé puis d'essayer les autres portes. En chemin, toutefois, il tomba sur l'escalier qui menait aux balcons et l'exploration de ceux-ci l’écarta un bon moment de son intention première. Ils étaient occupés par le même étalage hallucinant de merveilles. Il regarda par-dessus la balustrade et son regard fut attiré par quelque chose qui stimula sa curiosité.

Il y avait une porte voûtée basse. Sur son linteau, il vit de nouveau l'inscription des trois groupes hermétiques de caractères. Tout le vantail était occupé par la forme d'un homme, sculptée en haut relief, et dont l'attitude le faisait paraître le gardien de ce qu'il pouvait y avoir de mystérieux au-delà.

Alan avança lentement et la porte coulissa de côté dans l'épaisseur du mur découvrant un corridor qui menait vers la gauche. Il s'engagea lentement dans le couloir. Il vit devant lui l'embrasure d'une autre porte semblable à celle qu'il venait tout juste de quitter. Cette porte elle aussi disparut dans un mouvement silencieux. Alan se trouva dans une nouvelle galerie mais celle-ci était sinistre et révoltante. Alan ressentit les atteintes physiques d'un malaise à mesure que ses yeux fascinés se pénétraient de la scène qui s'offrait à lui. Il voyait des membres découpés et des formes torturées. Il aurait dû s'attendre à trouver une section de biologie dans ce bazar.

Malgré le dégoût physique que lui procurait son exploration, il se força à regarder. Des modèles de dissection de tout genre, concevables autant qu'inconcevables, étaient disposés sur toute la longueur de la galerie en suivant un système ordonné. Chaque modèle était accompagné par une petite armoire contenant une boîte métallique abritant un seul livre. Les feuilles de ces livres étaient aussi fines que du tissu, mais parfaitement opaques et merveilleusement glacées en surface. Il essaya de déchirer une page mais en vain. Chaque page ouverte portait, d'un côté, un diagramme, et de l'autre des lignes très rapprochées de caractères, explication du diagramme, évidemment. Toutes les illustrations se rapportaient au modèle concernant l'armoire. Dans les armoires, il trouva aussi des flacons hermétiquement scellés, plein de fluides, colorés ou incolores, des récipients contenant des produits chimiques. Il y avait aussi des instruments chirurgicaux. Il resta longtemps perdu d'admiration devant une collection de statues humaines grandeur nature en verre transparent. Dans l'une d'entre elles, le système nerveux tout entier était montré en minces lignes blanches.

Dans une autre, le système circulatoire, jusqu'aux vaisseaux capillaires minuscules, étaient indiqués en lignes rouges et bleues.

À l'autre extrémité de la galerie, Alan tomba sur un nouveau mystère bien fait pour mettre son esprit à la torture. Il y avait une réplique de la statue de l'homme assis qui ornait le vestibule et devant elle, une petite table circulaire se dressait. La table était recouverte d'un dôme de verre entouré d'une bordure métallique et sous le verre reposait un instrument semblable à celui que tenait dans ses mains la statue. C'était un anneau de métal avec des fils dont les extrémités rejoignaient une petite boîte cylindrique de quelques 10 cm de longueur sur deux ou trois de diamètre. Alan devina que cet instrument devait être d'une importance primordiale dans la galerie, de par sa position comme par son association avec la statue. Il avait suivi la politique de ne rien toucher sans replacer les choses exactement où il les avait trouvées. Il se dirigea vers les balcons. Il y trouva des objets curieux et redescendit vers l'atmosphère moins lourde de l'humanité malade et disséquée.

Il repartit vers les grandes portes en quête de sortie mais malgré ses essais, elles défièrent tous ses efforts pour les ouvrir. Après avoir perdu une heure en vaines tentatives, il s'en revint vers la porte de derrière. Après l'art et la biologie, il découvrit la galerie des sciences. Les murs étaient décorés de rayons bourrés à craquer de boîtes métalliques plates qui contenaient des livres. Il découvrit un système décimal de numération sur des plaques en émail. La bibliothèque comportait une cotation sur les livres. Alan se servit de son couteau pour graver une copie des chiffres sur le bâton poli qu'il avait avec lui. L'étendue des sujets était beaucoup trop grande pour que l'esprit d'un seul homme soit familier avec tous. Chimie, électricité, optique, géologie, métallurgie, Alan les reconnaissait mais il y avait des dizaines de matières qui étaient pour lui ce que l'hébreu ou le sanskrit seraient pour un enfant. Il pensait que cette galerie ferait bourdonner le monde scientifique comme un essaim d'abeilles et qu'il serait là pour entendre le bourdonnement.

Il se résolut à explorer ce même jour les trois galeries qui restaient. C'était la section machinerie avec des lampes suspendues qui explosaient sur bielles, arbres et roues et étaient renvoyés d'une forêt de merveilles mécaniques. Il admira le travail et le fini merveilleux.

N'importe quel ouvrage métallique sur lequel il se penchait était parfaitement exempt de tache ou de souillure. De plus, il n'y avait pas le moindre grain de poussière. Cela donnait à cet ensemble merveilleux l'air d'avoir était balayé et nettoyé quotidiennement avec un soin scrupuleux.

À quelques mètres de la porte du fond, alors qu'il se dirigeait vers le corridor, il s'arrêta pour regarder une machine qu'il avait déjà attiré son attention par son apparente simplicité. Elle consistait uniquement en un arbre de métal poli émergeant d'une boîte cylindrique, le tout monté sur un socle nu, mais visiblement solide. Sur un des côtés de la boîte se trouvait un levier terminé par une poignée paraissant solliciter la main. Alan abaissa inconsciemment le levier. Il le tira légèrement vers lui. Du corridor en face vint un vacarme semblable à l'éclatement d'un obus et le contrecoup fit chanceler Dundas. Le couloir et la porte étaient partiellement envahis par des masses de ciment brisé, arrachées par la force invisible qu'il venait de libérer. Le mur était arraché et fondu comme s'il s’était agi d'argile. Alan se fit le serment à lui-même de ne jamais plus à l'avenir se laisser tenter à poser la main sur quelque appareil sans avoir l'absolue certitude de son innocuité. Il repartit vers la porte suivante. La cinquième galerie était une bibliothèque. Les livrets émis un enclos dans des boîtes de métal. Il y avait des travées et des places laissées libres à intervalles réguliers pour des tables.

Il ne vit pas la moindre échelle ni aucun moyen d'atteindre les rayons les plus élevés hors de sa portée. Il s'approcha d'un rayonnage et remarqua un petit disque de métal enchâssé dans le cadre. Sur le disque était deux petits boutons, un rouge et l'autre blanc. Il appuya sur le rouge et rien ne se produisit alors il appuya sur le plan et tout le rayonnage s'enfonça silencieusement jusqu'à ce que le disque soit au niveau du sol. Le bouton rouge servait à remonter le rayonnage.

En dépit de la tentation d'examiner les livres, Alan résista à sa curiosité. Comme il se faisait tard, il décida de jeter un coup d'oeil à la dernière galerie. Mais il tomba sur un obstacle imprévu, un mur percé d'une embrasure et d'une porte close. La porte était encastrée profondément dans le mur massif. Faite d'une sorte de métal, elle portait, gravée, la forme d'un homme en lequel Dundas reconnut la présence impérieuse de la statue du vestibule.

L'attitude de cette forme debout, bras croisés, semblait conseiller fermement à l'explorateur de ne pas poursuivre plus loin. Sur le linteau, en haut, étaient de nouveaux gravées les trois lignes de caractères qu'Alan en était venu à considérer non seulement comme les noms des personnages du vestibule, mais aussi comme un signal de danger.

Alors Alan renonça car il était fatigué. Il rentra chez lui. Sa maison lui parut petite et insignifiante après tout ce qu'il venait de traverser. Et pourtant, pensait-il, s'il se décidait à parler maintenant, sa maison deviendrait le centre du monde entier et les yeux de toutes les nations convergeraient vers lui et son nom serait prononcé en toutes langues.

Chapitre XIII

Le matin suivant, Dundas retourna à l'absorbant mystère. Il se livra à un examen méfiant et exhaustif de la porte et de ses alentours. Il n'y avait rien dans son apparence pour indiquer comment elle s'ouvrait ou pour suggérer que c'était un cul-de-sac destiné à pousser l'indiscret à perdre son temps et sa patience en vain. Quel que fût le mécanisme prévu pour donner accès à cet au-delà mystérieux, c'en était un qu'il n'avait pas rencontré jusque-là. Il retourna au vestibule et entra par la porte principale. Il s'approcha avec précaution de la porte de la sixième galerie. Un gouffre silencieux s'ouvrit à ses pieds sous la pression de la canne qu'il portait. Il fit un pas en arrière. Il sonda encore le sol devant lui. Le piège consistait en une section parfaitement équilibrée du dallage qui occupait tout le devant de l'embrasure, avec une marge de dépassement d'environ 1 m de chaque côté. Il ne restait que 8 cm où poser le pied sans risque. Alan en arriva à la conclusion qu'il devait faire le trajet retour pour chercher du matériel apte à franchir l'abîme. Il trouva une planche qu'il fit tomber exactement sur la bande ferme devant la porte. À l'instant ou le poids de la planche atteignit son but, un puissant rideau de métal dévala d'en haut, obturant complètement la porte et secouant dur les bras qui maintenaient le bois. Le dallage avala le moindre vestige de la planche. Il se dirigea vers la galerie d'art pour avoir plus de lumière puis il repartit vers le corridor pour reprendre ses recherches sur la porte close. Tout le reste du jour, il essaya tous les moyens imaginables pour découvrir une clé au problème. À la fin de la journée, il s'avoua vaincu et retourna chez lui.

Les jours suivants, Alan devait apprendre la patience et l'apprendre à fond. Toutes les merveilles environnantes n'étaient plus rien en comparaison de la seule idée fascinante qui l'obsédait à présent.

À lui seul appartenait l'honneur de résoudre le mystère, et jusqu'à ce qu'il y soit parvenu, il était déterminé à garder son secret. Un soir, il reçut la visite de Bryce. L'absence d'Alan durant trois semaines avait été remarquée et provoquait des commentaires. Bryce ne mit pas longtemps à remarquer une réserve étrangère à la nature de son ami. Bryce, réellement inquiet, dit sans détour à Alan qu'il n'avait pas l'air au mieux de sa forme.

Alan lui avoua qu'il avait des ennuis. Il dit à Bryce que c'était un problème que lui seul pouvait résoudre et qu'il devrait garder le silence tant qu'il n'en serait pas venu à bout. Tout ce qu'il put dire à Bryce était que cela n'avait rien à voir avec ses affaires personnelles ou avec qui que ce soit de leurs connaissances. Il demanda à Bryce d'écarter toute enquête au sujet de ses activités. Après un dernier whisky, Bryce s'en alla. Bryce était grandement intrigué par la nature de ce mystère. Le comportement d'Alan avait complètement bouleversé la femme de Bryce et elle pensait que Dundas méritait d'être secoué. Dundas abandonna un certain temps le grand mystère car il devait s'occuper des vendanges.

En d'autres temps la récolte abondante aurait été pour Alan la récompense d'une année de dur labeur mais maintenant, il la maudissait pour l'avoir tenu éloigné de son centre d'intérêt véritable Alan écrivit un mot à Bryce, lui demandant de recevoir son chèque du pressoir à sa place. À mesure que le temps passa, sans résultat, sans désespoir de réussir se changea en une détermination farouche de continuer jusqu'à ce qu'il ait maîtrisé l'énigme. Sa victoire provint du coin le plus imprévu et à un moment où il avait pour un temps relâché ses efforts. Jusqu'au jour en question, il avait pour habitude de revenir à la ferme pour le déjeuner mais sa répugnance envers ces quelques 50 m de manège en spirale lui donna une inspiration. Il réfléchit que ce serait une bonne idée de prendre quelque nourriture avec lui et de s'éviter ainsi la remontée. Il chercha autour de lui un siège confortable pour se reposer en avalant son repas. Il jugea les fragments de ciment détachés par l'explosion de la galerie aux machines trop raboteux pour son goût et entra dans la vaste bibliothèque. Il s'est assis à la table la plus proche de la porte et mangea. Il examina quelques livres. Son regard fut attiré par la différence de couleur d'une unique boîte à livre par rapport à tous les casiers pouvant être aperçus. Il attrapa le volume et revint à sa table il sortit le livre de son étui et l'étala devant lui. Il tomba sur une section plane de la totalité du bâtiment souterrain. Le livre montrait chaque section du bâtiment avec ses moyens d'accès spécifiés en détail.

Il trouva la page concernant la porte fermée du corridor. Sur la page opposée se trouvait une image montrant une partie de l'intérieur de la bibliothèque. Il y avait pourtant une différence ; dans le coin de gauche le plus éloigné du diagramme se voyait un petit carré de livres colorié d'une tache rouge. Mais Alan ne put rien distinguer de spécial à l'endroit désigné par la tache rouge. Il essaya d'attirer à lui un des volumes indiqués. C'est une petite porte d'une quarantaine de centimètres de côté, conçue pour se confondre avec le livre environnant vint à lui. Derrière la petite porte se trouvait une cavité secrète et dedans un levier. Alan saisit la poignée devant lui et abaissa le levier le long de la fente d'où il sortait.

La porte de métal avait disparu dans le sol et la voie était ouverte devant lui. Alan découvrit un corridor vide à l'exception d'un objet. C'était encore le statut du personnage dominateur. Le mur de gauche de la pièce était coupé par une embrasure voûtée différente de toutes celles aperçues par Alan jusqu'alors. Elle était plus grande et déjà ouverte. Elle était fermée par un rideau. Alan sonda le dallage en avançant. Sans un bruit, sans avertissement, et avec une soudaineté confondante, il se trouva dans l'obscurité totale. Alan se maîtrisa et essaya de situer sa position par rapport à l'entrée de façon à pouvoir regagner le corridor. Tout près de lui, retentit le son d'un long et profond soupir humain. Il dut s'écouler 10 minutes avant que la terreur ne surgisse et n'efface l'idée de temps dans son esprit meurtri. Il entendit un hurlement inhumain qui perçait l'obscurité par à-coups. Puis il entendit un éclat de rire épouvantable. Puis venaient des piétinements et traînements de pieds alentour, des ricanements bestiaux, des flambées de rire et de nouveau le silence. Alan entendit des voix chuchotées dans une étrange langue inconnue. Alan entendit un grognement d'agonie. Les sons se rapprochaient. Des légions de démons semblaient l'entourer. Pris de panique, Alan se lança à l'aveugle dans le noir pour être aussitôt arrêté par un mur. Il repartit en courant sans s'inquiéter de sa direction car le hurlement s'était transformé en une clameur diabolique. Quelque chose de doux et d’un peu collant l'engloutit pour un instant. Il s'arracha à l'étreinte. Puis il s'affala sur le sol. Alors vint le plus étonnant. Les sons s'évanouirent et la lumière éclata de nouveau. Alan se retrouva couché, les membres tremblants étalés sur le dallage de la sixième galerie.

Chapitre XIV.

Alan comprit qu'il avait été victime d'un mécanisme diabolique. Il était sûr qu'on avait délibérément essayé de lui briser les nerfs. Alan se remit sur pied et regarda la galerie. Elle contenait peu de choses. Il y avait une espèce de petit temple rappelant l'architecture grecque.

Au milieu de la galerie, juste en face du temple, se trouvait un siège. Le portique était occupé par trois formes féminines nues. Sur le linteau était blasonné un mot d'une demi-douzaine de caractères. Les murs semblaient être recouverts d'un vaste écran métallique perforé. Les perforations étaient en réalité les pavillons d'innombrables entonnoirs, ou plutôt de cornes.

Il retourna vers le rideau de l'entrée. Les yeux fixés sur l'éclairage, en haut, il fit deux pas sur le dallage poli. À l'instant, les globes disparurent dans le plafond et il se retrouva dans le noir. Et avec l'obscurité s'éleva un horrible hurlement dans son dos. Il s'élança vers la galerie où la lumière réconfortante brillait à nouveau.

Il ne trouva aucune possibilité d'accès au temple. Les murs en étaient de métal. Il revint au portique et s'installa près de la statue souriante. Il décida de retourner examiner le livre qu'il avait laissé dans la bibliothèque pour voir s'il n'offrirait pas la solution de son problème.

De retour à la sixième galerie, Dundas s'assit sur les marches du portique et chercha dans le livre un éclaircissement. Mais la dernière information précise concernait l'ouverture de la porte donnant accès à l'antichambre. Alors il examina le siège de près. Il semblait être scellé au sol. Il semblait aussi dénué du moindre indice d'ennuis cachés. Il s'y laissa aller très doucement. Rien ne se passa. Il remarqua comme une subtile altération. L'étonnante qualité du silence alentour l'intriguait. Il y avait quelque chose de tendu qui évoquait en lui un souvenir. Ce silence tendu était celui d'une foule attentive, qui écoutait la venue d'un grand événement. Alors vinrent un bruissement et une vague de murmures réprimés. Soudain, Alan se dressa en tremblant. D'une grande distance provenait le son de voix chantantes. Il n'avait jamais rien entendu de plus beau. Tout souvenir terrestre semblait balayé de son esprit. Il restait assis sans bouger, enivré par la splendeur. L'éclairage de la galerie avait décru avec le son. Une seule voix parfaite brisa le calme de la foule en une merveille de pure harmonie.

Dundas se retrouva dans l'obscurité totale. Il pleurait. Il lui semblait que les mains de la chanteuse invisible avaient effleuré les cordes de son propre coeur. Enfin, la mélodie sublime s'éloigna et une douce lumière apparut sous le portique. Les ombres des bras de deux des statues convergeaient et les mains se rencontraient en un point du dallage situé exactement devant lui. Alan sonda l'endroit où convergeaient les ombres. C'était le centre d'un dessin de la mosaïque. L'éclairage de la galerie recommença à flamboyer. Bien plus tard, Dundas apprit que le mécanisme du siège était si délicatement équilibré la chaleur du corps de celui qui l'occupait le mettait en marche. La lame de son couteau entra en contact avec du métal. La plaque de métal, dessous, était amovible et Alan put l'ôter rapidement de sa place.

Il y avait un bouton. Alan appuya sur le bouton. Il y eut un coup de tonnerre profond et les portes se séparèrent par le milieu et disparurent lentement dans le mur de chaque côté.

Chapitre XV.

Dundas se mit en marche vers le portique. Devant la porte, pendait un magnifique rideau qui cachait à la vue l'intérieur. Il écarta le voile et regarda à l'intérieur. Pas un instinct qu'il n'aurait pas pu expliquer, il se découvrit en franchissant le seuil. Le décor était d'une beauté indescriptible. À mi-chemin de chaque extrémité était placé un grand dôme de cristal de bien 3 m de diamètre. Il était scellé par un anneau d'or terni qui s'élevait jusqu'à 30 cm environ du sol. Sous le dôme se trouvait un divan et sur le divan reposait la forme d'une femme. Depuis longtemps, il en était arrivé à la certitude que l'origine des galeries dans le temps ne devait pas être comptée en milliers, mais en millions d'années. La certitude que ceci n'était pas une oeuvre d'art le frappa avec une force étourdissante. Il le savait sans l'ombre d'un doute, l'être fabuleux qui gisait-là était humain, et avait vécu. Il n'osait pas aller plus loin dans ses pensées. Elle reposait, la tête soutenue par un grand coussin blanc presque caché par les masses de cheveux d'un or profond qui encadraient son visage et s'écoulaient sur ses épaules. Elle était vêtue d'une robe du bleu le plus pâle remontant presque jusqu'à sa gorge. Elle était belle, d'une beauté qui n'appartenait pas à la terre. Par-dessus tout régnait cette pâleur, mais qui n'était pas la pâleur de la mort. Il y avait une faible trace de rose sur les joues blanches, et un ton plus soutenu sur les tendres lèvres incurvées. Il s'écoula beaucoup de temps avant qu'Alan ne se sente capable de s'extraire de la transe qui l'avait englouti, pour porter son attention à quoi que ce soit d'autre que la forme gisant devant lui. Le dôme semblait composé de la même substance remarquable que le gobelet de la galerie d'art qui avait défié tous les efforts d'Alan pour le détruire. L'intérieur de la sphère était recouvert par une exquise mosaïque de joyaux. À l'arrière, Alan vit un levier solide mais aussi quatre poignées situées en des endroits faciles à atteindre dans le but de soulever le dôme de son socle. Le temple dans lequel se trouvait la sphère était décoré avec tous les raffinements de l'art merveilleux dont les constructeurs semblaient les maîtres. Il mesurait 20 m de longueur sur 10 de large. Les murs étaient un somptueux mélange de rose et bleu avec des panneaux étincelants d'opale iridescente, et la lueur vermeille des myriades de lampes groupées sur les murs et au plafond réchauffait l'ensemble jusqu'à le faire palpiter de vie. Il y avait aussi des coffrets, des armoires, des canapés souples et de grands fauteuils profonds. Sur un des murs proches de la porte voilée, Alan trouva une armoire contenant une sorte de tableau de contrôle couvert de boutons minuscules. C'était la seule armoire de l'endroit dont l'intérieur fût accessible.

Alan se trouva devant une grande table carrée placée à l'extrémité opposée à la porte et il vit un coffre massif de métal décoré d'un merveilleux haut relief entrelacé. Devant, presque au haut, se trouvait une poignée modelée en un visage grotesque. Alan essaya de la tourner et il y eut un déclic. À l'intérieur il y avait un livre avec une réplique des caractères déjà vus au linteau du temple. Alan tourna les pages du livre. La première page montrait un dessin de la femme sous le dôme de cristal. Puis venaient des diagrammes du levier installé dans le rebord, le montrant qui passait de la position verticale à l'horizontale. Puis la forme féminine, encore, le dôme enlevé.

Le dessin suivant montrait deux objets, un flacon rempli d'un liquide d'un vert éclatant et une seringue à la forme curieuse. Alan trouva les deux objets représentés dans le coffre. La feuille suivante montrait un dessin du bras droit de la femme sur le divan, et juste au-dessus du coude était tracé un cercle, agrandi sur la page opposée où il était accompagné d'une lancette courte à fine lame. De nouveau, un dessin du bras avec une longue incision profonde dénudant l'artère brachiale. Puis était montré un sablier. D'abord on voyait le sablier, la partie supérieure pleine, puis c’était l'inférieure. Ensuite il y avait une image du flacon dont le contenu était de couleur rubis et on montrait une injection du liquide dans l'artère. La dernière page montrait, merveille des merveilles, la forme féminine se dressant sur le divan et regardant avec des yeux souriants.

Alan referma les livres. Il réfléchissait à la terrible responsabilité qu'il avait assumée en gardant le secret pour lui-même. Sur lui et sur lui seul reposait le fardeau de décider de ce qu'il allait faire à présent.

Il savait que sa vie était à présent liée à celle de la femme étendue là devant lui. Maintenant,  coeur et existence, il était à la merci d'un autre être.

Alan était trop fatigué pour s'occuper de la femme alors il rentra chez lui pour se reposer. Quelqu'un avait glissé une lettre sous sa porte. C'était une lettre de Marian lui demandant de venir le dimanche suivant. Alan lut la note jusqu'au bout. Il avait un léger sourire au coin des lèvres comme lui venait à l'esprit le souvenir d'une certaine nuit où il avait tenu conseil avec une chenille. Il avait une réponse à toutes ses questions d'alors.

Chapitre XVI.

Le lendemain, Alan se mit à ses besognes domestiques d'un coeur léger. Il pensait avoir atteint un point de sa découverte ou il devait obtenir une aide extérieure. Il se reconnaissait incompétent à pratiquer lui-même l'opération nécessaire pour ranimer la femme. C'était le travail d'un chirurgien. Il avait un copain chirurgien dont la fidélité n'était pas douteuse. La question véritable était de savoir que faire de la dame de ses rêves quand elle aurait été rappelée à la vie. Lorsque serait connue l'existence de sa découverte, il craignait que les autorités constituées ne viennent assumer le contrôle de la situation. Être privé de ses droits sur le contenu des galeries lui importait peu en regard de sa terreur d'être séparé de la femme qu'il estimait sienne par droit divin.

Il décida de soumettre le cas a Dick Barry , son ami chirurgien. Il avait dans l'idée que la personne qui était au centre de l'affaire lui ôterait finalement la décision des mains.

Alan transmit son cheval au palefrenier du club et se dirigea vers la résidence de son ami Richard Barry. Il avait acheté des bonbons pour le fils du médecin. Kitty, la femme de Barry reprocha à Alan de les négliger. Kitty pensait que son bébé ne pouvait pas manger tout ce qu'il voulait contrairement à ce que pensait son mari. Elle demande à son avis à Alan qui répondit que s'il avait besoin d'un conseil médical il ne viendrait pas chez Dick. Elle lui demanda qu'est-ce que c'était que cette histoire d'examen qui l'avait empêché de venir en ville depuis presque deux mois. Il répondit qu'il désirait seulement achever certain travail qu'il avait pris en main.

Richard arriva, content de voir son ami. Alan lui dit qu'il avait besoin de lui parler pendant une heure. Richard accepta et l'emmena dans son cabinet. Alan lui avoua que s'il ne l'avait pas connu depuis son enfance, il ne lui aurait pas confié ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Il demanda à Richard de lui jurer solennellement que sous aucun prétexte il ne divulguerait ce qu'il s'apprêtait à lui confier. Richard promit. Alan lui demanda alors de venir chez lui pour pratiquer une opération délicate sur une jeune femme. Alors Richard répondit qu'il préférait voir Alan crever. Alan comprit et il fut pris d'un rire moqueur devant Dick. Alors il commença à raconter son histoire. Dick crut à une blague avant même qu'Alan ait fini. Alan lui demanda malgré tout de le laisser finir son histoire. Malgré lui, la sincérité de son copain et la précision des détails entraînèrent la conviction de Dick. La relation de la découverte de la galerie de biologie le fils se dresser. Alan promit à Dick qu'il aurait entrée libre dans cette galerie. Mais il lui dit que quand il aurait entendu la fin de l'histoire, il n'aurait même plus envie d'y jeter un coup d'oeil. Dick suivit l'histoire avec un intérêt haletant. Quand Alan acheva son histoire, Dick lui demanda si la femme était vivante. Alan le lui confirma. Dick pensait que la femme que son ami avait vue pouvait être un chef-d'oeuvre d'art mais pas une humaine. Après le récit d'Alan, Barry lui dit qu'il vendrait son âme seulement pour regarder la femme. Il songeait déjà à écrire un article dans le Lancet. Alors, Alan lui rappela la promesse qu'il venait de faire. Avant d'écrire quoi que ce soit, Barry devrait attendre. Alan demanda à Barry de fixer ses honoraires et son ami lui de demanda libre accès à la galerie biologique.

Il prendrait en charge professionnellement la femme aussi longtemps qu'elle aurait besoin de ses soins. Il serait chez Alan 2 heures 30 plus tard. Alan dit à Dick qu'il n'aurait pas besoin de ses instruments. Mais Dick les prit quand même à tout hasard. Alan partit devant pour préparer tout. Il demanda à Dick sait qu'il devrait donner à manger à la femme et son ami lui répondit qu'il faudrait du lait. Il donna une liste à Alan qu'il devrait apporter au pharmacien.

La femme de Dick était habituée comme toute femme de médecin à des bouleversements domestiques dus à la profession de son mari et elle accepta le départ de son époux avec une résignation philosophique. Elle se demanda quelle pouvait être cette urgence à laquelle Alan était mêlé.

Chapitre XVII.

Alan fit ses achats chez le pharmacien. Il se dirigea vers la ferme. Il prépara un repas et se rendit au hangar. Il se hâta vers la sixième galerie. Suivant les instructions de Barry, il s'employa à minuter le sablier. Il retourna vers le dôme de cristal et resta plongé dans ses pensées devant la forme féminine. Elle ne devait pas être très âgée, pensa-t-il en la contemplant, 24 ou 25 ans, lorsque sa vie avait été suspendue. Le monde était né à nouveau, l'histoire de l'humanité avait été récrite depuis que ses paupières blanches s'étaient refermées sur ses yeux. Durant toute l'histoire connue, elle avait attendu là dans le silence et dans la solitude. Il se demanda pour quelle raison une de ses délicates mains blanches était ouverte, la paume en dessus, à côté d'elle, l'autre étant fermée.

Il se demanda aussi quelles étaient les mains qui avaient jeté sur elle et la couverture de saphir et disposé ses membres pour le long sommeil. Alan réussi à minuter le sablier. L'intervalle entre deux injections devait être d'une heure et 15 minutes.

En attendant son ami, Alan enleva sa salopette pour enfiler un costume de tennis tout neuf. Dick arriva et se moqua de l'accoutrement d'Alan. Alan s'était habillé ainsi parce qu'il ne voulait pas que la femme pense que tous les hommes de la terre étaient comme Dick. Il invita à Dick à manger et ils se rendirent dans le hangar, transportant les bouteilles de lait et les préparations d'aliments concentrés indiquées par Dick et le sac contenant les instruments. Alan verrouilla soigneusement la porte et alluma sa lampe. Ils descendirent dans le puits. Dick fut effrayé par moments et Alan le rassura en disant que lui aussi avait eu peur la première fois. Il conseilla à Dick de mettre ses pas dans les siens aussi précisément que possible. Barry, frappé de stupeur et enthousiasmé par ce qui l’environnait de toutes parts aurait souhaité de flâner et de satisfaire sa curiosité mais Alan essaya de l'entraîner en avant.

Dundas jura par tous les dieux que si Dick ne voulait pas consentir à aller tout droit à la sixième galerie, il romprait leur contrat et engagerait Walton (le rival de Dick) pour faire le travail. La menace produisit tout l'effet escompté. Alan fut obligé de recourir à la violence quand ils passèrent devant la galerie biologique. Enfin, ils arrivèrent à l'entrée de l'antichambre. Dick sauta en l'air en entendant les hurlements. Obéissant à son instinct, Barry se dirigea rapidement vers le temple, tirant Alan après lui. Quand Dick vit les trois statues réalistes, il crut qu'elles étaient vivantes.

Quand Dick découvrit la femme, il tomba à genoux, collant son visage au dôme transparent pour essayer de voir de plus près la forme gisant sur le divan. Durant quelques minutes, il resta sans mouvement. Il avait cru qu'Alan allait le conduire à une tombe. À présent, il savait qu'elle était vivante. Dick ne voulait pas donner trop d'espoir à son ami. Il pensait que trop de choses pouvaient s'être détériorées depuis que la femme gisait-là. Dick voulut voir le livre avec les indications permettant de réveiller la femme. Alan le conduisit jusqu'au coffre, en retirera le livre et le plaça sur la table devant Dick. Puis il attira deux sièges. Pendant une demi-heure, Dick regarda le livre. Il voulut savoir si Alan avait minuté le sablier et Alan lui répondit que l'écoulement durait 1 heure et 15 minutes. Dick s'empara de la seringue pour la regarder attentivement. Elle comportait des valves et il expliqua à Alan qu'il y avait un risque d'injecter de l'air en même temps que le liquide, sauf que cette seringue était ainsi faite que le liquide pouvait passer mais pas l'air. Il expliqua à Alan que le scalpel devait être frotté avec le liquide contenu dans le flacon. C'était une solution antiseptique. Toutefois il ne comprenait pas pourquoi l'injection devait être faite dans l'artère et non pas dans la veine. Dick dut briser le col du flacon. Il sentit le contenu du flacon et cela ne ressemblait à rien qu'il connaissait. Comme le liquide était du genre volatile, Dick enfonça dans l'ouverture du flacon un tampon serré de coton et revint au coffre. Puis Dick et Alan ouvrirent la sphère. Il y eut un sifflement, c'était l'air qui entrait dans la sphère. Ils enlevèrent le grand dôme avec une facilité surprenante. Ils découvrirent avec surprise que le couvercle, d'une seule pièce, se trouvait simplement encastré dans un sillon circulaire entourant le divan. Dick saisit le poignet qui reposait à côté de la femme. Il le tint un moment, puis rompit le silence contraint. Il n'y avait pas de trace de pouls. Alan demanda à son ami s'il ne ferait rien de plus que la routine prévue. Dick promit de ne pas prendre le plus petit risque. Dick prit le stéthoscope de son sac et posa l'instrument sur le coeur de la femme. Il en conclut que la seule chose à faire était de continuer selon les instructions.

Ils amenèrent une table près du divan. Puis ils disposèrent le contenu du coffre sur celle-ci. L'intérêt professionnel avait refoulé en Dick tout autre sentiment, maintenant que le moment d'agir était venu. Il se mit en devoir de stériliser, avec un sang-froid parfait, les instruments et l'endroit du bras où il devait opérer. Rien dans son comportement n'indiquait l'excitation intense qu'il ressentait. Il dit à son ami qu'il n'aurait pas besoin de regarder s'il préférait mais il devait rester là pour le cas où il aurait besoin de lui.

Quand Dick procéda à l'opération, Alan détourna les yeux. Après quoi ils attendirent 1 heures et 15 minutes. Dick avait remarqué qu'il n'y avait pas la moindre trace d'hémorragie sur le corps de la femme. Pour distraire son ami, Dick le questionna sur ses aventures depuis le début. Alors Alan conta son intervention dans la galerie des techniques. Impressionné, Dick s'éloigna des boutons du tableau de bord proche de l'entrée trop attirants et écouta avec un intérêt haletant l'histoire de l'ouverture du temple. Puis ils discutèrent du parti à adopter en cas de succès. Alan voulait laisser les événements se dessiner d'eux-mêmes et Dick admit cet avis avec quelques doutes cependant.

Dick s'occupa de préparer la dernière injection et Alan disposa le lait et les autres aliments sous la direction de son ami. Enfin, le moment était venu. Malgré sa répugnance, Alan observa la fin de l'opération, d'un regard fasciné. Ce fut terminé en quelques minutes. Les minutes succédèrent aux minutes. Le coeur de la femme battait. Elle commença à respirer. Sous les yeux ahuris d'Alan et de Dick, un miracle prenait place.

Aussi belle qu'elle parut auparavant, la femme sur laquelle ils avaient jeté les yeux n'étaient que l'ombre de celle qui sous le regard, s'épanouissait comme une fleur somptueuse.

Ils reculèrent silencieusement et restèrent ensemble à quelque distance pour ne pas effrayer la femme.

La femme ouvrit les yeux et leva une main jusqu'au front. Elle leva la tête et regarda tout autour d'elle. Un léger cri s'échappa de ses lèvres elle se dressa à demi sur un coude en considérant les deux hommes avec un immense étonnement mais sans la moindre trace de crainte. Elle rejeta loin d'elle la couverture et s'assit sur le bord du divan.

Elle demeura ainsi un moment puis, comme si la mémoire lui revenait tout d'un coup, elle ouvrit sa main fermée et observa, lentement et passionnément, la tache brune dans la paume rose.

Dick demanda à son ami de dire quelque chose à la femme. Alan se ressaisit et dit à la femme qu'il ne fallait pas avoir peur car ils venaient en amis. La femme le dévisagea et elle regarda à nouveau à la tache sombre de sa paume. Elle se leva et regarda tout autour d'elle. Elle regarda l'étalage de flacons et d'instruments il examina son bras bandé. Elle dépassa Alan lentement et se dirigea à travers la pièce, vers l'endroit où était situé le tableau de bord.

Elle marchait avec une allure royale et gracieuse. Elle effleura plusieurs boutons les uns après les autres. La profonde note musicale d'une cloche résonna. Elle traversa la chambre et s'immobilisa devant une des armoires qui avaient défier tous les efforts d'Alan pour l'ouvrir.

Elle ouvrit d'une pression. À l'intérieur étaient disposés en grand nombre des cadrans avec une aiguille et des hiéroglyphes. Elle les étudia quelques instants et pour la première fois, elle montra les signes d'une violente émotion. Son visage montrait une expression d'ahurissement et d'incrédulité. Alan comprit qu'elle venait de réaliser à quelle époque elle se trouvait. Elle s'avança vers les deux hommes. Elle dévisagea Alan. Elle lui sourit. Alan lui tendit la main. Elle lui serra la main franchement. Alan présenta son ami à la femme. Elle répéta le nom doucement et lui tendit la main. Elle regarda Alan avec un air interrogateur et celui-ci se présenta également. Elle répéta son nom plusieurs fois. Alan pensa que jamais voix humaine ne fus plus parfaite. Dick conseilla à Alan de proposer quelques rafraîchissements à la femme. Alan se dirigea vers la table et emplit un verre de lait. La femme comprit immédiatement son intention. Elle prit le verre et but la plus grande partie de son contenu avant de le reposer. Elle prit position près d'un siège et fit signe à Dick de venir s'y installer. Dick obéit. Elle poussa un autre siège près du sien, en face, elle posa gentiment la main sur le bras d'Alan et l'attira vers le second siège. Elle leur sourit d'un air rassurant puis elle se pencha et mit la main droite de Dick et la plaça dans la main gauche d'Alan. Elle joignit de la même manière les deux autres mains. Elle s'était placée derrière le siège de Dick et l'avait attiré en arrière jusqu'à ce que son crâne repose sur le dossier du siège. Elle plaça ses mains jointes sur le front de Dick en regardant Alan dans les yeux. Le corps de Dick se relâcha. Alan faillit se lever et un rapide regard d'avertissement dans les yeux de la femme 'en détourna. Elle se mit à parler en regardant Alan droit dans les yeux. Un instant plus tard, elle s'arrêta et aussitôt Dick frissonna sous ses mains et se mit à parler. La femme parlait par l'intermédiaire de Dick. Ainsi, elle demanda à Alan de répondre à ses questions. Ainsi, le dialogue se poursuivit à travers l'interprète inconscient. Elle demanda qui avait réussi à pénétrer dans la grande sphère et Alan répondit que c'était lui. Il ne savait pas que c'était une serre avant d'y entrer et la femme lui demanda pourquoi. Il répondit que la sphère était enterrée sous le sol. Elle voulut savoir s'il avait trouvé le chemin tout seul. Alan avoua qu'il vivait éloigné des autres et qu'il avait gardé le secret pour lui. Elle voulut savoir qui connaissait son existence à part lui et Alan répondit que seul Dick était au courant. Alan expliqua à la femme qu'il avait fait jurer à Dick de promettre le silence. Il constata avec une grande joie que sa réponse lui faisait visiblement plaisir. Elle le remercia. Elle voulut savoir s'il y avait beaucoup d'habitants sur la terre. Il répondit qu'il y en avait des centaines de millions. Elle voulut savoir combien de temps représentait l'histoire de la race humaine. Alan répondit que l'histoire datait de 2500 ans. Au-delà, les humains avaient de vagues connaissances sur une période de trois ou quatre mille ans encore. La femme avait beaucoup de peine en apprenant cela. Cela confirmait un immense cataclysme survenu voici très longtemps. Elle lui demanda s'il voulait être son ami. Il répondit oui. Elle lui demanda s'il voulait garder le secret sur son existence jusqu'à ce qu'elle veuille la révéler. Il le ferait et il répondrait de Dick comme de lui-même. Elle voulait rester inconnue jusqu'à ce qu'elle puisse parler le langage des hommes. Elle voulut savoir si on parlait plus d'une langue dans le monde. Alan répondit qu'il existait de très nombreux langages mais celui qu'il parlait était le plus largement utilisé. Il lui enseignerait avec joie.

La femme annonça à Alan qu'elle resterait ici car elle avait beaucoup de choses à apprendre avant de pouvoir aller parmi les gens de ce monde. Alan devrait lui apprendre ces choses. Alan accepta avec joie. Il lui demanda comment elle s'appelait et elle lui répondit Hiéranie.

Son nom signifiait à la « fleur de vie ». Alan répéta le nom avec douceur et elle acquiesça à chaque répétition avec un léger sourire amusé. Il lui dit qu'un nom de fleur lui allait tout à fait bien. Elle lui répondit qu'il y avait bien des sortes de fleurs. Alors Alan lui répondit qu'aucune n'était aussi belle que la fleur de la vie. Elle rougit et abaissa les yeux légèrement. Il demanda encore de quelle nourriture elle avait besoin et elle lui dit qu'il était inutile de s'en inquiéter car elle avait tout ce dont elle avait besoin pour bien des années. Alan voulait encore communiquer avec Hiéranie par l'intermédiaire de Dick mais il lui dit que la prochaine fois qu'elle s'adresserait à lui ce serait seulement quand Alan lui aurait appris comment le faire. Elle voulut savoir si c'était le jour ou la nuit et Alan répondit que le jour s'achevait à peine.

Elle demanda à Alan de rapporter à Richard tout ce qu'ils venaient de se dire. Après quoi il devrait la laisser jusqu'au lendemain matin. Elle mit fin à l'expérience et Dick ouvrit des yeux encore ensommeillés. Il se sentait comme drogué. Alors Alan lui expliqua ce qu'il venait de se passer. Il lui résuma la conversation qu'il avait eue avec Hiéranie.

Dick montra à Hiéranie ce qu'il avait apporté à manger. Elle prit le petit pot de viande concentrée et l'examina avec beaucoup d'intérêt puis s'en alla vers l'un des grands coffres. Elle en sortit un petit flacon contenant environ une douzaine de losanges blancs. Elle en mit dans sa bouche. Elle en offrit à Dick et à Alan. Alan avala mais Dick hésita. Alan trouvait que ça avait un goût un peu salé. Hiéranie les raccompagna jusqu'à la sortie du temple. Elle tendit la main à Alan et prononça quelques mots doux et caressants. Après quoi, elle leur fit signe de la suivre et les guida vers les grandes portes translucides qui menaient au vestibule. Parvenue devant les portes closes, Hiéranie se pencha et appuya du doigt un point du dallage de mosaïque près du mur et aussitôt les grands vantaux s'écartèrent en silence. Ce mouvement révéla le rideau métallique qui avait broyé les espoirs d'Alan d'entrer par ce moyen. Hiéranie neutralisera le piège qui se trouvait sous le dallage. Ils s’arrêtèrent en bas de l'escalier et Alan avec un soupir comprit qu'a présent il devait quitter Hiéranie, pour l'instant du moins.

Dick lui tendit la main en lui souhaitant une bonne nuit et commença à gravir l'escalier. Alan saisit la main avec tendresse et murmura : « bonne nuit, Hiéranie bien-aimée ! ». Elle lui répondit en imitant ses paroles. Alan savait que les mots n'étaient que des mots pour elle, mais en lui-même il fit le voeu passionné de lui en apprendre, tôt ou tard, le sens pour les lui entendre prononcer en connaissance de cause.

Chapitre XVIII.

Alan et Dick furent obligés de gravir l'escalier en spirale dans l'obscurité parce qu'Alan avait oublié sa lampe. Ils émergèrent dans la nuit froide d'un contraste aigu avec l'environnement merveilleux qu'ils venaient à peine de quitter. Une fois à la ferme, Alan demanda à Dick qui son impression. Dick répondit qu'il ne s'était jamais trouvé embarqué dans une situation moins humoristique. Il se demandait si Alan avait envisagé toutes les conséquences. Alan répondit qu'il n'avait rien fait d'autre depuis qu'il avait posé le pied sur le plancher du vestibule. Il en avait conclu que la seule solution était de laisser les choses suivre leur propre cours. Dick pensait qu'ils commettaient contre la société la plus grande erreur, sinon le plus grand crime que le monde ait jamais connu en gardant le secret sur leur découverte. Dick pensait qu'il y avait assez de choses dans les galeries pour lancer les nations à l'attaque. Il pensait que Hiéranie représentait elle-même le plus grand danger. Il pensait qu'il y aurait des hommes capables de poignarder Alan pour un mot de Hiéranie. De plus, Dick pensait que Hiéranie était aussi douée mentalement qu'elle l'était physiquement. Il pensait qu'elle tenait à rester cachée simplement pour acquérir les connaissances nécessaires pour agir sur notre monde et employer alors ses connaissances à ses propres fins.

Alan pensait qu'ils avaient perdu le contrôle de la situation au moment même où Hiéranie s'était dressée sur son divan. Il ne pouvait pas croire que Hiéranie agisse pour autre chose que le bien. Dick promit de rester en contact avec Alan car il crevait d'envie de revoir les galeries. Alan réalisa qu'il n'avait plus faim après avoir mangé le losange. Il se sentait tout à fait bien. Dick pensait qu'ils avaient englouti tout un repas sous forme de pilules.

Alan griffonna laborieusement une lettre qu'il remit à Dick. Elle était destinée à Marian. Il s'excusait de ne pouvoir venir la voir à cause d'une occupation qui le retenait dans sa ferme. Il lui expliquait que son absence s'expliquerait d'elle-même plus tard.

Alan demanda à Dick d'abonder dans le sens du bruit répandu à Bryce à son sujet. Bryce avait fait croire à toute la ville qu'Alan était en train d'étudier dur. Enfin, Alan demanda à Dick de commander un choix d'alphabet pour enfants et des livres d'images et de lecture enfantine. Dick espérait qu'ils ne s'étaient pas lancés dans quelque aventure qu'ils pourraient regretter par la suite. Il s'en alla.

Le lendemain, Alan se lança dans les besognes domestiques d'un coeur léger. Puis il sélectionna une demi-douzaine de livres qui répondaient à ses besoins. Il mit de côté un bel atlas, un livre illustré de photographies des bâtiments historiques les plus fameux du monde et quatre volumes de voyages contenant des images qui montraient le monde selon ses aspects les plus divers.

Après quoi, il se dirigea vers le hangar. Vibrant d'espoir, il descendit dans l'abîme. Il appela Hiéranie qui lui répondit. Elle paraissait irradier de vitalité. Elle portait une robe d'or pâle qui tombait depuis son cou et était retenue à la taille par une bande souple de métal étincelant. Elle lui sourit amicalement. Elle saisit la main qu'il lui tendait. Elle avait effectué certains changements dans son environnement. À part le divan, presque tous les autres meubles avaient été déplacés. Elle avait orné son appartement avec plusieurs objets qu'il reconnut provenir de la galerie d'art. Elle avait emprunté des livres à la bibliothèque. Elle montra une intense curiosité pour les livres qu'il avait apportés. Elle s'en empara et le feuilleta rapidement. Elle regarda l'atlas et le poussa sous le regard d'Alan. Avec un grand étonnement, il découvrit que rares étaient les choses qu'il pouvait lui montrer sans qu'elle les saisisse immédiatement. Alan comprit qu'elle voulait connaître leur position. Il lui montra Cootamundra sur la carte d'Australie. Elle lui fit signe de rester assis et elle courut légèrement lors de la pièce. Elle revint essoufflée tenant à la main un ouvrage de la bibliothèque qu'elle ouvrit en grand à côté de l'atlas.

Hiéranie tournait page après page, dévoilant des cartes du monde étrangères aux yeux d'Alan et dont pourtant certains détails lui étaient curieusement familiers. Elle montrait la terre en des endroits où il était habitué à voir de l'eau. Toute l'ordonnance des choses semblait altérée en ce qui concernait les latitudes. Des masses continentales appartenant à la partie méridionale de l'Australie étaient situées près de l'Equateur. Hiéranie semblait très impatiente de le faire partager ses connaissances. À partir des livres de voyages, Alan commença à donner à son élève ses premières leçons d'anglais. Alan en vint à reconnaître que l'intelligence de son élève n'était pas d'un ordre négligeable. Sa mémoire était phénoménale. Enfin, elle le conduisit dans la galerie, au grand émoi d'Alan, pour accroître son répertoire d'anglais par une analyse sans vergogne de l'anatomie des trois statues du portique. Elle avait maîtrisé les noms de chaque membre et de chaque articulation du corps humain, avec une inconscience totale du malaise de son professeur.

Ils franchirent l'antichambre de marbre et Alan découvrit que Hiéranie avait éliminé l'inconvénient des bruits abominables qui faisaient de sa traversée une épreuve aussi terrifiante pour les nerfs. Elle l'emmena dans la galerie des techniques et Alan fut surpris de découvrir que le moindre vestige des masses de ciment arraché par l'explosion avait disparu. Hiéranie lui montra la machine qui avait produit l'accident pour lui faire comprendre qu'elle savait ce qui s'était passé. Elle lui fit signe de se tenir à l'écart et durant quelques minutes, elle s'affaira autour de la machine.

Ils errèrent de la galerie en galerie, et partout elle ajoutait de nouveaux mots à son répertoire. Quand ils arrivèrent à la galerie de biologie, Alan montra quelque répugnance à entrer, mais la main blanche d'Hiéranie, placée sur son bras, l'attira en avant et fit disparaître ses scrupules. Elle marcha avec lui directement jusqu'à la statue de l'entrée et s'arrêta devant la table portant un instrument qui avait déjà excité la curiosité d'Alan dans les mains de la statue. Hiéranie se saisit de l'instrument. Des yeux, elle lui demanda s'il en connaissait l'usage et il avoua son ignorance en secouant la tête. Hiéranie éleva le cercle de métal des deux mains et l'installa sur la tête d'Alan. Les fils attachés de chaque côté retenaient le petit cylindre suspendu qui se balançait devant sa poitrine. Hiéranie prit le cylindre de la main droite et en plaça l'extrémité ouverte sur son propre poignet gauche puis elle ferma les yeux. Un moment passa, puis elle rouvrit les yeux et, riant doucement, elle secoua la tête avec une colère simulée et répéta le mot « yeux ». Elle laissa retomber le cylindre et leva les deux mains vers son visage ; elle est l'effleura avec une légèreté qui le fit vibrer. Alan comprit que Hiéranie lui demandait de baisser doucement ses paupières. Elle reprit le cylindre et Alan poussa un cri d'étonnement. Il regarda le poignet d'Hiéranie. Elle s'amusait de son étonnement. Il lui avait semblé voir le poignet de la jeune femme devenir transparent et montrer très distinctement chaque tissu, chaque muscle et chaque vaisseau sanguin. Dès qu'il comprit ce qu'il voyait, il recula. Mais il répéta l'opération sur lui-même et il fut fasciné par le merveilleux mécanisme révélé par ce cylindre d'apparence si simple. Il comprit vaguement que la merveille reposant dans ses mains méritait bien sa position d'honneur dans la galerie.

Hiéranie remit l'instrument à sa place et ils repartirent ensemble dans le vaste vestibule.

Alan invita Hiéranie à monter à la surface mais elle refusa. Alors ils retournèrent au temple et Alan reprit son enseignement.

Quand il la quitta, il fut plus désespérément fasciné que jamais par sa beauté et son charme.

Ce fut le premier de bien des jours semblables. Dick devint visiteur régulier. Il avait apporté les livres que Alan lui avait demandés. Alan et de Dick découvrirent que l'intelligence d'Hiéranie était peu commune. Au bout d'une quinzaine de jours, elle était capable de se faire comprendre nettement et au bout d'un mois elle montrait une maîtrise de l'anglais parfaite. Elle avait aussi appris à lire et à écrire. Alan comprit qu'elle étendait le champ de ses leçons par elle-même. Maîtriser la langue anglaise n'était pas du tout ce qu'elle exigeait. Une image de l'histoire politique du monde et de ses coutumes sociales formait une petite partie du reste. Elle désirait connaître les gouvernements, antiques et modernes, les lois, nouvelles et anciennes. Elle voulait aussi tout savoir sur la science.

C'était un travail fascinant pour Alan, en plus de la joie qu'il éprouvait à être constamment en rapport avec elle. Rien de ce qu’il lui apprenait n'était jamais perdu ni mal employé. En huit semaines, elle pouvait lire à peu près n'importe quoi, et lorsqu'elle eut atteint ce stade, ses progrès avancèrent par bons. Alan choisissait avec soin ses livres dans sa bibliothèque, et ils lisaient alternativement à haute voix. Pour l'accentuation et les inflexions, elle l'imitait exactement, et plus d'une fois quelques phrases ou expressions d'Alan, tombant de ses lèvres à elle, firent sourire Dick malgré lui. Parfois des éclairs venant des profondeurs cachées de l'esprit d'Hiéranie leur donnèrent à réfléchir. Un jour, Alan lui avait fait un exposé historique de la constitution de la Grande-Bretagne ainsi qu'un résumé général sur l'Empire et de là il avait échoué à la constitution de l'Australie. Elle avait tout absorbé, avec peu de remarques, comme c'était son habitude, n’interrompant d'une question incisive que sur les points qui ne lui semblaient pas tout à fait clairs. Elle avait dit à Alan que les choses étaient comme elles devaient être. Elle trouvait bon que le peuple choisisse ses propres législateurs et elle pensait également que le peuple était sage et choisissait les esprits les plus grands et les plus nobles dans ses propres rangs pour une position aussi élevée. Le lendemain, Alan apporte un hebdomadaire dans lequel se trouvait une double page donnant le portrait de la totalité des membres des deux chambres fédérales. Hiéranie regarda les portraits pendant longtemps. Elle pensait qu'Alan se moquait d'elle persuadée que ces gens-là ne pouvaient pas être les législateurs d'une nation. Dick lui confirma que c'était pourtant la réalité. Alan lui demanda pourquoi elle en doutait. Elle avait le don de lire sur les visages des hommes. Elle voyait dans ces visages, des fourbes et des imbéciles. Alors montra les photos une à une en décrivant chaque personnage avec son défaut propre : soif du pouvoir ; avarice ; fripon… Pourtant, elle en trouva un qui lui semblait être un chef et un homme. Elle demanda quel était son nom. Alan répondit que c'était Sir Miles Glover, le premier ministre du pays. Hiéranie se souvint du nom car elle pensait pouvoir l'utiliser plus tard. Elle leur demanda pourquoi seuls deux ou trois hommes étaient compétents parmi tous ceux qu'elle avait vus dans le journal. Est-ce que leur peuple était fou. Dick gloussa de plaisir devant le visage irrité d'Alan. Alors Alan expliqua comment les candidats étaient sélectionnés et enfin élus.

Hiéranie demanda s'il n'y avait que deux candidats et deux parties dans l'État. Alan le lui confirma. Elle demanda si le peuple ne choisirait pas le meilleur en supposant que l'un était un homme grand et bon de l'autre un jouet seulement pour les chefs des partis. Dick lui expliqua que la préférence du peuple allait au candidat désigné par le parti. Hiéranie répondit que c'était la préférence du cochon pour les ordures. Elle prévoyait qu'il y aurait une grande tuerie. Elle emmena  Alan et Dick dans la galerie de biologie. Depuis qu'on lui avait montré les merveilles du cylindre, Dick était devenu l'esclave soumis d'Hiéranie par la promesse que, le moment venu, il lui serait permis de les révéler au monde. Il entra en conflit avec Hiéranie sur des sujets techniques. Hiéranie écrasait d'un air calme et assuré certaine de ses théories les plus révérées. Alan prenait seulement un malin plaisir à la défaite de Dick. Mais chez ce dernier, la voix d'Hiéranie faisait trembler un voile que nul homme de sa profession n'avait jamais pensé approcher. Il prévoyait vaguement que ce voile dissimulait division dont le monde n'avait jamais rêvé.

Dick finit par reconnaître la sagesse de Hiéranie qui n'était pas avare de ses connaissances. Pour Dick, Hiéranie était aussi parfaite mentalement que physiquement. Dick rentra chez lui et ses pensées n'étaient pas très exaltantes sur le chemin du retour. Vaguement, dans son esprit, se levait l'image d'une grande ombre suspendue au-dessus du monde.

 

Chapitre XIX.

À mesure que le temps passait, Alan se trouvait toujours plus sous la domination de la personnalité étonnante d'Hiéranie. Tôt le matin, et jusqu'à tard dans la soirée, il passait son temps avec elle dans les galeries. Dick observait avec inquiétude l'aveuglement croissant de son ami. Il pressentait que cette compagnie ne pouvait qu'aboutir à une catastrophe pour Alan. En toute circonstance, Hiéranie montrait le même calme imperturbable et parlait toujours de la même voix féminine et douce. Lorsqu'il était éloigné d'elle, Alan était obsédé par des pressentiments sur son destin. Il sentait bien qu'il était absolument indigne de devenir le compagnon de cet être radieux. Sans cesse, il refoulait le mot qui lui brûlait les lèvres et qui décideraient de son sort. La terreur d'une réponse qui marquerait pour lui la fin de toutes choses le retenait de parler. Il réalisait pleinement que, lorsque viendrait le temps où il ne pourrait plus se retenir de parler, la réponse lui serait donnée sans que Hiéranie pense à autre chose que leur intérêt à tous deux. Aussi continuait-il a vivre auprès d'elle, en des alternances d'espoir qui le laissait faible d'un désir insensé, et de crainte qui poussait son coeur au désespoir. À la fin du troisième mois, Hiéranie commença à leur parler du mystère de son existence car elle avait réservé les révélations jusqu'à ce que Dick puisse les entendre.

Ils étaient assis dans le temple. La conversation avait porté sur la géologie. Dick dissertait sur l'apparition de la vie sur la terre. Hiéranie trouvait que les savants de ce monde étaient insensés dans leurs théories. Elle prit l'atlas d'Alan ainsi que celui de sa propre bibliothèque et elle leur parla du passé du monde. Alors montra le monde tel qu'il était à son époque. Elle demanda à Dick qu'il savait pourquoi le vieux monde avait changé. Dick ne savait pas. Alan supposait qu'à une certaine époque l'axe de la terre s'était déplacé et que le choc avait dû disloquer l'ensemble de sa surface. Hiéranie répondit qu'Alan savait aussi bien utiliser sa tête que son grand corps solide et que son professeur était digne de son emploi. C'était donc bien la cause. Il y a très longtemps, le monde était habité par une race d'êtres humains qui avaient passé par tous les essais et toutes les luttes par lesquels la race humaine actuelle continuait à passer. Les anciens humains avaient atteint les plus hauts sommets que l'humanité puisse atteindre lorsque le cataclysme survint. Le peuple d'Hiéranie connaissait le coup qui le menaçait bien avant qu'il le frappe. Il savait que, des cendres du monde aboli, une autre race s'élèverait. Il savait aussi la nouvelle race devrait passer par les mêmes difficultés avant de gagner sa propre place au sommet. Ce que le peuple d'Hiéranie déplorait, c'était que tous les grands travaux issus de leurs cerveaux et de leurs mains dussent périr définitivement.

Alors ils décidèrent de préserver leurs connaissances pour le bénéfice de gens qui étaient encore à venir. En trois endroits soigneusement choisis de la terre, ils battirent une grande sphère. Dans leur construction, ils apportèrent absolument tout de leur immense savoir, pour aboutir à leur but et le rendre invulnérable au gigantesque cataclysme. Dans chacune d’elles, ils réunirent un spécimen de tous leurs arts et de toutes leurs sciences. Les moyens de suspendre la vie étaient connus depuis de nombreuses générations alors, il fut décidé que, dans chaque sphère, une personne serait placée pour servir de lien entre le vieux et le nouveau mondes.

Alan demanda pourquoi il ne devait y avoir qu'une personne par sphère. Hiéranie répondit qu'il n'y avait aucune assurance que les ères qui devaient s'écouler avant la réanimation ne réduiraient pas à néant la tentative. Le peuple d'Hiéranie ne désirait pas condamner plus d’humains qu'il n'était nécessaire au risque d'un sort terrible. Des volontaires furent appelés qui parmi les milliers qui avaient répondu à l'appel, tous étaient animés par l'espoir de transmettre le flambeau d'une race mourante à celle qui n'était pas encore née.

Hiéranie fit partie des trois sélectionnés. Dick voulut savoir où se trouvaient les autres sphères. Hiéranie se dirigea vers le tableau de bord qui était en connexion perpétuelle avec les autres sphères. Hiéranie tenta d'entrer en contact avec une autre sphère mais ne réussit pas et elle pensait qu'une des deux autres sphères n'avait pas réussi à supporter la tension du cataclysme mondial. Mais la troisième sphère existait toujours. Hiéranie révéla le nom de celui qui s'y trouvait, Andax. Pour Dick, apprendre qu'un autre être du genre d'Hiéranie pouvait être rappelé à la vie comme renfort accroissait le sentiment de malaise qui, déjà, le hantait. Alan, ne voyait dans la nouvelle qu'une menace à son amour pour Hiéranie.

Hiéranie leur révéla que son peuple avait des règles concernant le mélange des sangs humains et il connaissait le type d'homme qu'il désirait procréer. Le bien-être de l'individu encore à naître était presque une religion pour son peuple. Elle montra la statue qui avait tant impressionné Alan. L'homme austère que la statue représentait était celui qui le premier avait établi les lois pour la création d'une race et Andax descendait directement de lui. Hiéranie était attachée aux règles eugéniques de son peuple. Ainsi, dans la lignée du créateur de l'eugénisme aucun n'avait de coeur et ils portaient dans le thorax une pompe organique qui n'avait d'autres fonctions que de maintenir en vie leur cerveau.

Dick eut le courage de dire à Hiéranie que son compagnon n'avait pas l'air sympathique. Hiéranie savait qu’Andax ne plairait pas à beaucoup de gens. Andax considérait Hiéranie comme une idiote utile. Il avait été son professeur pour son année de chirurgie et ses deux ans d'études techniques. Andax avait été furieux parce que Hiéranie s'était inscrite en droit et en littérature.

Elle décrivit Andax comme quelqu'un d'impitoyable, froid et calculateur. Mais Hiéranie pardonnait aux gens de son peuple car leurs actes terribles avaient entraîné selon elle une grande bénédiction par la suite. Dick demanda à Hiéranie si elle pouvait retrouver la sphère d'Andax. Hiéranie leur montra l'endroit où se trouvait l'autre sphère. C'était au milieu de l'Himalaya. Alan en fut soulagé car c'était une contrée presque impossible à explorer. La sienne risquait d'être enfouie sous 2000 m de montagne. Mais Hiéranie n'était pas inquiète car elle disposait des moyens nécessaires pour retrouver l'autre sphère. Sa calme assurance ravisa le désespoir de ses auditeurs. Hiéranie demanda à Dick pourquoi il était inquiet. Il demanda à quel âge avait Andax. Hiéranie répondit qu'il avait le même âge qu'elle, c'est-à-dire 25 ans. Tous deux avaient été enterrés il y a 27 millions d'années. Alan et son ami laissèrent échapper un cri en apprenant cela. Alan demanda comment il se faisait qu'Andax ait pu être le professeur Hiéranie alors qu'ils avaient le même âge. Hiéranie répondit qu'Andax maîtrisait déjà toutes les sciences quand il avait 15 ans. Durant des générations, son cerveau avait été développé.

Ce soir-là, avant de se séparer, les deux hommes restèrent silencieux, à songer. Dick était inquiet de la libération prochaine d'Andax. Il savait qu'Hiéranie ne prendrait en compte leur opinion.

Chapitre XX.

Hiéranie raconta à Alan et à Dick l'histoire des trois hommes représentés par la première statue qu'Alan avait découverte. Ces trois hommes avaient marqué d'une façon suprême le développement de tout ce qui avait jamais existé, et chacun d'une manière entièrement différente.

Un des trois hommes avait été jugé et condamné comme le plus grand criminel que son monde avait jamais connu.

Son nom était Odi et il vivait inconnu, pauvre maître d'école. C'était 3000 ans avant le grand désastre. Les groupes et les nations se rassemblèrent et en même temps parut un langage commun. La guerre avait pratiquement cessé et grâce aux progrès de la science médicale, la croissance de la population du monde était devenue un facteur sérieux. Le grand problème était celui des races de couleur. Elles étaient considérées comme en dessous des autres. Elles pouvaient imiter, mais non créer. Elles se multipliaient beaucoup plus rapidement que les autres et menaçaient d'exterminer la race blanche par le simple poids du nombre. Elles exigeaient comme un droit à l'égalité pour laquelle elles n'étaient pas faites. Dick comprenait ce que Hiéranie voulait dire car le problème ne leur était pas inconnu. Il y avait à cette époque plus de 3 milliards de gens sur le globe, dont plus des quatre cinquièmes appartenaient à la race inférieure. Ils disposaient de tous les avantages accordés par la science et ils étaient protégés par les lois à mesure que le temps passa l'amertume croissait des deux côtés jusqu'au point de rupture.

Il y eut une sanglante guerre, la première à survenir depuis plus de 200 ans. C'était une querelle territoriale. La lutte s'acheva par l'oblitération d'un avant-poste blanc de 2 millions de gens. Alan supposa qu'il y eut beaucoup pour prêcher la doctrine consistant à élever les gens de couleur et les traiter comme des frères. Hiéranie le lui confirma. Les prêtres s'opposaient à de représailles. Odi vivait à la frontière des nations blanches. Toute sa vie, il avait étudié la question en silence. Ses inventions lui rapportèrent assez d'argent pour lui permettre de vivre à son aise et il consacra la totalité de son temps à la recherche. Il inventa le « rayon de la mort ».

La première nouvelle que le monde reçut de la puissance du rayon de la mort fut qu'une maladie inconnue et épouvantable s'était déclarée parmi les races de couleur dans l'endroit le plus fortement peuplé du monde. On constata que les Blancs restaient absolument indemnes.

La maladie se déclarait en quelques jours. En vain, le monde entier combattit la terreur croissante. Toutes ses ressources furent mobilisées à l'extrême. Mais les savants avaient beau lutter, la mort les vainquait. En huit semaines, plus de 120 millions de personnes avaient péri.

Alan et Dick regardèrent Hiéranie, incrédules. Dick pensait que le nombre de cadavres avait dû provoquer une épidémie et ce fut bien le cas. Vers la fin, le mot courut parmi les races de couleur que les Blancs étaient en train de les exterminer. Il y eu un soulèvement meurtrier au cours duquel la race condamnée tomba aussi rapidement devant les armes des Blancs. Les 16 mois que durera la terreur fut la période la plus effroyable que connut le monde d'Hiéranie. Au bout de ces 16 mois, les races de couleur avaient cessé d'exister. Sur 2 milliards d'êtres humains, il n'en restait plus qu'un demi-million. Odi se désigna lui-même comme celui qui avait perpétré ce génocide. Il trouva aux enquêteurs la réalité des moyens qu'il l'avait employé. Il avait découvert un rayon électrique qui passait à travers la peau de l'homme blanc et n'agissait que sur la peau pigmentée de l'homme de couleur. Pour Dick c'était une action démoniaque.

D'un bout du monde à l'autre, la classe des prêtres éleva des clameurs contre Odi. Il fut mis en quarantaine et stigmatisé. Ses biens furent déclarés confisqués. Son nom fut considéré comme celui d'un maudit. Il répondit à ses accusateurs avec fierté et justifia ses actions en raison du bien de l'humanité. La pauvreté et l'outrage furent son lot jusqu'à la fin. Un jour, il pénétra dans une assemblée de prêtres et de leurs fidèles et il fit un discours. Il fut lapidé. Bien plus tard, il fut admis que l'action d'Odi avait été le salut des races civilisées.

Pour Dick, le crime demeurait impardonnable. Mais Hiéranie compara les hommes de couleur aux mauvaises herbes. Elle demanda à si son monde n'avait pas encore reconnu qu'il y avait de mauvaises herbes humaines aussi bien que végétales. Pour Dick ce n'était pas comparable. Alors Hiéranie demanda qui possédait l'Australie avant que les Blancs n'arrivent. Dick fut pétrifié par la question. Hiéranie demanda si une seule fois dans son existence il avait accordé une seule pensée de remords aux milliers d'aborigènes qui avaient été exterminés par l'implacable invasion blanche. Dick rétorqua que dans ce cas, c'était la survivance du plus apte. Alan reconnut que les Australiens ne pouvaient pas jeter la première pierre à Odi. Il pensait que le monde serait meilleur et plus propre si quelques-unes de ses races en venaient à s'éteindre. Il pensait aux Turcs notamment.

Hiéranie demanda quelle était la proportion entre les Blancs et les Noirs. Alan et Dick ne le savait pas. Alan chercha l'information dans un livre. Il dit à Hiéranie qu'il y avait 650 millions de blancs pour 950 millions de gens de couleur. Hiéranie pensait que la différence continuerait à s'accroître. Pour elle, il valait mieux faire les choses maintenant parce qu'il n'y avait pas de place dans le monde pour l'inapte. Dick répondit que sa profession consistait à préserver la vie et non à la détruire. Il ne voulait plus discuter avec elle. Pour apaiser l'ambiance, Hiéranie mit de la musique.

Après quoi, Dick s'en alla et Alan le rejoignit. Dick avait peur d'avoir lâché sur le monde quelque chose de mauvais. Alan pensait que Hiéranie se laisserait influencer par eux dans ses actes. Il espérait qu'on ne pourrait pas retrouver Andax. Dick pensait que rien ne pouvait l'empêcher.

Chapitre XXI.

L'absence d'Alan excitait l'imagination à Glen Cairn. Bryce était mal à l'aise mais gardait pour lui ce qu'il pensait. Marian avait le coeur triste. Fidèle à lui jusque dans ses pensées, elle ne voulait pas croire que l'homme qui lui avait tenu la main cette nuit-là avait agi avec légèreté pour s'enfuir ensuite. Elle ne pouvait se résigner à attendre qu'il lui fît signe. MacArthur et Rikardson discutèrent au club. MacArthur avait été voir la ferme d'Alan. Il avait remarqué qu'Alan n'avait pas taillé une seule vigne ni passé la charrue sur son terrain. Il avait trouvé la maison verte mais n'avait pas vu à Alan. Rikardson pensait qu'il y avait une femme là-dessous. MacArthur répondit qu'Alan n'avait pas approché Marian depuis des mois. MacArthur pensait que Dick savait quelque chose. Mais il n'avait pas réussi à lui tirer les vers du nez. Il espérait qu'Alan n'avait pas d'ennuis sans qu'il puisse l'aider.

Un soir, alors qu'Alan et Dick étaient assis à fumer, Dick demanda à Alan quand il était allé à Glen Cairn pour la dernière fois. Alan avait oublié. Comme l'épicier lui envoyer tout ce dont il avait besoin il n'avait aucune raison de se déplacer. Alors il Dick lui apprit que les gens jasaient. Les gens savaient qu'Alan ne s'occupait plus de sa vigne et que Dick passait souvent le voir. Alan montra à Dick une feuille que MacArthur avait punaisé à sa porte. MacArthur voulait savoir s'il y avait une histoire de vin ou de femme et lui demandait de revenir. Dick lui conseilla de revenir au club. Alors Alan avoua à son ami que Hiéranie était venue voir la ferme. Alan avait vu Hiéranie entre la ferme le hangar en revenant un soir d'une promenade.

Hiéranie tomba sur le portrait de Napoléon qu'Alan avait chez lui. Elle avait montré une grande émotion en le voyant. Elle voulut savoir son nom et s'il était encore vivant. Alan lui apprit qu'il avait disparu depuis plus de 100 ans. Elle pensait que c'était le genre d'homme dont elle avait besoin pour accomplir sa tâche. Dick n'aimait pas ça et il songeait à prévenir les autorités. Alan ne voulait pas trahir Hiéranie. De plus, il ne voulait pas voir sa ferme piétinée par une bande d'aventuriers politiques et par les journalistes.

Hiéranie était venue voir Alan une deuxième fois et ils étaient allés se promener jusqu'au fleuve. Alan avait peur de l'effet que produirait Hiéranie sur un visiteur. En effet, Hiéranie leur avait déjà laissé entendre la valeur qu'elle attribuait à la valeur de certains hommes. Alan avait compris qu'elle considérait ses égards envers l'existence humaine comme une sorte de sentimentalisme abâtardi.

Le lendemain, Alan annonça à Hiéranie qu'il serait obligé de la laisser seule à l'occasion afin de s'occuper de ses affaires en ville. Elle lui promit de ne pas sortir en son absence. Le lendemain, Alan se rendit à Glen Cairn. MacArthur et Rickardson ne posèrent pas de questions, trop heureux de voir Alan sortir de l'ombre pour s'inquiéter du motif de son absence. Après quoi, Alan rencontra Doris qui tâta le terrain scientifiquement en quête de renseignements. Mais comme Alan était plus rusé plus diplomate encore, le résultat fut un match nul.

Doris n'obtint rien qui put satisfaire sa curiosité mais Alan se trouva obligé de promettre de participer à un tournoi le samedi suivant. Elle décida qu'Alan serait désigné pour jouer avec Marian dans le tournoi. Alan pensait que tout le temps qu'il ne passait pas en compagnie d'Hiéranie était du temps perdu. Quand Dick revint de l'hôpital, Alan en profita pour quitter le court de tennis et discuter avec lui. Dick révéla à Alan que Hiéranie lui avait donné un produit à injecter à un patient. Alan avait injecté le liquide dans une patiente de Walton et celle-ci avait guéri. Dick avait l'intention de poser des questions à Hiéranie.

Chapitre XXII.

Quand Hiéranie apprit que la patiente avait guéri, elle déclara qu'il n'y avait aucun miracle là-dedans. Dick avait injecté le produit sans en parler à Waslton. Hiéranie évoqua un autre personnage mythique de son monde, Maxi. Il passa sa vie sur un travail unique et réussit. Il savait que chaque organisme vivant projette des rayons lumineux que l'oeil humain ne peut pas voir. Il avait inventé une lentille, en réalité un oeil artificiel, qui parvenait à détecter ces rayons et à les transmettre directement au cerveau. Cela lui prit 25 ans de labeur ininterrompu. Il fut tourné en dérision mais il n'hésita jamais. On reconnut quand même sa valeur durant sa vie et il accepta le triomphe aussi simplement qu'il avait supporté les revers. Il délaissa tous les honneurs qu'on lui offrit. La moyenne de vie, à l'époque de l'invention de Maxi, était d'environ 48 ans. En 200 ans, cette moyenne dépassa largement 100 ans, et plus tard elle s'éleva jusqu'à 120 ans avec un maximum de 160 ans. Nombre de ceux qui atteignaient 150 conservaient leurs facultés en plein éveil. Chaque pas qui mena à cette révolution fut uniquement dû à la lentille de Maxi.

Sans la lentille de Maxi, l'oeuvre d'Eukary eût été impossible. Eukary vint 200 ans après Maxi et il fut l'un des adorateurs de sa mémoire.

Hiéranie pensait qu’Eukary était de ceux que la nature n'accorde au monde qu'une fois en 1000 ans comme Napoléon. Il sortit durant, et durant 50 années, il gouverna le monde avec une main de fer. Il gouverna le monde entier. Il laissa un monde nouveau et une nouvelle religion. Dick et Alan pensaient que les religions étaient fatales au point de vue de la mortalité. Alan pensait que rien ne valait la haine qu'un fanatique religieux pouvait opposer à une croyance rivale. Hiéranie leur dit que Eukary subit le sort usuel du réformateur et alors il frappa. Il enseigna le culte du non-né. Il partit de la théorie que si des soins infinis sont nécessaires pour produire les plus hautes d'espèces d'animaux ou de végétaux, ils étaient à plus forte raison nécessaires pour produire le type le plus achevé d'humain. Dick pensait que laisser l'humanité se reproduire à son gré, au nom sacré de la liberté individuelle et au détriment de la race était un handicap terrible. Mais on n'y pouvait rien. Hiéranie le détrompa pas en disant qu'Eukary démontra la loi de transmission. Alors, le monde s'arrête de travailler assez longtemps pour voir qu'il avait découvert une nouvelle plaisanterie, et quand la plaisanterie fut rebattue, aussi bien elle que lui furent oubliés. Pendant 30 ans, le monde n'entendit plus parler d'Eukary. Durant ce temps, il travailla silencieusement à ses plans prodigieux. Cette période fut appelée la Grande Conspiration. Eukary enrôla des centaines de milliers de partisans dans un complot pour placer le contrôle du monde entre les mains d'un seul homme, et ceci sans être détecté.

Les membres de la société secrète d'Eukary étaient de toutes les races et de toutes les croyances du monde sans qu'il y eut le moindre traître. Parmi les conspirateurs se trouvaient les plus grands cerveaux de l'époque et ils mirent au point une arme qui rendit le mouvement irrésistible. Les gens furent stupéfiés par le coup d'Etat. En une nuit les corps constitués des gouvernements de chaque confédération furent destitués et une nouvelle administration substituée à l'ancienne. Eukary fit exterminer tous les opposants jusqu'au dernier homme.

Eukary annonça que toutes les futures lois seraient désormais sujettes à révision par un conseil central qu'il présiderait. Il fit prêter allégeance à tous les hommes des offices publics. Il fit exécuter tous ceux qui refusèrent.

Aucun mariage ne serait permis à l'avenir sans la sanction d'un office de contrôle. Toute homme ou femme, même non marié mais en âge de se marier fut obligé de se présenter pour être enregistré. À chacun on déclara, séance tenante, si elle ou il aurait la permission de se marier. Nul mariage ne pouvait être désormais célébré sans le consentement des autorités.

Le mariage était permis si, d'après les clauses nettement définies de la loi, les enfants probables de l'union devaient constituer une amélioration sur au moins l'un des parents. Plus tard, les rejetons devaient montrer une amélioration sur les deux parents. Il y eut une révolte.

Eukary estimait que 80 % de la fraction révoltée étaient déficiente, soit mentalement, soit physiquement. Aussi, son élimination éclaircit-elle l'atmosphère. Dick en fut révolté. Alors Hiéranie le considéra comme quelqu'un de désespérément sentimental. Hiéranie ne comprenait pas à quoi servait de sauver la vie si elle ne méritait pas d'être sauvée.

Elle estimait que les gens éliminés par Eukary n'étaient rien d'autre qu'une excroissance maligne de la civilisation. Eukary eut à lutter contre un taux de naissances énormément réduit mais cela fut compensé largement par un temps de mortalité abaissé.

Petit à petit, le pourcentage des anormaux diminua. Un sentiment apparut, celui que devenir les parents d'un enfant classé comme incapable était une disgrâce. De ce sentiment naquit le culte du non-né. La loi de transmission s'imposa comme foi mondiale.

Hiéranie savait qu'elle était belle et elle pensait qu'elle le devait à des centaines d'ascendants qui avaient vécu selon la loi. Hiéranie leur raconta qu'un effet imprévu de l'ordre nouveau fut le mélange graduel des confédérations nationales. On remarqua que les mariages internationaux donnaient des plus vigoureux rejetons sous certaines conditions. Les distinctions raciales furent supprimées. Eukary fut à l'origine de la sainteté accordée à la maternité. Il adopta un plan pour que la grossesse soit obligatoirement déclarée et la mère de l'enfant devenait pupille de l'État. La mère devenait sacrée, vouée uniquement à la vie nouvelle qu'elle donnerait au monde. Alan et Dick ironisaient sur ce que racontait Hiéranie.

Hiéranie dit à Dick qu'elle le lancerait sur la bonne voie. En rentrant chez lui, Dick souhaita qu'Andax aille au diable. Alan était d'accord avec lui sur ce point n'est pas sur les autres. Il partageait, en partie, les théories d’Hiéranie sur l'eugénisme.

Chapitre XXIII.

Le samedi suivant, Alan discutait avec Hiéranie. Pour la première fois, il y avait l'ombre d'un nuage entre eux. Elle lui avait demandé de l'emmener avec lui à Glen Cairn. Elle voulait rencontrer des femmes de ce monde et leur parler. Alan n'était pas d'accord. Elle n'insista pas. Hiéranie retourna dans les galeries pour s'affairer avec plusieurs instruments étranges. De temps à autre, elle s'interrompait et souriait ; si Alan avait pu voir ce sourire, sa sérénité aurait été durement secouée.

Alan se rendit au club de golf. Le comité du club était presque entièrement féminin.

Il était accompagné de Rickardson et de MacArthur. Au tout dernier moment, il avait écrit à Ms Doris pour la prévenir de sa présence. Il n'était pas très pressé d'affronter le groupe. Il rencontra Ms Doris avec la femme de Dick et Marian. Marian accueillit Alan sans la moindre trace de contrainte mais sans la plus légère chaleur. Elle avait été blessée par sa conduite mais elle ne voulait pas lui laisser voir à quel point elle en ressentait de l'amertume. Elle lui demanda s'il jouait ou non au tennis. Alan ignora la question. Mme Kitty lui demanda s'il avait l'intention de rester hors de sa coquille à présent. Elle lui dit que s'il avait l'intention de mener une existence hétéroclite, il ne faudrait pas compter sur sa participation. Alan répondit qu'il espérait redevenir normal avant peu. Marian demanda à Alan s'il avait été malade. Il répondit qu'il avait été assez soucieux. Elle savait que Dick était souvent allé le voir et elle avait pensé que cela traduisait peut-être certains faits. Alan lui dit qu'il était passé chez elle mais qu'elle n'était pas là. Tout à coup, Hiéranie arriva. Tout le monde la trouva très belle. Alan chancela en constatant l'insignifiance absolue de toute cette foule devant elle.

Il y avait dans son maintien une dignité qui la marquait aussitôt comme un être à part. Elle était complètement inconsciente de la sensation qu'elle avait causée. Elle salua Alan. Alan prévoyait d'épouvantables difficultés, mais, quoi qu'il arrive, sa place était au côté d'Hiéranie. Il avança à sa rencontre avec un grand frémissement d'amour. Il présenta Hiéranie à ses amis.

Dick était certain qu'il allait y avoir de durs moments à passer et ce ne fut pas une vaine prophétie. Tous les membres du club se laissèrent aller à la curiosité. Hiéranie se dirigea vers Dick et le salua.

La tension du moment fut allégée d'une façon inattendue par le révérend John Harvey Pook. Hiéranie demanda à Alan qui était Pook. Alan le lui présenta. Comme le révérend avait plusieurs titres, il pensait que Hiéranie ne pouvait pas être présente depuis très longtemps dans la ville sans le connaître. Il répondit qu'elle était là depuis assez longtemps et qu'elle vivait avec son ami Alan. Alan sentit ce que cet aveu si franc avait suscité dans la foule. Le révérend demanda à Hiéranie si sa mère était également chez Alan. Hiéranie répondit que sa mère était morte depuis longtemps. Elle dit aussi que Dick venait souvent leur rendre visite. La femme du révérend était scandalisée ainsi que la femme de Bryce et la femme de Dick. Hiéranie se rendait compte de l'hostilité ambiante mais sans en comprendre la cause. Hiéranie demanda à Alan ce qu'était un vicaire. Alan le lui expliqua. Hiéranie demanda au révérend quelle croyance il enseignait. Le révérend répondit qu'il était ministre de Dieu depuis 25 ans. Hiéranie lui répondit qu'il avait été ministre de sa panse depuis bien plus de temps. Horrifié, Alan essaya de s'entremettre.

La femme du révérend prit sa défense. Hiéranie ne s'inquiéta pas de sa fureur. Avec calme elle implora Dieu de protéger les rejetons du prêtre et de sa femme estimant que ce serait un crime que de laisser deux êtres pareils se perpétuer. Il y eut un mouvement général parmi les femmes scandalisées qu'Hiéranie observait avec une légère surprise.

Alan tenta un effort désespéré pour rétablir la situation. Il dit à Doris que c'était une méprise terrible. Doris lui demanda depuis combien de temps il était avec Hiéranie, Alan répondit que cela faisait six mois, Doris confirma qu'il y avait en effet une méprise. Et elle s'en alla avec Marian. Toutes les autres femmes la suivirent. En quelques minutes, il ne restait plus qu'Hiéranie, Alan, Rickardson, MacArthur et Bryce.

Hiéranie demanda à Alan le lui expliquer ce qu'elle avait fait. Alan lui répondit que ce qu'elle avait fait était sans remède. Hiéranie s'en alla. Alan voulut la rattraper mais elle avait disparu.

MacArthur dit à Alan qu'il avait vu Hiéranie arriver mais il avait l'impression qu'elle était apparue instantanément de nulle part. Rickardson et MacArthur proposait à Alan de l'aider. Il leur demanda de retourner au club pour annoncer aux membres qu'Alan ne recevrait plus. Ils s'éloignèrent pour décourager les cancans avec une foi aveugle dans leur ami en détresse. Bryce demanda à Alan de lui expliquer ce qu'il venait de se passer. Alan lui répondit que Hiéranie était sacrée pour lui. Il dit à Bryce qu'il ne pouvait rien lui dire pour le moment. Mais Bryce ne comprenait pas pourquoi il avait amené Hiéranie ici. Alan répondit qu'il n'avait rien fait pour cela. Bryce lui donna la situation. Alan avait disparu pendant six mois et tout effort pour le faire sortir de son trou avait été inutile. Et puis, sans avertissement, il était publiquement réclamé comme sa position par Hiéranie. Bryce pensait que c'était la beauté suprême d'Hiéranie qui condamné à Alan. Alan était persuadé que chaque femme du club qui avait tourné le dos à Hiéranie en viendrait presque un jour à donner ses yeux pour pouvoir dire qu'elle la connaissait.

Chapitre XXIV.

Alan rentra chez lui, déterminé à laisser à Glen Cairn penser à sa guise jusqu'à ce qu'il soit prêt à éclairer la commune ulcérée. Il vit qu’Hiéranie l'attendait dans l'ombre. Elle lui demanda si elle était pardonnée. Alan lui répondit que c'était lui qui était à blâmer car il aurait dû l'avertir. Il y eut un long silence. Hiéranie avait posé sa main sur un bras d'Alan. Il sentait son corps tremblait du désir sauvage de l'étreindre. Elle lui demanda pourquoi il avait peur de dire les mots que son coeur lui commandait de dire. Alors il lui déclara son amour. Ils s'embrassèrent. Elle lui dit qu'elle possédait un don qui avait été développé par des générations avant elle, celui de l'esprit des autres. Elle avait lu dans l'esprit d'une femme qui se tenait très d'Alan un amour pour lui. Hiéranie pensait que le bonheur d'Alan pour être plus grand dans son monde. Elle voulut savoir ce qu'il y avait entre Alan et Marian. Alors, Alan lui raconta l'histoire sans s'épargner lui-même. Il regrettait d'avoir blessé Marian. Il lui demanda ce qu’Andax dirait lorsqu'il saurait qu'Hiéranie lui était promise. Elle lui répondit qu'Andax n'avait jamais accordé une pensée à l'amour. Andax pensait que les femmes avaient une pauvre valeur économique et qu'elle n’avait pour but que celui de perpétuer la race. Une loi lui avait été imposée ainsi qu'à Hiéranie. S’ils survivaient au cataclysme, ils ne devaient pas se marier.

Hiéranie demanda à Alan quel code elle avait outragé.

Alan répondit que la petitesse des femmes de Glen Cairn n'était pas digne d'une seule de ses pensées. Il pensait que les femmes de Glen Cairn haïssaient Hiéranie à cause de sa beauté.

Hiéranie pensait que ces femmes l'avaient condamnée la jugeant impudique. Elle ne comprenait pas pourquoi les femmes de ce monde étaient-telles que leur réputation ne résisterait pas au fait de vivre seule avec un homme sans chaperon. Elle pensait que le monde d'Alan avait encore plus de chemin à faire qu'elle ne le pensait.

Hiéranie lui montra comment elle faisait pour se déplacer rapidement. Elle expliqua à Alan que l'un des savants de son monde avait buté par hasard sur la cause véritable de la pesanteur. Depuis cette époque, le problème des voyages et des transports avait été résolus une fois pour toutes.

Alan lui dit qu'il faudrait bientôt que le monde sache tout d’elle. Il avait hâte de pouvoir la proclamer sienne devant les femmes de Glen Cairn. Hiéranie voulait d'abord délivrer Andax.

Pour le délivrer, elle n'aurait besoin d’Alan. Elle disposait d'un appareil qui pouvait la transporter en sécurité et rapidement en n'importe quel lieu de la terre. Avec cet appareil, elle pourra trancher la montagne en tirant simplement un levier. Dès qu'Andax serait retrouvé, Hiéranie devrait rester un temps avec lui. Elle promit à Alan qu'ils auraient toute la vie devant eux. Elle lui dit que la mission qui était la sienne était aussi sacrée que son amour pour lui. Elle voulait qu'Alan remplisse cette mission avec elle. Alan doutait qu'Andax ne se dresse pas entre eux. Hiéranie promit que non. Il était probable qu'il leur accorde 10 ans de liberté pendant qu'il se préparerait.

Quand Andax aurait décidé de sa voie, il se tiendrait à l'arrière-plan et laisserait pas Hiéranie le travail. Hiéranie demanda à Alan s'il aimerait gouverner le monde.

Alan répondit qu'il ne désirait qu'un seul royaume, celui du coeur d'Hiéranie.

Elle lui répondit que son trône y était déjà dressé.

Elle lui propose encore de diriger le monde et Alan se demanda quel homme pourrait y résister.

Il leur suffirait d'un mois pour se préparer. Après quoi, ils pourraient affronter leur avenir côte à côte. Longtemps après que sa silhouette eut disparu dans la nuit douce, le souvenir de ses mots le tint émerveillé par la splendeur de ce qu'ils promettaient.

Chapitre XXV.

Hiéranie était avec Alan dans le temple. Alan pensait à la méchanceté des femmes de Glen Cairn jalouses d’Hiéranie. Hiéranie avait senti sa colère. Elle lui demanda quel était l'origine de sa colère. Elle aurait pu lire dans ses pensées et prétendait qu'elle s'y refusait. Alan lui expliqua quel était le sens du péché auquel les femmes de Glen Cairn pensaient. Une femme ne pouvait vivre avec un homme sans chaperon si elle n'était pas mariée. Hiéranie ne comprenait pas pourquoi alors Alan lui expliqua que c'était le code injuste et cruel de son monde. C'était toujours la femme qui souffrait le plus. Hiéranie comprit que la loi de ce monde avait été écrite par les hommes.

Alan pensait que cette loi faisait partie de la prétention de l'homme à la supériorité. Hiéranie lui répondit que dans son monde, les hommes n'avaient pas de telles prétentions. Les hommes et les femmes étaient légaux en toutes choses, légalement et socialement. Alan répondit que les hommes de son monde avaient de la déférence pour les femmes. Mais Hiéranie pensait que cette déférence était une pauvre compensation et une excuse pire encore pour garder la moitié du monde en sujétion vis-à-vis de l'autre moitié.

Dick allait bientôt arriver et Hiéranie le sentait. Elle dit à Alan qu'elle ne doutait pas de sa loyauté envers lui mais elle avait compris que ses sentiments envers elle-même avaient changé. Elle avait compris que Dick souhaitait s'opposer à ses desseins. Elle demanda à Alan de laisser entendre à Dick qu'il serait mal avisé de s'opposer à elle.

En voyant Alan et Hiéranie ensemble, Dick comprit ce qui s'était passé. C'était écrit sur leurs visages. Dick était mal à l'aise à l'idée de leur mariage et il avait un mauvais pressentiment. Mais il était trop loyal envers son ami pour donner la moindre indication sur ses sentiments. Il lui souhaita tout ce qu'il espérait. Hiéranie voulut savoir si Dick lui avait pardonné pour ce qu'elle avait fait à Glen Cairn. Il ne le savait pas. Il répondit qu'elle était une femme trop belle pour que son monde l'absolve facilement.

Dick comprit que le courroux de Glen Cairn ne troublerait pas beaucoup l'atmosphère de la maison d'Alan.

Une délégation féminine avait demandé la démission d'Alan du club.  Bryce avait annoncé aux femmes du club qu'il démissionnerait d'abord. Alan fit à Dick un bref résumé de leurs plans et lui parla de la suggestion d'Hiéranie de se joindre à eux pour rechercher Andax. Dick s'est senti mal à l'aise car il avait réfléchi longuement et sérieusement à la situation et l'apparition d'une puissance nouvelle et inconnue dans le problème l'emplissait d'appréhension. Il prévoyait qu'avant longtemps se déclarerait une crise qui risquerait d'être un désastre pour tous les participants. Alors il répondit qu'il ne pourrait décider de les accompagner que plus tard. Il semblait qu'Hiéranie avait négligé un détail : l'argent. Hiéranie ne comprenait pas pourquoi alors Alan lui expliqua que rien n'était possible sans argent dans son monde. Hiéranie avait toujours considéré l'or comme un métal utile mais elle n'avait jamais pensé à l'envisager sous l'angle de la richesse. Elle demanda à Alan et à Dick combien il lui en faudrait. Dick répondit qu'il serait impossible d'en avoir trop. Le temple était construit en or et Hiéranie n'aurait donc pas de mal à en trouver. Mais c'était un or spécial, impossible à transformer. Hiéranie pensait qu'il ne lui faudrait que peu de temps pour en trouver assez et disposer de la richesse nécessaire. Hiéranie offrit à Dick une ceinture composée d'une douzaine de maillons avec un exquis travail de joaillerie et un gros diamant blanc parfait. C'était un cadeau pour la femme de Dick. Hiéranie voulait que Dick tente de faire la paix avec sa femme de sa part.

Dick avertit Alan et Hiéranie qu'ils allaient avoir à compter avec la résistance la plus obstinée et la plus sauvage d'un bout du monde à l'autre. Hiéranie savait qu'Andax ne bougerait pas avant d'avoir puis en considération chaque facteur. Elle pensait que ce monde serait prêt pour les changements qu'elle voulait y apporter. Elle annonça à Dick qu'il était probable qu'elle soit obligée de dépeupler la moitié du monde. Elle pensait que le monde apprendrait vite et qu'il ne pouvait y avoir de résistance. Dick trouvait Hiéranie terrible. Pour Hiéranie, la vie était sacrée tant qu'elle était digne de vie. Elle demanda à Dick si un millier d'hommes pouvait, par un moyen quelconque, faire reculer la civilisation mondiale, éliminer toutes les connaissances et toute la sagesse du globe, s'il hésiterait à frapper pour sauver le monde. Dick ne répondit pas mais Alan répondit qu'il frapperait sans hésitation. Hiéranie pensait pouvoir faire progresser le monde avec Andax en un seul siècle. Elle n'avait pas l'intention de laisser quelqu'un se dresser sur sa route. Elle pensait que ce monde devait être soigné et, si en le soignant, elle lui faisait mal, ce n'était rien. Elle pensait que le monde de l'avenir bénirait la douleur qui lui aurait accordé le bonheur.

Il y avait une nuance d'avertissement dans sa voix qui ne laissait place à aucune protestation. Dick sentit que l'avertissement avait été dirigé contre lui. Alors il lui dit qu'elle traiterait peut-être le monde avec douceur quand elle en saurait un peu plus sur lui.

Dick savait qu'on ne pouvait pas changer les habitudes enracinées de la nature humaine sans bouleverser très sérieusement quelque chose.

Avant de repartir, Dick dit à Alan qu'il craignait de ne plus pouvoir venir aussi souvent. Alan lui répondit qu'il lui dirait tout ce qui se passait chez lui.

Alan représentait l'anathème du moment, aussi Dick devait fuir devant la tempête en attendant qu'elle s'épuise. Alan avait compris que Dick avait peur d'Andax. Il regrettait de s'être engagé dans cette expérience. Alan avoua à Dick qu'Hiéranie avait deviné qu'il pourrait essayer de s'opposer à elle. Hiéranie avait peur que Dick pâtisse de son attitude.

Dick n'avait pas donné à Alan ses raisons pour cesser ses visites. Il était partagé entre la loyauté envers son ami et la peur de la puissance sans limites qu'ils avaient tous deux lâché sur le monde.

Il savait qu'aux yeux d'Alan, Hiéranie ne pouvait pas faire le mal et ainsi la lutte pour l'avenir du monde se restreignait-elle à Hiéranie et lui-même.

Dans son esprit prenait forme un plan pour partager la responsabilité avec quelqu'un plus capable que lui de l'assumer.

Sa dernière entrevue avec Hiéranie l'avait convaincu de la nécessité d'agir. Il se sentait tenu de rompre la promesse qu'il avait faite et cela lui faisait mal de rencontrer son ami alors qu'il se savait prêt à trahir sa confiance.

Chapitre XXVI.

En Australie, il existait un géant, par ailleurs sensé, qui se baladait à travers le pays. Il avait une histoire à raconter. Un jour qu'il quémandait de la nourriture, une femme refusa de lui en donner et il la menaça. La femme le contrôla rien que par la pensée et l'obligea à se fouetter lui-même.

Après quoi, la femme lui avait ordonné de retourner à Glen Cairn en courant et de ne jamais revenir. À Glen Cairn, un policier le conduisit à l'hôpital. À l'hôpital, il avait raconté ce qui lui était arrivé. Les médecins s'étaient moqués de lui. Mais parmi ces médecins, il y avait Dick. Dick lui avait conseillé de ne pas continuer à raconter cette histoire.

Chapitre XXVII Hiéranie se lança à la recherche d'Andax. Alan mettait ses affaires en ordre en vue d'une absence qui pouvait être prolongée ou brève. Alan et Hiéranie travaillèrent dans la grande galerie aux machines et réunirent les parties de l'appareil qui les transporterait à leur destination. Il semblait à Alan que l'appareil lui-même était une des plus grandes merveilles de la galerie. L'appareil était en forme de torpille et les générateurs d'énergie n'occupaient qu'une fraction de l'espace intérieur.

Hiéranie expliqua le fonctionnement de l'appareil à Alan. La force d'attraction de corps situé à 10 millions de kilomètres de l'orbite terrestre était employée pour obtenir le mouvement vertical aussi bien que le mouvement latéral. On pouvait ainsi atteindre d'incroyables vitesses. Ils effectueraient leur voyage à 500 km à l'heure. Hiéranie montra à Alan comment ajuster à sa poitrine et son dos les machines spécialement conçues pour le rendre capable de voler comme un oiseau autour des galeries.

Hiéranie avait passé beaucoup de temps plongée dans des calculs sur les cartes. Elle montra sur la carte la destination prévue à Alan. Elle lui demanda ce qu'elle connaissait de cet endroit et il répondit que c'était l'une des contrées les plus sauvages et les plus désolées du monde. L'altitude en était de plus de 7000 m dans les neiges éternelles. Hiéranie avait hâte de retrouver Andax car ce serait la première fois qu'il serait contraint d'être son élève. Alan lui demanda combien de temps durerait sa supériorité. Hiéranie répondit que sa supériorité durerait peut-être deux mois.

Alan était heureux d'avoir rencontré Hiéranie et il pensait que c'était le pur hasard. Mais Hiéranie lui répondit que c'était écrit et qu'Alan avait été choisi parmi tous les hommes.

Alan lui raconta l'histoire de la Belle au bois dormant et comment le prince était arrivé à la fin.

Alan avait pensé que s'il avait manqué Hiéranie, un autre homme serait venu. Il demanda à Hiéranie si quelque chose était prévu au cas où Hiéranie aurait été découverte par quelqu'un d'une race indigne d'être sauvée. Elle lui répondit qu'un tel risque était prévu et elle lui montra un dispositif capable de transformer la sphère entière en une masse fondue avec tout ce qu'elle contenait.

Le peuple d'Hiéranie avait prévu de lui donner le droit lorsqu'elle s’éveillerait de juger ce qui serait le mieux. N'aurait pas hésité. Elle pensait même que si elle et Andax n'avaient pas été ici comme guides, il aurait mieux valu que tout disparaisse.

Les techniques du monde d'Hiéranie pouvaient être utilisées comme outils ou comme armes.

Elle pensait que le monde d'Alan n'était pas assez sage pour employer les techniques disposées dans les galeries. C'est pourquoi il fallait quelqu'un pour guider le monde d'Alan.

Hiéranie devinait que quelque chose tracassait Alan. Elle avait besoin de son autorisation pour deviner ses pensées et il la lui donna. Alors elle sonda l'esprit d'Alan et comprit que le problème venait de Dick. Elle lui demanda ce qui s'était passé entre eux. Alan était allé voir Dick à l'hôpital pour lui demander s'il avait l'intention de venir avec eux. Dick lui avait demandé d'abandonner le projet. Alors Alan avait refusé et Dick avait menti en disant qu'il avait trop de travail et que cela l'empêchait de se joindre à eux. Alan avait compris que Dick était hostile à leur départ. Hiéranie ne savait pas trop comment neutraliser Dick. Alan était persuadé que Dick ne romprait pas sa promesse de loyauté.

Chapitre XXVIII.

Hiéranie et Alan se promenaient la nuit. Hiéranie regarda Mars en se demandant si les Martiens communiquaient toujours avec la Terre. Hiéranie expliqua à Alan que c'étaient les Martiens qui avaient averti le peuple d'Hiéranie que la catastrophe était imminente. Les Martiens communiquaient par l'intermédiaire des aurores boréales. Hiéranie décrivit à Alan la planète Terre telle qu'elle l'avait connue. Elle lui expliqua que la sphère était placée sur un piédestal à 700 m de hauteur. Le Grand conseil avait procédé au choix final de ceux qui demeureraient en arrière. Andax avait été le premier sélectionné. Hiéranie priait pour qu'elle ne fasse pas partie des sélectionnés. Mais elle avait été fière d'être choisie. Son amie Marnia également mais celle-ci était triste car elle espérait que son amoureux le serait également. Hiéranie avait supplié le conseil de les prendre tous les deux. En définitive, le conseil s'inclina et rendit la liberté aux amoureux. Le conseil se porta sur un de ceux qui avaient été écartés auparavant Hiéranie et ses compagnons prêtèrent serment d'enseigner les lois et les vérités de leur race à la race à venir.

Le président du conseil leur dit ce qui reposait sur leurs épaules et leur donna la bénédiction finale de la race qui devait périr. Avant d'entrer dans la sphère, la dernière chose qu'Hiéranie entendit fut le rire d'Andax qui l'accompagna dans sa descente de l'escalier.

Hiéranie avait le coeur brisé de laisser derrière elle tant de choses et tant de gens qu'elle aimait. Son amie Marnia avait placé une fleur dans sa main, la fleur de la vie, d'après laquelle Hiéranie avait été nommée. On l'appelait ainsi parce qu'elle demeurait fraîche et odorante bien des années après avoir été cueillie de sa branche. Marnia lui sourit à travers ses larmes et referma ses doigts sur la fleur.

C'est la mère d'Hiéranie qui lui donna la potion pour s'endormir. Quand elle s'était réveillée, Hiéranie avait compris qu'elle n'avait rien à craindre d'Alan.

Chapitre XXIX.

Le secrétaire du premier ministre d'Australie Miles Glover avait remis une lettre à son patron. Glover demanda conseil auprès du professeur Gordon. Il lui demanda s'il connaissait un homme qui s'appelait Richard Barry. En effet, Dick était l'auteur de la lettre que le premier ministre avait reçue. Dick avait demandé un entretien avec le premier ministre. Il n'avait pas laissé un mot sur ses raisons. Glover avait demandé au professeur Gordon de l'éclairer sur la personnalité de Dick. Dick s’était recommandé du professeur Gordon. Le professeur avait conseillé au premier ministre d'accepter l'entretien avec Dick. Dick reçu un télégramme l'invitant à se présenter chez le premier ministre dès le lendemain.

Il demanda à sa femme de garder cette information secrète. Le même jour, Marian était venue voir Dick. Dick vit qu'elle se retenait et que son calme extérieur recouvrait une tempête mentale. Elle était désespérément inquiète et avait besoin du conseil d'un ami. Elle était anxieuse au sujet d'Alan. Elle pensait que Dick en savait plus que quiconque et qu'il pouvait la conseiller. Dick lui certifia qu'Alan allait bien jusqu'à ces derniers jours. Elle lui demanda de lui donner sa parole d'honneur qu'il ne ressentait aucune anxiété sur le sort d'Alan. Il fut incapable de lui mentir. Marian avait deviné que lui aussi avait peur d'Hiéranie.

Marian haïssait Hiéranie. C'était une femme aux abois, luttant pour l'homme qu'elle aimait. Dick l'assurera qu'Alan ne risquait rien d'elle. Mais il ne savait pas jusqu'à quel point Hiéranie pouvait affecter son avenir. Marian savait qu'Hiéranie aimait Alan mais elle craignait l'influence qu'Hiéranie exerçait sur Alan. Mariait se demandait si Alan pouvait être blâmé.

Hiéranie était si belle qu’Alan ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Mais Marian sentait qu'Hiéranie était mauvaise. Elle demanda à Dick d'où venait Hiéranie. Dick répondit que le secret de l'histoire d'Hiéranie ne lui appartenait pas et il refusa de le divulguer.

Alors, Hiéranie avoua à Dick qu'elle avait parlé la veille à Hiéranie. Hiéranie était apparue dans sa chambre. Marian avait laissé ses fenêtres ouvertes. Elle n'arrivait pas à dormir car elle pensait à Hiéranie. Quand elle réussit enfin à s'endormir, elle se retrouva tout à coup éveillée. Les rideaux de sa fenêtre se déplacèrent. Marian était pétrifiée. Hiéranie apparut soudainement. Dick lui dit qu'il croyait son récit et l'encouragea à continuer. Marian avait regardé Hiéranie, fasciné par sa beauté. Hiéranie resta silencieuse un moment. Marian avait eu l'impression qu'Hiéranie la scrutait jusqu'au fond de l'âme. Puis Hiéranie lui avait dit qu'elle ne croyait pas qu'il fût possible à une femme d'en haïr une autre comme Marian la haïssait.

Elle avait même eu le culot de lui dire qu'elle avait espéré pouvoir devenir son amie. Marian avait été furieuse parce qu'elle n'avait pas vu la moindre émotion sur le visage d'Hiéranie. Mariani avait répondu qu'elle aurait aimé pouvoir lui dire à quel point elle la haïssait.

Hiéranie le savait et pourtant elle voulait devenir en amie. Cela avait rendu Marian encore plus furieuse. Alors Alan lui dit à Hiéranie qu'Alan finirait par se lasser de sa beauté si elle n'avait rien d'autre à lui proposer.

Marian avait eu l'impression qu'Hiéranie n'appartenait pas à ce monde. Hiéranie n'avait même pas été blessée et s'était contentée de sourire d'une façon apitoyée. Au lieu de cela, elle continua de proposer son amitié et son aide alors Marian lui demanda de lui rendre Alan.

Hiéranie lui avait répondu que même si elle lui rendait à Alan, il gardera toujours son souvenir et se souvenir se dresserait entre lui et Marian. Alors Hiéranie proposa à Marian de lui faire oublier Alan. Marian avait refusé et elle savait qu'Hiéranie était capable d'effacer ses souvenirs. Marian savait au plus profond de son âme qu'Hiéranie lui apporterait malheur et tristesse.

Dick demanda à Marian si elle avait été sage de refuser. Pour Marian cela n'avait plus d'importance. Marian voulait que Dick l'aide à arracher Alan d'Hiéranie.

Dick avoua son impuissance. Il lui dit qu'Hiéranie était encore plus dangereuse que Marian ne pouvait l'imaginer.

Mais le danger n'était pas pour Alan, il était pour les autres. Il lui dit qu'Hiéranie n'hésiterait pas à tuer sans pitié ni scrupule si on devait s'opposer à elle. C'est pourquoi Dick était inquiet au sujet de Marian plus qu'au sujet d'Alan. Il restait une chance et Dick allait la tenter. Il faisait confiance à Marian car si elle le répétait, cela coûterait la vie de Dick. Si son plan aboutissait il le ferait savoir à Marian.

Chapitre XXX.

 

Le matin suivant, Alan et Hiéranie se levèrent tôt. Ils terminèrent leurs préparatifs dans les galeries. Le jour suivant, ils transportèrent à la surface les éléments du navire aérien. Hiéranie donna à Alan une longue robe à porter par-dessus ses vêtements. Elle était faite en un matériau très léger mais épais. Cela devait le protéger contre le froid. Alan lui demanda comment Hiéranie allait protéger ce qu'ils laissaient derrière eux. Hiéranie l'emmena à la galerie des machines pour lui montrer un piédestal qui portait une boîte de métal. C'était une arme capable de protéger la sphère contre n'importe quelle armée au monde. Ils en apporteraient un autre exemplaire dans leur aéronef. La machine protégerait la sphère en projetant une force répulsive que nulle force terrestre ne pourrait pénétrer.

Alan voulait prévenir Dick coeur qui son ami revenait avec sa voiture il risquait de se tuer.

Hiéranie annonça à Alan qu'elle espérait pouvoir compter Andax au nombre de ses alliés d'ici quatre jours. Elle pensait qu'Andax considérerait peut-être leur amour avec un amusement cynique. Mais elle demanda à Alan d'oublier ses craintes.

Elle emmena Alan dans la troisième galerie. Elle voulait qu'Alan puisse voir Andax au moyen d'un disque écran. Ainsi, Alan put voir l'endroit où se trouvait Andax dans les montagnes. Puis Hiéranie montra à Alan Andax couché exactement comme l'avait été Hiéranie.

Andax paraissait un véritable géant dans la position allongée. Son visage ressemblait à celui de la statue du vestibule. Andax avait un air de puissance et de majesté indescriptible. Alan comprit au bout d'un long moment de contemplation que dans le visage d'Andax était intensifiée chaque composante de son ancêtre et que cela annonçait une force intellectuelle immense.

C'était le digne héritier d'Eukary. Mais Hiéranie avoua à Alan qu'en faisant évoluer une lignée, ce que son peuple gagnait dans une direction, il le perdait dans une autre. C'est la force spirituelle qui était perdue. Les hommes ainsi créés devenaient de plus en plus des machines humaines. Et alors, il aurait été mieux pour tout le monde d'annihiler la lignée entière.

Andax lui-même avait fini par reconnaître que, sans l'intérêt de l'expérience, la lignée ne devait pas être poursuivie, ou que le sang devait être dilué.

Alan voulut savoir si Hiéranie pouvait lui montrer facilement n'importe quel point du monde et elle répondit qu'elle le pouvait. Le disque était désigné d'un nom qui signifiait « fenêtres du monde » dans la langue d'Hiéranie. Alan voulut utiliser le procédé pour appeler Dick. C'est alors qu'Hiéranie découvrit que Dick n'était plus chez lui. Elle demanda à Alan s'il savait où se trouvait son ami. Bien qu'Alan ait transmis à Dick l'avertissement d'Hiéranie, Alan pensait qu'il avait pu se rendre à Melbourne.

Hiéranie comprit que Dick essayait de lui attirer des ennuis. Alan demanda à Hiéranie si elle comptait faire du mal à Dick. Il répondit qu'elle avait averti Dick et elle ne voulait pas risquer d'ingérence dans ses affaires. Le disque écran montra Melbourne. Puis Alan put voir son ami avec le premier ministre Glover. Dick était en train de montrer la grande ceinture de diamants qu'Hiéranie lui avait offerte. Alan put entendre ce que Dick disait au premier ministre. Dick était en train de dire au premier ministre que si Hiéranie était au courant de ce qu'il était en train de faire il n'aurait pas longtemps à vivre. Et le premier ministre lui répondit que sa position ne serait pas plus sûre que la sienne. Le premier ministre avait l'intention d'empêcher Hiéranie et Alan de quitter le pays. Alan vit un regard de colère dans les yeux d'Hiéranie.

Il lui demanda d'épargner son ami. Elle lui montrerait qu'elle ne serait pas impitoyable. Elle accepta d'épargner Dick. Mais elle devait agir rapidement. Elle demanda à Alan de rentrer chez lui et de l'attendre.

Chapitre XXXI.

La nuit précédente, Dick n’essaya pas de dormir dans le train car il voulait mettre en ordre dans son esprit l'histoire qu'il allait raconter au premier ministre. En arrivant à Melbourne, il était content de lui et il se sentait parfaitement armé pour l'entrevue. Il prit une chambre d'hôtel pour dormir. Il se rendit au rendez-vous à l'heure juste. Il n'arrêtait pas de penser à Hiéranie. Mais il ne voulait pas faillir à sa mission. Une fois devant le premier ministre, Dick eut le sentiment qu'il se trouvait enfin devant le seul homme capable de dominer le problème que lui-même estimait insoluble. Dick avertit le premier ministre qu'en partageant avec lui la connaissance du problème qu'il devait lui soumettre, Glover s'exposerait à un grave danger personnel. Le premier ministre accepta de partager le risque avec Dick. Il dit en phrases claires et brèves tout ce qu'il savait d'Hiéranie depuis le jour où Alan lui avait demandé son aide jusqu'à la rencontre entre Alan et lui à l'hôpital.

Il savait que son auditeur s'était bâti une grande réputation par son jugement parfait des mobiles humains et son coeur se raffermit en voyant l'expression incrédule des yeux inquisiteurs faire place d'abord à l'intérêt puis à une attention soutenue.

Le premier ministre demanda à Dick si quelqu'un venait à lui avec une telle histoire et lui demandait de l'admettre et d'agir quelle serait sa première requête. Dick répondit qu'il demanderait une preuve tangible. Alors Dick montra la ceinture de diamants.

Le premier ministre avait caché sous un calme de sphinx un immense amour du beau. Sa collection de gemmes rares et splendides était son seul passe-temps, et malheur au marchand qui essayait de lui en imposer à ce sujet. Il étudiea chaque pierre sous plusieurs angles. Il demanda à Dick s'il avait la moindre idée de la valeur de cette ceinture. Dick secoua la tête. Alors Glover lui dit que la valeur de ces pierres lui permettrait de ne pas se soucier plus longtemps du déficit de l'année précédente. Le premier ministre accepta donc l'histoire de Dick.

Dick annonça au premier ministre qu'Hiéranie pourrait découvrir l'endroit où il se trouvait et mettre la main sur lui aussi aisément que s'il était à Glen Cairn.

Dick ne doutait pas qu'Hiéranie devienne la subordonnée d'Andax. Il savait de plus qu'Alan et Hiéranie s'apprêtaient à partir. Il fallait agir tout de suite. Le premier ministre demanda si on pouvait utiliser Alan et Dick lui répondit qu'Hiéranie lui avait complètement tourné la tête. Pensait qu'Hiéranie pouvait être dans la pièce grâce à ses pouvoirs. Glover pensait que le recours à la force serait illusoire. Il ne restait que la diplomatie. Dick acquiesça. Mais il précisa qu’Hiéranie croyait que sa mission dans le monde était sacrée. Glover envisageait l'éventualité d'assassiner Hiéranie. Dick demanda au premier ministre de le laisser agir seul. Tout à coup, Hiéranie apparut masquée de la tête aux pieds. Elle ordonna premier ministre de lui donner son arme. Il obéit. Hiéranie annonça à Dick qu'elle l’épargnait parce qu'Alan avait imploré de lui laisser la vie. Elle s'assit à la place de Dick et demanda au premier ministre quel était son nom. Glover lui dit qu'il n'y avait pas assez de place dans le monde pour elle et lui. Hiéranie regarda le premier ministre avec admiration. Elle pensait qu'il était capable de mentir. Elle voulut savoir ce que Dick lui avait raconté et il répondit que Dick l'avait convaincu d'éliminer Hiéranie. Elle affirma qu'elle avait l'intention d'éliminer de ce monde tout ce qui n'en était pas digne. Glover lui demanda s'il avait l'intention d'imposer sa volonté sur la civilisation. Elle répondit que c'était sa mission. Hiéranie et lui dit qu'il n'y avait aucune issue. Elle lui ordonna de se rendre. Il refusa. Il considérait que parlementer avec elle reviendrait à trahir son peuple. Hiéranie voulut le convaincre en lui disant que ce qu'elle pouvait donner à ce monde serait incommensurablement plus grand que ce que ce monde avait gagné par lui-même depuis 1000 ans. Glover répondit que le monde périrait d'indigestion mentale et morale. Hiéranie acquiesça, compréhensive.

Glover demanda à Hiéranie de se retenir un moment et de vivre parmi les gens de ce monde pour apprendre leurs pensées et leurs idées. Ainsi elle pourrait parvenir à comprendre que temporiser lui éviterait de causer un mal incalculable. Hiéranie lui demanda de la regarder et de lui dire s'il n'avait jamais vu un être humain semblable à elle-même. Il hocha la tête. Mais pour lui cela ne pouvait rien. Pour Hiéranie cela prouvait que l'humanité pouvait devenir ce qu'elle-même était. Elle maintenait que ne pas accomplir sa mission serait un crime. Glover lui répondit qu'elle ne pourrait pas agir seule et même avec Andax elle aurait besoin de l'adhésion d'autres personnes. Elle aurait besoin de ceux qui étaient expérimentés dans la manière dont fonctionnait ce monde. Hiéranie était d'accord sur ce point et elle voulait les meilleures des hommes de ce monde. Glover proposa ses conseils et elle accepta. Hiéranie lui proposa 50 ans de vie. 50 ans de pouvoir absolu. Elle lui proposait de construire une humanité parfaite moralement et physiquement. Glover lui demanda si Hiéranie lui laisserait la direction de l'Australie dans le cas où il promettait son aide. Elle accepta. En échange il devait oublier d'avoir entendu parler d’elle tant qu'elle ne serait pas prête. Glover n'avait pas le choix car s'il refusait d'aider Hiéranie elle menaçait de le tuer sur-le-champ. Alors, il accepta. Avant de partir elle l'hypnotisa pour qu'il oublie ce qui venait de se passer.

Hiéranie récupéra la grande ceinture de bijoux et il la boucla autour de sa taille. Elle dit à Dick que s'il faisait un geste contre elle alors la punition qu'elle avait prévue à son sujet serait exécutée.

Elle lui donna l'ordre de retourner chez lui.

Chapitre XXXII.

 

Alan attendait avec impatience le retour d'Hiéranie. Un pressentiment s'emparait de lui. Soudain, comme ses yeux se dirigeaient vers le vignoble, il vit quelque chose qui le fit s'immobiliser avec une exclamation de surprise et de consternation. Marian arrivait en carriole. Elle lui demanda d'attacher son poney. Il s'exécuta. Après quoi, il retourna à la véranda. La tempête menaçait. C'était une Marian nouvelle et inconnue qui se tenait devant lui. Elle était venue pour lui poser une question. Elle lui rappela la nuit où il l'avait raccompagnée chez elle. Elle voulut savoir si ce qui s'était passé entre eux signifiait quelque chose pour lui.

Dundas rougit. La franchise de l'attaque l'ébranla. Alors il répondit qu'à l'époque, il était sérieux. Marian eut un profond soupir puis elle lui demanda si Hiéranie n'était pas venu s'il l’aurait demandée en mariage. Alan baissa la tête en silence. Puis il lui dit qu'il y avait des choses au-delà du pardon. Il voulait lui faire comprendre qu'après avoir vu Hiéranie il avait tout oublié. Elle lui répondit qu'elle lui avait pardonné depuis longtemps. Elle était venue pour savoir s'il pensait qu'elle pourrait lui faisait du mal à présent. Alan était surpris car il ne pensait pas Marian capable de lui faire du mal. À ce moment-là, elle lui demanda de quitter Hiéranie avant qu'il ne soit trop tard. Elle n'avait aucune pensée égoïste. Elle était venue simplement pour le sauver. Elle savait qu'Hiéranie ne pouvait lui apporter que le malheur. Marian savait qu’Alan suivrait la route d'Hiéranie et cette route le mènerait au désespoir.

Elle savait qu'Hiéranie ne lui ferait pas de mal de son plein gré mais elle voulait qu'il comprenne pourquoi Dick craignait Hiéranie. Alan répondit que Dick n'était plus son ami. Mariait lui avoua qu'Hiéranie était venue chez elle pour lui proposer son amitié. Marian avait préféré mourir que d'accepter cette amitié et elle préférait voir Alan mort plutôt que de le savoir lié à Hiéranie.

Alan ne voulait rien entendre. Pour lui Hiéranie était la plus noble et la plus splendide femme que le monde ait jamais connue. S'il était séparé d'elle alors sa vie s'achèverait. À ce moment-là, Hiéranie arriva. Son instinct de femme l'avait poussée à se hâter. Alan chercha défendre Marian en disant qu'elle était venue en amie. Mais Hiéranie savait que Marian cherchait à se dresser contre eux. Mariait lui demanda pour l'amour de tout ce qu'il tenait pour sacré de s'éloigner d'Hiéranie. Hiéranie lui proposa encore une fois la paix et l'oubli. À ce moment, le premier grondement du tonnerre roula.

Marian refusa encore. Avec le coup de tonnerre suivi d'un éclair, la haine aveugle que Marian ressentait pour Hiéranie la haine l'inonda. Elle vit les poignards que collectionnait Alan et en prit un. Elle frappa à Hiéranie qui tomba morte. Alan emporta le corps d'Hiéranie et passa à côté de Marian sans la voir. Marian le regarda partir. Puis elle se lança à sa poursuite dans la tempête. Alan entra dans le hangar. Marian le suivit mais elle se heurta à la porte verrouillée. Alan se dirigea vers le temple. Il déposa Hiéranie sur le divan. Il s'allongea près d’elle et appuya sur le bouton pour que la sphère se referme. Marian vit le hangar s'enflammer. Dick pensait avoir failli à sa mission et l'avenir était sombre et ses yeux. Il revint à Glen Cairn. Sa femme lui annonça que quelque chose de terrible était arrivé. Marian avait disparu.

Dick alla chercher Bryce pour voir ce qui se passait chez Alan. Durant le voyage, il résuma en phrases brèves et rapides pour un Bryce ahuri l'histoire d'Hiéranie. Bryce apprit à Dick que la nuit dernière un orage avait éclaté suivi d'un fort tremblement de terre. Ils découvrirent que le hangar avait disparu Marian était assise sur le divan sous la fenêtre de la véranda. Marian babillait sans cesse. Dick lui injecta un tranquillisant. Ils découvrirent le poignard ensanglanté. Dick comprit que Marian avait tué Hiéranie. Il dit à Bryce que le monde devait à Marian une dette qu'il ne pourrait jamais régler.

À la place du hangar, il n'y avait plus qu'un trou peu profond, noircis par le feu. Tout avait disparu à cause des tremblements de terre. Dick et Bryce comprirent ce qui s'était passé. Ils devraient inventer une histoire pour faire croire qu'Alan était dans sa carriole au moment de l'orage et que son poney effrayé avait basculé par-dessus la rive. Ils nettoyèrent les traces de sang sur le plancher.

Dans la voiture, Bryce dit à Dick que c'était étrange de penser à Andax qui attendait d'être découvert. Dick répondit : « Dieu merci, il attendra une éternité, à présent ».

 

 

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